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- jilucorgNeoprof expérimenté
Article paru dans MEDIAPART, accès par abonnement) 31 juillet 2012 | Par Lucie Delaporte → http://www.mediapart.fr/journal/france/300712/l-ecole-face-la-petite-noblesse-des-enfants-surdoues
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Le sujet pouvait paraître mineur, presque anecdotique. Dans un système scolaire qui produit tant d’exclusion, pourquoi s’intéresser à la minorité d’enfants qui semble la mieux dotée, ces « surdoués » ou « intellectuellement précoces », sur lesquels la littérature psychologique a déjà abondamment écrit ? C’est pourtant en empruntant cette porte dérobée que Wilfried Lignier, jeune sociologue du CNRS et auteur de La petite noblesse de l’intelligence, une sociologie des enfants surdoués (La Découverte), renouvelle une question majeure du champ éducatif. Comment les classes moyennes et supérieures ont-elles réagi à la massification scolaire des années soixante-dix ?
Depuis l’avènement du collège unique, une question taraude les catégories supérieures : l’école démocratisée ne risque-t-elle pas de gâcher les meilleurs ? Leurs enfants ne seront-ils pas noyés dans ce grand bain commun ? De manière symptomatique, la question des enfants « supérieurement intelligents » émerge au moment de la loi Haby de 1975 sur le collège unique. « C’est clairement une réaction à la philosophie de cette loi, confirme Wilfried Lignier. Qu’en est-il des enfants extraordinaires dans une école qui devient ordinaire et où les gens qui la fréquentent sont, eux aussi, bien ordinaires ? »
Or la légitimité du thème du « sur-don » en France, où la psychométrie fait le plus souvent sourire ou frémir, était loin d’être acquise, contrairement aux États-Unis par exemple où la question des « gifted » était déjà très ancrée dans le paysage éducatif. La manière dont va s’opérer la reconnaissance institutionnelle de cette question est d’ailleurs une des parties les plus passionnantes de cette réjouissante enquête.
Au départ, raconte Lignier, une poignée de militants, qu’il désigne comme « les militants de l’intelligence », vont faire un patient et efficace travail de lobbying auprès de la puissance publique. Ces parents se retrouvent autour d’un psychologue libéral niçois, Jean-Charles Terrassier, au milieu des années 70, lui-même membre d’une association regroupant des adultes au QI conséquent, « sorte de Rotary club de l’intelligence ». Lequel fonde, en 1971, l’association nationale pour les enfants surdoués avec un vrai agenda politique. « Ils ne sont pas politisés au sens où on l’entend habituellement quand on est de gauche par exemple avec des partis des syndicats. Mais ce travail montre qu’il s’agit bien de mouvements sociaux, qui ont des objectifs institutionnels donc politiques. »
Leur première approche, qui consiste à interpeller les pouvoirs publics sur le gâchis économique pour une nation de ne pas reconnaître les enfants supérieurement intelligents – à la manière des Américains qui y voient un levier pour concurrencer les Soviétiques –, passe très mal en France. Le thème du « sur-don » rappelle celui du surhomme et ces premiers militants se retrouvent, comme le raconte l'une des personnes interrogées, pratiquement assimilés aux « nazis ».
« Cela n'a fait réagir personne »
Qu’à cela ne tienne, quelques années plus tard, le discours a totalement changé. Les « surdoués » que vont défendre les associations de parents – ils représenteraient selon eux près de 2% de la population scolaire – ne sont plus une ressource nationale à promouvoir, ce sont des enfants qui souffrent de leur différence et qui, malgré leur capacités intellectuelles hors normes, sont souvent en échec scolaire. « Dès lors qu’ils adoptent une logique psychologisante, et un registre quasi pathologique, ils vont échapper à la critique », analyse le sociologue. Mieux, le champ médiatique des années 90, dominé par les talk shows et le tout-psy, en redemande. La figure si séduisante de l’enfant surdoué passe ainsi du plateau de Mireille Dumas à celui de Jean-Luc Delarue, sans oublier celui de la plus respectable Marche du siècle.
Étonnamment, montre l’enquête de Wilfried Lignier, le politique, a priori plutôt sceptique, embraye. La question du « sur-don » rencontre en effet une réflexion sur la différenciation des élèves et des parcours dans l’école. En même temps que se mettait en place le collège unique, les filières permettent de singulariser les parcours. Les « surdoués » vont surtout opportunément s’insérer dans un champ médico-psychologique qui se développe à l’école. « Les agents des politiques éducatives sont disposés à les entendre car ils sont en train de traiter des questions du handicap, mais aussi parce qu’ils ont été préparés par ce qui s’est passé dans le champ médiatique. »
Sous Jack Lang, ministre de l’éducation de 2000 à 2002, une commission est lancée sur le sujet. Et dès 2002, le ministère multiplie les textes pour une prise en charge spécifique des enfants « intellectuellement précoces ». Une des rares concessions demandées aux associations est d’abandonner le terme « surdoué », trop marqué, pour celui, plus neutre, de « précoce ». Mais c’est bien le score obtenu aux tests psychométriques qui identifie ces enfants comme dotés d’une intelligence hors norme.
« La reconnaissance d’aménagements spéciaux en fonction du QI, c’est quand même quelque chose d’assez incroyable. Or, cela n’a fait réagir personne à l’époque », remarque le sociologue. De fait, ni les syndicats ni les associations de parents d’élèves comme la FCPE ne s’offusqueront de cette légitimation, alors même que la base scientifique de ces tests semble des plus fragiles. Il faut lire à cet égard le chapitre consacré à la façon dont la littérature scientifique, essentiellement psychologique, a été influencée par les associations. Il comporte des passages édifiants.
