- amarokNiveau 10
Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
- RobinFidèle du forum
amarok a écrit:Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
La notion de "péché originel", je pense, mais laissez-moi un peu de temps pour creuser la question...
- RobinFidèle du forum
... Et aussi bien entendu la notion de "nature humaine", puisque l'être de l'homme réside dans la "plasticité" et la capacité de "métamorphose".
extrait :
"En fin de compte, le parfait ouvrier décida qu'à celui qui ne pouvait rien recevoir en propre serait commun tout ce qui avait été donné de particulier à chaque être isolément. Il prit donc l'homme, cette œuvre indistinctement imagée, et l'ayant placé au milieu du monde, il lui adressa la parole en ces termes : « Si nous ne t'avons donné, Adam, ni une place déterminée, ni un aspect qui te soit propre, ni aucun don particulier, c'est afin que la place, l'aspect, les dons que toi-même aurais souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton vœu, à ton idée. Pour les autres, leur nature définie est tenue en bride par des lois que nous avons prescrites : toi, aucune restriction ne te bride, c'est ton propre jugement, auquel je t'ai confié, qui te permettra de définir ta nature. Si je t'ai mis dans le monde en position intermédiaire, c'est pour que de là tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le monde alentour. Si nous ne t'avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c'est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral * et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, qui sont bestiales ; tu pourras, par décision de ton esprit, te régénérer en formes supérieures, qui sont divines. »
extrait :
"En fin de compte, le parfait ouvrier décida qu'à celui qui ne pouvait rien recevoir en propre serait commun tout ce qui avait été donné de particulier à chaque être isolément. Il prit donc l'homme, cette œuvre indistinctement imagée, et l'ayant placé au milieu du monde, il lui adressa la parole en ces termes : « Si nous ne t'avons donné, Adam, ni une place déterminée, ni un aspect qui te soit propre, ni aucun don particulier, c'est afin que la place, l'aspect, les dons que toi-même aurais souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton vœu, à ton idée. Pour les autres, leur nature définie est tenue en bride par des lois que nous avons prescrites : toi, aucune restriction ne te bride, c'est ton propre jugement, auquel je t'ai confié, qui te permettra de définir ta nature. Si je t'ai mis dans le monde en position intermédiaire, c'est pour que de là tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le monde alentour. Si nous ne t'avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c'est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral * et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, qui sont bestiales ; tu pourras, par décision de ton esprit, te régénérer en formes supérieures, qui sont divines. »
- amarokNiveau 10
Oui mais la notion de nature humaine n'est pas si fixée/figée que cela dans la bible (car homme à l'image de Dieu..)..
- Marie LaetitiaBon génie
Peux-tu préciser de quel texte de Pic tu parles? Parce que j'avais fait un cours sur lui (dans un autre contexte) et sa pensée est assez complexe...
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- amarokNiveau 10
C'est bien celui que Robin a mis en ligne (me^me si la traduction diffère légèrement)
- RuthvenGuide spirituel
Texte: Jean Pic de la Mirandole, Discours sur la dignité de l'homme (1486)
Après la création du monde, des anges et des animaux, Dieu le Père "désirait qu'il y eût quelqu'un pour admirer la raison d'une telle œuvre, pour en aimer la beauté et en admirer la grandeur". Or tout était déjà plein, "il n'y avait pas dans les archétypes de quoi forger une nouvelle lignée"...
