- *Kati*Habitué du forum
Voilà... J'ai passé la journée avec des "images parasites" et des questions qui me nouent l'estomac. De plus, je suis renvoyée à des évènements douloureux de ma propre vie...
Cela fait longtemps que j'enseigne, j'ai de l'expérience, j'ai parfois eu des élèves qui avait perdu un parent... mais c'est la 1ère fois que ça a lieu durant mon année scolaire. J'ai déjà lu des discussions qui traitaient de ce sujet dans des forums et je crois avoir un peu une idée de l'attitude à avoir et de ce qu'il convient de dire mais j'ai besoin de recevoir des conseils "en live"!
Mon petit élève n'a que 7 ans tout juste, intellectuellement précoce et très sensible. Il n'est pas encore au courant que son papa, atteint d'une maladie grave, a choisi de se donner la mort de façon violente, sans doute pour ne plus offrir l'image d'un homme qui était de moins en moins lui-même. Mais quand il va savoir..... (et j'ignore ce que va lui dire exactement sa mère sur les circonstances) et ses copains d'école.....?
Je pense que ma classe doit rester un "sas" de calme et de sérénité pour lui, afin qu'il laisse la douleur à la porte et puisse, là, continuer à se construire et à vivre (presque) "normalement". C'est à dire que mon comportement et celui des autres devrait être, il me semble, comme d'habitude. Mais aussi, il y aura des moments où il aura besoin d'une écoute bienveillante.
Comment rester dans l'empathie sans trop entrer dans l'affect? Comment présenter ça aux autres petits? Que ne doit-on SURTOUT PAS faire? Quels mots adoucissent sans appuyer sur la douleur? Comment ME préserver aussi car cela me renvoie à des trucs personnels comme je l'ai dit au début? Et quelles sont les réactions habituelles d'un enfant confronté à une souffrance qu'il n'analyse pas comme un adulte?
Merci de m'avoir lue... et j'ose espérer quelques réactions qui m'aideront à agir au mieux (ou au "moins mal").
Cela fait longtemps que j'enseigne, j'ai de l'expérience, j'ai parfois eu des élèves qui avait perdu un parent... mais c'est la 1ère fois que ça a lieu durant mon année scolaire. J'ai déjà lu des discussions qui traitaient de ce sujet dans des forums et je crois avoir un peu une idée de l'attitude à avoir et de ce qu'il convient de dire mais j'ai besoin de recevoir des conseils "en live"!
Mon petit élève n'a que 7 ans tout juste, intellectuellement précoce et très sensible. Il n'est pas encore au courant que son papa, atteint d'une maladie grave, a choisi de se donner la mort de façon violente, sans doute pour ne plus offrir l'image d'un homme qui était de moins en moins lui-même. Mais quand il va savoir..... (et j'ignore ce que va lui dire exactement sa mère sur les circonstances) et ses copains d'école.....?
Je pense que ma classe doit rester un "sas" de calme et de sérénité pour lui, afin qu'il laisse la douleur à la porte et puisse, là, continuer à se construire et à vivre (presque) "normalement". C'est à dire que mon comportement et celui des autres devrait être, il me semble, comme d'habitude. Mais aussi, il y aura des moments où il aura besoin d'une écoute bienveillante.
Comment rester dans l'empathie sans trop entrer dans l'affect? Comment présenter ça aux autres petits? Que ne doit-on SURTOUT PAS faire? Quels mots adoucissent sans appuyer sur la douleur? Comment ME préserver aussi car cela me renvoie à des trucs personnels comme je l'ai dit au début? Et quelles sont les réactions habituelles d'un enfant confronté à une souffrance qu'il n'analyse pas comme un adulte?
Merci de m'avoir lue... et j'ose espérer quelques réactions qui m'aideront à agir au mieux (ou au "moins mal").
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récolte la tendresse...
- doublecasquetteEnchanteur
Dans un premier temps, ton élève risque d'être absent quelques jours et ne reviendra à l'école que quand on (sa famille, le médecin, un psy) l'en sentira capable.
