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Docteur OX
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Grand sage

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par Docteur OX Mar 11 Sep - 15:41
http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120911.OBS1953/etats-unis-greve-generale-des-profs-a-chicago.html

Du jamais vu depuis 25 ans : depuis lundi matin, toutes les maternelles, écoles, collèges et lycées publics de Chicago, troisième ville du pays, sont en grève. Un couac malvenu pour Barack Obama.




Une grève d’enseignants aux Etats-Unis ? Eh oui, c’est possible ! Et quelle grève… Depuis lundi matin, toutes les maternelles, les écoles, les collèges et les lycées publics de Chicago, troisième ville du pays, sont en grève. Toutes, sans exception. 250.000 enseignants sur le pied de guerre, 400.000 élèves sans cours. Une centaine d’établissements et d’églises assurant cependant une garderie. Des bataillons de policiers sont aussi mobilisés, en cas de débordements. Ambiance ! 25 ans qu’on n’avait vu ça à Chicago.
Un grand conflit à deux mois des élections, dans la ville d'Obama !

Ici, ce sont les municipalités qui sont en charge de l’éducation, avec une quasi totale autonomie de gestion. Voilà des mois que la tension montait entre Rahm Emanuel, le bouillonnant maire de la ville, très proche d’Obama, et Karen Lewis, la présidente du très puissant syndicat des enseignants auquel adhère la grande majorité d'entre eux. Dimanche soir encore, alors que la tension était à son comble après une négociation marathon, beaucoup n’y croyaient pas. Un grand conflit à deux mois des élections, dans la ville d’adoption d’Obama dont le maire, Rahm Emanuel, est l’ex-chef de l’administration de la Maison Blanche ? Impossible. Eh bien si, ils l’ont fait !
Parents et profs vent debout

Comment en est-on arrivé là ? Depuis 2011, une loi autorise les maires des grandes villes à modifier la durée du temps scolaire. Dans la foulée, Rahm Emanuel a immédiatement décidé d’augmenter chaque journée de cours d‘une heure, arguant du fait que le temps de travail scolaire à Chicago était inférieur à la moyenne nationale. Il impose une heure de plus par jour pour les enfants, soit dix jours de travail en plus aux enseignants. Tollé général, des enseignants, mais aussi de nombreux parents, qui trouvent que leurs enfants, en classe de 8 à 15h30, quelquefois sans pause repas, et rentrant chez eux avec des tonnes de devoirs, sont suffisamment chargés comme ça.

Les profs sont bien sûr vent debout contre cette nouvelle charge de travail exigée sans contrepartie et réclament 30% d’augmentation. Aux Etats-Unis, il faut le dire, ils sont plutôt bien payé. 50.000 dollars (40.000 euros environ) pour un débutant, jusqu’à 89.000 dollars (70.000 euros) pour un doctorant avec 16 ans d’expérience. Le système étant extrêmement différencié, ceux qui travaillent dans des écoles où l’année est plus longue que la moyenne gagnent beaucoup plus. Avec 74.839 dollars (59.916 euros) par an en moyenne, une large couverture santé et un bon plan de retraite, ils ne sont pas les plus à plaindre.
Des profs notés par les parents et payés au mérite...

Ils sont en revanche en permanence soumis à des évaluations, des parents, et des chefs d’établissement qui peuvent les révoquer du jour au lendemain sans explication. Le maire veut aujourd’hui instaurer un peu plus de salaire au mérite, en liant une partie de leur salaire aux résultats obtenus par leurs élèves dans les examens d’évaluation nationale. Seulement voilà : cette évaluation étant liée pour l’essentiel à la progression des élèves, le principe qui pénalise à la fois les enseignants des quartiers les plus aisés où la marge de progression possible est forcément faible et celle des quartiers les plus difficiles, avec quelquefois 40 élèves par classe, aussi. Les enseignants soulignent le manque de moyens, de travailleurs sociaux, de psychologue… Et la flambée de violence ces dernières années.
Un mouvement qui pourrait durer

Les enseignants ne sont pas payés durant les jours de grève, mais ils remplaceront toutes les heures manquées lors de la grève durant les congés. Inutile de dire que les décisions d’entrer dans le conflit ne se prennent pas à la légère. Et une fois que c’est parti… Hier, personne n’y croyait. Aujourd’hui, tout le monde craint que ça ne dure.

Dans le contexte électoral, la récupération politique, forcément, n’a pas traîné. Le candidat républicain Mitt Romney n’a pas tardé à jeter la pierre aux grévistes en même temps qu’à Barack Obama, qu’il accuse d’avoir encouragé les manifestants : le président avait envoyé l'an dernier son vice-président pour assurer au plus important syndicat enseignant qu'il ne devait « pas douter de son affection et de l'engagement du président aux côtés du syndicat ». Obama, pour l’instant botte en touche. Et croise les doigts pour que ça ne dure pas.
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yphrog
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par yphrog Mar 11 Sep - 16:07
DocteurOX a écrit:
Tollé général, des enseignants, mais aussi de nombreux parents, qui trouvent que leurs enfants, en classe de 8 à 15h30, quelquefois sans pause repas, et rentrant chez eux avec des tonnes de devoirs, sont suffisamment chargés comme ça.

