- Invité-BHabitué du forum
Dans les jours qui viennent, je dois préparer un document interne sur la paupérisation des enseignants et la baisse de notre pouvoir d'achat. Cette évolution sera mise en parallèle avec la dégradation des conditions d'enseignement.
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos? Ou des éléments qu'il vous paraît indispensable de ne pas omettre?
Merci pour tout avis.
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos? Ou des éléments qu'il vous paraît indispensable de ne pas omettre?
Merci pour tout avis.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Bel-Ami a écrit:
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos?
Les mails avec mon banquier, ça compte?
- LefterisEsprit sacré
Pour la situation financière, la comparaison de l'évolution en regard des corps similaires de la fonction publique (donc les catégories A et A+ ) dans les dernière décennies ne doit pas être omise, il y a là des éléments extrêmement précis à relever. Les évolutions des grilles indiciaires des uns, la staqnation des autres , les régimes indemnitaires.Bel-Ami a écrit:Dans les jours qui viennent, je dois préparer un document interne sur la paupérisation des enseignants et la baisse de notre pouvoir d'achat. Cette évolution sera mise en parallèle avec la dégradation des conditions d'enseignement.
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos? Ou des éléments qu'il vous paraît indispensable de ne pas omettre?
Merci pour tout avis.
Pour la dégradation des conditions d'enseignements, les critères sont plus subjectifs , mais on peut s'orienter vers le collège unique qui amène un "public" scolaire difficile et parfois peu à sa place (y compris au lycée par contrecoup) , la multiplication des classes liée à la diminution les horaires disciplinaires, l'empilement de tâches ( livrets, informatique, Histoire des arts) , y compris parfois administratives.
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- alberto79Habitué du forum
Pour les MCF vous avez les très bons graphiques de Nicolas Tentillier. Particulièrement frappant est celui qui montre le rapport du salaire Brut des Maîtres de Conférences au 1er échelon sur le SMIC Brut depuis 1984 ou l´évolution du Salaire Brut des MCF 1er Echelon (Salaire de départ) en Euros Constants de 2008. Des graphiques semblables pour les collègues du secondaire pourraient être intéressants.
Vid. http://nicolas.tentillier.free.fr/Salaires/index.html
Vid. http://nicolas.tentillier.free.fr/Salaires/index.html
- ParatgeNeoprof expérimenté
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/ses/pages/lessalairesdesprofs.aspx
- AuroreEsprit éclairé
Une étude exhaustive :
http://ces.univ-paris1.fr/membre/Gary-Bobo/fonctionnaires06e.pdf
http://ces.univ-paris1.fr/membre/Gary-Bobo/fonctionnaires06e.pdf
- Roumégueur IerÉrudit
Et n'oubliez pas que les études les plus 'fraîches' ont au moins 3 ans de retard sur la situation actuelle. N'y figurent donc pas le rognage dû à l'augmentation de la CSG, la refiscalisation des heures supplémentaires, et en parallèle, un temps de travail qui ne fait que croître (LPC, histoire de l'art, le mercredi matin à (re)venir...). La situation a entraîné une baisse sans précédent des candidats aux concours et certains jeunes élèves n'hésitent même plus à nous dire en cours que l'on gagne mal notre vie (sous-entendu, on est vraiment trop c...)
Sans indexation d'autorité sur l'inflation et sans augmentation du point d'indice, nous sommes voués à la paupérisation vitesse grand V.
Sans indexation d'autorité sur l'inflation et sans augmentation du point d'indice, nous sommes voués à la paupérisation vitesse grand V.
- Invité-BHabitué du forum
Merci pour toutes ces pistes de réflexion. Je m'y attelle cette semaine!
- NuitsFidèle du forum
Une piste: travailler coûte de plus en plus cher !
Plus de réunions et autres joyeusetés signifie pour beaucoup plus de frais de garde pour les enfants. Plus de convocations à des formations et / ou plus de collègues sur plusieurs etb = plus de frais de déplacements ( obligation d'avoir une voiture, augmentation du prix de l'essence ). Enfin, l'obligation de s'équiper en matériel informatique et connection internet.
