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JPhMM
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par JPhMM Jeu 31 Jan 2013 - 21:39
Mike92 a écrit:La plupart de ces "penseurs" sur l'école mériteraient de figurer au florilège de la grandiloquence et de la fausse intellectualité. Que d'âneries pontifiantes et de théorisations absurdes ! C'est franchement pitoyable.
Et puis c'est pas comme si vous parliez d'un ancien président du Collège international de philosophie... Suspect
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par egomet Jeu 31 Jan 2013 - 22:05
Paratge a écrit:
JPhMM a écrit:
Mike92 a écrit:Mais on sait que l'enfant de famille cultivée peut arriver au primaire en possédant 6000 mots et celui de famille modeste avec 1000, ce qui fait une grande différence.
Je trouve très violente votre opposition famille cultivée/famille modeste. Cela signifie-t-il à vos yeux qu'une famille modeste est aussi famille inculte ? C'est du propre, bravo. Chez moi les livres étaient le seul trésor, il y a des jours où l'on mangeait peu pour pouvoir s'en offrir. Allez au diable.

JPh, fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage.

Mes parents empruntaient pour que nous ayons un jouet à Noël.
Nous n'avons jamais manqué de livres.

Je me rappelle à Kunming une petite fille qui faisait la manche, tout en lisant son manuel. Elle était manifestement plus intéressée par les maths que par les éventuelles piécettes des touristes.

Et à Lalibela, un gamin m'a fait visiter toute la ville, sans que je le lui demande. Et évidemment, à la fin, il m'a demandé une récompense: un dictionnaire d'anglais. S'il m'avait demandé de l'argent, j'aurais sans doute refusé. Mais pour le livre, j'ai mis une assez bonne somme.

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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.


Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
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par egomet Jeu 31 Jan 2013 - 23:15
Saloum a écrit:
retraitée a écrit:Ils ne savent plus ce que sont l'attention , la concentration, ils sont dans le zapping permanent. Ils écoutent vaguement, de façon flottante, et donc ne retiennent rien.
Moi, quand je mets la radio en "bruit de fond", je suis incapable de me souvenir clairement de ce qui s'est dit.

Au-delà du débat sur l'élitisme ou le manque d'exigence de l'école, je dirais qu'il y a aussi une évolution des pratiques de vie. Comment valoriser l'écrit ou la lecture (longue ou ardue) dans une société où communiquer passe essentiellement par d'autres formes (la télé, internet, le téléphone : je suis la première à constater que je perds l'habitude d'écrire, de formuler, qu'il me faut lutter contre des langages formatés...) ? Je ne dis pas que c'était mieux avant ni que cette évolution est positive, mais qu'on ne peut pas ne pas la constater. Même si les élèves bénéficiaient d'une école exigeante (et effectivement ce serait toujours ça de gagné), il y aurait toujours ce décalage grandissant entre le discours de l'école et les pratiques réelles. Je crois que nos élèves sont ailleurs. Même dans nos classes, ils sont hors de l'école. Les comportements décrits par Retraitée en sont les signes.

Erreur. La télévision et le téléphone sont entrés depuis fort longtemps dans les habitudes. Ce n'est donc pas le vrai problème. Quant à Internet, c'est le retour de l'écrit. D'ailleurs pour participer à ce forum, comment fait-on?

Si l'orthographe baisse, c'est parce que l'école a abandonné l'affaire et qu'on incite les enfants à se comporter comme des gougnafiers. On prend la négligence et l'impolitesse pour de la spontanéité.

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par Saloum Ven 1 Fév 2013 - 11:58
egomet a écrit:
Erreur. La télévision et le téléphone sont entrés depuis fort longtemps dans les habitudes. Ce n'est donc pas le vrai problème. Quant à Internet, c'est le retour de l'écrit. D'ailleurs pour participer à ce forum, comment fait-on?

Si l'orthographe baisse, c'est parce que l'école a abandonné l'affaire et qu'on incite les enfants à se comporter comme des gougnafiers. On prend la négligence et l'impolitesse pour de la spontanéité.

Pas à ce niveau d'omniprésence : les ados sont en permanence connectés. Le téléphone portable, les réseaux sociaux, l'écran allumé en permanence et qui prend de plus en plus de place, tant par la taille que par la quantité... Si nos élèves écrivent, c'est souvent sur le mode court, spontané, sans élaboration vu que c'est une écriture qui n'est pas destinée à durer.
Quant aux forums, il suffit de se promener un peu sur Internet pour constater que rares sont ceux qui font un peu attention à ce qu'ils écrivent (orthographe, syntaxe, cohérence). Mais c'est normal, le récepteur est en quelque sorte virtuel et le message ne vaut que dans l'instant où il a été produit (Je ne parle évidemment pas des forums de profs où, par définition, on accorde un minimum d'attention à ce qu'on écrit).
gauvain31
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par gauvain31 Ven 1 Fév 2013 - 19:33
Bonsoir à mon tour de vous faire part de mes lecture personelles qui ont été très éclairantes:
La barbarie douce. : La modernisation aveugle des entreprises et de l'école Jean-Pierre Le Goff

Depuis les années 1980, la "modernisation" est partout à l'ordre du jour. Mais au nom de la nécessaire adaptation aux "mutations du monde contemporain", c'est bien souvent une véritable "barbarie douce" que cette modernisation aveugle installe au cœur des rapports sociaux.
C'est ce que montre Jean-Pierre Le Goff dans ce livre, dans deux champs particulièrement concernés par le phénomène : l'entreprise et l'école. La barbarie douce s'y développe avec les meilleures intentions du monde, l'"autonomie" et la "transparence" sont ses thèmes de prédilection. Elle déstabilise individus et collectifs, provoque stress et angoisse, tandis que les thérapies en tout genre lui servent d'infirmerie sociale. L'auteur met à nu la stupéfiante rhétorique issue des milieux de la formation, du management et de la communication. Et explique comment elle dissout les réalités dans une "pensée chewing-gum" qui dit tout et son contraire, tandis que les individus sont sommés d'être autonomes et de se mobiliser en permanence.
L'auteur montre que cette barbarie douce a partie liée avec le déploiement du libéralisme économique et avec la décomposition culturelle qui l'a rendue possible. Et il explore les pistes d'une reconstruction possible pour que la modernisation tant invoquée puisse enfin trouver un sens

L'école en Europe : Politiques néolibérales et résistances collectives Ken Jones

Dirigée par Jean-Pierre Terrail, la collection " L'enjeu scolaire» intervient dans le debat sur la démocratisation de l'école. Privilégiant l'apport de connaissances, elle s'intéresse à la transmission des savoirs, aux pratiques des agents scolaires, aux comportements des élèves et des familles.

