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- barègesÉrudit
Si l'on se réfère à la terminologie en vogue, je suis actuellement étudiante en quatrième année dans une « grande école » dont on ne cesse de vanter la qualité de l'enseignement.
On évoque souvent le désintérêt des jeunes pour l'école. Pourtant, il y a quatre ans lorsque j'étais encore la candidate n°4307, j'ai senti mon cœur faire des claquettes sur mon estomac en remettant ma copie aux surveillants.
Je sors d'une session d'examens. Et je partage les conclusions d'un rapport de juillet 2007 remis au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche sur les modalités d'évaluation des étudiants.
Au bout de huit pages... un « peu clair »
Il y est souligné que la correction n'aide en aucun cas l'étudiant à progresser, puisque les fameux « partiels » ne donnent lieu à aucun retour. A ceux qui répondront qu'il reste la consultation des copies, je précise que la seule explication trouvée à un 9/20 consistait en trois traits tirés à des endroits hasardeux et un « Peu clair » esseulé au bout de 8 pages. Désormais, je m'efforce donc d'être claire.
De même, le rapport souligne que le contrôle continu est rarement assorti d'un réel travail sur les difficultés de l'étudiant. Ce qui fait du semestre une vague loterie où la moyenne obtenue est hasardeusement proportionnelle au temps d'étude. Ça a un côté rock mais pour la pédagogie on repassera.
La note sur 20, nuancier de 80 humeurs
Autre aberration : la note sur 20. Ce n'est pas parce que cette forme de notation fait partie des meubles qu'elle est pertinente.
Comme le souligne très bien le rapport, si le professeur pousse jusqu'au quart de point, cela laisse jusqu'à 80 possibilités à sa subjectivité de s'ébattre sur votre copie. La note induit un classement, dont on préfère ne pas imaginer la corrélation avec l'humeur du correcteur.
Il y a beaucoup d'autres choses dans ce rapport que je vous laisse consulter par vous-même si ça vous intéresse.
La méthode dite « du presse-purée »
Je voue aux partiels une haine assidue. A chaque fin de semestre, est donc organisé un marathon des nerfs officiellement dénommé « session d'examens », que vous retrouvez dans n'importe quelle fac. C'est là une première contradiction des « grandes écoles », auto-promues formations qualitativement meilleures que l'université et qui appliquent pourtant la même méthode bête et méchante d'évaluation.
Car ce qui est jugé n'est pas clair : ne sachant pas si le sujet sera transversal ou s'il portera sur un point précis du cours (et donc si ce qui sera valorisé sera la capacité d'analyse ou de mémorisation), j'utilise comme la plupart de mes camarades la méthode dite « du presse-purée » qui consiste à avaler six cours d'une soixantaine de pages chacun en un minimum de temps pour aller ensuite les vomir sous des formes variables sur ma copie d'examen.
Après ça, on organise un bûcher avec nos fiches de révision et un an plus tard, on ouvre de grands yeux effarés quand le maître de conférences cite un sociologue obscur qu'on est censés bien connaître parce que largement abordé en première année.
« D'ingénieux automates »
Cette critique d'un enseignement qui ne produit que des perroquets à usage unique n'est pas nouvelle : déjà en 1895, dans « L'Enseignement », Sébastien Faure écrit ceci :
« Nos procédés d'examen et de concours ne contribuent pas peu à ce déplorable résultat. […] le sentiment, l'imagination et le raisonnement sont sacrifiés à cette faculté presque mécanique : la mémoire. […] la plupart de nos bacheliers et lauréats ne sont que de remarquables perroquets ayant appris à bien réciter, suivant la méthode universitaire, un certain nombre de classiques “ Jacquot, as-tu déjeuné ? ” ou encore d'ingénieux automates, montés par un habile mécanicien à l'effet de tracer sur le tableau noir telle figure géométrique ou telle formule mathématique, de traduire tel passage de Tacite ou d'Esope, de réciter telle tirade d'Athalie ou de “ L'Art poétique. ”
Et je ne parle même pas de ce ridicule système de notes qui produit des classements et des compétitions, et enseigne tristement aux élèves la soumission au ridicule et la loi du plus fort.
Réfléchir par nous-mêmes
Notre vieille France orgueilleuse et conservatrice est encore trop attachée à ses méthodes rébarbatives censées produire les meilleurs éléments, et qui sentent franchement la naphtaline, pour s'aventurer trop loin sur le terrain de l'innovation pédagogique.
Pourtant, il suffirait de peu pour intéresser les élèves. Au Canada où j'ai passé un semestre, mais aussi dans beaucoup d'autres pays, nombreux sont les examens qui prennent la forme d'un travail de recherche personnel sur le sujet qui nous intéresse.
Ce qui nous oblige en somme à connaître le cours, puisqu'il sert de base et de support aux recherches effectuées, mais aussi et surtout nous permet de réfléchir par nous-mêmes et d'assimiler des connaissances de manière durable.
