Témoignages de stagiaires redoublants

Lefteris, tu ne veux pas écrire un guide en pdf ?

Marie Laetitia a écrit:Lefteris, tu ne veux pas écrire un guide en pdf ?

Je n'ai quand même pas le niveau pour écrire un guide, je ne suis pas prof de droit ! D'ailleurs il existe des précis, dont un dont j'ai oublié le nom .Cela fait quelques années que je n'ai plus le nez là-dedans hormis ces histoires de reclassement qui ont encore des effets , des retards dans la prise d'échelon .
Et ça bouge en matière juridique , je sais par exemple que l'appel a été supprimé pour les cas individuels de fonctionnaires (encore un recul de droits collectifs passé en catimini dans le quinquennat...), ce qui empêche de rejuger l'affaire au fond, et donc encourage les tribunaux de 1ère instance à débouter ou à se déclarer incompétents. Reste le Conseil d'Etat, qui équivaut à la cassation, mais il ne juge que sur la forme, et il faut obligatoirement payer rien que pour introduire le recours, sans quasiment aucune chance.
Je peux donner quelques pistes, comme ça, quand ça me revient, mais il faudrait surtout que tout le monde s'y mette un tout petit peu, juste pour savoir qu'on n'est pas obligé de se faire tondre comme des moutons, voire saigner. Tout le monde sait rappeler les devoirs aux fonctionnaires, mais dès qu'il s'agit des droits ...

Allez, nous avons un peu dérobé ce fil avec nos protestations, comme il a été dit plus haut. J'allais encore écrire l'histoire de ma vie en sol mineur.

Ayant regagné la liberté de parole, je ne devrais pas en abuser. Il y a des voix qui ne peuvent pas s'exprimer en raison du devoir du réserve, ou faute de temps, d'énérgie, ou de clarté sur tout ce qui nous dépasse.

Courage à ceux qui sont redoublants:

Yes we you can

Ce n'est pas toujours une loterie. Le travail (surtout sur la forme) paie souvent ce jackpot statutaire.
May you all be knighted!

J'ai redoublé mon année de stage du temps des six heures. En fait je faisait mon stage de CAPES tout en préparant l'agrégation en mëme temps, chose sans doute matériellement impossible de nos jours. C'est trèèèèèèès mal passé auprès de l'IUFM, des formateurs et de l'inspection qui est venue me descendre en flammes l'avant veille du début des oraux, me reprochant mon manque d'investissement et le fait de privilégier ma carrière personnelle. Bon, je l'ai mal pris et je suis arrivée aux oraux remontée à bloc. J'ai eu l'agrèg avec 16 en leçon. Peut-être dois-je remercier cet inspecteur en fait. L'année suivante c'est très bien passée mais j'en garde un tenace sentiment d'injustice et une méfiance foncière à l'égard de nos hiérarchies.

florestan a écrit: J'ai redoublé mon année de stage du temps des six heures. En fait je faisait mon stage de CAPES tout en préparant l'agrégation en mëme temps, chose sans doute matériellement impossible de nos jours. C'est trèèèèèèès mal passé auprès de l'IUFM, des formateurs et de l'inspection qui est venue me descendre en flammes l'avant veille du début des oraux, me reprochant mon manque d'investissement et le fait de privilégier ma carrière personnelle. Bon, je l'ai mal pris et je suis arrivée aux oraux remontée à bloc. J'ai eu l'agrèg avec 16 en leçon. Peut-être dois-je remercier cet inspecteur en fait. L'année suivante c'est très bien passée mais j'en garde un tenace sentiment d'injustice et une méfiance foncière à l'égard de nos hiérarchies.