Plus de réunions et autres joyeusetés signifie pour beaucoup plus de frais de garde pour les enfants. Plus de convocations à des formations et / ou plus de collègues sur plusieurs etb = plus de frais de déplacements ( obligation d'avoir une voiture, augmentation du prix de l'essence ). Enfin, l'obligation de s'équiper en matériel informatique et connection internet.
_________________
C'est dans l'intérêt de l'enfant.
- meskiangasherNiveau 9
Aurore a écrit:Une étude exhaustive :
http://ces.univ-paris1.fr/membre/Gary-Bobo/fonctionnaires06e.pdf
L'objet de cette étude est l'évolution du pouvoir d'achat des fonctionnaires entre 1960 et 2004.
Les auteurs ne se sont attardés sur le traitement des enseignants qu'à cause de la faible partie indemnitaire, ce qui permet des comparaisons plus simples, le système de primes étant assez opaque et difficilement étudiable.
Il est constaté une baisse sensible du pouvoir d'achat sur cette période, même pas compensée par les revalorisations (type création de la hors-classe). Les raisons sont l'insuffisante réévaluation de la valeur du point d'indice, érodée graduellement par l'inflation, surtout à partir de la rigueur de 1983, et la hausse des cotisations sociales. L'avancement à l'ancienneté sert d'anesthésiant (une belle image est employée : le fait de monter un escalator qui descend), la baisse peut ainsi être relativement indolore pour une personne donnée, mais elle est frappante lorsqu'on compare des générations successives.
La suite de ce rapport ressemble beaucoup à une commande droitière.
Ils estiment que cet état de fait entraîne une démotivation du personnel (l'impact financier des promotions est moins évident, la grille des salaires est plus resserrée, l'évaluation par la hiérarchie a moins d'impact) et une perte d'attractivité des métiers (qui n'attirent plus les meilleurs), d'où une décadence (sic) du système à long terme.
Les auteurs essaient d'expliquer pourquoi cela a pu se produire. La raison première est la contrainte budgétaire, bien sûr, mais ils expliquent la faible mobilisation syndicale en partie par l'existence de contreparties non financières. Par exemple un travail plus facile (je vous laisse juge !) : des classes moins chargées pour certains (ils constatent une augmentation des moyens sur une période sans une hausse identique du nombre d'élèves) à cause d'options à faibles effectifs, de dédoublements, etc. Ou aussi des efforts fournis par les agents moins importants en contrepartie (je vous laisse aussi juge). Ils évoquent aussi une féminisation des métiers d'enseignants (plus souvent femmes de cadres, et recherchant plus le temps libre que l'argent).
Je suis conscient que mon résumé n'est que partiel, le texte est intéressant, je vous en conseille la lecture intégrale.
Mais l'objet de mon post est plutôt de vous alerter sur l'aspect de commande droitière de cette étude, comme je l'ai dit plus haut.
Plutôt que de voir la réévaluation du point d'indice comme une solution, et persuadés que la rigueur budgétaire est inéluctable, les auteurs proposent carrément de liquider le statut et les carrières. Dans leur esprit un recrutement décentralisé, par des chefs locaux ayant pouvoir de licencier et de fixer les rémunérations (en fonction du marché et au mérite) et qui seraient pleinement responsables de leur budget et des résultats (en supposant l'existence d'une évaluation externe) permettrait d'éviter les travers constatés plus haut. Bref, un système à l'américaine, sans qu'il soit expliqué clairement comment lutter contre ses travers ("spoil system", népotisme, inégalités territoriales, etc.).
PS : Les auteurs sont universitaires et donc sûrement fonctionnaires. Pourquoi crachent-ils donc dans la soupe (qui est améliorable pour tous, la rigueur ne découle que d'un choix idéologique de la classe dominante) ? Sont-ils convaincus d'être les meilleurs et donc les plus à même de profiter d'une réforme (paie au mérite, etc.) ?
