L'école doit-elle viser le bonheur ?

Je suis très surpris du nombre de résultats que l'on obtient lorsqu'on tape entre guillemets l'expression "école du bonheur".

On trouve certes une chanson de Frédéric François, ce qui ne choque que mes oreilles :



Mais on trouve surtout quelques résultats officiels qui me laissent quelque peu pantois :

En Belgique, il y a l'école du Bonheur : http://www.ecoledubonheur.com/siteweb/

Au collège Jeanne d'Arc de Cambrai, on parle de l'école du bonheur : http://www.jeannedarc-cambrai.com/ecole-bonheur.html

En Angleterre, une école donne des leçons de bonheur :

http://radioevangile.free.fr/re/textes/ECOLE%20DU%20BONHEUR.pdf

Et aujourd'hui, le SIEN-FSU diffuse l'interview d'une certaine Antonina Verdiani qui explique que les enseignants français doivent appliquer "les pédagogies du bonheur" : https://www.neoprofs.org/t53187-apres-peter-gumbel-antonella-verdiani-critique-l-ecole-francaise-sans-y-avoir-ete-eleve-ni-enseignante#1644576

D'où ma question : l'école doit-elle viser le bonheur des élèves ?

Oui elle doit viser le bonheur...mais des futurs Hommes que l'on nous confie!!

Comme les jésuites sont pour moi un modèle d'enseignants parce qu'ils ont très bien formé quantité de parfaits anti-jésuites de renom, l'école doit instituer puis instruire, les faire tenir droit (enfin assis au début selon Kant) puis les remplir de savoir, pour que par la suite, bien outillés, ils puissent oeuvrer à leur propre bonheur.

philann a écrit:
Comme les jésuites sont pour moi un modèle d'enseignants

Ad maiorem Dei gloriam

alberto79 a écrit:

philann a écrit:
Comme les jésuites sont pour moi un modèle d'enseignants

Ad maiorem Dei gloriam

philann a écrit:

alberto79 a écrit:

philann a écrit:
Comme les jésuites sont pour moi un modèle d'enseignants

Ad maiorem Dei gloriam

... Et perinde ac cadaver !

A propos du bonheur, sainte Tignasse de Loyola a dit : "Ne vous faites pas trop de cheveux!"

Je sors !

... Non, pas sur la tête ! :abd:

A propos de l’École du bonheur, on peut aussi relire Alain.

Ils entrevoient déjà ce que peut être le bonheur à l'école en tout cas, avec l'éloge de la paresse et l'interdit d'interdire qui y règnent non ?

Celadon a écrit:Ils entrevoient déjà ce que peut être le bonheur à l'école en tout cas, avec l'éloge de la paresse et l'interdit d'interdire qui y règnent non ?

Ce n'est certainement pas le bonheur.

Non, l'école doit contribuer, avec leurs parents, à en faire des adultes responsables, cultivés, aptes à réfléchir, écouter et comprendre, respectueux des autres et d'eux-mêmes, pour qu'ils aient un maximum de pistes pour s'épanouir.
Et en tant que parent, je pense la même chose. On souhaite que ses enfants soient heureux, mais on ne peut pas l'être à leur place : on les écoute, on les aide, on peut les aider à s'orienter, décider, choisir, accepter de renoncer parfois pour mieux repartir, mais ce sont eux qui trouveront, ou non, les clés du "bonheur".

« Je vais leur parler de ce qu'il y a de plus méprisable, à savoir le dernier homme... ».
Nietzsche, Prologue de Zarathoustra, § 5

" Voici ! Je vous montre le dernier homme.
Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu'est cela ?
La Terre sera devenue plus exiguë, et sur elle sautillera le dernier homme qui amenuise tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron; le dernier homme vit plus longtemps.

" Nous avons inventé le bonheur " disent les derniers hommes, et ils clignent de l'œil. Ils ont abandonné les contrées où la vie était dure, car on a besoin de chaleur.

Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s'avance avec précaution. Bien fou celui qui trébuche encore sur les pierres ou sur les hommes !

Un peu de poison de-ci de-là, cela procure des rêves agréables. Et beaucoup de poison en dernier lieu pour mourir agréablement.

On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais on a soin que la distraction ne fatigue pas. On ne devient plus ni pauvre ni riche, c'est trop pénible. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir ? C'est trop pénible.

Point de berger et un seul troupeau. Chacun veut la même chose, tous sont égaux : quiconque est d'un autre sentiment va de son plein gré dans la maison des fous. Autrefois tout le monde était fou, disent les plus fins et ils clignent de l'œil. "

On est prudent et on sait tout ce qui est arrivé, de sorte que l'on n'en finit pas de se moquer : On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt, de peur de se gâter l'estomac. On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit, mais on révère la santé.

"Nous avons inventé le bonheur" disent les derniers hommes, et ils clignent de l'œil.

A ce moment, les cris de joie de la foule l'interrompent : "Donne-nous ce dernier homme, ô Zarathoustra, s'écrièrent-ils, fais-nous semblables à ces derniers hommes ! Nous te tiendrons quitte du surhomme !