"Le parfait artisan décida finalement qu'à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il prit donc l'homme, cette œuvre à l'image indistincte, et l'ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : « Je ne t'ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. La nature enferme d'autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même. Je t'ai mis au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler autour de toi ce que le monde contient. Je ne te fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d'un peintre ou d'un sculpteur. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, comme celle des bêtes, ou, régénéré, atteindre les formes supérieures qui sont divines. »
O souveraine générosité de Dieu le Père! Souveraine et admirable félicité de l'homme! A lui, il est donné d'avoir ce qu'il désire et d'être ce qu'il veut. Les bêtes, au moment où elles naissent, portent en elles dès la matrice de leur mère, comme dit Lucilius, tout ce qu'elles auront. Les esprits supérieurs ont été, dès le commencement ou peu après, ce qu'ils seront à jamais dans les siècles des siècles. Mais dans chaque homme qui naît, le Père a introduit des semences de toutes sortes, des germes de toute espèce de vie. Ceux que chacun a cultivés croîtront, et ils porteront des fruits en lui. Si ces germes sont végétaux, il deviendra plante, sensitifs, il deviendra animal, rationnels, il se fera âme céleste, intellectuels, il sera ange et fils de Dieu. Mais si, insatisfait du sort de chaque créature, il se recueille dans le centre de son unité, devenu un seul esprit avec Dieu, il se tiendra avant toutes choses dans la ténèbre solitaire du Père qui est établi au-dessus de tout."
Situation historique de Pic de la Mirandole et du Discours sur la dignité de l’homme
Pic de la Mirandole (1463-1494) est un auteur de la Renaissance. Dans cette période, on redécouvre les textes de l’Antiquité ; la pensée rompt avec le commentaire théologique (= qui porte sur les textes sacrés) du Moyen Age pour laisser place à une certaine forme d'humanisme. Notre extrait provient justement d'un texte intitulé Discours sur la dignité de l'homme. Si les réflexions humanistes sont un lieu commun de la Renaissance, la position de Pic n'en reste pas moins très originale.
Commentaire:
Un texte philosophique est construit autour d'un problème fondamental qui guide son économie d'ensemble. Ici Pic de la Mirandole révise l’anthropogenèse (= récit de la création/fabrication de l’homme) afin de montrer en quoi réside la dignité de l'homme. En effet, pourquoi l'homme est-il plus digne que n'importe quelle autre créature dans l'univers?
Ce texte est, en quelque sorte, un mythe (=récit explicatif qui porte sur les origines) qui tente de cerner les caractéristiques humaines ; Pic de la Mirandole s’inspire de la Bible mais aussi du Protagoras de Platon pour donner une version de la création de l'homme qui corresponde à sa conception de l'humanité.
La structure de l’extrait est claire: après le discours de la divinité qui explique à l'homme son rôle dans la création, l'auteur montre les enjeux de cette position.
L'homme apparaît avant tout comme celui qui n'a pas de spécificité ; la divinité ayant réparti toutes les qualités entre tous les autres animaux, leur conférant par là même une essence stable et immuable (=qui ne change pas), il ne reste rien qui puisse être spécifique à l'homme, c'est-à-dire qui puisse le définir en "propre". Le propre de quelqu'un c'est ce qui lui confère sa nature, ce par quoi on va l'identifier.
Le propre de l’homme serait-donc de ne rien avoir en propre? L'homme ne serait alors pas déterminé à être tel ou tel; son humanité résiderait justement dans cette absence de détermination.
Mais il faut suivre Pic de la Mirandole qui pousse l'analyse plus loin: si l'homme n'a rien en propre, ce n'est pas parce qu'il n'a aucune qualité, mais au contraire parce qu'il peut les avoir toutes. Lui est commun « tout ce qui avait été le propre de chacune des créatures » ; l’humanité n'est donc pas extérieure d'emblée en ce monde dans la mesure où elle n'aurait rien à partager avec les autres créatures, mais elle est inscrite en son cœur. L'humanité va justement avoir une fonction essentielle de médiation. On retrouve ici une thématique classique qui fait de l'homme microcosme (=petit monde) l'image du macrocosme (grand monde).
Mais ce n'est pas sur ce point que se centre le discours de Pic de la Mirandole. En effet, ce n'est pas parce que le propre de l'homme est la totalité des qualités des créatures que l'homme est digne, mais c'est la possibilité de choisir quelles qualités il va revêtir. Ce texte est un brillant éloge de la liberté. L'homme a donc le choix d'être plante, animal, homme, ange ou dieu; c'est cette possibilité du choix, cette liberté fondamentale qui fait qu'en son fond, l'homme est à l'image de dieu, qu'il peut s’élever jusqu'à la divinité. L'homme est artisan de lui-même comme la divinité est l'artisan du monde.
