Elève qui va VRAIMENT nous manquer

Personnellement, il y a certaines classes de cette année que je regrette vraiment de quitter, dont une vraiment excellente. Je me dis qu'avec la baisse de niveau constante, peut-être n'aurais-je plus jamais une classe aussi agréable et sérieuse.

Je regretterai aussi certains élèves, mais cela est moins prononcé.

Élève qui manque non; car il faut mettre le distance et essayer de réprimer toute affectivité (même si ce n'est pas évident c'est vrai) pour passer rapidement à autre chose. Mon statut de TZR me le permet c'est vrai...

Il y a toujours eu des classes agréables et sérieuses; mais avec la réforme du collège, la question est : "est-ce que cette classe agréable et sérieuse sera au niveau ? " Et là je crains que....

Mes petites 4ème stressées, malgré leur 17/18 de moyenne en français.
Le grand crétinoide à poil ras qui est perdu parce que ses parents refusent qu'il soit orienté en SEGPA. Il est souvent pénible, mais au fond, je l'aime bien.
La petite qui a fait des efforts énormes pour se tenir tranquille toute l'année alors qu'on sait qu'au dedans, elle bout perpétuellement.
Mon élève qui fait une phobie scolaire.
Celui qui ne comprend rien mais fait quand même des efforts et est tout content quand il réussit un exercice.

Aucun. Pendant mes presque 40 années d'enseignement. J'en ai apprécié certains pour leurs connaissances, leur personnalité. Et je n'en ai regretté aucun, une année chasse l'autre.

Sans doute ai-je la faculté de distancier qui se combine avec celle de se préserver.

Non, mais des élèves qui marquent, et pas forcément en bien, mais qu'il pourrait être intéressant de revoir dans quelques années pour savoir ce qu'ils sont devenus.

Je vais beaucoup regretter ma classe de 6eme, certains élèves en particulier : "Madame, j'ai le droit de m'avancer pour demain?" "Madame, puis-je prendre un dictionnaire pour chercher les mots?" "Madame, vous avez parlé de Darius au moment des guerres médiques, mais est-ce de la même famille que Darius III de l'époque d'Alexandre le grand?" Des élèves qui ne font pas de fautes, qui me rédigent des textes de deux pages, qui ont une culture de dingue. Des élèves avec lesquels on peut faire de l'humour (en 6eme bon...). Bref, ils sont trop bien, trop rigolos, trop choupi... J'espère qu'ils ne se transformeront jamais en l'espèce mutante qui envahit mes classes de 5ème et de 3eme...

Beaucoup d'élèves que j'ai eus l'année dernière, pendant mon année de stage, me manquent encore. J'aimerais beaucoup avoir de leurs nouvelles (alors que eux m'ont sans doute oubliée ). Je me souviens d'un élève qui avait des résultats médiocres, mais que je soupçonnais précoce, et qui avait compris en un clin d'œil le poème de Michaux "Le grand combat", ce qu'était "le grand secret" du poème, ce que pouvait représenter le "combat"... Je me demande comment s'est passée son année de 1re. Il y avait aussi une élève qui s'était enthousiasmée pour l'analyse de texte, qui m'avait dit que c'était la plus grande découverte de sa vie, et que ses parents ont obligée à faire ES au lieu de L. Il y avait une élève dont j'ai vu les progrès de dingue pendant l'année (enfin, elle était déjà douée au départ), une autre plus fragile, mais toujours très enthousiaste, une dyslexique avec de grosses difficultés qui s'était surpassée et le jour de mon inspection et dont je m'étais dit qu'en fait, elle y arrivait mieux que bien... Il y avait la finesse et les excellentes analyses de texte de certains de mes élèves de 1re, l'enthousiasme fatigant d'un grand curieux, mais bavard... Il y avait la fan de Patti Smith qui avait comme moi pris ses billets pour la voir en concert... Ils étaient géniaux, en fait. Bon, il y avait aussi l'élève qui me demandait si ce qu'on faisait était vraiment au programme de 2de parce que son prof particulier lui avait dit que..., mais celui-ci me manque moins.

