Aisne : Une prof de collège retrouvée pendue dans sa classe

musa a écrit:En tous cas, il semble que ce professeur avait été repéré comme fragile. Et je ne pense pas que ce soit instrumentaliser que de dire que l'EN ne fait pas grand-chose pour aider ses personnels qui craquent que ce soit en terme d'adaptation des postes ou d'aide à la reconversion.

ça on est bien d'accord.

En tout cas, j'ai l'impression qu'on parle bien vite d'instrumentalisation. Ca me gonfle. Tout ce que je dis c'est que le lieu du suicide n'est pas anodin. On peut encore le dire ou ça signifie forcément qu'on exploite le malheur des gens?
Je ne pense de toute façon pas qu'un boulot à lui seul explique le suicide. Si une personne ne va pas trop mal, elle aura l'instinct de survie et démissionnera d'un boulot qui lui pourrit vraiment trop la vie. Mais ca peut déclencher le passage à l'acte ou l'expliquer en partie

Sibérie a écrit:Autre chose: c'est un tabou.

Et je trouve très inexact de dire que l'EN est la plus grande muette à ce sujet!

Le suicide chez les militaires, en parle-t-on? Chez les personnels médicaux? Chez les employés de Pôle emploi, La Poste, chez les policiers?

Pas plus.

Arrêtons deux minutes...

Je ne sais pas, en tout cas je trouve que dans l'EN on a vite fait dans ce genre de drame de dépêcher un quidam pour nous expliquer dix minutes après que même si le prof s'est suicidé au boulot, ça n'a aucun lien. Et si on peut en rajouter en salissant le défunt comme ici, c'est mieux. Alors je fais peut etre plus attention à l'en mais quand même, c'est ahurissant.

Oui, c'est souvent symbolique, de choisir le lieu de travail, évidemment. Mais c'est difficile de généraliser et d'affirmer que c'était son cas aussi.

Quant à la réaction de l'EN, c'est choquant, oui. Mais les articles de presse qui nous livrent l'info sont bien courts, la vision est tronquée, forcément.

Odalisq a écrit:

littlemary a écrit:

Cripure a écrit:On a changé de gouvernement.
Et chaque jour, une nouvelle sottise, et chaque jour, un peu moins d'envie d'y aller, un peu plus de découragement.
Quelle misère.

Entièrement d'accord mais de là à mettre fin à ses jours... Je ne peux pas croire qu'on puisse songer à se suicider uniquement à cause de son boulot (et pourtant je sais bien que ces cas sont très nombreux)...
N'y a-t-il pas d'autres choses dans la vie privée qui mérite de continuer à vivre ?
C'est un peu simpliste comme vision, je le concède, mais je refuse de faire de mon métier une priorité...ma vie est ailleurs.

Tout à fait d'accord avec toi sur ce point là, et hélas ce n'est pas le genre de réflexion que l'on puisse faire en SDP, en tout cas pas dans la mienne, au risque de passer pour une fumiste que je ne suis pas... Il faut savoir que certains collègues hurlent avec les loups, sont de vrais moutons de panurge et parfois sont majoritaires... je peux donc comprendre qu'un collègue qui va mal ne trouve même pas de soutien parmi ses pairs...

??? Bah pourtant franchement, je ne vois pas où est le mal à dire qu'il y a des choses plus prioritaires dans la vie que le travail.
Ce n'est pas dire qu'on n'en a rien à faire du travail, mais simplement remettre les choses à leur bonne place.
Ce n'est vraiment pas le genre de propos qu'il faut se retenir d'avoir. C'est justement quand on a assez à faire par chez soi par ailleurs, qu'on prend du recul par rapport à ce métier, par rapport aux médiocres qu'il peut y avoir dans toutes les strates, et qu'on peut faire la part entre les critiques à juste ou à mauvais titre qu'on peut être amenés à recevoir.
Ce n'est pas parce que tel larbin du rectorat vient vous dire que vous êtes un nul parce que tel jeune se comporte mal, ou que tel cours n'a pas l'heur de lui plaire, que vous êtes effectivement un nul. L'EN est un milieu où règne une grande mauvaise foi. On n'en finirait plus s'il fallait se trouver nul chaque fois que quelqu'un de ce milieu vous le dit !