Déjà disponible dans plusieurs pays européens, cet ouvrage propose pour la première fois un état des lieux de l'école en Europe. Il montre non seulement la cohérence et la profondeur des transformations des politiques scolaires actuellement en cours, mais aussi le danger qu'elles représentent.

Réunissant des chercheurs européens qui s'appuient sur des enquêtes en grande partie inédites en France. " L'École en Europe», dirigé par Ken Jones, professeur à l'université de Londres, analyse la manière dont ces transformations sont déclinées dans les différents pays de l'Union européenne -autonomie locale, étapes vers la privatisation, etc. -, et leurs effets concrets sur les dispositifs pédagogiques : accroissement des inégalités, renoncement aux savoirs... Il réfléchit également sur l'émergence progressive de stratégies de résistance et d'alternatives à ce nouvel ordre scolaire européen.

«L'École en Europe» est un outil pour celles et ceux qui veulent comprendre les transformations de l'école en France et renouer avec le projet d'une école plus juste et plus démocratique.

gauvain31
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par gauvain31 Ven 1 Fév 2013 - 19:36
Je vous rajoute deux livres qui ne traitent pas directement de la chose scolaire mais qui permettent de prendre plus de recul sur notre métier:

Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté Nicholas Carr

C'est bien sûr à une révolution technique et informationnelle que nous assistons avec Internet. Mais c'est surtout à une révolution dans notre cerveau ! Vous aviez l'habitude de lire tranquillement et de façon linéaire un livre sur lequel vous portiez toute votre attention. Cela pouvait durer des heures pendant lesquelles vous, lecteurs, vous immergiez dans le monde singulier d'un auteur, en y mettant toute la concentration que vous désiriez. Regardez maintenant ce qui se passe quand vous vous connectez à Internet. Vous zappez de page en page par des liens qui vous promènent ici et là, et pendant ce temps vous êtes aussi bombardés de messages, parfois d'alertes vous informant qu'un mail vient de vous arriver ou qu'une nouvelle récente vient de mettre un blog ou un site Web (sur un flux RSS) à jour. Que se passe-t-il alors dans notre esprit ? En quoi cet environnement électronique change-t-il notre état mental, voire notre comportement social ? Ne serons-nous bientôt plus capables de nous concentrer plus de quelques minutes sur un texte ? N'allons-nous pas nous contenter de picorer ici et là quelques bribes (de textes, de vidéos, de messages audio) ? Notre cerveau, incroyablement plastique, s'adapte très vite aux nouvelles technologies et à leurs nouvelles tentations... Quels sont les avantages et les inconvénients de ces changements pour notre esprit ? Nicholas Carr pose ici une question fondamentale : quel monde nouveau l'Homo sapiens vient-il de se forger et y résistera-t-il ? Dans un détour historique passionnant, il nous rappelle que l'homme s'est constamment créé de nouvelles façons de penser. D'abord en inventant l'écriture (Sumer, les hiéroglyphes égyptiens, et le passage de la culture orale à l'écrit) puis en faisant évoluer la lecture (devenue silencieuse après des siècles où elle se fit à voix haute). L'imprimerie lui a fait accomplir un saut nouveau dans l'accès à la connaissance. Et jusqu'à très récemment, la capacité à se concentrer dans la lecture, pour tout apprentissage, a été au cœur de notre mode d'éducation. Que va-t-il se passer maintenant que des professeurs d'université - même en littérature - ne parviennent plus à faire lire leurs étudiants (Guerre et Paix, A la recherche du temps perdu, c'est bien trop long). Internet va-t-il nous rendre stupides, comme le laissent entendre certaines études scientifiques ? Elles montrent en effet que notre compréhension d'un texte est meilleure quand nous pouvons le lire posément, sans être incité par des liens divers (liens hypertexte) à l'" approfondir " d'une manière ou d'une autre (par telle ou telle vidéo ou interview complémentaire, tel autre texte explicatif, etc.) ! Comment les générations futures vont-elles penser ?


Petit traité de la bêtise contemporaine : Suivi de Comment (re)devenir intelligent Marilia Amorim

Pour tous ceux qui sentent l'emprise grandissante du discours bête et qui cherchent à comprendre comment il fonctionne pour mieux y échapper, voici un texte philosophique qui procède d'une déambulation dans la ville, comme autrefois Socrate dans la Cité, en s'arrêtant dans certains endroits sensibles et en commentant à vif certains problèmes liés aux discours qui se profèrent et aux paroles qui s'échangent.

Le lecteur se trouve donc embarqué dans une aventure : voir ce qu'il ne voyait pas, entendre ce qu'il n'entendait pas et comprendre ce qu'il ne comprenait pas. Il se rend compte alors que, s'il y a une parole qui rend bête, il y en a aussi une autre qui rend intelligent. Celle-ci est porteuse de mémoire collective, ce qu'on désigne communément par culture. Nous sommes ainsi dans une nouvelle forme du combat entre la bêtise et la culture qu'il importe, aujourd'hui, de mener tous les jours.

Dans un style vif et incisif, Marilia Amorim ne philosophe pas «à l'allemande» avec des démonstrations purement conceptuelles, mais «à la française» avec un petit côté Neveu de Rameau... et parfois même un peu «à la brésilienne» (où, par exemple, les objets peuvent parler).

Marilia Amorim est maître de conférences à l'université de Paris 8. Elle a été professeur du département de psychologie sociale de l'université fédérale de Rio de Janeiro.
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par Paratge Sam 30 Mar 2013 - 10:25
L’utilité de l’inutile. Manifeste de Nuccio Ordine
158 pages
BELLES LETTRES 2013

Il n’est pas vrai pas même en temps de crise que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l’utilité de l’inutile et sur l’inutilité de l’utile. À travers les réflexions de grands philosophes (Platon, Aristote, Tchouang-tseu, Pic de la Mirandole, Montaigne, Bruno, Kant, Tocqueville, Newman, Heidegger) et de grands écrivains (Ovide, Dante, Pétrarque, Boccace, L Arioste, Cervantès, Lessing, Dickens, Okatura Kakuzô, García Márquez, Ionesco, Calvino), Nuccio Ordine montre comment l’obsession de posséder et le culte de l’utilité finissent par dessécher l’esprit, en mettant en péril les écoles et les universités, l’art et la créativité, ainsi que certaines valeurs fondamentales telle que la dignitas hominis, l’amour et la vérité.
Dans son remarquable essai traduit pour la première fois en français, Abraham Flexner souligne que les sciences, elles aussi, nous enseignent l’utilité de l’inutile. Ainsi, s’il élimine la gratuité et l’inutile, s’il supprime les luxes jugés superflus, l’homo sapiens aura bien du mal à rendre l’humanité plus humaine.
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par Paratge Sam 30 Mar 2013 - 10:30
Le goût des études ou comment l’acquérir de Massimo Piattelli-Palmarini
Poche: 352 pages
Odile Jacob 2004

