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- JohnMédiateur
http://aggiornamento.hypotheses.org/802
Et la France dans tout ça?
31 mars 2012
Par aggiornamento
Rédactrice : Suzanne Citron
Chronique diffusée vendredi 30 mars dans l’émission “La fabrique de l’histoire” d’Emmanuel Laurentin
Tout ça c’est la Marseillaise sifflée au stade de France. C’est le mois de novembre 2005 quand des enfants, des adolescents, français pour la plupart mais le plus souvent d’ascendance immigrée, ont incendié des bâtiments construits pour les éduquer à la citoyenneté républicaine.
S’est-on vraiment interrogé sur ce symptôme, ce symbole d’un fantastique échec ? Comme si la mémoire collective avait refoulé l’interrogation.
Et la France, c’est quoi dans les programmes d’histoire de l’école et du collège et dans la tête des élèves ? A-t-on mesuré l’écart qui pouvait exister entre le prescrit des hauteurs de la rue de Grenelle et le reçu dans les quartiers de relégation et aussi dans les autres? A-t-on interrogé les psychiatres qui, dans les CMP, centres médico psychologiques, entendent des adolescents en mal d’être leur dire : l’histoire j’y comprends rien.
Quel “mode d’emploi du passé”, pour reprendre le titre du beau livre d’Enzo Traverso?
A l’école élémentaire. On croit que le roman national c’est fini parce que la tonalité héroïque et sentimentale n’est plus de mise. Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue. Aujourd’hui, au 21 siècle, après 2 guerres mondiales, Vichy, la Shoah, la guerre d’Algérie, on veut toujours modeler l’imaginaire enfantin avec un récit de la nation conditionné par les codes épistémologiques, idéologiques, culturels du 19ème siècle .
L’histoire reste en filigrane celle d’une France hexagonale, pré incarnée dans la Gaule, socle ontologique de l’avancée du temps. Un temps ponctué des origines à nos jours par une litanie de personnages incontournables et de séquences rituelles.
Le collège perpétue un temps conceptualisé dans la première moitié du 19ème siècle quand l’histoire est devenue discipline académique. Cette périodisation eurocentrée – Antiquité, MA, Temps modernes – est le support du continuum prescrit par les instructions. C’est la base canonique de l’enchaînement des programmes de la 6ème à la 3ème. C’est l’enveloppe de la Raison d’Etat, qui a construit les histoires nationales sur l’exclusion des dominés, des vaincus, des autres.
Un grand débat serait-il sacrilège, mais sacrilège de quoi? Comment gérer les mémoires en tension et en revendication dans la crise anthropologique d’un monde post industriel, post colonial, globalisé ?
Quels nouveaux outils, quelles démarches pour décoder un passé qui ait du sens, non pour les seules élites, mais pour les enfants d’une France diverse, métissée, complexe, chaotique, inégalitaire? Comment forger un vouloir vivre ensemble, une identité collective orientée vers un projet d’avenir et de transformation ?
Un débat épistémologique et critique sur le vieux récit fétiche, sur le temps académique réifié, est-il possible sans susciter l’accusation d’assassiner l’histoire de France?
Philippe Joutard, le maître d’œuvre du seul programme un peu novateur de l’école, celui de 2002, mis au rancart par Xavier Darcos, a lui-même reconnu la pesanteur des traditions. Comme si l’identité nationale reposait encore et toujours sur la défense d’Alesia, sur le mythique sacre de Clovis, sur l’usurpation d’Hugues Capet.
Couturer une histoire polyphonique de l’entité France dans un espace non plus gallo centré mais mondialisé au départ, ajuster des temporalités multiples, trier des éclats du passé signifiants pour ceux qui les reçoivent, est-ce une inadmissible transgression ou l’injonction inéluctable du présent ?
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- HannibalHabitué du forum
Couturer une histoire polyphonique de l’entité France dans un espace non plus gallo centré mais mondialisé au départ, ajuster des temporalités multiples, trier des éclats du passé signifiants pour ceux qui les reçoivent, est-ce une inadmissible transgression ou l’injonction inéluctable du présent ?
Le roman, c'est peut-être partiel et partial, mais au moins c'est lisible. Le puzzle, non.
