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- AbraxasDoyen
Oui, à la fin de la Philosophie dans le boudoir.Pseudo a écrit:xphrog a écrit:
+1
Oui, enfin, l'abricot, hein, ce n'est pas toujours ingénu... Me demande si Sade n'a pas écrit un truc sur un abricot cousu.
Demandez au spécialiste !
- AbraxasDoyen
Sade, sur lequel j'ai un peu travaillé…, se fichait pas mal de savoir s'il serait lu par un grand nombre de ses contemporains.
Je rappelle que Stendhal écrivait "to the happy few". The least, the best.
Mais la question initiale va bien au-delà.
Il y a des masses d'œuvres extrêmement bien écrites et qui font vomir tel ou telle. Il y a l'art, et la réponse de la sensibilité.
Au passage, je rappelle qu'il s'agit d'œuvres de fiction — et que ce que l'on écrit n'est pas forcément ce que l'on fait. Sade, par exemple, était (pardon pour l'anachronisme) infiniment plus masochiste que sadique.
Cela gêne-t-il quelqu'un, ici, de savoir que certain(e)s aiment se faire battre jusqu'au sang — et au-delà ? Mais apparemment, cela gêne de savoir que ça se raconte.
Tenez, vous voulez de l'épouvantable bien écrit ?
Je rappelle que Stendhal écrivait "to the happy few". The least, the best.
Mais la question initiale va bien au-delà.
Il y a des masses d'œuvres extrêmement bien écrites et qui font vomir tel ou telle. Il y a l'art, et la réponse de la sensibilité.
Au passage, je rappelle qu'il s'agit d'œuvres de fiction — et que ce que l'on écrit n'est pas forcément ce que l'on fait. Sade, par exemple, était (pardon pour l'anachronisme) infiniment plus masochiste que sadique.
Cela gêne-t-il quelqu'un, ici, de savoir que certain(e)s aiment se faire battre jusqu'au sang — et au-delà ? Mais apparemment, cela gêne de savoir que ça se raconte.
Tenez, vous voulez de l'épouvantable bien écrit ?
- AbraxasDoyen
Et si vous voulez en savoir davantage sur Sade, son intérêt et sa postérité :
Soldé sur Amazon !
Soldé sur Amazon !
- yogiSage
VOUEZ OU VOULEZ?Abraxas a écrit:Et si vous vouez en savoir davantage sur Sade, son intérêt et sa postérité :
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- User5899Demi-dieu
Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.bikkhou a écrit:C'est bien qu'un connaisseur averti nous éclaire.Larsson a écrit:
Lors des longues démonstrations de ses pervers philosophes, Sade est en constant dialogue avec Diderot, Voltaire, Rousseau, voire Montesquieu. Notamment, lorsqu'il aborde les thématiques matérialistes, déistes, athéistes, puis celles de la nature humaine et de l'ordre social. A mon sens on ne peut se passer de Sade dans l'étude des philosophes des Lumières : il est l'aboutissement de toute une pensée.
Dernière chose, je pense que ce serait une erreur de lire l'oeuvre de Sade avec les yeux d'un lecteur du 21ème siècle : ce serait la décontextualiser, or pour comprendre une oeuvre, il me semble qu'il ne faille justement pas l'arracher à son contexte littéraire, bien sûr, mais également historique, idéologique voire sociologique. Le risque serait de ne rien y comprendre. Pour donner un autre exemple que celui de Sade, lire Louis-Ferdinand Céline sans envisager la situation de la petite bourgeoisie au lendemain de la 1ère Guerre mondiale, risque que notre regard de lecteur soit biaisé par un mode de pensée qui n'était pas celui des années 1920-30 (voire postérieur, si l'on ne s'en tient pas uniquement au Voyage au bout de la nuit).
Voilà, moi j'apprécie l'oeuvre de Sade, mais je conçois qu'elle puisse être une excellent vomitif pour certains. Je précise tout de même, que ce ne sont pas les morceaux licencieux que je savoure, mais davantage ceux philosophiques mis dans la bouche d'excellents rhéteurs pervers dont l'art oratoire n'a rien à envier à celui d'un Bossuet.
Reste cependant une question, pour moi.
J'ai du mal à comprendre la stratégie, en terme de communication, de ces auteurs hors-norme : le propos, parfois insoutenable, exclut un grand nombre de lecteurs, même les plus curieux, même les plus ouverts.
L'attrait littéraire ne suffit pas et le discours n'atteint qu'une toute petite minorité de lecteurs avertis à cause du contenu licencieux de ces pages... à quoi bon, finalement ?
Je pense à ma dernière expérience de "dégoût" quand je découvrais les premières nouvelles de Microfictions, de Jauffret. C'était tellement énorme que j'ai eu l'impression que l'auteur me lançait un défi... que je n'ai pas réussi à relever, même si j'ai goûté pleinement l'expérience.
On doit s'interroger sur les oeuvres, oui. S'interroger sur nous-mêmes, lecteurs, et sur nos réactions, c'est important aussi.