Vous n’aimez pas les maths ? Vous détestez la physique ? Vous vous embêtez en cours d’histoire ou de philosophie ? Étudier est pour vous une corvée ?
L’école, le lycée, l’université enseignent surtout des connaissances. Pour les acquérir et les digérer, un « déclic » que ne produit aucun manuel scolaire est nécessaire : il faut avoir le goût d’apprendre et savoir comment faire. Tel est le but de ce livre plein d’humour et d’astuce.
Des conseils très concrets qui permettront de susciter chez tous, petits et grands, l’étincelle qui permettra ensuite de réussir ses études.

Massimo Piattelli Palmarini, spécialiste de sciences cognitives, est directeur de recherche au Massachusetts Institute of Technology de Boston. Il a notamment enseigné à l’EHESS, à l’Université Harvard. Il est l’auteur de La Réforme du jugement et du Petit Traité sur Kant à l’usage de mon fils.
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Abraxas
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par Abraxas Sam 30 Mar 2013 - 16:54
Paratge a écrit:L’utilité de l’inutile. Manifeste de Nuccio Ordine
158 pages
BELLES LETTRES 2013

Il n’est pas vrai pas même en temps de crise que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l’utilité de l’inutile et sur l’inutilité de l’utile. À travers les réflexions de grands philosophes (Platon, Aristote, Tchouang-tseu, Pic de la Mirandole, Montaigne, Bruno, Kant, Tocqueville, Newman, Heidegger) et de grands écrivains (Ovide, Dante, Pétrarque, Boccace, L Arioste, Cervantès, Lessing, Dickens, Okatura Kakuzô, García Márquez, Ionesco, Calvino), Nuccio Ordine montre comment l’obsession de posséder et le culte de l’utilité finissent par dessécher l’esprit, en mettant en péril les écoles et les universités, l’art et la créativité, ainsi que certaines valeurs fondamentales telle que la dignitas hominis, l’amour et la vérité.
Dans son remarquable essai traduit pour la première fois en français, Abraham Flexner souligne que les sciences, elles aussi, nous enseignent l’utilité de l’inutile. Ainsi, s’il élimine la gratuité et l’inutile, s’il supprime les luxes jugés superflus, l’homo sapiens aura bien du mal à rendre l’humanité plus humaine.

Ah, c'est vraiment un très joli livre ! Je l'ai lu il y a un mois ou deux (merci à Palombella qui me l'a offert), et c'est plein de sens.
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par Paratge Sam 30 Mar 2013 - 17:27
L'inégalité des chances, Raymond Boudon
Poche 352 pages
Fayard/Pluriel 2011

Quels sont les effets de l'augmentation de la demande d'enseignement sur la mobilité sociale entre générations, sur les inégalités économiques ? Y a-t-il des différences entre les nations industrielles du point de vue de l'égalité des chances ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles répond ici Raymond Boudon. Son ouvrage est un classique de la sociologie qui suscita un vif débat au moment de sa publication, car il exprimait un certain scepticisme envers les capacités de l'institution scolaire de réduire les inégalités. De fait, vingt ans après, ces analyses se sont révélées justes, mais malgré l'avertissement salutaire de Boudon, l'illusion persistante d'une démocratisation par l'école continue de régir les politiques publiques.

Biographie de l'auteur
Raymond Boudon, professeur à la Sorbonne, a publié dans la collection Pluriel La Logique du social (2001). Il est le coauteur, avec François Bourricaud, du Dictionnaire critique de la sociologie (PUF, 2000) et l'auteur notamment de Renouveler la démocratie (Odile Jacob, 2006).
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par Paratge Dim 19 Mai 2013 - 9:35
A l'école des dyslexiques : Naturaliser ou combattre l'échec scolaire ?
Sandrine Garcia
Editions La Découverte 2013

Ou des théories irréfutables mais irréalisables en pratique.

Existe-t-il une différence de nature entre un mauvais lecteur et un enfant dyslexique ? Les méthodes ont-elles une responsabilité dans les troubles des apprentissages ? Certains incriminent ainsi la « méthode globale », tandis que d'autres imputent les difficultés de ces enfants à leur milieu social.

Les pouvoirs publics ont, de leur côté, tranché en faveur d'une approche médicalisante avec la loi de 2005. Sous couvert de « reconnaître » le handicap que constituent les troubles des apprentissages, ils ont en fait éludé la question pédagogique. Pourtant, il est aujourd'hui impossible d'affirmer que les problèmes de lecture d'élèves rapidement classés comme « dyslexiques » relèvent de dysfonctionnements cognitifs. Il semble au contraire nécessaire de considérer que la dévalorisation des aspects les plus techniques de l'apprentissage par les experts de la lecture a conduit à nier les difficultés réelles de cet apprentissage. En définitive, la frontière entre les enfants souffrant d'une pathologie de la lecture et les autres relève avant tout d'une construction sociale et d'un partage des territoires d'intervention entre les professionnels de l'éducation (enseignants) et de la rééducation (orthophonistes).

S'appuyant sur une enquête menée auprès de parents d'enfants dyslexiques, ce livre montre que les difficultés d'apprentissage sont toujours rapportées aux incapacités cognitives des élèves, qui se trouvent ainsi scolairement stigmatisés. Dès lors, le recours à la catégorie de dyslexie devient, pour les parents, une ressource paradoxale, leur permettant d'échapper à la stigmatisation et au renoncement pédagogique du système scolaire.
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par Paratge Jeu 13 Juin 2013 - 14:47
Crise des valeurs éducatives et postmodernité, de David Lucas, docteur en philosophie.
L’Harmattan, 228 pages, 2009.

