- miss teriousDoyen
Je vous propose de nous y mettre à plusieurs pour concocter un DNB blanc. J'ai pensé à travailler ce texte de Zola, extrait de Nana :
À ce moment, les nuées, au fond, s’écartèrent, et Vénus parut. Nana, très grande, très forte pour ses dix-huit ans, dans sa tunique blanche de déesse, ses longs cheveux blonds simplement dénoués sur les épaules, descendit vers la rampe avec un aplomb tranquille, en riant au public. Et elle entama son grand air :
Dès le second vers, on se regardait dans la salle. Était-ce une plaisanterie, quelque gageure de Bordenave ? Jamais on n’avait entendu une voix aussi fausse, menée avec moins de méthode. Son directeur la jugeait bien, elle chantait comme une seringue. Et elle ne savait même pas se tenir en scène, elle jetait les mains en avant, dans un balancement de tout son corps, qu’on trouva peu convenable et disgracieux. Des oh ! oh ! s’élevaient déjà du parterre et des petites places, on sifflotait, lorsqu’une voix de jeune coq en train de muer, aux fauteuils d’orchestre, lança avec conviction :
— Très chic !
Toute la salle regarda. C’était le chérubin, l’échappé de collège, ses beaux yeux écarquillés, sa face blonde enflammée par la vue de Nana. Quand il vit le monde se tourner vers lui, il devint très rouge d’avoir ainsi parlé haut, sans le vouloir. Daguenet, son voisin, l’examinait avec un sourire, le public riait, comme désarmé et ne songeant plus à siffler ; tandis que les jeunes messieurs en gants blancs, empoignés eux aussi par le galbe de Nana, se pâmaient, applaudissaient.
— C’est ça, très bien ! bravo !
Nana, cependant, en voyant rire la salle, s’était mise à rire. La gaieté redoubla. Elle était drôle tout de même, cette belle fille. Son rire lui creusait un amour de petit trou dans le menton. Elle attendait, pas gênée, familière, entrant tout de suite de plain-pied avec le public, ayant l’air de dire elle-même d’un clignement d’yeux quelle n’avait pas de talent pour deux liards, mais que ça ne faisait rien, quelle avait autre chose. Et, après avoir adressé au chef d’orchestre un geste qui signifiait : « Allons-y, mon bonhomme ! » elle commença le second couplet :
C’était toujours la même voix vinaigrée, mais à présent elle grattait si bien le public au bon endroit, quelle lui tirait par moments un léger frisson. Nana avait gardé son rire, qui éclairait sa petite bouche rouge et luisait dans ses grands yeux, d’un bleu très clair. À certains vers un peu vifs, une friandise retroussait son nez dont les ailes roses battaient, pendant qu’une flamme passait sur ses joues. Elle continuait à se balancer, ne sachant faire que ça. Et on ne trouvait plus ça vilain du tout, au contraire ; les hommes braquaient leurs jumelles. Comme elle terminait le couplet, la voix lui manqua complètement, elle comprit quelle n’irait jamais au bout. Alors, sans s’inquiéter, elle donna un coup de hanche qui dessina une rondeur sous la mince tunique, tandis que, la taille pliée, la gorge renversée, elle tendait les bras. Des applaudissements éclatèrent. Tout de suite, elle s’était tournée, remontant, faisant voir sa nuque où des cheveux roux mettaient comme une toison de bête ; et les applaudissements devinrent furieux.
Pour la dictée, je verrais celui-ci :
Des chuts ! énergiques partirent des galeries supérieures. L’ouverture était commencée, on entrait encore. Des retardataires forçaient des rangées entières de spectateurs à se lever, les portes des loges battaient, de grosses voix se querellaient dans les couloirs. Et le bruit des conversations ne cessait pas, pareil au piaillement d’une nuée de moineaux bavards, lorsque le jour tombe. C’était une confusion, un fouillis de têtes et de bras qui s’agitaient, les uns s’asseyant et cherchant leurs aises, les autres s’entêtant à rester debout, pour jeter un dernier coup d’œil. Le cri : « Assis ! assis ! » sortit violemment des profondeurs obscures du parterre. Un frisson avait couru : enfin on allait donc connaître cette fameuse Nana, dont Paris s’occupait depuis huit jours !
Pour la rédac', je demanderais de raconter le retour dans les loges avec un passage de dialogue dans lequel Nana raconterait à une amie ses impressions après cette première entrée sur scène.
Si mon projet vous dit, n'hésitez pas à partager vos idées !!
