Que répondez-vous aux élèves qui vous disent "à quoi ça va nous servir d'apprendre ça? "

Il m'est déjà arrivé d'avoir cette remarque à propos par exemple d'une étude de poème, avec le repérage de métaphores par exemple ou alors lors d'une analyse de texte de Maupassant qui repose sur des questions de compréhension et de langue. Bref, n'avez-vous jamais eu cette remarque? Et que répondez-vous lorsque le gamin vous dit "A quoi ça va nous servir plus tard? La littérature ça sert à quoi? On en mange pas. C'est pas concret.Tant qu'on sait lire et écrire."

Je ne vais pas t'aider mais moi quand un de mes Quatrièmes m'a dit à quoi cela sert-il de faire cela (c'était en début d'année , je ne sais plus pour quoi , peut-être sur une séance de vocabulaire), je l'ai regardé avec un grand sourire (mais très grand sourire) et je lui ai répondu : "cela ne sert à rien mais vraiment à rien ! mais moi j'adooooooooooooooooore faire cela ! ". Le gamin n'a rien trouvé à répondre ! Et il s'est tu , pourtant c'est un grand emmer****.

Ce jour-là , cela avait marché mais il est vrai que des fois je peux être dépassée par ce genre de questions. Et j'essaie de trouver des arguments convaincants mais cela reste difficile.

choupigloup a écrit:Il m'est déjà arrivé d'avoir cette remarque à propos par exemple d'une étude de poème, avec le repérage de métaphores par exemple ou alors lors d'une analyse de texte de Maupassant qui repose sur des questions de compréhension et de langue. Bref, n'avez-vous jamais eu cette remarque? Et que répondez-vous lorsque le gamin vous dit "A quoi ça va nous servir plus tard? La littérature ça sert à quoi? On en mange pas. C'est pas concret.Tant qu'on sait lire et écrire."

un truc qui marche de temps en temps, avec le sourire : à quoi leur sert d'écouter de la musique, de regarder la télé, de jouer aux jeux vidéos ? Sont ce seulement des animaux guidés par leur instinct (se nourrir, dormir, se reproduire), hein ???

Version rebelle : On peut savoir lire (déchiffrer) et écrire, mais le "pouvoir" appartient à ceux qui vont au delà : qu'ont ils envie d'être plus tard ? De simples exécutants exploités (avec le pb : veulent ils devenir les .. exploiteurs ;-))?

Avec de la lecture d'images ou de textes contradictoires, ils s'aperçoivent qu'ils ont besoin d'esprit critique (je fais ça avec les 1ères L actuellement : textes sur la colonisation) s'ils ne veulent pas se faire avoir. Evidemment, il y a toujours des victimes consentantes

En histoire, j'ai eu il y a très longtemps un "bah, y sont tous morts, alors ..."

j'ai déja tenté le "et les jeux vidéo, le sport, ça vous sert à quoi? " là c'était "oui mais là on aime ça" bref, de quoi désespérer...

je réponds en général que c'est de la culture générale, que ça leur servira pour des concours, examens, etc...et aussi le '"j'aime ça" de basmehab.
mais je ne suis pas satisfaite. effectivement le plaisir est ma première motivation pour la littérature, pour moi ça sert d'abord à ça (ensuite bien sûr le pouvoir symbolique des mots, etc...), mais comment le faire comprendre à des élèves pour qui lire est une corvée?

Tant qu'on sait lire et écrire

La réponse est dans sa question : comprendre un texte et savoir bien écrire, c'est tout de même important.

Comme savoir lire, ça veut dire saisir le sens de qqch, tu leur poses des questions de compréhension.

Comme bien écrire ça veut dire respecter l'orthographe et la grammaire, tu leur fais des leçons de langue et tu leur poses des questions.

Voilà, ça sert à ça.

Il n' y a pas un dicton du type :
"apprendre vous embête, essayez l'ignorance !"

je crois que si c'est de la provoc , il faut éviter d'argumenter ...Le pire , c'est que certains collègues colportent l'idée que le français ne sert à rien.Je me rappelle d'un prof d'atelier en train de dire à des bacs pros que bon , il fallait qu'ils en fassent un minimum en français m^me si on était bien d'accord , ça ne servait à rien de faire de la poèsie .....

roxanne a écrit:je crois que si c'est de la provoc , il faut éviter d'argumenter ...Le pire , c'est que certains collègues colportent l'idée que le français ne sert à rien.Je me rappelle d'un prof d'atelier en train de dire à des bacs pros que bon , il fallait qu'ils en fassent un minimum en français m^me si on était bien d'accord , ça ne servait à rien de faire de la poèsie .....

le prof d'atelier a peut-être quelques rancoeurs vizavit deu l'ortaugrafe ?

