- sabethNiveau 6
Bonjour à tous et toutes!
Je suis stagiaire cette année en collège et je dois faire pour mon stage au lycée une séquence portant sur le thème (de manière large) littérature et guerre. J'ai déjà quelque chose, mais il faudrait apparemment que j'axe davantage sur le 18e, et surtout que j'aborde différents genres (essai, discours) mais aussi les différents registres (polémique, satirique, voire pathétique). J'ai là aussi quelques idées, j'ai farfouillé dans différentes anthologies mais je me dis que vous auriez peut-être des suggestions à me faire au niveau des textes, vous qui avez l'habitude de monter des séquences pour le lycée.
Merci d'avance!
Je suis stagiaire cette année en collège et je dois faire pour mon stage au lycée une séquence portant sur le thème (de manière large) littérature et guerre. J'ai déjà quelque chose, mais il faudrait apparemment que j'axe davantage sur le 18e, et surtout que j'aborde différents genres (essai, discours) mais aussi les différents registres (polémique, satirique, voire pathétique). J'ai là aussi quelques idées, j'ai farfouillé dans différentes anthologies mais je me dis que vous auriez peut-être des suggestions à me faire au niveau des textes, vous qui avez l'habitude de monter des séquences pour le lycée.
Merci d'avance!
- minnieExpert
Il y a l'incontournable chapitre de Candide..... l'article "guerre" de l'Encyclopédie..... et pour le reste je sèche.
- RuthvenGuide spirituel
Il y a aussi l'article Paix dans l'Encyclopédie, et de nombreux textes chez Rousseau (Extrait du Projet de Paix perpétuelle de Monseiur l'abbé de Saint Pierre, OC (Pléiade) III p.563-589; Jugement sur le Projet de Paix Perpétuelle de l'abbé de Saint Pierre OC (Pléiade) III p.591-600 ; Que l'état de guerre naît de l'état social, OC (Pléiade) III p. 601-610) ; tu peux aller voir aussi du côté du Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe de l'Abbé de Saint Pierre (Fayard). Il y a aussi le livre X de l'Esprit des lois de Montesquieu.
Tu peux consulter l'anthologie (philosophique) de M.Lequan, La paix, GF Flammarion.
Tu peux consulter l'anthologie (philosophique) de M.Lequan, La paix, GF Flammarion.
- minnieExpert
Autant je trouve le thème vraiment sympa( il est au programme de mes 1eres cette année) autant le limiter au XVIII je trouve ça chiantissime.
Sont pô sympas tes tuteurs.
Sont pô sympas tes tuteurs.
- JohnMédiateur
Il y a un sujet de bac qui peut t'aider : http://www.site-magister.com/sujets.htm#S
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- RuthvenGuide spirituel
A partir de cet extrait de Surveiller et punir de Michel Foucault, p.159-160, il y a sans doute moyen de construire quelque chose d'original autour de l'image du soldat :
Voici la figure idéale du soldat telle qu'elle était décrite encore au début du XVIIème siècle. Le soldat, c'est d'abord quelqu'un qui se reconnaît de loin; il porte des signes : les signes naturels de sa vigueur et de son courage, les marques aussi de sa fierté; son corps, c'est le blason de sa force et de sa vaillance; et s'il est vrai qu'il doit apprendre peu à peu le métier des armes — essentiellement en se battant —, des manoeuvres comme la marche, des attitudes comme le port de tête relèvent pour une bonne part d'une rhétorique corporelle de l'honneur : « Les signes pour reconnaître les plus idoines à ce métier sont les gens vifs et éveillés, la tête droite, l'estomac élevé, les épaules larges, les bras longs, les doigts forts, le ventre petit, les cuisses grosses, les jambes grêles et les pieds secs, pour ce que l'homme d'une telle taille ne pourrait faillir d'être agile et fort » ; devenu piquier, le soldat « devra en marchant prendre la cadence du pas pour avoir le plus de grâce et de gravité qu'il sera possible, car la Pique est une arme honorable et qui mérite d'être portée avec un geste grave et audacieux » (L. de Montgommery, La Milice française, édition de 1636, p. 6 et 7). Seconde moitié du XVIIIème siècle : le soldat est devenu quelque chose qui se fabrique ; d'une pâte informe, d'un corps inapte, on a fait la machine dont on a besoin ; on a redressé peu à peu les postures ; lentement une contrainte calculée parcourt chaque partie du corps, s'en rend maître, plie l'ensemble, le rend perpétuellement disponible, et se prolonge, en silence, dans l'automatisme des habitudes; bref, on a « chassé le paysan » et on lui a donné l'« air du soldat» (Ordonnance du 20 mars 1764). On habitue les recrues « à porter la tête droite et haute; à se tenir droit sans