Pourquoi il n'y a pas de médecine du travail dans l'EN comme dans le privé ? C'est quelque chose de scandaleux ça, d'autant plus que c'est un milieu qui par les éléments sus-cités, peut parfois conduire les gens à travailler du chapeau alors qu'ils n'avaient rien demandé au départ. Dans le privé il faut aller se montrer tous les deux ans il me semble, malgré parfois des métiers bien plan plan, et c'est louable. Au lieu de lancer toutes sortes de plans d'une qualité que je ne commenterai pas, le gouvernement ferait mieux de mettre en place une médecine du travail satisfaisante dans le secteur public. Ça ferait travailler du monde pour quelque chose d'utile en plus.

A Tuin a écrit:le gouvernement ferait mieux de mettre en place une médecine du travail satisfaisante dans le secteur public. Ça ferait travailler du monde pour quelque chose d'utile en plus.

Il y a une médecine du travail dans le secteur public. Mais pas partout.

Je ne voulais en aucun cas choquer par mes propos. Je ne dénigre absolument pas la souffrance éprouvée par certains collègues dans des situations que je ne peux pas m'imaginer pour ne pas les avoir vécues.
Je trouve simplement qu'il est vraiment triste qu'un boulot (quelqu'il soit) puisse amener à cette situation extrême...

olive-in-oil a écrit:"Excessive" ??? Comment le procureur de la république peut-il employer un tel terme ??? C'est moi où c'est criant de mépris ??

oui, elle aurait pu se suicider chez elle, proprement, quoi.

De manière globale, indépendamment des cas de suicide toujours difficile à juger... je trouve que l'EN prend peu soin de ses agents...
J'ai eu l'an dernier une collègue dépressive au dernier degré, ayant de gros problèmes de discipline...à qui la seule solution proposée a été ...de ne lui donner que des 6ème (fabuleux pour achever la réputation d'un prof déjà mise à mal!!)

Aller au boulot et aller au front devait être très ressemblant pour elle

je ne comprends pas en quoi soulever la portée symbolique du lieu de travail comme choix est instrumentaliser quoi que ce soit, et encore moins manquer de respect à cette collègue. d'autres le font (France Télécom ou encore cet employé immolé par le feu sur le parking de sa boîte) et sans réduire la complexité de cet acte chacun a souligné le choix du lieu.

Reine Margot a écrit:je ne comprends pas en quoi soulever la portée symbolique du lieu de travail comme choix est instrumentaliser quoi que ce soit, et encore moins manquer de respect à cette collègue. d'autres le font (France Télécom ou encore cet employé immolé par le feu sur le parking de sa boîte) et sans réduire la complexité de cet acte chacun a souligné le choix du lieu.

+1000!

Krokotiili a écrit:Lors de mon année de stage, j'étais si mal, et pourtant, je préparais mon mariage, j'avais une vie privée qui valait le coup ... Et pourtant, pourtant, la pression était si forte, j'étais si mal, tellement mal, que toute cette douleur du boulot prenait le pas sur tout le reste. Et je me souviens, montant les escaliers pour rentrer chez moi, ressentir un vertige, et me dire "si je faisais un vertige, et que je me brisais la nuque, au moins, tout ça serait fini".

Alors qu'on habitait à 100 mètres et qu'on aurait pu se bourrer - thérapeutiquement - la gueule ensemble

philann a écrit:De manière globale, indépendamment des cas de suicide toujours difficile à juger... je trouve que l'EN prend peu soin de ses agents...
J'ai eu l'an dernier une collègue dépressive au dernier degré, ayant de gros problèmes de discipline...à qui la seule solution proposée a été ...de ne lui donner que des 6ème (fabuleux pour achever la réputation d'un prof déjà mise à mal!!)

Aller au boulot et aller au front devait être très ressemblant pour elle

+ 10000;
j'ai eu l'an dernier une collègue dépressive qui a finalement été arrêtée un petit mois, à qui le cde a dit, tout simplement : "vous devez vous reprendre et ne pas vous laisser aller".
Pour la compassion, on repassera.

la dépression passe souvent très mal à l'EN, et pas uniquement aux yeux de la direction.... c'est terrible de voir les regards de pas mal de collègues sur les profs en dépression et/ou qui ne "tiennent" pas leurs classes.

Oiseau phenix a écrit:la dépression passe souvent très mal à l'EN, et pas uniquement aux yeux de la direction.... c'est terrible de voir les regards de pas mal de collègues sur les profs en dépression et/ou qui ne "tiennent" pas leurs classes.