Témoignage qui rejoint mon ressenti : j'ai fait le stage à l'époque des 6 heures, et je me suis aperçu que tout était fait pour empêcher des stagiaires de faire autre chose : agreg, thèse... , comme s'il y avait un devoir d'entrer dans les ordres . Les emplois du temps de formation éclatés. Alors que les formateurs, eux, géraient leur carrière on ne peut mieux, bien au chaud . Pour ma part, ce qui me fait garder une dent contre ces égoïstes, qui jouaient les croisés de l'éducation , j'étais accablé de problèmes administratifs lourds. En gros mon administration de départ et l'EN me mettaient des bâtons dans les roues par mesquinerie (procédures tatillonnes pour être reclassé, je perdais tout en repartant presque à zéro, des années de carrière partaient en fumée, avec les conséquences pour la paie, la retraite,etc.) . Ils m'ont laissé me dépatouiller seul dans des recours administratifs , connaissant parfaitement ma situation, alors que quelques coups de fil auraient pu tout débloquer . Dès novembre je n'avais presque aucun espoir de pouvoir rester et j'ai fait tout mon stage en me disant : "je reste, j"ai droit à finir mon année de détachement, ça me fait faire autre chose un an, et j'aurais deux mois avant de réintégrer mon ancienne administration " .La direction de l'IUFM le savait, mes formateurs étaient au courant, j'avais même fait passer des demandes par la voie hiérarchique. C'est comme si leur avais parlé de la pluie et du beau temps. Quoique titularisé, j'ai réintégré mon ancien corps, mais l'avant- veille de la rentrée,à la dernière scène du dernier acte mon recours a abouti (preuve que j'avais raison et qu'ils auraient pu bouger). Au dernier moment, je me suis décidé à rester. Du coup, je n'avais rien préparé pendant les vacances et je mes suis retrouvé avec 3 niveaux différents de français + 1 de latin, (donc je comprends les stagiaires d'aujourd'hui , l'inspection en moins, j'étais dans la même situation) . Évidemment, je n'ai pas pu passer l'agreg, ce qui était mon projet, et j'ai dû le faire plus tard.
Parmi ces apparatchiks installés, qui jouent les gens très investis pour autrui,(de loin) il y a des Tartuffes, totalement indifférents à ce qui se passe sous leur nez. Ce que je lis ici fait dresser les cheveux à l'ex syndicaliste , je compatis sincèrement, et au-delà, je me demande quel genre d'EN on aura avec ce type de "management" Je ne pensais quand même pas que c'était à ce point, bien que j'aie rencontré en chair et en os des stagiaires.
Bon courage à eux

Après la lecture de ce fil, je voudrais dire un mot pour souhaiter bon courage aux redoublants, les "feignasses" et "jemenfoutistes" d'après le discours ambiant, ou mieux encore "ceux qui n'ont pas de personnalité" ou encore "les cas psychologiques"....

Je suis stagiaire, mon année se passe bien, je me sens à ma place dans ce métier, les rapports sont très bons à mon égard, mon inspection s'est bien passée et l'inspectrice m'a même glissé qu'a priori, sauf grosse erreur en fin d'année, j'étais titularisée.

Et pourtant.... au vu des conditions actuelles de stage, j'ai l'impression d'être une miraculée. Comment est-il possible de préparer des cours lorsque l'on ne l'a jamais fait et que l'on a aucune aide pour le faire ? Comment est-il possible de préparer tant de cours en si peu de temps (j'ai cinq niveaux : 5eme, 6eme en français, 5eme, 4eme, 3eme en latin) ? Comment est-il possible de faire preuve d'autorité, d'assurance et de sérénité face aux élèves lorsque soi-même on est très fatigué par tout ce travail impossible à réaliser, et aussi très impressionné par ce changement de statut, les responsabilités qui pèsent sur nous, et tous ces regards qui convergent vers nous (les élèves, les collègues, le tuteur, le chef d'établissement) ? Lorsque l'on a 23/24 ans ? Lorsque l'on doit faire face à des élèves difficiles qui ont tout compris des règles de manipulation et dont le jeu favori est de chercher à retourner la classe contre le professeur, comme c'est le cas encore souvent ? A cela j'ajoute l'extrême pauvreté des formations, voire de jemenfoutisme de celles-ci, qui se montrent bien peu préoccupées par le sort des stagiaires et le contenu bien trop théorique des formations. Dans mon cas je suis aussi la seule professeure de Lettres Classiques de l'établissement, ce qui veut dire que je n'ai personne avec qui parler de mes cours, et aussi que je n'ai pas de tutrice de latin. Comment avancer dans les ténèbres si on ne nous donne aucune lumière ? Toutes ces questions, malgré ma titularisation officieuse, je me les pose TOUJOURS et je ne comprends pas bien comment j'y arrive quand même.

J'ai eu la chance d'avoir une tutrice exceptionelle, qui gère parfaitement les questions d'autorité, et est ma bible pour la gestion de classe, et aussi d'avoir une classe difficile (5eme) dès la première année pour comprendre les difficultés auxquelles on peut être confronté, et les gérer avec les conseils de ma tutrice à qui je ne cache rien et qui vient m'observer très régulièrement. De plus l'équipe est avec moi car suite à des incidents survenus en cours (élèves qui tiennent tête et refusent d'obéir), qui font suite à de nombreux autres incidents survenus dans d'autres disciplines, une réunion d'équipe a été organisée pour gérer deux élèves, et convoquer officiellement les parents avec cadrage en règle.

Je voulais donc dire à tous les redoublants, que à moi aussi ça aurait pu arriver, comme à beaucoup d'entre nous. Et vu les conditions actuelles (franchement c'est du suicide de devenir prof depuis que le statut de l'année de stage a été changé) c'est presque NORMAL de redoubler. C'est en tout cas bien compréhensible, et ceux qui ont ces propos bien médisants au sujet des redoublants n'ont qu'à venir faire face à ce à quoi nous faisons face. Parce que s'il y a une conclusion à tirer de tout ça c'est bien que enseigner c'est une sacrée école de la vie, on y apprend à se battre pour ce que l'on est et ce que l'on veut transmettre et que dans cette bataille on est pas toujours aidés.