courber le dos, à faire avancer le ventre, à faire saillir la poitrine, et rentrer le dos; et afin qu'ils en contractent l'habitude, on leur donnera cette position en les appuyant contre une muraille, de manière que les talons, le gras de la jambe, les épaules et la taille y touchent, ainsi que le dos des mains, en tournant les bras au-dehors, sans les éloigner du corps... on leur enseignera pareillement à ne jamais fixer les yeux à terre, mais à envisager hardiment ceux devant qui ils passent... à rester immobiles en attendant le commandement, sans remuer la tête, les mains ni les pieds... enfin à marcher d'un pas ferme, le genou et le jarret tendus, la pointe basse et en dehors » (Ordonnance du 20 mars 1764)
A compléter avec les p.50-51 de l'excellent livre de Frédéric Gros, Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, Gallimard, 2006 :
Encore une fois ce fut un rêve, une forme idéale de guerre, une ima­gination conceptuelle. Elle se laisse lire dans les spéculations des théo­riciens militaires de l'Ancien Régime, des grands stratèges du XVIIIème, des soldats philosophes des Lumières. C'est le rêve d'une guerre par­faite, qui se déroulerait de manière totalement rationnelle, conforme à un plan de bataille décidé de loin et de haut. Grands mouvements, longues lignes de fantassins s'étirant, se positionnant en ordre, lan­çant harmoniquement des salves régulières. L'armée se déploie et puis se redéploie selon le génie tactique du général, se réarticule par des manœuvres savantes. Les régiments d'infanterie tout disciplinés donnent l'impression d'un énorme automate parfaitement huilé, for­çant le sens esthétique. « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. » (Voltaire, Candide, chap. 3) L'armée se réfléchit comme machine dont les soldats seraient les rouages articulés, les pièces élé­mentaires. Perfection rationnelle. Elle est un ensemble géométrique de points de force, une combinaison proportionnée et rationnelle de feu et de choc. Un cerveau pur (le général) combine les forces, calcule les impacts, centre nerveux de ce monstre de feu docile. Gigantesque jeu d'échecs dont les soldats seraient les pions passifs : « Personne ne rai­sonne mais tout le monde exécute. »(Frédéric II, Testament politique). Le général n'est plus au premier rang avec ses hommes, pour leur donner l'exemple. Il est un pur esprit tactique élaborant des plans, intelligence décisive et précieuse qu'il ne faut pas risquer au feu ennemi. Opposition entre les fantassins des premières lignes, pantins ahuris et dociles, prélevés sur la misère du monde, et les officiers raisonnants à l'arrière. Les ferments éthiques de cette « révolution militaire » ne sont plus l'honneur et le courage, mais la crainte du supérieur et la disposition automatique. Tout, dans cette discipline d'airain, marche à la terreur, et il ne reste plus qu'à s'enivrer de discipline, tomber dans l'hypnose de l'ordre auto­matique, entretenue par les roulements réguliers du tambour et les sons stridents des flûtes.
Il ne s'agit cette fois plus d'un mythe (la chevalerie), ni d'un modèle (la phalange d'hoplites), mais d'une utopie : la guerre parfaite, savante et rationnelle. Elle est portée par les Lumières, de grands penseurs classiques, et suppose bien une subjectivation éthique, mais cette dernière, pour les raisons évidentes qu'on verra, sera plutôt en philosophie dénoncée qu'exaltée. Pour autant, c'est un noyau dur de l'éthique : l'obéissance, ici comme obéissance aveugle, automatique, passive.
Il faut partir de ce que les historiens ont pu appeler, non sans que cette désignation provoque discussions et débats, la « révolution militaire en Occident ». On veut par ce terme comprendre, décrire, dessiner le lent mouvement qui mène des derniers combats de chevaliers (fin du xve siècle) jusqu'aux armées d'abord nationales puis mécanisées du xixe siècle. La « révolution militaire » désigne abstraitement cet entre-deux : le mouvement qui conduit de la joute che­valeresque à la guerre technique et démocratique. Plus pré­cisément parfois, l'expression recouvre la formation des premières grandes armées modernes, étatiques, permanentes à partir du début du xviie et renvoie à un certain nombre de mutations militaires : la massification des armées, la place prépondérante prise par l'infanterie aux dépens de la cavale­rie, le développement de la technique des armes à feu, un nouveau mode de fortification (la « trace italienne »), les mutations de l'architecture navale (équipée d'une artillerie embarquée), etc.
