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- MauvetteÉrudit
Bonsoir à tous,
Je m'adresse à vous car il m'est arrivée une (més)aventure dans la semaine qui m'interroge et je voulais vous la soumettre.
10h, la récré. Je descends tranquillement l'escalier lorsque j'entends deux élèves derrière moi. Une élève de 6e dont je suis prof principale commence à crier : "Mme Mauvette, Mme Mauvette" et se précipite sur moi en courant. J'étais sur le point de la reprendre car elle n'a pas à courir dans les couloirs, lorsqu'elle recommence : "Mme Mauvette, je veux vous faire un bisou ! Je veux vous faire un bisou !" en s'approchant très près de mon visage.
Sur le moment, je me suis retirée, assez brusquement, avant de lui dire que je ne voulais pas, que nous n'étions pas copine. Celle-ci m'a parut triste mais elle avait l'air de comprendre.
Abasourdie, j'entre en salle des profs et je raconte l'aventure à deux de mes collègues : l'une me dit qu'elle aurait réagi comme moi, et l'autre, un homme, me dit que ce n'était pas méchant, qu'il n'y a pas à en faire toute une histoire, et que j'aurais tout aussi bien fait d'accepter.
Et finalement, plus que la réaction de la petite, et surtout, son empressement et son insertion dans ma "bulle d'intimité", ce sont ces propos qui me gênent et me posent question.
Auriez-vous, comme moi, refusé ? Ou bien, suis-je trop timorée vis-à-vis de ce genre d'intrusion ?
Vos avis m'intéressent...
Je m'adresse à vous car il m'est arrivée une (més)aventure dans la semaine qui m'interroge et je voulais vous la soumettre.
10h, la récré. Je descends tranquillement l'escalier lorsque j'entends deux élèves derrière moi. Une élève de 6e dont je suis prof principale commence à crier : "Mme Mauvette, Mme Mauvette" et se précipite sur moi en courant. J'étais sur le point de la reprendre car elle n'a pas à courir dans les couloirs, lorsqu'elle recommence : "Mme Mauvette, je veux vous faire un bisou ! Je veux vous faire un bisou !" en s'approchant très près de mon visage.
Sur le moment, je me suis retirée, assez brusquement, avant de lui dire que je ne voulais pas, que nous n'étions pas copine. Celle-ci m'a parut triste mais elle avait l'air de comprendre.
Abasourdie, j'entre en salle des profs et je raconte l'aventure à deux de mes collègues : l'une me dit qu'elle aurait réagi comme moi, et l'autre, un homme, me dit que ce n'était pas méchant, qu'il n'y a pas à en faire toute une histoire, et que j'aurais tout aussi bien fait d'accepter.
Et finalement, plus que la réaction de la petite, et surtout, son empressement et son insertion dans ma "bulle d'intimité", ce sont ces propos qui me gênent et me posent question.
Auriez-vous, comme moi, refusé ? Ou bien, suis-je trop timorée vis-à-vis de ce genre d'intrusion ?
Vos avis m'intéressent...
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Je vais bien, ne t'en fais pas
- DerborenceModérateur
J'aurais réagi comme toi.
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- LoraNeoprof expérimenté
Moi aussi, j'aurais refusé. Et pourtant, je suis assez proche des élèves : ils me racontent certaines choses, moi aussi, surtout quand je les connais et qu'on a fait un voyage ensemble. Mais je ne fais la bise, à la limite, qu'à des anciens élèves qui ne sont plus dans l'établissement.
- caperucitaGuide spirituel
Je crois aussi que j'aurais eu un mouvement de recul. L'autre jour, je m'approche de la table d'un élève, pour regarder son exercice. Je suis face à la table. Là, l'élève pointe son doigt vers mon ventre, et s'approche à trois quatre cm !! J'ai eu un mouvement de recul instinctif, surtout que c'est un élève souvent agité, impulsif. Ma réaction l'a surpris et l'a fait rire, car il n'allait rien faire, d'après lui, mais je lui ai expliqué qu'il n'avait pas à toucher mon ventre ! :shock:
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Premier néo-commandement : Je ne mettrai point de S au futur !!!
Par contre,si j'avais un marteau, je cognerais le jour, je cognerais la nuit, j'y mettrais tout mon coeur !
- ProvenceEnchanteur
Un bisou? Il faut qu'elle grandisse, cette petite. Je ne l'aurais pas accepté non plus.
- MauvetteÉrudit
Vous partagez mon ressenti. Je ne suis donc pas une extraterrestre...
Et oui, Provence, cette élève devrait grandir un peu : elle m'appelle constamment soit "maitresse", soit "maman", mais ça, ça me fait plutôt sourire.
Et oui, Provence, cette élève devrait grandir un peu : elle m'appelle constamment soit "maitresse", soit "maman", mais ça, ça me fait plutôt sourire.
