- MimicracraFidèle du forum
Dans le cadre de ma séquence sur les fabliaux, je suis à la recherche d'un poème autre que "la laitière et le pot au lait". Auriez-vous des titres à me suggérer?
- ZazkFidèle du forum
Je peux te proposer ceci :
(à côté de certains mots, les numéros correspondent à des notes mises en fin de document)
Le Jongleur /Troubadour/Trouvère
Sire comte, j’ai viellé1,
Devant vous, en votre demeure.
Si vous ne m’avez rien donné
Ni acquitté mes gages2
C’est vilenie !
Par la foi que je dois à Sainte Marie
Je ne vous suivrai plus ;
Mon aumônière3 est mal garnie
Et ma bourse mal farcie.
Sire comte, donc vous me commandez
Selon votre volonté,
Sire comte, s’il vous agrée,
Vous me donnez donc un beau cadeau
Par courtoisie.
J’ai le désir, n’en doutez pas,
De rentrer dans ma famille :
Quand j’y vais la bourse vide,
Ma femme ne me sourit pas.
Mais elle me dit : « Sire engourdi
Où donc êtes-vous allé
Que vous n’avez rien gagné ?
Vous vous êtes trop amusé
A la ville.
Voyez comme votre malle4 plie !
Elle est bien farcie de vent !
Malheur à celui qui a envie
De vivre en votre compagnie.
Quand je reviens chez moi
Et que ma femme a regardé,
Derrière moi mon sac enflé
Et moi qui suis tout paré
De robe grise5 ,
Sachez qu’elle pose vite
Sa quenouille sans feinte ;
Elle me sourit franchement
Et me plie ses deux bras au cou.
Ma femme va déboucler
Ma malle sans plus tarder ;
Mon garçon6 va abreuver
Mon cheval et le panser ;
Ma servante va tuer
Deux chapons pour les servir en sauce à l’ail
Ma fille m’apporte un peigne
De sa main, par courtoisie.
Lors suis en mon logis, sire,
Rempli de joie et sans querelle
Plus que nul ne pourrait dire
Colin MUSET, Chanson XII
1 : vieller : jouer de la vielle ou de la viole (instrument de musique avec lequel s’accompagnaient les jongleurs)
2 : gages : « ni acquitté mes gages » = ni rendu les gages que j’ai versés à mon arrivée chez vous ; en effet, à son arrivée chez son hôte, le jongleur devait verser des gages, précaution prise contre un larcin possible (tous les jongleurs n’étaient pas des modèles d’honnêteté et certains avaient mauvaise réputation) ; on lui rendait ses gages si rien n’avait disparu au château.
3 : aumônière : coffre ou trousse où l’on mettait les aumônes reçues en nature
4 : malle : bagage (« plie » : a des plis parce que peu remplie)
5 : de robe grise : on donnait aux jongleurs non seulement de l’argent mais aussi des vêtements ; la « robe grise » est sans doute une robe fourrée de petit-gris (fourrure fournie par un écureuil de Russie de couleur gris ardoisé).
6 : garçon : domestique
(à côté de certains mots, les numéros correspondent à des notes mises en fin de document)
Le Jongleur /Troubadour/Trouvère
Sire comte, j’ai viellé1,
Devant vous, en votre demeure.
Si vous ne m’avez rien donné
Ni acquitté mes gages2
C’est vilenie !
Par la foi que je dois à Sainte Marie
Je ne vous suivrai plus ;
Mon aumônière3 est mal garnie
Et ma bourse mal farcie.
Sire comte, donc vous me commandez
Selon votre volonté,
Sire comte, s’il vous agrée,
Vous me donnez donc un beau cadeau
Par courtoisie.
J’ai le désir, n’en doutez pas,
De rentrer dans ma famille :
Quand j’y vais la bourse vide,
Ma femme ne me sourit pas.
Mais elle me dit : « Sire engourdi
Où donc êtes-vous allé
Que vous n’avez rien gagné ?
Vous vous êtes trop amusé
A la ville.
Voyez comme votre malle4 plie !
Elle est bien farcie de vent !
Malheur à celui qui a envie
De vivre en votre compagnie.
Quand je reviens chez moi
Et que ma femme a regardé,
Derrière moi mon sac enflé
Et moi qui suis tout paré
De robe grise5 ,
Sachez qu’elle pose vite
Sa quenouille sans feinte ;
Elle me sourit franchement
Et me plie ses deux bras au cou.
Ma femme va déboucler
Ma malle sans plus tarder ;
Mon garçon6 va abreuver
Mon cheval et le panser ;
Ma servante va tuer
Deux chapons pour les servir en sauce à l’ail
Ma fille m’apporte un peigne
De sa main, par courtoisie.
Lors suis en mon logis, sire,
Rempli de joie et sans querelle
Plus que nul ne pourrait dire
Colin MUSET, Chanson XII
1 : vieller : jouer de la vielle ou de la viole (instrument de musique avec lequel s’accompagnaient les jongleurs)
2 : gages : « ni acquitté mes gages » = ni rendu les gages que j’ai versés à mon arrivée chez vous ; en effet, à son arrivée chez son hôte, le jongleur devait verser des gages, précaution prise contre un larcin possible (tous les jongleurs n’étaient pas des modèles d’honnêteté et certains avaient mauvaise réputation) ; on lui rendait ses gages si rien n’avait disparu au château.
3 : aumônière : coffre ou trousse où l’on mettait les aumônes reçues en nature
4 : malle : bagage (« plie » : a des plis parce que peu remplie)
5 : de robe grise : on donnait aux jongleurs non seulement de l’argent mais aussi des vêtements ; la « robe grise » est sans doute une robe fourrée de petit-gris (fourrure fournie par un écureuil de Russie de couleur gris ardoisé).
6 : garçon : domestique
- henrietteMédiateur
Je donne en général La Complainte de Rutebeuf dans l'adaptation de Ferré.
- DicloniaExpert
Tu cherches des poèmes en lien avec les fabliaux ou de l'époque ?
- V.MarchaisEmpereur
Mimi, Marie de France a écrit plein de poèmes en lien direct avec les fabliaux. Il doit être possible d'en trouver sur internet, je vais voir ça.
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