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- SandyrinaHabitué du forum
Bonjour,
Dans le poème de Victor Hugo "Demain dès l'aube"....
"Les yeux fixés sur mes pensées"
Si quelqu'un pouvait me confirmer qu'il y a bien une figure de style et me sauver de l'ignorance en me disant laquelle vous identifiez....ce serait vraiment très sympa.
Merci
Dans le poème de Victor Hugo "Demain dès l'aube"....
"Les yeux fixés sur mes pensées"
Si quelqu'un pouvait me confirmer qu'il y a bien une figure de style et me sauver de l'ignorance en me disant laquelle vous identifiez....ce serait vraiment très sympa.
Merci
- IphigénieProphète
moi je dirais une faiblesse hugolienne :lol: mais ça n'engage que moi...
- AzadHabitué du forum
Difficile à dire....: "les yeux" est pris dans un sens figuré, métaphorique, donc métaphore ?
- AnacycliqueÉrudit
Après "les yeux fixés sur", on attend quelque chose de concret, or, on découvre "mes pensées", un nom abstrait. C'est la rupture qui crée une image forte, je crois. Du coup, je dirais presque un zeugme sémantique, mais il serait incomplet (ellipse obligerait... NDLR: comprendre => "les yeux fixés (sur mes pieds et) sur mes pensées").
Je sais... je me comprends... :lol:
Je vais réfléchir encore... Je suis sûre que je connais ça.
Je sais... je me comprends... :lol:
Je vais réfléchir encore... Je suis sûre que je connais ça.
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"Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. Passer aux actes afin de faire sa part."
- SandyrinaHabitué du forum
Oui j'avais également pensé au zeugme mais il me semblait que le zeugme concernait uniquement deux compléments d'un même verbe ou compléments d'un même adjectif, non ? Or ici, je n'ai pas l'impression de retrouver cette construction mais...bon.... j'avoue une fois de plus avoir pensé à la même chose que toi
- arabeskankyloseNiveau 6
Pour aller dans le sens de la métaphore (oeil mis pour "attention, faculté de perception": ce qui est "décalé" ici (et qui est souligné par les vers suivants), c'est qu'un regard porte sur qqc de concret ET qui appartient au monde extérieur, or, ici, le regard porte sur des pensées (abstrait et intérieur). L'organe du sens qui est normalement instrument de communication avec le monde, perd ici sa fonction.
Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
- AzadHabitué du forum
arabeskankylose a écrit:Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
Tout à fait : "le ciel teinté de bleu et de gloire".
- yphrogEsprit éclairé
iphigénie a écrit:moi je dirais une faiblesse hugolienne :lol: mais ça n'engage que moi...
je vote pour une simple réification.
- Fesseur ProGuide spirituel
Si ça se trouve, il regarde simplement ses fleurs...
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Pourvu que ça dure...
- SandyrinaHabitué du forum
Azad a écrit:arabeskankylose a écrit:Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
Tout à fait : "le ciel teinté de bleu et de gloire".
Oui !!! vous avez raison !!! Cet exemple est très parlant !!! Bon, zeugme: écarté !
- SandyrinaHabitué du forum
Fesseur Pro a écrit:Si ça se trouve, il regarde simplement ses fleurs...
C'est vrai ça ... et nous qui cherchons toujours midi à quatorze heures... :lol:
- yphrogEsprit éclairé
Fesseur Pro a écrit:Si ça se trouve, il regarde simplement ses fleurs...
Dans ce cas là, je vote zeugme.
- Invité21Fidèle du forum
Azad a écrit:arabeskankylose a écrit:Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
Tout à fait : "le ciel teinté de bleu et de gloire".
Ou pour rester chez le père Totor: "Vêtue de probité candide et de lin blanc"
- SandyrinaHabitué du forum
les pauvres pensées cramées par le froid au coeur de l'hiver, à côté du houx vert et de la bruyère en fleur...
- SandyrinaHabitué du forum
Sibérie a écrit:Azad a écrit:arabeskankylose a écrit:Zeugme, je doute. Il me semble qu'il faut toujours une coordination pour révéler les deux sens du mot "zeugmé".
Tout à fait : "le ciel teinté de bleu et de gloire".
Ou pour rester chez le père Totor: "Vêtue de probité candide et de lin blanc"
C'est celle que je propose systématiquement comme exemple du zeugme.
- anthinéaGuide spirituel
J'ai toujours lu ce vers comme une metaphore s'intégrant dans la double lecture "suicidaire"
yeux rivés sur les pensees : yeux fermés
yeux rivés sur les pensees : yeux fermés
- JPhMMDemi-dieu
J'ai moins de connaissances des figures de style qu'un élève de sixième, mais, fort naïvement, je dirais périphrase.
"Introspection"
Ne me dites pas, je sais déjà que c'est pas ça.
C'est juste que j'aime bien ce jeu, et que je voulais jouer (et perdre). :lol:
"Introspection"
Ne me dites pas, je sais déjà que c'est pas ça.
