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- cliohistHabitué du forum
« L’enfant et les écrans » - Rapport de l'académie des sciences.
« Pour lire le texte intégral en version non imprimable » .. les académiciens n’ont pas encore compris la diffusion en libre accès grâce au numérique.
Libération saisit l'occasion pour revisiter la question impossible, un sujet longuement développé par le New York Times (Grading the Digital School, 04.09.2011).
http://clioweb.canalblog.com/tag/grading
DL
- gauvain31Empereur
Merci pour le lien , je vais le diffuser auprès de mes collègues
- Luigi_BGrand Maître
Il est facile de déverrouiller l'Avis de l'Académie des sciences.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
J'ai été sciée par la bêtise et la démagogie de leurs assertions.
En revanche je me suis procuré un numéro de l'Orthophoniste relativement récent avec un dossier beaucoup plus alarmant sur le sujet, et j'ai affiché leurs recommandations sur la limitation du temps selon l'âge dans ma salle d'attente. J'interroge de plus en plus les parents sur le temps passé devant l'écran car j'ai découvert que pour certains enfants (parfois de moins de 5 ans) les parents avouent ne pouvoir compter le nombre d'heures passées...
En revanche je me suis procuré un numéro de l'Orthophoniste relativement récent avec un dossier beaucoup plus alarmant sur le sujet, et j'ai affiché leurs recommandations sur la limitation du temps selon l'âge dans ma salle d'attente. J'interroge de plus en plus les parents sur le temps passé devant l'écran car j'ai découvert que pour certains enfants (parfois de moins de 5 ans) les parents avouent ne pouvoir compter le nombre d'heures passées...
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- Luigi_BGrand Maître
Alice, Tu peux afficher ce dossier ici ? :lol:
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- lene75Prophète
Aliceinwonderland a écrit:J'ai été sciée par la bêtise et la démagogie de leurs assertions.
+1
Visiblement à cause de moi le développement de ma fille de 2 ans 1/2 est déjà fortement compromis : il faut de toute urgence que je lui achète jeux vidéos et tablette tactile avant son entrée en PS si je ne veux pas qu'elle soit en échec scolaire
J'adore ce passage : "Trois situations sont de bon augure : (...) le fait qu'il veuille s'orienter vers des professions liées aux écrans, ce qui révèle une préoccupation réaliste de son avenir." Si votre enfant vous dit qu'il veut être boulanger, pompier, médecin, ou pire... instituteur, consultez en urgence un pédopsychiatre !
Quant au Petit Poucet, je l'ai tellement entendu dans la bouche de ma CDE que je ne peux plus le voir en peinture : si ça continue je vais le faire bouffer par le loup ! C'est ça la violence engendrée par les écrans :darkvador:
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Luigi_BGrand Maître
Je travaille sur cet Avis de l'Académie depuis plusieurs jours. Il y a des passages extraordinaires, d'une scientificité à toute épreuve.
Un tout petit extrait, au hasard, pour la bouche (5.2.1) :
Le reste est à l'avenant.
PS : lene75, tu as lu ma critique de Petite Poucette ?
Un tout petit extrait, au hasard, pour la bouche (5.2.1) :
La culture du livre valorise l’identité unique censée être la propriété privée d’un individu. L’identité une fois constituée est un invariant de l’individu. Le Moi « fort et unifié placé sous le primat du génital » est même réputé être un signe de bonne santé psychique. Le mécanisme de défense privilégié y est le refoulement, c'est-à-dire un processus inscrit dans la durée : un désir interdit est refoulé, et ce refoulement peut donner lieu à un « retour du refoulé » ou à une sublimation. Il y a toujours un avant et un après du refoulement. Quand il s’est mis en place, plus rien n’est comme avant. Enfin, la culture du livre donne un statut d’exception aux formes verbales de la symbolisation, à travers la parole et l’écriture. Celles-ci sont valorisées comme le support privilégié des apprentissages et de l'expression, tandis que les images sont perçues comme une activité enfantine ou un divertissement, sans que leur soit reconnue une place comme support de pensée, de réflexion et d'échanges.
Le reste est à l'avenant.
PS : lene75, tu as lu ma critique de Petite Poucette ?
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- lene75Prophète
Luigi_B a écrit:PS : lene75, tu as lu ma critique de Petite Poucette ?
Non ! Je vais le faire !
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- lene75Prophète
Excellent article !
Et je retrouve encore une fois ma CDE dans cette fascination de "vieux" pour le numérique et par lui pour la jeunesse :
"On le voit : à travers sa petite Poucette, c’est en réalité le philosophe octogénaire qui parle, émerveillé par toutes les mirages du monde numérique."