- yogiSage
Heu,ça veut dire quoi? Que certaines personnes valent mieux que d'autres?Cripure a écrit:bikkhou a écrit:C'est bien qu'un connaisseur averti nous éclaire.
Reste cependant une question, pour moi.
J'ai du mal à comprendre la stratégie, en terme de communication, de ces auteurs hors-norme : le propos, parfois insoutenable, exclut un grand nombre de lecteurs, même les plus curieux, même les plus ouverts.
L'attrait littéraire ne suffit pas et le discours n'atteint qu'une toute petite minorité de lecteurs avertis à cause du contenu licencieux de ces pages... à quoi bon, finalement ?
Je pense à ma dernière expérience de "dégoût" quand je découvrais les premières nouvelles de Microfictions, de Jauffret. C'était tellement énorme que j'ai eu l'impression que l'auteur me lançait un défi... que je n'ai pas réussi à relever, même si j'ai goûté pleinement l'expérience.
On doit s'interroger sur les oeuvres, oui. S'interroger sur nous-mêmes, lecteurs, et sur nos réactions, c'est important aussi.
Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- JPhMMDemi-dieu
Il existe bien des livres qui choisissent leurs lecteurs. Voir le début d'Ada ou l'Ardeur. Voir le début du Seigneur des Anneaux aussi.Cripure a écrit:Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- AbraxasDoyen
Je crois même que tout livre choisit ses lecteurs.JPhMM a écrit:Cripure a écrit:Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.
Il existe bien des livres qui choisissent leurs lecteurs. Voir le début d'Ada ou l'Ardeur. Voir le début du Seigneur des Anneaux aussi.
En tout cas, ce serait un bien beau sujet de dissert.
- yogiSage
C'est quand même beau d'être novice et de se laisser aller à l'exploration. C'est touchant de partir à la découverte d'un autre monde. Je me demande si c'est du dédain de "choisir" ses lecteurs.JPhMM a écrit:Cripure a écrit:Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.
Il existe bien des livres qui choisissent leurs lecteurs. Voir le début d'Ada ou l'Ardeur. Voir le début du Seigneur des Anneaux aussi.
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- yogiSage
Oui,je n'y avais jamais pensé en fait donc je trouve ça intéressant que le sujet soit ouvert.Abraxas a écrit:JPhMM a écrit:
Il existe bien des livres qui choisissent leurs lecteurs. Voir le début d'Ada ou l'Ardeur. Voir le début du Seigneur des Anneaux aussi.
Je crois même que tout livre choisit ses lecteurs.
En tout cas, ce serait un bien beau sujet de dissert.
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- JPhMMDemi-dieu
yogi a écrit:JPhMM a écrit:Il existe bien des livres qui choisissent leurs lecteurs. Voir le début d'Ada ou l'Ardeur. Voir le début du Seigneur des Anneaux aussi.
C'est quand même beau d'être novice et de se laisser aller à l'exploration. C'est touchant de partir à la découverte d'un autre monde. Je me demande si c'est du dédain de "choisir" ses lecteurs.
Non. C'est plutôt de l'ordre de la mécanique physique appliquée à la littérature. La qualité de résistance du matériau littéraire demande une qualité d'action de lecture. Ce qui n'offre aucune résistance n'offre aucune qualité de lecture.
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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- AbraxasDoyen
JPhMM a écrit:yogi a écrit:
C'est quand même beau d'être novice et de se laisser aller à l'exploration. C'est touchant de partir à la découverte d'un autre monde. Je me demande si c'est du dédain de "choisir" ses lecteurs.
Non. C'est plutôt de l'ordre de la mécanique physique appliquée à la littérature. La qualité de résistance du matériau littéraire demande une qualité d'action de lecture. Ce qui n'offre aucune résistance n'offre aucune qualité de lecture.
Belle explication à laquelle j'adhère totalement.
- User5899Demi-dieu
Je ne sais pas ce que ça veut dire. Ca dit que certains livres ont été pensés comme des soirées privées. Non ?yogi a écrit:Cripure a écrit:
Ca n'a rien à voir avec Sade, mais je pense à Eco, disant qu'il a écrit le début du Nom de la rose en truffant le livre de références à la chrétienté du XIVe siècle pour sélectionner ses lecteurs et se débarrasser des lecteurs de romans de gare.
Heu,ça veut dire quoi? Que certaines personnes valent mieux que d'autres?
Pour ma part, sans préjuger de la valeur des gens, il en est que je cherche à éviter.
- User5899Demi-dieu
Je suis heureux, JP, de vous lire employer le même concept de "résistance" comme critère de la qualité littéraire. C'est en effet le plus pertinent selon moi.JPhMM a écrit:yogi a écrit:
C'est quand même beau d'être novice et de se laisser aller à l'exploration. C'est touchant de partir à la découverte d'un autre monde. Je me demande si c'est du dédain de "choisir" ses lecteurs.
