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- AuroreEsprit éclairé
Au fait, est-ce que quelqu'un aurait un lien sur ce point précis ?Schéhérazade a écrit:
Là nous sommes confrontés à une idéologie (celle de Lisbonne, des 90 % d'ilotes)
- doublecasquetteEnchanteur
Le lien entre école utilitaire et libéralisme me semble plus que sujet à débat. Il n'y a pas que les libéraux pour vouloir une école utilitaire ou c'est tout au moins un débat strictement français et je crois avoir compris que nous sommes tous d'accord, d'ailleurs, sur le fait que le libéralisme à la française n'est pas franchement ce qu'on peut appeler libéralisme.
Mon grand-père, né en 1904 (1904, hein ? C'est pas du tout neuf),( juif ) allemand d'origine,journaliste, militant du Front popu, socialiste SFIO et franc-maçon, avait de l'école une vision très pragmatique et pratique et l'intellectualisme de l'école à la française le faisait finement sourire. Il n'était pas homme à chercher conflits et querelles mais je sais que, par exemple, le fait que ses petits-enfants étudient le latin lui semblait une effroyable perte de temps et d'énergie à des fadaises inutiles.
Et pourtant, il s'agissait d'un homme totalement "intellectuel", inapte à toute forme de travail manuel, très convenablement diplômé pour sa génération (Abitur + 4 ou 5) et doté d'une belle culture générale.
Quant à mon frère aîné totalement américanisé (démocrate), il nie à présent l'importance de l'enseignement humaniste qu'il a reçu au Lycée et en prépa et pense qu'on aurait mieux fait de le concentrer sur math-physique-chimie-anglais pratique dès la Seconde en évitant de lui faire perdre du temps à des fadaises.
Je crois bien que dans une foultitude de pays, nos débats et inquiétudes seraient totalement incompréhensibles hors de quelques chaires universitaires où on maîtrise l'histoire de France.
DC véto
Mon grand-père, né en 1904 (1904, hein ? C'est pas du tout neuf),( juif ) allemand d'origine,journaliste, militant du Front popu, socialiste SFIO et franc-maçon, avait de l'école une vision très pragmatique et pratique et l'intellectualisme de l'école à la française le faisait finement sourire. Il n'était pas homme à chercher conflits et querelles mais je sais que, par exemple, le fait que ses petits-enfants étudient le latin lui semblait une effroyable perte de temps et d'énergie à des fadaises inutiles.
Et pourtant, il s'agissait d'un homme totalement "intellectuel", inapte à toute forme de travail manuel, très convenablement diplômé pour sa génération (Abitur + 4 ou 5) et doté d'une belle culture générale.
Quant à mon frère aîné totalement américanisé (démocrate), il nie à présent l'importance de l'enseignement humaniste qu'il a reçu au Lycée et en prépa et pense qu'on aurait mieux fait de le concentrer sur math-physique-chimie-anglais pratique dès la Seconde en évitant de lui faire perdre du temps à des fadaises.
Je crois bien que dans une foultitude de pays, nos débats et inquiétudes seraient totalement incompréhensibles hors de quelques chaires universitaires où on maîtrise l'histoire de France.
DC véto
- AuroreEsprit éclairé
Donc si je vous suis bien, le très secondaire débat franco-français sur l'éducation serait mené dans un pays où le libéralisme ne s'appliquerait que très partiellement - trop peu aux yeux de certains. Tiens tiens, n'y aurait-il pas là un lien de cause à effet ?doublecasquette a écrit: Le lien entre école utilitaire et libéralisme me semble plus que sujet à débat. Il n'y a pas que les libéraux pour vouloir une école utilitaire ou c'est tout au moins un débat strictement français et je crois avoir compris que nous sommes tous d'accord, d'ailleurs, sur le fait que le libéralisme à la française n'est pas franchement ce qu'on peut appeler libéralisme.
Certes, il n'y a pas que les libéraux actuels pour vouloir une école utilitaire : les Montagnards ou les bolcheviks étaient sur la même ligne, bien que pour des raisons différentes. Mais la subordination de l'individu - que ce soit à l'entreprise, à la société ou à la collectivité - a été et demeure la ligne d'horizon de l'ensemble des décideurs partisans de l'école utilitaire, gestionnaires libéraux et pédagos "de gauche" confondus (je ne parle pas de votre grand-père... ). Pour leur part, Condorcet et ses héritiers poursuivaient un objectif diamétralement opposé, l'instruction étant la condition sine qua non de la réalisation pleine et entière de la liberté du sujet - celle-ci étant le but ultime. Il s'agit là d'émanciper des individus égaux sur un plan juridique en visant autant que possible la réalisation des dons et facultés de chacun, cette émancipation étant enfin la condition nécessaire pour l'établissement d'une démocratie.
L'argument du nombre - "regardez ce que font tous nos voisins européens !", clament en choeur nos médias - me paraît inconsistant. Toutes les politiques économiques libérales de ces vingt dernières années tant encensées par les commentateurs autorisés (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Portugal, ou le prétendu "dragon" irlandais :lol:) ont littéralement explosé en vol - et le niveau de vie des populations avec. Il en est de même pour le modèle de formation dominant, à savoir anglo-saxon... Voyez ce qu'on demande actuellement aux jeunes Anglais ou Américains à la fin de leurs études secondaires, ou bien le mode de recrutement des étudiants des facs de l'Ivy League ou d'Oxford...doublecasquette a écrit:Je crois bien que dans une foultitude de pays, nos débats et inquiétudes seraient totalement incompréhensibles hors de quelques chaires universitaires où on maîtrise l'histoire de France.
Non. Hannah Arendt n'était pas française, que je sache. Et n'oublions pas que l'enseignement humaniste à la française avait un rayonnement immense à une certaine époque, quand l'Europe parlait français, pour citer Marc Fumaroli. C'est aussi ce type d'enseignement qui a permis à de nombreux citoyens des pays de l'Est de dépasser et de neutraliser le formatage idéologique dont on les abreuvait continuellement.
L'important n'est-il pas de pousser chacun - quelle que soit son origine sociale et son milieu d'origine - au plus haut de ses capacités, qu'elles soient plutôt intellectuelles ou pratiques ? Je doute que votre frère aîné, s'il réside aux États-Unis, puisse donner à ses enfants (s'il en a) une instruction du niveau de celle encore (mais de moins en moins) pratiquée en France, sauf au prix d'un effort financier colossal - et encore...doublecasquette a écrit:Mon grand-père, né en 1904 (1904, hein ? C'est pas du tout neuf),( juif ) allemand d'origine,journaliste, militant du Front popu, socialiste SFIO et franc-maçon, avait de l'école une vision très pragmatique et pratique et l'intellectualisme de l'école à la française le faisait finement sourire. Il n'était pas homme à chercher conflits et querelles mais je sais que, par exemple, le fait que ses petits-enfants étudient le latin lui semblait une effroyable perte de temps et d'énergie à des fadaises inutiles.
Et pourtant, il s'agissait d'un homme totalement "intellectuel", inapte à toute forme de travail manuel, très convenablement diplômé pour sa génération (Abitur + 4 ou 5) et doté d'une belle culture générale.
Quant à mon frère aîné totalement américanisé (démocrate), il nie à présent l'importance de l'enseignement humaniste qu'il a reçu au Lycée et en prépa et pense qu'on aurait mieux fait de le concentrer sur math-physique-chimie-anglais pratique dès la Seconde en évitant de lui faire perdre du temps à des fadaises.
Condorcet disait à raison - je n'ai plus la citation sous la main - que la perte de la moindre parcelle du talent d'un individu était irréparable.
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