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- AbraxasDoyen
John a écrit:Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684
Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes.
Sidérant de présenter comme un dysfonctionnement ce qui est le fonctionnement propre aux sociétés humaines.
La première fois que l'on a osé ce genre de renversement des évidences, ce fut avec le christianisme, qui a prétendu ériger des esclaves en maîtres des maîtres. Nietzsche (après Hobbes) a parfaitement démêlé cette fausse dialectique des faibles.
Puis Marx. On sait ce qu'il en est résulté. Pas bien évident que les femmes et les homos en particulier soient plus heureux dans des sociétés socialistes qui s'affairaient à donner aux unes le droit de faire du stakhanovisme, et rééduquaient les autres dans des camps idoines.
La réalité, c'est que nous fonctionnons justement sur la domination des forts (et peu importe leur sexe) sur les faibles (et peu importe… etc.). La société feint d'équilibrer pour mieux pérenniser cet état de choses — nous sommes passés du stade guerrier au stade hypocrite. Une femme respectable et respectée est une femme forte — elle l'est parce qu'elle est forte, pas parce qu'elle est femme. Un écrivain est grand parce qu'il écrit bien, pas parce qu'il a un phallus ou un clitoris (les "festivals de films de femmes", qui fleurissent depuis une trentaine d'années, me font gerber : ils sont juste une plate-forme de lancement pour des œuvres invisibles par manque de talent). Dites tout ce que vous voulez de Camille Claudel, elle n'arrive pas au petit doigt de pied de Rodin. Que Montherlant ait été homo et Patricia Highsmith lesbienne ne m'apprend rien : ce sont l'un et l'autre des génies de la littérature, que leur homosexualité n'a en rien gêné, bien au contraire : est-ce que ça ne handicape pas surtout les impuissants ? Ça me rappelle certains copains qui, il y a quarante ans, fumaient des joints en pensant que ça leur donnerait le génie de Baudelaire. Il y a des forts et des créateurs, et puis les autres.
Et je m'en tape un peu, des autres — alors certes, ils sont nombreux, ils ont appris à être revendicatifs, mais pour quel bénéfice collectif ?
Toutes choses égales, ça me rappelle ces pédagos qui prétendent que tous les élèves sont égaux — eh non, ils ont droit à la même formation, mais vous ne ferez jamais Einstein avec un loukoum vivant.
Les inégalités et la domination de quelques-uns (et franchement, tout le monde se fiche du sexe ou des options du surhomme) sont le mode de fonctionnement de l'espèce, qui est quelque peu plus significative que le genre, me semble-t-il. Dites-moi que le système est grippé, que des minables se stratifient aux premières places, qu'il faut donner toute leur chance aux meilleurs — d'accord. Je suis d'ailleurs prof, entre autres, pour ça. Mais pas que l'inégalité de talent et de capacités est en soi un dysfonctionnement.
- CeladonDemi-dieu
Alors là, complètement d'accord ! (ça m'arrive aussi...)
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Philippe Jovi a écrit:Ah non ! One more time, vous ne savez pas lire : le déictique "ce" dans "ce domaine de recherche" pointe vers "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre". Un point et c'est tout ! Je ne vois pas ce qu'il y a d'"étrange" dans ladite liaison ...Nom d'utilisateur a écrit:Philippe Jovi a écrit:
- "C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche." ; "ce domaine de recherche" ne renvoie pas à "un outil d'analyse" mais à "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre"
Étrange liaison...
Mais basta.
La deixis stricto sensu n'y est pour rien, mais votre lapsus indique bien le malaise que peut susciter la coréférence entre le "rapport Machin et "ce domaine" ! Comme l'ensemble de cette lettre ouverte et de sa novlangue qui fait penser aux rapports qui se ficellent vite fait pour justifier son rattachement à tel "projet d'excellence". Comme si l'on voulait nous rejouer (d'une façon à préciser, mais en l'occurrence : à coup de pétitions, de rapports et de slogans) le dernier chapitre des Mots et des choses, le chap. "les sciences humaines".
Oups, je vais faire bailler JPhMM !