Il est manifeste que l’éducation des enfants connaît une crise profonde, et que tout ce sur quoi elle reposait jusqu’alors a été remis en question au cours de ces dernières décennies. C’est l’ensemble de notre système de transmission des valeurs, du savoir,des savoir-faire et du savoir-vivre qui se trouve ébranlé jusque dans ses fondements, et comme happé par la machine du pédagogisme, les incessantes réformes mais aussi l’impuissance des adultes à assumer une autorité dont une certaine idéologie libérale-libertaire ne cesse de contester la légitimité. Au-delà du seul contexte scolaire, c’est à présent au tour de l’enfant de “jouir sans entraves”et de ne plus céder la priorité aux adultes. Ainsi les droits de l’enfant tendent-ils à éclipser les exigences de ses devoirs, que les éducateurs ne peuvent plus imposer sans en éprouver une pointe de culpabilité. Peut-on dire alors que les conditions de l’éducation sont encore réunies, à l’heure où s’est instauré un rapport d’égalité plus ou moins explicite entre l’enfant et l’adulte ?

Il faudrait d’abord se mettre d’accord à propos de ce que signifie l’éducation, et en comprendre la nature avant de se demander si elle est encore possible. Au fond, l’éducation est tout entière déterminée par les valeurs de la société à laquelle elle prépare, car on éduque toujours en vue d’une fin et dans un but sur lequel la collectivité s’est tacitement accordée.

Or le champ des valeurs contemporaines a connu un radical bouleversement autour des années 1960, et les pratiques éducatives allaient effectivement s’en trouver profondément transformées. À grands traits, il est possible de considérer que jusqu’après-guerre, éduquer consistait à conduire l’enfance au respect et à l’intégration de la norme adulte. La réussite de l’éducation se mesurait par la façon dont l’enfant avait dépassé son état naturel à la faveur de l’exemple donné par ses aînés, et les moyens employés correspondaient naturellement à cette finalité, essentiellement en termes d’autorité et de transmission.

Les années 1960 ont alors renversé l’échelle des valeurs éducatives en portant une plus grande attention aux raisons de l’enfance. Cet intérêt pour l’enfant a sa part de noblesse et de légitimité, et seuls ses excès menacent à présent la possibilité même de l’éducation. Les nouvelles valeurs éducatives ne sont effectivement plus celles de la maturité, mais consistent davantage en l’expression et l’épanouissement des penchants de l’enfance qu’en leur réformation.Aux exigences de la transmission succèdent les mouvements de la spontanéité infantile, et les adultes ne doivent plus tant montrer la voie qu’accompagner ce qui émerge spontanément du jeune âge.

Ce changement de finalité déconcerte l’éducateur dans l’exacte mesure où la spontanéité s’oppose à la transmission, et où aucun enfant n’est spontanément disposé à assumer les exigences de ce que les adultes voudraient pourtant lui transmettre. Qu’il s’agisse des règles de grammaire, de l’ordre des nombres, mais aussi de l’équilibre alimentaire ou plus largement de ce qu’Érasme appelait la civilité puérile, rien de tout cela n’est spontanément reçu par l’enfance. Ces contenus ou ces attitudes sont de prime abord contraignants et il en découle des exigences qu’il faut pouvoir imposer. Un élève véritablement “constructeur de son savoir”, comme on le dit maintenant, risque de se trouver fort dépourvu face aux règles et conventions – apparemment arbitraires – de l’orthographe. Le refus de transmettre un héritage culturel prétendument destiné à reproduire les rapports de domination sociale conduit d’ailleurs à ce qu’Alain Finkielkraut appelle « l’ingratitude » – vis-à-vis de notre passé et de notre patrimoine – ainsi qu’à une inévitable fabrique de “crétins” ou de “sauvageons”, c’est selon.

L’éducation contemporaine est donc paralysée par cette contradiction interne entre un champ de valeurs de plus en plus exagérément acquises à la spontanéité infantile et la nécessité où se trouve la société, si elle ne veut pas sombrer dans le chaos, d’imposer aux jeunes générations les exigences d’une culture sans laquelle l’individu se trouve finalement privé d’une part de civilisation. Car une enfance laissée à ses penchants naturels est exposée, nous le voyons de plus en plus, aux mœurs barbares dont témoigne par exemple le très beau film de Peter Brook, adapté du livre de William Golding, Sa Majesté des Mouches. Mais comment notre civilisation peut-elle prétendre s’assurer de ses remparts sans en imposer les exigences à ses enfants ?
philann
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par philann Jeu 13 Juin 2013 - 16:14
Paratge a écrit:Crise des valeurs éducatives et postmodernité, de David Lucas, docteur en philosophie.
L’Harmattan, 228 pages, 2009.

 Il m'a l'air bien intéressant ce livre!!! Dommage qu'il l'ait publié à l'Harmattan...

Je ne trouve pas grand chose à redire à la présentation...
adelaideaugusta
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par adelaideaugusta Jeu 13 Juin 2013 - 17:11
retraitée a écrit:Ils ne savent plus ce que sont l'attention , la concentration, ils sont dans le zapping permanent. Ils écoutent vaguement, de façon flottante, et donc ne retiennent rien.
Moi, quand je mets la radio en "bruit de fond", je suis incapable de me souvenir clairement de ce qui s'est dit.
Ils mettent très souvent la radio ou des écouteurs pour apprendre : environ 60 % d'efficacité perdue.
Je serine qu'il faut répéter les mots de vocabulaire en anglais ou en allemand pour les savoir. Ils ouvrent de grands yeux : une petite de CE2 avait une liste de mots allemands, elle a été très surprise quand je lui ai dit qu'il fallait les apprendre, et pourtant, elle avait un questionnaire de phrases où elle devait réutiliser ces mots !
Bien entendu, en français, en grammaire, c'est le même problème : le "par coeur" a été tellement décrié qu'ils ne savent plus apprendre ! Cela me semble pourtant incontournable ! Ils pensent que lire est suffisant !
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par adelaideaugusta Jeu 13 Juin 2013 - 17:27
A cette liste, j'ajoute le chapitre d'Hannah Arendt, dans son livre "La crise de la culture " : "La crise de l'éducation".
Elle y décrit ce qu'y s'est passé aux USA dans les années 20-25.
Il suffit de changer la date : années 70-75, et le lieu : France au lieu de Etats-Unis, et c'est quasiment superposable. Hallucinant !
coindeparadis
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par coindeparadis Jeu 13 Juin 2013 - 18:22
retraitée a écrit:Il y avait aussi les ouvrages de M. Maschino, dans les années 80 (1983)
Vos enfants ne m'intéressent plus
Voulez-vous vraiment des enfants idiots?

Ils dorment quelque part dans une bibliothèque, je vais les relire!
Cela me rajeunira aussi!
Il y avait des pages savoureuses dans la vie des charançons, si mes souvenirs sont bons, le poème de Baudelaire À une passante, je crois, vu par les élèves.


