- Isis39Enchanteur
Le mal qui ronge notre modèle scolaire aurait une cause : le néolibéralisme. Pour le sociologue François Dubet, cette croyance sert d’alibi à l’institution scolaire, publique ou privée sous contrat, l’empêchant de remettre fondamentalement en cause la compétition permanente qu’elle encourage.
Il s’est installé en France un récit largement partagé selon lequel les transformations et les problèmes de l’école auraient une cause commune, un principe du mal à l’origine de tout : le modèle néolibéral. Tout se passe comme si la vieille institution scolaire, dans ses versions républicaine et catholique – qui se ressemblent plus qu’on ne le croit souvent –, était érodée et menacée par un modèle venu d’outre-Atlantique et des agences internationales comme l’OCDE et la Banque mondiale. L’institution serait soumise à la régulation marchande. L’élève, autrefois perçu comme un citoyen en formation, serait remplacé par un consommateur éclairé. L’autorité de l’enseignant ne dériverait plus du savoir. Les connaissances et la culture seraient « marchandisées », réduites à leur seule utilité…
la suite : http://www.revue-projet.com/articles/le-neoliberalisme-bouc-emissaire-du-malaise-scolaire/
- IgniatiusGuide spirituel
Il ne dit pas que des bêtises dans son analyse globale, mais je reste surpris par ses conclusions qui confinent au déni de réalité.
Par exemple, "l'école de l'égalité" qu'il appelle de ses voeux a fortement progressé depuis 20 ans : le nombre de gamins qui échappent au collège unique est anecdotique, et très nombreux sont ceux qui poursuivent au lycée, alors qu'ils n'auraient même pas été proposés il y a encore 10 ans.
Et pourtant, la reproduction sociale, qu'il assimile à juste titre au néolibéralisme, est plus forte que jamais : à part nier le fait que jamais autant de gamins n'ont accédé au lycée général, je ne vois pas ce qu'il pourrait répondre à cela.
Il n'y a plus de compétition.
L'école ne peut pas rompre totalement avec la société : il est amusant de constater que ceux qui déplorent la sanctuarisation de l'école soient aussi ceux qui prétendent vouloir ignorer la société libérale dans laquelle nous vivons.
Il se trouve que les gamins vivront dans une telle société : il s'agit donc que l'école leur donne les meilleurs moyens de s'en tirer.
Pour les pédagos à la Dubet, cela passe par moins d'enseignements et plus de vivre-tous-ensemble le plus tardivement possible.
Pour les républicains, cela passe par les valeurs travail et effort, et par l'obtention par chaque élève des outils lui permettant au mieux de s'émanciper dans cette société.
On peut discuter, mais les faits des 30 dernières années donnent plutôt tort à Dubet : la reproduction sociale n'a jamais été aussi forte.
J'interpréterais cela par le fait qu'on a tenté de donner les moyens à Dubet et ses amis de mettre en place leurs idées à l'école, mais sans prévenir la société qu'il fallait qu'elle change : étrangement, la droite n'a pas voulu de leurs belles idées égalitaristes extrêmes. C'est le syndrome Châtel : les pédagos avancent main dans la main avec les plus libéraux de l'UMP, mais les 1ers se font berner par les seconds, c'est dommage.
Je trouve dramatique qu'un type comme Dubet insère les Grandes Ecoles dans la logique libérale : elles ont souvent été le meilleur atout d'ascension sociale des couches populaires, à l'époque où les idées de Dubet n'étaient pas dominantes au ministère...
Bref, plutôt que de tenter de développer des arguments purement rhétoriques pour nier sa responsabilité, j'aimerais bien que Dubet s'interroge sur une autre étrangeté : comment les pédagos réussissent-ils à faire croire à tout le monde que leurs idées n'ont pas gangréné l'école ?
Par exemple, "l'école de l'égalité" qu'il appelle de ses voeux a fortement progressé depuis 20 ans : le nombre de gamins qui échappent au collège unique est anecdotique, et très nombreux sont ceux qui poursuivent au lycée, alors qu'ils n'auraient même pas été proposés il y a encore 10 ans.
