- Presse-puréeGrand sage
Salut à tous,
je suis tombé sur quelques pistes de réflexion au sujet de la refondation ici:
Café Pédagogique, expresso du 08/10/12
Notamment ces deux interventions
(Je souligne). J'aime bien Rochex, il pose des questions importantes. Quant à l'intervention de Reuter, elle fait écho à des recherches scientifiques et philosophiques sur les "formes de savoir".
Perso, la question soulevée dans la citation suivante m'intéresse beaucoup: "Comment on passe du tweet à l’écriture longue, c’est ça qui est intéressant. Comment on travaille, à partir du rap, à revenir à la culture scolaire ?". Et je la pose très humblement à tous les lecteurs -même fantômes- du forum: Par quels procédés, quels travaux, quels moyens revenez-vous du "détour" vers ce qui est normalement l'objectif de celui-ci, à savoir l'apprentissage (d'un savoir, d'une compétence, d'un schimilililiblick, appelez-le comme vous voulez ^^).
PP
je suis tombé sur quelques pistes de réflexion au sujet de la refondation ici:
Café Pédagogique, expresso du 08/10/12
Notamment ces deux interventions
Yves Reuter a écrit: Ceci dit, et y compris dans ce qu’il a entendu, le didacticien s’étonne que la réflexion sur les contenus, sur les disciplines reste souvent au second plan. « Une discipline scolaire, ça s’examine de près, pour comprendre ce que sont les difficultés des élèves lorsqu’ils doivent apprendre. Dans ce cadre, si la Gauche cherche à minimiser les disciplines et les savoirs scolaires, ne risque-t-elle pas de finir ce que la Droite a commencé ? » Faire de la grammaire, c’est analyser les tensions qui traversent les savoirs scolaires et ne pas seulement laisser les élèves se dépatouiller avec ça… La dictée, la dissertation ont des fonctions qu’il faut certes interroger, mais il est pour lui urgent de réintroduire dans les débats la question des savoirs, des contenus scolaires, des disciplines…
Jean-Yves Rochex [i]et alii[/i] a écrit:Jean-Yves Rochex s’inscrit dans le fil précédent : « De mon point de vue, la démocratisation n’est pas soluble dans l’innovation. » Celle-ci ne relève pas que de la pédagogie « ordinaire », elle repose sur des logiques de mobilisation militante, organisée ou non. « Et on ne peut pas faire de tous les fonctionnaires des militants ». Certes, précise-t-il, les initiatives militantes sont porteuses d’apports, d’enseignements, mais il faut aussi préciser les limites, si on veut penser l’avenir pour l’ensemble des enseignants, l’ensemble des élèves. Sinon, on risque que le militant devienne un repoussoir…
Pour le psychologue, l’idéologie de l’innovation met l’accent sur l’extraordinaire, l’inaugurable, sans qu’on tisse toujours le lien avec l’ordinaire de la classe, sans qu’on explicite comment l’extraordinaire a construit des apprentissages ou des ressources. « Comment on passe du tweet à l’écriture longue, c’est ça qui est intéressant. Comment on travaille, à partir du rap, à revenir à la culture scolaire ? ». Il poursuit : « ces questions sont maltraitées chez les politiques, mais aussi dans nos débats entre protagonistes de la réflexion sur le système éducatif. On minore les questions qu’on a à poser aux projets, on n’interroge pas assez les « manière de faire » de tous les élèves avec les apprentissages, pour comprendre comment ils se débrouillent entre les tâches et les savoirs. » (...)
Rochex reprend une question de la salle pour compléter son propos : « Les cursus modulaires, la différenciation des exigences, ce sont toujours les plus démunis qui en sont victimes, quand ceux qui savent lire le système savent choisir les parcours qui ont de la valeur. Nous avons un débat à avoir sur le commun et la norme, condition de l’individuation ».
« Mais la pédagogie, c’est quand même un levier fondamental, oppose Reuter pour qui contenus et pédagogie doivent s’articuler. Aujourd’hui, la norme, c’est le magistral ramolli, mâtiné de quelques trucs issus de l’ère du temps. Les pédagogies alternatives restent marginales. C’est sans doute un reproche qu’on peut faire au rapport de la concertation, de ne pas différencier les techniques (« travailler en groupe ») et le fond des démarches pédagogiques. »
(Je souligne). J'aime bien Rochex, il pose des questions importantes. Quant à l'intervention de Reuter, elle fait écho à des recherches scientifiques et philosophiques sur les "formes de savoir".
Perso, la question soulevée dans la citation suivante m'intéresse beaucoup: "Comment on passe du tweet à l’écriture longue, c’est ça qui est intéressant. Comment on travaille, à partir du rap, à revenir à la culture scolaire ?". Et je la pose très humblement à tous les lecteurs -même fantômes- du forum: Par quels procédés, quels travaux, quels moyens revenez-vous du "détour" vers ce qui est normalement l'objectif de celui-ci, à savoir l'apprentissage (d'un savoir, d'une compétence, d'un schimilililiblick, appelez-le comme vous voulez ^^).