Moi, je ne dirais aux copains que la raison de l'absence du petit : votre copain n'est pas là parce que son papa est décédé. Quand il sera moins triste, il reviendra et nous, nous serons là pour qu'il soit bien à l'école, avec tous ses camarades, et qu'il puisse apprendre et grandir comme tout le monde.
Ne te fais pas trop de souci, à part élève très perturbé, les autres retrouvent leur copain et, d'eux-mêmes, ne parlent pas du drame qu'il a vécu. Il faut surveiller le jour du retour de l'enfant et les deux ou trois jours suivants, mais après, c'est bon, ils sont passés à autre chose.
Enfin, et ça je l'ai utilisé à plusieurs reprises quand un enfant perdait un membre de sa famille (décès, abandon domicile, internement,...), en cas de coup de cafard, lui dire et lui répéter ce que tu disais toi-même : à l'école, les enfants sont entre eux avec la maîtresse, sans leur famille ; c'est l'endroit où tu es comme les autres.
Bon courage.
Moi, je ne dirais aux copains que la raison de l'absence du petit : votre copain n'est pas là parce que son papa est décédé. Quand il sera moins triste, il reviendra et nous, nous serons là pour qu'il soit bien à l'école, avec tous ses camarades, et qu'il puisse apprendre et grandir comme tout le monde.
Ne te fais pas trop de souci, à part élève très perturbé, les autres retrouvent leur copain et, d'eux-mêmes, ne parlent pas du drame qu'il a vécu. Il faut surveiller le jour du retour de l'enfant et les deux ou trois jours suivants, mais après, c'est bon, ils sont passés à autre chose.
Enfin, et ça je l'ai utilisé à plusieurs reprises quand un enfant perdait un membre de sa famille (décès, abandon domicile, internement,...), en cas de coup de cafard, lui dire et lui répéter ce que tu disais toi-même : à l'école, les enfants sont entre eux avec la maîtresse, sans leur famille ; c'est l'endroit où tu es comme les autres.
Bon courage.
- Invité31Sage
mais n'espère pas qu'il laissera sa douleur à sa porte. c'est impossible (je parle malheureusement en connaissance de cause en tant qu'élève et en tant qu'enseignante...).
En tout cas, plein de courage.
Cette année, un ancien élève a moi a perdu son père de la même façon. Et l'un de mes jeunes élèves (un petit sixième) a perdu u grand frère dans un accident de bagnole... il est sans cesse ailleurs, on voit bien qu'il a du mal à "raccrocher les wagons". C'est pour ça que je te dis ça.
En tout cas, plein de courage.
Cette année, un ancien élève a moi a perdu son père de la même façon. Et l'un de mes jeunes élèves (un petit sixième) a perdu u grand frère dans un accident de bagnole... il est sans cesse ailleurs, on voit bien qu'il a du mal à "raccrocher les wagons". C'est pour ça que je te dis ça.
- DuplayExpert
Je pense, comme tu le dis très justement, que ta "classe doit rester un "sas" de calme et de sérénité pour lui, afin qu'il laisse la douleur à la porte et puisse, là, continuer à se construire et à vivre (presque) "normalement"".
Il me semble important, dans ces circonstances qui ne sont pas normales, de préserver ainsi ce qui est normal et son droit à être juste un enfant comme les autres, y compris dans les exigences qu'on peut habituellement formuler (même si bien sûr on peut être amené à moduler, selon les circonstances, si nécessaire).
Pour ce qui concerne les réactions habituelles d'un enfant confronté au décès de l'un de ses parents dans des conditions particulières, ce que j'ai pu constater lorsque j'ai été concernée ou qu'un collègue l'a été, c'est qu'elles semblent souvent parfaitement ordinaires au début, comme si rien ne s'était passé. Ce qui peut arriver ensuite, ce sont des signes de type dépressif (en particulier pendant les récréations, avec l'enfant qui va s'isoler par moments) ou un relâchement de l'écriture ou, de manière plus marquée, du travail scolaire et des résultats.
