Je suis lasse.

Je suis un peu désespérée ce soir et pense à changer de métier, les larmes aux yeux.

Je suis lasse de répéter toute la journée, toutes les deux minutes : "retourne toi, s'il te plait" ; "tais toi, s'il te plait", "Fais tes exercices, s'il te plait", "travaillez en silence", "sors une feuille", "sors un stylo", ....

Dans mon établissement (LP), les élèves viennent sans feuille, sans stylo, sans calculatrice, ..... quelques uns pourrissent nos classes par ces comportements, ils refusent le moindre effort et se permettent de contester au nom de leur droit de s'exprimer.

Dès que je commence à parler, un élève se met à parler en même temps que moi pensant que je n'entends pas, ce qui me force à hausser la voix ou à m'arrêter pour lui demander de se taire. Dès que je m'approche d'un élève pour lui expliquer une notion difficile pour lui, d'autres en profitent pour parler ou faire les imbéciles.

Je ne peux pas faire mon travail : enseigner. Je leur file les activités, les exos, ils notent les corrections, les synthèses. Je passe un temps considérable à tenter de garder de l'ordre au lieu de passer du temps avec les élèves en difficulté, à encourager ceux qui travaillent, à comprendre pourquoi certains n'y arrivent pas .....

Rassurez moi en me disant que ça n'est pas comme ça dans tous les établissements. Que l'on peut faire des trucs chouettes avec les élèves.

Je pense que dans notre métier, nous passons tous par des phases de lassitude ou de remise en question. Mais je te rassure, il y a aussi de supers moments... après il faut aussi savoir décrocher un peu.
Allez, courage!

Pour être franche, j'ai ça moi aussi (en collège)
Et souvent je suis triste, pour plein de raisons, parce que j'ai toujours été très investie dans mon travail, et je me sens souvent en situation d'échec ... Et ça me fait mal .

Et pourtant, il y a des cours qui se passent bien, des moments de grâce, des choses rondement menées avec des résultats qui dépassent nos espérances ... alors ça vaut le coup.

Hier un ancien élève est venu me voir. Il y a deux ans, quand il était en 4è, il faisait partie des pires "petits merdeux" du collège. toujours à contester, bouger, s'énerver ... J'avais vraiment envie de lui coller des baffes, de lui crier dessus, il m'agaçait au plus haut point, d'autant plus qu'il avait insulté une de mes amies, la faisant pleurer devant d'autres enfants tout aussi charmants ...

Et bien il a changé du tout au tout.En, deux ans. C'est une crème, il est volontaire, studieux, aimable, EXEMPLAIRE dans sa classe cette année ... Et il est venu me parler à moi parce qu'il a senti que je m'inquiétais pour lui, que j'étais sincèrement investie dans mon rôle de prof. Je n'ai jamais lâché sa classe, je n'ai jamais cédé à leur chantage et je leur ai fait les mêmes cours qu'à mon autre classe de 4è qui était calme ...

Il ne faut pas désespérer ...

Je te rassure, même lassitude pour moi en ce moment !

Mardi après-midi, j'ai eu un groupe d'ATP d'élèves très faibles (que je n'ai d'ailleurs pas en cours) qui ne pensent qu'à perturber, qui sont insolents, contestataires, fourbes....

C'est dé-cou-ra-geant !

Heureusement, j'ai d'autres classes où cela se passe bien. Donc, je relativise, même si je me dis que c'est de plus en plus dur de tenir les classes.

Pluiedetoiles a écrit:Et bien il a changé du tout au tout.En, deux ans. C'est une crème, il est volontaire, studieux, aimable, EXEMPLAIRE dans sa classe cette année ...

Voilà qui est fort étrange et surtout fort rare. Tu as un début d'explication à ce brusque revirement ?

Oui je te rassure ça peut se passer "normalement". Mais même en changeant de bahut d'une classe à l'autre tout peut changer! Courage

Je vis exactement la même chose en ce moment.............. et le pire c'est que j'ai deux stagiaires avec moi pendant trois semaines. Une de mes 4e, vraiment terrible m'a foutu la honte de ma vie le premier jour avec les stagiaires, ils m'ont bordélisée comme jamais ils ne l'avaient fait ( et pourtant, je n'imaginais pas qu'ils pouvaient faire pire que ce qu'ils avaient déjà fait....).....
Ils ne me respectent absolument pas, s'insultent entre eux............ y en a une qui se retourne et regarde les stagiaires droit dans les yeux, et tape un grand coup sur la table plusieurs fois par cours.......mes stagiaires m'ont dit que pendant que je m'évertuais à empêcher deux garçons de se battre, les filles étaient sur facebook via leurs portables.....et ils ne sont que 20 dans cette classe, y a déjà plein de dispositifs mis en place, mes collègues rament aussi, mais je suis la plus jeune de l'équipe, celle qui a le moins d'expérience............... je sais que je ne gère pas comme il faut, qu'il y a plein de choses que je ne devrais pas accepter...........mais si j'appliquais la même rigueur qu'avec mes autres classes, ils seraient tous exclus....... sauf trois élèves....et ils se retourneraient contre moi....