Voici la figure idéale du soldat telle qu'elle était décrite encore au début du XVIIème siècle. Le soldat, c'est d'abord quelqu'un qui se reconnaît de loin; il porte des signes : les signes naturels de sa vigueur et de son courage, les marques aussi de sa fierté; son corps, c'est le blason de sa force et de sa vaillance; et s'il est vrai qu'il doit apprendre peu à peu le métier des armes — essentiellement en se battant —, des manoeuvres comme la marche, des attitudes comme le port de tête relèvent pour une bonne part d'une rhétorique corporelle de l'honneur : « Les signes pour reconnaître les plus idoines à ce métier sont les gens vifs et éveillés, la tête droite, l'estomac élevé, les épaules larges, les bras longs, les doigts forts, le ventre petit, les cuisses grosses, les jambes grêles et les pieds secs, pour ce que l'homme d'une telle taille ne pourrait faillir d'être agile et fort » ; devenu piquier, le soldat « devra en marchant prendre la cadence du pas pour avoir le plus de grâce et de gravité qu'il sera possible, car la Pique est une arme honorable et qui mérite d'être portée avec un geste grave et audacieux » (L. de Montgommery, La Milice française, édition de 1636, p. 6 et 7). Seconde moitié du XVIIIème siècle : le soldat est devenu quelque chose qui se fabrique ; d'une pâte informe, d'un corps inapte, on a fait la machine dont on a besoin ; on a redressé peu à peu les postures ; lentement une contrainte calculée parcourt chaque partie du corps, s'en rend maître, plie l'ensemble, le rend perpétuellement disponible, et se prolonge, en silence, dans l'automatisme des habitudes; bref, on a « chassé le paysan » et on lui a donné l'« air du soldat» (Ordonnance du 20 mars 1764). On habitue les recrues « à porter la tête droite et haute; à se tenir droit sans courber le dos, à faire avancer le ventre, à faire saillir la poitrine, et rentrer le dos; et afin qu'ils en contractent l'habitude, on leur donnera cette position en les appuyant contre une muraille, de manière que les talons, le gras de la jambe, les épaules et la taille y touchent, ainsi que le dos des mains, en tournant les bras au-dehors, sans les éloigner du corps... on leur enseignera pareillement à ne jamais fixer les yeux à terre, mais à envisager hardiment ceux devant qui ils passent... à rester immobiles en attendant le commandement, sans remuer la tête, les mains ni les pieds... enfin à marcher d'un pas ferme, le genou et le jarret tendus, la pointe basse et en dehors » (Ordonnance du 20 mars 1764)
A compléter avec les p.50-51 de l'excellent livre de Frédéric Gros, Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, Gallimard, 2006 :
Encore une fois ce fut un rêve, une forme idéale de guerre, une ima­gination conceptuelle. Elle se laisse lire dans les spéculations des théo­riciens militaires de l'Ancien Régime, des grands stratèges du XVIIIème, des soldats philosophes des Lumières. C'est le rêve d'une guerre par­faite, qui se déroulerait de manière totalement rationnelle, conforme à un plan de bataille décidé de loin et de haut. Grands mouvements, longues lignes de fantassins s'étirant, se positionnant en ordre, lan­çant harmoniquement des salves régulières. L'armée se déploie et puis se redéploie selon le génie tactique du général, se réarticule par des manœuvres savantes. Les régiments d'infanterie tout disciplinés donnent l'impression d'un énorme automate parfaitement huilé, for­çant le sens esthétique. « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. » (Voltaire, Candide, chap. 3) L'armée se réfléchit comme machine dont les soldats seraient les rouages articulés, les pièces élé­mentaires. Perfection rationnelle. Elle est un ensemble géométrique de points de force, une combinaison proportionnée et rationnelle de feu et de choc. Un cerveau pur (le général) combine les forces, calcule les impacts, centre nerveux de ce monstre de feu docile. Gigantesque jeu d'échecs dont les soldats seraient les pions passifs : « Personne ne rai­sonne mais tout le monde exécute. »(Frédéric II, Testament politique). Le général n'est plus au premier rang avec ses hommes, pour leur donner l'exemple. Il est un pur esprit tactique élaborant des plans, intelligence décisive et précieuse qu'il ne faut pas risquer au feu ennemi. Opposition entre les fantassins des premières lignes, pantins ahuris et dociles, prélevés sur la misère du monde, et les officiers raisonnants à l'arrière. Les ferments éthiques de cette « révolution militaire » ne sont plus l'honneur et le courage, mais la crainte du supérieur et la disposition automatique. Tout, dans cette discipline d'airain, marche à la terreur, et il ne reste plus qu'à s'enivrer de discipline, tomber dans l'hypnose de l'ordre auto­matique, entretenue par les roulements réguliers du tambour et les sons stridents des flûtes.
