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enseigner...c'était mieux avant? ou pas?
- InvitéMAFidèle du forum
Un petit sondage s'adressant aux professeurs très expérimentés. On entend souvent que "c'était mieux avant"... Vous qui avez de l'expérience, vous confirmez ou vous infirmez?
Et pour ceux qui confirment: qu'est-ce qui était mieux avant.? et avant quoi?
Et pour ceux qui confirment: qu'est-ce qui était mieux avant.? et avant quoi?
- derouteÉrudit
Je n'ai connu que le "aujourd'hui". Et quand j'entends certaines personnes dire "c'est votre faute c'est à cause de mais 68" , je (je suis née en 87 )
- InvitéMAFidèle du forum
deroute a écrit:Je n'ai connu que le "aujourd'hui". Et quand j'entends certaines personnes dire "c'est votre faute c'est à cause de mais 68" , je (je suis née en 87 )
Hihi!
Je suis également toute jeune dans la profession
- roxanneOracle
Ca fait une quinzaine d'années que j'enseigne, mais j'ai commencé comme vacataire puis contractuelle en lycée agricole puis en lp avec les classes qui restaient, puis après 9 ans de tzriat divers et variés ..donc objectivement mes conditions de travail sont meilleures aujourd'hui, en poste fixe dans un collège correct...mais depuis quemqsues années, ça se dégrade, pas forcément les élèves mais tout le reste autour : le socle, les activités diverses et variées qu'on nous demande de faire, moins de solidarité entre collègues..
- JaneMonarque
ça fait 14 ans que j'enseigne; mes conditions se sont améliorées également. Pourtant, j'ai l'impression de travailler de plus en plus, en raison de la réunionite et des activités annexes qu'on nous impose (tout comme Roxanne). Pour les élèves, ça s'est amélioré (puisque je suis dans un collège très favorisé), même si je déplore la diminution des horaires et des programmes pas forcément adaptés.
- User5899Demi-dieu
J'ai commencé en 88. Comme stagiaire d'agreg à Marseille, j'ai eu une seconde de 43 élèves... C'est mieux aujourd'hui :lol:
Bon, les élèves, étaient-ils mieux, avant ? Différents. Plus ouverts sur l'actualité en général, plus sensibles à l'argumentation pour défendre une façon de voir, plus "scolaires", au sens où ils me semblaient accorder de l'importance à l'école. Sinon, aussi fainéants qu'aujourd'hui, et que je l'étais avant eux En revanche, beaucoup moins distraits par vingt mille sollicitations numériques...
Le métier ? Mille fois mieux. Un seul collègue au maximum qui bidouillait des projets parce qu'il ne voulait rien f..., tout le monde le savait, c'était la quiche, quoi. Les autres, nous n'avions pas l’impression d'être des bêtes curieuses en faisant cours. Parents nettement moins arrogants (ce qui ne veut pas dire moins ch...). CdE et inspecteurs souvent personnes cultivées, posées, ne chercha,t pas l’esbroufe pour se faire bien voir. Pas de réunions autres que conseils de classe plus une avec les parents de seconde...
Et surtout, pendant longtemps, je n'ai pas eu l'impression de devoir réinventer le feu et la roue tous les matins avec les mêmes classes...
Bon, les élèves, étaient-ils mieux, avant ? Différents. Plus ouverts sur l'actualité en général, plus sensibles à l'argumentation pour défendre une façon de voir, plus "scolaires", au sens où ils me semblaient accorder de l'importance à l'école. Sinon, aussi fainéants qu'aujourd'hui, et que je l'étais avant eux En revanche, beaucoup moins distraits par vingt mille sollicitations numériques...
Le métier ? Mille fois mieux. Un seul collègue au maximum qui bidouillait des projets parce qu'il ne voulait rien f..., tout le monde le savait, c'était la quiche, quoi. Les autres, nous n'avions pas l’impression d'être des bêtes curieuses en faisant cours. Parents nettement moins arrogants (ce qui ne veut pas dire moins ch...). CdE et inspecteurs souvent personnes cultivées, posées, ne chercha,t pas l’esbroufe pour se faire bien voir. Pas de réunions autres que conseils de classe plus une avec les parents de seconde...