PP
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- ysabelDevin
je ne fais pas de détours, pas assez de temps...
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- philannDoyen
Je te dirais que le meilleur prof de musique que j'ai eu partait à mon époque de NTM et arrivait à faire étudier du Mozart à ses élèves comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et que ça parlait à tout le monde. (c'est pédagogiquement mon modèle absolu!!)
Moi...je n'y arrive pas! Je suis prof d'allemand, mais je n'arrive pas à partir à ce point de la culture (ou gouts) de mes élèves. Au mieux je prends en compte le fait que dans l'un de mes collèges mes élèves soient majoritairement turques et que cela joue (pour l'étude de l'allemand et leur rapport à l'Allemagne). Mais c'est toujours un peu délicat...
Moi...je n'y arrive pas! Je suis prof d'allemand, mais je n'arrive pas à partir à ce point de la culture (ou gouts) de mes élèves. Au mieux je prends en compte le fait que dans l'un de mes collèges mes élèves soient majoritairement turques et que cela joue (pour l'étude de l'allemand et leur rapport à l'Allemagne). Mais c'est toujours un peu délicat...
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- NLM76Grand Maître
Le détour n'est intéressant que s'il est le moyen d'être encore plus direct. Si j'arrive à saisir ce qu'il y a de sublime, de profondément humain dans le rap, j'arriverai à le montrer aux élèves, et je montrerai, du même fait ce qui essentiel dans Homère.
Pour ma part, je m'efforce de tirer directement la substantifique moëlle d'Homère et de leur donner à voir, sentir, comprendre qu'Homère leur parle directement au cœur.
Pour ma part, je m'efforce de tirer directement la substantifique moëlle d'Homère et de leur donner à voir, sentir, comprendre qu'Homère leur parle directement au cœur.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- doctor whoDoyen
C'est un vieux truc, ça, le détour. Mais je trouve ça trop limité. A faire des détours, on en oublie que le chemin direct est parfois plus intéressant pour les enfants. A moins qu'ils ne soit plus judicieux de faire une application des notions étudiées, après coup ou bien en cours de route, à la vie quotidienne.
L'important, c'est que la vie quotidienne et les connaissances des élèves infusent dans les contenus et les méthodes, sous forme d'allers-retours fréquents, sans que tout se mélange dans la tête des gamins.
C'est pourquoi je préfère des allusions rapides, parfois subliminales, un clin d'oeil, plutôt qu'une séquence-machine à gaz qui parte de la mode gothique pour arriver au roman gothique (ou du Loft à Marivaux).
Le Rapport de refondation de l'école rappelle cette vieille lune et va encore nous brider sous prétexte de nous libérer des anciens carcans (qui sont bien souvent fictifs). Il faudrait plutôt rappeler la nécessité d'un enseignement qui dise quelque chose aux élèves ET les dépayse. Voir page 25 :
L'important, c'est que la vie quotidienne et les connaissances des élèves infusent dans les contenus et les méthodes, sous forme d'allers-retours fréquents, sans que tout se mélange dans la tête des gamins.
C'est pourquoi je préfère des allusions rapides, parfois subliminales, un clin d'oeil, plutôt qu'une séquence-machine à gaz qui parte de la mode gothique pour arriver au roman gothique (ou du Loft à Marivaux).
Le Rapport de refondation de l'école rappelle cette vieille lune et va encore nous brider sous prétexte de nous libérer des anciens carcans (qui sont bien souvent fictifs). Il faudrait plutôt rappeler la nécessité d'un enseignement qui dise quelque chose aux élèves ET les dépayse. Voir page 25 :
De nouveaux registres de connaissances et de savoirs doivent également acquérir leur légitimité à l’École. Alors que de nombreux pays ont intégré à leurs cursus des éléments pratiques, liés au quotidien7, la France est restée en retrait et consacre à ces enseignements une place marginale. Les membres de la concertation, notamment dans les ateliers sur la maternelle et l’école primaire, ont insisté sur la nécessité d’intégrer pleinement ces dimensions à la culture scolaire. Plus généralement, c’est l’ensemble des relations entre savoirs, connaissances et actions qui doit être réinterrogé. C’est tout l’intérêt de l’approche par compétences, qui ne saurait être exclusive ni utilitariste, mais qui donne sens aux apprentissages en liant savoir et action, savoir et résolution de problèmes, que ce soit dans le futur cadre professionnel ou dans la vie quotidienne.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- philannDoyen
C'est fou qu'il n'aille pas de soi que la BONNE pédagogie est celle qui s'adapte et fait progresser les élèves que l'on a face à soi (et dont les besoins peuvent être très très différents d'une classe à l'autre, d'un établissement à l'autre...) et non une pédagogie "en chambre", la même pour tous...