Et pourtant, la reproduction sociale, qu'il assimile à juste titre au néolibéralisme, est plus forte que jamais : à part nier le fait que jamais autant de gamins n'ont accédé au lycée général, je ne vois pas ce qu'il pourrait répondre à cela.
Il n'y a plus de compétition.
L'école ne peut pas rompre totalement avec la société : il est amusant de constater que ceux qui déplorent la sanctuarisation de l'école soient aussi ceux qui prétendent vouloir ignorer la société libérale dans laquelle nous vivons.
Il se trouve que les gamins vivront dans une telle société : il s'agit donc que l'école leur donne les meilleurs moyens de s'en tirer.
Pour les pédagos à la Dubet, cela passe par moins d'enseignements et plus de vivre-tous-ensemble le plus tardivement possible.
Pour les républicains, cela passe par les valeurs travail et effort, et par l'obtention par chaque élève des outils lui permettant au mieux de s'émanciper dans cette société.
On peut discuter, mais les faits des 30 dernières années donnent plutôt tort à Dubet : la reproduction sociale n'a jamais été aussi forte.
J'interpréterais cela par le fait qu'on a tenté de donner les moyens à Dubet et ses amis de mettre en place leurs idées à l'école, mais sans prévenir la société qu'il fallait qu'elle change : étrangement, la droite n'a pas voulu de leurs belles idées égalitaristes extrêmes. C'est le syndrome Châtel : les pédagos avancent main dans la main avec les plus libéraux de l'UMP, mais les 1ers se font berner par les seconds, c'est dommage.
Je trouve dramatique qu'un type comme Dubet insère les Grandes Ecoles dans la logique libérale : elles ont souvent été le meilleur atout d'ascension sociale des couches populaires, à l'époque où les idées de Dubet n'étaient pas dominantes au ministère...
Bref, plutôt que de tenter de développer des arguments purement rhétoriques pour nier sa responsabilité, j'aimerais bien que Dubet s'interroge sur une autre étrangeté : comment les pédagos réussissent-ils à faire croire à tout le monde que leurs idées n'ont pas gangréné l'école ?
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- Reine MargotDemi-dieu
l'école a été massifiée et non démocratisée. N'importe qui peut aller jusqu' en fac, il n'y a plus de sélection. Mais officieusement il existe une sélection plus pernicieuse, entre les élèves qui par exemple savent écrire en bon français et les autres, ceux qui lisent et ceux qui ne lisent pas.
En voulant supprimer la sélection au mérite et toute forme d'exigences à l'école, on favorise le tri social sur des critères bien plus injustes...
En voulant supprimer la sélection au mérite et toute forme d'exigences à l'école, on favorise le tri social sur des critères bien plus injustes...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- AuroreEsprit éclairé
Quelque part, Dubet a choisi son camp : ce n'est pas plus mal et ça clarifie les choses...
- RobinFidèle du forum
La notion de "compétence" substituée aux savoirs est indéniablement néo-libérale ; elle provient de la vulgate thatchérienne.
L'évaluation par capacités va avec. Il ne s'agit plus de dispenser une vaste culture générale et des instruments d'analyse (et de critique), mais d'adapter les élèves au marché de l'emploi, si possible à court terme.
La France a officiellement adhéré à cette vision des choses (anglo-saxonne et européiste) en signant le Traité de Lisbonne.
Après la langue de bois, puis le double langage, Dubet, poussé par le dernier mauvais vent, a effectivement choisi son camp.
L'évaluation par capacités va avec. Il ne s'agit plus de dispenser une vaste culture générale et des instruments d'analyse (et de critique), mais d'adapter les élèves au marché de l'emploi, si possible à court terme.
La France a officiellement adhéré à cette vision des choses (anglo-saxonne et européiste) en signant le Traité de Lisbonne.
Après la langue de bois, puis le double langage, Dubet, poussé par le dernier mauvais vent, a effectivement choisi son camp.
- doctor whoDoyen
Beaucoup de simplifications dans cet article. Du genre "l'école française opposée à Rousseau".
Rousseau est une des principales sources d'inspiration de l'école française, via Pestalozzi. Après, ce n'est pas la seule, c'est sûre. Il y a aussi Descartes.
