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- Docteur OXGrand sage
http://historicoblog3.blogspot.fr/2012/06/halte-au-metronome.html
- JohnMédiateur
Une page de L'Huma consacrée au Métronome :
https://i.imgur.com/tDN8t.jpg
"Lorent Deutsch invente des faits en fonction de ses convictions royalistes et ultra-catholiques".
https://i.imgur.com/tDN8t.jpg
"Lorent Deutsch invente des faits en fonction de ses convictions royalistes et ultra-catholiques".
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JaneMonarque
moi j'ai trouvé le bouquin plaisant; je suis presque désolée d'ajouter que j'avais trouvé plaisant Da Vinci Code de Dan Browne. Après, il faut prendre ces livre pour ce qu'ils sont: des divertissements, et rien d'autre. Là où ça devient pénible, c'est quand on les érige en livres historiques
- DuplayExpert
condorcet a écrit:
Après tout, le Montaillou, village occitan, L'identité de la France et autres pavés plus ou moins digestes se sont très bien vendus : un bon prescripteur, un bon client télévisuel peuvent accomplir des miracles !
Oui, c'est là qu'on prend conscience du vide laissé par une émission comme Apostrophes, qui était de plus diffusée à une heure très raisonnable.
Quand on pense au nombre de "profanes" qui se sont passionnés, grâce à cette émission, pour des travaux et ouvrages d'historiens comme Georges Duby, Jean Favier, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pascal Ory, François Furet, Michel Vovelle, Jean Delumeau...
- CondorcetOracle
Mowgli a écrit:condorcet a écrit:
Après tout, le Montaillou, village occitan, L'identité de la France et autres pavés plus ou moins digestes se sont très bien vendus : un bon prescripteur, un bon client télévisuel peuvent accomplir des miracles !
Oui, c'est là qu'on prend conscience du vide laissé par une émission comme Apostrophes, qui était de plus diffusée à une heure très raisonnable.
Quand on pense au nombre de "profanes" qui se sont passionnés, grâce à cette émission, pour des travaux et ouvrages d'historiens comme Georges Duby, Jean Favier, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pascal Ory, François Furet, Michel Vovelle, Jean Delumeau...
Et du mythe télévisuel qui s'est créé à son endroit aussi. L'examen des statistiques établies par le Ministre de la culture entre 1973 et 1989 (Apostrophes a été diffusée sur Antenne 2 entre 1975 et 1990 chaque vendredi à 21 h 40 après un téléfilm et avant le Ciné-Club) ne met pas en avant une réelle progression de la pratique lectorale chez les Français. Si la proportion des Français qui se déclarent « non-lecteurs » diminue entre 1973 et 1988, passant de 30 à 25%, la part des faibles lecteurs (ceux qui déclarent lire entre 1 et 9 livres par an) augmente considérablement, passant de 24 à 32% tandis que celle des forts lecteurs (ceux qui déclarent lire 25 livres et plus par an) recule, passant de 22 à 17%.
En outre, les sommaires les plus élitistes étaient souvent les moins regardés (et par conséquent, les thèmes de société les plus à mode y dominaient).