J'ai failli mettre l'info ce matin, mais je n'avais qu'un texte en anglais. Cela faisait déjà deux mois de "rally" ...

From the NY Times:

In recent years, school strikes in major cities have been relatively rare, last occurring in Detroit in 2006, and before that, in Philadelphia in 2000. New York City teachers last went on strike more than 35 years ago.
[...]

http://www.nytimes.com/2012/09/11/education/teacher-strike-begins-in-chicago-amid-signs-that-deal-isnt-close.html?pagewanted=all


From the LA Times:

Unlike teacher strikes in the past, both Emanuel and the union agree this one is not primarily about money. Officials in the nation's third-largest school district have offered teachers a 16% pay raise over four years and other benefits.

Instead, a key sticking point involves how the district will evaluate teachers under a 2010 Illinois law that requires test scores to be figured into teacher reviews.

This year Chicago Public Schools began rolling out a new system in which student test scores would count for 25% of a teacher's performance rating. It would increase to 30% in two years. The union believes the system is too heavily weighted toward test scores and could put thousands of teachers out of work.

The union is also pushing hard to revamp job security policies, including those governing the rehiring of laid-off teachers — important to educators because the district may be forced to close schools in part because of an expected $3-billion deficit in coming years.

The Chicago strike illustrates the Obama administration's complicated and sometimes fraught relationship with teachers unions nationally. The administration has directed money to state governments to try to avoid teacher layoffs. At the same time, reform efforts backed by Obama and Education Secretary Arne Duncan — including increased emphasis on teacher evaluations and school choice — have angered union leaders. Duncan clashed with the Chicago union when he headed the city's school system.

http://www.latimes.com/news/nationworld/nation/la-na-chicago-teachers-strike-20120911,0,1301512.story

NY Times, encore:

On Monday, union officials seemed to suggest that the dispute was larger, and included other issues related to benefits, how to calculate raises based on experience level, training days for teachers, and more.

Outside the schools here, though, in the lines of marchers, the issues seemed ever broader. Many teachers said they were troubled by a new evaluation system and its reliance on student test scores. Teachers spoke of rising class sizes, much-needed social workers, a dearth of air-conditioned classrooms and slow-to-arrive reference books, and, again and again, a sense of disrespect.
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yphrog
Esprit éclairé

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par yphrog Sam 15 Sep - 19:18
trouvé à truthout AKA hyperbole & a half

(il semblerait que le vote sur les négociations d'urgence est prévu pour lundi)

http://truth-out.org/opinion/item/11530-on-the-significance-of-the-chicago-teachers-strike-bearing-witness-to-and-challenging-democracys-demise

Henry Giroux a écrit:
[...]

What teachers in Chicago are attempting to tell the American public is that public schools are under attack not because they are failing, but because they are public spheres that keep alive the relationship between learning and the hope of a more equitable, free and just society. Public schools are the DNA of democracy and they are under attack by a political virus that reduces teachers to technicians (or worse) and schools to investment opportunities for the rich, on the one hand, and militarized training centers for low income and poor minority students on the other. The Chicago teachers have taken upon themselves what many other academics in both public and higher education have failed to do. They have been advocating "for education as a public good and critical thinking as perhaps the most important capacity of responsible citizens under a republican form of government."[3]

Clearly, public school teachers understand that if they have little control over the conditions of their labor they can become deskilled and treated as technicians, while powerless in preventing corporate-driven politicians and conservative administrators from imposing curricular models that devalue critical thought and reduce imaginative inquiry to the teaching of marketable skills.

What becomes clear in this assault on public school teachers and unions is a deeper order of politics that makes visible the attempt being made on the part of right-wing fundamentalists, hedge fund elites and advocates of privatization to reduce education to training and learning, to nothing more than a euphemism for a kind of instrumental, commodified and privatized test-driven form of illiteracy.

Increasingly, what Diane Ravitch calls the "billionaires club" is fostering on the American public a view of education tied to profit margins and the savage Darwinian shark tank logic of the marketplace. As Martha Nussbaum points out, the consequences are costly in ethical and political terms. She writes: "Education based mainly on profitability in the global market [produces] a greedy obtuseness and a technically-trained docility that threaten the very life of democracy itself."[4]

The United States is in the midst of a crisis in which corporate-driven models of pedagogy are waging an assault not only on public schools, teachers, unions and public servants, but on the very ideas, institutions, and pedagogical relations that make a democracy possible. The apostles of casino capitalism are also waging a war on young people by turning their future over to corporate-driven ideologies, modes of governance and policies that benefit the very people who produced a massive degree of human suffering through the financial crisis of 2008.

[...]
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yphrog
Esprit éclairé

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par yphrog Mer 19 Sep - 21:34
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Marcassin
Habitué du forum

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par Marcassin Mer 19 Sep - 21:41
En France, on fait un jour de grève ou deux par an. On est vraiment des tocards.

_________________
"Je regarde la grammaire comme la première partie de l'art de penser." (Condillac)
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chaumont2012
Niveau 6

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par chaumont2012 Mer 19 Sep - 22:11
Il faut absolument réintégrer la pratique de la grève dans la culture enseignante, en France.
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