Une position un peu plus humble
En somme, l'ensemble du système éducatif français – et au premier chef les “grandes écoles” et toutes les filières d'“ excellence ” – ne perdrait rien à adopter une position un peu plus humble.
En assommant les élèves on ne fait pas émerger les meilleurs mais les moins sensibles à la pression et les plus aptes à mémoriser, ce qui constitue certes une forme d'intelligence mais pas la seule.
Il est grand temps que l'école française apprenne elle aussi, de ses voisines européennes et mondiales et de ses élèves aux sensibilités différentes, qu'elle devienne un instrument d'affirmation de soi que chacun investit et s'approprie à sa manière, plutôt qu'un moule austère dont ressortent malformés ceux qui n'ont pas su s'y couler.
http://www.rue89.com/2012/02/02/etudiante-je-hais-les-partiels-marathon-des-nerfs-pour-perroquets-229020
(soupir)
- User5899Demi-dieu
Je trouverais une certaine pertinence à ces propos s'ils avaient été écrits dans les années 50. Mais aujourd'hui que la mémoire n'est quasiment plus jamais sollicitée ; qu'apprendre est devenu un gros mot ; et que réfléchir par soi-même revient à débiter du cliché, faute de connaissances contre lesquelles réagir ; dans ces conditions, écrire un tel développement suscite en moi un assez grand étonnement.
- Reine MargotDemi-dieu
une seule chose que je trouve pertinente, je trouve qu'en fac on ne fait pas assez de commentaires/dissertes, et qu'on n'a donc pas assez d'entraînement et de corrections qui permettent de s'améliorer. et franchement, que ce soit en fac ou en prépa, pas mal de profs mettent plus de précisions que "peu clair"
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Luigi_BGrand Maître
Bien d'accord.Cripure a écrit:Je trouverais une certaine pertinence à ces propos s'ils avaient été écrits dans les années 50. Mais aujourd'hui que la mémoire n'est quasiment plus jamais sollicitée ; qu'apprendre est devenu un gros mot ; et que réfléchir par soi-même revient à débiter du cliché, faute de connaissances contre lesquelles réagir ; dans ces conditions, écrire un tel développement suscite en moi un assez grand étonnement.
Une phrase d'ailleurs résume bien l'état d'esprit : "Après ça, on organise un bûcher avec nos fiches de révision..."
Des propos de café du commerce, l'arrogance en plus parce qu'elle le vaut bien (et on cite un obscur ouvrage du siècle dernier pour montrer qu'on a une perspective scientifique et historique et qu'on a découvert le grand mal de l’école : la mémoire !)
L'humilité réclamée manque cruellement dans le papier.
- alberto79Habitué du forum
Le commentaire de cette étudiante ne mérite que le vieux dicton espagnol « la ignorancia es atrevida » qu´on pourrait traduire librement par « l´ignorance donne de l´hardiesse ». Plus intéressante est cette notion des « grandes écoles » comme des endroits où la qualité de l´enseignement est supérieur à l´université. Si par « grande école » elle parle de l´ENS, ECP, Écoles des Chartes, École des Mines, Polytechnique et autres vraies grandes écoles on pourrait discuter. Si elle parle des écoles de commerce, cela n´as pas beaucoup de sens. Comme signalait Bruno Sire, Président de l´Université de Toulouse 1 dans les pages du Monde en septembre dernier "A l'université on trouve le meilleur de l'enseignement supérieur". Il signala essentiellement aussi le problème principal de l´Université face aux écoles de commerce :
LM « On ne le sait pas toujours en dehors de la sphère des initiés des sciences économiques mais l'Ecole d'économie de Toulouse (Toulouse School of Economics), qui dépend de votre université, est considérée comme l'une des toutes meilleures au monde. Vous lancez cette année une école d'économie ouverte aux étudiants. Pensez-vous être aujourd'hui un concurrent d'HEC ?
BS Pas pour les étudiants, pas encore du moins, mais pour les professeurs oui clairement. Nos chercheurs sont parmi les meilleurs au monde. »
http://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2011/09/20/a-l-universite-on-trouve-le-meilleur-de-l-enseignement-superieur_1574946_1473696.html
LM « On ne le sait pas toujours en dehors de la sphère des initiés des sciences économiques mais l'Ecole d'économie de Toulouse (Toulouse School of Economics), qui dépend de votre université, est considérée comme l'une des toutes meilleures au monde. Vous lancez cette année une école d'économie ouverte aux étudiants. Pensez-vous être aujourd'hui un concurrent d'HEC ?
BS Pas pour les étudiants, pas encore du moins, mais pour les professeurs oui clairement. Nos chercheurs sont parmi les meilleurs au monde. »
http://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2011/09/20/a-l-universite-on-trouve-le-meilleur-de-l-enseignement-superieur_1574946_1473696.html
- CondorcetOracle
Il est douloureux de voir des étudiants dénigrer l'enseignement et les savoirs qu'ils ont reçus en héritage. Réfléchir par soi-même participe d'une noble ambition mais peut-on y parvenir sans un effort d'objectivité, d'abstraction, d'éclectisme ? Que la pédagogie dans l'enseignement supérieur doive être améliorée s'avère, hélas, un impératif urgent mais doit-on pour cela remettre en cause un contrôle réel des connaissances et des méthodes et se contenter d'un savoir auto-centré et parcellaire ?