Ah oui, la passante avec une jambe de bois et un oeil de verre ! :DMais comment voulez-vous qu'ils aiment lire, qu'ils retiennent ce qu'ils lisent s'ils ne savent pas lire. Après des années de "ma vie est extraordinaire" et de "j'ai rêvé que" ils ont enchaîné avec l'ORL puis on leur a demandé d'expliquer en quoi le système du discours est au service de ... dans le texte avant de le disséquer en focalisations, champs sémantiques, et autres processus castrateurs de textes. S'ils ne lisent pas couramment en fin de CP et fluidement en CE, ils ne peuvent que difficilement profiter d'un enseignement secondaire. Pour avoir été des deux côtés de la barrière je suis certaine de cela. De plus pour comprendre un texte il faut en maîtriser le vocabulaire. Si on associe l'insanité de nombreux textes étudiés actuellement en classe d'élémentaire (par exemple dans un manuel de Cp on apprend comment dire "taloche, gauche, gnon...") et pauvreté lexicale de quelques (je minimise...) enseignants (c'est trop beau, c'est sympa...), seul le milieu familial permet de redresser la barre... L'école en faillant majore l'effet "classes sociales" sur le réussite scolaire. Je suis issue d'une famille pauvre mais où lire était un acte aussi quotidien que manger. Si ce n'est que la bibliothèque était plus variée que le menu. Ce n'est donc pas tant un capital économique qui participe à la réussite scolaire qu'un capital culturel.
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par Paratge Mer 14 Mai 2014 - 20:01
The Schools We Need: And Why We Don’t Have Them by E.D. Hirsch Jr.

Now in paperback with a new introduction, The Schools We Need offers a powerful, compelling, and unassailable argument for reforming America’s schooling methods and ideas--by one of America’s most important educators, and author of the bestselling Cultural Literacy.

For over fifty years, American schools have operated under the assumption that challenging children academically is unnatural for them, that teachers do not need to know the subjects they teach, that the learning "process" should be emphasized over the facts taught. All of this is tragically wrong.

Renowned educator and author E. D. Hirsch, Jr., argues that, by disdaining content-based curricula while favoring abstract–and discredited–theories of how a child learns, the ideas uniformly taught by our schools have done terrible harm to America’s students. Instead of preparing our children for the highly competitive, information-based economy in which we now live, our schools’ practices have severely curtailed their ability, and desire, to learn.

With an introduction that surveys developments in education since the hardcover edition was published, The Schools We Need is a passionate and thoughtful book that will appeal to the millions of people who can’t understand why America’s schools aren’t educating our children.


The Knowledge Deficit by E. D. Hirsch (Professor of English)

E. D. Hirsch, Jr., author of the best-selling Cultural Literacy and our most insightful thinker on what schools teach, offers an urgent solution to the shocking national decline in children’s reading ability.
How can it be, Hirsch asks, that American students score so low among developed nations in international comparisons -- and that they perform worse the longer they stay in school?

Drawing on arresting classroom scenes, the history of ideas, and current understanding of the patterns of intellectual growth, Hirsch builds the powerful case that, while our schools excel at teaching the mechanics of reading, they fail virtually all American children -- poor and middle class, in public and private schools -- because of their inability to convey the more complex and essential skills of reading comprehension. Hirsch brilliantly reasons that literacy depends less on the formalistic reading "skills" taught in virtually every school across America and more on exposure to content-rich, appealing books.

His argument is compelling, for it - gives parents specific tools for enhancing their child’s ability to read with comprehension; - shows how No Child Left Behind and SATs measure reading comprehension -- a knowledge-based skill not successfully taught in our schools; - tackles the weaknesses of specific state-by-state curricula - explains in detail how American schools can serve as the strongest possible antidote to poverty and to our frustrating race-based achievement gap.

A road map for all thinking parents, teachers, and citizens, The Knowledge Deficit shows exactly how we can convert all American schools into places where the skill of reading comprehension is effectively imparted -- and why this goal is ever more essential to the democratic ideal.
Paratge
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par Paratge Jeu 15 Mai 2014 - 17:21
The Academic Achievement Challenge: What Really Works in the Classroom (Le défi de la réussite scolaire : ce qui marche vraiment dans la classe), Jeanne S. Chall.

Ce livre aborde une des questions centrales de l’enseignement : la meilleure façon d’instruire nos élèves. Écrit par la regrettée Jeanne S. Chall, professeur de sciences de l’éducation à l’Université Harvard et figure de proue de l’enseignement américain,  le livre critique et évalue les nombreuses réformes et innovations pédagogiques qui ont été proposées et utilisées au cours du siècle dernier. Analysant systématiquement un vaste corpus de recherche qualitative et quantitative, Chall compare les taux de réussite qui en résultent, les approches centrées sur l’enseignant traditionnelles avec les résultats de méthodes progressistes centrées sur l’élève. Ses conclusions sont frappantes et claires : les approches centrées sur l’enseignant se traduisent par un rendement plus élevé dans l’ensemble, avec des bénéfices particuliers pour les enfants de statut socio-économique plus faible et pour ceux qui ont des difficultés d’apprentissage. Offrant des recommandations convaincantes pour la pratique, le livre forme un dossier solide pour fonder sur une base empirique ferme de futures réformes et innovations pédagogiques.
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par adelaideaugusta Ven 16 Mai 2014 - 21:57
Paratge a écrit:The Academic Achievement Challenge: What Really Works in the Classroom (Le défi de la réussite scolaire : ce qui marche vraiment dans la classe), Jeanne S. Chall.

Ce livre aborde une des questions centrales de l’enseignement : la meilleure façon d’instruire nos élèves. Écrit par la regrettée Jeanne S. Chall, professeur de sciences de l’éducation à l’Université Harvard et figure de proue de l’enseignement américain,  le livre critique et évalue les nombreuses réformes et innovations pédagogiques qui ont été proposées et utilisées au cours du siècle dernier. Analysant systématiquement un vaste corpus de recherche qualitative et quantitative, Chall compare les taux de réussite qui en résultent, les approches centrées sur l’enseignant traditionnelles avec les résultats de méthodes progressistes centrées sur l’élève. Ses conclusions sont frappantes et claires : les approches centrées sur l’enseignant se traduisent par un rendement plus élevé dans l’ensemble, avec des bénéfices particuliers pour les enfants de statut socio-économique plus faible et pour ceux qui ont des difficultés d’apprentissage. Offrant des recommandations convaincantes pour la pratique, le livre forme un dossier solide pour fonder sur une base empirique ferme de futures réformes et innovations pédagogiques.

