organisation d'une journée portes ouvertes contre l'avis des profs

en ce funeste jour de reprise du travail, je fais appel à vos lumières ....je suis rentrée du travail remontée comme un coucou et ne décolère pas trop.
Voilà le problème (pardonnez-moi si je suis longue, je veux que vous compreniez bien tout).

L'an dernier a eu lieu dans mon collège une journée portes ouvertes début juillet en semaine . Tout le monde s'est investi gratuitement et bénévolement à la demande du cde, chorale chez les uns, pièce de théâtre pour les autres, affichages, expositions etc etc.
de manière concrète, toute la journée, quels que soient nos horaires de travail ordinaires, nous avons assuré la présentation de nos travaux...pour deux pelés et trois tondus, parents et élèves confondus. La direction n'est jamais passée dans les couloirs voir ce que nous présentions....car en réalité, elle se réservait pour "LE" soir.
Et donc le soir étaient invités parents d'élèves, profs, mais aussi des officiels (conseil général, dasen) pour un spectacle mettant à l'honneur un seul projet pédagogique, élu car "citoyen" (entendez, avec des thématiques bienvenues, devoir de mémoire, lecture de la lettre de Guy Moquet et j'en passe ) et mettant donc à l'honneur 4 professeurs sur une communauté de 30 enseignants.
Nous l'avons donc eue mauvaise...moi notamment, la pièce de théâtre travaillée et répétée par mes élèves n'a par exemple pas eu l'honneur d'être programmée en soirée, comme me l'avaient demandé mes élèves, car elle risquait de faire fuir les invités (sic) .

Cette année, nous n'étions donc pas très très enthousiastes pour recommencer.

En réunion pédagogique (= 8 profs), le cde nous propose une date pour début juillet. Nous commençons par dire que la date est mal choisie, personne ne vient si tard, très peu d'élèves s'impliquent etc etc.
Peu importe, la date est maintenue....mais le cde nous demande si nous voulons faire cette JPO.
Je prends mon courage à deux mains et réponds que je n'y suis pas favorable : beaucoup de travail en amont pour peu de résultats et peu de visiteurs....je ne dis pas le fond de ma pensée, trop agressif, et joue sur des arguments d'ordre pédagogique : nous avons perdu l'équivalent d'un mois de cours avec les intempéries, inutile de perdre du temps avec la préparation d'une JPO, mieux vaut faire cours.
Peu de soutien de la part de mes collègues, mais nous convenons avec le chef que nous effectuerons le lendemain, 12 avril, jour des vacances, un vote, pour voir si les profs veulent d'une journée portes ouvertes ou non.
Résultat sans appel, 23 ou 24 votes contre, deux favorables.

et qu'apprends-je cet après midi ? lors d'une réunion en petit comité ne me concernant pas, j'apprends aujourd'hui qu'une collègue (celle dont le projet citoyen avait été portée au pinacle l'an dernier) déplore publiquement le résultat du vote...le cde s'est engouffré dans la brèche...bref, il a été décidé qu'une JPO aurait lieu mi-juin . Aucun collègue présent n'a bronché (bonjour le courage), mais tous sont sortis passablement écoeurés.

Et écoeurée, je le suis aussi. Et je m'interroge sur les suites à donner....je veux bien aller au clash, j'aurai peu de soutien actif si je le fais, 3 ou 4 collègues maxi et les autres suivront silencieusement.
Mais comment je m'y prends ?
d'autres stratégies ?
des conseils ?


question subsidiaire : ai-je été claire ??!!

Tu n'as qu'à boycotter à titre individuel. Te casses pas le fondement pour une bande de [modéré]

J'ai raison ou j'ai pas raison ?

c'est la solution que j'envisage in fine.....

c'est tout de même épuisant de se casser la tête aux créneaux régulièrement, pour parfois pas grand chose...et en l'occurrence au risque de m'en prendre plein la tête si je dis le fond de ma pensée.
D'autant que l'opération portes ouvertes va avoir lieu en semaine, donc pendant les heures de service.
le boycott en journée m'est impossible. il reste la mauvaise volonté, la force de l'inertie, le coup de gueule, évidemment.....

C'est le problème dans beaucoup d'établissements. Quand j'ai débuté, combien de fois me suis-je retrouvé seul ou presque face à la direction pour souligner tel ou tel disfonctionnement ou faire remonter un mécontentement.

Nous partîmes une quinzaine en salle des profs, remontés comme des coucous, nous arrivâmes deux ou trois maximum devant la porte du principal. Que s'est-il donc passé ? On a dû en perdre en route. Et ceux qu'on perd en route sont systématiquement ceux qui se plaignent le plus fort en salle des profs.

Aller je vous fait la classique pour la route:

- "Qui veut bien aller voir le principal ? Tiens untel qui a apparemment beaucoup de choses à revendiquer"
- "Ah non, pas moi, j'en ai marre, je l'ai déjà vu trois fois aujourd'hui"
- "Aaaaaaaaaah d'accoooord"

C'est décourageant......

pour autant, je me demande quand même comment m'y prendre.
Etre porte-parole ne me pose aucun problème, on dira que je peux comprendre que certains manquent de courage....peu importe.
Ma question est celle de ma stratégie et des arguments à faire valoir.

Je suggère la résistance passive: pas d'idées, pas de projets. Les portes grandes ouvertes sur du vide...

Provence a écrit:Je suggère la résistance passive: pas d'idées, pas de projets. Les portes grandes ouvertes sur du vide...

C'est la stratégie habituelle mais au final qui passe pour des cons ?

Provence a écrit:Je suggère la résistance passive: pas d'idées, pas de projets. Les portes grandes ouvertes sur du vide...

je suis séduite, tu sais.....
mais quand même, ça me frustre : je crois que j'ai quand même envie d'en découdre (notre cde part en fin d'année, ceci explique cela )

Bonne baston alors!

Spoiler:

Je comprends: c'est humiliant de subir un tel mépris. Cependant, demande-toi si cela vaut la peine que tu t'énerves seule. Pense à George Abitbol: « Le train de votre mépris roule sur les rails de mon indifférence ».

oui, Provence, c'est exactement ça : le mépris est insupportable.

Je vais astiquer mes armes et affûter mes lames :darkvador:

Du coup, je viens d'éditer...

l'indifférence, certes....mais elle ne suffit pas toujours; dire quelques vérités et s'opposer à une décision prise au mépris de l'avis général, quand bien même nous ne serions que deux ou trois à oser l'ouvrir, dénoncer par la même occasion ce mépris ....j'en rêve

cela dit, je vais réfléchir, on va se concerter, je vous demande vos avis, je vais appeler mon syndicat.....bref....je n'ai pas dit mon dernier mot.

Albertine, il en va des portes ouvertes comme de Nabila : ne jamais écouter la meute

Cripure, chez moi, la meute râle en salle des prof, se tait en réunion et attend qu'un courageux kamikaze prenne la parole.
C'est quand même dingue de se laisser imposer un truc que l'on ne veut pas par un cde et une collègue trop zélés, non ?

C'est partout comme cela Albertine...

Suite à une situation très grave de harcèlement dans mon établissement, plusieurs personnes (hors enseignants) se sont retrouvées démolies et /ou proche du suicide, subissant des attaques très violentes régulières à la vue de tous. C'était ignoble.

Seule la moitié des enseignants s'est mobilisée (et a pu mettre un terme à cette situation) - autant je n'ai jamais vu autant de monde bouger, autant l'indifférence des autres m'a définitivement et irrémédiablement révélé une certaine part de la nature humaine que nous avons rarement le courage d'admettre...

Et je ne parle pas de ceux qui ont en coulisse soutenu ces actes. Je ne comprendrai jamais.

Vous la faites : chacun dans sa salle, porte ouverte.Vous ne préparez rien .

Finrod, ce que tu décris s'est produit / se produit encore dans mon établissement.
Avec exactement les mêmes groupes et répartitions.
je ne comprends pas et je ne m'y fais pas.

roxanne a écrit:Vous la faites : chacun dans sa salle, porte ouverte.Vous ne préparez rien .

Oui, beaucoup risquent de faire ainsi...enfin beaucoup, allez quatre ou cinq.
Les autres risquent de se décarcasser pour rien, comme l'an dernier.
Oui, je sais, je peux rien y changer....

Ecoute, de toute façon c'est quoi cette mode des JPO en collège ? Ca sert à montrer son plus beau Projet.Nous, ça nous rattape le Jeudi de l'ascension .Moi j'étais dans ma salle, j'ai répondu aux quelques parents qui se sont aventurés.

Chez nous, ça ne rattrape rien ! on le fait par amour du métier, par amour des prooooojets et par amour du concept de "vitrine".
on fait la JPO ce jour-là, que l'on ait cours ou non, que l'on ait 3 ou 7 h de cours....tu comprends mon énervement ?

C'est pour ça que ça doit être minimum syndical.De toute façon, iles gamins du secteur s'inscriront quand même.

En juin ou en juillet c'est juste une aberration, puisque les CM2 (enfin leurs parents) ont déjà choisi leur futur établissement. C'est en février ou en mars qu'on organise une jpo, et un samedi matin, pour que les futurs élèves et leurs familles puissent venir.
Ce cde s'y prend comme un manche...

grandesvacances a écrit:En juin ou en juillet c'est juste une aberration, puisque les CM2 (enfin leurs parents) ont déjà choisi leur futur établissement. C'est en février ou en mars qu'on organise une jpo, et un samedi matin, pour que les futurs élèves et leurs familles puissent venir.
Ce cde s'y prend comme un manche...

si tu veux mon avis, la JPO n'a pas pour but d'attirer les familles....

Aaaah bon ?
Dans tous les établissements où j'ai travaillé, c'était le cas, puisqu'on était dans un contexte de forte concurrence public/privé. S'il n'y a pas de concurrence, c'est vraiment peigner la girafe. Surtout en juillet.

je t'explique : JPO l'an dernier, deux ou trois jours avant la fin des cours.
Ateliers divers toute la journée, dans l'indifférence générale; avec très très peu de monde.
Soirée sur invitation devant des membres du CG, de la DASEN et autres huiles, petits fours et champagne, pour présenter un projet citoyen, axé sur le devoir de mémoire, lectures de lettres de résistants, déportés, avec musique triste et diaporama.
Discours officiel du cde remerciant et félicitant les profs impliqués dans ce projet et vantant l'exceptionnel dynamisme du collège...devant les officiels donc.

On a tous eu l'impression qu'on avait lustré le CV du cde et que certains collègues avaient marqué des points, pour eux, je ne sais pas moi, leur notation, leur emploi du temps, leurs futures palmes académiques, va savoir....