- alberto79Habitué du forum
condorcet a écrit: Que la pédagogie dans l'enseignement supérieur doive être améliorée s'avère, hélas, un impératif urgent
Vous croyez que la pédagogie dans l´enseignement supérieur doit être améliorée ? Vous le dites en tant qu´enseignant ou en tant qu´ancien étudiant ?
Dans quel sens ?
Vous me excuserez de vous prêter des mots que vous n´avez pas prononcé mais chaque fois que j´entends parler de reformes de la pédagogie à l´Université, on dessine des perspectives de transformation de notre très belle institution en un grand lycée ou collège. D´ailleurs, est-ce que les reformes pour améliorer la pédagogie au collège ou lycée les dernières années ou même décennies ont été utiles ? Le niveau de connaissances a-t-il monté ou baissé ?
- CondorcetOracle
álvaro a écrit:condorcet a écrit: Que la pédagogie dans l'enseignement supérieur doive être améliorée s'avère, hélas, un impératif urgent
Vous croyez que la pédagogie dans l´enseignement supérieur doit être améliorée ? Vous le dites en tant qu´enseignant ou en tant qu´ancien étudiant ?
Dans quel sens ?
Vous me excuserez de vous prêter des mots que vous n´avez pas prononcé mais chaque fois que j´entends parler de reformes de la pédagogie à l´Université, on dessine des perspectives de transformation de notre très belle institution en un grand lycée ou collège. D´ailleurs, est-ce que les reformes pour améliorer la pédagogie au collège ou lycée les dernières années ou même décennies ont été utiles ? Le niveau de connaissances a-t-il monté ou baissé ?
Franchement oui et j'abonde dans le sens de Reine Margot : plus d'entraînements à la dissertation (notamment à la lecture des sujets, un préalable qui souvent est négligé par les candidats aux concours, faute d'avoir reçu en la matière des rudiments suffisants) et au commentaire de documents, en géographie, un réel apprentissage de la discipline (y compris le commentaire sur tous types de documents), des cours dont le plan soit annoncé et respecté et qui se distinguent par leur clarté d'élocution, une formation plus poussée concernant l'épistémologie de la discipline.
N.B : j'ai dispensé des cours à l'université et en ai reçus aussi. Ayant ardemment milité contre la LRU et le réformisme pédagogique, je ne me sens pas vraiment concerné par ce que vous décrivez. Mais l'université m'ayant beaucoup apporté, je lui dois une certaine honnêteté intellectuelle, y compris vis-à-vis d'elle, par-delà toute tentation corporatiste qui pourrait m'étreindre.
- CondorcetOracle
Pour répondre à votre chute, oui, le niveau des connaissances exigées à l'université pour la collation des grades, corollaire d'une moindre exigence citoyenne et d'un regard singulièrement appauvri à la Cité, a sans doute baissé. Est-ce à dire qu'un minimum de clarté nuit à l'acuité et à la portée du discours ? Je ne le pense pas.
- alberto79Habitué du forum
condorcet a écrit:
Franchement oui et j'abonde dans le sens de Reine Margot : plus d'entraînements à la dissertation (notamment à la lecture des sujets, un préalable qui souvent est négligé par les candidats aux concours, faute d'avoir reçu en la matière des rudiments suffisants) et au commentaire de documents, en géographie, un réel apprentissage de la discipline (y compris le commentaire sur tous types de documents), des cours dont le plan soit annoncé et respecté et qui se distinguent par leur clarté d'élocution, une formation plus poussée concernant l'épistémologie de la discipline.
Alors on est d´accord. Ce que vous dites est raisonnable et je crois qu’aucun collègue ne le contesterait. Néanmoins, j´imagine que ces efforts ne sont pas nécessaires pour la plupart de collègues.
Personnellement je continue à trouver le modèle de la dissertation française probablement trop formaliste, ce qui l´éloigne de la réel recherche scientifique par exemple en histoire. Même chose pour les commentaires de textes, auxquels on attribue parfois une importance disproportionné mais je dois vous avouer que je ne connais pas assez ces deux sujets pour en juger. Merci d´avoir précisé en quoi consisté votre proposition, tout à fait raisonnable, mais je crains que, hélas, en général on ne parle de ça quand on parle de reforme pédagogique pour l´enseignement supérieur.
- CondorcetOracle
J'ai un rêve : que les revues historiennes affichent une pluralité de vues au sein de leurs fiches de lecture, que les débats historiographiques soient au coeur de la Cité et aussi que le mépris ressenti auprès de certains enseignants (pas tous heureusement) ne soit pas si ostensible. L'université française gagnerait beaucoup à mieux considérer ses étudiants, ce qui passe par le fait de ne délivrer ses diplômes qu'à celles et ceux qui en sont dignes (au sens fort et quasi nobiliaire du terme) et en retour, le fait d'offrir à chacun, de réels outils d'apprentissage à la hauteur de la tâche qui leur est demandée. On ne saurait demander à l'université de fournir à chacun de ses diplômés un métier mais en revanche, elle doit tout mettre en oeuvre pour que les citoyens qu'elles accueillent puissent se prévaloir avec fierté des savoirs qu'ils y ont acquis.