C'est vraiment le sentiment que j'ai quand je l'entends parler, quand elle nous dit que nos élèves en savent plus que nous parce qu'ils maîtrisent des outils, des langages, etc., que nous ne maîtrisons pas et que de temps en temps, dans une lueur d'intelligence, elle se tourne vers les jeunes profs en leur disant : "Enfin, vous êtes peut-être plus de leur génération que de la mienne...".
Et je retrouve encore une fois ma CDE dans cette fascination de "vieux" pour le numérique et par lui pour la jeunesse :
"On le voit : à travers sa petite Poucette, c’est en réalité le philosophe octogénaire qui parle, émerveillé par toutes les mirages du monde numérique."
C'est vraiment le sentiment que j'ai quand je l'entends parler, quand elle nous dit que nos élèves en savent plus que nous parce qu'ils maîtrisent des outils, des langages, etc., que nous ne maîtrisons pas et que de temps en temps, dans une lueur d'intelligence, elle se tourne vers les jeunes profs en leur disant : "Enfin, vous êtes peut-être plus de leur génération que de la mienne...".
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
L'orthophoniste est un journal édité par la FNO (fédé nationales des orthos).
Comme je ne suis pas syndiquée une collègue me l'a gentiment copié. Je peux le scanner mais ça me gênerait de le mettre en ligne, pas sûr que j'ai le droit, en revanche je peux l'envoyer à qui veut en mp.
Comme je ne suis pas syndiquée une collègue me l'a gentiment copié. Je peux le scanner mais ça me gênerait de le mettre en ligne, pas sûr que j'ai le droit, en revanche je peux l'envoyer à qui veut en mp.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- leyadeEsprit sacré
le titre du fil me faisait plutôt penser à d'autres choses :
http://naitreetgrandir.com/fr/nouvelles/fiche.aspx?doc=20110421-trop-tele-enfant-augmente-risques-cardiaques
http://www.swissinfo.ch/fre/index.html?cid=5666208
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/plus-de-2-heures-devant-sa-tele-cest-un-an-et-demi-de-vie-en-moins_39976/
http://www.atlantico.fr/decryptage/sommes-en-train-preparer-cancers-nos-enfants-david-khayat-603407.html
http://naitreetgrandir.com/fr/nouvelles/fiche.aspx?doc=20110421-trop-tele-enfant-augmente-risques-cardiaques
http://www.swissinfo.ch/fre/index.html?cid=5666208
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/plus-de-2-heures-devant-sa-tele-cest-un-an-et-demi-de-vie-en-moins_39976/
http://www.atlantico.fr/decryptage/sommes-en-train-preparer-cancers-nos-enfants-david-khayat-603407.html
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Maggi is my way, Melfor is my church and Picon is my soutien. Oui bon je sais pas dire soutien en anglais.
LSU AP ENT HDA PAI PAP PPMS PPRE ULIS TICE PAF
- Luigi_BGrand Maître
Merci !lene75 a écrit:Excellent article !
Je veux bien la référence pour essayer de le trouver.Aliceinwonderland a écrit:L'orthophoniste est un journal édité par la FNO (fédé nationales des orthos). Comme je ne suis pas syndiquée une collègue me l'a gentiment copié. Je peux le scanner mais ça me gênerait de le mettre en ligne, pas sûr que j'ai le droit, en revanche je peux l'envoyer à qui veut en mp.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
J'ai enfin la référence (à chaque fois que j'y pensais je n'étais pas à mon bureau et n'avais pas la copie sous la main) donc je profite que j'y suis :
L'orthophoniste n°321 19 septembre 2012
J'en profite pour recopier l'encart des recommandations que j'ai affiché dans ma salle d'attente :
"Avant 3 ans : pas d'écran!
Après 3 ans : une heure par jour, ça suffit largement.
Avant 6 ans : pas de console.
A partir de 8 ans : quelques instants de jeux vidéo en présence d'un adulte.
A partir de 9 ans : l'enfant peut commencer à surfer sur internet à condition d'être accompagné.
A 12 ans : il est essentiel d'alterner les moments où l'enfant va seul sur internet et ceux où on l'accompagne. Il ne faut jamais que l'enfant développe un rapport uniquement solitaire aux écrans.
La télé, c'est mieux quand on en parle."
L'orthophoniste n°321 19 septembre 2012
J'en profite pour recopier l'encart des recommandations que j'ai affiché dans ma salle d'attente :
"Avant 3 ans : pas d'écran!
Après 3 ans : une heure par jour, ça suffit largement.
Avant 6 ans : pas de console.