Invités les plus fréquents d'Apostrophes
15 fois Max Gallo, Philippe Labro, Jean d’Ormesson (3)
12 fois Michel Tournier (1)
11 fois Philippe Sollers (1)
10 fois Jacques Attali, Jean Dutourd, Claude Mauriac, Henri Troyat (4)
9 fois Jean Cau, Jean Lacouture, Françoise Sagan (3)
8 fois Bernard Clavel, Jean Daniel, Françoise Giroud, Jean-Edern Hallier, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Nourissier, Jean-François Revel, Jorge Semprun (8)
7 fois Alphonse Boudard, Hélène Carrère d’Encausse, Bernard-Henri Lévy, Pierre Miquel, Patrick Modiano …/… (18)
6 fois Henri Amouroux, Lucien Bodard, Frédéric Dard, Michel Déon, Maurice Genevoix, Michel Serres, Jean Tulard, Henri Vincenot… (22)
5 fois Pierre Assouline, Madeleine Chapsal, Pierre Chaunu, Régine Desforges, Georges Duby, Guy Hocquenghem, Robert Merle, Pierre Nora, Erik Orsenna, Claude Roy, Jules Roy… (36)
4 fois Jean-Louis Bory, Anthony Burgess, Françoise Chandernagor, Maurice Clavel, Alain Decaux, Raymond Devos, Françoise Dolto, Jean Ellenstein, André Gluscksmann, Benoîte Groult, Alain Minc, Jean-Jacques Pauvert, Alain Robbe-Grillet, Georges Suffert (63)
3 fois Raymond Aron, François Bluche, Pierre Bourdieu, Roger Caillois, François Châtelet, Daniel Cohn-Bendit, Régis Debray, Jean Diwo, André Fontaine, Franz-Olivier Giesbert, Paul Guth, Claude Hagège, Jean-François Kahn, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Patrick Poivre d’Arvor, François Truffaut…
(115 )
2 fois Jean Baudrillard, Alain Corbin… (308)
Thématiques uniques choisies par Apostrophes
Activité littéraire 190 (26,24 %)
Questions de société 318 (43,93 %)
Débats historiques 104 (14,36 %)
Enjeux politiques 90 (12,43 %)
Les intellectuels 22 (3,04 %)
Totaux 724 (100 %)
- DuplayExpert
Bien sûr, il ne faut pas rêver, cette émission n'a pas conduit tous les Français à devenir des affamés de la lecture !
Mais il me semble que pour analyser les chiffres que tu cites -en particulier l'augmentation du nombre de faibles lecteurs et le recul du nombre de forts lecteurs- il ne faut pas négliger d'autres données telles les réformes qui ont touché l'école primaire quant à l'apprentissage de la lecture par exemple.
Je peux t'assurer que cette émission avait un impact. Cela se manifestait dans les livres placés en tête de gondole dans les petites librairies mais aussi les grandes surfaces, dans les discussions y compris chez les lycéens et chez des personnes qui n'étaient pas forcément de grands intellectuels...
Et la diffusion de cette émission -même si ce n'était pas en "prime time"- un vendredi soir, à une heure raisonnable et accessible à des non-noctambules, était une bonne chose. Actuellement, il vaut mieux être insomniaque pour pouvoir regarder une émission littéraire, non ?
Quant aux invités les plus fréquents, je me souviens très bien de Max Gallo présentant L'Homme Robespierre, de Jean Lacouture avec son Mendès France, de Pierre Miquel avec sa Grande Guerre, et de Le Roy Ladurie, Duby, Pierre Miquel, Henri Amouroux, Jean Tulard...
Après, il ne s'agit bien évidemment pas de prétendre que cette émission ait eu un impact miraculeux. Et je ne suis pas non plus une groupie de Pivot, qui avait tendance à un peu trop favoriser certains "courants" chez les historiens invités, pour mon goût. Mais il a eu le mérite de créer un rendez-vous hebdomadaire autour du livre qui n'a plus d'équivalent actuellement.
Et puis, sur d'autres sujets, par forcément historiques, il y a eu des moments forts, comme le premier passage de Vladimir Boukovsky évoquant l'internement des dissidents soviétiques en hôpital psychiatrique pour n'en citer qu'un.
Mais il me semble que pour analyser les chiffres que tu cites -en particulier l'augmentation du nombre de faibles lecteurs et le recul du nombre de forts lecteurs- il ne faut pas négliger d'autres données telles les réformes qui ont touché l'école primaire quant à l'apprentissage de la lecture par exemple.
Je peux t'assurer que cette émission avait un impact. Cela se manifestait dans les livres placés en tête de gondole dans les petites librairies mais aussi les grandes surfaces, dans les discussions y compris chez les lycéens et chez des personnes qui n'étaient pas forcément de grands intellectuels...
Et la diffusion de cette émission -même si ce n'était pas en "prime time"- un vendredi soir, à une heure raisonnable et accessible à des non-noctambules, était une bonne chose. Actuellement, il vaut mieux être insomniaque pour pouvoir regarder une émission littéraire, non ?