- User5899Demi-dieu
Ben, un élément objectif très simple : point d'indice bloqué depuis trois ans avec cotisations sociales en hausse ---> baisse du traitement netBel-Ami a écrit:Dans les jours qui viennent, je dois préparer un document interne sur la paupérisation des enseignants et la baisse de notre pouvoir d'achat. Cette évolution sera mise en parallèle avec la dégradation des conditions d'enseignement.
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos? Ou des éléments qu'il vous paraît indispensable de ne pas omettre?
Merci pour tout avis.
- Invité-BHabitué du forum
Cripure a écrit:Ben, un élément objectif très simple : point d'indice bloqué depuis trois ans avec cotisations sociales en hausse ---> baisse du traitement netBel-Ami a écrit:Dans les jours qui viennent, je dois préparer un document interne sur la paupérisation des enseignants et la baisse de notre pouvoir d'achat. Cette évolution sera mise en parallèle avec la dégradation des conditions d'enseignement.
Connaissez-vous des sources particulièrement pertinentes à ce propos? Ou des éléments qu'il vous paraît indispensable de ne pas omettre?
Merci pour tout avis.
Donc à propos de la baisse du traitement net :
*augmentation RAFP (retraite additionnelle fonction publique).
*CSG
*Future hausse de TVA.
*refiscalisation des heures supplémentaires (hors traitement mais diminuant néanmoins notre pouvoir d'achat).
*Inflation (compte tenu du gel du point d'indice, c'est une perte sèche).
Est-ce que j'oublie d'autres prélèvements?
- PandorafaFidèle du forum
Il serait aussi intéressant d'évoquer le fait que les indémnités pour les TZR sont de moins en moins accordées qu'avant : restrictions des conditions pour avoir droit aux frais de repas et frais de déplacement, quand certains de mes collègues font 3 établissements dans la journée !!!
Comme le dit Nuit, se rendre au travail, surtout pour les TZR ou les collègues sur plusieurs établissements, peu coûter tres cher, 200 à 300 euros de frais pour certains.
Ajouter à cela qu'en dehors des frais réels, qu'on ne peut faire jouer que s'ils dépassent les 10% d'abattement que tout le monde a, même quand on ne dépense rien pour son taf, restent à notre charge l'équipement (ordi, imprimante), nos fournitures, nos cartouches d'encre.
A ce sujet, existe-t-il un texte qui oblige notre gestionnaire à nous fournir du matériel pour construire des panneaux d'affichages avec les élèves (feuilles canson de couleur, colle, impressions couleur, scotch ?) ?
Comme le dit Nuit, se rendre au travail, surtout pour les TZR ou les collègues sur plusieurs établissements, peu coûter tres cher, 200 à 300 euros de frais pour certains.
Ajouter à cela qu'en dehors des frais réels, qu'on ne peut faire jouer que s'ils dépassent les 10% d'abattement que tout le monde a, même quand on ne dépense rien pour son taf, restent à notre charge l'équipement (ordi, imprimante), nos fournitures, nos cartouches d'encre.
A ce sujet, existe-t-il un texte qui oblige notre gestionnaire à nous fournir du matériel pour construire des panneaux d'affichages avec les élèves (feuilles canson de couleur, colle, impressions couleur, scotch ?) ?
- AuroreEsprit éclairé
Merci beaucoup pour cet éclairage.meskiangasher a écrit:Aurore a écrit:Une étude exhaustive :
http://ces.univ-paris1.fr/membre/Gary-Bobo/fonctionnaires06e.pdf
L'objet de cette étude est l'évolution du pouvoir d'achat des fonctionnaires entre 1960 et 2004.
Les auteurs ne se sont attardés sur le traitement des enseignants qu'à cause de la faible partie indemnitaire, ce qui permet des comparaisons plus simples, le système de primes étant assez opaque et difficilement étudiable.