- Hermione0908Modérateur
Reine Margot a écrit:une seule chose que je trouve pertinente, je trouve qu'en fac on ne fait pas assez de commentaires/dissertes, et qu'on n'a donc pas assez d'entraînement et de corrections qui permettent de s'améliorer. et franchement, que ce soit en fac ou en prépa, pas mal de profs mettent plus de précisions que "peu clair"
En fac, il ne se passait pas une semaine sans que j'aie un à deux commentaires à faire en comparée, un en littérature française, un en espagnol, plus toujours une version sur le feu et une version en latin, sans compter de fréquents exos de lexico et de linguistique. En revanche, assez peu de disserts : une pour le partiel, et en général, en littérature française uniquement, et selon les profs et les années, une durant le semestre.
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- alberto79Habitué du forum
condorcet a écrit:J'ai un rêve : que les revues historiennes affichent une pluralité de vues au sein de leurs fiches de lecture, .
Là, je suis perdu. Vous parlez de quelles vues? Des tendences négationnistes ? Quant aux débats historiographiques au cœur de la Cité, vous savez si bien que moi que malheureusement c´est impossible.
- CondorcetOracle
Que les ouvrages rédigés par les amis du comité de rédaction de la revue ne soient pas encensés par principe et qu'un réel esprit critique permette en toute objectivité de souligner les apports de la démarche de recherche mise en oeuvre par tel ouvrage, ses points aveugles, son inscription ou non dans l'historiographie classique, sa qualité de rédaction, son intérêt (en lieu et place de sa portée qu'il est difficile d'apprécier six mois après la parution de l'ouvrage).
J'oubliais : que les ouvrages importants de sciences humaines et sociales soient traduits en langue française plus rapidement (pourquoi a-t-il fallu attendre vingt ans pour lire Highbrow/Lowbrow. The emergence of cultural hierarchy in America en langue française) ?
- CondorcetOracle
álvaro a écrit:condorcet a écrit:J'ai un rêve : que les revues historiennes affichent une pluralité de vues au sein de leurs fiches de lecture, .
Là, je suis perdu. Vous parlez de quelles vues? Des tendences négationnistes ? Quant aux débats historiographiques au cœur de la Cité, vous savez si bien que moi que malheureusement c´est impossible.
Au moment où j'ai commencé mes études, ils remplissaient les colonnes de journaux : l'historien doit-il témoigner lors des procès des coupables de crimes contre l'humanité ? Quelles différences peut-on établir entre histoire et mémoire ? L'Histoire est-elle finie ? Assiste-t-on à la fin des Empires ? Quelle est la place de l'archive provoquée (témoignages a posteriori) en histoire ?
- alberto79Habitué du forum
condorcet a écrit:Dois-je répondre à votre apostrophe concernant les tendances négationnistes ?L'histoire est par définition révisionniste et par définition aussi n'est pas négationniste.
Que les ouvrages rédigés par les amis du comité de rédaction de la revue ne soient pas encensés par principe et qu'un réel esprit critique permette en toute objectivité de souligner les apports de la démarche de recherche mise en oeuvre par tel ouvrage, ses points aveugles, son inscription ou non dans l'historiographie classique, sa qualité de rédaction, son intérêt (en lieu et place de sa portée qu'il est difficile d'apprécier six mois après la parution de l'ouvrage).
J'oubliais : que les ouvrages importants de sciences humaines et sociales soient traduits en langue française plus rapidement (pourquoi a-t-il fallu attendre vingt ans pour lire Highbrow/Lowbrow. The emergence of cultural hierarchy in America en langue française) ?
L´histoire n´est pas nécessairement non-négationniste et je n´ai pas parlé du révisionnisme. Comme je suppose que vous avez fait des études d´historiographie et d´épistémologie de l´histoire il est inutile d´en faire un débat terminologique puisque vous savez bien que j´ai raison.
Sinon, je ne connais pas assez le monde des publications scientifiques en France pour m´exprimer là-dessous. Cependant, si vous avez enseigné à l´université, j´imagine que cela a été en tant que AM ou ATER dans le cadre de la préparation d´une thèse de doctorat. Je sais qu´il est très difficile d´obtenir un poste de MCF ou de CR dans une section d´histoire mais j´imagine que si vous avais fait une thèse en histoire, en plus de votre épanouissement personnel, c´était pour essayer d´obtenir l´un de ces postes, puisque le doctorat en histoire n´a pas d´autres débouchés professionnels. Et bien, je me permets de vous conseiller fortement de garder les opinions que vous exprimez plus haut pour vous-même si vous arrivez a être auditionné par un Comité de Sélection, ce que je vous souhaite puisque vous avez l´aire d´être quelqu´un de passionné par l´histoire.