Et surtout, pendant longtemps, je n'ai pas eu l'impression de devoir réinventer le feu et la roue tous les matins avec les mêmes classes...
- NestyaEsprit sacré
Je n'ai pas beaucoup de recul puisque je suis dans ma 8ème année mais je trouve que, dans mon collège, c'est beaucoup plus difficile depuis 3 ans: Avant j'adorais avoir des 6e. Les élèves étaient de vrais bisounours qui se mettaient à pleurer dès qu'on élevait un peu la voix. C'est terminé tout ça: maintenant, il répondent, vous rient au nez, se moquent de vous, refusent la sanction...
_________________
"Attendre et espérer."
Alexandre Dumas
- henrietteMédiateur
C'est ma 19e rentrée. Je suis enfin dans un super collège, d'un bon niveau, avec une super administration qui soutient les profs et n'hésite pas à prendre les sanctions nécessaires.
J'ai l'impression du coup de retrouver les conditions de travail que j'ai connues en début de carrière, après avoir vu une érosion progressive du degré d'exigence et une acceptation passive de tout un tas de choses de la part des élèves.
Et quand je reprends les cours que je faisais en début de carrière (au début des années 90) en 5e par exemple, j'hallucine d'avoir pu faire des dictées pareilles, des leçons de grammaire aussi poussées, dans un collège tout à fait bof, avec un niveau qui à l'époque me semblait tout à fait moyen, voire médiocre.
Mais ce qui me paraît le plus révélateur, ce sont les sanctions que l'on pouvait prendre alors pour la moindre incivilité. Quand on voit à présent des CDE refuser de faire la moindre vague alors qu'un collègue a été agressé verbalement ou physiquement même.
Et le fait aussi que les élèves étaient gênés globalement quand ils n'avaient pas fait leur boulot et inventaient des mensonges plus ou moins crédibles pour se couvrir, preuve à mon sens qu'ils avaient donc conscience que ce n'était pas acceptable en soi de ne pas travailler. Maintenant, je suis sidérée par le nombre d'élèves qui disent tout simplement que non, ils n'ont pas fait leur travail, sans même se chercher d'excuse, comme si, finalement, c'était acceptable de ne pas travailler.
Enfin, je constate aussi avec effarement année après année la progression de tous les cas de "dys" : en début de carrière, je n'en avais pas, ou très peu. Et globalement, l'hétérogénéité des classes me semble plus importante, je veux dire que l'écart entre les très bons et les très mauvais élèves me semble atteindre vraiment les antipodes, dans des classes aux effectifs qui sont de plus en plus chargés.
Maintenant, c'est peut-être l'âge qui fait ça : on idéalise le passé ? Mais tout de même, le coup de reprendre mes anciens cours pour réaliser le degré d'exigence que j'avais alors m'a fichu un sacré coup.
J'édite : même sentiment sur les réactions des élèves fasse aux sanctions que Nestya
J'ai l'impression du coup de retrouver les conditions de travail que j'ai connues en début de carrière, après avoir vu une érosion progressive du degré d'exigence et une acceptation passive de tout un tas de choses de la part des élèves.
Et quand je reprends les cours que je faisais en début de carrière (au début des années 90) en 5e par exemple, j'hallucine d'avoir pu faire des dictées pareilles, des leçons de grammaire aussi poussées, dans un collège tout à fait bof, avec un niveau qui à l'époque me semblait tout à fait moyen, voire médiocre.
Mais ce qui me paraît le plus révélateur, ce sont les sanctions que l'on pouvait prendre alors pour la moindre incivilité. Quand on voit à présent des CDE refuser de faire la moindre vague alors qu'un collègue a été agressé verbalement ou physiquement même.
