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- Invité19Esprit sacré
je rédige un commentaire historique et j'aimerais utiliser quelques outils de commentaire littéraire...
Chirac commémore le Vel d'hiv et au lieu d'expliciter la Shoah, il utilise des tournures telles que "rappeler l'horreur". Assez implicite mais très parlant... comment appelle-t-on cela ?
merci
Chirac commémore le Vel d'hiv et au lieu d'expliciter la Shoah, il utilise des tournures telles que "rappeler l'horreur". Assez implicite mais très parlant... comment appelle-t-on cela ?
merci
- CarniflowNiveau 1
Ton exemple n'est pas très précis, mais il y a :
-la périphrase, qui consiste à "tourner autour" ("péri") du sujet sans le nommer
-l'euphémisme, qui consiste à utiliser une expression atténuée pour éviter d'expliciter une idée choquante (par exemple "il nous a quittés" ou "il s'est éteint" pour ne pas dire "il est mort").
-la périphrase, qui consiste à "tourner autour" ("péri") du sujet sans le nommer
-l'euphémisme, qui consiste à utiliser une expression atténuée pour éviter d'expliciter une idée choquante (par exemple "il nous a quittés" ou "il s'est éteint" pour ne pas dire "il est mort").
- cariboucGuide spirituel
J'aurais dit l'euphémisme pour "rappeler l'horreur".
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"J'adore parler de rien : c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances" (O. Wilde)
- CipangoNiveau 10
Carniflow a écrit:Ton exemple n'est pas très précis, mais il y a :
-la périphrase, qui consiste à "tourner autour" ("péri") du sujet sans le nommer
-l'euphémisme, qui consiste à utiliser une expression atténuée pour éviter d'expliciter une idée choquante (par exemple "il nous a quittés" ou "il s'est éteint" pour ne pas dire "il est mort").
Oui tu peux dire à tes élèves que la tournure est une périphrase euphémistique (ou un euphémisme périphrastique ) et expliquer pourquoi (normalement ils connaissent ces deux figures de style et seront capable de te donner leur définition).
- Invité19Esprit sacré
je croyais qu'une périphrase était un allongement ?
pour l'euphémisme non, c'est plutôt le contraire je pense : ne pas nommer pudiquement la Shoah, mais en suggérer tout l'enfer;..
pour l'euphémisme non, c'est plutôt le contraire je pense : ne pas nommer pudiquement la Shoah, mais en suggérer tout l'enfer;..
- cariboucGuide spirituel
Ben, il faudrait nous donner le texte alors. Parce que sorti de tout contexte, ça fait vraiment penser à l'euphémisme, non ?
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- SamadhiNiveau 7
Une litote ?
Sans le texte, c'est pas évident.
Sans le texte, c'est pas évident.
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- Invité19Esprit sacré
Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays.
Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte.
Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte.
- nuagesGrand sage
Pour moi c'est une périphrase car les faits précis ne sont pas nommés mais évoqués implicitement par des expressions équivalentes assez longues.
- JohnMédiateur
Pour moi : périphrase et litote.
Quant au discours, il a été rédigé par Christine Albanel.
Quant au discours, il a été rédigé par Christine Albanel.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- NadejdaGrand sage
C'est assez difficile de toujours y voir une figure de style en fait.
Je travaille sur la Shoah (en littérature) et il m'arrive d'utiliser ce genre d'expressions (j'ai une préférence pour la "Catastrophe" (< Aghed) qui a d'abord caractérisé le génocide arménien — l'expression a ensuite aussi désigné la Shoah). Parce qu'il me semble que la Shoah désigne certes une période de l'histoire mais, par son déroulement, par la systématisation du génocide etc., elle est plus que ça : on ne sait plus comment la qualifier. Alors on recourt aussi à ce genre de périphrases.
Contrairement aux autres, je ne trouve pas l'expression euphémisante (la Shoah a bien sûr désigné un indicible pour Lanzmann mais maintenant je trouve que ce n'est "qu'" un nom un peu figé, comme Auschwitz ou Babi-Yar).