Quant aux invités les plus fréquents, je me souviens très bien de Max Gallo présentant L'Homme Robespierre, de Jean Lacouture avec son Mendès France, de Pierre Miquel avec sa Grande Guerre, et de Le Roy Ladurie, Duby, Pierre Miquel, Henri Amouroux, Jean Tulard...
Après, il ne s'agit bien évidemment pas de prétendre que cette émission ait eu un impact miraculeux. Et je ne suis pas non plus une groupie de Pivot, qui avait tendance à un peu trop favoriser certains "courants" chez les historiens invités, pour mon goût. Mais il a eu le mérite de créer un rendez-vous hebdomadaire autour du livre qui n'a plus d'équivalent actuellement.
Et puis, sur d'autres sujets, par forcément historiques, il y a eu des moments forts, comme le premier passage de Vladimir Boukovsky évoquant l'internement des dissidents soviétiques en hôpital psychiatrique pour n'en citer qu'un.
- CondorcetOracle
Mowgli a écrit:Bien sûr, il ne faut pas rêver, cette émission n'a pas conduit tous les Français à devenir des affamés de la lecture !
Mais il me semble que pour analyser les chiffres que tu cites -en particulier l'augmentation du nombre de faibles lecteurs et le recul du nombre de forts lecteurs- il ne faut pas négliger d'autres données telles les réformes qui ont touché l'école primaire quant à l'apprentissage de la lecture par exemple.
Je peux t'assurer que cette émission avait un impact. Cela se manifestait dans les livres placés en tête de gondole dans les petites librairies mais aussi les grandes surfaces, dans les discussions y compris chez les lycéens et chez des personnes qui n'étaient pas forcément de grands intellectuels...
Et la diffusion de cette émission -même si ce n'était pas en "prime time"- un vendredi soir, à une heure raisonnable et accessible à des non-noctambules, était une bonne chose. Actuellement, il vaut mieux être insomniaque pour pouvoir regarder une émission littéraire, non ?
Quant aux invités les plus fréquents, je me souviens très bien de Max Gallo présentant L'Homme Robespierre, de Jean Lacouture avec son Mendès France, de Pierre Miquel avec sa Grande Guerre, et de Le Roy Ladurie, Duby, Pierre Miquel, Henri Amouroux, Jean Tulard...
Après, il ne s'agit bien évidemment pas de prétendre que cette émission ait eu un impact miraculeux. Et je ne suis pas non plus une groupie de Pivot, qui avait tendance à un peu trop favoriser certains "courants" chez les historiens invités, pour mon goût. Mais il a eu le mérite de créer un rendez-vous hebdomadaire autour du livre qui n'a plus d'équivalent actuellement.
Assurément, l'effet Pivot n'est pas une légende, quoique bizarrement, les plus grosses ventes de livres émanant d'apostrophés aient été provoquées par des émissions peu regardées... (et vice-versa). Les rayons Apostrophes couronnaient une excellente maîtrise par Bernard Pivot des réseaux éditoriaux (parisiens notamment). Et tout aussi paradoxalement, Bernard Pivot avait voulu une émission qui ne soit pas littéraire alors qu'à son acmé, Apostrophes était considérée comme l'émission littéraire par excellence. Bernard Pivot a eu la chance d'arriver au bon moment télévisuel (après la fin de l'ORTF en 1974 et la refonte complète de la grille de programmes des trois chaînes créées en janvier 1975 et aussi de bénéficier de l'échec - relatif- de ses prédécesseurs). L'audience d'Apostrophes, énorme pour un magazine littéraire (environ 2,5 millions / 3 millions de téléspectateurs pour une émission-type), n'a jamais dépassé la moitié de celle des émissions les plus en vogue de l'époque (comme celle de Michel Drucker dont le nom m'échappe).
- DuplayExpert
Tu veux parler de "Champs Elysées" ?
- CondorcetOracle
Oui, je crois
- DuplayExpert
Dis donc, comparer l'audience d'une émission littéraire de seconde partie de soirée avec celle d'une grosse émission de variétés comme "Champs Elysées" diffusée en prime time... tu es gonflé, comme mec ! :lol:
Et de plus, tu apportes de l'eau à mon moulin : l'audience d'Apostrophes était franchement honorable par rapport à celle de cette énorme machine à audience qu'animait Drucker ! Et re .