J'ai un petit texte sur la biographie et les travaux de Jane Chall.

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"Instruire une nation, c'est la civiliser.Y éteindre les connaissances, c'est la ramener à l'état primitif de la barbarie." (Diderot)
"Un mensonge peut faire le tour du monde pendant que la vérité se met en route". (Mark Twain)
"Quand les mots perdent leur sens, les hommes perdent leur liberté".(Confucius)
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par Dimka Mar 27 Mai 2014 - 2:52
Paratge a écrit:L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes
Jean-Claude Michéa
• Climats
• Paru le : 03/03/2006
En dépit des efforts de la propagande officielle, il est devenu difficile, aujourd’hui, de continuer à dissimuler le déclin continu de l’intelligence critique et du sens de la langue auquel ont conduit les réformes scolaires imposées, depuis trente ans, par la classe dominante et ses experts en « sciences de l’éducation ». Le grand public est cependant tenté de voir dans ce déclin un simple échec des réformes mises en œuvre. L’idée lui vient encore assez peu que la production de ces effets est devenue progressivement la fonction première des réformes et que celles-ci sont donc en passe d’atteindre leur objectif véritable: la formation des individus qui, à un titre ou à un autre, devront être engagés dans la grande guerre économique mondiale du XXIe siècle. Cette hypothèse, que certains trouveront invraisemblable, conduit à poser deux questions. Quelle étrange logique pousse les sociétés modernes, à partir d’un certain seuil de leur développement, à détruire les acquis les plus émancipateurs de la modernité elle-même ? Quel mystérieux hasard à répétition fait que ce sont toujours les révolutions culturelles accomplies par la Gauche qui permettent au capitalisme moderne d’opérer ses plus grands bonds en avant ?
J’ai lu ça, je suis assez mal à l’aise. Qui est Michéa, exactement ?

Sur l’analyse de l’évolution de l’école au service du néolibéralisme, je suis plutôt d’accord. Par contre, je trouve qu’il a une vision  sociale extraordinairement réactionnaire, et surtout binaire : soit c’était mieux avant, soit on est progressiste donc forcément néo-libéral, libéral-libertaire, etc. Michéa n’aime pas la Gay Pride, ni Bourdieu, ni la musique moderne, ni les associations qui défendent les dealers (associations qui ne sont évidemment pas nommées, il faudrait déjà qu’elles existent ailleurs que dans ses chimères)… Mais sérieusement, quel est le rapport avec l’école ?  Suspect 

Par ailleurs (et c’est lié), je trouve ce bouquin émaillé de petites déclarations secondaires à l’emporte-pièce qui décrédibilisent totalement le propos. Il n’aime pas la sociologie comme n’importe quel pillier de comptoir, parce que c’est entendu, entre gens sérieux, que la sociologie est un discours de doux rêveurs, voire de « traîtres ». En attendant, s’il avait le dixième de rigueur et de méthode que déploient les sociologues dans leurs démonstrations, je pourrais éventuellement le prendre au sérieux. Michéa singe la méthode scientifique des sciences humaines, il précise lui-même qu’il est critiqué et que pour prévenir cela, il va mettre des notes de bas de page. Et ça, il faut le reconnaître, il en met, et il les remplit… mais il ne suffit pas de transférer la moitié de son propos en note pour que ça devienne sérieux : Michéa ne source pas la moitié de ses affirmations, il ne prouve rien, il ne démontre pas, il critique par exemple le discours sociologique en restant vague, sans le citer, en le caricaturant.

(au contraire, quand il parle de l,école, justement, il source et cite, par exemple en citant des ouvrages qui ont analysé les projets de l’OCDE, de l’Europe, des décideurs… Je ne connais pas, donc il faudrait que j’aille vérifier avant de m’avancer, mais ça semble correspondre à un propos argumentés)

De même, Michéa fonde sa haine de la modernité sur un fantasme du passé (lequel ? Celui des sociétés primitives ? Celui de Cicéron ?) et accessoirement sur les jeunes, forcément crétins et manipulés… On dirait qu’il n’a une vision du passé qu’à travers la littérature, sans aucun recul sur l’éventuelle subjectivité des auteurs, ni sur les faits qu’ils pourraient éventuellement passer sous silence. La comparaison entre le délinquant moderne et le soi-disant bandit d’honneur du passé est à mourir de rire, c’est quand même évident que Robin des Bois n’est pas représentatif du banditisme passé, ou que les trafics et l’enrichissement illégal n’ont pas été inventés avec le cannabis !

Du coup, je suis plutôt inquiet : je n’aime pas trop l’idéologie des ESPE et des pédagols, mais les seuls livres que j’ai lus contre cela sont le faits de réactionnaires, et en plus d’une rigueur plus que douteuse dans l’argumentation.

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par User17706 Mar 27 Mai 2014 - 3:11
C'est un souvenir assez ancien (j'ai dû le lire peu après sa sortie), mais je ne crois pas du tout qu'on puisse parler de haine de la modernité. Chez Michéa, il y a plutôt une remise en cause, effectivement violente et pas toujours aussi étayée qu'on pourrait le souhaiter, du « progrès » comme « religion » ou comme argument universel de vente. Alors il y a un petit côté « pilier de comptoir », c'est vrai, j'y suis sensible aussi. C'est très souvent le cas, d'ailleurs, lorsqu'on prétend s'attaquer davantage à la fonction idéologique d'un concept qu'à la réalité qu'il pourrait désigner littéralement si on s'attachait à lui donner un sens crédible (en l'occurrence, progressisme/progrès).
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par User5899 Mar 27 Mai 2014 - 4:11
Dimka a écrit:
Paratge a écrit:L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes
Jean-Claude Michéa
• Climats
• Paru le : 03/03/2006
En dépit des efforts de la propagande officielle, il est devenu difficile, aujourd’hui, de continuer à dissimuler le déclin continu de l’intelligence critique et du sens de la langue auquel ont conduit les réformes scolaires imposées, depuis trente ans, par la classe dominante et ses experts en « sciences de l’éducation ». Le grand public est cependant tenté de voir dans ce déclin un simple échec des réformes mises en œuvre. L’idée lui vient encore assez peu que la production de ces effets est devenue progressivement la fonction première des réformes et que celles-ci sont donc en passe d’atteindre leur objectif véritable: la formation des individus qui, à un titre ou à un autre, devront être engagés dans la grande guerre économique mondiale du XXIe siècle. Cette hypothèse, que certains trouveront invraisemblable, conduit à poser deux questions. Quelle étrange logique pousse les sociétés modernes, à partir d’un certain seuil de leur développement, à détruire les acquis les plus émancipateurs de la modernité elle-même ? Quel mystérieux hasard à répétition fait que ce sont toujours les révolutions culturelles accomplies par la Gauche qui permettent au capitalisme moderne d’opérer ses plus grands bonds en avant ?
J’ai lu ça, je suis assez mal à l’aise. Qui est Michéa, exactement ?