D'ailleurs, je crois que je vais envoyer un mail à une qui m'avait laissé son adresse pour lui souhaiter bonne chance pour le Bac (elle est en 1re, maintenant).

Je ne sais pas si je ressentirai la même chose pour les élèves que j'ai cette année (j'ai une classe que j'aime beaucoup, avec de chouettes élèves).

Thalia de G a écrit:Aucun. Pendant mes presque 40 années d'enseignement. J'en ai apprécié certains pour leurs connaissances, leur personnalité. Et je n'en ai regretté aucun, une année chasse l'autre.

Sans doute ai-je la faculté de distancier qui se combine avec celle de se préserver.

Aucun non plus. J'ai la même absence de sensibilité que Thalia !

kiwi a écrit:Je vais beaucoup regretter ma classe de 6eme, certains élèves en particulier : "Madame, j'ai le droit de m'avancer pour demain?"  "Madame, puis-je prendre un dictionnaire pour chercher les mots?"  "Madame, vous avez parlé de Darius au moment des guerres médiques, mais est-ce de la même famille que Darius III de l'époque d'Alexandre le grand?"    Des élèves qui ne font pas de fautes, qui me rédigent des textes de deux pages, qui ont une culture de dingue. Des élèves avec lesquels on peut faire de l'humour (en 6eme bon...). Bref, ils sont trop bien, trop rigolos, trop choupi...  J'espère qu'ils ne se transformeront jamais en l'espèce mutante qui envahit mes classes de 5ème et de 3eme...

Ils sortent d'où ? :o

De ma classe de cette année!  


Aucun élève ne me manque.

Mais beaucoup m'ont marquée.
Au fil des années, la plupart des prénoms s'effacent, les visages un peu moins, et puis il y a des personnalités qui sortent du lot.

Thalia de G a écrit:Aucun. Pendant mes presque 40 années d'enseignement. J'en ai apprécié certains pour leurs connaissances, leur personnalité. Et je n'en ai regretté aucun, une année chasse l'autre.

Sans doute ai-je la faculté de distancier qui se combine avec celle de se préserver.

Je n'enseigne que depuis cinq ans, mais c'est pour le moment la même chose. Je ne vous dis pas comme je me suis sentie honteuse lorsque deux anciennes élèves de Terminale ont profité de leurs vacances pour faire un tour au lycée et ont demandé à revoir Mme Orlanda. Je ne me souvenais même plus de leurs prénoms...

J'oublie très vite: le chiffre des anciennes classes, les noms, mon service d'il y a deux ans...

Orlanda a écrit:

Thalia de G a écrit:Aucun. Pendant mes presque 40 années d'enseignement. J'en ai apprécié certains pour leurs connaissances, leur personnalité. Et je n'en ai regretté aucun, une année chasse l'autre.

Sans doute ai-je la faculté de distancier qui se combine avec celle de se préserver.

Je n'enseigne que depuis cinq ans, mais c'est pour le moment la même chose. Je ne vous dis pas comme je me suis sentie honteuse lorsque deux anciennes élèves de Terminale ont profité de leurs vacances pour faire un tour au lycée et ont demandé à revoir Mme Orlanda. Je ne me souvenais même plus de leurs prénoms...

J'oublie très vite: le chiffre des anciennes classes, les noms, mon service d'il y a deux ans...

Plus on avance dans sa carrière, plus on oublie vite, même si certains noms et visages restent en mémoire bien sûr. Pour moi, la relation s'arrête à la fin de l'année. Si je croise certains anciens élèves, je trouve que nous n'avons pas grand chose à nous dire en dehors des "ça va? que deviens-tu?"...