Personne ne se reconnaîtra jamais dans un miroir brisé d'avance.
- doublecasquetteEnchanteur
Ça part vraiment d'un bon sentiment, mais ça ne risque pas d'accoucher d'une souris un projet aussi éléphantesque ?
Le but, à l'école élémentaire, c'est de leur donner l'idée d'une continuité à travers la chronologie, non ? Alors qu'on parte d'une continuité au moins européano-centrée pour que les noms, les lieux représentent quelque chose pour eux parce que ce sont ceux qu'ils lisent sur les plaques de rue ou qu'ils entendent à la météo, est-ce si grave ?
Le but, à l'école élémentaire, c'est de leur donner l'idée d'une continuité à travers la chronologie, non ? Alors qu'on parte d'une continuité au moins européano-centrée pour que les noms, les lieux représentent quelque chose pour eux parce que ce sont ceux qu'ils lisent sur les plaques de rue ou qu'ils entendent à la météo, est-ce si grave ?
- CondorcetOracle
Au-delà de l'argument téléologique (relire le passé au prisme des préoccupations du présent sans tenir compte des particularités, étrangetés de ce passé), il y a aussi le risque de perdre les élèves en se défaisant de catégories qui avouent leurs limites heuristiques mais permettent de fixer des repères chronologiques bien utiles.
- IphigénieProphète
Le problème n'est-il pas aussi que cette périodisation eurocentrée est-elle même un fait d'histoire?
- Marie LaetitiaBon génie
je suis d'accord avec elle sur la théorie. Sauf que j'aimerais DÉJÀ que pour mes étudiants non historiens, Clovis, Charlemagne, Louis IX, Philippe le Bel, François Ier, Louis XIV ou Napoléon soient correctement placés dans la chronologie. Quand ça, ça sera assuré, on reparlera du reste. Mais pour l'instant on en est très très loin.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- boris vassilievGrand sage
Décidément, on n'est pas prêt d'arrêter de marcher sur la tête...
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On a beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose : ça serait pas des fois de la betterave, hein ? Si, y'en a aussi... (Jean Lefebvre / Lino Ventura, Les Tontons flingueurs, 1963, Michel Audiard évidemment, à propos du... "bizarre").
- IphigénieProphète
mais c'est innovant, non?
- CondorcetOracle
boris vassiliev a écrit:Décidément, on n'est pas prêt d'arrêter de marcher sur la tête...
+ 1.
- CeladonDemi-dieu
Il faut bien parler de quelque part en direction de quelqu'un, non ? Le tout c'est de le savoir.
- phiExpert
doublecasquette a écrit:Ça part vraiment d'un bon sentiment, mais ça ne risque pas d'accoucher d'une souris un projet aussi éléphantesque ?
Le but, à l'école élémentaire, c'est de leur donner l'idée d'une continuité à travers la chronologie, non ? Alors qu'on parte d'une continuité au moins européano-centrée pour que les noms, les lieux représentent quelque chose pour eux parce que ce sont ceux qu'ils lisent sur les plaques de rue ou qu'ils entendent à la météo, est-ce si grave ?
Et encore ça serait super si on le faisait vraiment non? Parce que j'ai plutôt l'impression que le "spiralaire" a le vent en poupe en histoire à l'ecole primaire ( et j'avoue que si il ya un truc auquel je ne crois pas du tout c'est l'enseignement de l'histoire "dans le désordre" )
- JohnMédiateur
boris vassiliev a écrit:Décidément, on n'est pas prêt d'arrêter de marcher sur la tête...
Iphigénie a écrit:mais c'est innovant, non?
Ces réflexions ont donné lieu à un excellent article de la part du biologiste Marsile Extaillé, qui montre à quel point on ne peut en rester à la norme anthropocentrée de la marche à pied. Il s'inspire des travaux du grand primatologue Léo Nitik, qui, n'ayant jamais enseigné ailleurs qu'à l'université, a considéré comme légitime de publier 10 ouvrages sur l'enseignement au collège, parmi lesquels : "Marcher sur la tête : une révolution pédagogique pour le 21e siècle".
Et la tête dans tout ça?
"Tout ça" ce sont les exploits sportifs de nos athlètes français qui déclinent. C’est la coupe du monde de 2010, quand des joueurs de l'équipe de France ont couvert de ridicule le peuple qu'ils étaient censés représenter.