Sur l’analyse de l’évolution de l’école au service du néolibéralisme, je suis plutôt d’accord. Par contre, je trouve qu’il a une vision  sociale extraordinairement réactionnaire, et surtout binaire : soit c’était mieux avant, soit on est progressiste donc forcément néo-libéral, libéral-libertaire, etc. Michéa n’aime pas la Gay Pride, ni Bourdieu, ni la musique moderne, ni les associations qui défendent les dealers (associations qui ne sont évidemment pas nommées, il faudrait déjà qu’elles existent ailleurs que dans ses chimères)… Mais sérieusement, quel est le rapport avec l’école ?  Suspect 

Par ailleurs (et c’est lié), je trouve ce bouquin émaillé de petites déclarations secondaires à l’emporte-pièce qui décrédibilisent totalement le propos. Il n’aime pas la sociologie comme n’importe quel pillier de comptoir, parce que c’est entendu, entre gens sérieux, que la sociologie est un discours de doux rêveurs, voire de « traîtres ». En attendant, s’il avait le dixième de rigueur et de méthode que déploient les sociologues dans leurs démonstrations, je pourrais éventuellement le prendre au sérieux. Michéa singe la méthode scientifique des sciences humaines, il précise lui-même qu’il est critiqué et que pour prévenir cela, il va mettre des notes de bas de page. Et ça, il faut le reconnaître, il en met, et il les remplit… mais il ne suffit pas de transférer la moitié de son propos en note pour que ça devienne sérieux : Michéa ne source pas la moitié de ses affirmations, il ne prouve rien, il ne démontre pas, il critique par exemple le discours sociologique en restant vague, sans le citer, en le caricaturant.

(au contraire, quand il parle de l,école, justement, il source et cite, par exemple en citant des ouvrages qui ont analysé les projets de l’OCDE, de l’Europe, des décideurs… Je ne connais pas, donc il faudrait que j’aille vérifier avant de m’avancer, mais ça semble correspondre à un propos argumentés)

De même, Michéa fonde sa haine de la modernité sur un fantasme du passé (lequel ? Celui des sociétés primitives ? Celui de Cicéron ?) et accessoirement sur les jeunes, forcément crétins et manipulés… On dirait qu’il n’a une vision du passé qu’à travers la littérature, sans aucun recul sur l’éventuelle subjectivité des auteurs, ni sur les faits qu’ils pourraient éventuellement passer sous silence. La comparaison entre le délinquant moderne et le soi-disant bandit d’honneur du passé est à mourir de rire, c’est quand même évident que Robin des Bois n’est pas représentatif du banditisme passé, ou que les trafics et l’enrichissement illégal n’ont pas été inventés avec le cannabis !

Du coup, je suis plutôt inquiet : je n’aime pas trop l’idéologie des ESPE et des pédagols, mais les seuls livres que j’ai lus contre cela sont le faits de réactionnaires, et en plus d’une rigueur plus que douteuse dans l’argumentation.
En tout cas, voilà une vraie lecture critique Smile
Je ne pourrai pas plus vous répondre que PY, vu que j'ai lu ce livre il y a trop longtemps, et que je hais les notes de bas de page Razz
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par Dimka Mar 27 Mai 2014 - 4:26
PauvreYorick a écrit:C'est très souvent le cas, d'ailleurs, lorsqu'on prétend s'attaquer davantage à la fonction idéologique d'un concept qu'à la réalité qu'il pourrait désigner littéralement si on s'attachait à lui donner un sens crédible (en l'occurrence, progressisme/progrès).
Il y a un problème logique, si on critique la fonction idéologique de la nouveauté dans la mentalité néolibérale, on ne critique pas la nouveauté en général. Et c’est surtout contradictoire, parce qu’en même temps, il reproche à la gauche progressiste et à mai 68 de délégitimer des aspects de l’éducation pré-capitalistes en les amalgamant au capitalisme : mais il fait la même chose hors de l’éducation, il délégitime des idées (exprimées notamment en mai 68) et des faits qui pourraient vivre indépendamment du capitalisme, même s’ils sont liées à lui (ou récupérés par lui) dans le contexte actuel.

Quand il met, dans la même phrase, « Fun Radio et NRJ, Doc Gyneco et Joey Starr, Hélène et les Garçons et Kassowitz, la Fête de la musique et la Gay pride », comme valets de l’idéologie consumérisme, ça coince. À ce rythme, il peut se mettre lui-même dans la liste, vu qu’il produit et vend des livres… (chez Flammarion, en plus !). Ça tourne à l’amalgame. Par exemple, pour la Gay Pride, oui, il y a un côté consumériste, mais selon moi secondaire et non constitutif de l’événement, contrairement à d’autres phénomènes qu’il cite. Et oui ça s’inscrit dans une mentalité de liberté où l’individu se dégage des carcans moraux et collectifs, mais est-ce négatif ? En plus, Michéa est un homme blanc hétérosexuel cisgenre occidental et bourgeois, le cadre moral passé qu’il défend, ce n’est pas lui qui devait se la prendre dans la tronche, donc en terme de contrainte, ça ne devait pas l’assommer non plus. Mais surtout, c’est quand même un peu gros de limiter tous ces phénomènes à leur identité nouvelle, ou de laisser entendre qu’on ne peut pas combattre le néolibéralisme et l’école de l’ignorance sans rejeter aussi la Gay pride et la fête de la musique.