- CondorcetOracle
Mowgli a écrit:
Dis donc, comparer l'audience d'une émission littéraire de seconde partie de soirée avec celle d'une grosse émission de variétés comme "Champs Elysées" diffusée en prime time... tu es gonflé, comme mec ! :lol:
Et de plus, tu apportes de l'eau à mon moulin : l'audience d'Apostrophes était franchement honorable par rapport à celle de cette énorme machine à audience qu'animait Drucker ! Et re .
Elle est très élevée ... pour un magazine littéraire (mais moyenne pour tout autre type d'émission et de plus, très fluctuante au gré des thématiques choisies et des années). Le piquant de l'affaire est que Bernard Pivot dénonce la dictature de l'Audimat dans sa Remontrance à la ménagère de moins de cinquante ans (2001) alors que l'audience avait été un mètre-étalon ainsi qu'un argument de poids dans sa lutte pour terrasser les émissions concurrentes d'Apostrophes comme la Rage de lire de Georges Suffert. Autres temps, autres moeurs : ce qui avait assis la légitimité cathodique d'Apostrophes ronge peu à peu Bouillon de culture.
Tu lui attribues "le mérite d'avoir créé un rendez-vous hebdomadaire autour du livre qui n'a plus d'équivalent actuellement" alors que je pense qu'Apostrophes a aspiré comme un tourbillon l'offre programmatique de la médiation littéraire et considérablement appauvrie. Avant Apostrophes, il y eut Lectures pour tous, Les Cent livres des hommes, Archives du XXe siècle, Post-Scriptum, Ouvrez les guillemets.
Les grands absents d’Apostrophes
Intellectuels et écrivains français : Louis Althusser, Louis Aragon, Alain Badiou, Simone de Beauvoir, Jacques Bouveresse, Jean Bottéro, Cornélius Castoriadis, Michel de Certeau, Guy Debord, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Félix Guattari, Emmanuel Lévinas, Michel Leiris, Paul Ricoeur, Jean-Paul Sartre, Elsa Triolet...
Cinéastes, intellectuels et écrivains étrangers bénéficiant d’une bonne aura en France durant la période concernée : Dino Buzzati, Noam Chomsky, Federico Fellini, Elso Morante, Pier Paolo Pasolini, Stanley Kubrick, Federico Rosselini...
- DuplayExpert
condorcet a écrit:
Elle est très élevée ... pour un magazine littéraire (mais moyenne pour tout autre type d'émission et de plus, très fluctuante au gré des thématiques choisies et des années). Le piquant de l'affaire est que Bernard Pivot dénonce la dictature de l'Audimat dans sa Remontrance à la ménagère de moins de cinquante ans (2001) alors que l'audience avait été un mètre-étalon ainsi qu'un argument de poids dans sa lutte pour terrasser les émissions concurrentes d'Apostrophes comme la Rage de lire de Georges Suffert. Autres temps, autres moeurs : ce qui avait assis la légitimité cathodique d'Apostrophes ronge peu à peu Bouillon de culture.
Tu lui attribues "le mérite d'avoir créé un rendez-vous hebdomadaire autour du livre qui n'a plus d'équivalent actuellement" alors que je pense qu'Apostrophes a aspiré comme un tourbillon l'offre programmatique de la médiation littéraire et considérablement appauvrie. Avant Apostrophes, il y eut Lectures pour tous, Les Cent livres des hommes, Archives du XXe siècle, Post-Scriptum, Ouvrez les guillemets.
Les grands absents d’Apostrophes
Intellectuels et écrivains français : Louis Althusser, Louis Aragon, Alain Badiou, Simone de Beauvoir, Jacques Bouveresse, Jean Bottéro, Cornélius Castoriadis, Michel de Certeau, Guy Debord, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Félix Guattari, Emmanuel Lévinas, Michel Leiris, Paul Ricoeur, Jean-Paul Sartre, Elsa Triolet...