Il y a aussi l'appel aux hormones : la littérature, cela sert à séduire, en leur faisant mesurer les chances de "succès" entre la formule "Tu es trop bonne" et "Tu es délicieuse aujourd'hui" (je m'en sers pour leur faire comprendre la nécessité d'apprendre du vocabulaire quand ils sont un peu rétifs).

On peut aussi glisser vers la question du rêve ou de l'émerveillement devant les histoires même si depuis quelques années les élèves n'ont plus ce rapport à la durée nécessaire pour s'attacher au récit (le modèle du film c'est le fragment sur Youtube).

Ruthven a écrit:Il y a aussi l'appel aux hormones : la littérature, cela sert à séduire, en leur faisant mesurer les chances de "succès" entre la formule "Tu es trop bonne" et "Tu es délicieuse aujourd'hui" (je m'en sers pour leur faire comprendre la nécessité d'apprendre du vocabulaire quand ils sont un peu rétifs).

Tu sais leur parler au STI.

Je leur dis que c'est pour être moins bêtes!

Je leur explique que cela développe leurs capacités de compréhension, leur finesse, leur intelligence.

"ça sert à rien, comme toi d'ailleurs". L'élève reste bouche bée et personne ne revient jamais sur le sujet...

Selon l'humeur du jour, je leur balance pléthore d'arguments qui me passent par la tête: "à savoir lire entre les lignes", "à s'entrainer à réfléchir à ce que l'on lit pour ne pas être manipulés comme des moutons", "à décrypter le monde qui vous entoure", "à enrichir sa réflexion", etc, etc. J'ai tendance à mitrailler dans ces cas-là!

ysabel a écrit:"ça sert à rien, comme toi d'ailleurs". L'élève reste bouche bée et personne ne revient jamais sur le sujet...

:diable:

ysabel a écrit:"ça sert à rien, comme toi d'ailleurs". L'élève reste bouche bée et personne ne revient jamais sur le sujet...

Je le pense très fort, mais je n'ai jamais osé le dire!!! :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

moi aussi j'ai eu cette remarque juste avant les vacances , j'ai été déçue par cette question ... que répondre ?

Kilmeny a écrit:

ysabel a écrit:"ça sert à rien, comme toi d'ailleurs". L'élève reste bouche bée et personne ne revient jamais sur le sujet...

Je le pense très fort, mais je n'ai jamais osé le dire!!! :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

il ne faut jamais hésiter...

[quote="Ruthven"]Il y a aussi l'appel aux hormones : la littérature, cela sert à séduire, en leur faisant mesurer les chances de "succès" entre la formule "Tu es trop bonne" et "Tu es délicieuse aujourd'hui" (je m'en sers pour leur faire comprendre la nécessité d'apprendre du vocabulaire quand ils sont un peu rétifs).

Pour développer la réponse de Ruthven — la plus sensée, au fond, parce qu'elle fait appel à l'intérêt, l'un des rares langages qu'ils comprennent, pour le moment : voir http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2008/11/24/art-de-la-drague.html

ouais...la culture comme argument de drague? moi, élève de 4e, mes lectures de rousseau n'intéressaient guère les garçons...on passerait plutot pour un "intello" ringard, auprès de camarades qui préfèrent la Xbox, la playstation et la téléralité.

Je réponds "A rien. Mais toi tu sers à quoi ? à rien, ben on te garde quand même !" Puis je reprends "plus sérieusement : à en savoir plus, au plaisir de lire, d'imaginer, de découvrir, à être moins bete..."

J'aime bien une phrase de Bonaldi à l'époque où il présentait des objets dans l'émission Nulle part ailleurs : "C'est strictement inutile...donc rigoureusement indispensable". Et là j'ajoute un "j'te laisse réfléchir" et je poursuis.

en CP, tu as appris le A, puis le P .... tu ne savais pas à quoi ça servait.
Un mois plus tard, tu as compris que P et A faisait PA, ce qui t'a permis de lire PAPA.
L'année suivante, tu as appris à lire et écrire des phrases complètes, mais tu ne savais pas encore vraiment à quoi ça servait.
Maintenant, savoir lire et écrire, tu sais à quoi ça sert, et tu es bien content d'avoir appris tout ça en CP-CE1 sans trop te poser de questions.

Aujourd'hui, tu apprends des choses qui peuvent te paraitre inutiles, mais tu comprendras un jour que de les apprendre, c'était une chance à côté de laquelle tu as bien fait de ne pas passer.

A quoi ça sert de savoir :
Que Napoléon a pris le pouvoir par un coup d'état ?
Que Modigliani était un expressionniste italien ?
Comment s'additionnent des vecteurs ?
Jouer de la flûte à bec ?
Le principe de la photosynthèse ?
Dire "cacahuète" en Anglais ?
Ce qu'est la quadrature du cercle ?
...
A quoi ça sert le savoir ?