Rousseau est une des principales sources d'inspiration de l'école française, via Pestalozzi. Après, ce n'est pas la seule, c'est sûre. Il y a aussi Descartes.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- AuroreEsprit éclairé
En même temps, nombreux sont les partisans des Projets Educatifs Territoriaux et de l'autonomie qui se disent en même temps ennemis du "néo-libéralisme" et de la "compétition" qu'il engendre. Il y en a qui n'ont vraiment pas peur du grand écart...
Quant à Rousseau, il n'a pas traité de la question scolaire à ma connaissance, donc Dubet est ici tout simplement HS.
Quant à Rousseau, il n'a pas traité de la question scolaire à ma connaissance, donc Dubet est ici tout simplement HS.
- doctor whoDoyen
Aurore a écrit:En même temps, nombreux sont les partisans des Projets Educatifs Territoriaux et de l'autonomie qui se disent en même temps ennemis du "néo-libéralisme" et de la "compétition" qu'il engendre. Il y en a qui n'ont vraiment pas peur du grand écart...
Quant à Rousseau, il n'a pas traité de la question scolaire à ma connaissance, donc Dubet est ici tout simplement HS.
Je cite :
François Dubet a écrit:Ces deux écoles s’opposent résolument à L’Émile de Jean-Jacques Rousseau ; la forme pédagogique est celle de la transmission verticale des savoirs, bien plus que celle de l’expérience des élèves valorisée par Dewey aux États-Unis et plus largement par les pays de tradition protestante.
L'école primaire française a été fondée contre la "transmission verticale des savoirs" (contre des connotations identiques à celles que Dubet met dans cette formule), et s'est inspirée de Rousseau pour cela.
Voir http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3561
et http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3376
Dire le contraire revient à caricaturer cette école, à mettre sur le même plan l'école primaire et les lycées, moins en pointe pédagogiquement, et à mettre l'accent uniquement sur ce qui, dans l'institution scolaire, perpétuait le dogmatisme antérieur.
Avec de tels présupposés historiques et théoriques, c'est sûr qu'on peut dire ce qu'on veut sur l'école d'aujourd'hui.
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- AuroreEsprit éclairé
Merci doctor who pour cette référence.
Reste à déterminer la nature de ce qui se trouve aujourd'hui derrière la mise au centre de l'élève et de ses "demandes" promue par Dubet...
Reste à déterminer la nature de ce qui se trouve aujourd'hui derrière la mise au centre de l'élève et de ses "demandes" promue par Dubet...
- LefterisEsprit sacré
Quand je lis ça, je me dis qu'il n'y a rien à attendre de ces tristes sires , qui sont aussi bien à leur place dans le monde marchand que dans la bienpensance dégoulinante. Tous les éléments de langage y sont repris ad nauseam . On ne peut pas reprocher à cers doctrinaires de n'avoir pas de suite dans les idées :
"réforme" "définition du service des enseignants" " le métier plus que les savoirs" ...
et tout le lexique qui dans le contexte désigne de manière dépréciative ceux qui défendent le modèle républicain contre des vérités présentées implicitement comme allant de soi : "le récit" "la rhétorique de l’opposition "s'arc-bouter" "en appeler aux mannes(sic :shock: ) des bonnes vieilles traditions" ..
Et bien entendu le tout saupoudré des dogmes habituels , de pétitions de principe, posant l'école comme devant être un service (et non une institution) , le payeur ayant droit de donner son avis, et tout un prêchi-prêcha que n'eût pas désavoué le Marchand de Shampoing naguère à la tête du ministère.
Voilà, à chacun de compléter l'explication de texte...
"réforme" "définition du service des enseignants" " le métier plus que les savoirs" ...
et tout le lexique qui dans le contexte désigne de manière dépréciative ceux qui défendent le modèle républicain contre des vérités présentées implicitement comme allant de soi : "le récit" "la rhétorique de l’opposition "s'arc-bouter" "en appeler aux mannes(sic :shock: ) des bonnes vieilles traditions" ..
Et bien entendu le tout saupoudré des dogmes habituels , de pétitions de principe, posant l'école comme devant être un service (et non une institution) , le payeur ayant droit de donner son avis, et tout un prêchi-prêcha que n'eût pas désavoué le Marchand de Shampoing naguère à la tête du ministère.