« Lorsque l’Inserm publie des travaux sur la détection précoce des délinquants à la maternelle, on observe, et c'est bien légitime, une levée de boucliers. Parce que l’idée que le médico-social puisse servir à contrôler les pauvres est bien inscrite dans les réflexes militants comme scientifiques sous l’influence des travaux de Foucault par exemple » affirme Wilfried Lignier. La perspective de dépister les enfants «à risque» dès la maternelle a en effet provoqué d'amples mobilisations (Voir nos articles sur le sujet et le documentaire Enfants, graines de délinquants?). Pour les enfants surdoués en revanche, la rhétorique de la pathologie, du quasi-handicap, paralyse tout le monde.
Renforcer le pouvoir des mieux dotés
Et pourtant… Sans nier qu’une telle souffrance puisse exister, la réalité sociologique des surdoués en France est tellement marquée qu’elle ne peut qu’interroger sur ce que les associations militantes présentent comme un quasi-handicap. Les « surdoués » ne se recrutent visiblement pas au hasard. Dans leur grande majorité (les 2/3), leurs parents sont le plus souvent des cadres supérieurs dont la réussite sociale doit peu à l’école. 75% d’entre eux sont des garçons. Non parce que les filles échoueraient aux tests, mais tout simplement parce qu’elles ont beaucoup moins de chance d’être testées que les garçons sur lesquels, souligne le sociologue, pèse bien davantage le stress scolaire des parents. Ainsi, par un processus presque miraculeux, le rapport problématique à l’école de ces petits garçons – « il s’ennuie », « il ne veut plus aller à l’école » – se retrouve opportunément « anobli » par le diagnostic de précocité. « Depuis qu’a été reconnue la précocité intellectuelle, les courbes du saut de classe entre filles et garçons se sont croisées », précise Wilfried Lignier, alors qu’on sait que les petites filles réussissent statistiquement mieux à l’école à ce moment-là.
L’un des paradoxes révélé par cette enquête est que la reconnaissance institutionnelle des « surdoués » conduit finalement l’école à renforcer le pouvoir des mieux dotés : les plus aisés, financièrement, culturellement, mais aussi « le sexe fort ». D’autant que, contrairement aux chiffres avancés par les associations, Wilfried Lignier montre que cette population est finalement bien peu en échec scolaire.
Pour le sociologue, la manière dont l’école offre des dérogations à ce public montre bien comment « l’institution scolaire peut contribuer à sa propre subversion ». L'une des caractéristiques des parents qui font passer les tests de QI à leur enfant, outre d’être de milieu aisé, est qu’ils ont tous un rapport distant avec l’école. Ils lui font peu confiance voire la détestent, la jugeant par trop médiocre, montre le livre. Qu’ils soient parvenus à se faire entendre de l’institution scolaire n’est donc pas la moindre des contradictions.
La petite noblesse de l’intelligence, une sociologie des enfants surdoués, La Découverte 356 pages, 25 euros.
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Le sujet pouvait paraître mineur, presque anecdotique. Dans un système scolaire qui produit tant d’exclusion, pourquoi s’intéresser à la minorité d’enfants qui semble la mieux dotée, ces « surdoués » ou « intellectuellement précoces », sur lesquels la littérature psychologique a déjà abondamment écrit ? C’est pourtant en empruntant cette porte dérobée que Wilfried Lignier, jeune sociologue du CNRS et auteur de La petite noblesse de l’intelligence, une sociologie des enfants surdoués (La Découverte), renouvelle une question majeure du champ éducatif. Comment les classes moyennes et supérieures ont-elles réagi à la massification scolaire des années soixante-dix ?
Depuis l’avènement du collège unique, une question taraude les catégories supérieures : l’école démocratisée ne risque-t-elle pas de gâcher les meilleurs ? Leurs enfants ne seront-ils pas noyés dans ce grand bain commun ? De manière symptomatique, la question des enfants « supérieurement intelligents » émerge au moment de la loi Haby de 1975 sur le collège unique. « C’est clairement une réaction à la philosophie de cette loi, confirme Wilfried Lignier. Qu’en est-il des enfants extraordinaires dans une école qui devient ordinaire et où les gens qui la fréquentent sont, eux aussi, bien ordinaires ? »
Or la légitimité du thème du « sur-don » en France, où la psychométrie fait le plus souvent sourire ou frémir, était loin d’être acquise, contrairement aux États-Unis par exemple où la question des « gifted » était déjà très ancrée dans le paysage éducatif. La manière dont va s’opérer la reconnaissance institutionnelle de cette question est d’ailleurs une des parties les plus passionnantes de cette réjouissante enquête.
Au départ, raconte Lignier, une poignée de militants, qu’il désigne comme « les militants de l’intelligence », vont faire un patient et efficace travail de lobbying auprès de la puissance publique. Ces parents se retrouvent autour d’un psychologue libéral niçois, Jean-Charles Terrassier, au milieu des années 70, lui-même membre d’une association regroupant des adultes au QI conséquent, « sorte de Rotary club de l’intelligence ». Lequel fonde, en 1971, l’association nationale pour les enfants surdoués avec un vrai agenda politique. « Ils ne sont pas politisés au sens où on l’entend habituellement quand on est de gauche par exemple avec des partis des syndicats. Mais ce travail montre qu’il s’agit bien de mouvements sociaux, qui ont des objectifs institutionnels donc politiques. »
Leur première approche, qui consiste à interpeller les pouvoirs publics sur le gâchis économique pour une nation de ne pas reconnaître les enfants supérieurement intelligents – à la manière des Américains qui y voient un levier pour concurrencer les Soviétiques –, passe très mal en France. Le thème du « sur-don » rappelle celui du surhomme et ces premiers militants se retrouvent, comme le raconte l'une des personnes interrogées, pratiquement assimilés aux « nazis ».
