- IsidoriaDoyen
je vous donne un passage:
Le passage en gras signifie-t-il hic et nunc comme on le retrouve au chapitre 14: "oui dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod"?
Cela signifie si je ne m'abuse "ici et maintenant" mais dans le roman s'agit-il d'une réflexion sur la vacuité du langage? Queneau détourne toutes formes de langage, mais j'ai du mal à bien analyser cette expression latine et j'ai peur de ne pas bien m'en sortir lors de l'explication avec mes TL.
Merci!
- Américanophile! s'esclame Gabriel, t'emploies des mots dont tu connais pas le sens. Américanophile! comme si ça empêchait de laver son linge sale en famille. Marceline et moi, non seulement on est américanophiles, mais en plus de ça, petite tête, et en même même temps, t'entends ça, petite tête, EN MEME TEMPS, on est lessivophiles. Hein? ça te la coupe, ça (pause) petite tête.
Turandot ne trouve rien à répondre. Il revient au problème concret et présent à la liquette ninque, celle qu'il n'est pas si facile de laver
Le passage en gras signifie-t-il hic et nunc comme on le retrouve au chapitre 14: "oui dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod"?
Cela signifie si je ne m'abuse "ici et maintenant" mais dans le roman s'agit-il d'une réflexion sur la vacuité du langage? Queneau détourne toutes formes de langage, mais j'ai du mal à bien analyser cette expression latine et j'ai peur de ne pas bien m'en sortir lors de l'explication avec mes TL.
Merci!
- NLM76Grand Maître
L'hic et nunc (="ici et maintenant", en effet) prononcé à la française avant la restituée (fin des années 1960, si je ne m'abuse), oui.
Pour le reste je n'en sais rien; je n'ai pas lu Zazie
Pour le reste je n'en sais rien; je n'ai pas lu Zazie
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- http://instruire.fr
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- HypermnestreÉrudit
Il me semble qu'il s'agit simplement d'un calembour, comme le Vulgue Homme Pécusse.
- NitaEmpereur
Est-ce que cela ne signifie pas qu'il revient au problème qui les agite ? le linge difficile à laver en famille, qui rend Gabriel et Marcel lessivophiles ?
(je n'arrive pas à remettre la main sur mon bouquin, et ton extrait est trop court pour que je puisse vérifier mon hypothèse.)
(je n'arrive pas à remettre la main sur mon bouquin, et ton extrait est trop court pour que je puisse vérifier mon hypothèse.)
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A clean house is a sign of a broken computer.
- User5899Demi-dieu
La créativité du langage, plutôt que sa vacuité, non ? Création d'expressions à partir de citations mal comprises ou de bouts de phrases... Comme quand nous écrivons bédeuzi, sauf que la liquette, elle, donne le départ d'une nouvelle confusion avec "liquette".Sev2p1 a écrit:je vous donne un passage:
- Américanophile! s'esclame Gabriel, t'emploies des mots dont tu connais pas le sens. Américanophile! comme si ça empêchait de laver son linge sale en famille. Marceline et moi, non seulement on est américanophiles, mais en plus de ça, petite tête, et en même même temps, t'entends ça, petite tête, EN MEME TEMPS, on est lessivophiles. Hein? ça te la coupe, ça (pause) petite tête.
Turandot ne trouve rien à répondre. Il revient au problème concret et présent à la liquette ninque, celle qu'il n'est pas si facile de laver
Le passage en gras signifie-t-il hic et nunc comme on le retrouve au chapitre 14: "oui dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod"?
Cela signifie si je ne m'abuse "ici et maintenant" mais dans le roman s'agit-il d'une réflexion sur la vacuité du langage? Queneau détourne toutes formes de langage, mais j'ai du mal à bien analyser cette expression latine et j'ai peur de ne pas bien m'en sortir lors de l'explication avec mes TL.
Merci!
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Je pense que "vacuité" a aussi sa place dans l'affaire. La création verbale s'y analyse en plusieurs étapes, dont plusieurs évidements / vidages :
- l'hic et nunc => [liketne~k] : perte de la structure interne, article y compris, puisqu'il se trouve agglutiné à la suite, dépris de sa fonction grammaticale ; l'expression devient une séquence - ou "carcasse" - sonore immotivée, un simple bruit, un flatus vocis. De même que l'étrange séquence sonore que devient la question anodine "Vous devez souvent voyager" dans la bouche pleine de spaghetti d'un personnage de Loin de Rueil (je cite de mémoire, je n'ai pas le livre sous la main, impossible de me remémorer la transcription qu'il en donne).
- remotivation contextuelle : => "liquette", ce qui laisse une syllabe, "ninque", qui est en même temps dénuée de sens, mais dont la fonction se laisse aisément interpréter : épithète. C'est donc un mouvement inverse à celui de l'absorption de l'article : une syllabe dénuée de sens se trouve investie d'une fonction grammaticale.
- l'expression étant un groupe nominal, elle requiert un nouvel article ("la liquette ninque, comme de l'ancien français "l'iere" on passe à "le lierre" ; Queneau était lecteur de linguistique historique, mais aussi de Tolstoï qui fait inventer le mot "lafet" à un soldat de Guerre et Paix entendant les Français parler de l'affût d'un canon.
Bref, une succession de passer-muscade sens <-> forme en même temps très banals (ressorts de l'étymologie et des créations enfantines) et troublants : un trop plein de forme engendre du sens. D'où aussi peut-être un double-fond au passage humoristique d'une notion abstraite et noble qui se dit en latin à un objet concret exprimé par un mot très familier (vérification faite, liquette au sens de "chemise d'homme" est qualifié de "populaire" par les auteurs du Trésor de la langue française) : au jeu entre sens et forme fait écho un balancement entre pensée et matière.
- l'hic et nunc => [liketne~k] : perte de la structure interne, article y compris, puisqu'il se trouve agglutiné à la suite, dépris de sa fonction grammaticale ; l'expression devient une séquence - ou "carcasse" - sonore immotivée, un simple bruit, un flatus vocis. De même que l'étrange séquence sonore que devient la question anodine "Vous devez souvent voyager" dans la bouche pleine de spaghetti d'un personnage de Loin de Rueil (je cite de mémoire, je n'ai pas le livre sous la main, impossible de me remémorer la transcription qu'il en donne).
- remotivation contextuelle :
- l'expression étant un groupe nominal, elle requiert un nouvel article ("la liquette ninque, comme de l'ancien français "l'iere" on passe à "le lierre" ; Queneau était lecteur de linguistique historique, mais aussi de Tolstoï qui fait inventer le mot "lafet" à un soldat de Guerre et Paix entendant les Français parler de l'affût d'un canon.
Bref, une succession de passer-muscade sens <-> forme en même temps très banals (ressorts de l'étymologie et des créations enfantines) et troublants : un trop plein de forme engendre du sens. D'où aussi peut-être un double-fond au passage humoristique d'une notion abstraite et noble qui se dit en latin à un objet concret exprimé par un mot très familier (vérification faite, liquette au sens de "chemise d'homme" est qualifié de "populaire" par les auteurs du Trésor de la langue française) : au jeu entre sens et forme fait écho un balancement entre pensée et matière.
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