S’est-on vraiment interrogé sur ce symptôme, ce symbole d’un fantastique échec du conservatisme ? Comme si la mémoire collective avait refoulé l’interrogation.
Et "la tête", c’est quoi dans cet ensemble que constitue le corps humain, qu'on divise encore en un schéma fixiste "crâne - tronc - membres" ? A-t-on mesuré l’écart qui pouvait exister entre le prescrit des hauteurs de l'Institut de Médecine, et le reçu des sportifs amateurs - joggeurs, footballeurs, et autres ? A-t-on interrogé les entraîneurs et les kinésithérapeutes qui, dans les clubs et associations, entendent des adolescents en mal d’être leur dire : j'arriverai jamais à mettre un but dans la cage ?
N'a-t-on toujours pas compris que "Marcher fait penser", selon le titre du bel ouvrage de l'écrivaine américaine Rebecca Solnit ?
A l’école élémentaire, on croit que la discrimination par la constitution physique est finie, parce que l'évaluation notée selon la performance n’est plus de mise, et qu'elle a été remplacée par une évaluation non notée par compétences. Mais les enseignants reproduisent indéfiniment la configuration physique initiée depuis la Préhistoire (et bien avant !) pour mettre au pas la créativité de l'être humain (qui s'exprimait déjà dans les grottes de Lascaux et autres hauts lieux de l'Art). Aujourd’hui, au 21 siècle, avec la robotique, la génétique, et la conquête spatiale, on veut toujours modeler l’imaginaire enfantin avec la norme des deux jambes, conditionnée par les codes épistémologiques, idéologiques, culturels du Paléolithique.
Or, on le voit : malgré toutes les réformes, on impose toujours de marcher sur ses deux jambes. En cours d'EPS comme dans la vie quotidienne de l'école, la norme reste en filigrane celle de l'individu debout, droit et fier, qui ne peut renoncer à se tenir sur ses deux jambes. Une démarche ponctuée des origines à nos jours, dans le roman qu'on essaie de nous faire accroire, par une litanie de considérations physiques, biologiques et anatomiques (rôle de la pesanteur, évolution des espèces, practicité de la posture...).
Le collège perpétue la valorisation de cette démarche, dont la conceptualisation remonte pourtant au cours de la préhistoire, quand la marche est devenue nécessaire pour cueillir et chasser. Cette séparation abusive – nage, vol, bipédie, quadripédie... – est le support du continuum implicitement prescrit par les instructions. C’est la base canonique de la marche et du déplacement, telle qu'ils sont imposés depuis la maternelle - et parfois même avant, par les parents eux-mêmes, qui sont aliénés par l'institution. C’est l’enveloppe de la Raison d’Etat, qui a construit la posture humaine sociale sur l’exclusion des autres, des animaux, des plantes et des pierres.
Un grand débat serait-il sacrilège, mais sacrilège de quoi? Comment gérer nos mouvements en tension et en revendication dans la crise anthropologique d’un corps post industriel, post colonial, encéphalé ?
Quels nouveaux outils, quelles démarches pour renouveler notre manière d'avancer, afin qu'elle ait un sens, non pour les seules élites qui souhaiteraient continuer à marcher droit par pur réflexe conservateur, mais pour tous ceux dont la créativité doit nous amener à nous interroger, à innover, à créer ? Comment forger un vouloir vivre ensemble qui soit divers, une identité collective orientée vers un projet d’avenir et de transformation ?
Un débat épistémologique et critique sur cette vieille posture fétiche, sur la démarche académique réifiée, est-il possible sans susciter l’accusation de vouloir abîmer le cuir chevelu des Français et d'empêcher leurs déplacements ?
Les frères Bogdanov, maîtres d’œuvre du seul programme télévisé un peu novateur de France 2, bons amis de Luc Ferry et injustement mis au rencart par Rémi Pfimlin, ont eux-mêmes reconnu la difficulté de faire comprendre au monde l'importance des idéess futuristes. Comme si le mouvement reposait encore et toujours sur la succession de pas, l'alternance du pied gauche et du pied droit, ou le maintien guindé que la marche oblige à respecter.