Voilà, à chacun de compléter l'explication de texte...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- IgniatiusGuide spirituel
doctor who a écrit:Aurore a écrit:En même temps, nombreux sont les partisans des Projets Educatifs Territoriaux et de l'autonomie qui se disent en même temps ennemis du "néo-libéralisme" et de la "compétition" qu'il engendre. Il y en a qui n'ont vraiment pas peur du grand écart...
Quant à Rousseau, il n'a pas traité de la question scolaire à ma connaissance, donc Dubet est ici tout simplement HS.
Je cite :François Dubet a écrit:Ces deux écoles s’opposent résolument à L’Émile de Jean-Jacques Rousseau ; la forme pédagogique est celle de la transmission verticale des savoirs, bien plus que celle de l’expérience des élèves valorisée par Dewey aux États-Unis et plus largement par les pays de tradition protestante.
L'école primaire française a été fondée contre la "transmission verticale des savoirs" (contre des connotations identiques à celles que Dubet met dans cette formule), et s'est inspirée de Rousseau pour cela.
Voir http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3561
et http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3376
Dire le contraire revient à caricaturer cette école, à mettre sur le même plan l'école primaire et les lycées, moins en pointe pédagogiquement, et à mettre l'accent uniquement sur ce qui, dans l'institution scolaire, perpétuait le dogmatisme antérieur.
Avec de tels présupposés historiques et théoriques, c'est sûr qu'on peut dire ce qu'on veut sur l'école d'aujourd'hui.
De la part de Dubet, est-ce de la malhonnêteté intellectuelle au service de son "idéologie" ou bien tout simplement de l'amateurisme scientifique ?
C'est incroyable que de tels contresens puissent être publiés sans aucune vérification.
Et évidemment, cette "analyse" clé en main sera reprise en choeur par les sous-fifres ébahis...
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
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Brian Wilson
- IgniatiusGuide spirituel
Lefteris a écrit:Quand je lis ça, je me dis qu'il n'y a rien à attendre de ces tristes sires , qui sont aussi bien à leur place dans le monde marchand que dans la bienpensance dégoulinante. Tous les élements de langage y sont repris ad nauseam . On ne peut pas reprocher à cers doctrinaires de n'avoir pas de suite dans les idées
"réforme" "définition du service des enseignants" " le métier plus que les savoirs"
et tout le lexique qui dans le contexte désigne de manière dépréciative ceux qui défendent le modèle républicain contre des vérités présentées implicitement comme allant de soi : "le récit" "la rhétorique de l’opposition "s'arc-bouter" "an appeler aux mannes(sic :shock: ) des bonnes vieilles traditions" ..
Et bien entendu le tout saupoudré des dogmes habituels , de pétitions de principe, posant l'école comme devant être un service, le payeur ayant droit de donner son avis, et tout un prêchi-prêcha que n'eût pas désavoué le Marchand de Shampoing naguère à la tête du ministère.
Voilà, à chacun de compléter l'explication de texte...
Rappelons que les deux syndicats libéraux de l'éducation se sont alliés à ce ministre de la droite dure pour la réforme du lycée.
Et aujourd'hui, ils se prétendent de gauche.
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- AuroreEsprit éclairé
Les deux, mon capitaine !Igniatius a écrit:De la part de Dubet, est-ce de la malhonnêteté intellectuelle au service de son "idéologie" ou bien tout simplement de l'amateurisme scientifique ?C'est incroyable que de tels contresens puissent être publiés sans aucune vérification.
Et évidemment, cette "analyse" clé en main sera reprise en choeur par les sous-fifres ébahis...
Quand on est médiocre du point de vue scientifique et qu'on a néanmoins les dents qui râpent le plancher, il n'existe qu'une issue : savoir se vendre et servir la soupe aux politiciens, quitte à sacrifier le peu d'honnêteté intellectuelle qui reste.
- Luigi_BGrand Maître
Sans rien présumer, ceci mériterait une discussion en soi.doctor who a écrit:François Dubet a écrit:Ces deux écoles s’opposent résolument à L’Émile de Jean-Jacques Rousseau ; la forme pédagogique est celle de la transmission verticale des savoirs, bien plus que celle de l’expérience des élèves valorisée par Dewey aux États-Unis et plus largement par les pays de tradition protestante.