Karololo a écrit:
J'ai beaucoup travaillé dans le privé avant d'en arriver là et franchement, je n'ai jamais autant senti le poids de la hiérarchie, la concurrence qui règne entre certains profs, et surtout cette peur et ce respect sans nom qu'on nous demande, à nous, stagiaires, d'avoir envers les inspecteurs... et l'Education Nationale !

Dans ce milieu il y a beaucoup de carriéristes. Avec une bonne proportion de mauvais qui avancent à coup de petites manips' dès lors qu'on leur donne un petit pouvoir.
La seule grande différence je dirais, c'est que dans le privé la sorte des médiocres se trouve généralement marginalisée et pointée du doigt.
Ils ne sont pas majoritaires et quand ils existent, ils ont au moins la décence de se tenir à carreau la plupart du temps.
Leur pouvoir de nuisance dans ces conditions est moindre

Bon voilà, j'ai eu mon inspection. Le verdict: je serai sûrement renouvelée (un avis favorable, deux défavorables).
Pfff.....

Zizza
Il reste l'entretien avec un jury. Ne désespère pas trop vite

Merci, mais franchement je n'y crois pas trop... J'en parle aussi dans le topic "Les stagiaires n'en peuvent plus".
Surtout que l'inspectrice a dit qu'elle commettrait une grosse erreur en me titularisant.

non mais quelle ........

zizza a écrit:Merci, mais franchement je n'y crois pas trop... J'en parle aussi dans le topic "Les stagiaires n'en peuvent plus".
Surtout que l'inspectrice a dit qu'elle commettrait une grosse erreur en me titularisant.

oh ! c'est choquant !

zizza

Zizza si jamais cela arrivait, prends les bons côtés, tu as eu ta mut sur quel coin normalement? Parce que cela te permet de rester un an de plus en PACA, avec des cours mieux préparés, la chance d'avoir une autre tutrice plus à l'écoute, être moins dans l'urgence et le stress que cette année...

J'ai eu ma mutation pour Grenoble.
C'est sûr que c'est un avantage de rester en PACA, mais je préfère clairement être validée et aller à Grenoble plutôt que redoubler et rester à Nice, quitte à revenir ici plus tard.
Pour les cours mieux préparés, rien n'est sûr car je risque fortement de me retrouver en lycée l'année prochaine (je suis en collège cette année).
Et ma tutrice de cette année est vraiment super, elle est très à l'écoute!!! Donc bon...
Mais merci en tout cas pour vos messages.

Oh Zizza!
C'est fou ce qu'a dit l'inspectrice, je croyais qu'ils étaient censés avoir un devoir de réserve! Dans tous les cas, on peut formuler les choses autrement.

Je vous rejoins pour beaucoup de choses (notamment sur ce que dit Karololo). Je tiens également à dire que je ne savais pas qu'être prof de latin était un défaut (l'inspectrice m'a en gros dit que je n'avais pas d'excuses puisque je n'ai pas beaucoup d'élèves...). En lycée avec 2 classes de 2nde et 2 niveaux en latin, je n'avais donc rien à faire comme boulot...
Le pire c'est qu'une autre stagiaire à la culture niveau ras des pâquerettes et réputée pour ses problèmes en orthographe a, elle, été validée sans problèmes. Et il ne faudrait pas se plaindre...

Ah mais l'orthographe n'est clairement plus un critère discriminant pour être prof. Quand je vois ce qu'écrivent certains de mes collègues stagiaires sur facebook (3 fautes par phrase, confusion entre les auxiliaires être et avoir...) ça m'agace fortement.

Merci pour ton témoignage, Ancalimë!

Haldetrude a écrit:Ah mais l'orthographe n'est clairement plus un critère discriminant pour être prof. Quand je vois ce qu'écrivent certains de mes collègues stagiaires sur facebook (3 fautes par phrase, confusion entre les auxiliaires être et avoir...) ça m'agace fortement.

Je m'en suis effectivement rendue. Mais c'est très embêtant quand il s'agit de professeur de lettres...

A tous les stagiaires redoublants!

Une question à laquelle vous avez déjà dû répondre : lorsque l'on "redouble", peut-on changer d'académie pour le renouvellement?

Merci à tous.

non

Il y a deux ans, le ministère s'opposait au changement d'académie en cas de renouvellement...ça a peut-être changé depuis?

Horreur.

Tu as obtenu une autre académie à l'intra ? Tu crains de rester dans l'actuelle si tu redoubles ?

C'est ce que je me suis dit aussi il y a deux ans... Je voulais changer d'air, ne plus revoir les formateurs et l'inspectrice...et la deuxième année s'est finalement bien passée.

Oui j'ai eu une autre académie à l'intra (j'ai demandé Créteil, je viens de là et je ne l'ai même pas eu en stage...) Oui, oui je veux changer d'académie.