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Ni surdiplômés, ni décrocheurs : ces jeunes dont on parle peu et qu’il faut aider Empty Ni surdiplômés, ni décrocheurs : ces jeunes dont on parle peu et qu’il faut aider

par John Dim 24 Juin 2012, 11:19
http://www.francoisegri.com/887-ni-surdiplomes-ni-decrocheurs-ces-jeunes-dont-on-parle-peu-et-quil-faut-aider

J’ai eu récemment plusieurs fois l’occasion de discuter politiques de recrutement et emploi des jeunes avec des directeurs des ressources humaines de grandes entreprises. Ces moments d’échanges et de dialogue sont absolument indispensables pour affiner notre compréhension du marché du travail et sortir des sentiers battus. Rien de pire en effet qu’une analyse en chambre : elle ne peut déboucher que sur des propositions déconnectées des usages et des enjeux !

Côté constat, ces DRH ou chefs d’entreprise me disent tous la même chose : dans un monde incertain, volatile, face à des clients et consommateurs souvent imprévisibles, ils ont besoin d’agilité et de souplesse. Ils me disent aussi : nous ne recrutons que lorsque les projets sont décidés et les appels d’offre remportés; nous ne pouvons plus nous permettre de faire autrement. Quand elle se matérialise, la demande de recrutement vise donc des profils immédiatement pertinents et productifs… ‘prêts à l’emploi’ en quelque sorte.
Ce « just in time » explique en grande partie le paradoxe d’un taux de chômage élevé et la difficulté croissante des entreprises à recruter. Cette évolution pèse évidemment d’autant plus sur les jeunes qui rentrent sur le marché du travail; elle explique qu’ils naviguent souvent des mois ou des années avant de réussir à s’intégrer, à trouver un poste stable.

En réalité, nous avons un problème de « sas ». Le mot n’est pas élégant s’agissant de nos jeunes, mais c’est celui qui me vient à l’esprit lorsque je pense à la situation de beaucoup d’entrants sur le marché du travail.
J’ai notamment en tête le cas de ceux qui ne sont ni des surdiplômés, ni des « décrocheurs », et dont on parle finalement assez peu : les jeunes peu diplômés (niveau bac) ou ceux dont le diplôme offre peu de débouchés. C’est exactement cette catégorie de jeunes que les entreprises hésitent à embaucher, quels que soient leurs besoins. Ils sont pourtant le plus souvent motivés et volontaires, il ne leur manque pas grand-chose pour s’installer durablement dans l’emploi.

J’ai la conviction qu’il s’agit là d’un grand gâchis. Mais aussi d’un problème soluble rapidement, à moyens constants. Comment ?

Il faut d’abord s’interroger, de manière pragmatique et modeste, sur la façon de structurer cette période de transition au lieu de la laisser se développer de manière sauvage. Certes, le travail temporaire, avec ses dispositifs de formation et d’action sociale, joue un vrai rôle de facilitateur de transition: un épisode d’intérim sur trois débouche sur une embauche durable… Mais il ne peut s’agir d’une solution unique que l’on propose à ces jeunes.

Il existe bien sûr pour eux (et pour les autres) un dispositif qui a fait ses preuves : l’alternance et l’apprentissage. Malheureusement, son essor récent a surtout profité aux jeunes les mieux armés (c’est-à-dire sortis d’écoles d’ingénieur ou de commerce) et beaucoup moins aux autres, qui ont pourtant impérativement besoin de ce coup de pouce, de cette acculturation progressive. Autre difficulté, l’apprentissage est un dispositif long, lourd et coûteux, en termes d’encadrement notamment. Il n’est ni adapté à toutes les entreprises, ni toujours nécessaire pour des jeunes à la limite de l’employabilité.

Ce qu’il nous faudrait, c’est garder la philosophie de l’alternance, mais en inventant des formes d’apprentissage plus « light ».

On pourrait très bien, par exemple, faciliter le recours et l’accès aux dispositifs de formation de quelques mois financés par Pôle Emploi (comme la Préparation Opérationnelle à l’emploi ou l’Action de Formation préalable au recrutement), les Conseils régionaux ou le Fonds de Sécurisation des Parcours Professionnels. Il s’agirait d’associer plus étroitement les financeurs, les organismes de formation et les agences d’emploi, publiques ou privées, pour mettre en place ces formations : elles sont en effet le « petit plus » qui manque aux jeunes et que les entreprises ne peuvent leur fournir, faute de temps ou de moyens. Les règles qui entourent aujourd’hui tous ces dispositifs sont trop complexes, trop restrictives. Elles méritent d’être repensées à l’aune des besoins des entreprises et des jeunes.
Je suis sûre que l’on tient là une clé pour créer des milliers d’emplois dans des secteurs en tension comme l’IT, l’aéronautique, mais aussi dans nombre de métiers de services.

C’est ma conviction, chaque jour plus forte : la solution aux problèmes d’emplois ne réside pas dans de grands plans nationaux, pavés de bonnes intentions, mais dans de multiples initiatives locales, par 100 ou par 1000, au niveau des bassins d’emploi.

Des besoins d’entreprises insatisfaits d’un côté, des jeunes motivés de l’autre… Et au milieu, tout un univers d’administrations, d’associations, d’agences d’emploi… qui doivent apprendre à se parler et à conjuguer leurs forces.

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