Il est constaté une baisse sensible du pouvoir d'achat sur cette période, même pas compensée par les revalorisations (type création de la hors-classe). Les raisons sont l'insuffisante réévaluation de la valeur du point d'indice, érodée graduellement par l'inflation, surtout à partir de la rigueur de 1983, et la hausse des cotisations sociales. L'avancement à l'ancienneté sert d'anesthésiant (une belle image est employée : le fait de monter un escalator qui descend), la baisse peut ainsi être relativement indolore pour une personne donnée, mais elle est frappante lorsqu'on compare des générations successives.
La suite de ce rapport ressemble beaucoup à une commande droitière.
Ils estiment que cet état de fait entraîne une démotivation du personnel (l'impact financier des promotions est moins évident, la grille des salaires est plus resserrée, l'évaluation par la hiérarchie a moins d'impact) et une perte d'attractivité des métiers (qui n'attirent plus les meilleurs), d'où une décadence (sic) du système à long terme.
Les auteurs essaient d'expliquer pourquoi cela a pu se produire. La raison première est la contrainte budgétaire, bien sûr, mais ils expliquent la faible mobilisation syndicale en partie par l'existence de contreparties non financières. Par exemple un travail plus facile (je vous laisse juge !) : des classes moins chargées pour certains (ils constatent une augmentation des moyens sur une période sans une hausse identique du nombre d'élèves) à cause d'options à faibles effectifs, de dédoublements, etc. Ou aussi des efforts fournis par les agents moins importants en contrepartie (je vous laisse aussi juge). Ils évoquent aussi une féminisation des métiers d'enseignants (plus souvent femmes de cadres, et recherchant plus le temps libre que l'argent).
Je suis conscient que mon résumé n'est que partiel, le texte est intéressant, je vous en conseille la lecture intégrale.
Mais l'objet de mon post est plutôt de vous alerter sur l'aspect de commande droitière de cette étude, comme je l'ai dit plus haut.
Plutôt que de voir la réévaluation du point d'indice comme une solution, et persuadés que la rigueur budgétaire est inéluctable, les auteurs proposent carrément de liquider le statut et les carrières. Dans leur esprit un recrutement décentralisé, par des chefs locaux ayant pouvoir de licencier et de fixer les rémunérations (en fonction du marché et au mérite) et qui seraient pleinement responsables de leur budget et des résultats (en supposant l'existence d'une évaluation externe) permettrait d'éviter les travers constatés plus haut. Bref, un système à l'américaine, sans qu'il soit expliqué clairement comment lutter contre ses travers ("spoil system", népotisme, inégalités territoriales, etc.).
PS : Les auteurs sont universitaires et donc sûrement fonctionnaires. Pourquoi crachent-ils donc dans la soupe (qui est améliorable pour tous, la rigueur ne découle que d'un choix idéologique de la classe dominante) ? Sont-ils convaincus d'être les meilleurs et donc les plus à même de profiter d'une réforme (paie au mérite, etc.) ?
- Invité-BHabitué du forum
A ajouter, je crois :
-augmentation du taux de prélèvement MGEN.
-journée de carence.
-augmentation du taux de prélèvement MGEN.
-journée de carence.
- Roumégueur IerÉrudit
Si tu n'en a pas encore marre de toutes ces infos, voici quelques liens :
http://www.lemonde.fr/education/article/2011/09/13/trois-lecons-de-l-ocde-sur-le-salaire-des-enseignants_1571413_1473685.html
http://www.ifrap.org/Comparaison-de-remuneration-entre-cadres-du-public-et-du-prive,972.html
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/en-france-les-profs-sont-moins-payes-que-les-autres_262327.html
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF04155
http://www.lemonde.fr/education/article/2011/09/13/trois-lecons-de-l-ocde-sur-le-salaire-des-enseignants_1571413_1473685.html
http://www.ifrap.org/Comparaison-de-remuneration-entre-cadres-du-public-et-du-prive,972.html
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/en-france-les-profs-sont-moins-payes-que-les-autres_262327.html
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF04155
- Invité-BHabitué du forum
Je vous soumets un premier jet.
Avant cela, plusieurs remarques :
-je suis limité à deux pages, donc plein d'infos ont dû être mises de côté.
