Consignes officielles : l'orthographe sanctionnée à hauteur de deux points maximum au bac de français !

Qui a dit que l'orthographe compte pour l'administration et l'encadrement de l'éducation nationale ?
Même au bac de français (EAF), il s'agit d'une considération extrêmement marginale, qui ne doit compter que pour 2 points maximum sur 20... alors qu'il s'agit de l'épreuve de français !
C'est en effet la consigne officielle qui a été donnée au bac 2012 dans l'académie d'Aix-Marseille :
http://www.ac-aix-marseille.fr/pedagogie/upload/docs/application/msword/2012-06/corrige20121eresses.doc
Et attention : un professeur de français n'a le droit de sanctionner l'orthographe d'une copie de bac, en lui retirant 2 points maximum sur 20, que si le candidat fait "plus de dix fautes graves par page" !

Les auteurs de ces consignes se sentent toutefois obligés d'ajouter qu'un correcteur peut retirer 4 points (maximum) à l'ensemble de la copie si "de nombreux passages" sont incompréhensibles ! Autrement dit, on peut avoir 16 à l'épreuve écrite du bac de français si l'on bredouille un français si mal construit qu'il est incompréhensible, mais qu'on glisse ça et là quelques remarques sur les "métaphores animales", les "épithètes péjoratives" et "la beauté du monde".

FRANÇAIS – EPREUVE ANTICIPEE - SERIES ES-S

ELEMENTS D’AIDE A LA CORRECTION

REMARQUES GENERALES

Orthographe et langue : Une orthographe très incorrecte sera pénalisée à hauteur de 2 points. Cette pénalisation globale sera appliquée à partir de plus de 10 erreurs graves par page. Il est essentiel que toutes les copies soient traitées équitablement dans ce domaine. Si la copie manifeste également une syntaxe et un lexique défaillants au point d’altérer l’intelligibilité de nombreux passages, elle pourra être globalement sanctionnée de 4 points au maximum.

Ces barèmes concernant la langue s’appliquent à l’ensemble de la copie.
Si une pénalisation s’impose, elle sera mentionnée sur la copie.

Notation : Les correcteurs sont invités à utiliser toute l’échelle des notes et n’hésiteront pas, pour les copies jugées excellentes aussi bien pour leur contenu que pour la qualité de leur expression, à aller jusqu’à la note maximale.

Remarques importantes : Dans certains paquets de copies peuvent se trouver les devoirs de candidats en situation de handicap, et qui bénéficient à ce titre d'un aménagement des conditions d'examen. Certains d'entre eux ont composé sur ordinateur : leur production, imprimée, est agrafée à la copie d'examen type. Ces copies ne sont en aucun cas à différencier des autres et doivent être corrigées de la même façon. Il faut les noter et reporter la note sur le logiciel prévu à cet effet.

Quant aux consignes pour la correction du commentaire, on peut juger qu'il n'était pas bien difficile d'obtenir la moyenne à cet exercice, puisque la réponse attendue, et qui permettait d'obtenir la moyenne, était contenue dans la question précédente !

En effet :

QUESTION (4 pts)
En quoi les quatre textes du corpus relèvent-ils de la poésie satirique ?

COMMENTAIRE (16 pts)
Vous ferez le commentaire du texte de Paul Verlaine, « L'Enterrement » (texte C).
-On attendra un plan en deux parties. Un plan en trois parties peut être recevable s’il est cohérent.
-On accordera la moyenne aux copies qui auront perçu la dimension satirique du poème (écart entre le thème traité : un enterrement, et le traitement poétique qui en est fait : humour, ironie…)

Voilà ce qu'était le bac de français en 2012. Vivement la refondation !

Et hop on va encore passer pour des branquignoles laxistes aux yeux du grand public ! et pourquoi ceux qui pondent ces directives ne sont jamais remis en cause ?

Et encore, vous n'avez pas vu ce qu'un stagiaire de bac+5, donc a priori sachant écrire, est capable de pondre... J'ai actuellement sur mon bureau un tel document et je n'arrive pas à me convaincre de le lire. Je procrastine...

Tout ça pour dire que même attendre le bac pour sévir ne suffit pas. Soit on sévit dès le primaire et on s'en donne les moyens, soit il est illusoire de faire quelque chose.

ben koi, il ait hou le problêm ? lin portan sait kon puise conprandre, cum ! :diable:

Ronin a écrit:Et hop on va encore passer pour des branquignoles laxistes aux yeux du grand public ! et pourquoi ceux qui pondent ces directives ne sont jamais remis en cause ?

C'est le genre de truc qui devrait être monté en épingle par les médias. C'est scandaleux, honteux, une escroquerie totale.

Je ne dirai rien de l'académie d'Aix-Marseille en ce qui concerne les EAF, mais vous n'imaginez pas...

Et après ?
Ce n'est pas nouveau.
Je connais des gens qui ont obtenu leur capes de lettres Modernes et qui ne savent pas écrire une phrase sans fautes. C'est miracle.
Et à côté de cela, la merveilleuse institution se permet de donner des leçons et de perdre son temps pour de nombreuses âneries ne méritant pas l'once d'une attention. Mais bon, comme dit, ce n'est pas nouveau.

Ben oui c'est pas nouveau sans n'empêche que c'est quand même du délire pur et que si l'on se résigne alors à quoi bon continuer à enseigner ?

OK, ça surprend, ça énerve, mais enfin, je corrige le Bac depuis juin 88 et c'est toujours la même consigne que j'ai à appliquer. Et encore, il semble que sur ce document ait disparu la mention d'éviter les décomptes systématiques qui pourraient aboutir à des 1 ou 2 /20 à des copies de deux ou trois pages. Ce qui m'arrive souvent, raison pour laquelle je soupçonne le rectorat de Besançon de m'avoir "oublié" cette année


Par ailleurs, on oublie
-ces chers collègues qui, dès la 6e, parfois le primaire, vous disent benoitement que l'orthographe, on s'en fiche, pourvu qu'on comprenne...
-ces chers collègues qui ne peuvent pas rédiger trente bulletins avec des majuscules en début de phrase, une ponctuation correcte, des accords attendus, une conjugaison sans faute.

Sans rapport, quoique... Depuis deux jours, je n'arrive pas à allumer la télé chez mon père sans tomber sur l'UNSA.
Tiens, là. "Nous, à l'UNSA, on défend un syndicalisme intelligent, qui sait coopérer avec le patron"
Je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à voir un HS.

Comme toujours, on annonce 2 points pour tester les réactions et le Maître du Moloch tranchera finalement à 1 point pour apparaître comme un être modéré.

A Tuin a écrit:Et après ?
Ce n'est pas nouveau.
Je connais des gens qui ont obtenu leur capes de lettres Modernes et qui ne savent pas écrire une phrase sans fautes. C'est miracle.
Et à côté de cela, la merveilleuse institution se permet de donner des leçons et de perdre son temps pour de nombreuses âneries ne méritant pas l'once d'une attention. Mais bon, comme dit, ce n'est pas nouveau.

J'ai effectivement l'impression que le même laxisme préside au CAPES ! Ici même, j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de fautes dans les messages. Mais ce doit être mon syndrome de vieille ronchon :diable:

retraitée a écrit:

A Tuin a écrit:Et après ?
Ce n'est pas nouveau.
Je connais des gens qui ont obtenu leur capes de lettres Modernes et qui ne savent pas écrire une phrase sans fautes. C'est miracle.
Et à côté de cela, la merveilleuse institution se permet de donner des leçons et de perdre son temps pour de nombreuses âneries ne méritant pas l'once d'une attention. Mais bon, comme dit, ce n'est pas nouveau.

J'ai effectivement l'impression que le même laxisme préside au CAPES ! Ici même, j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de fautes dans les messages. Mais ce doit être mon syndrome de vieille ronchon :diable:

Ici, chez certain(e)s, c'est impressionnant.

il semble que sur ce document ait disparu la mention d'éviter les décomptes systématiques qui pourraient aboutir à des 1 ou 2 /20 à des copies de deux ou trois pages.

C'est 2 points maximum pour toute la copie.
Donc évidemment que ce genre de décompte est interdit.

Ce n'est pas nouveau. Cela fait au moins dix ans qu'on pratique ce barème. Deux points maximum, même si l'orthographe est tellement déplorable qu'on peine à comprendre le sens : j'ai entendu Sa Grandeur l'inspectrice le marteler en réunion.

Quant au CAPES, ben oui, c'est pareil. En ce moment, la pénurie est telle qu'on ne recrute pas que des gens compétents. En lettres du moins, c'est une certitude.

Je suis d'accord avec Retraitée, à tel point que je me demande parfois s'il n'y a pas des posteurs imposteurs, si j'ose dire. Ce n'est pas possible de faire autant de fautes dans sa matière

John a écrit:

il semble que sur ce document ait disparu la mention d'éviter les décomptes systématiques qui pourraient aboutir à des 1 ou 2 /20 à des copies de deux ou trois pages.

C'est 2 points maximum pour toute la copie.
Donc évidemment que ce genre de décompte est interdit.

Non, ce n'est pas ça. Tu pouvais avoir un devoir de disons trois pages, que tu estimais, disons, à 4/20, avec trente fautes au total. On nous recommandait par écrit d'éviter un strict décompte mathématique du genre 4-2=2/20. Fallait user du flou artistique pour seulement virer les deux points aux copies acceptables par ailleurs :shock:

Cripure a écrit:

John a écrit:

il semble que sur ce document ait disparu la mention d'éviter les décomptes systématiques qui pourraient aboutir à des 1 ou 2 /20 à des copies de deux ou trois pages.

C'est 2 points maximum pour toute la copie.
Donc évidemment que ce genre de décompte est interdit.

Non, ce n'est pas ça. Tu pouvais avoir un devoir de disons trois pages, que tu estimais, disons, à 4/20, avec trente fautes au total. On nous recommandait par écrit d'éviter un strict décompte mathématique du genre 4-2=2/20. Fallait user du flou artistique pour seulement virer les deux points aux copies acceptables par ailleurs :shock:

Ah oui là c'est l'inverse, on est obligé de l'écrire :

Ces barèmes concernant la langue s’appliquent à l’ensemble de la copie.
Si une pénalisation s’impose, elle sera mentionnée sur la copie.

*Lady of Shalott* a écrit:Ce n'est pas nouveau. Cela fait au moins dix ans qu'on pratique ce barème. Deux points maximum, même si l'orthographe est tellement déplorable qu'on peine à comprendre le sens : j'ai entendu Sa Grandeur l'inspectrice le marteler en réunion.

Quant au CAPES, ben oui, c'est pareil. En ce moment, la pénurie est telle qu'on ne recrute pas que des gens compétents. En lettres du moins, c'est une certitude.

Je suis d'accord avec Retraitée, à tel point que je me demande parfois s'il n'y a pas des posteurs imposteurs, si j'ose dire. Ce n'est pas possible de faire autant de fautes dans sa matière

Hélas, j'ai parfois de furieuses envies de corriger ces fautes , mais je me retiens, de peur de vexer les collègues. Néanmoins, je trouve que c'est inquiétant.

Fautes d'orthographe ou simples erreurs de frappe accumulées ? Je déplore moi aussi une certaine négligence, mais nous nous éloignons du sujet.

Thalia de G a écrit:Fautes d'orthographe ou simples erreurs de frappe accumulées ? Je déplore moi aussi une certaine négligence, mais nous nous éloignons du sujet.

On se relit, et on corrige. Les fautes de frappe sont identifiables !

Seulement deux points, et soumis à condition en plus ...

Dans mon université, c'était un demi-point par faute, ça motivait!

retraitée a écrit:

*Lady of Shalott* a écrit:Ce n'est pas nouveau. Cela fait au moins dix ans qu'on pratique ce barème. Deux points maximum, même si l'orthographe est tellement déplorable qu'on peine à comprendre le sens : j'ai entendu Sa Grandeur l'inspectrice le marteler en réunion.

Quant au CAPES, ben oui, c'est pareil. En ce moment, la pénurie est telle qu'on ne recrute pas que des gens compétents. En lettres du moins, c'est une certitude.

Je suis d'accord avec Retraitée, à tel point que je me demande parfois s'il n'y a pas des posteurs imposteurs, si j'ose dire. Ce n'est pas possible de faire autant de fautes dans sa matière

Hélas, j'ai parfois de furieuses envies de corriger ces fautes , mais je me retiens, de peur de vexer les collègues. Néanmoins, je trouve que c'est inquiétant.

Personnellement, j'ai conscience que je fais parfois des fautes, et ça ne me dérangerait pas plus que ça qu'on me le fasse remarquer (peu-être dû au fait que je suis jeune et que j'accepte les corrections de mes "aîné/e/s"...). J'enseigne l'anglais, mes traces écrites sont toutes en anglais sauf pour le vocabulaire donc ça ne me pose pas de problème dans mon métier, par contre, c'est vrai que j'ai toujours un peu de stress quand je dois écrire un mot aux parents dans le carnet d'un gamin parce que j'ai peur de faire des fautes sans m'en rendre compte et de passer pour une mauvaise prof. A force d'écrire sur un pc où les mots mal orthographiés sous soulignés, je ne sais plus parfois si tel ou tel mot a deux "p", deux "r" ou autre... J'ai l'impression de perdre progressivement tout ce que j'ai appris à l'école.

Pour en revenir au sujet, l'orthographe a une place extrêmement importante dans mon enseignement. A chaque contrôle de vocabulaire, l'élève ne reçoit de points que si le mot est parfaitement orthographié. L'année dernière, j'ai pu comparer deux copies d'un de mes élèves de 4e, une en français et une en anglais car le professeur de français m'assurait que cet élève était en grande difficulté dans sa matière. Résultat : aucune faute d’orthographe ou de grammaire dans un bon anglais et un texte à peine compréhensible en français. :|

Et à côté de ça , on peut lire dans "Le Monde" du 24 août :

L'heure des choix serait-elle venue ? Car l'école ne peut satisfaire toutes les exigences : assurer, en un temps restreint, un même niveau d'orthographe aux citoyens de demain, tout en répondant à de nouvelles missions.

A cette équation, les solutions proposées divergent. Certains prônent le grand bond en arrière, et souhaiteraient que l'école se cantonne à un enseignement traditionnel. D'autres militent pour une grande simplification de l'orthographe, qui substituerait aux "x" des "s", supprimerait les doubles consonnes inutiles et les accents circonflexes.

Restent les partisans de la "tolérance" à l'égard des fautes d'orthographe.

Comme si ces partisans n'avaient pas gagné depuis bien, bien longtemps... :|

Ronin a écrit:Ben oui c'est pas nouveau sans n'empêche que c'est quand même du délire pur et que si l'on se résigne alors à quoi bon continuer à enseigner ?

Ah ça ! Évidemment que c'est complètement débile, mais le constat c'est qu'à notre échelle on peut bien protester, cela ne changera pas les décisions prises par toutes ces hiérarchies. Au final ce sont toujours les professeurs qui passent pour des imbéciles alors qu'ils n'y peuvent pas grand chose, et quand bien même ils feraient en sorte de sanctionner tout de même ces manques dans leur pratique d'enseignement.

Pioup a écrit:

Pour en revenir au sujet, l'orthographe a une place extrêmement importante dans mon enseignement. A chaque contrôle de vocabulaire, l'élève ne reçoit de points que si le mot est parfaitement orthographié. L'année dernière, j'ai pu comparer deux copies d'un de mes élèves de 4e, une en français et une en anglais car le professeur de français m'assurait que cet élève était en grande difficulté dans sa matière. Résultat : aucune faute d’orthographe ou de grammaire dans un bon anglais et un texte à peine compréhensible en français. :|

C'est bien révélateur, cette anecdote...

*Lady of Shalott* a écrit:

Quant au CAPES, ben oui, c'est pareil. En ce moment, la pénurie est telle qu'on ne recrute pas que des gens compétents. En lettres du moins, c'est une certitude.

Tu parles : il y a dix ans, il y avait pénurie ??? Je ne te parle pas de gens ayant le concours maintenant, je n'en connais pas plus que cela pour pouvoir juger et jauger de leur capacité à savoir écrire de façon satisfaisante sans aligner des fautes d'orthographe. Des gens admis ne sachant pas écrire sans faire de fautes, il y a maintenant un certain nombre d'années que c'est monnaie courante. Il apparaît presque dommage que ce critère d'orthographe ne soit pas valorisé, finalement.
La réalité c'est que les correcteurs de dissertation, de commentaire composé au CAPES ou au PLP doivent avoir les yeux bouchés. Je ne sais pas mais déjà une copie avec des fautes, à mon sens ne devrait même pas avoir la moyenne quel qu'en soit le contenu. C'est une lacune bien plus grave de ne pas savoir écrire que de mal connaître telle ou telle théorie fumeuse de théâtre il me semble. Puis je ne sais pas vous, mais lorsque je corrige des copies bourrées de fautes j'ai toujours du mal à être bien disposée envers le contenu, même s'il est digne d'intérêt. Je suis obligée de me forcer. J'ai dès lors, d'autant plus de mal à comprendre comment de telles failles peuvent passer comme si de rien n'était au moment d'écrits de concours...

Enfin, pour en revenir au sujet, il est dommageable que l'orthographe ne soit pas davantage considérée au moment des examens pour les élèves : l'intérêt de progresser sur ce plan ne peut leur apparaître que plus dérisoire encore..

In Rapport du jury de l’agrégation de Lettres modernes (externe) 2011 :

Cependant le correcteur reste circonspect devant des fautes d’orthographe trahissant une maîtrise insuffisante des verbes en français : * il alla payé / une file serpentée / il se faisait appelé / semblait se situait / la pluie n’avait pas décourageait / une conduite d’eau qui avait éclatée.
- Orthographe :
S’ajoutent à ces fautes d’orthographe sur le groupe verbal, des erreurs fréquentes sur les (masculin/féminin, singulier/pluriel : *’armistice proclamée’ / ‘se tenaient debouts’/ ‘des engins l’œil’, ‘les années soixantes’). Nous avons également noté de nombreuses fautes simple/double consonnes : *plannifier / assomantes / attérir /s’aglutinant / tyraniser.
L’oubli d’accents, tout comme l’absence systématique d’accents dans quelques copies, systématiquement pénalisés.