Quant aux traductions d´ouvrages, je ne crois pas que ce soit un problème grave puisqu´un historien o un étudiant d´histoire devrait connaître au moins l´anglais et une seconde langue de culture.
[justify]
- CondorcetOracle
álvaro a écrit:condorcet a écrit:Dois-je répondre à votre apostrophe concernant les tendances négationnistes ?L'histoire est par définition révisionniste et par définition aussi n'est pas négationniste.
Que les ouvrages rédigés par les amis du comité de rédaction de la revue ne soient pas encensés par principe et qu'un réel esprit critique permette en toute objectivité de souligner les apports de la démarche de recherche mise en oeuvre par tel ouvrage, ses points aveugles, son inscription ou non dans l'historiographie classique, sa qualité de rédaction, son intérêt (en lieu et place de sa portée qu'il est difficile d'apprécier six mois après la parution de l'ouvrage).
J'oubliais : que les ouvrages importants de sciences humaines et sociales soient traduits en langue française plus rapidement (pourquoi a-t-il fallu attendre vingt ans pour lire Highbrow/Lowbrow. The emergence of cultural hierarchy in America en langue française) ?
L´histoire n´est pas nécessairement non-négationnisteet je n´ai pas parlé du révisionnisme. Comme je suppose que vous avez fait des études d´historiographie et d´épistémologie de l´histoire il est inutile d´en faire un débat terminologique puisque vous savez bien que j´ai raison.
Sinon, je ne connais pas assez le monde des publications scientifiques en France pour m´exprimer là-dessus. Cependant, si vous avez enseigné à l´université, j´imagine que cela a été en tant que AM ou ATER dans le cadre de la préparation d´une thèse de doctorat. Je sais qu´il est très difficile d´obtenir un poste de MCF ou de CR dans une section d´histoire mais j´imagine que si vous avez fait une thèse en histoire, en plus de votre épanouissement personnel, c´était pour essayer d´obtenir l´un de ces postes, puisque le doctorat en histoire n´a pas d'autres débouchés professionnels. Et bien, je me permets de vous conseiller fortement de garder les opinions que vous exprimez plus haut pour vous-même si vous arrivez a être auditionné par un Comité de Sélection, ce que je vous souhaite puisque vous avez l´air d´être quelqu'un de passionné par l´histoire.
Quant aux traductions d´ouvrages, je ne crois pas que ce soit un problème grave puisqu´un historien ou un étudiant d´histoire devrait connaître au moins l´anglais et une seconde langue de culture.
[justify]
Si elle est honnête, elle l'est. La liberté d'expression étant encore garantie (à peu près) dans ce pays, je continuerai d'y exprimer librement mes idées, même et surtout si elles déplaisent aux comités de sélection. Ceci dit, je vous remercie de vos souhaits que j'espère réaliser :flower: :flower: :flower:
Il s'agit d'un problème capital dans la mesure où on ne lit pas pareil dans une langue étrangère ou dans sa langue maternelle, où le vocabulaire en la matière doit rester précis et adéquat.
- barègesÉrudit
Après l'étudiante qui n'aime pas les partiels, la philosophe belge qui démissionne d'une Université qu'elle décrit dans sa longue lettre :http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5304
Extraits choisis :
Extraits choisis :
Si ce phénomène repose très clairement sur l’adhésion idéologique de ceux qui exercent le pouvoir institutionnel, il ne se serait pas imposé à l’ensemble des acteurs universitaires si l’on n’avait pas instauré en même temps une série de contraintes destinées à paralyser toute opposition, par la menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale : il faut attirer le « client », le faire réussir quelles que soient ses capacités (« l’université de la réussite » !), lui donner un diplôme qui lui assure une bonne place bien rémunérée, former en le moins de temps possible des chercheurs qui seront hyper productifs selon les standards éditoriaux et entrepreneuriaux, excellents gestionnaires et toujours prêts à siéger dans les multiples commissions et conseils où se prennent les simulacres de décisions — simulacres, puisque tant les budgets que les critères d’attribution et de sélection sont décidés ailleurs. De qualité, de distance critique, de réflexion sur la civilisation, il n’est plus jamais question. La nouvelle notion d’« excellence » ne désigne en rien la meilleure qualité de l’enseignement et de la connaissance, mais la meilleure capacité à engranger de gros budgets, de grosses équipes de fonctionnaires de laboratoire, de gros titres dans des revues de plus en plus sensationnalistes et de moins en moins fiables. La frénésie d’évaluations qui se déploie à tous les niveaux, depuis les commissions internes jusqu’au classement de Shanghaï, ne fait que renforcer l’absurdité de ces critères.