 J'ai bien ri, ou souri intérieurement, en voyant la tête d'anciens élèves de mon ex-collège croisés dans les couloirs du lycée (la plupart n'étaient pas au courant que j'avais muté). Certains ont dû se dire "mais c'est pas vrai, il nous poursuit celui-là"

Certains élèves vont me manquer c'est clair mais j'aurais peut être la chance de les avoir l'année prochaine puisque je récupére le niveau supérieur, et puis sinon je les croiserai dans le couloir. Ce qui me fait vraiment chaud au coeur c'est que ces mêmes élèves espèrent m'avoir l'année prochaine et me l'ont dit! Je leur ai dit "on verra bien"! J'essaye par contre de ne pas trop leur montrer que les apprécie plus que les autres même si ce sont mes chouchous ;-).
Je me dis que chaque année je m'attache à de nouveaux élèves, chaque fin d'année j'ai mon petit coup de blues mais ça part vite, une année chasse l'autre!

Aucun élève ne m'a jamais manqué, mais parfois j'en rencontre par hasard, et eux se souviennent de moi !!!
Ils me parlent des études qu'ils ont entreprises, des métiers qu'ils font, et certains se souviennent que je leur ai tiré les oreilles et me remercient de leur avoir donné ( parfois de force, d'où les oreilles qui ont chauffé !   ) les bases qui les ont menés où ils sont.

Mictlantecuhtli a écrit:

kiwi a écrit:Je vais beaucoup regretter ma classe de 6eme, certains élèves en particulier : "Madame, j'ai le droit de m'avancer pour demain?"  "Madame, puis-je prendre un dictionnaire pour chercher les mots?"  "Madame, vous avez parlé de Darius au moment des guerres médiques, mais est-ce de la même famille que Darius III de l'époque d'Alexandre le grand?"    Des élèves qui ne font pas de fautes, qui me rédigent des textes de deux pages, qui ont une culture de dingue. Des élèves avec lesquels on peut faire de l'humour (en 6eme bon...). Bref, ils sont trop bien, trop rigolos, trop choupi...  J'espère qu'ils ne se transformeront jamais en l'espèce mutante qui envahit mes classes de 5ème et de 3eme...

Ils sortent d'où ? :o

Je n'en sais rien... Je suis moi-même sans voix!

Tamerlan a écrit:

Thalia de G a écrit:Aucun. Pendant mes presque 40 années d'enseignement. J'en ai apprécié certains pour leurs connaissances, leur personnalité. Et je n'en ai regretté aucun, une année chasse l'autre.

Sans doute ai-je la faculté de distancier qui se combine avec celle de se préserver.

Aucun non plus. J'ai la même absence de sensibilité que Thalia !

Bon après, soyons claire : je ne vais pas me morfondre de ne plus les avoir. Ça restera le souvenir d'une année sympa après une année de merdre .

assez ça, oui. Les 3e que j'ai eu il y a 3 ans m'ont un peu manqué au début puis.. o ns'y fait et des 5e très énergétivores ont pris leur place... Ca fait ma 3e année avec ceux-là, je les ai suivis pendant 3 ans.. et je serai ravie de ne plus jamais les avoir ni les voir tout court dans 3 semaines.

kiwi a écrit:Je vais beaucoup regretter ma classe de 6eme, certains élèves en particulier : "Madame, j'ai le droit de m'avancer pour demain?"  "Madame, puis-je prendre un dictionnaire pour chercher les mots?"  "Madame, vous avez parlé de Darius au moment des guerres médiques, mais est-ce de la même famille que Darius III de l'époque d'Alexandre le grand?"    Des élèves qui ne font pas de fautes, qui me rédigent des textes de deux pages, qui ont une culture de dingue. Des élèves avec lesquels on peut faire de l'humour (en 6eme bon...). Bref, ils sont trop bien, trop rigolos, trop choupi...  J'espère qu'ils ne se transformeront jamais en l'espèce mutante qui envahit mes classes de 5ème et de 3eme...

J'en ai des comme ça cette année, une classe de 6e exceptionnelle...

Ca me faisait souvent ça quand je faisais des colos, car on a une autre relation avec les mômes. On s'attache à eux, on partage parfois des moments forts, ils se confient parfois à toi...

On s'échange les adresses mails, et on s'écrit... parfois!

Je vais peut-être en choquer certains, mais je garde régulièrement contact avec d'anciens élèves.
En art P, on a toutes les classes, parfois sur plusieurs années quand on a la chance de faire un remplacement qui dure (ce fut mon cas). On les voit évoluer, grandir et on a des conversations de plus en plus intéressantes (et parfois; je l'avoue, un peu en dehors des clous ).

