De la morale laïque à l'école ou "la vertu peut-elle s'enseigner ?" par Edith Fuchs

http://www.mezetulle.net/article-de-la-morale-laique-a-l-ecole-par-edith-fuchs-110414343.html

De la morale laïque à l'école ou "la vertu peut-elle s'enseigner ?" par Edith Fuchs

Extrait :

[...] aucune réflexion sur l’éducation et donc aussi sur l’école ne peut éluder le caractère problématique des cercles à l’intérieur desquels l’entreprise se meut. Au cercle que nous venons d’apercevoir, entre l’éducation comme condition de l’instruction et, inversement, celle-ci comme condition de l’éducation, s’adjoint le cercle des relations entre « intelligence et affectivité » comme disent les psychologues. Enfin et surtout, si la liberté du jugement est condition de la vie morale, le paradoxe de toute éducation à la liberté, on le sait bien, c’est que les contraintes et les ruses sont nécessaires . Ainsi, est-il fort contraignant de s’exercer à jouer du piano, de la flûte, d’apprendre à danser en mesure, à chanter et autres choses semblables. Pourtant quand se sent-on plus libre qu’en parvenant à chanter ou jouer avec d’autres ?

la vertu peut-elle s'enseigner ?

Qu'en penserait le fils de Périclès ?

edit : désolé, je n'avais pas lu l'article en question. Il y est en effet question du Ménon.

John a écrit:http://www.mezetulle.net/article-de-la-morale-laique-a-l-ecole-par-edith-fuchs-110414343.html

Merci.
Excellent article.

Je trouve un peu vain ce prétendu retour de la morale, mais tant mieux si je me trompe.
Les problèmes d'irrespect, voire de violence, qui peuvent se manifester à l'école ne me paraissent pas de ceux qui se règlent en énonçant des principes et en les mettant gentiment en débat. On perd son temps à faire semblant de se demander pourquoi la violence ou l'injure ce n'est pas bien.
Le problème, ce n'est pas tant de faire admettre ces principes que de les faire vivre. Je soupçonne qu'on se propose de plaider la cause de ces évidences à proportion qu'on se sent impuissant à les faire appliquer.

Récompenser, punir, donner des habitudes et des exemples, c'est autre chose que de se contenter de pieuses incantations.

Techniquement, la morale laïque ne peut être, en gros, que kantienne, c'est-à-dire se situer dans un universel purement formel fondé sur la seule autorité de la raison. Cette vertu qui s'enseignerait, ce n'est que la logique en réalité : ça ne convainc que de purs esprits, et les élèves, si capables qu'ils soient de réfléchir et de comprendre, sont tout sauf des individus désincarnés.

Hannibal a écrit:Je trouve un peu vain ce prétendu retour de la morale, mais tant mieux si je me trompe.
Les problèmes d'irrespect, voire de violence, qui peuvent se manifester à l'école ne me paraissent pas de ceux qui se règlent en énonçant des principes et en les mettant gentiment en débat. On perd son temps à faire semblant de se demander pourquoi la violence ou l'injure ce n'est pas bien.
Le problème, ce n'est pas tant de faire admettre ces principes que de les faire vivre. Je soupçonne qu'on se propose de plaider la cause de ces évidences à proportion qu'on se sent impuissant à les faire appliquer.

Récompenser, punir, donner des habitudes et des exemples, c'est autre chose que de se contenter de pieuses incantations.

Techniquement, la morale laïque ne peut être, en gros, que kantienne, c'est-à-dire se situer dans un universel purement formel fondé sur la seule autorité de la raison. Cette vertu qui s'enseignerait, ce n'est que la logique en réalité : ça ne convainc que de purs esprits, et les élèves, si capables qu'ils soient de réfléchir et de comprendre, sont tout sauf des individus désincarnés.

Pas mieux ! Vous connaissez sans doute le jugement de Péguy sur Kant : "Kant a les mains propres car il n'a pas de mains."