-J'ai essayé de prendre en compte le maximum de vos remarques. En revanche, ce document concerne les enseignants de l'Université de Rouen, il n'est donc pas possible d'évoquer les statuts tels que les TZR.
-Les sources seront bien évidemment citées.
Voilà, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques.
Avant cela, plusieurs remarques :
-je suis limité à deux pages, donc plein d'infos ont dû être mises de côté.
-J'ai essayé de prendre en compte le maximum de vos remarques. En revanche, ce document concerne les enseignants de l'Université de Rouen, il n'est donc pas possible d'évoquer les statuts tels que les TZR.
-Les sources seront bien évidemment citées.
Voilà, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques.
A l'heure où Vincent Peillon propose de mettre sur la table la question de la rémunération des enseignants dès janvier 2013 en échange d' « une redéfinition du métier », il convient de rappeler quelques éléments relatifs à un phénomène bien souvent tabou : la paupérisation des enseignants et l'érosion de notre pouvoir d'achat.
Depuis 30 ans, 1983 pour être précis et le fameux «tournant de la rigueur », l'évolution de nos rémunérations mise en parallèle de celle de nos conditions de travail est alarmante.
I.Le salaire lui-même.
*Une étude indépendante effectuée par trois économistes de l'Université Paris 1 montre une baisse de plus de 20% du pouvoir d'achat des professeurs du secondaire depuis 1981.
(source : étude BOUZIDI, JAAIDANE, GARY-BOBO révisée en 2007).
*Un professeur terminant sa carrière au 11ème échelon de la classe normale perçoit un salaire réel inférieur de 20% à ce qu'il était en 1981.
*Par comparaison, pendant le même temps, le pouvoir d'achat du salarié moyen a augmenté de 16% et le SMIC de 24 % .
II.Les conditions de travail.
Ces chiffres, particulièrement éloquents déjà, le deviennent plus encore quand on considère que simultanément le temps de travail du salarié moyen a baissé de 15% (5ème semaine de congés payés en 1981 ; passage aux 35 heures hebdomadaires). Celui des enseignants n'a, en parallèle pas diminué (le décret Lang 93-461 du 25 mars 93 définissant le statut des Prag-Prce étant antérieur au passage aux trente-cinq heures), voire augmenté (rentrée plus précoce, charges administratives accrues, jours fériés non pris en compte dans le calcul du nombre d'heures effectuées...).
Ainsi, en prenant en compte les diminutions salariales ainsi que l'évolution du temps de travail, on estime que le salaire relatif d'un professeur du secondaire a baissé de 42% depuis 1981 !
Ajoutons à cela le rognage sur les heures complémentaires, des effectifs ne permettant pas un travail correct (40 étudiants en TD d'anglais en Fac de Sciences par exemple), des enseignants devant eux-mêmes acheter le matériel informatique nécessaire à leurs cours, des enseignements effectuées dans des amphithéâtres glacés (il est courant de garder son manteau pour enseigner dans certaines composantes) ou des salles de TP à 15 degrés ou moins ce qui pose en plus le problème de la sécurité dans des disciplines telles que la chimie, une rémunération symbolique des stages comparativement au travail requis, une impossibilité d'avoir accès aux maigres avantages des collègues de lycée (heures de première chaire, prime de professeur principal...)...la dégradation des conditions de travail semble aller de pair avec la dégradation des conditions salariales des enseignants.
III.L'accélération de la dégradation.
Les dernières années ont été particulièrement difficiles sur le plan financier pour les enseignants et le changement de gouvernement ne semble en rien avoir modifié cela. Pour quelles raisons ?
*Un gel du point d'indice depuis 2010. En parallèle, l'inflation 2010 fut de 1,5% ; 2,1% en 2011 et attendue à 2% pour 2012 .
*Des prélèvements toujours plus importants : Retraite Additionnelle de la Fonction Publique (augmentation de 7,42% de 2005 à 2012) ; CSG …
*Refiscalisation des heures supplémentaires. Bien qu'elles ne constituaient en rien une revalorisation salariale, la défiscalisation des heures supplémentaires était le seul avantage social récent dont ont pu bénéficier les enseignants dans les dernières années.