Et le fait aussi que les élèves étaient gênés globalement quand ils n'avaient pas fait leur boulot et inventaient des mensonges plus ou moins crédibles pour se couvrir, preuve à mon sens qu'ils avaient donc conscience que ce n'était pas acceptable en soi de ne pas travailler. Maintenant, je suis sidérée par le nombre d'élèves qui disent tout simplement que non, ils n'ont pas fait leur travail, sans même se chercher d'excuse, comme si, finalement, c'était acceptable de ne pas travailler.
Enfin, je constate aussi avec effarement année après année la progression de tous les cas de "dys" : en début de carrière, je n'en avais pas, ou très peu. Et globalement, l'hétérogénéité des classes me semble plus importante, je veux dire que l'écart entre les très bons et les très mauvais élèves me semble atteindre vraiment les antipodes, dans des classes aux effectifs qui sont de plus en plus chargés.
Maintenant, c'est peut-être l'âge qui fait ça : on idéalise le passé ? Mais tout de même, le coup de reprendre mes anciens cours pour réaliser le degré d'exigence que j'avais alors m'a fichu un sacré coup.
J'édite : même sentiment sur les réactions des élèves fasse aux sanctions que Nestya
- frecheGrand sage
J'enseigne depuis 94, dans le même bahut calme. C'est ni mieux ni pire, je trouve, si ce ne sont les réunions qui se multiplient.
On a souvent l'impression que c'est pire parce qu'on oublie le pire. J'en ai eu la confirmation avec un collègue qui est arrivé un an avant moi et qui disait il y a peu que ça dégénérait. Je lui ai rappelé les deux loustics exclus de tous les bahuts du coin qu'on appelait les sumos, eu égard à leur gabarit. Ils menaçaient les autres élèves, étaient insupportables. Bref. C'était il y a 12 ans. Il les avait oubliés. Et il y a eu d'autres cas comme ça.
Au niveau du travail, ça ne change pas. Les programmes sont plus simples parfois, plus compliqués pour certaines notions.
Mon pire souvenir est en tant qu'élève, dans un bahut privé standard d'une petite ville bretonne. C'était l'horreur au niveau discipline (en 5e, après j'ai fait allemand grec), on n'avait pas beaucoup de travail à faire et les résultats étaient moyens. Là où je suis maintenant, l'exigence est plus grande je trouve.
J'édite pour ajouter qu'on a eu une période difficile, à cause de chefs qui ne prenaient pas de sanction et qui ne nous soutenaient pas, mais que maintenant ça va mieux.
On a souvent l'impression que c'est pire parce qu'on oublie le pire. J'en ai eu la confirmation avec un collègue qui est arrivé un an avant moi et qui disait il y a peu que ça dégénérait. Je lui ai rappelé les deux loustics exclus de tous les bahuts du coin qu'on appelait les sumos, eu égard à leur gabarit. Ils menaçaient les autres élèves, étaient insupportables. Bref. C'était il y a 12 ans. Il les avait oubliés. Et il y a eu d'autres cas comme ça.
Au niveau du travail, ça ne change pas. Les programmes sont plus simples parfois, plus compliqués pour certaines notions.
Mon pire souvenir est en tant qu'élève, dans un bahut privé standard d'une petite ville bretonne. C'était l'horreur au niveau discipline (en 5e, après j'ai fait allemand grec), on n'avait pas beaucoup de travail à faire et les résultats étaient moyens. Là où je suis maintenant, l'exigence est plus grande je trouve.
J'édite pour ajouter qu'on a eu une période difficile, à cause de chefs qui ne prenaient pas de sanction et qui ne nous soutenaient pas, mais que maintenant ça va mieux.
- victor44Habitué du forum
J'en suis à ma vingtième année et je ne trouve pas que ça ait beaucoup changé du point de vue élève. Je suis resté en ZEP même si j'ai pas mal bougé. Globalement c'est mieux maintenant, je suis dans un bahut où l'ambiance est très bonne et ou plein de projets se montent mais c'est lié au CDE, c'est souvent là que ça peche quand ça devient très dur dans les classes.