Cinéastes, intellectuels et écrivains étrangers bénéficiant d’une bonne aura en France durant la période concernée : Dino Buzzati, Noam Chomsky, Federico Fellini, Elso Morante, Pier Paolo Pasolini, Stanley Kubrick, Federico Rosselini...
Là, tu abordes un nouveau problème : la capitulation des autorités télévisuelles dans le combat pour une large diffusion de la culture. La plupart des émissions que tu cites sont nées à l'époque où il n'y avait que deux chaînes qui menaient une politique plutôt ambitieuse en termes de démocratisation de la culture avec un grand C, avec les grandes pointures que tu connais.
A partir de 1972 si mes souvenirs sont exacts, il y a eu la création d'une troisième chaîne. Puis au début des années 80 la création de Canal Plus, chaîne privée qui a mis à l'ordre du jour une certaine superficialité avec un soin particulier apporté à la forme au détriment du fond, même si le ton de certaines émissions apparaissait comme plutôt rafraîchissant au début.
Bref, l'émission de Pivot est aussi le reflet d'une époque et d'un changement d'esprit dans l'élaboration des cahiers des charges, probablement plus que la cause de ce changement, tu ne crois pas ?
Quoi qu'il en soit, c'est un fait qu'un certain nombre de grands auteurs et "penseurs" ne sont jamais passés à Apostrophes et je constate comme toi que Pivot n'a pas fait preuve de hardiesse dans ce domaine. Une fois encore, je précise que je suis loin d'être une groupie de ce journaliste !
Mais cela n'empêche pas que, même si les temps avaient changé depuis les débuts de la télévision et ses pionniers, il était au moins encore possible de voir une émission facile d'accès qui parlait de livres, et non des états d'âme de Loana, des secrets de Bidule ou de la popote de Machin-Chouette.
- CondorcetOracle
Ambitieuse : en terme de volume horaire, de programmation, comme de budget, la plupart des émissions littéraires que j'ai étudiées n'ont pas bénéficié ni du contexte favorable ni d'une confiance renouvelée durant une période suffisamment longue pour leur permettre de poser leurs jalons et de s'imposer auprès des téléspectateurs, des acteurs de la médiation littéraire et des écrivains. FR3 a été créée le 31 décembre 1972 et a vu le jour avec peu de moyens : elle a quand même diffusé Archives du XXe siècle entre 1971 et 1979 et Océaniques entre 1987 et 1992.
Tu abordes un problème sous-jacent : celui de la mainmise de l'autorité de tutelle, l'Etat sur l'audiovisuel jusqu'en 1982 et à partir de la libéralisation, sur l'audiovisuel et dans une moindre mesure sur les attributions de fréquence aux nouvelles chaînes de télévision durant les années 1980 (Canal +, la Cinquième, M6 -) à des entrepreneurs privés.
Je pense qu'Apostrophes, en poursuivant la voie ouverte par Post-scriptum (Michel Polac) diffusé entre 1970-1971, a exploité la veine du magazine littéraire ou l'art de d'étendre la médiation littéraire télévisée à d'autres sujets que la littérature. Le génie de Bernard Pivot a consisté à inviter la Cité dans ses contradictions, sa dialectique tumultueuse sur un plateau pour donner à voir ses soubresauts, plus passionnants, somme toute pour beaucoup, que les émois littéraires d'un Paul Morand, d'Italo Calvino ou de John Dos Passos. Cela n'exclut pas les engagements intellectualisants (comme l'anti-totalitarisme) ni même quelques sommaires prestigieux (Georges Dumézil, Francis Ponge ou Vladimir Nabokov), cependant traités à la marge.
Bernard Pivot a commencé en se défiant du littéraire pur (la première émission d'Apostrophes du 10 janvier 1975 posait ainsi la question suivante : "les avocats n'ont-ils pas finalement bonne conscience") et l'idée d'un débat sur le plateau, théâtre d'un nouvel agôn, d'un mariage entre l'émission politique construite sur le duel (telle A Armes égales), le magazine de société qui prétend ausculter les ressorts nationaux, et l'émission littéraire classique à doses homéopathiques (pour asseoir la légitimité du tout). En popularisant une approche de la médiation littéraire hors des sentes littéraires voire extra-littéraires (le fait-divers littéraire...), Apostrophes a gagné l'estime des professionnels du livre, tiré partie des acquis du magazine littéraire mais aussi rompu avec la veine Lectures pour tous attentive à un triptyque reposant sur l'écrivain, le livre et la littérature (et eux seuls).
