- JohnMédiateur
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/567584-admission-postbac-fr-ou-info-quand-un-site-profite-de-la-confusion-des-eleves.html
Admission-postbac.fr ou .info : quand un site profite de la confusion des élèves
Modifié le 09-06-2012 à 16h24
Par Dom B.
Chroniqueuse
LE PLUS. Lorsque les réponses des universités adressées aux élèves de terminale sont publiées sur le site admission-postbac.fr, les parents cherchent parfois des réponses. Ils tombent alors sur un autre site, avec une adresse en .info cette fois. Celui-ci fait payer pour ses "services". Arnaque ou simple roublardise ? Le témoignage de notre chroniqueuse Dom. B, mère d'un élève qui n'a pas eu l'orientation qu'il aurait souhaitée.
Édité par Melissa Bounoua Auteur parrainé par Aude Baron
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, celui, heureuse époque, où s'inscrire dans une "faculté" relevait de la démarche individuelle. On se renseignait sur les filières, on déposait son dossier dans plusieurs facs, on espérait une réponse positive pour les mieux cotées, on se rabattait parfois sur une moins prestigieuse "au cas où", mais souvent au final, on avait le choix.
Une orientation pas satisfaisante
Aujourd'hui, les choses sont différentes, centralisées et les élèves de terminale ont des choix limités.
Le système se fait via internet, sur le site admission-postbac.fr sur lequel les élèves de terminale ont déposé, plusieurs mois auparavant, leur liste de vœux, ordonnés, classés : savant mélange de stratégie et de heureux hasard, de doigts croisés aussi.
Jeudi, le 7 juin, la réponse est tombée. Une réponse, pas deux, une seule, en fonction des résultats de l'élève, de la demande, de son classement de vœux, et bien sûr des critères et exigences de l'université. Certaines filières dites "à capacité limitée" (elles sont de plus en plus nombreuses), étant les plus demandées, d'autres sont totalement ouvertes et a priori moins prestigieuses.
Et avec la réponse, est venu son lot de désillusions, d'incompréhensions, d'erreurs, de bugs, de "ah, mais ce n'est pas ce que je voulais" et "si j'avais su". Et, comme sans doute de nombreuses familles, nous nous sommes trouvés face à un dilemme et un important questionnement quant à l'avenir de notre enfant.
Un site non officiel
Sans entrer dans les détails, la réponse proposée ne nous convient pas vraiment, et nous aurions souhaité avoir un interlocuteur à qui nous adresser, d'autres voies de recours, et une personne auprès de qui obtenir des réponses. De fait, comme sans doute de nombreux autres parents et élèves, j'ai tenté de trouver sur internet un numéro de téléphone, un contact à qui poser mes questions, à qui soumettre mon problème.
Et c'est ainsi que je suis tombée sur un autre site, très similaire au site officiel, mais dont l'adresse se termine par .info, et bien mieux référencée que l'officiel, apparaissant dans les premières réponses proposées par les moteurs de recherche.
"Info", comme information, cela semble cohérent. Sauf que, lorsque l'on consulte la page "forum", on constate qu'à toutes les questions angoissées des parents, ou des élèves n'est proposée qu'une seule réponse : "Appelez le numéro 0899"...
Numéro qui ne répond pas, coupe après quelques paroles depuis la France et (heureusement pour moi) est injoignable depuis l'étranger. Ce qui est par contre bien dommage pour eux car il s'agit d'un numéro à appel surtaxé : Services à valeur ajoutée = 1,35 € TTC par appel + 0,34 € la minute (20,4 euros par heure) ce qu'ils se gardent bien de préciser dans les multiples messages où le "modérateur" enjoint les personnes à appeler ce numéro. (Est-ce bien légal tout cela ?)
Exploiter les interrogations des parents et des élèves
Avec tous ces parents et élèves qui s'interrogent, ça doit en faire des recettes perdues. Tu parles d'un "service à valeur ajoutée" ! La seule "valeur ajoutée" est pour le site, on n'ose estimer ce que cela rapporte en une seule journée, tout cela.
Et ce n'est pas fini, le numéro n'étant pas joignable, j'ai donc logiquement cherché un formulaire de contact, c'est ainsi que j'ai compris la forfaiture, pour ne pas dire l'arnaque, puisque le site propose alors trois choix de demande d'information :
URGENT : votre demande d’information sera traitée par nos services APB, et votre email sera traité sous 24 heures.
Coût : 8 euros
RAPIDE : sous 3 jours.
Coût : 5 euros
NORMAL : sous 10 jours.
Coût : 2 euros
Autant dire que si on est dans l'angoisse ou l'interrogation face à l'avenir de ses enfants, on n'hésitera pas une seconde à payer 8 euros pour poser sa question et obtenir une réponse rapide.
Qui ne sera pas prêt à débourser 8 euros pour être rassuré quant à l'avenir de son enfant ? Et le pompon c'est le petit ajout en bas du formulaire :
"ODIEP SERVICES SAS n’a qu’une obligation de moyen et non pas de résultats".
Joli non ? C'est facile, ce n'est pas cher et ça doit rapporter gros.
Alors ODIEP SERVICES SAS, forcément, on s'interroge de savoir qui se trouve derrière. Qui est-ce ? Qui joue ainsi sur la confusion possible entre un site gouvernemental, officiel et un site privé et mercantile ? Qui peut ainsi gagner de l'argent sur la crédulité des parents ou des élèves soucieux de leur futur professionnel ?
Un simple "Whois" (modifié depuis la création de cet article le 8 juin à 19h) y répond : monsieur Alexandre de Lamazière, bienheureux "président de ODIEP SERVICES - PARIS - ODIEP, spécialiste de l'Orientation scolaire depuis plus de 30 ans". Ancien salarié de chez IBM, merci au réseau professionnel LinkedIn de m'informer et de m'apprendre que monsieur de Lamazière est "owner" depuis 2007 de cette société spécialisée dans l'orientation scollaire depuis 30 ans (sic), et qu'il a suivi une formation "dans les télécommunications".
Cela, les télécommunications, ODIEP SA sait visiblement très bien en jouer, c'est en effet une société qui maîtrise à la perfection l'art de la promotion, y compris auprès des médias, du référencement web, et de la multiplication des sites internets se "linkant" entre eux : Odiep.com, odiep.fr, odiep.over-blog.com, orientation-postbac.com et le fameux admission-postbac.info, donc.
Une présence sur la toile quasi incontournable. Bien joué, Alexandre !
Que fait le ministère de l'Education nationale ?
Je m'interroge tout de même. Comment le gouvernement peut-il laisser ainsi un site dont l'adresse est à ce point facile à confondre avec son site officiel, incontournable, et surtout obligatoire pour tous les élèves de terminale des lycées français – qu'ils soient hors ou dans l'hexagone ?
Pourquoi n'a-t-il pas tout mis en œuvre pour un meilleur référencement du site officiel et que cette confusion ne soit tout simplement plus possible ?
Comment un site officiel en .fr peut-il même coexister avec un site du même nom en .info ?
Comment l'Education nationale peut-elle, par cette co-existence rendre cette méprise possible et ne pas donner une information plus facile d'accès, et des coordonnées de contact visibles, avec un téléphone accessible à tous, y compris de l'étranger ?
Je m'interroge ainsi sur cet organisme qui se vante si bien d'aider les jeunes à trouver leur voie, et qui se rétribue ainsi sur l'angoisse des parents et des élèves de terminale. Cette société joue du malentendu possible, de l'amalgame facile avec un site officiel et gratuit, et on se demande bien quel service peuvent-ils faire payer si cher puisqu'ils n'ont aucun pouvoir de décision sur les orientations scolaires en cours des élèves ?