L'école primaire française a été fondée contre la "transmission verticale des savoirs" (contre des connotations identiques à celles que Dubet met dans cette formule), et s'est inspirée de Rousseau pour cela.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- doctor whoDoyen
Certainement, mais ça, visiblement, Dubet ne l'envisage même pas. Rousseau, c'est de son côté et pis c'est tout.
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- IgniatiusGuide spirituel
doctor who a écrit:Certainement, mais ça, visiblement, Dubet ne l'envisage même pas. Rousseau, c'est de son côté et pis c'est tout.
Ou plutôt il confisque Rousseau : c'est réservé aux progressistes, c'est tout.
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- Reine MargotDemi-dieu
doctor who a écrit:Aurore a écrit:En même temps, nombreux sont les partisans des Projets Educatifs Territoriaux et de l'autonomie qui se disent en même temps ennemis du "néo-libéralisme" et de la "compétition" qu'il engendre. Il y en a qui n'ont vraiment pas peur du grand écart...
Quant à Rousseau, il n'a pas traité de la question scolaire à ma connaissance, donc Dubet est ici tout simplement HS.
Je cite :François Dubet a écrit:Ces deux écoles s’opposent résolument à L’Émile de Jean-Jacques Rousseau ; la forme pédagogique est celle de la transmission verticale des savoirs, bien plus que celle de l’expérience des élèves valorisée par Dewey aux États-Unis et plus largement par les pays de tradition protestante.
L'école primaire française a été fondée contre la "transmission verticale des savoirs" (contre des connotations identiques à celles que Dubet met dans cette formule), et s'est inspirée de Rousseau pour cela.
Voir http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3561
et http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3376
Dire le contraire revient à caricaturer cette école, à mettre sur le même plan l'école primaire et les lycées, moins en pointe pédagogiquement, et à mettre l'accent uniquement sur ce qui, dans l'institution scolaire, perpétuait le dogmatisme antérieur.
Avec de tels présupposés historiques et théoriques, c'est sûr qu'on peut dire ce qu'on veut sur l'école d'aujourd'hui.
c'est une grosse déformation de Rousseau, qui ne voulait pas d'écoles...et surtout formait un homme et pas un citoyen, bref...
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La famille Bélier
- Luigi_BGrand Maître
C'est-à-dire que la lecture de l’Émile me laisse perplexe : la réflexion de Rousseau est brillante et stimulante mais elle n'a pour ainsi dire rien à voir avec l'école.
L'article de l'INRP évoque bien ce problème mais l'évacue trop vite pour moi.
L'article de l'INRP évoque bien ce problème mais l'évacue trop vite pour moi.
Rousseau n'a pas écrit son Emile en vue de l'enseignement primaire. Il ne songe pas aux écoles. Il ne s'adresse pas au peuple. Ce n'est que par ricochet, et parce que les pensées justes sont applicables partout, qu'on peut tirer parti de son livre en dehors du cas particulier auquel il le destine. Emile est un enfant riche, noble, orphelin, confié à un gouverneur qui s'attache à lui depuis sa naissance jusqu'à son mariage. Il le tient isolé, à la campagne, sans livres, sans classe, sans maîtres, sans camarades, dans une situation impossible, artificielle, qui ne correspond à rien de connu, et surtout à rien d'enviable. C'est une sorte de Robinson Crusoé de l'éducation, qui doit se former en dehors des conditions habituelles, et retrouver ou plutôt inventer par lui-même tout ce qu'a produit la tradition des siècles accumulés, les sciences, la morale, la religion.
En dépit de cette donnée extravagante, on peut tirer un excellent parti des observations de Rousseau. Elles ont déjà singulièrement contribué à améliorer les méthodes d'éducation publique et privée, à la condition d'extraire le suc de sagesse et de bon sens qui s'y trouve caché sous l'écorce.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- doctor whoDoyen
Disons que la réflexion de Rousseau est peu utile pour la conduite d'une classe (c'est pourtant ce que les pédagogies "nouvelles" ont gardé) et primordiale pour la présentation des notions, l'appel à l'intuition.
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- Luigi_BGrand Maître
Merci, doctor who. Je réfléchis à tout ça.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
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