« Cela n'a fait réagir personne »
Qu’à cela ne tienne, quelques années plus tard, le discours a totalement changé. Les « surdoués » que vont défendre les associations de parents – ils représenteraient selon eux près de 2% de la population scolaire – ne sont plus une ressource nationale à promouvoir, ce sont des enfants qui souffrent de leur différence et qui, malgré leur capacités intellectuelles hors normes, sont souvent en échec scolaire. « Dès lors qu’ils adoptent une logique psychologisante, et un registre quasi pathologique, ils vont échapper à la critique », analyse le sociologue. Mieux, le champ médiatique des années 90, dominé par les talk shows et le tout-psy, en redemande. La figure si séduisante de l’enfant surdoué passe ainsi du plateau de Mireille Dumas à celui de Jean-Luc Delarue, sans oublier celui de la plus respectable Marche du siècle.
Étonnamment, montre l’enquête de Wilfried Lignier, le politique, a priori plutôt sceptique, embraye. La question du « sur-don » rencontre en effet une réflexion sur la différenciation des élèves et des parcours dans l’école. En même temps que se mettait en place le collège unique, les filières permettent de singulariser les parcours. Les « surdoués » vont surtout opportunément s’insérer dans un champ médico-psychologique qui se développe à l’école. « Les agents des politiques éducatives sont disposés à les entendre car ils sont en train de traiter des questions du handicap, mais aussi parce qu’ils ont été préparés par ce qui s’est passé dans le champ médiatique. »
Sous Jack Lang, ministre de l’éducation de 2000 à 2002, une commission est lancée sur le sujet. Et dès 2002, le ministère multiplie les textes pour une prise en charge spécifique des enfants « intellectuellement précoces ». Une des rares concessions demandées aux associations est d’abandonner le terme « surdoué », trop marqué, pour celui, plus neutre, de « précoce ». Mais c’est bien le score obtenu aux tests psychométriques qui identifie ces enfants comme dotés d’une intelligence hors norme.
« La reconnaissance d’aménagements spéciaux en fonction du QI, c’est quand même quelque chose d’assez incroyable. Or, cela n’a fait réagir personne à l’époque », remarque le sociologue. De fait, ni les syndicats ni les associations de parents d’élèves comme la FCPE ne s’offusqueront de cette légitimation, alors même que la base scientifique de ces tests semble des plus fragiles. Il faut lire à cet égard le chapitre consacré à la façon dont la littérature scientifique, essentiellement psychologique, a été influencée par les associations. Il comporte des passages édifiants.
« Lorsque l’Inserm publie des travaux sur la détection précoce des délinquants à la maternelle, on observe, et c'est bien légitime, une levée de boucliers. Parce que l’idée que le médico-social puisse servir à contrôler les pauvres est bien inscrite dans les réflexes militants comme scientifiques sous l’influence des travaux de Foucault par exemple » affirme Wilfried Lignier. La perspective de dépister les enfants «à risque» dès la maternelle a en effet provoqué d'amples mobilisations (Voir nos articles sur le sujet et le documentaire Enfants, graines de délinquants?). Pour les enfants surdoués en revanche, la rhétorique de la pathologie, du quasi-handicap, paralyse tout le monde.
Renforcer le pouvoir des mieux dotés
Et pourtant… Sans nier qu’une telle souffrance puisse exister, la réalité sociologique des surdoués en France est tellement marquée qu’elle ne peut qu’interroger sur ce que les associations militantes présentent comme un quasi-handicap. Les « surdoués » ne se recrutent visiblement pas au hasard. Dans leur grande majorité (les 2/3), leurs parents sont le plus souvent des cadres supérieurs dont la réussite sociale doit peu à l’école. 75% d’entre eux sont des garçons. Non parce que les filles échoueraient aux tests, mais tout simplement parce qu’elles ont beaucoup moins de chance d’être testées que les garçons sur lesquels, souligne le sociologue, pèse bien davantage le stress scolaire des parents. Ainsi, par un processus presque miraculeux, le rapport problématique à l’école de ces petits garçons – « il s’ennuie », « il ne veut plus aller à l’école » – se retrouve opportunément « anobli » par le diagnostic de précocité. « Depuis qu’a été reconnue la précocité intellectuelle, les courbes du saut de classe entre filles et garçons se sont croisées », précise Wilfried Lignier, alors qu’on sait que les petites filles réussissent statistiquement mieux à l’école à ce moment-là.
L’un des paradoxes révélé par cette enquête est que la reconnaissance institutionnelle des « surdoués » conduit finalement l’école à renforcer le pouvoir des mieux dotés : les plus aisés, financièrement, culturellement, mais aussi « le sexe fort ». D’autant que, contrairement aux chiffres avancés par les associations, Wilfried Lignier montre que cette population est finalement bien peu en échec scolaire.
Pour le sociologue, la manière dont l’école offre des dérogations à ce public montre bien comment « l’institution scolaire peut contribuer à sa propre subversion ». L'une des caractéristiques des parents qui font passer les tests de QI à leur enfant, outre d’être de milieu aisé, est qu’ils ont tous un rapport distant avec l’école. Ils lui font peu confiance voire la détestent, la jugeant par trop médiocre, montre le livre. Qu’ils soient parvenus à se faire entendre de l’institution scolaire n’est donc pas la moindre des contradictions.
La petite noblesse de l’intelligence, une sociologie des enfants surdoués, La Découverte 356 pages, 25 euros.
- FinrodExpert
leurs parents sont le plus souvent des cadres supérieurs dont la réussite sociale doit peu à l’école
...
mais qui réussi grâce à l'école alors ?
Ces articles sont étonnants. Ici il dénonce en effet une manœuvre idéologique mais sans pour autant parvenir à rester objectif...
il fait lui-même du lobbyisme, on est dans le purement subjectif dés lors que l'on passe à l'interprétation...