Il faut donc distinguer deux états ou deux formes de la liberté : une liberté que l’on peut qualifier de négative qui correspond à une indétermination originaire (être libre=n’être déterminé en rien) et une liberté que l’on peut qualifier de positive qui correspond à la possibilité de choisir (être libre=se déterminer soi-même).
La seconde partie du texte reprend les conclusions précédentes sous une forme plus conceptuelle et plus développée. En effet, à la fixité des créatures non humaines, figées dans une essence (l'animal reste ce qu'il est dès sa naissance, les esprits célestes, après la chute de Satan, n'ont plus la liberté de choix puisque leur volonté est immuable), s’oppose la mobilité de l’homme. Seul l'homme peut choisir ce qu'il va devenir en choisissant la vie qu'il va mener.
L'homme se détermine donc dans une éthique, un comportement par lequel il devient ce qu'il actualise en lui. Les germes en lui sont puissances de toutes créatures, il ne lui reste qu'à les faire passer à l'existence par son attitude. Celui qui se contente de mener une vie végétative, de croître simplement sans activité aucune, il deviendra plante, celui qui actualise les germes sensitifs, devient un animal...
La conséquence d’une telle pensée de la liberté est la responsabilité qui pèse alors sur l’homme : l’homme est entièrement responsable de son devenir ; il ne peut accuser personne de la frustration qu’il peut parfois éprouver.
Après la création du monde, des anges et des animaux, Dieu le Père "désirait qu'il y eût quelqu'un pour admirer la raison d'une telle œuvre, pour en aimer la beauté et en admirer la grandeur". Or tout était déjà plein, "il n'y avait pas dans les archétypes de quoi forger une nouvelle lignée"...
"Le parfait artisan décida finalement qu'à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il prit donc l'homme, cette œuvre à l'image indistincte, et l'ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : « Je ne t'ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. La nature enferme d'autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même. Je t'ai mis au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler autour de toi ce que le monde contient. Je ne te fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d'un peintre ou d'un sculpteur. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, comme celle des bêtes, ou, régénéré, atteindre les formes supérieures qui sont divines. »
O souveraine générosité de Dieu le Père! Souveraine et admirable félicité de l'homme! A lui, il est donné d'avoir ce qu'il désire et d'être ce qu'il veut. Les bêtes, au moment où elles naissent, portent en elles dès la matrice de leur mère, comme dit Lucilius, tout ce qu'elles auront. Les esprits supérieurs ont été, dès le commencement ou peu après, ce qu'ils seront à jamais dans les siècles des siècles. Mais dans chaque homme qui naît, le Père a introduit des semences de toutes sortes, des germes de toute espèce de vie. Ceux que chacun a cultivés croîtront, et ils porteront des fruits en lui. Si ces germes sont végétaux, il deviendra plante, sensitifs, il deviendra animal, rationnels, il se fera âme céleste, intellectuels, il sera ange et fils de Dieu. Mais si, insatisfait du sort de chaque créature, il se recueille dans le centre de son unité, devenu un seul esprit avec Dieu, il se tiendra avant toutes choses dans la ténèbre solitaire du Père qui est établi au-dessus de tout."
Situation historique de Pic de la Mirandole et du Discours sur la dignité de l’homme
Pic de la Mirandole (1463-1494) est un auteur de la Renaissance. Dans cette période, on redécouvre les textes de l’Antiquité ; la pensée rompt avec le commentaire théologique (= qui porte sur les textes sacrés) du Moyen Age pour laisser place à une certaine forme d'humanisme. Notre extrait provient justement d'un texte intitulé Discours sur la dignité de l'homme. Si les réflexions humanistes sont un lieu commun de la Renaissance, la position de Pic n'en reste pas moins très originale.
Commentaire:
Un texte philosophique est construit autour d'un problème fondamental qui guide son économie d'ensemble. Ici Pic de la Mirandole révise l’anthropogenèse (= récit de la création/fabrication de l’homme) afin de montrer en quoi réside la dignité de l'homme. En effet, pourquoi l'homme est-il plus digne que n'importe quelle autre créature dans l'univers?
Ce texte est, en quelque sorte, un mythe (=récit explicatif qui porte sur les origines) qui tente de cerner les caractéristiques humaines ; Pic de la Mirandole s’inspire de la Bible mais aussi du Protagoras de Platon pour donner une version de la création de l'homme qui corresponde à sa conception de l'humanité.
La structure de l’extrait est claire: après le discours de la divinité qui explique à l'homme son rôle dans la création, l'auteur montre les enjeux de cette position.
L'homme apparaît avant tout comme celui qui n'a pas de spécificité ; la divinité ayant réparti toutes les qualités entre tous les autres animaux, leur conférant par là même une essence stable et immuable (=qui ne change pas), il ne reste rien qui puisse être spécifique à l'homme, c'est-à-dire qui puisse le définir en "propre". Le propre de quelqu'un c'est ce qui lui confère sa nature, ce par quoi on va l'identifier.
Le propre de l’homme serait-donc de ne rien avoir en propre? L'homme ne serait alors pas déterminé à être tel ou tel; son humanité résiderait justement dans cette absence de détermination.
Mais il faut suivre Pic de la Mirandole qui pousse l'analyse plus loin: si l'homme n'a rien en propre, ce n'est pas parce qu'il n'a aucune qualité, mais au contraire parce qu'il peut les avoir toutes. Lui est commun « tout ce qui avait été le propre de chacune des créatures » ; l’humanité n'est donc pas extérieure d'emblée en ce monde dans la mesure où elle n'aurait rien à partager avec les autres créatures, mais elle est inscrite en son cœur. L'humanité va justement avoir une fonction essentielle de médiation. On retrouve ici une thématique classique qui fait de l'homme microcosme (=petit monde) l'image du macrocosme (grand monde).
Mais ce n'est pas sur ce point que se centre le discours de Pic de la Mirandole. En effet, ce n'est pas parce que le propre de l'homme est la totalité des qualités des créatures que l'homme est digne, mais c'est la possibilité de choisir quelles qualités il va revêtir. Ce texte est un brillant éloge de la liberté. L'homme a donc le choix d'être plante, animal, homme, ange ou dieu; c'est cette possibilité du choix, cette liberté fondamentale qui fait qu'en son fond, l'homme est à l'image de dieu, qu'il peut s’élever jusqu'à la divinité. L'homme est artisan de lui-même comme la divinité est l'artisan du monde.
Il faut donc distinguer deux états ou deux formes de la liberté : une liberté que l’on peut qualifier de négative qui correspond à une indétermination originaire (être libre=n’être déterminé en rien) et une liberté que l’on peut qualifier de positive qui correspond à la possibilité de choisir (être libre=se déterminer soi-même).
La seconde partie du texte reprend les conclusions précédentes sous une forme plus conceptuelle et plus développée. En effet, à la fixité des créatures non humaines, figées dans une essence (l'animal reste ce qu'il est dès sa naissance, les esprits célestes, après la chute de Satan, n'ont plus la liberté de choix puisque leur volonté est immuable), s’oppose la mobilité de l’homme. Seul l'homme peut choisir ce qu'il va devenir en choisissant la vie qu'il va mener.
L'homme se détermine donc dans une éthique, un comportement par lequel il devient ce qu'il actualise en lui. Les germes en lui sont puissances de toutes créatures, il ne lui reste qu'à les faire passer à l'existence par son attitude. Celui qui se contente de mener une vie végétative, de croître simplement sans activité aucune, il deviendra plante, celui qui actualise les germes sensitifs, devient un animal...
La conséquence d’une telle pensée de la liberté est la responsabilité qui pèse alors sur l’homme : l’homme est entièrement responsable de son devenir ; il ne peut accuser personne de la frustration qu’il peut parfois éprouver.
- Marie LaetitiaBon génie
amarok a écrit:Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
tout ! Pic a d'ailleurs eu "quelques" soucis avec l'Inquisition en raison de ses thèses.