Les successeurs de Bernard Pivot (et Bernard Pivot lui-même après Apostrophes) ont été fascinés par l'engouement apostrophien au point de ne pouvoir s'en détacher. Là où la fin de Lectures pour tous avait créé un vide en 1968 qui avait pu être comblé par une rélève générationnelle talentueuse et l'expérience Desgraupes (phase d'ouverture de l'ORTF entre 1969 et 1972), l'onde de choc suscitée par la fin d'Apostrophes en 1990 a balayé pendant une décennie au moins les tentatives de passer outre ce qui est compris aujourd'hui comme un modèle.
Tu évoques à juste titre le cahier des charges : beaucoup de médiateurs littéraires télévisés dont Bernard Pivot ont reçu l'appui des directeurs de chaîne mais peu de moyens voire une programmation parfois chiche. Bernard Pivot a débuté à l'ORTF en 1973 avec un contrat d'une semaine renouvelable et en 1975, à Apostrophes avec un contrat de trois mois renouvelable. Cette précarité originelle a été le lot de nombreux médiateurs littéraires télévisés (même si, par la suite, elle s'est atténuée pour certains tels B. Pivot et renforcée pour d'autres tels Marc Gilbert ou Jean-José Marchand qui finançait de ses deniers les Archives du XXe siècle).
Je pense néanmoins qu'en 2001, avec la télé-réalité et le débordement du sensationnel centré sur le sujet (bref, la télévision compassionnelle et spectacle : la "sur-télévision" comme disent les infocommiens), un pas important a été franchi, reléguant l'émission littéraire vers le documentaire ou la grande marginalité. Plus grave pour elle, elle a été dépossédée de son sujet : les auteurs (d'oeuvres littéraires ou de circonstance) préfèrent depuis le milieu des années 1990 apparaître dans des talk-shows ou magazines d'information voire au JT pour lesquels la littérature ne constitue qu'une accroche (ponctuelle) parmi d'autres. Thierry Ardisson l'exprime crûment : "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre".
Tu abordes un problème sous-jacent : celui de la mainmise de l'autorité de tutelle, l'Etat sur l'audiovisuel jusqu'en 1982 et à partir de la libéralisation, sur l'audiovisuel et dans une moindre mesure sur les attributions de fréquence aux nouvelles chaînes de télévision durant les années 1980 (Canal +, la Cinquième, M6 -) à des entrepreneurs privés.
Je pense qu'Apostrophes, en poursuivant la voie ouverte par Post-scriptum (Michel Polac) diffusé entre 1970-1971, a exploité la veine du magazine littéraire ou l'art de d'étendre la médiation littéraire télévisée à d'autres sujets que la littérature. Le génie de Bernard Pivot a consisté à inviter la Cité dans ses contradictions, sa dialectique tumultueuse sur un plateau pour donner à voir ses soubresauts, plus passionnants, somme toute pour beaucoup, que les émois littéraires d'un Paul Morand, d'Italo Calvino ou de John Dos Passos. Cela n'exclut pas les engagements intellectualisants (comme l'anti-totalitarisme) ni même quelques sommaires prestigieux (Georges Dumézil, Francis Ponge ou Vladimir Nabokov), cependant traités à la marge.
Bernard Pivot a commencé en se défiant du littéraire pur (la première émission d'Apostrophes du 10 janvier 1975 posait ainsi la question suivante : "les avocats n'ont-ils pas finalement bonne conscience") et l'idée d'un débat sur le plateau, théâtre d'un nouvel agôn, d'un mariage entre l'émission politique construite sur le duel (telle A Armes égales), le magazine de société qui prétend ausculter les ressorts nationaux, et l'émission littéraire classique à doses homéopathiques (pour asseoir la légitimité du tout). En popularisant une approche de la médiation littéraire hors des sentes littéraires voire extra-littéraires (le fait-divers littéraire...), Apostrophes a gagné l'estime des professionnels du livre, tiré partie des acquis du magazine littéraire mais aussi rompu avec la veine Lectures pour tous attentive à un triptyque reposant sur l'écrivain, le livre et la littérature (et eux seuls).
