- RobinFidèle du forum
Eryck de Rubercy, Dominique Le Bihan, Douze question posées à Jean Beaufret à propos de Martin Heidegger, Editions Aubier Montaigne, 1983
"Impressionnés par l'apport essentiel de Jean Beaufret au domaine de la philosophie ainsi qu'à la langue française, Dominique Le Buhan et Eryck de Rubercy décidèrent, il y a quelques années, de rencontrer et de questionner le destinataire de la Lettre sur l'humanisme, dont l’œuvre leur semblait une sorte "d'île radiale", située à égale distance de la pensée de Martin Heidegger et de la poésie de René Char.
Issus du dialogue considéré comme un art, ce livre pose les questions qui résultent nécessairement de la fréquentation de la parole du philosophe allemand : sur la temporalité de l'être et la métaphysique, le rationalisme et le déclin de l'Histoire, le concept de valeur ou les liens respectifs entre technique, langue, poésie et pensée.
Stimulé par le caractère incitateur de ces questions, Jean Beaufret parvient à déjouer leur difficulté pour aider le lecteur à discerner ce que présuppose à sa source, l'initiative grecque à laquelle la pensée occidentale se rapporte essentiellement. Sans doute est-ce pourquoi le grand penseur français avait pour ce texte parmi tous ceux dont il était l'auteur, le plus d'inclination :
"Il y a quelque temps me furent posées, à propos de Heidegger, douze questions par deux jeunes poètes, écrivait-il... Je reçus peu après de Heidegger une lettre amicale dans laquelle il me disait le goût qu'il avait eu à lire ces pages."
Peut-être aussi était-il heureux d'être parvenu, dans ses réponses, à cette clarté d'expression qui le distingue tout particulièrement : alerte, naturel, d'une grande densité, son style montre à chaque ligne, non moins que le penseur, l'écrivain encouragé quand il le fallut par René Char, qui sut au moment voulu l'écouter "interpréter l'être sous l'horizon du temps."
Les douze questions :
I/ Qui étiez-vous, Jean Beaufret, avant de vous être senti orienté vers la pensée de Heidegger ?
II/ En quoi la mise en question de la métaphysique revient-elle pour Heidegger à faire du temps lui-même la question fondamentale ?
III/ Pourquoi Heidegger ne s'en est-il pas tenu à son projet initial en publiant la seconde partie de Sein und Zeit qu'il avait pourtant annoncée en 1927 ?
IV/ Mais pourquoi, d'un bout à l'autre de la pensée de Heidegger, ce retour aux Grecs ?
V/ Que voulez-vous dire quand vous écrivez qu'à sa façon et pour la première fois l’œuvre de Heidegger répond à l'impatiente parole de Rimbaud : "Posséder la vérité dans une âme et dans un corps" ?
VI/ Un commentateur a dit que la pensée de Heidegger apparue sous le nazisme soulevait une question politique sans cesse reposée par l'actualité. Qu'en pensez-vous ?
VII/ Heidegger ne passe-t-il pas cependant pour l'ennemi du rationalisme ? Et n'interprète-t-il pas insolitement comme déclin la marche de l'Histoire ?
VIII/ Reste que dans notre monde, si anxieux de se définir une table des valeurs, Heidegger frapperait d'invalidité le concept même de valeur...
IX/ La Grèce antique a-t-elle à vos yeux un autre attrait que d'avoir été le lieu de naissance de la philosophie ?
X/ Pourquoi Heidegger s'est-il interrogé sur la poésie ? Quelle est l'originalité de sa recherche par rapport à la linguistique contemporaine ?
XI/ En quoi l'interrogation de Heidegger concernant la technique diffère-t-elle de celle de Marx ?
XII/ Quel rapport peut-il exister aujourd'hui entre la philosophie occidentale et la pensée orientale ?