- JohnMédiateur
Oh, le beau livre objectif !Dans leur grande majorité (les 2/3), leurs parents sont le plus souvent des cadres supérieurs dont la réussite sociale doit peu à l’école.
L'une des caractéristiques des parents qui font passer les tests de QI à leur enfant, outre d’être de milieu aisé, est qu’ils ont tous un rapport distant avec l’école. Ils lui font peu confiance voire la détestent, la jugeant par trop médiocre, montre le livre.
Non mais il mélange tout et n'importe quoi, cet article, pour justifier les thèses qu'il veut défendre.
Une fois on étudie "les enfants surdoués" (expression que plus personne n'emploie), une fois on parle de leurs parents, une fois on parle des "parents qui font passer des tests de QI" (y compris, donc, les parents des enfants qui ne sont pas EIP), une fois on parle des sentiments de ces parents, une fois on parle d'"aménagements et de dérogations" comme si c'étaient d'affreux privilèges, alors qu'il s'agit le plus souvent d'un simple saut de classe...
Non mais si Lucie Delaporte est en mal de scandales dans l'E.N., elle peut me contacter, j'aurai de la matière à lui donner pour écrire des articles intéressants.
Le livre de Lignier n'est pas passé inaperçu : il a fait rire (sinon pleurer) parmi les gens qui s'occupent des EIP depuis des années, et qui connaissent leur sujet, eux.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- jilucorgNeoprof expérimenté
Juste une précision : tu auras remarqué que le passage de l'appellation "surdoués" à celle de "précoces" et les motifs allégués de l'abandon du premier qualificatif au profit du second, est précisément un des axes d'analyse du bouquin.John a écrit:Une fois on étudie "les enfants surdoués" (expression que plus personne n'emploie)
- JohnMédiateur
C'est une bêtise de plus, lorsqu'on lit : "Une des rares concessions demandées aux associations est d’abandonner le terme « surdoué », trop marqué, pour celui, plus neutre, de « précoce »."Juste une précision : tu auras remarqué que le passage de l'appellation "surdoués" à celle de "précoces" et les motifs allégués de l'abandon du premier qualificatif au profit du second, est précisément un des axes d'analyse du bouquin.
Ce n'est pas le ministère qui a créé l'expression EIP, et aucune assoce ne milite pour faire reconnaître le "sur-don" contre la précocité. A la manière dont c'est dit, on a l'impression que le ministère voulait l'expression EIP, que les assoces voulaient "surdoués", et qu'elles ont finit par lpacher sur ce point en faisant une concession douloureuse qui leur a servi de poids dans les compromis suivants.
C'est un livre à charge, qui ferait mieux de se contenter de pointer des dérives objectives (il y a des écoles privées qui ont fait florès grâce au traitement des EIP - qui n'en étaient pas tous, loin de là !). Mais là, c'est jeter le bébé avec l'eau du bain.
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- philannDoyen
je suis atterrée qu'un sociologue du CNRS puisse écrire un tel livre (enfin tel que relaté parce que je ne l'ai pas lu), mais déjà rien que le titre fleure bon le livre pas du tout scientifique. Enfin, les biais sont énormes qd même!! Le fait de demander à ce que son enfant soit testé. Bah oui c'est plus simple de repérer les problèmes psycho-scolaires qd on est soi-même instruit, ça ne veut pas dire qu'il y aura moins d'enfants précoces dans d'autres couches de la société, mais qu'ils risquent d'être moins facilement repérés. Idem, de la part de l'enseignant quand on travaille dans un bahut difficile ou dans un petit établissement tranquille, simplement parce que les variables possibles pour expliquer les problèmes seront moins nombreuses.
Enfin, 1. je n'ai pas repéré jusqu'à présent que la scolarité des enfants surdoués se passait plus facilement n'y même qu'ils acquerraient beaucoup d'avantages de la part de l'institution. Mon amie orthophoniste, qui a quelques patients surdoués trouvent même que les parents ne sautent pas au plafond de joie en général à l'annonce de la précocité, au contraire.
2. La bonne question serait: quelle proportion d'enfants surdoués réussissent bien scolairement puis ap. dans le monde du travail? Est-elle meilleure ou plus faible que l'ensemble de la population?
Franchement, là ça ressemble plutôt à: "tous égaux, pas de "distingo"!! :shock:
Enfin, 1. je n'ai pas repéré jusqu'à présent que la scolarité des enfants surdoués se passait plus facilement n'y même qu'ils acquerraient beaucoup d'avantages de la part de l'institution. Mon amie orthophoniste, qui a quelques patients surdoués trouvent même que les parents ne sautent pas au plafond de joie en général à l'annonce de la précocité, au contraire.
2. La bonne question serait: quelle proportion d'enfants surdoués réussissent bien scolairement puis ap. dans le monde du travail? Est-elle meilleure ou plus faible que l'ensemble de la population?
Franchement, là ça ressemble plutôt à: "tous égaux, pas de "distingo"!! :shock:
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- JaneMonarque
Mon EIP à moi à sauté 2 classes... No comment... C'est la seule alternative aujourd'hui pour permettre aux EIP de survivre à l'école.
- TristanaVénérable
Il me semble que la question posée est quand même légitime. Qu'est-ce qu'être surdoué, finalement ? Réussir des tests de QI dont la validité scientifique est toujours mise en doute ? S'ennuyer à l'école et avoir la chance d'être d'une famille aisée ? Ou être réellement en décalage intellectuel avec les autres ?
Certains en parlaient sur ce forum même : on détecte quasiment systématiquement 1 surdoué par classe aujourd'hui (en moyenne). Est-il possible que les surdoués soient aujourd'hui si nombreux ? N'y a-t-il donc pas matière à se poser des questions sur la définition dont on affuble ces enfants, et sur le milieu dans lequel ils ont évolué ?...
Certains en parlaient sur ce forum même : on détecte quasiment systématiquement 1 surdoué par classe aujourd'hui (en moyenne). Est-il possible que les surdoués soient aujourd'hui si nombreux ? N'y a-t-il donc pas matière à se poser des questions sur la définition dont on affuble ces enfants, et sur le milieu dans lequel ils ont évolué ?...
- philannDoyen
Les questions que tu poses sont très légitimes et je n'ai pas personnellement la réponse.
Mais il y a quand même un biais dans ce livre "la petite noblesse" quel mépris.
DIre qu'un enfant souffre à l'école pour des raisons sociales, parce que le milieu familial n'aide pas, parce que étranger, parce que parents chômeurs, parce que etc... Ca on peut le dire. Mais que la différence aille dans l'autre sens, un enfant qui souffre parce qu'il a "en plus" plutôt qu'en "moins" et là c'est scandaleux, horrible, non démocratique etc.
Ce d'autant qu'il y a pas mal d'enfants précoces auxquels on offre rien comme solution pendant leur scolarité (pas de soucis, le privé récupère ce marché )
La question me semble être: est-ce qu'il n'y a pas des enfants en souffrance véritable parce que précoce ou parce que autre chose...est-ce que cette souffrance ne vient pas du fait que l' E.N. est relativement rigide dans ses méthodes et modes de fonctionnement, avec pour conséquence de broyer de l'élève à la pelle.
Si un sociologue veut étudié l'utilisation des rouages du système par les bons bourgeois pour leurs enfants, il y a plein de domaines à mon avis plus pertinents que les enfants précoces (carte scolaire, options rares, prépa etc.)
Mais il y a quand même un biais dans ce livre "la petite noblesse" quel mépris.
DIre qu'un enfant souffre à l'école pour des raisons sociales, parce que le milieu familial n'aide pas, parce que étranger, parce que parents chômeurs, parce que etc... Ca on peut le dire. Mais que la différence aille dans l'autre sens, un enfant qui souffre parce qu'il a "en plus" plutôt qu'en "moins" et là c'est scandaleux, horrible, non démocratique etc.
Ce d'autant qu'il y a pas mal d'enfants précoces auxquels on offre rien comme solution pendant leur scolarité (pas de soucis, le privé récupère ce marché )
La question me semble être: est-ce qu'il n'y a pas des enfants en souffrance véritable parce que précoce ou parce que autre chose...est-ce que cette souffrance ne vient pas du fait que l' E.N. est relativement rigide dans ses méthodes et modes de fonctionnement, avec pour conséquence de broyer de l'élève à la pelle.
Si un sociologue veut étudié l'utilisation des rouages du système par les bons bourgeois pour leurs enfants, il y a plein de domaines à mon avis plus pertinents que les enfants précoces (carte scolaire, options rares, prépa etc.)
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- JaneMonarque
La question devrait, plutôt que d'incriminer la "petite noblesse", porter sur la non intégration des EIP au système scolaire. En tant que parent d'enfants EIP, j'ai toujours été suspectée de prendre mes enfants pour des génies, d'avoir une fierté mal placée, un sentiment de supériorité affichée...
Les EIP ne sont pas simples à gérer scolairement parlant ! La réalité c'est que les EIP (ou quel que soit le nom qu'on leur donne) existent bel et bien et que le système scolaire les ignore. Ils représenteraient environ 400 000 élèves et sont pourtant superbement ignorés par l'institution scolaire: aucune reconnaissance, aucune prise en charge.
Seule la suspicion non de l'enfant mais de sa famille et d'un soi-disant sentiment de supériorité est de mise.
Les EIP ne sont pas simples à gérer scolairement parlant ! La réalité c'est que les EIP (ou quel que soit le nom qu'on leur donne) existent bel et bien et que le système scolaire les ignore. Ils représenteraient environ 400 000 élèves et sont pourtant superbement ignorés par l'institution scolaire: aucune reconnaissance, aucune prise en charge.
Seule la suspicion non de l'enfant mais de sa famille et d'un soi-disant sentiment de supériorité est de mise.
- SteredDoyen
Tristana a écrit:Il me semble que la question posée est quand même légitime. Qu'est-ce qu'être surdoué, finalement ? Réussir des tests de QI dont la validité scientifique est toujours mise en doute ? S'ennuyer à l'école et avoir la chance d'être d'une famille aisée ? Ou être réellement en décalage intellectuel avec les autres ?
Certains en parlaient sur ce forum même : on détecte quasiment systématiquement 1 surdoué par classe aujourd'hui (en moyenne). Est-il possible que les surdoués soient aujourd'hui si nombreux ? N'y a-t-il donc pas matière à se poser des questions sur la définition dont on affuble ces enfants, et sur le milieu dans lequel ils ont évolué ?...
Nous avons eu une conférence passionnante avec l'ANPEIP, une association qui s'intéresse aux EIP et aide leurs familles.
D'emblée, ils nous a été dit que ces enfants autrefois appelés "surdoués" n'étaient pas "plus intelligents" que d'autres, mais plutôt "différemment intelligents". Ils réfléchissent, d'après les études, non pas de façon linéaire comme nous, mais en arborescence. Ce qui signifie que toutes les informations leur arrivent sur le même plan (le cours, le chant d'un oiseau dehors, le bruit d'une trousse qu'on ouvre, les discussions d'un camarade) et qu'ils doivent apprendre, car ce n'est pas automatique, à les classer par priorité.
