Le spleen de l'ENT vu par les départements :)

http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/environnement-numerique-de-travail

Ou tristesse des départements constatant que l'EN n'arrive pas à faire marcher ses profs au pas de l'oie :lol:

L'Éducation nationale malgré sa hiérarchie (MEN, Rectorat, corps des inspecteurs, inspection d’académie, chef d’établissement) n’est pas capable de "mettre à l’ordre" ses personnels, de gérer ses enseignants, d’évaluer leurs pratiques, de les inciter et contraindre à utiliser un service tel que l’ENT (l’exemple des portables depuis 2001 peut être décliné comme exemple) ; il y a une autonomie des établissements scolaires, et à l’intérieur desquels chaque professeur reste libre dans son cours et sa salle de classe.

C'est moi qui me fait des idées ou c'est réellement méprisant?

L'article date d'octobre 2011 mais il reste furieusement d'actualité. Mes passages préférés :

L’Éducation nationale ne dispose pas non plus de moyen de pression sur ces propres enseignants, il faut arrêter avec ce mythe : quand un inspecteur voit un professeur de lettres une ou deux heures tous les sept ans, de quel moyen de pression parlons-nous ? Un enseignant dispose d’une liberté pédagogique presque totale dans son cours du moment qu’il suit les grandes lignes du programme, lequel n’entre pas dans les moyens techniques mis en œuvre.

OUI ou NON "…les élèves absents consultent le cahier de texte de la classe et récupérer des éléments pendant leur absence…"Est-ce que tous les professeurs d’un établissement mettent bien le contenu à disposition ? Si ce n’est pas le cas comment cela se passe-t-il ?

Merci Cripure. Agoravox ne nos déçoit jamais.

Autre chose amusante :

On déplore une certaine opacité sur ce dossier. Il n’existe pas de chiffres des usages réels des différentes solutions déployées

Le papier oublie gentiment l'opacité sur les coûts pour les collectivités. Opacité quand tu nous tiens.

Comment expliquer aux parents et aux élèves que Mme MICHU mette à disposition ses cours sur l’ENT mais qu’elle soit la seule à le faire ? Comment les parents peuvent-ils se dire avec cet enseignant, je vais communiquer avec lui par la messagerie intégrée de l’ENT, celui-là ne l’utilise pas ? C’est kafkaïen comme situation.

Kafkaïen, rien que ça...

J'ai posté une réponse un peu décalée puisque je traite du contenu de l'ENT et non du pas de l'oie qui nous gratouille... je ne sais si cela sera publié mais ça fait du bien de le dire !

"J'étais pourtant de bonne volonté, utilisateur avertit des outils informatiques, moteur dans l'utilisation d'un ENT, convaincue de son utilité et convaincante auprès des élèves, des parents, des collègues... oui mais voilà, dans mon académie on nous a imposé la daubasse nommée Lilie. Non mais sans blagues, on a consulté des profs et on l'a testé irl ce truc avant de le vendre et de l'imposer à toute l'académie de Versailles (voire la région Ile de France, j'ai un doute) ?

Résultat des courses (après moultes tentatives, j'allais même jusqu'à publier mon cahier de textes en fichiers pdf partagés puisque l'application censée remplir cet office était tout bonnement inutilisable par les profs et incompréhensible par les élèves, un comble), le lycée s'est doté d'applications utilisables, achetées sur ses deniers, en plus du truc obligatoire qui décore notre site Internet sans servir à rien. Les admin réseau ne créent même plus les comptes utilisateurs, et c'est tant mieux.

La base en ce domaine, c'est qu'une application doit répondre aux besoins des utilisateurs, et non créer des contraintes suplémentaires sans répondre aux dits besoins. "

lilypims a écrit:

L'Éducation nationale malgré sa hiérarchie (MEN, Rectorat, corps des inspecteurs, inspection d’académie, chef d’établissement) n’est pas capable de "mettre à l’ordre" ses personnels, de gérer ses enseignants, d’évaluer leurs pratiques, de les inciter et contraindre à utiliser un service tel que l’ENT (l’exemple des portables depuis 2001 peut être décliné comme exemple) ; il y a une autonomie des établissements scolaires, et à l’intérieur desquels chaque professeur reste libre dans son cours et sa salle de classe.

C'est moi qui me fait des idées ou c'est réellement méprisant?

C'est plus du regret. Ah... Si on arrivait à les faire marcher au pas, tous ces c ons !!!

J'adore le passage où les départements s'aperçoivent que leurs (très) chers ENT vont peut-être faire doublon...

Mes collègues m'ont raconté que pendant mon congé mater, il y avait eu une réunion au cours de laquelle l'adjointe (note cde était dans sa dernière année, occupé par les élections) a rappelé qu'il fallair remplir l'ent.D'accord.Mais non pas parce que ça faisait partie de nos obligations, mais parce que "c'était la vitrine du collège !".
Il existe de magnifiques vitrines de boutiques bien vides pourtant....

L'articulet est signé d'un certain Pierre-Louis Ghavam *, ci-devant "directeur des TIC" au conseil général des Landes. Autrement dit, un petit chef très en pointe sur le gâchis d'argent public qui maintenant glapit en tentant de mettre ça sur le dos des enseignants.