A partir de 8 ans : quelques instants de jeux vidéo en présence d'un adulte.
A partir de 9 ans : l'enfant peut commencer à surfer sur internet à condition d'être accompagné.
A 12 ans : il est essentiel d'alterner les moments où l'enfant va seul sur internet et ceux où on l'accompagne. Il ne faut jamais que l'enfant développe un rapport uniquement solitaire aux écrans.
La télé, c'est mieux quand on en parle."
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- Luigi_BGrand Maître
Merci Alice. Je trouve ça très raisonnable.
Pour mémoire, entre 12 et 17 ans, temps hebdomadaire moyen consacré à la télévision 14h et à Internet 16h. Soit au total 4,3 heure par jour sans compter les jeux vidéos (Crédoc 2010). Et 96% possèdent un ordinateur.
Pour mémoire, entre 12 et 17 ans, temps hebdomadaire moyen consacré à la télévision 14h et à Internet 16h. Soit au total 4,3 heure par jour sans compter les jeux vidéos (Crédoc 2010). Et 96% possèdent un ordinateur.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
Voir ma critique sur l'avis de l'Académie : "Écran total" ainsi que cet article très sévère dans "Le Monde" d'hier : "Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable".
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- doctor whoDoyen
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/02/08/laisser-les-enfants-devant-les-ecrans-est-prejudiciable_1829208_3232.html
Ca déboîte pas mal aussi.
Ca déboîte pas mal aussi.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- Luigi_BGrand Maître
J'avais justement posté le lien. :lol:
La tribune de Michel Desmurget a une approche plus scientifique que mon article : elle pointe précisément les partis pris de l'Académie, qui passe sous silence des milliers études négatives ou la précocité de ses conclusions, l'absence de scientificité de nombreuses assertions exprimées ou même les graves erreurs factuelles, comme cette étude qui met en évidence le rôle scolaire extrêmement négatif de l'heure quotidienne de télévision.
Dans l'ensemble, il y a de quoi s'interroger sur le sens d'une telle publication.
La tribune de Michel Desmurget a une approche plus scientifique que mon article : elle pointe précisément les partis pris de l'Académie, qui passe sous silence des milliers études négatives ou la précocité de ses conclusions, l'absence de scientificité de nombreuses assertions exprimées ou même les graves erreurs factuelles, comme cette étude qui met en évidence le rôle scolaire extrêmement négatif de l'heure quotidienne de télévision.
Dans l'ensemble, il y a de quoi s'interroger sur le sens d'une telle publication.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- lene75Prophète
Luigi_B a écrit:Dans l'ensemble, il y a de quoi s'interroger sur le sens d'une telle publication.
Je m'interroge, justement, à l'heure où on veut introduire le numérique à marche forcée dans les écoles.
Du coup ce passage n'est pas anodin : "Rien non plus sur les évaluations indépendantes du département de l'éducation américain montrant que les onéreux logiciels éducatifs sont parfaitement inefficaces. Rien encore sur le fait qu'aux Etats-Unis, face à ces observations, des écoles initialement en pointe dans le domaine numérique retirent aujourd'hui les ordinateurs des salles de classe. Rien !" Ce ne serait pas la 1re fois qu'on commence à introduire chez nous avec des années de retard ce que d'autres commencent à regretter chez eux...
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- adelaideaugustaFidèle du forum
Luigi_B a écrit:Il est facile de déverrouiller l'Avis de l'Académie des sciences.
Analyse du Monde sur cet article :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/02/08/laisser-les-enfants-devant-les-ecrans-est-prejudiciable_1829208_3232.html
et aussi :
- INTERVIEW - Pour Liliane Lurçat, spécialiste de la psychologie de l'enfant, l'ordinateur trouble l'apprentissage de l'écriture. (octobre 2002)
Depuis quarante ans, les travaux de Liliane Lurçat, directrice de recherches honoraire en psychologie de l'enfant au CNRS, s'intéressent au lien entre lecture et écriture et au danger des écrans sur le cerveau des plus jeunes.
LE FIGARO. - Vous êtes très réticente quant à l'introduction des ordinateurs à l'école. Pourquoi ?
Liliane LURÇAT. - Il faut distinguer différentes étapes suivant l'âge des enfants. Mais l'ordinateur trouble l'apprentissage de l'écriture. Celui-ci se fait par le lien entre le geste et le centre du langage dans le cerveau. Il nécessite une posture spécifique pour libérer le tronc, qui entraîne ensuite la main. L'apprentissage du geste se fait à la maternelle. L'écriture en script, par exemple, est à bannir car elle crée une discontinuité qui trouble la perception des mots. Ensuite, à l'école primaire, le geste devient peu à peu porteur à la fois de forme et de sens. Le processus s'achève en début de collège avec l'acquisition de la rapidité. Malheureusement, on a abandonné la pédagogie systématique du geste. On a fabriqué des dysgraphiques, à l'écriture illisible.