Leur point de vue est détaillé ici :
ANPEIP
Nous avons, joie et bonheur, la "certification" EIP, ce qui signifie que certaines familles viennent de loin pour mettre leurs enfants chez nous et attendent donc une aide (certains EIP s'adaptent très bien au collège et ne sont d'ailleurs jamais décelés comme tel, on pense qu'ils sont de bons élèves, c'est tout, mais d'autres s'ennuient tellement ou se braquent tellement à cause de leur hypersensibilité (qui est une des caractéristiques des EIP apparemment) qu'ils deviennent très perturbateurs ou s'enfoncent dans un échec scolaire durable). Le site cité plus haut est intéressant pour comprendre le fonctionnement de ces enfants.
- JaneMonarque
J'ai assisté à une conférence du même tonneau dans laquelle j'ai retrouve beaucoup des caractéristiques de mon fils (moins de mes filles pourtant diagnostiquées EIP elles aussi). C'était très intéressant. Concrètement, qu'elle aide apportez-vous aux EIP en classe Stered ?
- CelebornEsprit sacré
Stered a écrit:
D'emblée, ils nous a été dit que ces enfants autrefois appelés "surdoués" n'étaient pas "plus intelligents" que d'autres, mais plutôt "différemment intelligents".
Cette affirmation me semble relever de l'idéologie. Non pas qu'il n'y ait pas des précoces (si on veut les appeler comme ça) qui ne réfléchissent pas différemment, mais dire que c'est le cas de tous, c'est n'importe quoi. Navré, mais il y en a qui sont juste « plus intelligents », sans réfléchir du tout en arborescence.
Je suis allé rapidement regardé le site de l'ANPEIP, et cela confirme mon impression.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- SteredDoyen
Jane a écrit:Concrètement, quelle aide apportez-vous aux EIP en classe Stered ?
Alors, il faut savoir qu'on avait cette certification... Sans le savoir. Haha. Bref...
Donc pas grand chose de pensé dans cette optique : le but de cette conférence était de mettre en place des choses pour l'an prochain.
Mais on nous a parlé d'un établissement dans la banlieue parisienne à la pointe (Joinville, je crois) où les EIP sont sortis de certains cours trop basiques - ils ont les moyens humains pour en même temps... La classe a un test en début de leçon pour voir s'ils ont les compétences ou pas, si oui, les élèves sont dirigés vers des ateliers (calligraphie par exemple). Le but est d'éviter l'ennui, la perte de temps pour eux et donc la perturbation. Je suis restée un peu sceptique lors de la présentation, mais pourquoi pas. On devrait aller voir sur place l'an prochain, ça sera plus concret
Chez nous, à la rentrée, il a été envisagé :
- un atelier de recherche au CDI, mais encadré par un assistant pédagogique et des enseignants de toutes matières (il ne s'agit pas de laisser les gamins à la collègue documentaliste, surtout que certains sont très pénibles...), où les élèves approfondiront le cours en autonomie.
- de prendre le temps d'établir une relation bienveillante avec ces élèves (leur hypersensibilité peut être contournée sans aller au clash)
- de beaucoup détailler les consignes (l'EIP aura tendance à partir dans la direction qu'il trouve la meilleure et qui n'est pas forcément celle du prof, il faut donc que les consignes ne laissent pas place à l'improvisation de leur part et soient très cadrantes)
- de donner des exercices différenciés, certains allant plus loin (il est très pénible pour un bon élève (et pas seulement pour un EIP) de se fader 40 exercices systématiques sur un point de grammaire facile qu'il a compris...)
En fait, comme nous l'avons fait remarquer, pour les trois derniers points concernent tous les élèves et peuvent tous les aider. Pour le 2e point, ça relève du bon sens d'essayer d'avoir une relation de confiance avec les élèves et de ne pas leur rentrer dedans gratuitement :lol:
Pour le 3e point, on aide aussi les dys et les élèves en difficulté, pour le dernier point, on soulage les bons élèves qui ont l'impression de perdre leur temps.
Dans la pratique, je ne sais pas ce que ça va donner : l'atelier sera-t-il gérable ? Aurai-je, moi, toujours le temps de prévoir deux batteries d'exercices, des recherches, etc ? Je pense mettre aussi en place une mini bibliothèque dans ma classe pour les faire lire s'ils ont tout fini et s'ennuient. On va bien voir
De toute façon, il n'y a pas vraiment de recettes, ça dépend aussi de l'élève précis qu'on aura en face. J'en ai deux en tête : un rêveur adorable qui ne fait que ce qu'il veut et un autre hyper insolent avec qui j'aurais bien plus de mal à garder mon calme...
- SteredDoyen
Celeborn a écrit:Stered a écrit:
D'emblée, ils nous a été dit que ces enfants autrefois appelés "surdoués" n'étaient pas "plus intelligents" que d'autres, mais plutôt "différemment intelligents".
Cette affirmation me semble relever de l'idéologie. Non pas qu'il n'y ait pas des précoces (si on veut les appeler comme ça) qui ne réfléchissent pas différemment, mais dire que c'est le cas de tous, c'est n'importe quoi. Navré, mais il y en a qui sont juste « plus intelligents », sans réfléchir du tout en arborescence.
Je suis allé rapidement regardé le site de l'ANPEIP, et cela confirme mon impression.
Oh ça, sans doute
En fait, le discours balançait entre "ils sont comme ça" mais "chacun est unique". Disons que néanmoins cette présentation correspondait (je vous l'ai sur-résumée, hein ^^) à certains de nos élèves. Mais pas à tous, forcément.
Ils nous ont apportés quelques pistes, d'autres nous ont laissés très sceptiques, mais au moins, c'était un début de réponse, à retravailler, à approfondir, quitte à partir sur une autre voie.