Il ne s'agit cette fois plus d'un mythe (la chevalerie), ni d'un modèle (la phalange d'hoplites), mais d'une utopie : la guerre parfaite, savante et rationnelle. Elle est portée par les Lumières, de grands penseurs classiques, et suppose bien une subjectivation éthique, mais cette dernière, pour les raisons évidentes qu'on verra, sera plutôt en philosophie dénoncée qu'exaltée. Pour autant, c'est un noyau dur de l'éthique : l'obéissance, ici comme obéissance aveugle, automatique, passive.
Il faut partir de ce que les historiens ont pu appeler, non sans que cette désignation provoque discussions et débats, la « révolution militaire en Occident ». On veut par ce terme comprendre, décrire, dessiner le lent mouvement qui mène des derniers combats de chevaliers (fin du xve siècle) jusqu'aux armées d'abord nationales puis mécanisées du xixe siècle. La « révolution militaire » désigne abstraitement cet entre-deux : le mouvement qui conduit de la joute che­valeresque à la guerre technique et démocratique. Plus pré­cisément parfois, l'expression recouvre la formation des premières grandes armées modernes, étatiques, permanentes à partir du début du xviie et renvoie à un certain nombre de mutations militaires : la massification des armées, la place prépondérante prise par l'infanterie aux dépens de la cavale­rie, le développement de la technique des armes à feu, un nouveau mode de fortification (la « trace italienne »), les mutations de l'architecture navale (équipée d'une artillerie embarquée), etc.
- sabethNiveau 6
Merci beaucoup pour vos suggestions! Et surtout pour l'extrait de Foucault (que j'ai beaucoup lu, mais, honte à moi, je ne me souvenais pas de cet extrait). Ben oui, Minnie, pas sympa d'être limité au 18e. Le thème, c'est moi qui l'ai choisi, car ça m'intéressait pas mal, mais il est vrai que j'avais beaucoup plus d'idée concernant le 19e et le 20e. Vos idées vont beaucoup m'aider. Il faut dire que c'est un peu panique à bord, car je dois commencer à faire cours vers le 16, et je travaille en binôme avec une autre stagiaire, très sympa mais que je ne peux voir que rarement (on n'habite pas la même ville) et qui, elle, fera une séquence sur un autre thème, toujours sur l'argumentation (ben oui, cherchez pas, c'est compliqué, à vrai dire moi-même je n'y comprends pas grand-chose, enfin, moi cette année je fais ce qu'on me dit, hein)
- adlidiHabitué du forum
Cela ira mieux l'année prochaine!!! Courage
_________________
"La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber."
- retraitéeDoyen
Si vous étudiez le passage de Candide consacré à "la boucherie héroïque", vous pouvez le rapprocher avec profit de l'article Guerre du Dictionnaire philosophique.
Vous devriez aussi trouver des textes chez Montesquieu.
Et pourquoi pas des discours des orateurs de la Révolution? Danton, par ex "de l'audace, encore de l'audace etc
Vous devriez aussi trouver des textes chez Montesquieu.
Et pourquoi pas des discours des orateurs de la Révolution? Danton, par ex "de l'audace, encore de l'audace etc
- DaphnéDemi-dieu
Très bien ton avatar retraitée !
- retraitéeDoyen
Par ces temps de neige et de verglas, il est parfois très ressemblant!Daphné a écrit:Très bien ton avatar retraitée !
- sabethNiveau 6
Merci à tous pour vos réponses!
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum