- amarokNiveau 10
Bjr:
Etablissez-vous un subtil distingo entre ces 2 notions (moi pas..)?, si oui lequel? ce que j'ai lu dans un manuel ne me convainc pas, ou alors ce n'était pas bien expliqué.. d'avance merci pour vos lumières..les miennes déclinent un peu en ce moment, vivement les congés..!
Etablissez-vous un subtil distingo entre ces 2 notions (moi pas..)?, si oui lequel? ce que j'ai lu dans un manuel ne me convainc pas, ou alors ce n'était pas bien expliqué.. d'avance merci pour vos lumières..les miennes déclinent un peu en ce moment, vivement les congés..!
- NLM76Grand Maître
pastiche = imitation + admiration, non ?
Peut-être aussi :
pastiche = genre littéraire
imitation = procédé
Peut-être aussi :
pastiche = genre littéraire
imitation = procédé
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- amarokNiveau 10
merci nlm.. d'autre avis?
- yphrogEsprit éclairé
Je pense que le terme pastiche peut également impliquer plusieurs imitations, allusions, homages...
Exemple: un des moments clés de le révélation en Middlesex (Eugenides) aura lieu quand le personnage principal cours et fonce dans un tracteur... qui rappelle une scène des Raisins de la Colère. Mais c'est un livre qui emprunte/vole aussi beaucoup à Ralph Ellison et où l'on revisite The Odyssey in a wine-dark OldsmoBuick... ce que je comprends par pastiche serait une intertextualité debridée mais appréciative, où l'objectif de l'auteur n'est pas forcément le même que celui de l'écrivain cité. Mais déjà, chez Rabelais, (ou dans la Cantique des Cantiques, comme d'autres...) c'était peut-être un peu ça aussi, non?
Wilde: Les bons écrivains empruntent; les grands volent.
http://en.wikipedia.org/wiki/Pastiche#Hodge-podge
Hodgepodge
In this usage, a work is called a pastiche if it is cobbled together in imitation of several original works. As the Oxford English Dictionary puts it, a pastiche in this sense is "a medley of various ingredients; a hotchpotch, farrago, jumble." This meaning accords with etymology: pastiche is a French word, coming from the Italian term pasticcio,[15] :gouteur: referring to a kind of pie made of many different ingredients and cognate to the culinary sense of the English word pasty.
Exemple: un des moments clés de le révélation en Middlesex (Eugenides) aura lieu quand le personnage principal cours et fonce dans un tracteur... qui rappelle une scène des Raisins de la Colère. Mais c'est un livre qui emprunte/vole aussi beaucoup à Ralph Ellison et où l'on revisite The Odyssey in a wine-dark OldsmoBuick... ce que je comprends par pastiche serait une intertextualité debridée mais appréciative, où l'objectif de l'auteur n'est pas forcément le même que celui de l'écrivain cité. Mais déjà, chez Rabelais, (ou dans la Cantique des Cantiques, comme d'autres...) c'était peut-être un peu ça aussi, non?
Wilde: Les bons écrivains empruntent; les grands volent.
- SeiGrand Maître
J'aurais tendance à penser que pastiche est un mot plus précis que imitation, dans la mesure où il renvoie à l'art. Tout pastiche est une imitation, toute imitation n'est pas un pastiche.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- amarokNiveau 10
J'ai encore du mal à saisir..je n'imagine pas les élèves.. je suppose que les collègues ayant les L n'évoquent pas cette infime différence..
- SeiGrand Maître
Je pense que la différence fondamentale à connaître est celle entre le pastiche et la parodie, l'un et l'autre étant des imitations.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- yphrogEsprit éclairé
Dans un pastiche on pique les symboles et les moments clés, dans une imitation on mime le style, non?
- NLM76Grand Maître
Bon, il y a des nuances, mais pas de quoi faire suer les élèves pour dire "là t'as bon; là t'as faux."
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- PhilomèleNiveau 9
Bonjour,
Quelques éléments de théorie pour faire avancer le schmilblick :
1- Les deux mots ont une histoire différente.
* La notion d'imitation en littérature est bien attestée en français à la Renaissance. Je n'ai pas vérifié si la notion est connue dans la rhétorique antique. Intuitivement, j'aurais tendance à penser que oui, mais bon, l'intuition dans le domaine peut faire des dégâts. Il faudrait vérifier chez Quintilien ou dans Lausberg (Handbuch der literarischen Rhetorik, traduction en anglais pour ceux, comme moi, dont l'allemand est un peu loin).
* Le mot même de pastiche est beaucoup plus tardif en français. Il entre dans le dictionnaire de l'Académie en 1762 (seulement). Il est donc attesté en français au cours du XVIIIe siècle. C'est un emprunt à l'italien et le mot italien même semble apparaître avec ce sens dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Source : TLFI.
2- Les deux mots désignent des réalités d'écriture différentes, qui peuvent se recouper ou s'emboîter selon les époques.