Je me sers de facebook... avec ceux que j'ai vraiment envie de voir évoluer. Ils n'ont pas accès à l'entièreté de mon profil et de mes messages car je les "restreint" (et je ne poste pas n'importe quoi ).

Pour les autres, j'ai créé une page publique, comme ça tout le monde est content !

Je vais encore plus choquer... j'ai retrouvé sur Facebook un élève de ma deuxième école au début de ma carrière (il y a 9 ans). Je n'ai jamais eu cet élève en classe. Il était en CE2 à l'époque et moi, j'avais le CE1. En fait, il m'a retrouvé sur Facebook il y a 5 ans à son entrée en 4e. Comme c'était un CE2 très sérieux, très mature et très sympathique et que sa demande d'amitié Facebook était bien écrite, je l'ai accepté comme "ami facebook" en lui disant bien que je le supprimerais de mes liens en cas de faux pas de sa part,  et, qu'étant adulte, je devais prévenir ses parents si j'apprenais quelque chose de malsain le concernant via Facebook. Ma foi, à part son goût pour le catch, il m'a l'air de grandir normalement et de devenir un jeune homme équilibré.

Lenagcn a écrit:
Aucun élève ne me manque.

Mais beaucoup m'ont marquée.
Au fil des années, la plupart des prénoms s'effacent, les visages un peu moins, et puis il y a des personnalités qui sortent du lot.

C'est exactement cela.
Quelques uns chaque année me marquent.

chartoine a écrit:
Je me dis que chaque année je m'attache à de nouveaux élèves, chaque fin d'année j'ai mon petit coup de blues mais ça part vite, une année chasse l'autre!

+1

Certains élèves me marquent plus que d'autres (en négatif, évidemment mais heureusement aussi en positif) ; j'espère avoir certains de mes 4e l'an prochain. Mais honnêtement, avec le recul (9e année que j'enseigne), aucun élève ne m'a jamais manqué au mois de septembre, quand arrivent les nouveaux élèves.
En revanche, moi qui pensais ne pas oublier les élèves, je réalise que si, je les oublie. Je suis allée faire les courses samedi, une jeune fille m'a salué très gentiment, je sais que je l'ai eue en classe mais je ne me souviens pas de qui elle est, ni de quand je l'ai eue...

Au début, j'étais plutôt triste de quitter certains élèves. Aujourd'hui je m'en fous royalement.

Après quelques années, j'ai vu à peu près tous les profils d'élèves, des plus brillants (une gamine de 6eme qui avait un niveau d'expression d'un élève de Terminale et qui lisait du Proust), aux plus limités.

Les eleves finissent par tous se ressembler.

Par ailleurs, je refuse désormais d'être dans un rapport affectif avec les élèves. Ça simplifie le travail.

Aucun élève ne me manque. Après une vingtaine d'années d'enseignement, je garde le contact avec une demi-douzaine d'entre eux, par courriel ou sur facebook pour les plus anciens, mais avec le temps ce sont simplement des amis. Par exemple, j'aime bien savoir comment évolue cette jeune fille qui a grandi sur un bateau et que j'ai eu lors de sa seule année sur la terre ferme en terminale. L'écrasante majorité de mes élèves passent sans problème dans l'oubli.

Sur un groupe de 8 latinistes, un excellent élève part et tout est dépeuplé... J'ai eu 2 latinistes excellents dans ma carrière (dont un qui est en L3 de lettres classiques, et vise l'agrégation, en se posant bien des questions...), et je regrette à chaque fois leur départ.
Ils sont si rares, ces élèves intelligents, travailleurs, et ayant le sens de la répartie. Cet élève auquel je reprochais de fumer me répondit "Mais madame, le tabac est la passion des honnêtes gens!"
Alors non, je ne parviens pas à les oublier : ils donnent un peu de sens à notre métier, nous font parfois revivre, petit phare dans l'immensité de cet océan de :censure: