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- IphigénieProphète
c'est là qu'on voit qu'on marche sur la tête. Et qu'on gaspille énergie et moyens.En latin plus qu'en français les élèves sont faibles, en général peu investis, et le programme gigantesque
Je maintiens que l'idée du "latin pour tous " est mortifère et que l'on ne fait pas faire le latin à ceux qui devraient en faire. Tant qu'on en restera là, je ne vois pas trop de solution.
- MinaNiveau 10
Bien d'accord avec toi, Iphigénie. Non seulement on démotive des élèves qui seraient peut-être plus aptes à saisir l'intérêt du latin en le commençant au lycée, mais en plus comme tu dis on gaspille l'énergie des profs. D'année en année, je suis de plus en plus dépitée, démotivée face à l'enseignement du latin. J'essaie de faire de la langue pour ne pas me transformer en animateur d'activité culturelle mais c'est de plus en plus difficile de leur demander d'apprendre par coeur les règles de grammaire, et dieu sait que je prends mon temps, que j'avance lentement pour leur laisser le temps d'assimiler. Bref... On va quand même essayer de passer un bon dimanche!iphigénie a écrit:c'est là qu'on voit qu'on marche sur la tête. Et qu'on gaspille énergie et moyens.En latin plus qu'en français les élèves sont faibles, en général peu investis, et le programme gigantesque
Je maintiens que l'idée du "latin pour tous " est mortifère et que l'on ne fait pas faire le latin à ceux qui devraient en faire. Tant qu'on en restera là, je ne vois pas trop de solution.
- IphigénieProphète
oui
Pour les programmes en lycée c'est clair: "faites ce que vous pouvez, on ne vous reprochera rien!(= oui, on sait, c'est la cata....)"- c'est dire !
Pour les programmes en lycée c'est clair: "faites ce que vous pouvez, on ne vous reprochera rien!(= oui, on sait, c'est la cata....)"- c'est dire !
- jujuEsprit éclairé
Il est vrai qu'il est incroyable de constater que bon nombre d'élèves de 3° ne savent même pas traduire une phrase, bricolent avec les mots... Ce n'est pas faute de leur expliquer la technique pourtant!
Honnêtement, sur les classes que j'ai eues, généralement, seuls 5-6 élèves ont de bons réflexes face aux versions, guère plus...
Honnêtement, sur les classes que j'ai eues, généralement, seuls 5-6 élèves ont de bons réflexes face aux versions, guère plus...
- ProvenceEnchanteur
juju a écrit:Il est vrai qu'il est incroyable de constater que bon nombre d'élèves de 3° ne savent même pas traduire une phrase, bricolent avec les mots... Ce n'est pas faute de leur expliquer la technique pourtant!
Honnêtement, sur les classes que j'ai eues, généralement, seuls 5-6 élèves ont de bons réflexes face aux versions, guère plus...
C'est peut-être aussi un problème de méthode imposée par les Instructions Officielles et les manuels actuels. Pour traduire, il faut s'entraîner beaucoup et régulièrement sur des textes d'un niveau accessible aux élèves (donc pas de textes d'auteurs). On peut expliquer tout ce qu'on veut, sans entraînement, ça ne sert pas à grand chose.
- jujuEsprit éclairé
Tout à fait d'accord avec toi Provence. Les textes proposés découragent trop vite les élèves qui pourraient mieux découvrir et s'exercer avec des phrases plus simples.
- IphigénieProphète
le problème du latin c'est déjà le problème des méthodes du français ( et du désastre de la grammaire dans beaucoup d'endroits) ensuite effectivement il y a eu la volonté d"innover" avec les textes authentiques.....
- ProvenceEnchanteur
juju a écrit:Tout à fait d'accord avec toi Provence. Les textes proposés découragent trop vite les élèves qui pourraient mieux découvrir et s'exercer avec des phrases plus simples.