Edit. En revanche, oui, "égalité" est un excellent sujet pour faire rebondir ce fil de discussion que vous avez enseveli sous des arguties de si mauvais aloi.
- InvitéP2Niveau 5
L'article ne dit pas que le fonctionnement est un dysfonctionnement mais que qu'un certain aspect du fonctionnement entraîne des dysfonctionnements. La flore bactérienne de notre intestin participe de son fonctionnement. Mais une certaine prolifération qualitative et/ou quantitative de ladite flore entraîne des dysfonctionnements. Le développement cellulaire contribue au fonctionnement de nos tissus. Cependant, un certain dérèglement qualitatif et/ou quantitatif dudit développement engendre de graves dysfonctionnements. De mêmeAbraxas a écrit:Sidérant de présenter comme un dysfonctionnement ce qui est le fonctionnement propre aux sociétés humaines.Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes.
à l’égard de l’égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes ; mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessus de toute violence et ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois, et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre. Ce qui suppose, du côté des grands, modérations de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d’avarice et de convoitise. Cette égalité, disent-ils, est une chimère de spéculation qui ne peut exister dans la pratique. Mais si l’abus est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler ? (Rousseau, du Contrat Social, II, 11)
Aucun rapport avec le sujet !Abraxas a écrit:La première fois que l'on a osé ce genre de renversement des évidences, ce fut avec le christianisme, qui a prétendu ériger des esclaves en maîtres des maîtres. Nietzsche (après Hobbes) a parfaitement démêlé cette fausse dialectique des faibles.
Puis Marx. On sait ce qu'il en est résulté. Pas bien évident que les femmes et les homos en particulier soient plus heureux dans des sociétés socialistes qui s'affairaient à donner aux unes le droit de faire du stakhanovisme, et rééduquaient les autres dans des camps idoines.
La réalité, c'est que nous fonctionnons justement sur la domination des forts (et peu importe leur sexe) sur les faibles (et peu importe… etc.). La société feint d'équilibrer pour mieux pérenniser cet état de choses — nous sommes passés du stade guerrier au stade hypocrite. Une femme respectable et respectée est une femme forte — elle l'est parce qu'elle est forte, pas parce qu'elle est femme. Un écrivain est grand parce qu'il écrit bien, pas parce qu'il a un phallus ou un clitoris (les "festivals de films de femmes", qui fleurissent depuis une trentaine d'années, me font gerber : ils sont juste une plate-forme de lancement pour des œuvres invisibles par manque de talent). Dites tout ce que vous voulez de Camille Claudel, elle n'arrive pas au petit doigt de pied de Rodin. Que Montherlant ait été homo et Patricia Highsmith lesbienne ne m'apprend rien : ce sont l'un et l'autre des génies de la littérature, que leur homosexualité n'a en rien gêné, bien au contraire : est-ce que ça ne handicape pas surtout les impuissants ? Ça me rappelle certains copains qui, il y a quarante ans, fumaient des joints en pensant que ça leur donnerait le génie de Baudelaire. Il y a des forts et des créateurs, et puis les autres.
Et je m'en tape un peu, des autres — alors certes, ils sont nombreux, ils ont appris à être revendicatifs, mais pour quel bénéfice collectif ?
Toutes choses égales, ça me rappelle ces pédagos qui prétendent que tous les élèves sont égaux — eh non, ils ont droit à la même formation, mais vous ne ferez jamais Einstein avec un loukoum vivant.
L'article ne dit pas autre chose.Abraxas a écrit:Les inégalités et la domination de quelques-uns (et franchement, tout le monde se fiche du sexe ou des options du surhomme) sont le mode de fonctionnement de l'espèce, qui est quelque peu plus significative que le genre, me semble-t-il. Dites-moi que le système est grippé, que des minables se stratifient aux premières places, qu'il faut donner toute leur chance aux meilleurs — d'accord. Je suis d'ailleurs prof, entre autres, pour ça. Mais pas que l'inégalité de talent et de capacités est en soi un dysfonctionnement.
- JPhMMDemi-dieu
Et ?Nom d'utilisateur a écrit:Oups, je vais faire bailler JPhMM !
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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