Lettre de Martin Heidegger à Jean Beaufret (extrait):
"Toutes vos réponses apportent de la lumière. Mais j'aimerais particulièrement souligner la troisième et la quatrième, ainsi que la dixième et la onzième, parce que ce sont précisément ces réponses qui éveillent et promeuvent la question qu'elles posent à devenir plus questionnante. C'est ainsi que le renvoi au tournant dans la détermination de l'oubli de l'être et l'indication que c'est la même question qui porte aussi bien Zein und Zeit que la "topologie de l’Être" ont une importance tout à fait propre.
Mais les réponses dix et onze au sujet de la poésie et de l'essence de la technique sont vraiment le coup de maître (Meisterstück) de tout. Je ne connais rien de comparable quant à la transparence et à la densité du dire.
Un risque pourtant demeure à l'occasion de telles réponses : que celui qui se borne à les parcourir en lecteur pressé en vienne à s'imaginer que le voilà du coup tout à fait au courant de la "philosophie" de Heidegger, tandis qu'au contraire c'est alors seulement qu'il faut que commence la vraie question, à savoir celle du rapport entre elles de technique, langue, poésie et pensée.
L'empire croissant de la linguistique et de l'informatique menace les tentatives de la pensée et de la poésie dans leur grande tradition, d'être reléguées hors de l'horizon de l'homme, au point qu'elles ne restent plus que des îles inconnues. Comment et si à un tel destin il est possible un jour de faire face, je n'en sais rien. Ce n'est évidemment pas un motif pour s'abstenir le moins du monde de telles tentatives..."
Il faut tout au contraire et en toute endurance de pensée essayer de devenir un écho bien sûr éloigné de ce qui est dit dans la parole de Parménide. Ce n'est qu'ainsi que la présence de l'originel sera sauvé pour un regard de la pensée sur son propre chemin..."
"Impressionnés par l'apport essentiel de Jean Beaufret au domaine de la philosophie ainsi qu'à la langue française, Dominique Le Buhan et Eryck de Rubercy décidèrent, il y a quelques années, de rencontrer et de questionner le destinataire de la Lettre sur l'humanisme, dont l’œuvre leur semblait une sorte "d'île radiale", située à égale distance de la pensée de Martin Heidegger et de la poésie de René Char.
Issus du dialogue considéré comme un art, ce livre pose les questions qui résultent nécessairement de la fréquentation de la parole du philosophe allemand : sur la temporalité de l'être et la métaphysique, le rationalisme et le déclin de l'Histoire, le concept de valeur ou les liens respectifs entre technique, langue, poésie et pensée.
Stimulé par le caractère incitateur de ces questions, Jean Beaufret parvient à déjouer leur difficulté pour aider le lecteur à discerner ce que présuppose à sa source, l'initiative grecque à laquelle la pensée occidentale se rapporte essentiellement. Sans doute est-ce pourquoi le grand penseur français avait pour ce texte parmi tous ceux dont il était l'auteur, le plus d'inclination :
"Il y a quelque temps me furent posées, à propos de Heidegger, douze questions par deux jeunes poètes, écrivait-il... Je reçus peu après de Heidegger une lettre amicale dans laquelle il me disait le goût qu'il avait eu à lire ces pages."
Peut-être aussi était-il heureux d'être parvenu, dans ses réponses, à cette clarté d'expression qui le distingue tout particulièrement : alerte, naturel, d'une grande densité, son style montre à chaque ligne, non moins que le penseur, l'écrivain encouragé quand il le fallut par René Char, qui sut au moment voulu l'écouter "interpréter l'être sous l'horizon du temps."
Les douze questions :
I/ Qui étiez-vous, Jean Beaufret, avant de vous être senti orienté vers la pensée de Heidegger ?
II/ En quoi la mise en question de la métaphysique revient-elle pour Heidegger à faire du temps lui-même la question fondamentale ?
III/ Pourquoi Heidegger ne s'en est-il pas tenu à son projet initial en publiant la seconde partie de Sein und Zeit qu'il avait pourtant annoncée en 1927 ?
IV/ Mais pourquoi, d'un bout à l'autre de la pensée de Heidegger, ce retour aux Grecs ?