C'est juste que j'aime bien ce jeu, et que je voulais jouer (et perdre). :lol:
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- User5899Demi-dieu
Plus probablement une hypotypose catalectiqueNellen a écrit:Après "les yeux fixés sur", on attend quelque chose de concret, or, on découvre "mes pensées", un nom abstrait. C'est la rupture qui crée une image forte, je crois. Du coup, je dirais presque un zeugme sémantique
:lol!:
"Zeugme", ancêtre de "joug" : on attache de force deux termes qui n'ont pas à l'être. Vous connaissez l'exemple de Desproges : Après avoir sauté le repas de midi et sa belle-soeur, le petit prince reprit ses esprits et une banane. Ici, je ne vois pas où il se situerait.Sandyrina a écrit:Oui j'avais également pensé au zeugme mais il me semblait que le zeugme concernait uniquement deux compléments d'un même verbe ou compléments d'un même adjectif, non ? Or ici, je n'ai pas l'impression de retrouver cette construction mais...bon.... j'avoue une fois de plus avoir pensé à la même chose que toi
Moi, je dirais métonymie, figure par substitution (mais pas image, qui présupposerait la surprise).
- RobinFidèle du forum
Cripure a écrit:Plus probablement une hypotypose catalectiqueNellen a écrit:Après "les yeux fixés sur", on attend quelque chose de concret, or, on découvre "mes pensées", un nom abstrait. C'est la rupture qui crée une image forte, je crois. Du coup, je dirais presque un zeugme sémantique
:lol!:"Zeugme", ancêtre de "joug" : on attache de force deux termes qui n'ont pas à l'être. Vous connaissez l'exemple de Desproges : Après avoir sauté le repas de midi et sa belle-soeur, le petit prince reprit ses esprits et une banane. Ici, je ne vois pas où il se situerait.Sandyrina a écrit:Oui j'avais également pensé au zeugme mais il me semblait que le zeugme concernait uniquement deux compléments d'un même verbe ou compléments d'un même adjectif, non ? Or ici, je n'ai pas l'impression de retrouver cette construction mais...bon.... j'avoue une fois de plus avoir pensé à la même chose que toi
Moi, je dirais métonymie, figure par substitution (mais pas image, qui présupposerait la surprise).
Je tiens à protester haut et fort. Le Petit prince ne digère pas les bananes ! :lol!:
Sinon, je pense qu'il faut remettre le vers dans le contexte :
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Hugo est absorbé dans ses pensées (le monde intérieur) et il ne regarde pas le paysage, le monde extérieur, qui n'a pas de signification pour lui à ce moment-là. La phénoménologie parle de la dimension intentionnelle de la conscience (la conscience ne vise pas seulement des objets, mais des significations). C'est une sorte de paradoxe, puisqu'il est entendu que la vocation du poète est de célébrer la beauté du monde, ce que fait Hugo, malgré tout, mais sous la forme d'une prétérition ("je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur...")
- NLM76Grand Maître
Oui... au total, comme d'habitude, le nom de la figure, on s'en fout. Ce qui importe, c'est de la développer : les yeux se tournent vers l'intérieur (l'image est tout de même saisissante), ou les pensées se matérialisent presque pour prendre la place du monde visible devant ses yeux (idem); le tout étant à mettre en rapport avec la suite, comme le fait Robin.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
ouais: en gros, il a une idée fixe, quoi.
(après la classe inversée, l'expression lexicale inversée)
pas de quoi crier au génie quand même... Tu as fait mieux, Victor, persévère
(après la classe inversée, l'expression lexicale inversée)
pas de quoi crier au génie quand même... Tu as fait mieux, Victor, persévère
- JPhMMDemi-dieu
Perd ses vers ?iphigénie a écrit:ouais: en gros, il a une idée fixe, quoi.
(après la classe inversée, l'expression lexicale inversée)
pas de quoi crier au génie quand même... Tu as fait mieux, Victor, persévère
[Ok, je suis déjà sorti...]
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- yphrogEsprit éclairé
Robin a écrit:Cripure a écrit:Vous connaissez l'exemple de Desproges : Après avoir sauté le repas de midi et sa belle-soeur, le petit
prince reprit ses esprits et une banane.
Je tiens à protester haut et fort. Le Petit prince ne digère pas les bananes ! :lol!:
Non, Cripure, je ne le connaissais pas. :lol: Robin, I'm pretty sure he's only yoking.
- User5899Demi-dieu
Voilà, prendre la place de. Métonymienlm76 a écrit:Oui... au total, comme d'habitude, le nom de la figure, on s'en fout. Ce qui importe, c'est de la développer : les yeux se tournent vers l'intérieur (l'image est tout de même saisissante), ou les pensées se matérialisent presque pour prendre la place du monde visible devant ses yeux (idem); le tout étant à mettre en rapport avec la suite, comme le fait Robin.
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Je dirais "syllepse" : "les yeux" sont employés à la fois dans le sens concret et dans le sens abstrait, ou du moins métaphorique. Mais je peux me tromper
La syllepse oratoire est une espèce de métaphore ou de comparaison, par laquelle un même mot est pris en deux sens dans la même phrase. [Dumarsais, Tropes, II, 11]
La syllepse oratoire est une espèce de métaphore ou de comparaison, par laquelle un même mot est pris en deux sens dans la même phrase. [Dumarsais, Tropes, II, 11]
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