Je lui conseille volontiers d'aller plus régulièrement à la selle mais je ne m'arroge pas le droit de lui imposer le type de torche-cul. A moins que la dictature du "zéro-papier" n'ait pris des proportions inquiétantes aux sièges du cg 40.

* "star de ludovia 2009" selon http://pedagotice.blogspot.fr/2009_08_01_archive.html
ludovia, un happening porno d'été ?

Par exemple, que la liberté de choix, puis d’utilisation des matériels, logiciels et manuels numériques par les enseignants est le corollaire de la liberté pédagogique

je ne vois pas trop le rapport entre liberté pédagogique et liberté de choix des matériels et logiciels (les manuels numériques, c'est autre chose). Quand des contrats sont passés au niveau national avec Dell pour fournir les écoles, quand tous les collèges fonctionnent avec Windows, où il y a -t-il liberté des enseignants? En quoi les enseignants freinent-ils là l'usage de l'ENT et du numérique en général?

Je ne comprends même pas qu'il n'y ait pas UN logiciel d'ENT national, testé au départ par un établissement, puis quatre ou cinq, etc. jusqu'à la diffusion au niveau national. Et conçu par des informaticiens au service de l'éducation nationale, ce qui permettrait de disposer d'une équipe très compétente pour la prise de décision, indépendamment des lobbies. Il n'y a pas à "mettre de l'ordre" dans le comportement des personnels
- il y a à mettre à la disposition du personnel du matériel et des logiciels de qualité et libre.
- Il y a à former pour de bon ce personnel (vous avez reçu une formation, vous?)
- et mettre à disposition de chaque académie un service de référents informatiques, qui pourraient intervenir sur les sites en cas de panne grave ou prendre la main à distance au lieu de confier la gestion du parc à la prof d'anglais qui est un peu plus dégourdie que les autres.
Mais si l'on prend du matériel de qualité, les pannes graves sont rares (quand l'utilisateur ne peut pas lui-même installer un programme mais demander à un administrateur de l'installer, ça limite les problèmes).

Même si l'on trouve des enseignants réfractaires à la pratique de l'informatique (ce qui peut être une question de génération mais pas seulement), mettre à disposition des systèmes compliqués et sans formation, ce n'est pas aller dans le bon sens. Autrement dit, la contrainte n'est certainement pas LA solution.

je ne vois pas trop le rapport entre liberté pédagogique et liberté de choix des matériels et logiciels (les manuels numériques, c'est autre chose). Quand des contrats sont passés au niveau national avec Dell pour fournir les écoles, quand tous les collèges fonctionnent avec Windows, où il y a -t-il liberté des enseignants? En quoi les enseignants freinent-ils là l'usage de l'ENT et du numérique en général?

Parce qu'ils sont sous-utilisés ou non utilisés !

Et pour de très nombreuses raisons, notamment parce que l'ergonomie d'ENT qui ne sont pas conçus par et pour des professionnels de l'enseignement est très décevante : les professeurs qui utilisent le numérique sont les premiers à le déplorer.

Et puis aussi parce qu'à terme les ENT veulent pouvoir se substituer à la relation pédagogique (voir la citation ci-dessus pour les élèves absents), comme pendant la grippe A où l'école devait pouvoir continuer à fonctionner "en mode dégradé". Et qu'on voit très bien où certains voudraient en venir.

Rappel : Educavox est subventionné par Orange et Apple, entre autres.

Je ne comprends même pas qu'il n'y ait pas UN logiciel d'ENT national, testé au départ par un établissement, puis quatre ou cinq, etc. jusqu'à la diffusion au niveau national. Et conçu par des informaticiens au service de l'éducation nationale, ce qui permettrait de disposer d'une équipe très compétente pour la prise de décision, indépendamment des lobbies.

http://www.laviemoderne.net/clapotis/019-ma-petite-entreprise.html

Dugong a écrit:L'articulet est signé d'un certain Pierre-Louis Ghavam *, ci-devant "directeur des TIC" au conseil général des Landes.

Le tyranneau de Bergerac ?

Marie Laetitia a écrit:Je ne comprends même pas qu'il n'y ait pas UN logiciel d'ENT national, testé au départ par un établissement, puis quatre ou cinq, etc. jusqu'à la diffusion au niveau national. Et conçu par des informaticiens au service de l'éducation nationale

Ben tiens ! Et pourquoi pas un gosplan * fomenté par un géronte suprême ?

Quant aux informaticiens du Moloch, gaffons-nous qu'ils ne nous réinventent pas MS-DOS 1.0 en mode dégradé.

* gosse plan ?

Luigi_B a écrit:
Et puis aussi parce qu'à terme les ENT veulent pouvoir se substituer à la relation pédagogique (voir la citation ci-dessus pour les élèves absents), comme pendant la grippe A où l'école devait pouvoir continuer à fonctionner "en mode dégradé". Et qu'on voit très bien où certains voudraient en venir.