Les successeurs de Bernard Pivot (et Bernard Pivot lui-même après Apostrophes) ont été fascinés par l'engouement apostrophien au point de ne pouvoir s'en détacher. Là où la fin de Lectures pour tous avait créé un vide en 1968 qui avait pu être comblé par une rélève générationnelle talentueuse et l'expérience Desgraupes (phase d'ouverture de l'ORTF entre 1969 et 1972), l'onde de choc suscitée par la fin d'Apostrophes en 1990 a balayé pendant une décennie au moins les tentatives de passer outre ce qui est compris aujourd'hui comme un modèle.
Tu évoques à juste titre le cahier des charges : beaucoup de médiateurs littéraires télévisés dont Bernard Pivot ont reçu l'appui des directeurs de chaîne mais peu de moyens voire une programmation parfois chiche. Bernard Pivot a débuté à l'ORTF en 1973 avec un contrat d'une semaine renouvelable et en 1975, à Apostrophes avec un contrat de trois mois renouvelable. Cette précarité originelle a été le lot de nombreux médiateurs littéraires télévisés (même si, par la suite, elle s'est atténuée pour certains tels B. Pivot et renforcée pour d'autres tels Marc Gilbert ou Jean-José Marchand qui finançait de ses deniers les Archives du XXe siècle).
Je pense néanmoins qu'en 2001, avec la télé-réalité et le débordement du sensationnel centré sur le sujet (bref, la télévision compassionnelle et spectacle : la "sur-télévision" comme disent les infocommiens), un pas important a été franchi, reléguant l'émission littéraire vers le documentaire ou la grande marginalité. Plus grave pour elle, elle a été dépossédée de son sujet : les auteurs (d'oeuvres littéraires ou de circonstance) préfèrent depuis le milieu des années 1990 apparaître dans des talk-shows ou magazines d'information voire au JT pour lesquels la littérature ne constitue qu'une accroche (ponctuelle) parmi d'autres. Thierry Ardisson l'exprime crûment : "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre".
- JohnMédiateur
Le Front de Gauche - Parti de Gauche - Parti Communiste demande à Paris d'arrêter de promouvoir l'ouvrage de Lorant Deutsch
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hHvUgKaNNOfY7YMWlrBdEw1De3kQ?docId=CNG.0ea4a2df406c88c61786998a5ccf6ad8.2e1
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hHvUgKaNNOfY7YMWlrBdEw1De3kQ?docId=CNG.0ea4a2df406c88c61786998a5ccf6ad8.2e1
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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- BientôtlesudFidèle du forum
http://www.bfmtv.com/le-groupe-pcf-parti-de-gauche-contre-le-metronome-actu30404.html
- paul31Érudit
Je trouve que le Front de Gauche devrait s'occuper d'autre chose qu'un livre qui d'ailleurs est passionnant (pour moi).
Qu'est-ce que l'on a à faire des convictions de Lorant Deutsch ?
Il ne se passe pas des choses plus graves?
C'est sûr qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que en fin de page, il y ait les sources. Ce livre m'a fait découvrir l'histoire de Paris, qui est passionnante.
Qu'est-ce que l'on a à faire des convictions de Lorant Deutsch ?
Il ne se passe pas des choses plus graves?
C'est sûr qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que en fin de page, il y ait les sources. Ce livre m'a fait découvrir l'histoire de Paris, qui est passionnante.
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- Le nouveau livre d'histoire de France de Lorànt Deutsch, "Hexagone" : "un récit national" contre "ceux, fragmentaires, orientés ou ennuyeux, imposés par l'Education nationale".
- Lorànt Deutsch rencontre les 4e à Trappes !
- (Allemand) Recherche CD pour la classe
- Article propagande Staline
- Partir en Livre- Centre National du Livre
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