Mais si l'on introduit l'ordinateur au collège, le problème est-il le même ?
Les enfants d'aujourd'hui, justement parce qu'ils sont victimes d'une carence dans l'apprentissage premier, sont moins aptes à passer à l'ordinateur. En effet, c'est au collège que se révèlent les problèmes de dysgraphie accumulés à l'école primaire. Ce n'est pas parce qu'ils savent jouer avec l'ordinateur qu'ils peuvent le maîtriser. Dans l'apprentissage normal, le dessin, la trajectoire, la rapidité et l'orthographe sont automatisés. Seul le contenu sémantique ne l'est pas. C'est en écrivant qu'un élève enregistre et accède au sens. Si ces automatismes ne sont pas acquis, il ne peut y avoir de maîtrise du sens. Et il ne peut y avoir de mémorisation.
D'où vient cette destruction de la pédagogie de l'écriture ?
J'ai vu aux États-Unis, en 1967, les débuts de l'introduction des claviers à l'école. Il y avait des enfants qui refusaient tout simplement d'apprendre à écrire avec un stylo. D'autres le faisaient, mais allongés par terre, dans des postures impossibles. L'Institut national de la recherche pédagogique a ensuite introduit en France cette idéologie de l'écriture-dessin. Un jour, une institutrice à qui je conseillais d'accompagner le geste des élèves me répondit qu'il était « fasciste de leur tenir la main pour leur donner un modèle ».
- adelaideaugustaFidèle du forum
Luigi_B a écrit:Alice, Tu peux afficher ce dossier ici ? :lol:
Barzun Jacques
À propos de l’ordinateur, un extrait de “Begin here: The Forgotten Conditions of Teaching and Learning”, de Jacques Barzun qui date de 1991.
« Les notes sont indispensables ; elles enregistrent une variété de preuves. Elles ne sont pas infaillibles mais elles ne transmettent aucune exactitude fallacieuse ; et quand elles viennent de plusieurs juges sur une période de temps elles tendent à s’équilibrer et à se confirmer les unes les autres. Elles sont aussi beaucoup plus sensées que le verbiage des descriptions psychologiques et elles distinguent des degrés de mérite bien mieux que les scores standardisés des QCM.
Étant donné que ceux-ci, comme indiqué ci-dessus, sont une tentative d’imiter la rigueur de la machine, le prochain sujet à l’ordre du jour c’est la salle de classe mécanisée. La poussée dans cette direction a été forte et persistante. Les grosses entreprises veulent vendre les onéreuses machines développées pour le travail de bureau et les hommes d’affaires présents dans les commissions scolaires comprennent l’utilité de ces appareils qui économisent la main-d’œuvre mieux qu’ils ne comprennent la nature de l’enseignement et de l’apprentissage.
Ainsi, dans les années soixante beaucoup en vinrent à penser la « machine à enseigner » comme la panacée. Elle inciterait les jeunes à s’enseigner eux-mêmes en donnant des réponses à d’adroites questions posées sur l’écran et en voyant leurs erreurs grâce au ferme refus de la machine de bouger avant que la réponse ne soit bonne. Toute froideur dans ces mornes rapports aurait été adoucie par des compliments clignotants et des encouragements de la plus amicale sorte. Mais se mettre à l’exercice sans instructeur est hébétant et des exercices plus intéressants étaient trop difficiles à concevoir ou à administrer pour beaucoup d’enseignants. La plupart des machines sont aujourd’hui en train de se couvrir de poussière dans les réserves en sous-sol. Ensuite est arrivée la panoplie des années soixante-dix, le magnétophone, le projecteur de diapositives, le rétroprojecteur qui envoyait sur l’écran tout ce que l’enseignant écrivait ou dessinait à son bureau — bien passionnant les deux ou trois premiers jours. Toute machine est passionnante quand elle est nouvelle ; elle perd bientôt son charme car le mécanique ne stimule pas la pensée et comme un homme sage l’a dit : « Beaucoup d’idées passionnantes ne sont pas importantes. Tout problème n’a pas une bonne solution. » De tous les gadgets scolaires, la projection de films est le principal survivant et non parce qu’il enseigne bien mais parce que regarder un film donne à la classe et à l’opérateur une coupure avec le vrai travail.