Non. C'est plutôt de l'ordre de la mécanique physique appliquée à la littérature. La qualité de résistance du matériau littéraire demande une qualité d'action de lecture. Ce qui n'offre aucune résistance n'offre aucune qualité de lecture.
- AlExpert spécialisé
Certains auteurs n'avaient pas grande estime de leurs lecteurs... *pourquoi tant de haine ?* semble penser Abricotedapi vis à vis de Sade, j'ai pensé la même chose vis à vis de Maupassant, avant de découvrir qu'effectivement il désirait malmener son lectorat (les petits bourgeois conservateurs lisant les journaux...). La haine (pour son lectorat) peut être une composante de l'oeuvre. Pour Sade je pense aussi que la perspective de ne pas exclure de lecteurs était le cadet de ses soucis !!
Et pour répondre à la question initiale, on ne peut nier que l'on est forcé de réfléchir à l'humain / l'humanité, sa "définition", ses failles, ses limites, en lisant Sade... rien que pour ça c'est rafraichissant, mais à petites doses... ;)sinon attention à l'indigestion effectivement :lol:
Et pour répondre à la question initiale, on ne peut nier que l'on est forcé de réfléchir à l'humain / l'humanité, sa "définition", ses failles, ses limites, en lisant Sade... rien que pour ça c'est rafraichissant, mais à petites doses... ;)sinon attention à l'indigestion effectivement :lol:
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- bikkhouHabitué du forum
Très honnêtement, vos hypothèses me rassurent.
J'aime l'idée de résistance, aussi : il est des clefs qui se méritent.
Pour Sade, il est tout de même extrêmement audacieux, en contexte, de faire ce choix de "définition" du public. Mais finalement c'est d'une implacable intelligence aussi. En effet, on ne réfléchit pas sur "le mal" en parlant d'autre chose...
Pour moi Sade restera une sorte de terroriste dans son temps et dans le nôtre. Une écriture précise et fascinante à l'effroi, une arme aiguisée mais vaine. Je regrette de ne supporter ses pages (enfin, je n'en suis pas sûre, de le regretter) parce que peu d'auteurs ont réussi à déclencher de telles interrogations chez moi.
Je n'aime pas qu'on torture ma candeur. J'ai un peu honte de l'admettre.
J'ai souffert de lire Si questo è un uomo, pour les mêmes raisons : j'ai peur de devoir regarder/accepter que le noir existe.
J'aime l'idée de résistance, aussi : il est des clefs qui se méritent.
Pour Sade, il est tout de même extrêmement audacieux, en contexte, de faire ce choix de "définition" du public. Mais finalement c'est d'une implacable intelligence aussi. En effet, on ne réfléchit pas sur "le mal" en parlant d'autre chose...
Pour moi Sade restera une sorte de terroriste dans son temps et dans le nôtre. Une écriture précise et fascinante à l'effroi, une arme aiguisée mais vaine. Je regrette de ne supporter ses pages (enfin, je n'en suis pas sûre, de le regretter) parce que peu d'auteurs ont réussi à déclencher de telles interrogations chez moi.
Je n'aime pas qu'on torture ma candeur. J'ai un peu honte de l'admettre.
J'ai souffert de lire Si questo è un uomo, pour les mêmes raisons : j'ai peur de devoir regarder/accepter que le noir existe.
- yogiSage
J'a lu Sade et et P.Levi ,adolescente. Depuis enfant,je lis tous les livres qui me tombent sous la main donc j'ai découvert beaucoup d'ouvrages et d'auteurs ,seule.
Même si je comprends la notion de résistance,il y avait un truc en moi qui prenait plaisir à se laisser emporter dans un nouvel univers et à accepter ce que j'allais trouver et découvrir. A 11 ans ,je lisais Cocteau et Rimbaud juste parce que j'avais une carte à la médiathèque du village et que je voulais lire."Tout,n'importe quoi ,pourvu que je lise" . J'avoue que je continue à choisir des livres par instinct et que je me laisse volontiers guider.
Même si je comprends la notion de résistance,il y avait un truc en moi qui prenait plaisir à se laisser emporter dans un nouvel univers et à accepter ce que j'allais trouver et découvrir. A 11 ans ,je lisais Cocteau et Rimbaud juste parce que j'avais une carte à la médiathèque du village et que je voulais lire."Tout,n'importe quoi ,pourvu que je lise" . J'avoue que je continue à choisir des livres par instinct et que je me laisse volontiers guider.
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- bikkhouHabitué du forum
tout pareil / parfois, je choisis des livres à la couleur de la tranche, de loin / n'éprouve de la tristesse que quand il me manque un ami-livre
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Le rhinocéros courait / Le lion s'accrochait / mordait / le sang giclait le cou se tordait / Le rhinocéros regardait le ciel / Ciel bleu, calme et tranquille : / on y voyait la lune /
Tableau / Incident dans la jungle lointaine / Le paysage se taisait / Les deux bêtes se figeaient / Et dans le silence / Le lion tuait à chaque instant / Le rhinocéros mourait éternellement
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