À ce moment, les nuées, au fond, s’écartèrent, et Vénus parut. Nana, très grande, très forte pour ses dix-huit ans, dans sa tunique blanche de déesse, ses longs cheveux blonds simplement dénoués sur les épaules, descendit vers la rampe avec un aplomb tranquille, en riant au public. Et elle entama son grand air :
Lorsque Vénus rôde le soir…
Dès le second vers, on se regardait dans la salle. Était-ce une plaisanterie, quelque gageure de Bordenave ? Jamais on n’avait entendu une voix aussi fausse, menée avec moins de méthode. Son directeur la jugeait bien, elle chantait comme une seringue. Et elle ne savait même pas se tenir en scène, elle jetait les mains en avant, dans un balancement de tout son corps, qu’on trouva peu convenable et disgracieux. Des oh ! oh ! s’élevaient déjà du parterre et des petites places, on sifflotait, lorsqu’une voix de jeune coq en train de muer, aux fauteuils d’orchestre, lança avec conviction :
— Très chic !
Toute la salle regarda. C’était le chérubin, l’échappé de collège, ses beaux yeux écarquillés, sa face blonde enflammée par la vue de Nana. Quand il vit le monde se tourner vers lui, il devint très rouge d’avoir ainsi parlé haut, sans le vouloir. Daguenet, son voisin, l’examinait avec un sourire, le public riait, comme désarmé et ne songeant plus à siffler ; tandis que les jeunes messieurs en gants blancs, empoignés eux aussi par le galbe de Nana, se pâmaient, applaudissaient.
— C’est ça, très bien ! bravo !
Nana, cependant, en voyant rire la salle, s’était mise à rire. La gaieté redoubla. Elle était drôle tout de même, cette belle fille. Son rire lui creusait un amour de petit trou dans le menton. Elle attendait, pas gênée, familière, entrant tout de suite de plain-pied avec le public, ayant l’air de dire elle-même d’un clignement d’yeux quelle n’avait pas de talent pour deux liards, mais que ça ne faisait rien, quelle avait autre chose. Et, après avoir adressé au chef d’orchestre un geste qui signifiait : « Allons-y, mon bonhomme ! » elle commença le second couplet :
À minuit, c’est Vénus qui passe..
C’était toujours la même voix vinaigrée, mais à présent elle grattait si bien le public au bon endroit, quelle lui tirait par moments un léger frisson. Nana avait gardé son rire, qui éclairait sa petite bouche rouge et luisait dans ses grands yeux, d’un bleu très clair. À certains vers un peu vifs, une friandise retroussait son nez dont les ailes roses battaient, pendant qu’une flamme passait sur ses joues. Elle continuait à se balancer, ne sachant faire que ça. Et on ne trouvait plus ça vilain du tout, au contraire ; les hommes braquaient leurs jumelles. Comme elle terminait le couplet, la voix lui manqua complètement, elle comprit quelle n’irait jamais au bout. Alors, sans s’inquiéter, elle donna un coup de hanche qui dessina une rondeur sous la mince tunique, tandis que, la taille pliée, la gorge renversée, elle tendait les bras. Des applaudissements éclatèrent. Tout de suite, elle s’était tournée, remontant, faisant voir sa nuque où des cheveux roux mettaient comme une toison de bête ; et les applaudissements devinrent furieux.
Pour la dictée, je verrais celui-ci :
Des chuts ! énergiques partirent des galeries supérieures. L’ouverture était commencée, on entrait encore. Des retardataires forçaient des rangées entières de spectateurs à se lever, les portes des loges battaient, de grosses voix se querellaient dans les couloirs. Et le bruit des conversations ne cessait pas, pareil au piaillement d’une nuée de moineaux bavards, lorsque le jour tombe. C’était une confusion, un fouillis de têtes et de bras qui s’agitaient, les uns s’asseyant et cherchant leurs aises, les autres s’entêtant à rester debout, pour jeter un dernier coup d’œil. Le cri : « Assis ! assis ! » sortit violemment des profondeurs obscures du parterre. Un frisson avait couru : enfin on allait donc connaître cette fameuse Nana, dont Paris s’occupait depuis huit jours !
Pour la rédac', je demanderais de raconter le retour dans les loges avec un passage de dialogue dans lequel Nana raconterait à une amie ses impressions après cette première entrée sur scène.
Si mon projet vous dit, n'hésitez pas à partager vos idées !!
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- miss teriousDoyen
Pour la réécriture, je pensais leur demander de réécrire ce passage : Elle était drôle tout de même, cette belle fille. Son rire lui creusait un amour de petit trou dans le menton. Elle attendait, pas gênée, familière, entrant tout de suite de plain-pied avec le public, ayant l’air de dire elle-même d’un clignement d’yeux quelle n’avait pas de talent pour deux liards, mais que ça ne faisait rien, quelle avait autre chose. en remplaçant “cette belle fille” par “ces beaux garçons”.