C'est la raison pour laquelle je ne m'appuie pas sur des textes d'auteurs, du moins pas avant la 3e (et encore..). Et ça marche! Ça rassure les élèves un peu moyens mais sérieux, ça donne de bons automatismes à l'ensemble, ça leur fait réviser correctement le français. On a toujours quelques irréductibles qui font n’importe quoi, mais, dans mes classes, c'est une minorité.
- jujuEsprit éclairé
Je donne moi aussi des textes plus simples, le résultat est plus encourageant pour moi, davantage valorisant pour eux. Et on avance!
- KalliopéNiveau 8
Mais ces textes plus simples qui ne sont pas des textes authentiques, vous les trouvez où? Dans de vieux manuels? Et dans ce cas, vous arrivez tout de même à traiter les thèmes au programme? Si oui, pourriez-vous nous donner les références des manuels que vous utilisez? Merci!
- ProvenceEnchanteur
Kalliopé a écrit:Mais ces textes plus simples qui ne sont pas des textes authentiques, vous les trouvez où? Dans de vieux manuels? Et dans ce cas, vous arrivez tout de même à traiter les thèmes au programme? Si oui, pourriez-vous nous donner les références des manuels que vous utilisez? Merci!
J'utilise essentiellement Invitation au latin (4e-3e), très clair et progressif, parfois Salvete.
Je ne travaille pas en séquences, ce qui ne pose aucun problème pour aborder les thèmes de civilisation au programme.
On le trouve d'occasion, de même que le manuel de 3e, ici par exemple:
http://www.priceminister.com/offer/buy/313578/Gason-Jacques-Invitation-Au-Latin-4eme---D-enee-A-Cesar-Livre.html
http://www.priceminister.com/offer/buy/2066283/Cousteix-Jean-Salvete-Livre.html
Il s'agit des éditions d'autrefois, quand on débutait le latin en 4e.
- Peyrard Jean-PierreNiveau 2
A propos des langues anciennes.
Je ne sais si ces quelques réflexions vous aideront à gérer la situation très difficile dans laquelle se trouve cet enseignement.
J’ai pu enseigner le latin et le grec, à une époque (non, non, tout de même un peu après le Moyen-Âge) où les terminales S (on disait C, alors) pouvaient disposer de trois heures pour les langues anciennes.
Pour alimenter les secondes, j’allais dans les classes de troisième des collèges et je tentais de convaincre ceux qui avaient commencé en 4ème de continuer, les autres de s’inscrire en « grands commençants ».
En même temps, j’étais engagé dans une association pour la défense des langues anciennes et dans la coordination nationale qui regroupait toutes les associations académiques. Nous étions en plein accord avec Jean-Pierre Vernant.
Combat difficile pour des raisons multiples qu’il serait long d’expliciter ici. Les stratégies proposées variaient selon qu’on mettait plus l’accent sur l’apprentissage de la langue, de la civilisation…
Ce qui a le mieux fonctionné dans mon enseignement du latin et du grec – je vais à l’essentiel – c’est la « lecture » : je traduisais (j’ai toujours été partisan du « cours magistral », en langues anciennes comme en littérature française... mais c’est un autre débat), répondais à toutes les questions de compréhension jusqu’à ce que les élèves arrivent à « lire » sans avoir recours au dictionnaire. Comme je l’indique dans un autre forum à propos de ce qu’on appelle la récitation, je demandais aux élèves de produire une lecture ou une récitation des textes qu’on avait étudiés en classe, sans reproduire la traduction qui avait été faite préalablement. Evidemment, la difficulté et la longueur des textes étaient variables selon les classes et les niveaux.
J’ai souvent constaté que les élèves étaient intéressés par cette démarche et qu’ils parvenaient à… (asseyez-vous, c’est plus prudent) éprouver du plaisir.
Cette démarche s’appuyait sur le constat évident (mais il faut parfois le refaire pour s’en convaincre) que je n’étais pas là pour former des spécialistes, mais enrichir une culture.
