Mes élèves latinistes de 5e me font du chantage !

J'enseigne dans un petit collège où je peine à recruter.
A la rentrée prochaine, mon directeur me réduit mes heures. Je vais avoir, en effet, un double niveau 4e/3e.

En fin de 2ème trimestre, 2 élèves de 5e sont venus me voir pour me dire que leur moyenne en latin (9 et 9,5 ... et j'ai été généreuse!) leur faisait baisser leur moyenne générale.
Aujourd'hui rebelote : "on sait pas si on va continuer l'année prochaine"
Beaucoup n'apprennent rien, ne font aucun effort, mais voudraient avoir de bonnes notes!
                         

Et tu vas en donner si tu veux garder tes heures.

Mais ils peuvent arrêter?

Dans mon collège, ils refusent qu'ils arrêtent avant la fin de la 4°, en disant qu'ils doivent au moins "terminer un cycle" (cycle central). Du coup, ils sont quand même nombreux, mais c'est un challenge permanent de les motiver (et comme tu dis, ils croient que les bonnes notes arrivent sans un minimum de travail). J'essaie de leur faire remonter la moyenne en les interrogeant en vocabulaire au tableau (même les moins bons peuvent faire l'effort de mémoriser des listes de mots, tout de même !)

Oui, ils peuvent arrêter.

Celadon a écrit:Et tu vas en donner si tu veux garder tes heures.

J'ai prévu, la semaine prochaine, de noter des exposés et je vais leur demander de rédiger quelques questions (QCM, vrai ou faux ...) pour noter les élèves qui écouteront.

Je comprends la situation... Et pourquoi pas sortir l'argument aux parents (en te mettant d'accord avec ton chef) : l'option doit être gardée tout au long du fameux cycle central ? Si en plus, ils ont une moyenne correcte grâce aux exposés, ils n'ont pas à faire sécession !

Ça devient une vraie plaie cette histoire: même en seconde j'ai entendu une élève me déclarer:"vous n'avez pas le droit de mettre des mauvaises notes en latin, c'est fait pour monter nos moyennes".
J'avoue qu'à ce niveau de perversion des valeurs, je suis assez découragée...
Je ne vois pas comment arriver à combiner l'exigence intellectuelle sans laquelle la matière n'a plus gère d'intérêt et ce statut d'option facultative qui doit sans cesse justifier son attractivité, son actualité, son culculturalisme , et son bénéfice en matière de résultats, non par le bénéfice du travail mais par un chèque cadeau pour client fidèle...
pffffffffff

bon, ça ne t'aide pas tout ca

Ca me gêne de les forcer à continuer. Je préfère des élèves volontaires.

Comme je vous comprends, Iphigénie et Cristal ! Même si moi non plus je n'apporte pas beaucoup d'eau au moulin...

J'ai parlé de l'option, aujourd'hui, à ma classe de 6e.
Quelques questions qui tuent :
On est obligé de venir à tous les cours?
On a des notes?
Ca peut nous faire baisser notre moyenne?

Je suis vraiment découragée!

iphigénie a écrit:Ça devient une vraie plaie cette histoire: même en seconde j'ai entendu une élève me déclarer:"vous n'avez pas le droit de mettre des mauvaises notes en latin, c'est fait pour monter nos moyennes".
J'avoue qu'à ce niveau de perversion des valeurs, je suis assez découragée...
Je ne vois pas comment arriver à combiner l'exigence intellectuelle sans laquelle la matière n'a plus gère d'intérêt et ce statut d'option facultative qui doit sans cesse justifier son attractivité, son actualité, son culculturalisme , et son bénéfice en matière de résultats, non par le bénéfice du travail mais par un chèque cadeau pour client fidèle...
pffffffffff

bon, ça ne t'aide pas tout ca

J'en ai trois qui ont moins de 5 de moyenne. Parce qu'ils le valent bien Ils veulent arrêter ? Je les en prie

iphigénie a écrit:
bon, ça ne t'aide pas tout ca

Si, si, je me sens moins seule!

Cripure a écrit:

iphigénie a écrit:Ça devient une vraie plaie cette histoire: même en seconde j'ai entendu une élève me déclarer:"vous n'avez pas le droit de mettre des mauvaises notes en latin, c'est fait pour monter nos moyennes".
J'avoue qu'à ce niveau de perversion des valeurs, je suis assez découragée...
Je ne vois pas comment arriver à combiner l'exigence intellectuelle sans laquelle la matière n'a plus gère d'intérêt et ce statut d'option facultative qui doit sans cesse justifier son attractivité, son actualité, son culculturalisme , et son bénéfice en matière de résultats, non par le bénéfice du travail mais par un chèque cadeau pour client fidèle...
pffffffffff

bon, ça ne t'aide pas tout ca

J'en ai trois qui ont moins de 5 de moyenne. Parce qu'ils le valent bien Ils veulent arrêter ? Je les en prie

Le problème, c'est que je ne peux pas faire la fine bouche. Mes heures vont déjà être réduites et j'ai bien peur de ne plus en avoir si je n'ai plus de "clients".

Oui c'est ça le problème c'est qu'on arrive à des seuils limite.
Je suis frappée par la vitesse avec laquelle, après la destruction de l'enseignement du grec, on est arrivé à dégonfler les effectifs en latin- par la mise en concurrence d'un côté et les destructions de "l'intérieur" de l'autre- qui a transformé ces enseignements construits en foutoirs sommés de distraire les élèves.

mon expérience d'élève (1996-97) : j'ai pris latin en 4e. finalement, je n'ai pas accroché. et bien la principale adjointe a convoqué les latinistes pour qu'ils continuent le latin en 3e. je crois que l'argument à l'époque était "cela vous permettra d'être dans une bonne classe en 2nde". et ça avait marché ! (même si je n'ai pas repris latin en 2nde).

les temps changent...

cristal a écrit:

Cripure a écrit:

iphigénie a écrit:Ça devient une vraie plaie cette histoire: même en seconde j'ai entendu une élève me déclarer:"vous n'avez pas le droit de mettre des mauvaises notes en latin, c'est fait pour monter nos moyennes".
J'avoue qu'à ce niveau de perversion des valeurs, je suis assez découragée...
Je ne vois pas comment arriver à combiner l'exigence intellectuelle sans laquelle la matière n'a plus gère d'intérêt et ce statut d'option facultative qui doit sans cesse justifier son attractivité, son actualité, son culculturalisme , et son bénéfice en matière de résultats, non par le bénéfice du travail mais par un chèque cadeau pour client fidèle...
pffffffffff

bon, ça ne t'aide pas tout ca

J'en ai trois qui ont moins de 5 de moyenne. Parce qu'ils le valent bien Ils veulent arrêter ? Je les en prie

Le problème, c'est que je ne peux pas faire la fine bouche. Mes heures vont déjà être réduites et j'ai bien peur de ne plus en avoir si je n'ai plus de "clients".

Ben je ferai autre chose. Ces cours de latin où des élèves brillants ne retiennent pas le présent de "lego" sous prétexte que, brillants, ilsont toujours eu 18 sans rien apprendre, moi, ça me gave. Il y a un truc qui m'ennuie plus que les mauvais élèves, dans ce métier, ce sont les bons élèves