Cela dit, je crois qu'il est difficile de généraliser et par là-même d'anticiper : le mieux est probablement d'être attentif, d'adapter son attitude en fonction de la manière dont la situation se présente et, finalement, d'écouter ce que nous suggèrent notre coeur et notre bon sens.
Bon courage.
Il me semble important, dans ces circonstances qui ne sont pas normales, de préserver ainsi ce qui est normal et son droit à être juste un enfant comme les autres, y compris dans les exigences qu'on peut habituellement formuler (même si bien sûr on peut être amené à moduler, selon les circonstances, si nécessaire).
Pour ce qui concerne les réactions habituelles d'un enfant confronté au décès de l'un de ses parents dans des conditions particulières, ce que j'ai pu constater lorsque j'ai été concernée ou qu'un collègue l'a été, c'est qu'elles semblent souvent parfaitement ordinaires au début, comme si rien ne s'était passé. Ce qui peut arriver ensuite, ce sont des signes de type dépressif (en particulier pendant les récréations, avec l'enfant qui va s'isoler par moments) ou un relâchement de l'écriture ou, de manière plus marquée, du travail scolaire et des résultats.
Cela dit, je crois qu'il est difficile de généraliser et par là-même d'anticiper : le mieux est probablement d'être attentif, d'adapter son attitude en fonction de la manière dont la situation se présente et, finalement, d'écouter ce que nous suggèrent notre coeur et notre bon sens.
Bon courage.
- *Kati*Habitué du forum
Merci d'avoir pris le temps de répondre (même s'il est très tard!)... ♥ Oui, je percevais tout ça mais j'avais besoin que l'on m'ouvre la porte...
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- *Kati*Habitué du forum
Melody Nelson a écrit:mais n'espère pas qu'il laissera sa douleur à sa porte. c'est impossible (je parle malheureusement en connaissance de cause en tant qu'élève et en tant qu'enseignante...).
En tout cas, plein de courage.
Cette année, un ancien élève a moi a perdu son père de la même façon. Et l'un de mes jeunes élèves (un petit sixième) a perdu u grand frère dans un accident de bagnole... il est sans cesse ailleurs, on voit bien qu'il a du mal à "raccrocher les wagons". C'est pour ça que je te dis ça.
Bien sûr, je sais que l'on ne peut pas laisser TOTALEMENT la douleur à l'extérieur, juste en franchissant le seuil de l'école... Ce serait trop beau! Je voulais dire que c'était vers ça que je voulais tendre...
Quant à être "ailleurs", c'est bien ce que je crains, mais j'ai déjà constaté que plus un enfant est jeune, plus sa vision de l'horreur est différente de la nôtre. C'est pourquoi je me questionne...
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- NasopiBon génie
*Kati* a écrit:Et quelles sont les réactions habituelles d'un enfant confronté à une souffrance qu'il n'analyse pas comme un adulte?
J'avais lu quelque part qu'un enfant confronté à une grande douleur ou à quelque chose de très traumatisant a facilement tendance à se sentir coupable (du type "mon papa s'est tué parce que je ne lui ai pas obéi il y a trois ans"). Ca n'a rien à voir avec ton élève, mais je me souviens par exemple que mon petit frère, hospitalisé après avoir été renversé par une voiture, était terrorisé à l'idée que maman le gronde parce qu'il avait mal regardé avant de traverser.
EDIT : en fait, mon exemple n'est pas très bon, parce qu'il y avait là un lien de causalité direct, alors que plus généralement, dans le sentiment de culpabilité de l'enfant, c'est la pensée magique qui est en jeu (j'ai fait une bêtise et je suis puni par la mort de mon père).
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- *Kati*Habitué du forum
Tu as raison Nasopi, et j'ai pensé la même chose...
J'ai rencontré la maman de mon petit élève et nous avons parlé longuement. Je l'ai trouvée très sensée par rapport à "l'après" et courageuse, au milieu de sa douleur.