De la malignité à la malhonnêteté, de malin à aigrefin, il n'y a qu'un pas ou qu'un clic, c'est selon.
Admission-postbac.fr ou .info : quand un site profite de la confusion des élèves
Modifié le 09-06-2012 à 16h24
Par Dom B.
Chroniqueuse
LE PLUS. Lorsque les réponses des universités adressées aux élèves de terminale sont publiées sur le site admission-postbac.fr, les parents cherchent parfois des réponses. Ils tombent alors sur un autre site, avec une adresse en .info cette fois. Celui-ci fait payer pour ses "services". Arnaque ou simple roublardise ? Le témoignage de notre chroniqueuse Dom. B, mère d'un élève qui n'a pas eu l'orientation qu'il aurait souhaitée.
Édité par Melissa Bounoua Auteur parrainé par Aude Baron
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, celui, heureuse époque, où s'inscrire dans une "faculté" relevait de la démarche individuelle. On se renseignait sur les filières, on déposait son dossier dans plusieurs facs, on espérait une réponse positive pour les mieux cotées, on se rabattait parfois sur une moins prestigieuse "au cas où", mais souvent au final, on avait le choix.
Une orientation pas satisfaisante
Aujourd'hui, les choses sont différentes, centralisées et les élèves de terminale ont des choix limités.
Le système se fait via internet, sur le site admission-postbac.fr sur lequel les élèves de terminale ont déposé, plusieurs mois auparavant, leur liste de vœux, ordonnés, classés : savant mélange de stratégie et de heureux hasard, de doigts croisés aussi.
Jeudi, le 7 juin, la réponse est tombée. Une réponse, pas deux, une seule, en fonction des résultats de l'élève, de la demande, de son classement de vœux, et bien sûr des critères et exigences de l'université. Certaines filières dites "à capacité limitée" (elles sont de plus en plus nombreuses), étant les plus demandées, d'autres sont totalement ouvertes et a priori moins prestigieuses.
Et avec la réponse, est venu son lot de désillusions, d'incompréhensions, d'erreurs, de bugs, de "ah, mais ce n'est pas ce que je voulais" et "si j'avais su". Et, comme sans doute de nombreuses familles, nous nous sommes trouvés face à un dilemme et un important questionnement quant à l'avenir de notre enfant.
Un site non officiel
Sans entrer dans les détails, la réponse proposée ne nous convient pas vraiment, et nous aurions souhaité avoir un interlocuteur à qui nous adresser, d'autres voies de recours, et une personne auprès de qui obtenir des réponses. De fait, comme sans doute de nombreux autres parents et élèves, j'ai tenté de trouver sur internet un numéro de téléphone, un contact à qui poser mes questions, à qui soumettre mon problème.
Et c'est ainsi que je suis tombée sur un autre site, très similaire au site officiel, mais dont l'adresse se termine par .info, et bien mieux référencée que l'officiel, apparaissant dans les premières réponses proposées par les moteurs de recherche.
"Info", comme information, cela semble cohérent. Sauf que, lorsque l'on consulte la page "forum", on constate qu'à toutes les questions angoissées des parents, ou des élèves n'est proposée qu'une seule réponse : "Appelez le numéro 0899"...
Numéro qui ne répond pas, coupe après quelques paroles depuis la France et (heureusement pour moi) est injoignable depuis l'étranger. Ce qui est par contre bien dommage pour eux car il s'agit d'un numéro à appel surtaxé : Services à valeur ajoutée = 1,35 € TTC par appel + 0,34 € la minute (20,4 euros par heure) ce qu'ils se gardent bien de préciser dans les multiples messages où le "modérateur" enjoint les personnes à appeler ce numéro. (Est-ce bien légal tout cela ?)
Exploiter les interrogations des parents et des élèves
Avec tous ces parents et élèves qui s'interrogent, ça doit en faire des recettes perdues. Tu parles d'un "service à valeur ajoutée" ! La seule "valeur ajoutée" est pour le site, on n'ose estimer ce que cela rapporte en une seule journée, tout cela.
Et ce n'est pas fini, le numéro n'étant pas joignable, j'ai donc logiquement cherché un formulaire de contact, c'est ainsi que j'ai compris la forfaiture, pour ne pas dire l'arnaque, puisque le site propose alors trois choix de demande d'information :
URGENT : votre demande d’information sera traitée par nos services APB, et votre email sera traité sous 24 heures.
Coût : 8 euros
RAPIDE : sous 3 jours.
Coût : 5 euros
NORMAL : sous 10 jours.
Coût : 2 euros
Autant dire que si on est dans l'angoisse ou l'interrogation face à l'avenir de ses enfants, on n'hésitera pas une seconde à payer 8 euros pour poser sa question et obtenir une réponse rapide.
Qui ne sera pas prêt à débourser 8 euros pour être rassuré quant à l'avenir de son enfant ? Et le pompon c'est le petit ajout en bas du formulaire :
"ODIEP SERVICES SAS n’a qu’une obligation de moyen et non pas de résultats".
Joli non ? C'est facile, ce n'est pas cher et ça doit rapporter gros.
Alors ODIEP SERVICES SAS, forcément, on s'interroge de savoir qui se trouve derrière. Qui est-ce ? Qui joue ainsi sur la confusion possible entre un site gouvernemental, officiel et un site privé et mercantile ? Qui peut ainsi gagner de l'argent sur la crédulité des parents ou des élèves soucieux de leur futur professionnel ?
Un simple "Whois" (modifié depuis la création de cet article le 8 juin à 19h) y répond : monsieur Alexandre de Lamazière, bienheureux "président de ODIEP SERVICES - PARIS - ODIEP, spécialiste de l'Orientation scolaire depuis plus de 30 ans". Ancien salarié de chez IBM, merci au réseau professionnel LinkedIn de m'informer et de m'apprendre que monsieur de Lamazière est "owner" depuis 2007 de cette société spécialisée dans l'orientation scollaire depuis 30 ans (sic), et qu'il a suivi une formation "dans les télécommunications".
Cela, les télécommunications, ODIEP SA sait visiblement très bien en jouer, c'est en effet une société qui maîtrise à la perfection l'art de la promotion, y compris auprès des médias, du référencement web, et de la multiplication des sites internets se "linkant" entre eux : Odiep.com, odiep.fr, odiep.over-blog.com, orientation-postbac.com et le fameux admission-postbac.info, donc.
Une présence sur la toile quasi incontournable. Bien joué, Alexandre !
Que fait le ministère de l'Education nationale ?
Je m'interroge tout de même. Comment le gouvernement peut-il laisser ainsi un site dont l'adresse est à ce point facile à confondre avec son site officiel, incontournable, et surtout obligatoire pour tous les élèves de terminale des lycées français – qu'ils soient hors ou dans l'hexagone ?
Pourquoi n'a-t-il pas tout mis en œuvre pour un meilleur référencement du site officiel et que cette confusion ne soit tout simplement plus possible ?
Comment un site officiel en .fr peut-il même coexister avec un site du même nom en .info ?
Comment l'Education nationale peut-elle, par cette co-existence rendre cette méprise possible et ne pas donner une information plus facile d'accès, et des coordonnées de contact visibles, avec un téléphone accessible à tous, y compris de l'étranger ?
Je m'interroge ainsi sur cet organisme qui se vante si bien d'aider les jeunes à trouver leur voie, et qui se rétribue ainsi sur l'angoisse des parents et des élèves de terminale. Cette société joue du malentendu possible, de l'amalgame facile avec un site officiel et gratuit, et on se demande bien quel service peuvent-ils faire payer si cher puisqu'ils n'ont aucun pouvoir de décision sur les orientations scolaires en cours des élèves ?
De la malignité à la malhonnêteté, de malin à aigrefin, il n'y a qu'un pas ou qu'un clic, c'est selon.
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