- sandGuide spirituel
Je suis prof depuis 20 ans : stagiaire dans un collège assez rude, TZR pas trop malmenée pendant 4 ans puis poste fixe. Je suis depuis 15 ans dans le même collège, et honnêtement, les conditions de travail se sont dégradées malgré des CDE de plus en plus solides. Et que dire du niveau des élèves...
- bellaciaoFidèle du forum
J'enseigne depuis quinze ans et je ne dirais pas que cela a tant changé (sinon les horaires plancher avec lesquels on rame, 4 h en 4e par exemple). Je note toutefois la diminution de la capacité de concentration des élèves sur la journée : je me souviens très nettement qu'il y a cinq ans environ, je trouvais la dernière heure de cours de l'après-midi difficile ; maintenant, ils sont agités dès la première heure après manger (ils ne digèrent même pas en silence !), font du bruit dans les couloirs.
- CathEnchanteur
20 ans d'enseignement dans plusieurs LP de régions différentes et toujours en poste fixe.
Comme l'a dit Henriette je crois, le détachement des élèves vis à vis de leur travail s'est dramatiquement accentué: ils trouvent normal de ne rien faire, de passer en classe supérieure et d'avoir leurs examens.
Avec la suppression des redoublements, mes élèves ont rajeuni: j'avais de jeunes adultes, jusqu'à 22/23 ans, dont certains vivaient en couple, aujourd'hui j'ai des mioches braillards et irrespectueux. Certains de mes élèves lisaient Le Monde ou achetaient les livres dont nous étudiions des extraits en cours. Pas la majorité, loin de là, mais au moins, on avait l"impression de bosser pour quelque chose et pour quelqu'un.
Et, croyez-moi, il y a une vingtaine d'année, le sujet de français au bac pro était le commentaire composé d'un extrait de Madame Bovary...
Comme l'a dit Henriette je crois, le détachement des élèves vis à vis de leur travail s'est dramatiquement accentué: ils trouvent normal de ne rien faire, de passer en classe supérieure et d'avoir leurs examens.
Avec la suppression des redoublements, mes élèves ont rajeuni: j'avais de jeunes adultes, jusqu'à 22/23 ans, dont certains vivaient en couple, aujourd'hui j'ai des mioches braillards et irrespectueux. Certains de mes élèves lisaient Le Monde ou achetaient les livres dont nous étudiions des extraits en cours. Pas la majorité, loin de là, mais au moins, on avait l"impression de bosser pour quelque chose et pour quelqu'un.
Et, croyez-moi, il y a une vingtaine d'année, le sujet de français au bac pro était le commentaire composé d'un extrait de Madame Bovary...
- ArtémisHabitué du forum
Prof depuis seulement 8 ans, je dois dire que depuis 2 ans, avec le socle au collège et la réforme au lycée, c'est vraiment la m**** ! J'ai enfin un poste fixe, et je n'ai jamais été aussi inquiète que cette année, notamment avec toutes les suppressions visant à faire des économies...
Après, pour ce qui est des élèves, je n'ai pas assez de recul.
Après, pour ce qui est des élèves, je n'ai pas assez de recul.
- V.MarchaisEmpereur
J'enseigne depuis 15 ans. Les changements que j'ai observés :
- élèves ni plus ni moins paresseux en soi mais de moins en moins encouragés au travail par leur famille (voir contestation du travail par les familles) ;
- maîtrise de la langue de plus en plus hasardeuse ;
- les élèves ne sont pas forcément plus durs, mais les cde, briefés pour éviter les conseils de disc et autres remous, sont beaucoup plus mous, dans l'ensemble. L'un dans l'autre, il devient plus difficile de faire respecter les règles élémentaires de courtoisie.
- notre charge de travail s'accroît sans cesse pour du vent (réunions, projets obligatoires...)
Bref, on peut pas dire que ça s'arrange.