Bon, ça n'aide pas, mais c'est mon ressenti de "chercheuse"... En tout cas c'est très intéressant d'étudier comment a été désignée l'extermination des Juifs, c'est souvent très révélateur de notre regard porté sur elle.
Je travaille sur la Shoah (en littérature) et il m'arrive d'utiliser ce genre d'expressions (j'ai une préférence pour la "Catastrophe" (< Aghed) qui a d'abord caractérisé le génocide arménien — l'expression a ensuite aussi désigné la Shoah). Parce qu'il me semble que la Shoah désigne certes une période de l'histoire mais, par son déroulement, par la systématisation du génocide etc., elle est plus que ça : on ne sait plus comment la qualifier. Alors on recourt aussi à ce genre de périphrases.
Contrairement aux autres, je ne trouve pas l'expression euphémisante (la Shoah a bien sûr désigné un indicible pour Lanzmann mais maintenant je trouve que ce n'est "qu'" un nom un peu figé, comme Auschwitz ou Babi-Yar).
Bon, ça n'aide pas, mais c'est mon ressenti de "chercheuse"... En tout cas c'est très intéressant d'étudier comment a été désignée l'extermination des Juifs, c'est souvent très révélateur de notre regard porté sur elle.
- blancheExpert
Oiseau phenix a écrit:je croyais qu'une périphrase était un allongement ?
pour l'euphémisme non, c'est plutôt le contraire je pense : ne pas nommer pudiquement la Shoah, mais en suggérer tout l'enfer;..
+1
- CarniflowNiveau 1
Oiseau phenix a écrit:Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays.
Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte.
Dans cette citation, je ne vois ni euphémisme ("l'horreur", "la tragédie" ne sont pas des formes d'atténuation) ni périphrase (et litote non plus, ça n'a rien à voir...), mais des effets de répétition ("celles et ceux qui...") et de rythme binaire ("dans leur âme et dans leur chair", "de larmes et de honte"). En termes rhétoriques, on peut surtout voir une prétérition : on annonce qu'il est "difficile de les évoquer", de "trouver les mots justes", mais on évoque quand même.
- Invité19Esprit sacré
c'est la tournure "l'horreur" qui m'intéresse. Je ne dis pas que c'est une figure de style mais c'est bien un procédé stylistique, pointé du doigt par Nadedja dans ses propres recherches d'ailleurs.
La prétérition, oui. Mais ça ne règle pas ce problème de "l'horreur".
La prétérition, oui. Mais ça ne règle pas ce problème de "l'horreur".
- AlExpert spécialisé
une prétérition c'est annoncer qu'on ne dira PAS pour mieux dire, pas dire qu'un sujet est difficile à aborder.
pour moi c'est tout bêtement une métonymie, dans la Shoah il y a l'horreur (pas un euphémisme car "horreur" est sémantiquement fort). pas une périphrase non plus (une périphrase n'est pas remplacer un terme par un autre). et oui il y a quelque chose de la litote dans l'effet produit.
pour moi c'est tout bêtement une métonymie, dans la Shoah il y a l'horreur (pas un euphémisme car "horreur" est sémantiquement fort). pas une périphrase non plus (une périphrase n'est pas remplacer un terme par un autre). et oui il y a quelque chose de la litote dans l'effet produit.
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- JohnMédiateur
Je m'étais juste basé sur ça pour répondre : "au lieu d'expliciter la Shoah, il utilise des tournures telles que "rappeler l'horreur". Assez implicite mais très parlant...". Pour moi, assez implicite mais très parlant, c'est la définition de la litote...je ne vois ni euphémisme ("l'horreur", "la tragédie" ne sont pas des formes d'atténuation) ni périphrase (et litote non plus, ça n'a rien à voir...)
Je suis d'accord pour la prétérition : c'est surtout ce procédé-là qui marque le passage.
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Invité19Esprit sacré
je pensais à la litote oui. La métonymie, c'est une bonne idée...
merci à vous, c'est toujours intéressant en plus de voir des profs de lettre en plein brainstorming !
merci à vous, c'est toujours intéressant en plus de voir des profs de lettre en plein brainstorming !