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Je vais bien, ne t'en fais pas
- MelanieSLBDoyen
Elle est habituée à faire des bisous à sa maîtresse, je n'y vois rien d'inquiétant, mais je refuse également (ça fait 2 ans que j'ai des 6e segpa, au début, ça leur arrive - en même temps que les dessins pour leur maîtressse, que j'accepte eux).
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La réforme du collège en clair : www.reformeducollege.fr .
Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
- CeladonDemi-dieu
Les "petits" 6ème que j'ai eus l'an passé se précipitent pour me faire la bise quand je traverse leur cour et me tenir au courant de leurs notes. J'accepte. Pourtant je ne suis pas bisou-bisou, mais je ne me vois pas les repousser. Je pense que si j'enseignais en 6ème, je réagirais différemment, mais je ne serais peut-être pas sollicitée sur ce terrain-là non plus.
Quant aux segpa, je pense que ce sont des enfants qui ont du mal à grandir dans leur tête aussi, que les relations entre individus n'ont pas été forcément bien posées à leur place quand il le fallait et qu'ils sont restés dans l'émotionnel bien souvent. Perso, j'aurais accepté. Mais ce n'est que mon point de vue.
Quant aux segpa, je pense que ce sont des enfants qui ont du mal à grandir dans leur tête aussi, que les relations entre individus n'ont pas été forcément bien posées à leur place quand il le fallait et qu'ils sont restés dans l'émotionnel bien souvent. Perso, j'aurais accepté. Mais ce n'est que mon point de vue.
- Reine MargotDemi-dieu
on peut lui expliquer gentiment que le collège ce n'est pas pareil qu'à la petite école, que le professeur ce n'est pas la même chose qu'avec la maîtresse, et qu'elle est grande maintenant...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- marjoDoyen
Moi aussi j'aurais refusé. Dans un registre différent, j'ai un élève d'ULIS, désormais intégré dans ma classe, qui veut me serrer la main au début de chaque cours : je lui répète à chaque fois gentiment, mais fermement, que l'on ne fait pas cela.
- roxanneOracle
Mais même en primaire, j'ai un doute sur le fait qu'ils fassent des bisous à leurs instits. Le PE de mon neveu qui est en MS refuse d'embrasser les enfants. Donc, quand même en 6°,un enfant doit faire la différence. Il me semble qu'on arrive à une génération qui mélange tout. Par contre, qu'un élève d'ULIS me serre la main, au moins au début de son intégration, ça me gênerait moins.
- RikkiMonarque
roxanne a écrit:Mais même en primaire, j'ai un doute sur le fait qu'ils fassent des bisous à leurs instits. Le PE de mon neveu qui est en MS refuse d'embrasser les enfants. Donc, quand même en 6°,un enfant doit faire la différence. Il me semble qu'on arrive à une génération qui mélange tout. Par contre, qu'un élève d'ULIS me serre la main, au moins au début de son intégration, ça me gênerait moins.
Heu... j'ai des bisous et des câlins tous les jours...
Il est vrai que je commence à mettre un tout petit peu de distance avec une de mes ex-élèves de CP, qui est maintenant en CM1, et qui est un chouia trop démonstrative.
Ce sont les hommes, les pauvres, qui se sentent plus ou moins obligés de mettre des distances, à cause du regard parfois malsain de la société sur eux ! Et il est vrai qu'une fois une inspectrice m'avait interdit de les embrasser ou de les prendre sur les genoux quand j'étais en moyenne section. Je n'en ai tenu aucun compte, j'en avais toujours une tripotée sur les genoux et j'ai toujours soigné les bobos par des bisous magiques. Mais il est vrai que je comprends que les jeunes aient peur, avec cette société malade qui voit le mal partout...
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- roxanneOracle
Mais en CM2, ils font des bisous aussi? c'est marrant parce que ça ne nous serait jamais venu à l'esprit.
- CeladonDemi-dieu
Mais non, ceux dont je parle ne m'en faisaient pas (surtout pas !) en CM2. C'est maintenant qu'ils m'ont quittée qu'ils veulent marquer, je suppose, leur attachement et leur gratitude... car ils ont de bonnes notes. (BISOUNOURS, la maîtresse...)
- Reine MargotDemi-dieu
roxanne a écrit:Mais en CM2, ils font des bisous aussi? c'est marrant parce que ça ne nous serait jamais venu à l'esprit.
+1 c'est vrai que nous on n'en faisait pas...même en maternelle je pense.
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La famille Bélier
- CardenioNiveau 7
Rikki a écrit:Ce sont les hommes, les pauvres, qui se sentent plus ou moins obligés de mettre des distances, à cause du regard parfois malsain de la société sur eux ! Et il est vrai qu'une fois une inspectrice m'avait interdit de les embrasser ou de les prendre sur les genoux quand j'étais en moyenne section. Je n'en ai tenu aucun compte, j'en avais toujours une tripotée sur les genoux et j'ai toujours soigné les bobos par des bisous magiques. Mais il est vrai que je comprends que les jeunes aient peur, avec cette société malade qui voit le mal partout...
