Aider des dyslexiques qui ne veulent pas l'être.

J'ai, dans une classe de 6ème, des jumeaux souffrant d'une dyslexie assez prononcée. Je commence à avoir l'habitude de travailler avec ce genre d'élèves à besoins particuliers mais là, je me heurte à un problème nouveau: ils ne semblent pas avoir conscience de leurs difficultés et vivre très mal leur "différence". Ainsi, ils refusent systématiquement mon aide et me disent toujours avoir compris et réussi à faire la tâche demandée. Mais quand je ramasse le cahier ou la copie, c'est une catastrophe et je ne sais par quel bout commencer.

2 exemples précis :
- Avant les vacances, les élèves ont fait une dictée. Pour les 3 élèves dyslexiques de cette classe, j'avais préparé un travail un peu particulier à partir du même texte (un mixte de dictée à trous et de dictée à choix multiples) Eh bien l'un des jumeaux a refusé ce travail, préférant faire la dictée classique (l'autre a accepté mais j'ai dû batailler.)
Evidemment, la copie du jumeau réfractaire était criblée de fautes et je me suis trouvée bien embêtée au moment de la noter.

-Le problème s'est à nouveau posé au moment de faire une rédaction. Ces 2 élèves ne bénéficient pas encore de l'aide d'une AVS et de toute façon, ils refusent l'un et l'autre d'en avoir une. Pendant qu'il rédigeait, je me suis assise à côté du 1er frère et j'ai voulu l'aider à reprendre son texte : il s'est muré dans le silence, a refusé de me regarder et de reprendre ses phrases. Quand j'ai vu que ses yeux s'embuaient de larmes, je me suis contentée de noter dans un coin de la feuille les changements à faire (et qu'il n'a quasiment pas faits, bien sûr). L'autre jumeau, lui, a refusé de me tendre sa feuille prétextant avoir déjà fini.

Avec d'autres élèves, j'aurais sans doute été plus ferme mais là, comment réagir? J'ai déjà rencontré leur mère : elle est très à l'écoute de ses enfants et ne tient pas à leur imposer des aides particulières dont ils ne veulent pas. D'accord mais on fait comment alors?

Et là, je me retrouve devant 2 copies qui ne respectent pas les consignes de travail, pourtant précises, et je ne sais pas comment noter ce travail. Que me conseillez-vous? J'applique le même barème? (sachant que les élèves, pour améliorer leur brouillon, ont eu une grille d'évaluation qui précisait ce barème.)

merci d'avance pour vos réponses

Que s'était-il passé au primaire pour ces élèves ?

oceanovox a écrit: Que me conseillez-vous? J'applique le même barème?

Oui. Tu as proposé de l'aide ; elle est refusée par la famille (au sens large). Tu les notes donc normalement.

Celeborn a écrit:

oceanovox a écrit: Que me conseillez-vous? J'applique le même barème?

Oui. Tu as proposé de l'aide ; elle est refusée par la famille (au sens large). Tu les notes donc normalement.

Pareil. Tu as tenté de les aider souvent, ils ne veulent pas même en constatant leurs mauvaises notes, tu les notes donc comme les autres.

Quand eux et leur mère seront moins dans le déni, la situation évoluera d'elle-même. En attendant tu as été consciencieuse, tu n'as rien à te reprocher.

Clarinette a écrit:Que s'était-il passé au primaire pour ces élèves ?

Si je m'en tiens à la version de la maman, c'est l'institutrice qui a braqué ses enfants, refusé de prendre en compte leurs difficultés etc. Mais pour certains parents, c'est systématiquement la faute du prof.
Comment savoir le faux du vrai?

oceanovox a écrit:

Clarinette a écrit:Que s'était-il passé au primaire pour ces élèves ?

Si je m'en tiens à la version de la maman, c'est l'institutrice qui a braqué ses enfants, refusé de prendre en compte leurs difficultés etc. Mais pour certains parents, c'est systématiquement la faute du prof.
Comment savoir le faux du vrai?

Son discours n'est pas crédible : si elle regrettait réeellement l'absence de prise en charge au primaire, elle devrait être ravie que tu t'investisses et essaies d'aider ses enfants. Et elle tiendrait à ses enfants un discours positif sur l'aide que tu apportes, qui faciliterait ton travail auprès d'eux.

Je les noterais normalement et c'est tout autant se consacrer à des enfants plus volontaires et pour lesquels l'aide apportée sera efficace.

malheureusement, on ne peut pas aider ceux qui ne veulent pas l'être... Les jumeaux peuvent aussi être encore dans une phase de cryptophasie (ils se comprennent entre eux et ne voient pas leurs difficultés). Je pense que c'est un problème beaucoup plus large qui te dépasse complètement (aide d'un pédopsychiatre ?). La mère semble effectivement dans le déni. Par ailleurs, pourquoi sont-ils encore dans la même classe ? En sixième, il est plus que temps de les dégémelliser ; si ce n'était pas possible en primaire, ce doit l'être dans ton collège, non ?
Donc, tout ça pour dire que tu as fait ton travail ; tu peux reconvoquer la mère encore une fois pour lui parler de tout ça ; mais après, tu notes normalement et voilà tout.

oceanovox a écrit:

Clarinette a écrit:Que s'était-il passé au primaire pour ces élèves ?

Si je m'en tiens à la version de la maman, c'est l'institutrice qui a braqué ses enfants, refusé de prendre en compte leurs difficultés etc. Mais pour certains parents, c'est systématiquement la faute du prof.
Comment savoir le faux du vrai?

Je crois qu'il ne faut même pas se poser cette question.

Peu importe au fond, on fait avec les élèves qui nous arrivent, avec leurs difficultés ou leurs lacunes.
Le tout c'est de savoir ce qu'ils sont prêts à faire pour s'en sortir, puisque tu proposes une aide. S'ils sont partants seulement, on peut alors réfléchir à ce qu'on peut leur proposer plus concrètement.
Mais se contenter de leur part de refuser l'aide et de vouloir trouver un coupable, c'est juste vouloir se dédouaner et se trouver une excuse pour ne rien faire, dans un pseudo fatalisme bien commode.

J'ai eu à plusieurs reprises des refus d'aide, conscients ou inconscients. Ici la situation est encore plus flagrante avec des jumeaux, qu'il vaut mieux séparer comme l'écrit eponine.
Tu as fait ton travail, ce n'est pas à toi de porter la responsabilité et je dirais même la culpabilité.