Il en résulte tout le contraire de ce qu’on prétend promouvoir : en une dizaine d’années d’enseignement, j’ai vu la majorité des meilleurs étudiants abandonner l’université avant, pendant ou juste après la thèse, lorsqu’ils ont pris conscience de l’attitude qu’il leur faudrait adopter pour continuer cette carrière ; j’ai vu les autres renoncer à leur profondeur et à leur véritable intérêt intellectuel pour s’adapter aux domaines et aux manières d’agir qui leur offriraient des perspectives. Et bien sûr j’ai vu arriver les arrivistes, à la pensée médiocre et à l’habileté productive, qui savent d’emblée où et avec qui il faut se placer, qui n’ont aucun mal à formater leur écriture pour répondre aux exigences éditoriales, qui peuvent faire vite puisqu’ils ne font rien d’exigeant.
S'il y a une chose que j'ignorais en 2009 dans les manifs et que j'ai apprise depuis, c'est que ce qui s'est fait en France (en gros, les dernières réformes, depuis cinq ans) n'était qu'une application locale de ce qui se fait partout.Ces dérives présentent des variantes et des degrés divers selon les disciplines et les pays, mais partout des collègues confirment les tendances générales : concurrence fondée sur la seule quantité ; choix des thèmes de recherche déterminé par les organismes financeurs, eux-mêmes au service d’un modèle de société selon lequel le progrès humain se trouve exclusivement dans la croissance économique et dans le développement technique ; inflation des tâches administratives et managériales aux dépens du temps consacré à l’enseignement et à l’amélioration des connaissances. Pour l’illustrer par un exemple, un Darwin, un Einstein, un Kant n’auraient aucune chance d’être sélectionnés par l’application des critères actuels. Quelles conséquences pense-t-on que donnera une telle sélection sur la recherche et les enseignements futurs ?
- egometDoyen
Partout? En Occident sûrement. Je suis moins sûr pour les pays émergents.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Marie LaetitiaBon génie
condorcet a écrit:
Franchement oui et j'abonde dans le sens de Reine Margot : plus d'entraînements à la dissertation (notamment à la lecture des sujets, un préalable qui souvent est négligé par les candidats aux concours, faute d'avoir reçu en la matière des rudiments suffisants) et au commentaire de documents, en géographie, un réel apprentissage de la discipline (y compris le commentaire sur tous types de documents), des cours dont le plan soit annoncé et respecté et qui se distinguent par leur clarté d'élocution, une formation plus poussée concernant l'épistémologie de la discipline.
euh... Condorcet, tu parles de tes années d'études ou de ce qui se passe maintenant??? Des entraînements à la dissert et au commentaire, les étudiants en bouffent en histoire en France pendant les 12 semaines du semestre dans au moins les deux disciplines majeures...
Plan de cours annoncé: hélas ça dépend des enseignants. C'est l'éternel problème du contrôle du contenu des cours dans le sup. Mais ce que je vis moi, me fait penser que l'on ne va pas dans le bon sens. La pression sur la réputation des universités risque d'avoir des effets délétères sur les relations entre EC et la qualité de l'enseignement ne va certainement pas s'améliorer.
álvaro a écrit:
Personnellement je continue à trouver le modèle de la dissertation française probablement trop formaliste, ce qui l´éloigne de la réel recherche scientifique par exemple en histoire. Même chose pour les commentaires de textes, auxquels on attribue parfois une importance disproportionné mais je dois vous avouer que je ne connais pas assez ces deux sujets pour en juger. Merci d´avoir précisé en quoi consisté votre proposition, tout à fait raisonnable, mais je crains que, hélas, en général on ne parle de ça quand on parle de reforme pédagogique pour l´enseignement supérieur.
alors là... NON ! NON et NON. Formaliste? Ou exigeant.? Moi je dis exigeant.
La recherche a besoin de gens qui soient rigoureux, qui se tiennent au sujet traité. Et pour les commentaires, ça paraît formaliste quand on est étudiant et par expérience des archives, je vous jure que je me suis rendu compte à quel point se demander mécaniquement "Qui parle ? Pour quel public? Quand a-t-il écrit ceci?" c'est vital pour ne pas se gauffrer sur un document.
Et donc la consultation? Visiblement la demoiselle n'y est jamais allée.Au bout de huit pages... un « peu clair » (...) Il y est souligné que la correction n'aide en aucun cas l'étudiant à progresser, puisque les fameux « partiels » ne donnent lieu à aucun retour. A ceux qui répondront qu'il reste la consultation des copies, je précise que la seule explication trouvée à un 9/20 consistait en trois traits tirés à des endroits hasardeux et un « Peu clair » esseulé au bout de 8 pages.
Elle oublie un peu la possibilité pendant 12 semaines d'aller voir les enseignants, demander de l'aide, des conseils personnalisés. Aujourd'hui les enseignants ont nos mails, ce qui n'existait pas il y a 15 ans. Alors oser dire que les étudiants sont laissés seuls, c'est SE FOUTRE DE LA GUEULE DU MONDE
ça continue! Tiens la prochaine fois j'utiliserai sans vergogne un escalier en gaussienne. Au lieu de corriger mes copies en soupesant chaque phrase...La note sur 20, nuancier de 80 humeurs
tiens là on est rassuré sur sa santé mentale. Fabuleux, elle n'aime pas le stress et l'idée d'échouer. C'est dingue, non?Je voue aux partiels une haine assidue. A chaque fin de semestre, est donc organisé un marathon des nerfs officiellement dénommé « session d'examens », que vous retrouvez dans n'importe quelle fac.