ça, franchement, je n'y crois pas. Déjà qu'avec des enseignants, les résultats des élèves sont très en deçà des possibilités de la plupart desdits élèves, alors juste avec des cours en ligne...

Je ne comprends même pas qu'il n'y ait pas UN logiciel d'ENT national, testé au départ par un établissement, puis quatre ou cinq, etc. jusqu'à la diffusion au niveau national. Et conçu par des informaticiens au service de l'éducation nationale, ce qui permettrait de disposer d'une équipe très compétente pour la prise de décision, indépendamment des lobbies.

On est dans une société de consommation.
Imposer les ENT à tous les établissement permet de faire tourner quelques entreprises qui vendent très cher leurs produits et leurs actualisation tous les ans.
Embaucher une équipe d'informaticiens à l'EN pour faire le boulot et l'envoyer gratuitement aux établissements, ça n'est plus de notre époque.

Will.T a écrit:

Je ne comprends même pas qu'il n'y ait pas UN logiciel d'ENT national, testé au départ par un établissement, puis quatre ou cinq, etc. jusqu'à la diffusion au niveau national. Et conçu par des informaticiens au service de l'éducation nationale, ce qui permettrait de disposer d'une équipe très compétente pour la prise de décision, indépendamment des lobbies.

On est dans une société de consommation.
Imposer les ENT à tous les établissement permet de faire tourner quelques entreprises qui vendent très cher leurs produits et leurs actualisation tous les ans.
Embaucher une équipe d'informaticiens à l'EN pour faire le boulot et l'envoyer gratuitement aux établissements, ça n'est plus de notre époque.

la société de consommation n'implique pas nécessairement le recours à des fournisseurs externes... Que ce genre de choix ne soit pas/plus de notre époque, au moins pour l'instant, sans doute. Mais rien ne dit que l'on n'y viendra pas ou reviendra pas.
Ceux qui sont dans l'académie de Créteil ignorent peut-être que le système informatique du rectorat (qui gère notamment les mutations) est géré en interne par des gens qui ont de solides compétences en informatique.

Luigi_B a écrit:Le tyranneau de Bergerac ?

Le casse roustons de Soustons, le pépère sévère de Saint Sever, l'agite-mots d'Hagetmau, le la(c)quais de Parentis, le gazier de Lacq, la vieille rosse de Biscarosse, le géant vert de la Chalosse, le petit saigneur de Seignosse, etc.

et pour les cinéphiles : le vil de Mimbaste

(Toujours le même papier) :

Lors d’une réunion en octobre 2010 avec les services informatiques du Rectorat de Bordeaux, nous avons appris que l’EN développait au niveau national tout une série de télé services de vie scolaire destinés aux établissements(gestion des élèves, gestion financière, notes, absences, cahier de texte électronique, gestion de ressources et de stock). Ceux-ci seront proposés gratuitement et viendront concurrencer ceux que les collectivités payent dans le cadre des ENT. Lorsqu’ils seront opérationnels, il faudra expliquer aux collectivités qui ont mis parfois quelques millions d’euros dans les services vie scolaires des ENT, que leurs établissements disposeront de ces services fournis et promus par leur administration centrale.

C'est mort, ou bien ? Quelqu'un sait quelque chose ?

A la rentrée, nous devons rentrer les absences sur un logiciel qui s'appelle Molière et qui est distinct de Lilie mais je ne sais pas qui nous le fournit ni s'il est gratuit.

Commercial, même éditeur que viescolaire.net.

À noter que dans la première partie, on trouve quand même :

Les questions liées au « pourquoi » et au « pourquoi faire » sont énoncées trop souvent et trop rapidement comme des évidences, alors que ces éléments de réflexion sont fondamentaux pour la mise en place d’un changement de pratiques. On ne demande pas (ou trop peu) aux utilisateurs finaux quelles sont leurs attentes, ce dont ils auraient besoin, comment ils travaillent et ce qu’ils voudraient améliorer, alors que l’une des clés du succès serait l’adhésion des utilisateurs et prescripteurs adultes. « L’ENT, dans une logique gestionnaire, redéfinit le métier enseignant ‘par le haut’ en prescrivant gestes et tâches de façon quasi-taylorienne. Or, les enseignants ne font pas de l’informatique et de l’Internet les usages prescrits et imposés par les responsables politiques.

Certains créent des blogs et des sites, conçoivent des supports pédagogiques, initient des mutualisations et sont membres actifs de communautés virtuelles, toutes choses qui échappent largement à la rationalisation technique et administrative envisagée aujourd’hui » (Construire l’école transparente ? Philippe Danino et Christian Laval).

Merci de citer ce passage, jilucorg : ça laisse rêveur sur la mise en place dans l'urgence des ENT... A force de vouloir prendre le train de la modernité, on en oublie qu'il faudrait peut-être réfléchir à la direction à suivre.

Marie Laetitia a écrit:ça, franchement, je n'y crois pas. Déjà qu'avec des enseignants, les résultats des élèves sont très en deçà des possibilités de la plupart desdits élèves, alors juste avec des cours en ligne...

Moi non plus, bien sûr. Mais est-ce que nous comptons ? :|