Couturer un mouvement polysynchrone de l’entité "homme" dans un espace non plus chevillo-centré mais ouvert sur le haut du corps, ajuster les multiples réactivités musculaires au lieu de se contenter de bouger les cuisses et les mollets, trier les mouvements corporels signifiants pour ceux qui les effectuent, est-ce une inadmissible transgression ou l’injonction inéluctable du présent ?
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- C'est pas fauxEsprit éclairé
Ces remarques acides me semblent justifiées. Cette dame semble pressée d'en finir avec les pratiques actuelles, mais elle le fait d'une manière qui justifie un carton sinon rouge, en tout cas orange. Pourquoi pas l'histoire à travers l'évolution de la scie à grumes, pendant qu'on y est ?
- IphigénieProphète
:lol:
Côté révolution copernicienne permanente:
Je suis en train d'entendre à la radio, à propops d'un livre de Pierre Bayard ([i]Comment parler des lieux où l'on n'a pas été/i]) que Marco Polo n'aurait sans doute jamais dépassé Constantinople, et même aurait peut-être tout écrit en restant à Venise.
Tout fout le camp, j'vous dis.
Côté révolution copernicienne permanente:
Je suis en train d'entendre à la radio, à propops d'un livre de Pierre Bayard ([i]Comment parler des lieux où l'on n'a pas été/i]) que Marco Polo n'aurait sans doute jamais dépassé Constantinople, et même aurait peut-être tout écrit en restant à Venise.
Tout fout le camp, j'vous dis.
- CelebornEsprit sacré
Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- JohnMédiateur
Mais l'idée de Suzanne Citron, c'est qu'on renforcerait justement ce sentiment en étudiant directement l'histoire du monde.Celeborn a écrit:Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
Moi, ça me semble mettre la charrue avant les boeufs : en primaire, les grandes dates de l'histoire de France me semblent suffire.
Après, au collège, c'est autre chose.
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- CondorcetOracle
Celeborn a écrit:Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.
Cela me fait tout drôle d'écrire cela mais je suis entièrement d'accord avec Celeborn.
- CeladonDemi-dieu
Mais la charrue avant les boeufs, c'est précisément la "ligne directrice"de la pédagogolerie... donc c'est cohérent.
- CondorcetOracle
John a écrit:Mais l'idée de Suzanne Citron, c'est qu'on renforcerait justement ce sentiment en étudiant directement l'histoire du monde.Celeborn a écrit:Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
Moi, ça me semble mettre la charrue avant les boeufs : en primaire, les grandes dates de l'histoire de France me semblent suffire.
Après, au collège, c'est autre chose.
Comment peut-on croire que l'on va enseigner l'histoire-monde au collège alors qu'elle est si mal représentée à l'université (française)?
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_61_1_3819
Un petit tour au Canada pour rire un peu :
http://www.usherbrooke.ca/histoire/
- CelebornEsprit sacré
John a écrit:Mais l'idée de Suzanne Citron, c'est qu'on renforcerait justement ce sentiment en étudiant directement l'histoire du monde.Celeborn a écrit:Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
On peut aussi penser qu'on renforcera la maîtrise de la langue française en diminuant les heures de français : ça s'est vu. à l'arrivée, ça marche très très bien…
Au passage, l'enseignement de l'histoire au collège a besoin d'être structuré. Les collégiens ne sont pas des universitaires. Il ne s'agit pas de n'y raconter que le roman national, mais les programmes actuels qui se gargarisent d'études de cas, d'émiettement et de décrochages vers d'autres horizons sont assez catastrophiques en l'état.
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- JohnMédiateur
Ouip.les programmes actuels qui se gargarisent d'études de cas, d'émiettement et de décrochages vers d'autres horizons sont assez catastrophiques en l'état.
Et cette démarche est, de plus, très chronophage - ce qui ne serait rien s'il y avait beaucoup d'heures à utiliser.
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- GDNiveau 10
[quote="John"]http://aggiornamento.hypotheses.org/802
Je suis heureux de voir que les psychiatres s'intéressent à l'apprentissage de nos leçons d'histoire.