Nous allons recevoir beaucoup d'élèves reconnus EIP, ça amène donc à une réflexion (certains dormotent gentiment, d'autres sont désagréables, un se roule à terre en faisant des crises de hurlements incroyables, certains avancent, imperturbables...). Venez dans des bahuts prétendus tranquilles et on vous mettra plein de jolis sigles
- CelebornEsprit sacré
Moi, je vois venir gros comme une maison les mêmes délires que pour les « dyslexiques ». Certains le sont et doivent être aidés/accompagnés, mais combien ne le sont en fait pas…
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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- doublecasquetteEnchanteur
Celeborn a écrit:Moi, je vois venir gros comme une maison les mêmes délires que pour les « dyslexiques ». Certains le sont et doivent être aidés/accompagnés, mais combien ne le sont en fait pas…
En primaire, dans mon école, la première attaque de psychologue mettant sur une précocité intellectuelle (QI de 130) les difficultés comportementales d'un élève auquel l'institution aurait dû s'adapter (Chéridamour voulait qu'on l'interroge avant les autres, gagner à tous les jeux organisés dans la cour et n'aimait pas la géométrie et la rédactiondont il souhaitait être dispensé) date de l'année scolaire 2003/2004.
J'avais même eu droit à un petit répertoire des choses à faire et à ne pas faire dans l'intérêt de Chéridamour !
L'an dernier, MonchériMoncœur, le seul, le vrai, celui pour lequel le surnom a été créé, en a écopé une orientation en 6° spéciale surdoués, en internat, à plus de 120 km de chez lui, avec un an d'avance (QI, je ne sais pas, mais s'il a bousculé C. en classe avec une telle violence que celle-ci s'est retrouvée au sol, les quatre fers en l'air, c'est parce qu'il est EIP, mon chéri, et la lenteur intellectuelle des autres les lui rend insupportables).
Ça duré trois mois puis il est rentré au collège de secteur, celui auquel tout le monde cherche à échapper grâce aux dérogations parce que ce pauvre MCMC n'en pouvait plus des exigences de la prof d'anglais qui "refusait de s'adapter à son profil particulier" !
- philannDoyen
Je crois qu'il y a plusieurs choses:
1. Même chose que pour les dyslexiques, on passe de "on a pourri la vie à plein de gamins qu'on a pas diagnostiqué et qu'on a pris pour des débiles mentaux" (parlez avec un adulte aujourd'hui diagnostiqué dyslexique et demandez lui de raconter sa scolarité...et bah l'enfer c'est sur terre à n'en pas douter) à "pauvre chéri qui s'ennuie à l'école mais quienfaitestungéniincompris"
2. recrudescence d'enfants "pseudo" précoces, comme pour les dyslexiques, c'est-à-dire tentative de donner des explications médico-sociales à des manques ou incapacités de l'école, voire juste à la mauvaise éducation des enfants par les parents. (le gamin à qui parce qu'il est précoce on passe tout, va vit devenir une sorte de fauve et les parents ont l'excuse toute trouvée "Ah bah non on ne l'éduque pas mal, mais vous comprenez il n'est pas comme les autres il est précoce). Du reste, on peut dresser le même tableau avec les enfants hyperactifs.
3. N'en demeure pas moins, que certains enfants sont vraiment précoces (comme certains sont vraiment dyslexiques ou d'autres vraiment hyperactifs) et que là c'est une galère sans nom. PArce que le gamin qui va pas bien à l'école, il ne va pas mieux quand on a posé la bonne étiquette, parce que contrairement à l'idée reçue les parents ne sautent pas forcément de joie quand on leur apprend la nouvelle et parce que très peu de structures adaptées (c'est-à-dire permettant de faire travailler et avancer le gamin) existent.
Ces cas-limites et donc difficiles à repérer mettent en question l'institution scolaire et sa capacité à accueillir un gamin qui sort de la norme de ses camarades et franchement je trouve l'institution parfois d'une violence inouïe (j'en ai autant d'ailleurs à l'égard de l'accueil de certains handicaps du reste)
1. Même chose que pour les dyslexiques, on passe de "on a pourri la vie à plein de gamins qu'on a pas diagnostiqué et qu'on a pris pour des débiles mentaux" (parlez avec un adulte aujourd'hui diagnostiqué dyslexique et demandez lui de raconter sa scolarité...et bah l'enfer c'est sur terre à n'en pas douter) à "pauvre chéri qui s'ennuie à l'école mais quienfaitestungéniincompris"
2. recrudescence d'enfants "pseudo" précoces, comme pour les dyslexiques, c'est-à-dire tentative de donner des explications médico-sociales à des manques ou incapacités de l'école, voire juste à la mauvaise éducation des enfants par les parents. (le gamin à qui parce qu'il est précoce on passe tout, va vit devenir une sorte de fauve et les parents ont l'excuse toute trouvée "Ah bah non on ne l'éduque pas mal, mais vous comprenez il n'est pas comme les autres il est précoce). Du reste, on peut dresser le même tableau avec les enfants hyperactifs.
3. N'en demeure pas moins, que certains enfants sont vraiment précoces (comme certains sont vraiment dyslexiques ou d'autres vraiment hyperactifs) et que là c'est une galère sans nom. PArce que le gamin qui va pas bien à l'école, il ne va pas mieux quand on a posé la bonne étiquette, parce que contrairement à l'idée reçue les parents ne sautent pas forcément de joie quand on leur apprend la nouvelle et parce que très peu de structures adaptées (c'est-à-dire permettant de faire travailler et avancer le gamin) existent.