C'est terrifiant, 60 pages à apprendre par matière. 5 pages par semaine par matière. Tite bichette, va. L'agrég c'était 40 à 50 pages par matière par semaine pour 7 matières, plus deux manuels en moyenne par matière par année, plus un nombre incalculable de bouquins manipulés, fichés...j'utilise comme la plupart de mes camarades la méthode dite « du presse-purée » qui consiste à avaler six cours d'une soixantaine de pages chacun en un minimum de temps pour aller ensuite les vomir sous des formes variables sur ma copie d'examen.
Après ça, on organise un bûcher avec nos fiches de révision et un an plus tard, on ouvre de grands yeux effarés quand le maître de conférences cite un sociologue obscur qu'on est censés bien connaître parce que largement abordé en première année.
Ma première année de Licence? Très largement plus de 10 pages par semaine par matière et malgré mes problèmes de santé je m'en suis sortie. Dingue, non? :colere:
Face à une jeunesse arrogante et prétentieuse, on est mal barrés. Ah l'innovation pédagogique... La clé qui ouvrira toutes les portes !Notre vieille France orgueilleuse et conservatrice est encore trop attachée à ses méthodes rébarbatives censées produire les meilleurs éléments, et qui sentent franchement la naphtaline, pour s'aventurer trop loin sur le terrain de l'innovation pédagogique.
Au Canada où j'ai passé un semestre, mais aussi dans beaucoup d'autres pays, nombreux sont les examens qui prennent la forme d'un travail de recherche personnel sur le sujet qui nous intéresse.
aaaah. Donc ce qu'elle a choisi de faire pendant ses études sup ne lui plaît pas et il faut que l'on aménage les enseignements pour lui plaire? Mais merde ! Qu'elle change de filière!
Il faut quoi? Que j'enseigne l'art de faire des guili-guili à des singes pour lui plaire? Ou l'art de rempailler des chaises?
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Marie LaetitiaBon génie
barèges a écrit:Après l'étudiante qui n'aime pas les partiels, la philosophe belge qui démissionne d'une Université qu'elle décrit dans sa longue lettre :http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5304
je n'ai lu que les extraits que tu cites et je suis entièrement d'accord avec elle.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- CondorcetOracle
ML, je parle en l'occurrence de mes années d'étudiant (surtout les premières années en ce qui concerne les entraînements à la dissertation et au commentaire que je trouvais trop parcimonieux - j'avais peut-être la caboche dure aussi ; et jusqu'au tournant du siècle pour les débats historiographiques).
Edit : ce qui se passe aujourd'hui (mettre la pression sur les enseignants-chercheurs, leur imposer une "culture" de gestionnaire qu'ils/elles n'ont pas, transformer les universités à parcs à huîtres) ne milite pas en faveur d'une attractivité renforcée de la discipline enseignée à l'université. Comme ML, je trouve extrêmement préoccupant et triste que l'on s'engage dans une filière sans en avoir le goût : l'engouement pour elle est une motivation pourtant essentielle qui permet de passer outre les menus désagréments (partiels) ou d'autres plus amples (concours) qui peuvent survenir mais s'affirment comme des "rites de passage". Les refuser signifie aussi dénier à celles et ceux qui les ont réussis le mérite républicain auquel je reste très attaché.
Concernant les méthodes en vigueur en histoire : pour la thèse, j'ai passé quasiment deux ans dans les colloques, conférences, journées d'études en tant que spectateur avant d'écrire une seule ligne de neuf et il y a une raison à cela, le fossé herméneutique/heuristique entre le DEA et une vraie thèse (pas celle bouclée en 3 ans en histoire) étant considérable.
Edit : ce qui se passe aujourd'hui (mettre la pression sur les enseignants-chercheurs, leur imposer une "culture" de gestionnaire qu'ils/elles n'ont pas, transformer les universités à parcs à huîtres) ne milite pas en faveur d'une attractivité renforcée de la discipline enseignée à l'université. Comme ML, je trouve extrêmement préoccupant et triste que l'on s'engage dans une filière sans en avoir le goût : l'engouement pour elle est une motivation pourtant essentielle qui permet de passer outre les menus désagréments (partiels) ou d'autres plus amples (concours) qui peuvent survenir mais s'affirment comme des "rites de passage". Les refuser signifie aussi dénier à celles et ceux qui les ont réussis le mérite républicain auquel je reste très attaché.
Concernant les méthodes en vigueur en histoire : pour la thèse, j'ai passé quasiment deux ans dans les colloques, conférences, journées d'études en tant que spectateur avant d'écrire une seule ligne de neuf et il y a une raison à cela, le fossé herméneutique/heuristique entre le DEA et une vraie thèse (pas celle bouclée en 3 ans en histoire) étant considérable.
- lilith888Grand sage
Voilà ce que j'ai retenu de cette lecture :
Du blablabla arrogant qui rabâche des absurdités pour justifier la fainéantise galopante des étudiants qui en veulent toujours plus, en faisant moins.