Et je trouve que Suzanne Citron est elle aussi déconnectée de la réalité. Aucun professeur d'histoire ne fait la défense d'Alésia avec tambours, trompettes et fleurs pour Vercingétorix. C'est le récit de la Guerre des Gaules , un plan de la bataille et un tableau du XIX e siècle que l'on compare avec le texte pour justement bien montrer les différences.
Et la France dans tout ça?
31 mars 2012
Par aggiornamento
Rédactrice : Suzanne Citron
A-t-on interrogé les psychiatres qui, dans les CMP, centres médico psychologiques, entendent des adolescents en mal d’être leur dire : l’histoire j’y comprends rien.
Je suis heureux de voir que les psychiatres s'intéressent à l'apprentissage de nos leçons d'histoire.
Et je trouve que Suzanne Citron est elle aussi déconnectée de la réalité. Aucun professeur d'histoire ne fait la défense d'Alésia avec tambours, trompettes et fleurs pour Vercingétorix. C'est le récit de la Guerre des Gaules , un plan de la bataille et un tableau du XIX e siècle que l'on compare avec le texte pour justement bien montrer les différences.
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
condorcet a écrit:John a écrit:Mais l'idée de Suzanne Citron, c'est qu'on renforcerait justement ce sentiment en étudiant directement l'histoire du monde.Celeborn a écrit:Justement, on aurait bien besoin de ça, aujourd'hui. Parce que le sentiment d'appartenance à la nation, comment dire… il n'est pas très en forme.Suzanne Citron a écrit:Mais les programmes reproduisent indéfiniment la configuration historiographique initiée au début de l’école républicaine pour nationaliser une France paysanne et multilingue.
Moi, ça me semble mettre la charrue avant les boeufs : en primaire, les grandes dates de l'histoire de France me semblent suffire.
Après, au collège, c'est autre chose.
Comment peut-on croire que l'on va enseigner l'histoire-monde au collège alors qu'elle est si mal représentée à l'université (française)?
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_61_1_3819
Un petit tour au Canada pour rire un peu :
http://www.usherbrooke.ca/histoire/
Je suis d'accord. La part de l'histoire internationale, et a fortiori des mondes extra-européens à l'université est vraiment minime et assez dramatique. En plus évidemment, il y a le chemin que mettent les nouveautés historiographiques à aboutir dans les programmes et le fait que ces programmes soient si souvent pris dans les considérations du jour.
Et quand on voit la teneur complètement européo-centré du nouveau programme de 2nde, on a peur. Celui de 1e est une vaste blague. Reste un peu d'espoir avec quelques questions nouvelles en Tle.
Sur l'histoire de l'enseignement de l'histoire en France, on peut signaler l'excellent travail de Patricia LEGRIS:
http://hal-paris1.archives-ouvertes.fr/tel-00579269_v1/
et plus court
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HDLE_126_0121
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- CondorcetOracle
Merci pour ces références !
- VoltigeurHabitué du forum
Alors ça, faut dire, on fait quand même un beau métier.
En France y a toujours pas de pétrole, mais le gisement des fadas qui s'acharnent à déconstruire tous les fondamentaux qui pourraient encore vaguement structurer les élèves est littéralement inépuisable...
On est confondu d'admiration devant la créativité de tous ces acharnés de l'antiélitisme qui ne rêvent que de faire ingurgiter aux "apprenants" des notions universitaires complexes... Vive les châteaux de sable ! Enfin, jusqu'à la prochaine marée...
En France y a toujours pas de pétrole, mais le gisement des fadas qui s'acharnent à déconstruire tous les fondamentaux qui pourraient encore vaguement structurer les élèves est littéralement inépuisable...
On est confondu d'admiration devant la créativité de tous ces acharnés de l'antiélitisme qui ne rêvent que de faire ingurgiter aux "apprenants" des notions universitaires complexes... Vive les châteaux de sable ! Enfin, jusqu'à la prochaine marée...
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- Propositions d'Aggiornamento pour les programmes du primaire : les précisions de l'historienne Suzanne Citron.
- Suzanne Citron, "Pour une refondation de l'histoire à l'école élémentaire" (Aggiornamento)
- un article de Suzanne Citron sur les rythmes scolaires, le LPC et la réforme
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- Pierre-Yves Le Borgn' (député PS) réclame une modification de la réforme du collège pour l'allemand.
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