- UlrichNiveau 6
philann a écrit:Je te dirais que le meilleur prof de musique que j'ai eu partait à mon époque de NTM et arrivait à faire étudier du Mozart à ses élèves comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et que ça parlait à tout le monde. (c'est pédagogiquement mon modèle absolu!!)
Lors de mon premier cours de musique au lycée, nous avons étudié Ligeti, le Kammerkonzert, et sans détour. A 16 ans, c'est violent... Nous avons tous aimé.
- User5899Demi-dieu
Cavanna, sous une forme quelque peu abrupte, se demandait naguère si, par ouverture de l'école sur la vie, il fallait entendre "apprendre à passer le petit balai dans la cuvette des toilettes". Je trouve cette question très pertinente.doctor who a écrit:C'est un vieux truc, ça, le détour. Mais je trouve ça trop limité. A faire des détours, on en oublie que le chemin direct est parfois plus intéressant pour les enfants. A moins qu'ils ne soit plus judicieux de faire une application des notions étudiées, après coup ou bien en cours de route, à la vie quotidienne.
L'important, c'est que la vie quotidienne et les connaissances des élèves infuse dans les contenus et les méthodes, sous forme d'allers-retours fréquents, sans que tout se mélange dans la tête des gamins.
C'est pourquoi je préfère des allusions rapides, parfois subliminales, un clin d'oeil, plutôt qu'une séquence-machine à gaz qui parte de la mode gothique pour arriver au roman gothique (ou du Loft à Marivaux).
Le Rapport de refondation de l'école rappelle cette vieille lune et va encore nous brider sous prétexte de nous libérer des anciens carcans (qui sont bien souvent fictifs). Il faudrait plutôt rappeler la nécessité d'un enseignement qui dise quelque chose aux élèves ET les dépayse. Voir page 25 :
De nouveaux registres de connaissances et de savoirs doivent également acquérir leur légitimité à l’École. Alors que de nombreux pays ont intégré à leurs cursus des éléments pratiques, liés au quotidien7, la France est restée en retrait et consacre à ces enseignements une place marginale. Les membres de la concertation, notamment dans les ateliers sur la maternelle et l’école primaire, ont insisté sur la nécessité d’intégrer pleinement ces dimensions à la culture scolaire. Plus généralement, c’est l’ensemble des relations entre savoirs, connaissances et actions qui doit être réinterrogé. C’est tout l’intérêt de l’approche par compétences, qui ne saurait être exclusive ni utilitariste, mais qui donne sens aux apprentissages en liant savoir et action, savoir et résolution de problèmes, que ce soit dans le futur cadre professionnel ou dans la vie quotidienne.
- doctor whoDoyen
Marrant. (J'ai tellement aimé Cavanna...)
Mais il ne faudrait pas prétendre que face à l'ouverture n'existe que la fermeture. Cette alternative est stupide, à mon avis.
Ceux qui s'y enferment manquent de sens dialectique. Ce n'est pas parce que l'école et la vie sont séparées qu'elles ne peuvent pas communiquer, au contraire. D'ailleurs, l'école, ça fait partie de la vie, à moins que l'on considère que tout apprentissage n'est que le fruit d'une acquisition naturelle, une forme du développement et de la croissance.
Il faut relire ce qui se disait dès la fin du XIXème siècle dans les écrits des fondateurs de l'Instruction publique. Et même chez Montaigne ou Rabelais.
Mais il ne faudrait pas prétendre que face à l'ouverture n'existe que la fermeture. Cette alternative est stupide, à mon avis.
Ceux qui s'y enferment manquent de sens dialectique. Ce n'est pas parce que l'école et la vie sont séparées qu'elles ne peuvent pas communiquer, au contraire. D'ailleurs, l'école, ça fait partie de la vie, à moins que l'on considère que tout apprentissage n'est que le fruit d'une acquisition naturelle, une forme du développement et de la croissance.
Il faut relire ce qui se disait dès la fin du XIXème siècle dans les écrits des fondateurs de l'Instruction publique. Et même chez Montaigne ou Rabelais.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- philannDoyen
J ai passé l option musique au bac avec au programme et sans filet le dodécaphonisme. Pas de problème. Mais c était dans un très bon lycée de Sceaux.Ulrich a écrit:philann a écrit:Je te dirais que le meilleur prof de musique que j'ai eu partait à mon époque de NTM et arrivait à faire étudier du Mozart à ses élèves comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et que ça parlait à tout le monde. (c'est pédagogiquement mon modèle absolu!!)
Lors de mon premier cours de musique au lycée, nous avons étudié Ligeti, le Kammerkonzert, et sans détour. A 16 ans, c'est violent... Nous avons tous aimé.
Au collège j étais dans une des premières ZEP de Paris! Le public et l âge n étaient pas les mêmes .
Toutefois à la fin de l année de 3 eme on chantait du Schubert et du Mendelsohn dans une chorale de 200 élèves parisiens. Certains parents ont mis les pieds pour la première fois dans une vraie salle de concert à cette occasion! Gloire soit rendue à cette femme!
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