V/ Que voulez-vous dire quand vous écrivez qu'à sa façon et pour la première fois l’œuvre de Heidegger répond à l'impatiente parole de Rimbaud : "Posséder la vérité dans une âme et dans un corps" ?
VI/ Un commentateur a dit que la pensée de Heidegger apparue sous le nazisme soulevait une question politique sans cesse reposée par l'actualité. Qu'en pensez-vous ?
VII/ Heidegger ne passe-t-il pas cependant pour l'ennemi du rationalisme ? Et n'interprète-t-il pas insolitement comme déclin la marche de l'Histoire ?
VIII/ Reste que dans notre monde, si anxieux de se définir une table des valeurs, Heidegger frapperait d'invalidité le concept même de valeur...
IX/ La Grèce antique a-t-elle à vos yeux un autre attrait que d'avoir été le lieu de naissance de la philosophie ?
X/ Pourquoi Heidegger s'est-il interrogé sur la poésie ? Quelle est l'originalité de sa recherche par rapport à la linguistique contemporaine ?
XI/ En quoi l'interrogation de Heidegger concernant la technique diffère-t-elle de celle de Marx ?
XII/ Quel rapport peut-il exister aujourd'hui entre la philosophie occidentale et la pensée orientale ?
Lettre de Martin Heidegger à Jean Beaufret (extrait):
"Toutes vos réponses apportent de la lumière. Mais j'aimerais particulièrement souligner la troisième et la quatrième, ainsi que la dixième et la onzième, parce que ce sont précisément ces réponses qui éveillent et promeuvent la question qu'elles posent à devenir plus questionnante. C'est ainsi que le renvoi au tournant dans la détermination de l'oubli de l'être et l'indication que c'est la même question qui porte aussi bien Zein und Zeit que la "topologie de l’Être" ont une importance tout à fait propre.
Mais les réponses dix et onze au sujet de la poésie et de l'essence de la technique sont vraiment le coup de maître (Meisterstück) de tout. Je ne connais rien de comparable quant à la transparence et à la densité du dire.
Un risque pourtant demeure à l'occasion de telles réponses : que celui qui se borne à les parcourir en lecteur pressé en vienne à s'imaginer que le voilà du coup tout à fait au courant de la "philosophie" de Heidegger, tandis qu'au contraire c'est alors seulement qu'il faut que commence la vraie question, à savoir celle du rapport entre elles de technique, langue, poésie et pensée.
L'empire croissant de la linguistique et de l'informatique menace les tentatives de la pensée et de la poésie dans leur grande tradition, d'être reléguées hors de l'horizon de l'homme, au point qu'elles ne restent plus que des îles inconnues. Comment et si à un tel destin il est possible un jour de faire face, je n'en sais rien. Ce n'est évidemment pas un motif pour s'abstenir le moins du monde de telles tentatives..."
Il faut tout au contraire et en toute endurance de pensée essayer de devenir un écho bien sûr éloigné de ce qui est dit dans la parole de Parménide. Ce n'est qu'ainsi que la présence de l'originel sera sauvé pour un regard de la pensée sur son propre chemin..."
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Robin a écrit:L'empire croissant de la linguistique et de l'informatique menace les tentatives de la pensée et de la poésie dans leur grande tradition, d'être reléguées hors de l'horizon de l'homme, au point qu'elles ne restent plus que des îles inconnues. Comment et si à un tel destin il est possible un jour de faire face, je n'en sais rien. Ce n'est évidemment pas un motif pour s'abstenir le moins du monde de telles tentatives..."
Sauf erreur, le "et de l'informatique" oriente "linguistique" dans le sens des grammaire transformationnelles génératives, et de leur projet d'axiomatisation de la syntaxe, celle-ci étant comprise comme une relation entre l'ordre linéaire, les parenthésages de la grammaire structurale (les "groupes"), et les catégories héritées des "parties du discours" : nom, verbe etc. Le dialogue avec Benveniste, lequel B. avait relancé la question de la signification linguistique dès le courant des années 60, n'aurait pas eu lieu ?