En plus, là, la présence des stagiaires ne stresse encore plus............ ça me mine le moral de leur montrer ça...........qu'est ce qu'elles peuvent bien penser de moi.............. ( déjà je me demande encore pourquoi on me les a données à moi ces stagiaires..........)

d'abord:
ensuite, je te rassure, on peut faire des trucs chouettes avec des gamins qui sont volontaires et partants pour tout ce que tu leur proposes, après, on n'est pas non plus au pays des bisounours, alors, dans la plupart des établissements, tu peux tomber sur des classes difficiles avec des gamins ingérables ou exaspérants, en général, ce n'est qu'une de tes classes et du coup les autres compensent
enfin:

Dans ces cas là je me concentre sur ce que je ferai en Juillet et en Août.
Je sais, c'est mal.
Mais m'extasier sur les petits moments de grâce ou le revirement soudain d'un élève, j'ai déjà fait, et ça ne suffit plus à me faire tenir les jours merdiques.
En ce moment je me dis tous les matins que je fais un boulot de merde.
Mais au moins j'ai un boulot, alors je m'écrase et je demande à Jordan de se taire, à Kelly de se retourner, à Jessica de bien vouloir sortir un cahier, à Oumar de cesser de jeter de bouts de gomme sur Karla... bref, je fais mon job.

@ Daiphi : Il a été accepté en 3è d'insertion et avait un projet professionnel qui lui tenait vraiment à coeur ...

Il a réussi à intégrer le bac pro qu'il voulait, malheureusement il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas continuer dans cette voie à cause d'une allergie ... Du coup il est revenu au collège dans un autre dispositif ( 3è d'alternance) et a beaucoup mûri grâce à la réflexion sur son orientation ... Maintenant, certains collègues lui proposent même d'aller en seconde générale ... Il a aussi été coupé des autres pénibles, et s'est retrouvé avec des élèves beaucoup plus faibles que lui, il s'est avéré que soudain, c'était lui le meilleur de la classe, il s'est senti très valorisé ...

clems a écrit:qu'est ce qu'elles peuvent bien penser de moi..............

je pense qu'elles ont surtout une opinion bien arrêtée concernant les gamins!

courage

je me souviens d'une classe de 4ème avec laquelle c'était l'enfer, je rentrais chez moi défaite, et puis, petit à petit, les choses se sont arrangées (faut bien avoué que l'exclusion définitive du leader a bien aide...), accroche-toi!

nico robin a écrit:Dans mon établissement (LP),

Déjà, quitter le LP, mais ce n'est pas évident de trouver des établissements potables dans le public et ils sont fort demandés.
Se tourner vers le privé peut-être ?...

Dinaaa a écrit:Dans ces cas là je me concentre sur ce que je ferai en Juillet et en Août.
Je sais, c'est mal.
Mais m'extasier sur les petits moments de grâce ou le revirement soudain d'un élève, j'ai déjà fait, et ça ne suffit plus à me faire tenir les jours merdiques.
En ce moment je me dis tous les matins que je fais un boulot de merde.
Mais au moins j'ai un boulot, alors je m'écrase et je demande à Jordan de se taire, à Kelly de se retourner, à Jessica de bien vouloir sortir un cahier, à Oumar de cesser de jeter de bouts de gomme sur Karla... bref, je fais mon job.

Bien avant Juillet / Août, en ce moment, je ne pense qu'aux vacances.
Je fais des cours pourris en ce moment parce que j'ai la tête ailleurs, que je suis épuisée, vraiment et que rien, ni mes 9h de sommeil, ni mon chez moi, ni mon Chéri n'arrivent à me faire décrocher....Je n'arrive plus à me faire plaisir avec le shopping, la glandouille, les sorties à deux...
C'est simple, en ce moment, je n'y arrive plus et c'est la première fois que je ressens ça...Je vais en cours à reculons alors que j'ai une 6è et une 3è choupis, mais entre les deux, j'ai deux 5è avec des élèves supers lourds et faire de la gestion de classe et voir mon boulot foutu en l'air par des sales gosses...je ne peux plus.
Alors je m'énerve vite, je pars au quart de tour, je me retiens pour ne pas devenir grossière...je n'ai plus de patience quoi...Et mes cours deviennent franchement lourds et pour moi et pour mes élèves.
Je ne me reconnais pas en ce moment, j'aimerais juste que ça s'arrête, là...

Nico

Je me reconnais tout à fait dans vos propos. Et c'est hallucinant de voir qu'aux 4 quatre coins de la France, on vit les mêmes situations...

Je n'ai pas de solutions, ni pour moi ni pour vous, mais des

Ca ne change rien, je sais, mais je compatis.

Quand je vois l'implication et le dévouement des membres de ce forum, je trouve infiniment triste de lire que vous n'avez plus l'impression d'exercer votre métier et que vous n'en pouvez plus.

Bon courage malgré tout, tenez bon.

nico robin a écrit:Rassurez moi en me disant que ça n'est pas comme ça dans tous les établissements. Que l'on peut faire des trucs chouettes avec les élèves.

A midi ,j'étais comme toi. Je suis allée me changer les idées.
Quand j'étais en ville un jeune me dit "Bonjour Mme". Je le regarde et je lui rend son bonjour et lui dit " Votre visage ne m'est pas inconnu...Vous êtes au lycée B??. Il me répond que oui il est en terminale cap avec Mr Xx. Il me souhaite une bonne après midi

Oui en LP ca existe des gamins qui veulent bosser, oui ca existe des gamins qui sont respectueux, oui ca existe des gamins qu'ils veulent en apprendre plus et qui te harcelent pour avoir une réponse, oui ca existe des lycées où tu te sens réellement soutenu ! J'ai connu 2 lycées merveilleux avec des hauts et des bas. Mais quand tu remettais les points sur les "i" tu pouvais reprendre ton travail.

Si tu peux muter, change d'air

Ne nous laissons pas le nez dans ces images tristes

Idem pour moi alors je compatis. j'en suis à ma 9è année, après des années de TZr plus difficiles et pourtant je craque maintenant que je suis en poste fixe... Je n'ai plus de goût pour le boulot. Surmenage? J'ai eu une stagiaire cette année, cela m'a rajouté du boulot mais ce n'est pas ça. je n'y crois plus, en fait, ....
Et cela me dépite. Je ne sais pas quoi faire. Comme pour certain(e)s d'entre vous, cela affecte aussi ma vie personnelle.... Dur dur...

Lenou3132 a écrit:
Si tu peux muter, change d'air

effectivement, quitter le LP ne peut être que positif

Je ressens exactement la même chose en ce moment. Le pire, c'est que je n'arrive à en parler à personne de mon entourage (ni collègues, ni proches). Je ressens une lassitude (sûrement aussi due à mes pépins de santé), je n'aime plus autant mon métier et certaines heures sont vraiment pénibles. Hier, je reprenais après un arrêt de plus de deux semaines, et je pensais bêtement que mes classes se tiendraient bien sachant que j'avais fait un malaise en cours avant mon arrêt. Ca a été le cas de la plupart de mes élèves, mais pas de ma 6e affreuse, ils ont été odieux, comme d'habitude. Et dans la salle à côté de la mienne, il y avait des élèves qui composaient pour le brevet blanc, et la prof surveillante a dû venir demander à mes 6e de baisse d'un ton, la honte de ma vie... J'étais encore faiblarde et ils en ont profité...

Bref, je ne sais pas si c'est un ensemble de facteurs mais moi aussi je songe parfois à aller voir ailleurs si l'herbe n'y est pas plus verte. Ce métier est usant, on est tout le temps sur le qui-vive, et je n'ai jamais été aussi stressée et en mauvaise santé que depuis que je suis prof (4 ans). On me dit de décrocher, de ne pas prendre les choses trop à coeur, mais ce n'est pas dans mon tempérament... Alors en attendant, ça me bouffe...

Le LP il semblerai qu'il faut y être pret(e) pour pouvoir y enseigner.
Dans le privé, c'est pas mieux, sans rassurer personne malheureusement.

Sur une classe de 11 (après 2 exclusions) j'arrive enfin ... En faisant ma tête "scarface" (dixit une élève absentéiste qui dès qu'elle revient se fait fustigée du regard en permanance vu qu'elle cause en permanance) j'arrive à peut près à les tenir ...