J’ai encore le souvenir d’un élève de terminale littéraire qui a obtenu 18/20 en grec à une épreuve d’oral (ce n’était pas une option mais une épreuve obligatoire). Le collègue qui l’avait interrogé m’a dit après coup qu’il avait failli ne pas lui demander de traduction du passage (Apologie de Socrate) tant la lecture indiquait qu’il avait compris.
Bien sûr, il y a en amont des étapes à franchir, pour l’apprentissage de la morphologie et de la syntaxe. Mais là aussi – comme pour l’enseignement de la grammaire française, voir un autre forum – il n’est pas inutile de reconsidérer la manière dont on nous a enseignés et le contenu de l’enseignement que nous avons reçu.
Quoi qu’il en soit, l’importance de l’apprentissage des langues anciennes n’est pas perçu comme une priorité d’enseignement et il est difficile de convaincre les élèves qui sont plus préoccupés par ce qui est directement « rentable ». Bon courage.
Jean-Pierre Peyrard
Je ne sais si ces quelques réflexions vous aideront à gérer la situation très difficile dans laquelle se trouve cet enseignement.
J’ai pu enseigner le latin et le grec, à une époque (non, non, tout de même un peu après le Moyen-Âge) où les terminales S (on disait C, alors) pouvaient disposer de trois heures pour les langues anciennes.
Pour alimenter les secondes, j’allais dans les classes de troisième des collèges et je tentais de convaincre ceux qui avaient commencé en 4ème de continuer, les autres de s’inscrire en « grands commençants ».
En même temps, j’étais engagé dans une association pour la défense des langues anciennes et dans la coordination nationale qui regroupait toutes les associations académiques. Nous étions en plein accord avec Jean-Pierre Vernant.
Combat difficile pour des raisons multiples qu’il serait long d’expliciter ici. Les stratégies proposées variaient selon qu’on mettait plus l’accent sur l’apprentissage de la langue, de la civilisation…
Ce qui a le mieux fonctionné dans mon enseignement du latin et du grec – je vais à l’essentiel – c’est la « lecture » : je traduisais (j’ai toujours été partisan du « cours magistral », en langues anciennes comme en littérature française... mais c’est un autre débat), répondais à toutes les questions de compréhension jusqu’à ce que les élèves arrivent à « lire » sans avoir recours au dictionnaire. Comme je l’indique dans un autre forum à propos de ce qu’on appelle la récitation, je demandais aux élèves de produire une lecture ou une récitation des textes qu’on avait étudiés en classe, sans reproduire la traduction qui avait été faite préalablement. Evidemment, la difficulté et la longueur des textes étaient variables selon les classes et les niveaux.
J’ai souvent constaté que les élèves étaient intéressés par cette démarche et qu’ils parvenaient à… (asseyez-vous, c’est plus prudent) éprouver du plaisir.
Cette démarche s’appuyait sur le constat évident (mais il faut parfois le refaire pour s’en convaincre) que je n’étais pas là pour former des spécialistes, mais enrichir une culture.
J’ai encore le souvenir d’un élève de terminale littéraire qui a obtenu 18/20 en grec à une épreuve d’oral (ce n’était pas une option mais une épreuve obligatoire). Le collègue qui l’avait interrogé m’a dit après coup qu’il avait failli ne pas lui demander de traduction du passage (Apologie de Socrate) tant la lecture indiquait qu’il avait compris.
Bien sûr, il y a en amont des étapes à franchir, pour l’apprentissage de la morphologie et de la syntaxe. Mais là aussi – comme pour l’enseignement de la grammaire française, voir un autre forum – il n’est pas inutile de reconsidérer la manière dont on nous a enseignés et le contenu de l’enseignement que nous avons reçu.
Quoi qu’il en soit, l’importance de l’apprentissage des langues anciennes n’est pas perçu comme une priorité d’enseignement et il est difficile de convaincre les élèves qui sont plus préoccupés par ce qui est directement « rentable ». Bon courage.
Jean-Pierre Peyrard
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