- élèves ni plus ni moins paresseux en soi mais de moins en moins encouragés au travail par leur famille (voir contestation du travail par les familles) ;
- maîtrise de la langue de plus en plus hasardeuse ;
- les élèves ne sont pas forcément plus durs, mais les cde, briefés pour éviter les conseils de disc et autres remous, sont beaucoup plus mous, dans l'ensemble. L'un dans l'autre, il devient plus difficile de faire respecter les règles élémentaires de courtoisie.
- notre charge de travail s'accroît sans cesse pour du vent (réunions, projets obligatoires...)
Bref, on peut pas dire que ça s'arrange.
- Thalia de GMédiateur
J'observe les mêmes phénomènes que toi. Plus particulièrement ces toutes dernières années.V.Marchais a écrit:J'enseigne depuis 15 ans. Les changements que j'ai observés :
- élèves ni plus ni moins paresseux en soi mais de moins en moins encouragés au travail par leur famille (voir contestation du travail par les familles) ;
- maîtrise de la langue de plus en plus hasardeuse ;
- les élèves ne sont pas forcément plus durs, mais les cde, briefés pour éviter les conseils de disc et autres remous, sont beaucoup plus mous, dans l'ensemble. L'un dans l'autre, il devient plus difficile de faire respecter les règles élémentaires de courtoisie.
- notre charge de travail s'accroît sans cesse pour du vent (réunions, projets obligatoires...)
Bref, on peut pas dire que ça s'arrange.
(et puis objectivement, je vieillis, j'ai moins la patience de supporter)
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- MarieLNeoprof expérimenté
Peut-être qu'on enjolive le passé, oui. Mais tout de même, il me semble que tout est plus difficile : les conditions de travail, les élèves et leur insolence "naturelle", le bruit permanent, la diminution des horaires, la disparition des groupes, la (dé)multiplication des réunions, le regard extérieur, les pressions pour "participer à la vie de l'établissement", et surtout la maîtrise de la langue : la syntaxe approximative et l'orthographe inexistante, c'est ce que je supporte le plus difficilement.
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Je suis ce que je suis et je suis l'être même, je suis ma volonté en moi-même exaucée - A. Kalda
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
J'enseigne depuis 1977 (agreg en 76).
On m'a envoyée dans un bled pourri en Vendée, genre Yonville l'Abbaye, d'où il m'a fallu 21 ans pour décoller, en sautant dans le dernier wagon du dernier mouvement national (merci Allègre )
MAIS j'étais affectée en lycée, avec du français, du latin et du grec.
Mes élèves étaient extrêmement faibles ; fils de paysans, de marins-pêcheurs, de conchyliculteurs, de prolos (quelques enfants de fonctionnaires attachés à l'école laïque) : tous les enfants des classes moyennes-supérieures étaient scolarisés dans le privé confessionnel. Il y avait des problèmes d'alcoolisme terrible, et parfois des incestes (liés à l'alcoolisme le plus souvent, d'ailleurs).
MAIS ces petits lycéens étaient gentils et travailleurs.
Il fallait se battre pour les "sortir", les emmener au théâtre, au cinéma, au concert. Tout était très compliqué à organiser, et les difficultés économiques des familles n'arrangeaient rien. Une année, prise d'hybris, j'ai décidé d'emmener mes latinistes en Italie. Ce fut long à mettre en place, j'ai sonné à toutes les portes, démarché x mécènes, harcelé tout ce qui pouvait nous donner quatre ronds pour phynancer le voyage : ce fut éreintant.
MAIS quand à Rome, sur la via sacra, Linette M., la pire latiniste que j'aie jamais eue à instruire, m'a dit les yeux brillants "Madame, quand je pense que là où je marche Jules César a marché, c'est génial", je me suis dit que ça valait la peine de s'être escagassée pour elle et pour sa classe : ils n'étaient pas blasés.
J'ai failli me faire agresser une fois, au jardin public de Yonville, par trois de mes élèves, très ivres. Je m'en suis tirée comme j'ai pu, et parce qu'une de leurs camarades, peut-être un peu moins cuite, est intervenue. En 21 ans, c'est quand même peu de chose.
En revanche, ils m'ont offert des fleurs, des fruits, du pineau maison, des confitures, et même, une fois, un panier de laitues...