Tu as quelques éléments sur Pic et sa pensée ou pas?
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- amarokNiveau 10
Merci à Ruthven, je vais lire ça de près
- Marie LaetitiaBon génie
La vie de Pic de La Mirandole, au destin fut étonnant en dépit de sa mort jeune (1463-1494). Vie à la fois révélatrice des audaces de la pensée de son temps et des difficultés à trouver une place.
C'est d'abord un aristocrate, comte de La Mirandole et de Concordia, qui n'a pas de problèmes d'argent, dont la vie est connue grâce à la biographie écrite par son neveu, Gian Francesco.
Après des études de droit à Bologne (14-16 ans) qui font de lui un canoniste réputé (il est depuis l'âge de 10 ans protonotaire apostolique) il parcourt les universités les plus célèbres d'Italie et de France et étudie les lettres (Ferrare) la philosophie (Padoue et Pavie). En 1484 à Florence, il se lie avec Marsile Ficin (1433-1499, spécialiste de Platon, protégé des Médicis), Ange Politien (1454-1494, philologue, helléniste hors pairs, poète, proche de Laurent de Médicis) et Laurent le Magnifique et devient l'un des collaborateurs actifs de l'Académie platonicienne.
Il vient à Paris en 1484 où il se lie avec les humanistes de la capitale, en particulier l'historien et général des Trinitaires, Robert Gaguin. Il va laisser une telle impression que pendant une génération les étudiants parisiens n'auront de cesse que de se rapporter à lui.
Au cours de ses voyages, en même temps qu'il apprend avec une facilité qui impressionne, il accumule les relations et surtout les livres. A son retour en Italie, en 1486, il étudie les langues orientales (arabe, chaldéen, hébreu). C'est ainsi qu'il assimile la kabbale, la science occulte juive.
Un projet insensé naît alors dans son esprit : convoquer à Rome tous les philosophes et théologiens de son temps pour discuter de ses thèses et unifier philosophie et théologie (en grand seigneur, il propose même de payer le voyage et le séjour de ses contradicteurs). Il rédige pour amorcer la discussion neuf cent thèses (De omni re scibili) sur tout ce qu'on peut savoir.
La curie romaine (dont il est l'un des bénéficiers) s'inquiète alors et le contraint le 31 mars 1487 à renoncer à 13 propositions jugées hérétiques : il récuse notamment l'enfer comme punition du péché, il proclame la Kabbale fragment de la Révélation, et condamne le culte des images. En réfutant cette condamnation, il ne fait qu'indisposer le pape Innocent IV qui l'excommunie. Il part pour la France mais est arrêté et incarcéré au donjon de Vincennes, interdit de soutenance pour ses thèses à l'Université de Paris. De retour à Florence, il est accueilli et protégé par Laurent de Médicis, et travaille jusqu'à sa mort, très pieuse, dans le couvent de San Marco. Il meurt le jour même de l'entrée de Charles VIII dans la ville, 17 novembre 1494.
Sa pensée, qu'il n'a jamais pu exposer de façon synthétique, est caractérisée par une volonté de synthèse sans précédent (selon l'une de ses formules célèbres : Philosophia veritatem quaerit, theologia invenit, religio possidet) : « la philosophie cherche la vérité, la théologie la trouve, la religion la possède ». Il ne peut y avoir de contradiction entre les trois. Ce qui est intéressant c'est que cette formule résume très bien les liens entre études et foi, pour les humanistes. Les unes soutiennent l'autre.