Ha non suis-je bête, c'était la peur des CCF qui les faisaient bosser.
Même en les évaluant à chaque heure, à chaque moment, si ils ne veulent pas, ils ne veulent pas.

Y en a un qui s'est mis au boulot (ho juste 2h soit la fin de la semaine avec moi) quand il a su que j'avais un M2 et c'est ce qui me permetait de lui faire face actuellement.
Tellement blasé que j'ai passé tant de temps en cours pour enseigner des trucs bateaux à lui, il a fini la semaine en bossant ... Un miracle qui n'a guère tenu, mais se fut agréable.

Le LP, c'est la guerre ouverte, c'est faire la police en permanence, c'est déprimant au possible de voir que malgré toute la meilleure volonté du monde au final, si ils ne veulent pas ... tu ne peux pas.

Une fois que tu as compris ça, tu y vas beaucoup plus relax, de toute façon, malgré tout le mal que tu peux te donner dans ton boulot, si ils ne sont pas lunés, tu ne pourras pas.

Après, j'ai ma classe de 2nd CAP, avec la prof de français on a réussi à les cadrer sévère, à faire virer la merdeuse de la classe et ... depuis tout roule sur des roulettes, c'est un délice de leur enseigner.

Les Tle ... je frémis à l'idée de les retrouver après 4semaines de stage, 2 semaines de vacances ...
Mais bon, peut être que le fait de préparer certains aux concours de la fonction publique les motivera à bosser ...

Ou pas.

Sorry :/

nico robin a écrit:
Rassurez moi en me disant que ça n'est pas comme ça dans tous les établissements. Que l'on peut faire des trucs chouettes avec les élèves.

Je te rassure, ce n'est pas comme ça dans tous les établissements et oui on peut faire des trucs chouettes avec les élèves !
Je suis dans un collège rural loin de tout, j'ai pleuré quand j'ai su que j'étais là-bas et aujourd'hui ça fait 10 ans car j'ai mesuré la chance d'être dans ce petit collège où les gamins restent gentils et agréables, pas très bosseurs pour la plupart, mais sympas !

Khristine a écrit:

Lenou3132 a écrit:
Si tu peux muter, change d'air

effectivement, quitter le LP ne peut être que positif

Pas forcément, si je pouvais retourner dans mon ancien LP avecun bon proviseur cela changerait bigrement la donne

Méréthide a écrit:Le LP, c'est la guerre ouverte, c'est faire la police en permanence, c'est déprimant au possible de voir que malgré toute la meilleure volonté du monde au final, si ils ne veulent pas ... tu ne peux pas.

Il ne faut pas généraliser je ne suis pas d'accord.
Par contre, oui certains établissements qu'on laisse partir à la dérive n'arrangent rien à la motivation des profs.

Après, j'ai ma classe de 2nd CAP, avec la prof de français on a réussi à les cadrer sévère, à faire virer la merdeuse de la classe et ... depuis tout roule sur des roulettes, c'est un délice de leur enseigner.

Ca cest ce que je prefere. Quand tu as le bon collegue avec qui tu t'entends bien, tu arrives à de bonnes choses

En LP il y a du bon et du pas bon , comme partout ailleurs

moi aussi je suis en LP et totalement à la dérive...C'est " madaaaaaaaaaaame, vous auriez pas un stylo", j'ai pas de feuilles pour écrire alors j'écris pas, ça fait 15 ans. Ds mon bahut, tout le monde tire la tronche.
discussion avec une de mes classes de CAP : " madame, vous comprenez bien qu'on va pas se casser le c...pour gagner 1000 euros par mois". Le problème en LP : tu es là pour former des futurs pauvres...

lovelyday a écrit:moi aussi je suis en LP et totalement à la dérive...C'est " madaaaaaaaaaaame, vous auriez pas un stylo", j'ai pas de feuilles pour écrire alors j'écris pas, ça fait 15 ans. Ds mon bahut, tout le monde tire la tronche.
discussion avec une de mes classes de CAP : " madame, vous comprenez bien qu'on va pas se casser le c...pour gagner 1000 euros par mois". Le problème en LP : tu es là pour former des futurs pauvres...

tu crois ?
(pas question piège, vraie question. Je n'ai fait que mon stage en LP et je me posais la question. Cette année je suis en AM, donc je n'ai pas pu approfondir cette théorie)