Alors oui, si l'on excepte l'affectation pourrite, c'était, globalement, plus sympa AVANT.
On m'a envoyée dans un bled pourri en Vendée, genre Yonville l'Abbaye, d'où il m'a fallu 21 ans pour décoller, en sautant dans le dernier wagon du dernier mouvement national (merci Allègre )
MAIS j'étais affectée en lycée, avec du français, du latin et du grec.
Mes élèves étaient extrêmement faibles ; fils de paysans, de marins-pêcheurs, de conchyliculteurs, de prolos (quelques enfants de fonctionnaires attachés à l'école laïque) : tous les enfants des classes moyennes-supérieures étaient scolarisés dans le privé confessionnel. Il y avait des problèmes d'alcoolisme terrible, et parfois des incestes (liés à l'alcoolisme le plus souvent, d'ailleurs).
MAIS ces petits lycéens étaient gentils et travailleurs.
Il fallait se battre pour les "sortir", les emmener au théâtre, au cinéma, au concert. Tout était très compliqué à organiser, et les difficultés économiques des familles n'arrangeaient rien. Une année, prise d'hybris, j'ai décidé d'emmener mes latinistes en Italie. Ce fut long à mettre en place, j'ai sonné à toutes les portes, démarché x mécènes, harcelé tout ce qui pouvait nous donner quatre ronds pour phynancer le voyage : ce fut éreintant.
MAIS quand à Rome, sur la via sacra, Linette M., la pire latiniste que j'aie jamais eue à instruire, m'a dit les yeux brillants "Madame, quand je pense que là où je marche Jules César a marché, c'est génial", je me suis dit que ça valait la peine de s'être escagassée pour elle et pour sa classe : ils n'étaient pas blasés.
J'ai failli me faire agresser une fois, au jardin public de Yonville, par trois de mes élèves, très ivres. Je m'en suis tirée comme j'ai pu, et parce qu'une de leurs camarades, peut-être un peu moins cuite, est intervenue. En 21 ans, c'est quand même peu de chose.
En revanche, ils m'ont offert des fleurs, des fruits, du pineau maison, des confitures, et même, une fois, un panier de laitues...
Alors oui, si l'on excepte l'affectation pourrite, c'était, globalement, plus sympa AVANT.
- loup des steppesNeoprof expérimenté
Je ne compte plus les années d'enseignement,.. bon j'ai travaillé à mi-temps à une certaine époque et j'ai beaucoup "voyagé", connu pas mal d'expériences différentes plus ou moins réussies et enrichissantes mais depuis 10 ans je vois une réelle dégradation:
- des conditions de travail qui empirent (de plus en plus de tâches inutiles et chronophages, et avec les diminutions d'horaire en LV, de plus en plus de classes , donc plus de travail préparation/correction)
-du niveau des élèves (de moins en moins "cultivés", ce dont ils se foutent, de plus en plus paresseux -pourquoi travailler puisque de toute façon, ils "passent", et donc là encore plus de temps passé sur les copies cousues d'horreurs et de + en + de temps passé à faire des préparations pour les séduire tout en les motivant)
-des CDE de moins en moins humains, pas toujours à la hauteur de leur fonction mais toujours soumis aux diktats de leur hiérarchie, donc souvent intolérants et limite désagréables avec leur staff...
-une atmosphère dégradée entre collègues aussi depuis qu'il faut "se battre" pour défendre sa matière, quelque part.
-Et puis, et c'est le plus grave, des réformes qui ne laissent rien espérer de mieux au contraire... et ça me démotive un maximum de devoir me plier à des trucs auxquels je ne crois pas.
nb: J'aime toujours les élèves, même s'ils ne sont plus comme ils ont pu être... mais le métier... ais-je jamais vraiment eu envie d'être prof ????