Et tout le peuple jubilait et claquait de la langue.

Voilà.

Pardon... je suis pas prof de philo... mais simple instit'!
"Viser le bonheur" comme but primordial, évidemment non, sinon notre ministère ne s'appellerait pas "Education Nationale" mais: "Bonheur National"... :lol:

Mais moi, j'aimerais bien que les p'tits bouts que j'ai en classe passent une année sereine, dans une bonne ambiance, en appliquant des règles de vie en commun, en prenant plaisir à être plus autonomes, sans pleurer tous les matins pour y aller, avec le sourire en repartant le soir... c'est pas le bonheur chez les Bisounours, juste c'est plus agréable que le malheur!
Et ça permet de rendre un peu plus aisés les apprentissages que je dois faire passer... (vous voyez, c'est comme quand on croque un morceau de sucre avant d'avaler un rémède amer, ça passe mieux!)

Après, le vrai bonheur celui de la vraie vie, oui ils le construiront seuls, avec les moyens qu'on (parents/instit') leur aura donnés...

*Kati* a écrit:Pardon... je suis pas prof de philo... mais simple instit'!
"Viser le bonheur" comme but primordial, évidemment non, sinon notre ministère ne s'appellerait pas "Education Nationale" mais: "Bonheur National"... :lol:

Mais moi, j'aimerais bien que les p'tits bouts que j'ai en classe passent une année sereine, dans une bonne ambiance, en appliquant des règles de vie en commun, en prenant plaisir à être plus autonomes, sans pleurer tous les matins pour y aller, avec le sourire en repartant le soir... c'est pas le bonheur chez les Bisounours, juste c'est plus agréable que le malheur!
Et ça permet de rendre un peu plus aisés les apprentissages que je dois faire passer... (vous voyez, c'est comme quand on croque un morceau de sucre avant d'avaler un rémède amer, ça passe mieux!)

Après, le vrai bonheur celui de la vraie vie, oui ils le construiront seuls, avec les moyens qu'on (parents/instit') leur aura donnés...

+ 1

L'école est une émanation de l'Etat. Or, un Etat peut-il définir le bonheur des citoyens ou futurs citoyens et quasiment "imposer" ce type de bonheur ? Certains l'ont tenté ... Le bonheur n'est-il pas une disposition d'esprit , que l'on atteint plus facilement par la conjonction de divers éléments, que l'Etat peut mettre en place ?

Lefteris a écrit:L'école est une émanation de l'Etat. Or, un Etat peut-il définir le bonheur des citoyens ou futurs citoyens et quasiment "imposer" ce type de bonheur ? Certains l'ont tenté ... Le bonheur n'est-il pas une disposition d'esprit , que l'on atteint plus facilement par la conjonction de divers éléments, que l'Etat peut mettre en place ?

Confirmation:
je ne suis pas prof de philo! :lol: :lol: :lol:

Bien que prof de philo, je suis d'accord avec Kati, bien sûr qui s'occupe des petits bouts de choux et sait qu'il faut, comme le disait Lucrèce dans le De natura rerum "mettre du miel sur le bord de la coupe".

Ceci dit, il me paraît difficile d'oublier la "dimension tragique" de la vie (c'est le sens du texte de Nietzsche) et dommageable de préférer le jeu à l'effort et à la difficulté surmontée. Je préfèrerais donc une école de la joie (principe actif) à une école du bonheur (principe passif)

Robin a écrit:A propos du bonheur, sainte Tignasse de Loyola a dit : "Ne vous faites pas trop de cheveux!"

Je sors !

... Non, pas sur la tête ! :abd:

Mouarf !!
M'enfin, Robin !! Prévenez ! On pourrait s'étouffer, savez-vous :lol!:

Si déjà l'école pouvait viser la bonne heure, ce serait bien. Commencer à 8h
Oups!! :retard:

tiptop77 a écrit:Si déjà l'école pouvait viser la bonne heure, ce serait bien. Commencer à 8h
Oups!! :retard:

:lol:

Vouloir le bonheur obligatoire, surtout d'un autre que soi, c'est péter bien plus haut que son c**. Et c'est le condamner à ne pas le trouver, puisqu'il nous le doit, et se doit d'être heureux à notre façon.

En revanche, rien n'empêche de mettre en place des conditions plus favorables que d'autres à cette recherche personnelle.

L'injonction d'être heureux ne connait que deux types de sources : celles des régimes totalitaires et celles des systèmes ultralibéraux.

L'école pas plus que le reste...Quelle idée!

Cripure a écrit:

Robin a écrit:A propos du bonheur, sainte Tignasse de Loyola a dit : "Ne vous faites pas trop de cheveux!"

Je sors !

... Non, pas sur la tête ! :abd:

Mouarf !!
M'enfin, Robin !! Prévenez ! On pourrait s'étouffer, savez-vous :lol!:

Enfin quelqu'un qui apprécie mon Kolossal sens de l'humour... à ses risques et périls... Mon entourage est plus réticent (en particulier mon plus jeune fils, qu'il consterne)