- CarniflowNiveau 1
La litote, il me semble, est plutôt du côté du laconisme, de la sobriété, cf le fameux "Aujourd'hui Maman est morte. Ou peut-être hier" de Camus. Ici, il y a au contraire une certaine grandiloquence, les mots choisis sont assez forts tout de même.
Sinon, "rappeler l'horreur"pour moi ne renvoie pas à une figure particulière.
Personnellement, la notion de Shoah me semble délicate à aborder en classe dans le cadre de l'histoire littéraire, parce que c'est un concept récent, passé dans l'usage à la suite du film de Lanzmann. Aragon, Char et autres poètes de la résistance luttaient contre la barbarie nazie, mais sans avoir cette notion. Par contre, comme le disait Nadejda, ça peut être intéressant de montrer l'évolution des termes...
Sinon, "rappeler l'horreur"pour moi ne renvoie pas à une figure particulière.
Personnellement, la notion de Shoah me semble délicate à aborder en classe dans le cadre de l'histoire littéraire, parce que c'est un concept récent, passé dans l'usage à la suite du film de Lanzmann. Aragon, Char et autres poètes de la résistance luttaient contre la barbarie nazie, mais sans avoir cette notion. Par contre, comme le disait Nadejda, ça peut être intéressant de montrer l'évolution des termes...
- Invité19Esprit sacré
Carniflow a écrit:La litote, il me semble, est plutôt du côté du laconisme, de la sobriété, cf le fameux "Aujourd'hui Maman est morte. Ou peut-être hier" de Camus. Ici, il y a au contraire une certaine grandiloquence, les mots choisis sont assez forts tout de même.
Sinon, "rappeler l'horreur"pour moi ne renvoie pas à une figure particulière.
Personnellement, la notion de Shoah me semble délicate à aborder en classe dans le cadre de l'histoire littéraire, parce que c'est un concept récent, passé dans l'usage à la suite du film de Lanzmann. Aragon, Char et autres poètes de la résistance luttaient contre la barbarie nazie, mais sans avoir cette notion. Par contre, comme le disait Nadejda, ça peut être intéressant de montrer l'évolution des termes...
on n'a plus le droit de l'utiliser en histoire mais moi je ne m'en prive pas, tout en expliquant Lanzmann etc.
- IphigénieProphète
un équivalent laïque à la Shoah?
Mais est_il nécessaire d'y voir une figure? il me semble au contraire que le mot est utilisé ici pour ne pas qu'il y ait "figure", ce qui atténuerait le propos. L'horreur c'est au sens propre ce qui fait frissonner d'effroi. Ce n'est justement pas une figure mais très exactement : "rappeler l'horreur, dire le chagrin...."
Mais est_il nécessaire d'y voir une figure? il me semble au contraire que le mot est utilisé ici pour ne pas qu'il y ait "figure", ce qui atténuerait le propos. L'horreur c'est au sens propre ce qui fait frissonner d'effroi. Ce n'est justement pas une figure mais très exactement : "rappeler l'horreur, dire le chagrin...."
- Invité19Esprit sacré
en tout cas on a usage d'un mot générique (un peu comme dans Shoah) finalement pour désigner une réalité particulière, et ce n'est pas anodin. Comme si la seule horreur c'était désormais celle là.
je ne sais pas si je suis claire, et j'aurais bien aimé avoir des mots pour qualifier ces procédés. (pas forcément figure, non, mais procédé, je pense)
je ne sais pas si je suis claire, et j'aurais bien aimé avoir des mots pour qualifier ces procédés. (pas forcément figure, non, mais procédé, je pense)
- IphigénieProphète
dans ce cas, prise comme l'Horreur absolue, c'est alors une forme d'allégorie
- AlExpert spécialisé
allégorie ? je vois pas de matérialisation ici d'un ppe abstrait. pas de figure ou de procédé particulier pour moi non plus, par contre la construction est un peu implicite (rappeler l'horreur...de la shoah, tout simplement, cpt du nom sous entendu) c'est pour ça que j'ai parlé de métonymie, mais peut-être que même la métonymie c'est forcé.
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- CelebornEsprit sacré
Au mieux, c'est une abstraction.
Mais je ne vois pas de réelle figure de style ici.
Mais je ne vois pas de réelle figure de style ici.
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