- des conditions de travail qui empirent (de plus en plus de tâches inutiles et chronophages, et avec les diminutions d'horaire en LV, de plus en plus de classes , donc plus de travail préparation/correction)
-du niveau des élèves (de moins en moins "cultivés", ce dont ils se foutent, de plus en plus paresseux -pourquoi travailler puisque de toute façon, ils "passent", et donc là encore plus de temps passé sur les copies cousues d'horreurs et de + en + de temps passé à faire des préparations pour les séduire tout en les motivant)
-des CDE de moins en moins humains, pas toujours à la hauteur de leur fonction mais toujours soumis aux diktats de leur hiérarchie, donc souvent intolérants et limite désagréables avec leur staff...
-une atmosphère dégradée entre collègues aussi depuis qu'il faut "se battre" pour défendre sa matière, quelque part.
-Et puis, et c'est le plus grave, des réformes qui ne laissent rien espérer de mieux au contraire... et ça me démotive un maximum de devoir me plier à des trucs auxquels je ne crois pas.
nb: J'aime toujours les élèves, même s'ils ne sont plus comme ils ont pu être... mais le métier... ais-je jamais vraiment eu envie d'être prof ????
_________________
[i] "Là où sont mes pieds, je suis à ma place." prov. Amérindien
"Choose the words you use with care: they create the world around you"
- VudiciFidèle du forum
J'enseigne depuis 15 ans en primaire.
Ce qui a changé:
-les réactions des parents, qui contestent tout et continuellement;
-l'absence de travail à la maison pour beaucoup (papa et maman n'ont "plus le temps");
-la continuelle surenchère des biens matériels (je n'oserais pas vous dire tout ce qu'ils ont reçu pour la Saint Nicolas,c'est inimaginable);
-la réaction des enfants (même à 6 ans) qui se font disputer (ça ne leur fait pas beaucoup d'effet, et si on n'y met pas bon ordre,ils achèvent leur conversation avant d'accepter de se taire, même au CP).
En fait, ce qui disparaît, c'est le groupe intermédiaire: les "bons" sont toujours aussi curieux et mieux informés, les "mauvais" décrochent encore plus vite et plus gravement. Un reflet de la société?
Ce qui a changé:
-les réactions des parents, qui contestent tout et continuellement;
-l'absence de travail à la maison pour beaucoup (papa et maman n'ont "plus le temps");
-la continuelle surenchère des biens matériels (je n'oserais pas vous dire tout ce qu'ils ont reçu pour la Saint Nicolas,c'est inimaginable);
-la réaction des enfants (même à 6 ans) qui se font disputer (ça ne leur fait pas beaucoup d'effet, et si on n'y met pas bon ordre,ils achèvent leur conversation avant d'accepter de se taire, même au CP).
En fait, ce qui disparaît, c'est le groupe intermédiaire: les "bons" sont toujours aussi curieux et mieux informés, les "mauvais" décrochent encore plus vite et plus gravement. Un reflet de la société?
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Front de Libération des Lichens Injustement Massacrés
- ClarinetteGrand Maître
Bon, je ne vais pas répéter ce qu'ont déjà dit plusieurs collègues, mais je suis, moi aussi, convaincue que nos conditions d'enseignement se sont compliquées, notamment, et surtout, parce que la société n'évolue pas dans le bon sens.
- Spoiler:
- Et ce n'est pas parti pour s'arranger...
- InvitéInvité
quand, "avant"?
En Lycée pro:
mes collègues qui ont 35 ans de carrière me racontent qu'elles pouvaient laisser leurs classes de dactylos seules pendant une heure et en profiter pour faire autre chose ailleurs (ok, c'est pas pro du tout)
moi qui ai 15 d'expérience, je trouve que les élèves n'ont pas vraiment changé, ils sont toujours aussi faibles, aussi peu motivés, aussi bavards, prêts à tout pour ne pas bosser.
Mais ce qui a changé, c'est l'attitude de la hiérarchie: elle ne nous soutient plus.
En Lycée pro:
mes collègues qui ont 35 ans de carrière me racontent qu'elles pouvaient laisser leurs classes de dactylos seules pendant une heure et en profiter pour faire autre chose ailleurs (ok, c'est pas pro du tout)
moi qui ai 15 d'expérience, je trouve que les élèves n'ont pas vraiment changé, ils sont toujours aussi faibles, aussi peu motivés, aussi bavards, prêts à tout pour ne pas bosser.
