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Robin
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La société de consommation, le marquis de Sade et la crise financière (considérations désobligeantes) Empty La société de consommation, le marquis de Sade et la crise financière (considérations désobligeantes)

par Robin Jeu 30 Aoû 2012 - 18:31
"Toute l'économie mondiale dépend du consommateur. S'il cesse de dépenser de l'argent qu'il n'a pas pour des choses dont il n'a pas besoin, nous courons à notre perte." (Bill Boner)

L'ouvrage de Jean Baudrillard a été publié à la fin des "Trente glorieuses", un an après Mai 68. L'eau a coulé depuis sous les ponts ; nous sommes en 2012, plus de 40 après ! Son analyse de la société de consommation demeure pertinente, mais la crise est passée par là.

Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est le suivant : les objets prolifèrent plus que jamais et les gens sont poussés plus que jamais à consommer.

Mais il y a un hic et il est de taille : le désir perpétuellement stimulé se heurte perpétuellement à l'impossibilité de consommer, faute de moyens.

Jean-Paul Brighelli soulignait sur son blog Bonnet d'âne la nature fantasmatique du capitalisme financier, faisant notamment allusion à Sade et au fantasme de jouissance et de toute puissance, "le jouir à mort" dans lequel Lacan voit l'ubris fondamentale : le refus du manque.

Le paradoxe de la crise actuelle réside dans la rencontre des deux aspects contradictoires : l'impératif du jouir à mort et l'impossibilité de jouir.

Les chercheurs de l'école de Palo Alto parlent d'injonction paradoxale", du genre : "Ne m'obéis pas !" ou "Fais ce que TU veux" !", génératrice, selon eux, de schizophrénie : je ne peux pas obéir à l'ordre de désobéir.

L'injonction paradoxale du capitalisme financier porte sur la limite ontologique telle que définie par Lacan et démontrée par l'absurde par Sade. On peut manquer de tout, sauf du manque (et "posséder la "joie parfaite") et on peut ne manquer de rien, sauf du manque et souffrir le martyre. C'est la limite ontologique du désir, sa différence avec le besoin.

Le deuxième aspect est la limite existentielle, due aux circonstances, du genre "Tu as oublié d'acheter du beurre !" - et là, nous savons à peu près faire (satisfaire des besoins).

Le paradoxe risible, au fond, quand on y pense (encore Sade !), c'est que la société de consommation et les gens du château des fantasmes du "jouir à mort" continuent à nous enjoindre de ne pas nous soucier du désir, qu'il savent y faire.

Or, depuis la crise de 2008, engendrée par l'impératif économico-financier du "jouir à mort" : inciter les pauvres à acheter des maisons de riches à crédit et à consommer à crédit... se réassurer pour garantir les crédits que les pauvres ne pourront pas rembourser, mettre les pauvres à la rue quand ils ne peuvent plus rembourser les mensualités de leur crédit (c'est-à-dire transformer la pauvreté en misère)... il n'y a pas pénurie de parfum, ni encore pénurie de beurre, mais on commence à regarder à deux fois le prix du beurre avant de sortir son porte-monnaie, y compris les trentenaires, pourtant dûment formatés.

A l'exception des gens du château des fantasmes qui organisent les séances de jouissance collectives, tortures comprises, chères au divin marquis - et à commencer par les Grecs qui, pour leur malheur ont intégré la "maison commune", nous sommes tous plus ou moins dans la même situation que les pauvres qui ont acheté des maisons de riches et n'arrivent pas à les rembourser.


Dernière édition par Robin le Jeu 30 Aoû 2012 - 19:29, édité 1 fois
JPhMM
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Demi-dieu

La société de consommation, le marquis de Sade et la crise financière (considérations désobligeantes) Empty Re: La société de consommation, le marquis de Sade et la crise financière (considérations désobligeantes)

par JPhMM Jeu 30 Aoû 2012 - 18:50
A propos de "jouir à mort" :

« Le verbe vivre n'est pas tellement bien vu, puisque les mots viveur et faire la vie sont péjoratifs. Si l'on veut être moral, il vaut mieux éviter tout ce qui est vif, car choisir la vie au lieu de se contenter de rester en vie n'est que débauche et gaspillage. A son niveau le plus simple, Le Bleu du ciel inverse cette morale en décrivant un personnage qui se dépense jusqu'à toucher la mort à force de beuveries, de nuits blanches, et de coucheries. Cette dépense, volontaire et systématique, est une méthode qui transforme la perdition en connaissance et découvre le ciel d'en-bas. » Georges Bataille


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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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