- yphrogEsprit éclairé
Je dirais que le débat a avancé depuis les années 60
Lien vers une courte intervention où Frederic Kaplan, responsable de la chaire Digital Humanities à l'Ecole polytechnique de Lausanne parle du capitalisme linguistique, mais aussi des créolisations à venir...
http://www.franceculture.fr/player/embed-share?content=4589127
vu ici:
https://www.neoprofs.org/t58516-france-culture-quel-sens-donner-au-numerique-a-l-ecole#1879749
Lien vers une courte intervention où Frederic Kaplan, responsable de la chaire Digital Humanities à l'Ecole polytechnique de Lausanne parle du capitalisme linguistique, mais aussi des créolisations à venir...
http://www.franceculture.fr/player/embed-share?content=4589127
vu ici:
https://www.neoprofs.org/t58516-france-culture-quel-sens-donner-au-numerique-a-l-ecole#1879749
- RobinFidèle du forum
Nom d'utilisateur a écrit:Robin a écrit:L'empire croissant de la linguistique et de l'informatique menace les tentatives de la pensée et de la poésie dans leur grande tradition, d'être reléguées hors de l'horizon de l'homme, au point qu'elles ne restent plus que des îles inconnues. Comment et si à un tel destin il est possible un jour de faire face, je n'en sais rien. Ce n'est évidemment pas un motif pour s'abstenir le moins du monde de telles tentatives..."
Sauf erreur, le "et de l'informatique" oriente "linguistique" dans le sens des grammaire transformationnelles génératives, et de leur projet d'axiomatisation de la syntaxe, celle-ci étant comprise comme une relation entre l'ordre linéaire, les parenthésages de la grammaire structurale (les "groupes"), et les catégories héritées des "parties du discours" : nom, verbe etc. Le dialogue avec Benveniste, lequel B. avait relancé la question de la signification linguistique dès le courant des années 60, n'aurait pas eu lieu ?
Le mot "informatique" semble désigner le stade actuel de la technique dans lequel la "pensée calculante" est prise en charge par les machines. Heidegger critique la "linguistique" parce qu'en réduisant la langue à un système de signes ou à un instrument de communication, elle passe à côté de l'essence de la langue en tant que "parole", de même que la pensée calculante manque l'essence du monde en tant que "cosmos" et oublie l’Être au profit de l'étant.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Robin a écrit:Heidegger critique la "linguistique" parce qu'en réduisant la langue à un système de signes, elle passe à côté de l'essence de la langue (de même que la pensée calculante manque l'essence du monde)
Je serais bien sûr très curieux de lire des lignes où Heidegger dit cela explicitement. Mais malgré le très grand flou de "réduire la langue à un système de signes" (trouver le réseau où s'inscrit chacun de ces mots - "réduire" n'est pas lié à la "Reduktion" phén., mais quid de langue-langage-activité langagière-parole ? système-structure ? et aussi signes...), cela semble confirmer qu'il a en tête Chomsky et l'entreprise d'automatisation des tâches descriptives (cf. les règles de réécriture).
En revanche, dans l'autre sens, Benveniste avait lu Heidegger.
EDIT. "ou à un instrument de communication" est apparu après coup dans votre message, je crois. Mais cela confirme encore plus le point : on critique ici le structuralisme (de la "pertinence" pragoise au paradigme générativiste). Dommage qu'il n'ait pas eu vent des théories postérieures.
- yphrogEsprit éclairé
Nom d'utilisateur a écrit:EDIT. "ou à un instrument de communication" est apparu après coup dans votre message, je crois. Mais cela confirme encore plus le point : on critique ici le structuralisme (de la "pertinence" pragoise au paradigme générativiste). Dommage qu'il n'ait pas eu vent des théories postérieures.
Je suis trop curieuse, username... parles-tu de Culioli ou de la sémantique générative? Jackendoff, Goldberg & Croft, Bresnan ou autre chose encore? Je veux toujours découvrir la "spécialité" de ce mysterieux nom d'utilisateur (au dela du poulet bien citronné)
edit: http://en.wikipedia.org/wiki/Black_Perl (Larry Wall)
edit2: Je pense qu'écrivant en 46, Heidegger doit penser plus à Turing et la cryptographie, non? Et si on regarde Wikileaks et les enjeux plus économiques des cyber-guerres / vandalismes à venir puet-être même au délà de Chypre, il semble avoir vu juste..