La futilité de ces « aides » fait revenir en mémoire la première de toutes ces ressources de machinerie : la machine à écrire — modèle spécial pour petit enfant. On en attendait qu’elle soulage l’enseignant de la corvée d’enseigner à écrire à la main, c’est si ennuyeux à apprendre. L’écriture manuelle commerciale courante, en lettres d’imprimerie, est un témoignage de ce triomphe. D’assez grandes pertes d’argent, de la confusion et de l’irritation dans le commerce sont le produit, d’abord, de l’évitement de la main humaine et ensuite du refus de restaurer la pratique de faire des lettres en cursive.
Aujourd’hui l’homologue de la machine à écrire est la calculette, substitut de l’arithmétique, avec l’introduction du système métrique. Selon un des nombreux avocats de cette amélioration combinée, « de telles monstruosités comme les fractions propres et impropres, les numérateurs et les nombres fractionnaires pouvaient être mis au rancart. » Sans aucun doute, et cela serait un talent spécial de savoir compter une majorité des deux tiers au Sénat. Le suivant dans la file est l’ordinateur dont on dit que les applications sont infinies. On prétend qu’étant donné que beaucoup d’enfants apprennent à s’en servir à la maison pour jouer, il devrait être introduit avec promptitude à l’école. « Beaucoup d’enfants » peut bien être juste, mais sûrement pas pour les enfants des familles pauvres qui sont eux aussi nombreux. Cette différence dans les ressources des foyers est doublement déplorable, étant plus brutalement visible que toute autre, comme le fait d’avoir des livres et l’aide de ses parents.
Mais ce n’est pas la seule objection. D’abord, une classe équipée est chère ; pour une classe de 25 cela coûte présentement environ 40 000 $. L’argent devrait aller, aujourd’hui et dans l’avenir, aux instituteurs et aux bibliothèques scolaires. D’ailleurs, l’ordinateur n’enseigne pas, ne montre pas un être humain pensant et rencontrant des difficultés intellectuelles ; il ne transmet pas le savoir mais donne de l’information arrangée d’avance et précuite. Par exemple une démonstration réelle de « référencement » montre l’élève rencontrant le nom de Mozart quand il est en train de lire une histoire sur l’écran. En créant une « fenêtre » et sans perdre son histoire, il peut faire apparaître un portrait du compositeur et une brève biographie, pendant que les premières portées de la Petite musique de nuit résonnent dans ses écouteurs. Merveilleux, n’est-ce pas ? Merveilleux pour créer un esprit libre de tout cliché.
Dans d’autres applications, telles que l’orthographe et la grammaire on obtient la même rigidité. La mesure de la bonne rédaction dans les logiciels est la longueur de phrase. Seules les phrases courtes sont jugées bonnes ce qui est la négation de la variété dans la prose et de la variété de talent chez l’écrivain. Comme le vérificateur d’orthographe, c’est une béquille qui amoindrit le désir de savoir et qui peut tromper gravement puisqu’il accepte tout mot correctement orthographié que ce soit le mot voulu ou pas : si le sujet est pommes de terre, bêlent est aussi bon pour l’ordinateur que gèlent.
Jusqu’ici, toutes les tentatives de mécanisation ont bien échoué, c’est-à-dire pour les besoins de l’enseignement. Les ventes dans l’industrie en ont seules bénéficié. Soyons bien disposés envers IBM et Macintosh et envers tous leurs rivaux mais insistons pour qu’ils restent en dehors de la classe. Ce qui s’y passe devrait demeurer un spectacle vivant. »
Ecrit par : P. Lariba | 17 février 2010
- lene75Prophète
Voilà qui remet bien les choses en perspective !
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Roumégueur IerÉrudit
Un lien qui mène vers une conférence intitulée 'Tous scotchés aux écrans' où l'énumération statistique du début donne le tournis :
http://www.rencontres-enseignement-culture.com/pageCompteRenduRencontre.php?idRencontre=16
http://www.rencontres-enseignement-culture.com/pageCompteRenduRencontre.php?idRencontre=16
- Luigi_BGrand Maître
Merci pour ces deux textes, adelaideaugusta et merci pour le lien, Roumégueur Ier : à noter que l'exposition aux écrans en 1991, 2002 et même 2008 n'a plus grand chose à voir avec celle d'aujourd'hui : 7h30 par jour en moyenne aux USA pour les 8-18 ans.
A un tel degré de servitude les écrans ne sont pas des outils : ils aliènent.
A un tel degré de servitude les écrans ne sont pas des outils : ils aliènent.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- oli54Niveau 5
pourquoi le gouvernement ne fait il pas de campagne de sensibilisation quant aux dangers d'une trop grande utilisation des écrans ?
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