Rappelons d'ailleurs qu'une heure supplémentaire dans l'enseignement supérieur est payée 40,91 euros par heure de TD et comptabilisée pour 4,17 heures de travail. On arrive ainsi à un salaire horaire de 9,81 euros avant impôts (ce qui après impôts passe le taux horaire largement sous le seuil du SMIC).
*Augmentation des prélèvements MGEN au 1er janvier 2012.
*Journée de carence de la fonction publique.
*Ajoutons à cela la prochaine augmentation de la TVA (et possiblement de la CSG)...
IV.Deux éléments de comparaison
*Pour les enseignants du second degré, en 2010, le salaire moyen (hors primes et heures supplémentaires) est de 26400 euros nets annuels en France contre 30700 en moyenne dans l'OCDE. Soit un écart de plus de 16%.
*Le statut des enseignants est assimilé au statut cadre. Pourtant, le site emploipublic.fr donne ces valeurs pour la rémunération des cadres (traitement + primes + indemnités) :
4083 euros mensuels pour un cadre du secteur privé ;
3707 pour les cadres de l'état hors enseignants ;
3579 pour les cadres administratifs et de direction des établissements publics de santé ;
3117 pour les cadres de la fonction publique territoriale ;
2423 pour les enseignants.
V.Perspectives.
Dès janvier 2013, s'ouvriront les négociations relatives au salaire des enseignants.
A la lumière des éléments précédents, il paraît clair qu'une revalorisation salariale massive s'impose. Mais surtout il faudra prendre garde : « la redéfinition du métier » évoquée par Vincent Peillon ne doit pas être l'arbre cachant la forêt. Nous ne saurions accepter un accroissement de notre charge de travail en échange de clopinettes.
Il se murmure que l'objectif caché de cette annonce de discussion, étrangement concomitante au début de la campagne de recrutement de l'Education Nationale, serait de créer un nouveau statut pour les néo-entrants avec un service plus important en contrepartie de salaires plus élevés : ce serait évidemment inacceptable. Diviser pour mieux régner, c'est vieux comme le monde.
La paupérisation des enseignants est bien une réalité. La dégradation de nos conditions d'enseignement également. Le respect des nouvelles générations pour leurs enseignants restera une chimère tant que nos conditions salariales ne seront pas dignes. Quelle crédibilité avons-nous à prétendre former des jeunes à un métier quand nous-mêmes n'arrivons pas à boucler nos fins de mois ? La question de la revalorisation des enseignants apparaît, pour toutes ces raisons, un impératif immédiat et l'une des conditions sine qua none du retour à une certaine respectabilité.
- NuitsFidèle du forum
Je n'ai pas encore tout lu, et n'ai pas le temps de te répondre sur le fond mais attention, il y a une grosse faute: " dont on put bénéficier les enseignants"
_________________
C'est dans l'intérêt de l'enfant.
- Invité-BHabitué du forum
Oups...Le t de ont s'est décalé pour je ne sais quelle raison...(j'ai rectifié).
- Roumégueur IerÉrudit
Finalement, ça me fout le moral au fond des chaussettes...
- archebocEsprit éclairé
meskiangasher a écrit:PS : Les auteurs sont universitaires et donc sûrement fonctionnaires. Pourquoi crachent-ils donc dans la soupe (qui est améliorable pour tous, la rigueur ne découle que d'un choix idéologique de la classe dominante) ? Sont-ils convaincus d'être les meilleurs et donc les plus à même de profiter d'une réforme (paie au mérite, etc.) ?
Ils sont probablement de gauche, et économistes.
Ils ont fait tourné leur modèle, ils nous fournissent leur résultat. Ils sont très fier de leur intelligence, qui a réussi à fournir ce beau travail malgré le frein qu'y mettait leurs convictions et sans doute leur intérêt pécuniaire. Je ne peux pas leur en vouloir, je les admire même un peu.
Et je les plains - ils ne se rendent pas compte des limites de leur "science".
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