Finalement, Michéa ne propose rien. L’identité individuelle égoïste est certes critiquable, mais on ne peut pas se contenter de regretter l’identité collective passée, maintenant que l’on a pris conscience des souffrances et des injustices qu’elle pouvait engendrer, qu’on a évolué. Il fait comme si on pouvait oublier certaines prises de conscience.
Cripure a écrit:En tout cas, voilà une vraie lecture critique Smile
Et pleine de fautes de français.  Embarassed

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par User17706 Mar 27 Mai 2014 - 4:42
Dimka a écrit:
PauvreYorick a écrit:C'est très souvent le cas, d'ailleurs, lorsqu'on prétend s'attaquer davantage à la fonction idéologique d'un concept qu'à la réalité qu'il pourrait désigner littéralement si on s'attachait à lui donner un sens crédible (en l'occurrence, progressisme/progrès).
Il y a un problème logique, si on critique la fonction idéologique de la nouveauté dans la mentalité néolibérale, on ne critique pas la nouveauté en général.
Bien sûr : je suggère précisément qu'il fait l'un et non l'autre, autrement dit que l'équivalence fautive que tu pointes est au mieux (ou au pire) accessoire. Mais c'est, je le répète, un lointain souvenir.
Dimka a écrit: Et c’est surtout contradictoire, parce qu’en même temps, il reproche à la gauche progressiste et à mai 68 de délégitimer des aspects de l’éducation pré-capitalistes en les amalgamant au capitalisme : mais il fait la même chose hors de l’éducation, il délégitime des idées (exprimées notamment en mai 68) et des faits qui pourraient vivre indépendamment du capitalisme, même s’ils sont liées à lui (ou récupérés par lui) dans le contexte actuel.
Ça, par contre, il en est tout à fait capable, il faudrait voir dans le détail Smile
Dimka a écrit: C’est quand même un peu gros de limiter tous ces phénomènes à leur identité nouvelle, ou de laisser entendre qu’on ne peut pas combattre le néolibéralisme et l’école de l’ignorance sans rejeter aussi la Gay pride et la fête de la musique.
Ça, tout à fait. Et la remarque sur l'oubli, aussi. Cela dit, veut-il rejeter la Gay pride ? c'était vraiment le propos ? encore une fois, je ne défends pas vraiment un bouquin que d'ailleurs je n'ai même pas sous la main, j'avais seulement le sentiment qu'il y avait de quoi distinguer. Mais si ça se trouve ta lecture sur ce point précis est la bonne.

EDIT: bon, de toute façon, soyons clair : cet ouvrage, c'est de la polémique. Les autres aussi, d'ailleurs (enfin ceux de lui que j'ai lus, je me suis arrêté à un moment). Ça peut être suggestif, roboratif, au plus.
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par adelaideaugusta Mar 27 Mai 2014 - 8:33
egomet a écrit:
Paratge a écrit:
JPhMM a écrit:
Je trouve très violente votre opposition famille cultivée/famille modeste. Cela signifie-t-il à vos yeux qu'une famille modeste est aussi famille inculte ? C'est du propre, bravo. Chez moi les livres étaient le seul trésor, il y a des jours où l'on mangeait peu pour pouvoir s'en offrir. Allez au diable.

JPh, fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage.

Mes parents empruntaient pour que nous ayons un jouet à Noël.
Nous n'avons jamais manqué de livres.

Je me rappelle à Kunming une petite fille qui faisait la manche, tout en lisant son manuel. Elle était manifestement plus intéressée par les maths que par les éventuelles piécettes des touristes.

Et à Lalibela, un gamin m'a fait visiter toute la ville, sans que je le lui demande. Et évidemment, à la fin, il m'a demandé une récompense: un dictionnaire d'anglais. S'il m'avait demandé de l'argent, j'aurais sans doute refusé. Mais pour le livre, j'ai mis une assez bonne somme.

Je retrouve ce témoignage d'un inspecteur de physique.

"J’ai inspecté dans des classes de 123 et 125 élèves en Terminale D au Cameroun (Yaoundé).
Pour le 1er cycle en RCI dans le quartier de Yopougon (banlieue Nord d’Abidjan) nous avions obtenu le dédoublement lors des séances de TP pour favoriser le contact avec le prof et avec le matériel. Ainsi les effectifs pouvaient “retomber“ à une cinquantaine. Pour moi, le record constaté s’est situé à N’Djamena (Tchad) où il y avait une fois 50 absents et 101 présents.
Sur les 151 officiellement inscrits, j’ai eu après coup l’explication des absences : Le déchargement d’un bateau (péniche) qui naviguait encore sur le fleuve.
Même le prof était absent pour pouvoir profiter de cette rare opportunité assez bien rémunérée.
Autre record : à Brazzaville (lycée de la révolution) j’ai vu dans un petit “amphi“ une classe de Terminale C de 55 élèves. Cela peut paraître encore “raisonnable” mais le problème était que je ne pouvais pas entrer et m’asseoir par manque de place. Tout était à l’avenant : un fil électrique et une seule ampoule suspendue au milieu de la salle, un tableau défoncé qui avait été noir, le reliquat d’une vague paillasse carrelée datant de l’époque coloniale, etc.
On jugera de la réalité pédagogique des conditions d’enseignement en Afrique.
Il m’est arrivé de témoigner de cela lors de réunions pédagogiques sur l’académie d’Aix Marseille. Mais le compte rendu qui en était fait ne laissait aucune illusion sur la bonne foi et la crédibilité des représentants syndicaux SNES en tête (les autres suivent). Exemple de commentaire imprimé:
“L’inspecteur a dit que les élèves pouvaient être plus de trente en classe”.
Ceci apporte de l’eau au moulin des éternelles revendications sur les effectifs qui sont, comme chacun sait, “par définition“, pléthoriques. Alors que l’expérience de l’Afrique prouve bien que le vrai problème n’est pas là."

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par adelaideaugusta Mar 27 Mai 2014 - 8:48
egomet a écrit:
Paratge a écrit:
JPhMM a écrit:
Je trouve très violente votre opposition famille cultivée/famille modeste. Cela signifie-t-il à vos yeux qu'une famille modeste est aussi famille inculte ? C'est du propre, bravo. Chez moi les livres étaient le seul trésor, il y a des jours où l'on mangeait peu pour pouvoir s'en offrir. Allez au diable.

JPh, fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage.

Mes parents empruntaient pour que nous ayons un jouet à Noël.
Nous n'avons jamais manqué de livres.

Je me rappelle à Kunming une petite fille qui faisait la manche, tout en lisant son manuel. Elle était manifestement plus intéressée par les maths que par les éventuelles piécettes des touristes.

Et à Lalibela, un gamin m'a fait visiter toute la ville, sans que je le lui demande. Et évidemment, à la fin, il m'a demandé une récompense: un dictionnaire d'anglais. S'il m'avait demandé de l'argent, j'aurais sans doute refusé. Mais pour le livre, j'ai mis une assez bonne somme.

A rapprocher d'un court récit de Doris Lessing :

"C’est ainsi qu'un jeune noir du Zimbabwe a volé un manuel de physique supérieure", L'escampette Éditions, 2010

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