En CE1, on avait un instituteur qui faisait ça. Heureusement, à l'époque, on ne voyait pas le mal partout comme tu dis. Et je garde de bons souvenirs de ces moments affectueux.
Sinon, Mauvette, j'aurais fait comme toi en lui expliquant que ça ne se faisait pas au collège. Il y a trois ans j'ai fait un remplacement au collège voisin. Au supermarché, il m'est arrivé de croiser des sixièmes que j'avais et qui me faisaient la bise devant leurs parents. Je mettais ça sur le compte de leur "fraîcheur" en espérant qu'ils la gardent longtemps.
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Everything beautiful is far away.
It's happiness that matters anyway...
- tiptop77Prophète
J'aurais agi comme toi Mauvette.
J'ai enseigné en CE1 pendant une année ( en plus de mon travail au collège ).
Une vingtaine de gamins de 7 ans couraient vers moi en disant " un bisou! un bisou!" :shock:
Je leur disais calmement mais fermement que je ne faisais pas de bisou aux élèves.
Ca fait mal au coeur de voir ces petits bouts de chou déçus car tu leur refuses un bisou mais cela me semblait évident.
Quand tu parles d'"insertion dans la bulle d'intimité", tu mets des mots sur ce que j'ai ressenti à ce moment-là.
Ne t'inquiète pas Mauvette, d'ici quelques semaines ces petits mignons diront en passant devant toi "tiens une prof! Comment ça craint trop les profs!"
J'ai enseigné en CE1 pendant une année ( en plus de mon travail au collège ).
Une vingtaine de gamins de 7 ans couraient vers moi en disant " un bisou! un bisou!" :shock:
Je leur disais calmement mais fermement que je ne faisais pas de bisou aux élèves.
Ca fait mal au coeur de voir ces petits bouts de chou déçus car tu leur refuses un bisou mais cela me semblait évident.
Quand tu parles d'"insertion dans la bulle d'intimité", tu mets des mots sur ce que j'ai ressenti à ce moment-là.
Ne t'inquiète pas Mauvette, d'ici quelques semaines ces petits mignons diront en passant devant toi "tiens une prof! Comment ça craint trop les profs!"
- Invité19Esprit sacré
une élève de 1e l'an dernier, lors du dernier cours, s'est jetée sur moi pour me faire un "hug" : comme je n'ai même pas eu le temps de réagir je suis restée les bras collés, trouvant assez violent de la repousser puisque c'était un peu tard pour m'écarter, mais ça m'a un peu gênée.
j'aurais refusé comme toi bien sûr, il faut qu'ils apprennent à mettre une certaine distance, nous ne sommes pas leurs parents ou leurs copains.
j'aurais refusé comme toi bien sûr, il faut qu'ils apprennent à mettre une certaine distance, nous ne sommes pas leurs parents ou leurs copains.
- tiptop77Prophète
Oiseau phenix a écrit:une élève de 1e l'an dernier, lors du dernier cours, s'est jetée sur moi pour me faire un "hug" : comme je n'ai même pas eu le temps de réagir je suis restée les bras collés, trouvant assez violent de la repousser puisque c'était un peu tard pour m'écarter, mais ça m'a un peu gênée.
j'aurais refusé comme toi bien sûr, il faut qu'ils apprennent à mettre une certaine distance, nous ne sommes pas leurs parents ou leurs copains.
- IgniatiusGuide spirituel
Tout cela me parait totalement inconcevable : des bisous à des élèves !
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- marininhaHabitué du forum
J'ai eu le cas hier en 6e mais mon élève doit absolument être orientée en Uliss (je crois que c'est comme cela que ça s'écrit, les parents ont toujours refusé jusqu'à présent...), elle agit et comprend le monde comme une enfant de 4/5 ans. Je ne me voyais pas la repousser, mais ça m'attriste de voir à quel point l'environnement "violent" du collège souligne son décalage. J'aurais du refuser, je le sais, mais à mes yeux, elle est un "bébé" ... pfff quel métier.
- LefterisEsprit sacré
Igniatius a écrit:Tout cela me parait totalement inconcevable : des bisous à des élèves !
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Celadon a écrit:Les "petits" 6ème que j'ai eus l'an passé se précipitent pour me faire la bise quand je traverse leur cour et me tenir au courant de leurs notes. J'accepte. Pourtant je ne suis pas bisou-bisou, mais je ne me vois pas les repousser. Je pense que si j'enseignais en 6ème, je réagirais différemment, mais je ne serais peut-être pas sollicitée sur ce terrain-là non plus.
Quant aux segpa, je pense que ce sont des enfants qui ont du mal à grandir dans leur tête aussi, que les relations entre individus n'ont pas été forcément bien posées à leur place quand il le fallait et qu'ils sont restés dans l'émotionnel bien souvent. Perso, j'aurais accepté. Mais ce n'est que mon point de vue.
Tout pareil : encore hier, deux fois sur le chemin de la piscine. Mais pas avec les élèves actuels : je me réserve le droit de les pourrir le cas échéant, et ce n'est pas compatible avec des effusions..
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