Mais ce qui a changé, c'est l'attitude de la hiérarchie: elle ne nous soutient plus.
- izbouchkaNiveau 5
J'enseigne depuis 16 ans en élémentaire ; ce qui me frappe :
- de plus en plus d'enfants dont les parents ont peur d'exiger quoi que ce soit (au cas où ça les traumatiserait, ou tout simplement pour avoir la paix) ;
- mais, des parents prêts à accuser l'école de l'échec de leur gamin ;
- des enfants dont la capacité à se concentrer diminue ;
- des enfants qui ne savent pas obéir et ne respectent pas la parole de l'adulte ;
- des écarts qui s'agrandissent entre les bons et les autres ;
- des élèves que l'on traîne jusqu'en cm2 parce qu'il ne faut pas redoubler (pardon "maintenir") ;
- des élèves que l'ont perd, déjà, sans pouvoir y faire grand chose
Conclusion : un métier en pleine mutation (ça a l'air pire dans le secondaire), que je ne conseillerai pas à mes enfants. Cela va sans doute susciter des vocations différentes où l'objectif de l'instruction ne sera que secondaire. Eh oui ! Maintenant, il faut leur apprendre à faire du vélo et à changer leur roue !
- de plus en plus d'enfants dont les parents ont peur d'exiger quoi que ce soit (au cas où ça les traumatiserait, ou tout simplement pour avoir la paix) ;
- mais, des parents prêts à accuser l'école de l'échec de leur gamin ;
- des enfants dont la capacité à se concentrer diminue ;
- des enfants qui ne savent pas obéir et ne respectent pas la parole de l'adulte ;
- des écarts qui s'agrandissent entre les bons et les autres ;
- des élèves que l'on traîne jusqu'en cm2 parce qu'il ne faut pas redoubler (pardon "maintenir") ;
- des élèves que l'ont perd, déjà, sans pouvoir y faire grand chose
Conclusion : un métier en pleine mutation (ça a l'air pire dans le secondaire), que je ne conseillerai pas à mes enfants. Cela va sans doute susciter des vocations différentes où l'objectif de l'instruction ne sera que secondaire. Eh oui ! Maintenant, il faut leur apprendre à faire du vélo et à changer leur roue !
- arcencielGrand Maître
Même constat qu'Izbouchka!
- UpsilonNiveau 3
Ça fait 18 ans que j'enseigne et j'ai constaté à peu près la même chose que vous tous. Des élèves qui ont de moins de moins de concentration et dont le travail personnel est quasi inexistant. Une curiosité qui diminue et une dépendance à l'ordi presque maladive. Les consignes que je donnais dans certains devoirs il y a une dizaine d'années sont devenues quasiment incompréhensibles vu le manque croissant et inquiétant de vocabulaire. Que dire de l'orthographe, pour beaucoup, la langue écrite est une langue étrangère... :| Je précise que je n'enseigne pas dans un collège difficile et que le milieu de mes élèves est plutôt favorisé. Je suis d'accord aussi avec le fait que les parents sont de plus en plus contestataires et se permettent souvent de discuter les sanctions imposées à leurs chères têtes blondes! Les joies du métier...
_________________
"Le bruit, l'éclat de l'eau, sa blancheur transparente,
D'un voile de cristal alors peu différente,
Font goûter un plaisir de cent plaisirs mêlés."
La Fontaine, "Les Amours de Psyché et Cupidon"
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- Emmanuel Davidenkoff (L'Express) : "Enseigner aux plus riches et aux meilleurs est nettement mieux récompensé par la République qu'enseigner aux plus fragiles".
- Loi Blanquer : Faire travailler plus les profs expérimentés
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- Enseigner ailleurs... Postes au BO. Dossiers à remplir avant le 24 avril 2009 pour enseigner un an à l'étranger
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