Elle ne souhaite pas dire à son fils les détails du décès de son mari, pour l'instant (je crois qu'elle fait bien) mais garde pour quand elle le jugera opportun, une lettre trouvée expliquant son geste et les assurant de son amour.
Lundi après-midi, il sera en classe en principe et le matin, je parlerai aux autres enfants. J'aurai besoin de courage, même si je suis croyante............
J'ai rencontré la maman de mon petit élève et nous avons parlé longuement. Je l'ai trouvée très sensée par rapport à "l'après" et courageuse, au milieu de sa douleur.
Elle ne souhaite pas dire à son fils les détails du décès de son mari, pour l'instant (je crois qu'elle fait bien) mais garde pour quand elle le jugera opportun, une lettre trouvée expliquant son geste et les assurant de son amour.
Lundi après-midi, il sera en classe en principe et le matin, je parlerai aux autres enfants. J'aurai besoin de courage, même si je suis croyante............
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- arcencielGrand Maître
Kati, quelques petits apartés discrets avec ton élève et il comprendra qu'il peut compter sur toi quand des coups de blues le submergeront. Tu pourrais aussi lui proposer un petit cahier/journal intime ds lequel il pourra consigner, dessiner ses joies et peines (c'est ce que j'avais fait mais pour toute la classe pour ne pas stigmatiser mon élève).
Et plein de courage!
Et plein de courage!
- ErgoDevin
Tout mon courage!
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- farfallaEmpereur
+1 !Ergo a écrit:
Tout mon courage!
- blancheExpert
Bon courage, Kati.
- IotaNiveau 5
Si je peux me permettre, parce que je suis passée avec ma classe de SG voici ...15 ans, par quelque chose d'approchant, toutes tes questions sont extrêmement pertinentes et touchantes, et les réponses proposées aussi.
Ce qui m'avait frappée à l'époque, et que j'avais vu arriver avec effarement au départ, ce sont les questions extrêmement franches et sans tabou des enfants de cet âge, à moi, l'adulte censée pouvoir expliquer, et à l'enfant concerné lui-même. Leur curiosité est immense et ils n'ont pas conscience de peines éventuelles qu'ils peuvent provoquer. Mais bizarrement, cette forme de franchise et de simplicité, dans l'atmosphère extrêmement lourde de cette période, a eu le mérite de permettre d'en parler en termes simples et d'évacuer un silence pathogène, généralement présent chez les adultes.
Mieux vaut s'y préparer, et y répondre aussi simplement que possible, sans s'appesantir, mais en admettant la peine, parce qu'ils la sentent parfaitement...après seulement, on peut continuer. Courage en tout cas ...
Ce qui m'avait frappée à l'époque, et que j'avais vu arriver avec effarement au départ, ce sont les questions extrêmement franches et sans tabou des enfants de cet âge, à moi, l'adulte censée pouvoir expliquer, et à l'enfant concerné lui-même. Leur curiosité est immense et ils n'ont pas conscience de peines éventuelles qu'ils peuvent provoquer. Mais bizarrement, cette forme de franchise et de simplicité, dans l'atmosphère extrêmement lourde de cette période, a eu le mérite de permettre d'en parler en termes simples et d'évacuer un silence pathogène, généralement présent chez les adultes.
Mieux vaut s'y préparer, et y répondre aussi simplement que possible, sans s'appesantir, mais en admettant la peine, parce qu'ils la sentent parfaitement...après seulement, on peut continuer. Courage en tout cas ...
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“If a nation expects to be ignorant and free, in a state of civilization, it expects
what never was and never will be.” [Thomas Jefferson à Charles Yancey, 1816]
- SapotilleEmpereur
Kati, comment vas-tu ?
Comment va ce petit bonhomme?
Comment s'est passé son retour à l'école?
- arcencielGrand Maître
ItouSapotille a écrit:
Kati, comment vas-tu ?
Comment va ce petit bonhomme?
Comment s'est passé son retour à l'école?
- CeladonDemi-dieu
Kati et son élève.
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