L'évolution de arpanet :ace: vers des monadalisations intersubjectives (interobjectives?) comme Wikipedia, Neo, et FB m'intrigue aussi. Oui, docteur, je sais, c'est grave :lol:
Merci pour toute cette curieuse histoire d'Husserl et Heidegger (voir l'autre fil), et puis d'Althusser / Levinas / Derrida contre Beaufret pour négationnisme? ... (peu sourcé sur les deux Wikipedias en fr)
- Nom d'utilisateurNiveau 10
xphrog a écrit:parles-tu de Culioli ou de la sémantique générative?
Non, de Benveniste, dont le recueil "Problèmes de linguistique générale" fut apparemment traduit en allemand en 74. Aucune des deux pistes interprétatives suggérées par Robin ne convient à une lecture même rapide de Benveniste : ni le cliché de la "réduction à un système de signes" (cf. l'opposition "sémiotique" / "sémantique" qui fut un pas très remarqué par les lecteurs contemporains de Benveniste), ni a fortiori "instrument de communication". Le maître de Fribourg ne pouvait avoir à l'esprit que le tout-venant structuraliste ou, comme le suggère le rapprochement avec l'informatique qui attire l'attention dans ce passage, les procédures des grammaires génératives.
(et puis incidemment : "l'essence de la langue en tant que 'parole' " - H. a dit / écrit cela ? Cela me surprend)
Mais j'ai tort de m'arrêter sur ce détail de la citation.
Edit. ah bon, ce fut écrit en 46 ? j'avais compris que la lettre de H. datait des années 70...
- yphrogEsprit éclairé
Nom d'utilisateur a écrit: (cf. l'opposition "sémiotique" / "sémantique" qui fut un pas très remarqué par les lecteurs contemporains de Benveniste)
Peux tu en dire plus? Je pense à C.S. Peirce... Benveniste a-t-il lu Peirce? (Je n'ai aucune idée...)
- RobinFidèle du forum
Nom d'utilisateur a écrit:xphrog a écrit:parles-tu de Culioli ou de la sémantique générative?
Non, de Benveniste, dont le recueil "Problèmes de linguistique générale" fut apparemment traduit en allemand en 74. Aucune des deux pistes interprétatives suggérées par Robin ne convient à une lecture même rapide de Benveniste : ni le cliché de la "réduction à un système de signes" (cf. l'opposition "sémiotique" / "sémantique" qui fut un pas très remarqué par les lecteurs contemporains de Benveniste), ni a fortiori "instrument de communication". Le maître de Fribourg ne pouvait avoir à l'esprit que le tout-venant structuraliste ou, comme le suggère le rapprochement avec l'informatique qui attire l'attention dans ce passage, les procédures des grammaires génératives.
(et puis incidemment : "l'essence de la langue en tant que 'parole' " - H. a dit / écrit cela ? Cela me surprend)
Mais j'ai tort de m'arrêter sur ce détail de la citation.
Edit. ah bon, ce fut écrit en 46 ? j'avais compris que la lettre de H. datait des années 70...
Je ne dis pas que la critique heidegerienne s'applique particulièrement à Benveniste qui était très sensible à la parole poétique, bien qu'attentif à la manière dont se traduit stylistiquement et grammaticalement ce que Valéry appelle "l'écart" par rapport au langage courant, sans pour autant "réduire" la poésie à cet "écart", mais elle s'applique à la linguistique en tant que constitution d'une "science du langage" (et donc réduction du langage à un "étant"), comme elle s'applique à la science en générale et à la technique (le langage comme "instrument" de communication). La linguistique a son intérêt propre, comme la science, mais chacune est forcément, (méthodologiquement) réductrice dans sa démarche même (elle "crée" son "objet" pour le "saisir")
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