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- DorindeHabitué du forum
pourquoi pas mais là il est trop tard pour moi, à demain!
- miss teriousDoyen
Merci, Dorinde, pour ta réponse. Même si tu vas te coucher, ça me rassure. Mon projet n'est pas absurde !! Parce qu'avec 75 vues et pas une seule réponse, je finissais par me le demander...
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- Mona Lisa KlaxonEsprit éclairé
Je passe mon tour parce qu'on est samedi soir et que je file sous la couette avec un polar. Mais ton idée est intéressante (tu feras gaffe, le texte présente plusieurs coquilles sur qu'elle/quelle par ex)!
- SergeMédiateur
Son rire lui creusait un amour de petit trou dans le menton.
Connaissant mon public, je pense qu'il vaut mieux éviter ce passage, j'en vois déjà deux/trois les larmes aux yeux dans un fou rire bête mais contagieux
- miss teriousDoyen
Voici, en vrac, quelques idées de questions :
Voilà ce que j'ai trouvé pour l'heure (tardive, j'avoue Dorinde). Il faut encore organisé tout ça, bien formuler, etc.
J'attends vos contributions, SVP.
- repérer les passages descriptifs
- relever les éléments qui caractérisent les "cheveux" de Nana dans le 1er § et en donner nature et fonction
- nature et fonction de "on" au début de § 2 et justifier son emploi
- dire de quelle manière le narrateur rapporte les paroles des spectateurs et indiquer le type des phrases
- décomposer l'adjectif "empoignés" et en donner le sens dans ce contexte
- dire ce que révèle la phrase : "allons-y, mon bonhomme !" sur la condition sociale du personnage et indiquer le mode verbal employé
- parler des réactions successives des spectateurs ap. première et deuxième interventions de Nana et expliquer ce qui provoque le changement
- donner les trois élements sur lesquels s'attardent les spectateurs et dire ce qui caractérise chacun (rire, voix, corps).
- "les hommes braquaient leurs jumelles" : identifier la voix de la phrase et dire quel renseignement cela fournit sur les spectateurs
- expliquer "elle avait autre chose"
- délimiter les propositions et dire comment elles sont reliées entre elles "la voix lui manqua complètement, elle comprit qu'elle n'irait jamais au bout" puis les réécrire en les coordonnant.
- "elle chantait comme une seringue" : identifier et analyser la figure de style employée.
Voilà ce que j'ai trouvé pour l'heure (tardive, j'avoue Dorinde). Il faut encore organisé tout ça, bien formuler, etc.
J'attends vos contributions, SVP.
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- DorindeHabitué du forum
Alors après lecture plus attentive du texte: je le trouve très riche et bien trop compliqué pour mon public, surtout à cette période de l'année. Cela dit en DNB maison à la fin de l'année, ça peut être intéressant.
je me penche sur la question, tu es pressée?
je me penche sur la question, tu es pressée?
- miss teriousDoyen
Non, pas pressée. S'il pouvait être fait d'ici la fin du mois, ce serait bien (DNB blanc le 15/02 dans mon etb).
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- sandGuide spirituel
Je ne sais pas si j'aurai le temps aujourd'hui de participer, avec mes rédactions. Je trouve le texte le dernier paragraphe chaud bouillant !
- sandGuide spirituel
I L'apparition de Vénus
II Un public conquis
III Le premier pas vers l'ascension sociale
Tu comptes interroger sur le discours indirect libre ?
Coquille dans le dernier paragraphe : quelle (qu'elle)
II Un public conquis
III Le premier pas vers l'ascension sociale
Tu comptes interroger sur le discours indirect libre ?
Coquille dans le dernier paragraphe : quelle (qu'elle)
- DorindeHabitué du forum
sand a écrit:Je ne sais pas si j'aurai le temps aujourd'hui de participer, avec mes rédactions. Je trouve le texte le dernier paragraphe chaud bouillant !
itou
j'aurais coupé
- sandGuide spirituel
Pas forcément ! On pourrait interroger les élèves sur la société dépravée de l'époque ! :lol:
- LMVénérable
Trop tard pour moi, le sujet a du être choisi cette semaine, DNB dans 15 jours.
Mais belle idée!
Je vais prendre le temps de lire le texte.
Mais belle idée!
Je vais prendre le temps de lire le texte.
- DorindeHabitué du forum
chez nous le brevet a déjà eu lieu d'où le fait que je suis occupée à corriger des copies...enfin je devrais plutôt qu'être sur néo!
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