Mais il est surtout célèbre par l'introduction de ses 900 thèses, un discours De la diginité de l'homme, manifeste même de la Renaissance et de la pensée humaniste1. Pic parmi d'autres (Poggio Bracciolini, Cristoforo Landino, A. L. Brandolini...) célèbre en effet la dignité de l'homme. Les ouvrages sur la dignité de l'homme se multiplie alors. Les plus connus sont en Italie ceux de Pic de la Mirandole et en France de Charles de Bovelles, mais l'annonce de la dignité de l'homme se retrouve partout2. L'homme est synthèse de l'univers, animal raisonnable, microcosme qui reproduit l'univers, libre, image de Dieu. Il doit être tourné vers Dieu pour libérer son âme et accéder au bonheur et à l'amour, par les trois temps de purification, illumination et perfection. C'est on ne peut plus classique dans l'expression, et l'effort en trois temps caractérise toute la mystique de la fin du Moyen Age, mais la proclamation absolue du libre arbitre de l'homme, capable d'être l'artisan de son propre destin est une nouveauté qui aura beaucoup d'échos plus tard : l'homme ne s'accomplit, ne devient ce qu'il doit être qu'en agissant. Saint Augustin ne disait pas autre chose, mais Pic l'assène dans une netteté absolue3.
Pour Pic, par l'intellect et l'exercice de pensée, l'homme devient libre. Mais penser en philosophe, c'est montrer montrer à l'homme sa dignité surnaturelle, c'est le rendre plus excellent et l'appeler à l'action pour arriver à sa pleine stature : ce discours ne rompt pas totalement avec la pensée du Moyen Âge, c'est déjà ce que disait Duns Scot à la fin du XIIIe siècle4.
Il ne faut pas oublier enfin la fascination qu'il a exercée. En 1491, celui qui deviendra le grand professeur de l'humanisme parisien, Jacques Lefebvre d'Étaples a tenu à venir discuter avec lui avant de se lancer dans l'édition d'Aristote5. Pic est donc un personnage incontournable, sans cesse cité, en dépit (ou à cause?) de l'inachèvement de son œuvre et de ses difficultés d'insertion.
C'est d'abord un aristocrate, comte de La Mirandole et de Concordia, qui n'a pas de problèmes d'argent, dont la vie est connue grâce à la biographie écrite par son neveu, Gian Francesco.
Après des études de droit à Bologne (14-16 ans) qui font de lui un canoniste réputé (il est depuis l'âge de 10 ans protonotaire apostolique) il parcourt les universités les plus célèbres d'Italie et de France et étudie les lettres (Ferrare) la philosophie (Padoue et Pavie). En 1484 à Florence, il se lie avec Marsile Ficin (1433-1499, spécialiste de Platon, protégé des Médicis), Ange Politien (1454-1494, philologue, helléniste hors pairs, poète, proche de Laurent de Médicis) et Laurent le Magnifique et devient l'un des collaborateurs actifs de l'Académie platonicienne.
Il vient à Paris en 1484 où il se lie avec les humanistes de la capitale, en particulier l'historien et général des Trinitaires, Robert Gaguin. Il va laisser une telle impression que pendant une génération les étudiants parisiens n'auront de cesse que de se rapporter à lui.
Au cours de ses voyages, en même temps qu'il apprend avec une facilité qui impressionne, il accumule les relations et surtout les livres. A son retour en Italie, en 1486, il étudie les langues orientales (arabe, chaldéen, hébreu). C'est ainsi qu'il assimile la kabbale, la science occulte juive.
Un projet insensé naît alors dans son esprit : convoquer à Rome tous les philosophes et théologiens de son temps pour discuter de ses thèses et unifier philosophie et théologie (en grand seigneur, il propose même de payer le voyage et le séjour de ses contradicteurs). Il rédige pour amorcer la discussion neuf cent thèses (De omni re scibili) sur tout ce qu'on peut savoir.
La curie romaine (dont il est l'un des bénéficiers) s'inquiète alors et le contraint le 31 mars 1487 à renoncer à 13 propositions jugées hérétiques : il récuse notamment l'enfer comme punition du péché, il proclame la Kabbale fragment de la Révélation, et condamne le culte des images. En réfutant cette condamnation, il ne fait qu'indisposer le pape Innocent IV qui l'excommunie. Il part pour la France mais est arrêté et incarcéré au donjon de Vincennes, interdit de soutenance pour ses thèses à l'Université de Paris. De retour à Florence, il est accueilli et protégé par Laurent de Médicis, et travaille jusqu'à sa mort, très pieuse, dans le couvent de San Marco. Il meurt le jour même de l'entrée de Charles VIII dans la ville, 17 novembre 1494.
Sa pensée, qu'il n'a jamais pu exposer de façon synthétique, est caractérisée par une volonté de synthèse sans précédent (selon l'une de ses formules célèbres : Philosophia veritatem quaerit, theologia invenit, religio possidet) : « la philosophie cherche la vérité, la théologie la trouve, la religion la possède ». Il ne peut y avoir de contradiction entre les trois. Ce qui est intéressant c'est que cette formule résume très bien les liens entre études et foi, pour les humanistes. Les unes soutiennent l'autre.
Mais il est surtout célèbre par l'introduction de ses 900 thèses, un discours De la diginité de l'homme, manifeste même de la Renaissance et de la pensée humaniste1. Pic parmi d'autres (Poggio Bracciolini, Cristoforo Landino, A. L. Brandolini...) célèbre en effet la dignité de l'homme. Les ouvrages sur la dignité de l'homme se multiplie alors. Les plus connus sont en Italie ceux de Pic de la Mirandole et en France de Charles de Bovelles, mais l'annonce de la dignité de l'homme se retrouve partout2. L'homme est synthèse de l'univers, animal raisonnable, microcosme qui reproduit l'univers, libre, image de Dieu. Il doit être tourné vers Dieu pour libérer son âme et accéder au bonheur et à l'amour, par les trois temps de purification, illumination et perfection. C'est on ne peut plus classique dans l'expression, et l'effort en trois temps caractérise toute la mystique de la fin du Moyen Age, mais la proclamation absolue du libre arbitre de l'homme, capable d'être l'artisan de son propre destin est une nouveauté qui aura beaucoup d'échos plus tard : l'homme ne s'accomplit, ne devient ce qu'il doit être qu'en agissant. Saint Augustin ne disait pas autre chose, mais Pic l'assène dans une netteté absolue3.
Pour Pic, par l'intellect et l'exercice de pensée, l'homme devient libre. Mais penser en philosophe, c'est montrer montrer à l'homme sa dignité surnaturelle, c'est le rendre plus excellent et l'appeler à l'action pour arriver à sa pleine stature : ce discours ne rompt pas totalement avec la pensée du Moyen Âge, c'est déjà ce que disait Duns Scot à la fin du XIIIe siècle4.
Il ne faut pas oublier enfin la fascination qu'il a exercée. En 1491, celui qui deviendra le grand professeur de l'humanisme parisien, Jacques Lefebvre d'Étaples a tenu à venir discuter avec lui avant de se lancer dans l'édition d'Aristote5. Pic est donc un personnage incontournable, sans cesse cité, en dépit (ou à cause?) de l'inachèvement de son œuvre et de ses difficultés d'insertion.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- RobinFidèle du forum
amarok a écrit:Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
Ce texte est un parfait témoignage de l'esprit de la Renaissance, de l'optimisme qui animait ses plus éminents représentants et de la foi qu'ils plaçaient dans les capacités créatrices de l'être humain.
On conçoit cependant que "l'oubli" des notions de péché et de chute, mais aussi de Grâce, de rachat et de médiation entre l'homme et le créateur pouvait inquiéter l'Eglise et susciter la fureur d'un Savonarole.
- Marie LaetitiaBon génie
Robin a écrit:amarok a écrit:Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
Ce texte est un parfait témoignage de l'esprit de la Renaissance, de l'optimisme qui animait ses plus éminents représentants et de la foi qu'ils plaçaient dans les capacités créatrices de l'être humain.
On conçoit cependant que "l'oubli" des notions de péché et de chute, mais aussi de Grâce, de rachat et de médiation entre l'homme et le créateur pouvait inquiéter l'Eglise et susciter la fureur d'un Savonarole.
euh... Pic était favorable à Savonarole... Il éprouvait pour Savonarole des sympathies de foi, lui-même souhaitait la fin des abus de l'église et le retour de l'âge d'or. Par ailleurs de nombreux humanistes n'ont pas été considérés comme hérétiques pendant une grande partie de la Renaissance. Ni Érasme, ni Marsile Ficin ni Pic de La Mirandole n'avaient l'impression de proposer des doctrines hérétiques.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- RobinFidèle du forum
Marie Laetitia a écrit:Robin a écrit:amarok a écrit:Bjr:
Que "remet en question" (je reprends les termes d'une question du Magnard) le beau texte de Pic évoquant la perfectibilité inhérente à l'être humain? je me doute que ça a trait la conception que l'Eglise véhiculait de l'homme jusqu'à lors mais si quelqu'un peut préciser (car la bible dit bien que l'homme est à l'image de Dieu, la nature humaine n'est donc pas réellement immuable aux yeux de l'église, ou est ce moi qui ne saisis pas..??), je suis un peu perplexe.. d'avance merci!
Ce texte est un parfait témoignage de l'esprit de la Renaissance, de l'optimisme qui animait ses plus éminents représentants et de la foi qu'ils plaçaient dans les capacités créatrices de l'être humain.
On conçoit cependant que "l'oubli" des notions de péché et de chute, mais aussi de Grâce, de rachat et de médiation entre l'homme et le créateur pouvait inquiéter l'Eglise et susciter la fureur d'un Savonarole.
euh... Pic était favorable à Savonarole... Il éprouvait pour Savonarole des sympathies de foi, lui-même souhaitait la fin des abus de l'église et le retour de l'âge d'or. Par ailleurs de nombreux humanistes n'ont pas été considérés comme hérétiques pendant une grande partie de la Renaissance. Ni Érasme, ni Marsile Ficin ni Pic de La Mirandole n'avaient l'impression de proposer des doctrines hérétiques.
"Il termine son Discours sur la dignité de l'homme, qu'il se propose d'annexer à ses 900 Thèses, puis il se rend à Rome pour donner suite à son projet de les défendre. Il les fait publier à Rome en décembre 1486 sous le titre Conclusiones philosophicae, cabalasticae et theologicae et offre de défrayer les dépenses de tout érudit qui viendrait à Rome pour en débattre publiquement.
En février 1487, le pape Innocent VIII interdit le débat proposé, et charge une commission de vérifier l'orthodoxie des thèses. Bien que Pic réponde aux accusations dont elles font l'objet, treize d'entre elles sont condamnées. Pic s'engage par écrit à les retirer, mais ne change pas d'opinion quant à leur validité, et entreprend, pour les défendre, d'écrire une Apologie (Apologia J. Pici Mirandolani, Concordiae comitis, publiée in 1489), qu'il dédie à Laurent. Informé de la circulation de ce manuscrit, le pape institue un tribunal d'Inquisition, forçant Pic à renoncer également à l'Apologie — ce qu'il consent encore une fois à faire.
Néanmoins, le pape déclare ses thèses non orthodoxes, affirmant : « Elles sont pour partie hérétiques, et pour partie fleurent l'hérésie; d'aucunes sont scandaleuses et offensantes pour des oreilles pieuses ; la plupart ne font que reproduire les erreurs des philosophes païens ... d'autres sont susceptibles d'exciter l'impertinence des juifs ; nombre d'entre elles, enfin, sous prétexte de philosophie naturelle veulent favoriser des arts ennemis de la foi catholique et du genre humain ». L'un des détracteurs de Pic soutient même que « Kabbale » est le nom d'un auteur impie hostile à Jésus-Christ."
Pic de la Mirandole a effectivement été d'accord avec Savonarole pour dénoncer le culte des images et les abus de l’Église, mais leur conception de l'homme et de sa relation à Dieu sont en profonde opposition. Savonarole et Pic de la Mirandole étaient des amis de jeunesse, mais ils sont longtemps restés brouillés à cause du syncrétisme (désir de concilier le paganisme et le christianisme) de Pic.
- RobinFidèle du forum
Il me semble qu'il faut distinguer entre sympathie de foi et sympathie de doctrines.
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