Lundi, dans ma fac, conférence de Philippe Lejeune sur l'autobio.
J'y serai, après mes cours, en m'arrangeant pour faire garder mon fiston. Qui parie sur le nombre d'étudiants présents ce jour là ? (allez, je suis optimiste, je dis : 5)
Du blablabla arrogant qui rabâche des absurdités pour justifier la fainéantise galopante des étudiants qui en veulent toujours plus, en faisant moins.
Lundi, dans ma fac, conférence de Philippe Lejeune sur l'autobio.
J'y serai, après mes cours, en m'arrangeant pour faire garder mon fiston. Qui parie sur le nombre d'étudiants présents ce jour là ? (allez, je suis optimiste, je dis : 5)
- CondorcetOracle
barèges a écrit:Après l'étudiante qui n'aime pas les partiels, la philosophe belge qui démissionne d'une Université qu'elle décrit dans sa longue lettre :http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5304
Extraits choisis :
Si ce phénomène repose très clairement sur l’adhésion idéologique de ceux qui exercent le pouvoir institutionnel, il ne se serait pas imposé à l’ensemble des acteurs universitaires si l’on n’avait pas instauré en même temps une série de contraintes destinées à paralyser toute opposition, par la menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale : il faut attirer le « client », le faire réussir quelles que soient ses capacités (« l’université de la réussite » !), lui donner un diplôme qui lui assure une bonne place bien rémunérée, former en le moins de temps possible des chercheurs qui seront hyper productifs selon les standards éditoriaux et entrepreneuriaux, excellents gestionnaires et toujours prêts à siéger dans les multiples commissions et conseils où se prennent les simulacres de décisions — simulacres, puisque tant les budgets que les critères d’attribution et de sélection sont décidés ailleurs. De qualité, de distance critique, de réflexion sur la civilisation, il n’est plus jamais question. La nouvelle notion d’« excellence » ne désigne en rien la meilleure qualité de l’enseignement et de la connaissance, mais la meilleure capacité à engranger de gros budgets, de grosses équipes de fonctionnaires de laboratoire, de gros titres dans des revues de plus en plus sensationnalistes et de moins en moins fiables. La frénésie d’évaluations qui se déploie à tous les niveaux, depuis les commissions internes jusqu’au classement de Shanghaï, ne fait que renforcer l’absurdité de ces critères.
Il en résulte tout le contraire de ce qu’on prétend promouvoir : en une dizaine d’années d’enseignement, j’ai vu la majorité des meilleurs étudiants abandonner l’université avant, pendant ou juste après la thèse, lorsqu’ils ont pris conscience de l’attitude qu’il leur faudrait adopter pour continuer cette carrière ; j’ai vu les autres renoncer à leur profondeur et à leur véritable intérêt intellectuel pour s’adapter aux domaines et aux manières d’agir qui leur offriraient des perspectives. Et bien sûr j’ai vu arriver les arrivistes, à la pensée médiocre et à l’habileté productive, qui savent d’emblée où et avec qui il faut se placer, qui n’ont aucun mal à formater leur écriture pour répondre aux exigences éditoriales, qui peuvent faire vite puisqu’ils ne font rien d’exigeant.S'il y a une chose que j'ignorais en 2009 dans les manifs et que j'ai apprise depuis, c'est que ce qui s'est fait en France (en gros, les dernières réformes, depuis cinq ans) n'était qu'une application locale de ce qui se fait partout.Ces dérives présentent des variantes et des degrés divers selon les disciplines et les pays, mais partout des collègues confirment les tendances générales : concurrence fondée sur la seule quantité ; choix des thèmes de recherche déterminé par les organismes financeurs, eux-mêmes au service d’un modèle de société selon lequel le progrès humain se trouve exclusivement dans la croissance économique et dans le développement technique ; inflation des tâches administratives et managériales aux dépens du temps consacré à l’enseignement et à l’amélioration des connaissances. Pour l’illustrer par un exemple, un Darwin, un Einstein, un Kant n’auraient aucune chance d’être sélectionnés par l’application des critères actuels. Quelles conséquences pense-t-on que donnera une telle sélection sur la recherche et les enseignements futurs ?
Lettre magnifique et terrible.
- CondorcetOracle
lilith888 a écrit:Voilà ce que j'ai retenu de cette lecture :
Du blablabla arrogant qui rabâche des absurdités pour justifier la fainéantise galopante des étudiants qui en veulent toujours plus, en faisant moins.
Lundi, dans ma fac, conférence de Philippe Lejeune sur l'autobio.
J'y serai, après mes cours, en m'arrangeant pour faire garder mon fiston. Qui parie sur le nombre d'étudiants présents ce jour là ? (allez, je suis optimiste, je dis : 5)
Il est aussi un pionnier de la médiation littéraire radiophonique : l'histoire de la littérature et des médias lui doit beaucoup ! Ses livres me tiennent compagnie et m'ont beaucoup aidé.
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