Auprès des parents aussi ! Parce que franchement avec si peu d'heures de labeur et autant de vacances...

oui c'est vrai, je les oubliais.

je me rappelle d'une remarque des élèves que j'ai eus en 1e à propos de leur prof de philo, suite au 1er cours : "il prenait tout le temps des médicaments dans l'heure, il doit être dépressif" (il devait surtout être malade d'une angine ou autre ce jour là mais bon...)

Je suppose que comme la pauvre collègue ne s'est pas immolée sous le préau devant sa classe, mais dans sa salle entre midi et deux, son geste n'est pas parvenu à devenir signe. Elle fera mieux la prochaine fois. En cours d'acquisition



Quoi qu'il en soit, je suis triste pour elle. Et je suis en colère qu'un salaud ait pu écrire ou dire que c'était une prof "excessive", alors qu'elle était arrêtée depuis plus d'un an et venait de reprendre. Salaud, salaud, s alopard. Et on ne devrait pas me modérer, parce que c'est vraiment dégueulasse d'avoir dit ça.

En lisant ça, je me suis dit "tiens encore un chauve du rectorat dans ses oeuvres". Eh non, c'est le procureur... C'est à vomir.

http://www.aisnenouvelle.fr/article/faits-divers-%E2%80%93-justice/une-enseignante-se-pend-dans-sa-classe

littlemary a écrit:Je ne voulais en aucun cas choquer par mes propos. Je ne dénigre absolument pas la souffrance éprouvée par certains collègues dans des situations que je ne peux pas m'imaginer pour ne pas les avoir vécues.
Je trouve simplement qu'il est vraiment triste qu'un boulot (quelqu'il soit) puisse amener à cette situation extrême...

Un petit exemple certes "ancien" mais révélateur .. elle était mariée, maman et future maman....http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Pauillac-Une-institutrice-a-bout-se-suicide-95178

Oiseau phenix a écrit:http://www.aisnenouvelle.fr/article/faits-divers-%E2%80%93-justice/une-enseignante-se-pend-dans-sa-classe

« Le geste dramatique de l'enseignante n'est aucunement consécutif à son travail », explique le commissariat de Soissons qui a démarré une enquête pour déterminer les causes du décès.

Et c'est sans doute parce qu'elle aimait tant son collège qu'elle a choisi ce lieu pour y commettre ce "geste dramatique". Ce genre d'assertion, alors que l'enquête vient de "démarrer", m’écœure au plus haut point. On imagine que l'enquête sera très objective, avec cette déclaration préliminaire.
Sinon, les précédents dans le département, c'est pas deux, c'est trois. La troisième était stagiaire LP avec moi, en 2010-2011.

Notons quand même que, non seulement un représentant syndical (ça c'est attendu) mais aussi le vice-président du CG de l'Aisne pointent au contraire la souffrance au travail des enseignants et dénoncent le silence à ce sujet.

Jean-Luc Lanouilh, vice-président du conseil général de L'Aisne, par ailleurs enseignant au lycée Gay-Lussac de Chauny, s'est exprimé « sans connaître le cas particulier de l'enseignante qui s'est donné la mort » : « Je suis choqué voire traumatisé par cette tragédie. » Dans ce geste désespéré, l'élu voit un résumé de la gravité de la situation dans laquelle se débattent les enseignants : « Leur métier s'est dégradé, ils souffrent de discrédit et ne sont plus respectés. C'est un pilier de la République qui est menacé. » Jean-Luc Lanouilh a également évoqué le découragement et la profonde lassitude chez les enseignants, toutes tranches d'âge confondues.

Oui je trouve "curieux" que le commissaire se prononce immédiatement de manière aussi tranchée pour écarter toute cause professionnelle... C'est complexe ce genre d'acte quand même !!

Oiseau phenix a écrit:Oui je trouve "curieux" que le commissaire se prononce immédiatement de manière aussi tranchée pour écarter toute cause professionnelle... C'est complexe ce genre d'acte quand même !!

Voui. Mais il a dû lire certains msgs ici...

Ca sent quand même la consigne de ne pas affoler les postulants à notre fabuleux métier. Un peu comme les "établissements sans histoire" rabâchés façon Pavlov dès qu'un prof se fait agresser quelque part.

holderfar a écrit:Ca sent quand même la consigne de ne pas affoler les postulants à notre fabuleux métier. Un peu comme les "établissements sans histoire" rabâchés façon Pavlov dès qu'un prof se fait agresser quelque part.

j'allais écrire + 1000, mais en fait
VOyons quelqu'un qui s'engage par vocation pour une noble cause ne peut pas mourir de ses conditions de survie lors de la croisade...ce serait si étonnant!