Ces cas-limites et donc difficiles à repérer mettent en question l'institution scolaire et sa capacité à accueillir un gamin qui sort de la norme de ses camarades et franchement je trouve l'institution parfois d'une violence inouïe (j'en ai autant d'ailleurs à l'égard de l'accueil de certains handicaps du reste)
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- phiExpert
C'est vrai, et même après le diagnostic, l'aide est souvent inexistante.Celeborn a écrit:Moi, je vois venir gros comme une maison les mêmes délires que pour les « dyslexiques ». Certains le sont et doivent être aidés/accompagnés, mais combien ne le sont en fait pas…
- TristanaVénérable
Ma seule question, c'est : qu'offre-t-on aux anti-précoces ? C'est-à-dire à ceux qui sont plus lents que les autres ? Eux aussi sont en grande souffrance, et on ne leur donne même pas la possibilité d'avoir un mot à mettre sur leur problème. Ce sont simplement des nuls, des cancres, que les profs essaient d'aider du mieux qu'ils peuvent — mais on sait tous qu'empêcher un élève de sombrer quand on en a 30 qui font les zouaves, c'est mission impossible...philann a écrit:Mais il y a quand même un biais dans ce livre "la petite noblesse" quel mépris.
DIre qu'un enfant souffre à l'école pour des raisons sociales, parce que le milieu familial n'aide pas, parce que étranger, parce que parents chômeurs, parce que etc... Ca on peut le dire. Mais que la différence aille dans l'autre sens, un enfant qui souffre parce qu'il a "en plus" plutôt qu'en "moins" et là c'est scandaleux, horrible, non démocratique etc.
Ce d'autant qu'il y a pas mal d'enfants précoces auxquels on offre rien comme solution pendant leur scolarité (pas de soucis, le privé récupère ce marché )
Voilà, en réalité, la question que je me pose. Parce que même si on peut justifier le mauvais comportement ou les mauvais résultats d'un élève par son contexte social, familial, il n'empêche qu'on ne fait rien de spécial pour l'aider non plus. Éventuellement des heures d'études en plus, qui vont simplement l'épuiser davantage...
Je trouve ça très bien, qu'on s'interroge sur les enfants précoces, malheureux à l'école car s'ennuyant ferme. Maintenant, je regrette, comme ça a été dit par DoubleCasquette et Celeborn, que de nombreux élèves soient traités de manière différente parce qu'on dit qu'ils sont précoces, alors déjà qu'ils ne le sont pas toujours. Un problème de comportement ne vient pas forcément d'une précocité, ou d'une dyslexie, mais cela permet aux parents de ne pas avoir à s'interroger sur l'éducation qu'ils ont donnée à leurs enfants. Et puis, c'est en général plutôt bien vu d'être turbulent car précoce : on vous fait passer des tests, on justifie presque votre mauvais comportement ("ce n'est pas sa faute, il s'ennuie"), alors que pour ceux qui ont au contraire de grosses lacunes, qui ont des soucis pour comprendre ce qu'on leur explique, on ne les excuse jamais. Ce sont des perturbateurs doublés de cancres. Je trouve tout cela un peu injuste — sans nier, pour autant, une seule seconde la souffrance ressentie par les enfants précoces. Mais je crois que le problème doit être envisagé à ses deux extrémités, et pas seulement du côté des précoces.
- JohnMédiateur
Oui mais ça ne signifie pas qu'il faille jeter le bébé avec l'eau du bain.
Que des gens se mettent en arrêt en simulant une dépression signifie-t-il pour autant qu'il faille écrire un livre pour s'en prendre à "la petite noblesse des dépressifs" ?
Que des gens se mettent en arrêt en simulant une dépression signifie-t-il pour autant qu'il faille écrire un livre pour s'en prendre à "la petite noblesse des dépressifs" ?
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JPhMMDemi-dieu
Pardon par avance pour cette question qui peut sembler très naïve.
Parler d'élèves intellectuellement précoces, c'est évaluer leur capacité relativement à un index de « croissance (dans le temps) intellectuelle ». Mais n'est-ce pas un abus delangage concept de considérer qu'un élève de 13 ans intellectuellement précoce aurait l'intellect d'un élève de 17 ans, par exemple ? Et quand cette personne aura 45 ans, quel sens aurait alors une telle « précocité intellectuelle » ? En d'autres termes, un EIP est-il porteur d'une précocité intellectuelle stricto sensu, ou s'agit-il juste d'un abus de langage ?
Parler d'élèves intellectuellement précoces, c'est évaluer leur capacité relativement à un index de « croissance (dans le temps) intellectuelle ». Mais n'est-ce pas un abus de
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- TristanaVénérable
La différence c'est qu'on ne valorise pas la dépression. Contrairement à tout ce qui peut se dire, la précocité reste quand même une source de fierté, d'admiration — et elle se retrouve dans certains milieux sociaux, et pas dans d'autres. La dépression touche les ouvriers comme les cadres.John a écrit:Oui mais ça ne signifie pas qu'il faille jeter le bébé avec l'eau du bain.
Que des gens se mettent en arrêt en simulant une dépression signifie-t-il pour autant qu'il faille écrire un livre pour s'en prendre à "la petite noblesse des dépressifs" ?
- JohnMédiateur
Là, on est clairement dans l'abus de langage. Soit la précocité intellectuelle existe, et dans ce cas-là elle existe partout ; soit elle n'existe pas, et dans ce cas-là il n'y a même pas de débat à avoir : tout le monde se développe pareil au même moment.Contrairement à tout ce qui peut se dire, la précocité reste quand même une source de fierté, d'admiration — et elle se retrouve dans certains milieux sociaux, et pas dans d'autres.
En réalité, selon moi, il y a la même proportion d'EIP dans tout groupe, quel qu'il soit (par classe sociale, par âge, par sexe, etc.), simplement, dans les milieux aisés, on a plus spontanément recours au psychologue pour aller faire les tests, et certains, sûrement, essaient de faire passer pour EIP un enfant qui ne l'est pas.
Si on pouvait au moins s'entendre là-dessus...
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