* Le mot "imitation" a un sens large. Il désigne une technique d'écriture, une façon de produire des textes, non pas à partir de l'existence d'un genre dont on s'approprie les codes, mais à partir d'un modèle de texte que l'on adapte, déforme, etc. Au XVIe siècle, l'imitation désigne tout type de réécriture, par exemple les traductions. Exemple connu, toute la tradition pétrarquiste, c'est-à-dire les recueils de sonnets et poèmes strophiques, non pas en rapport avec un genre, mais avec un modèle, les Rime sparse dudit Pétrarque. (Voir L'Arbre et la source de Michel Charles).
* À partir de là (et parce que je connais mal la littérature après le XVIIe siècle...), je saisis mal la spécificité du pastiche par rapport à l'imitation. Il me semble que le pastiche désigne le résultat, et quasiment un genre de texte qui résulte de la copie. À partir du produit, on déduit le geste du pastiche, qui devient ainsi une forme spécifique de l'imitation : une forme datée historiquement de l'imitation. Il me semble en fait que le pastiche apparaît au moment où la culture rhétorique de production des textes par imitation s'affaiblit.
D'où - Pour parler comme en maths, j'aurais tendance à dire que l'imitation est un ensemble et le pastiche un des éléments de cet ensemble. Cela suppose de faire de l'imitation une technique rhétorique transhistorique et du pastiche une forme plus limitée dans le temps.
Après, je n'ai pas d'opinion sur ce qu'il est bon d'enseigner aux mômes. Est-ce que le choix ne dépend pas des textes précis que tu as prévu de faire lire ? Un bon exemple d'étude qui mobilise la notion vaut toujours mieux que du baratin incertain, non ? Dans l'optique d'éviter le jargon et les flottements de terminologie, bien sûr.
Quelques éléments de théorie pour faire avancer le schmilblick :
1- Les deux mots ont une histoire différente.
* La notion d'imitation en littérature est bien attestée en français à la Renaissance. Je n'ai pas vérifié si la notion est connue dans la rhétorique antique. Intuitivement, j'aurais tendance à penser que oui, mais bon, l'intuition dans le domaine peut faire des dégâts. Il faudrait vérifier chez Quintilien ou dans Lausberg (Handbuch der literarischen Rhetorik, traduction en anglais pour ceux, comme moi, dont l'allemand est un peu loin).
* Le mot même de pastiche est beaucoup plus tardif en français. Il entre dans le dictionnaire de l'Académie en 1762 (seulement). Il est donc attesté en français au cours du XVIIIe siècle. C'est un emprunt à l'italien et le mot italien même semble apparaître avec ce sens dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Source : TLFI.
2- Les deux mots désignent des réalités d'écriture différentes, qui peuvent se recouper ou s'emboîter selon les époques.
* Le mot "imitation" a un sens large. Il désigne une technique d'écriture, une façon de produire des textes, non pas à partir de l'existence d'un genre dont on s'approprie les codes, mais à partir d'un modèle de texte que l'on adapte, déforme, etc. Au XVIe siècle, l'imitation désigne tout type de réécriture, par exemple les traductions. Exemple connu, toute la tradition pétrarquiste, c'est-à-dire les recueils de sonnets et poèmes strophiques, non pas en rapport avec un genre, mais avec un modèle, les Rime sparse dudit Pétrarque. (Voir L'Arbre et la source de Michel Charles).
* À partir de là (et parce que je connais mal la littérature après le XVIIe siècle...), je saisis mal la spécificité du pastiche par rapport à l'imitation. Il me semble que le pastiche désigne le résultat, et quasiment un genre de texte qui résulte de la copie. À partir du produit, on déduit le geste du pastiche, qui devient ainsi une forme spécifique de l'imitation : une forme datée historiquement de l'imitation. Il me semble en fait que le pastiche apparaît au moment où la culture rhétorique de production des textes par imitation s'affaiblit.
D'où - Pour parler comme en maths, j'aurais tendance à dire que l'imitation est un ensemble et le pastiche un des éléments de cet ensemble. Cela suppose de faire de l'imitation une technique rhétorique transhistorique et du pastiche une forme plus limitée dans le temps.
Après, je n'ai pas d'opinion sur ce qu'il est bon d'enseigner aux mômes. Est-ce que le choix ne dépend pas des textes précis que tu as prévu de faire lire ? Un bon exemple d'étude qui mobilise la notion vaut toujours mieux que du baratin incertain, non ? Dans l'optique d'éviter le jargon et les flottements de terminologie, bien sûr.
- User5899Demi-dieu
La réécriture elle-même ne se limite pas au pastiche ni à l'imitation.
- lilith888Grand sage
Le pastiche est une pratique d'imitation d'un style : on reprend un maximum de stylèmes chez un auteur pour créer un texte "A la manière de...".
Mais attention : le pastiche peut également être parodique ! Et il faut distinguer le pastiche du faux.
Mais attention : le pastiche peut également être parodique ! Et il faut distinguer le pastiche du faux.
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