"après quelques fantaisies sexuelles avec sa douce compagne ..."

Ecrit par un élève de 3è dans une expression écrite ( n'était PAS une séquence sur le Kama Sutra, je le jure). je mets quoi dans la marge ?
- Jolie expression !
- Evitez les débordements
- Tu te fous de moi ?
- Explique !
- ...

???

moi je ne mettrais rien, dans la mesure où il ne s'agit pas d'une expression obsène ni même familière, il n'y pas lieu de la souligner, après tout cette expression n'a rien de choquant (pour moi)
évidemment, tout dépend de la qualité et du ton de la copie

Est-il hors sujet?

zabou a écrit:Est-il hors sujet?

J allais le demander!

Même question!

ne rien mettre ; ce n'est ni vulgaire ni familier, poétique plutôt.

C'est un excellent élève, brillant même. Très travaillé par ses hormones aussi. Il ne manque jamais une occasion de lancer des allusions grivoises, me complimente chaque jour sur un élément de ma tenue (si je venais en jogging il serait capable de me dire que je suis désirable et quand je n'ai pas le temps de me coiffer le matin, il admire "ma chevelure sauvage" - je cite ...).

Donc bon, il a du passif.

Alors raison de plus pour ne pas relever, il serait content de savoir qu'il a réussi à te provoquer...

Je ne mettrais rien vu la situation!

Ah si seulement mes élèves étaient capables d'écrire de telles phrases! Je crois que je mettrais une remarque très positive...

On pourrait être tenté de souligner fantaisies et d'indiquer en marge "précisez"....
:lol!:

Ben oui, c'est ce que j'entendais lorsque je proposais : "explique" ...Si j'étais certaine que la copie ne sera pas lue par les parents, j'oserais.
Mais bon. N'soyons pô fou !

Ce qui me défriserait, c'est l'expression "fantaisies sexuelles". S'il est bon, il faudrait lui faire comprendre que "fantaisies" suffirait. "Sexuel" appartient au domaine quasi scientifique, alors que "fantaisies" renvoie bien clairement à de l'érotique — peut-être serait-il temps de lui apprendre le sens de ce dernier mot.

Quant à mettre en marge "tu te fous de moi", je ne m'y risquerais pas : il pourrait très bien connaître le sens originel de "foutre", et renvoyer la copie avec un gros "oh oui !" en commentaire du commentaire.

C'est très joliment tourné, hormis le petit pléonasme que signale Abraxas. En ces temps de vulgarité sexuelle, qui ne place le désir que sous l'angle de explicite, du voyeurisme et de l'excès, c'est plutôt de maturité et de culture dont fait preuve ce garçon.
Connaissant son "passif", comme tu dis, je ne ferais cependant aucun commentaire (même positif), mais j'admirerais : cette phrase pourrait presque être extraite d'un ouvrage du XVIIIe...

je serais quand même tenté de lui signaler, en lui rendant sa copie par exemple, qu'une rédaction est un exercice d'écriture scolaire qui a donc des codes implicites à respecter et que les fantaisies ( qu'elles soient documentées ou non, pléonasmiques ou autres) doivent être réservées à ses écrits personnels.

Je ne ferais aucun commentaire.
C'est bien écrit et ce que tu dis de l'élève laisse entendre qu'il serait ravi de te voir choquée.

Si tu tiens à intervenir, tu peux lui en aparté qu'il faut veiller pour le brevet à éviter les excentricités qui peuvent faire baisser la note...

J'ai eu des cas d'élèves qui avaient compris que le narrateur était pervers et faisait une rédaction en conséquence, ou des héros qui faisaient des vents...
On avait alors eu un petit échange.

un futur émule d'abraxas?

Si sont émules d'Abraxas toutes celles et tous ceux qui trouvent que "l'amour à la papa, à moi, à moi, ça ne me fait ni chaud, ni froid", je vais être à la tête (à la tête à queue, probablement) d'une puissante famille.
Dont je suis sûr que vous êtes, Marquise…

Abraxas a écrit:
Quant à mettre en marge "tu te fous de moi", je ne m'y risquerais pas : il pourrait très bien connaître le sens originel de "foutre", et renvoyer la copie avec un gros "oh oui !" en commentaire du commentaire.

Cela me rappelle cet élève de BTS qui avait quitté mon cours avec éclat et un "Allez vous faire foutre !". Au cours de ses excuses, il m'a expliqué que cette réaction était une réponse de bonne guerre à mes propres paroles.
En effet, alors que je passais un savon général à la classe, il avait essayé de me couper la parole, et je lui avais alors dit basiquement "C'est moi le prof ici, tu n'as pas la parole". Il s'était alors lancé dans un discours gnagnan du type "Et alors ? Un prof est un être humain comme les autres !", ce à quoi j'ai répondu "Ecoute, ta philosophie de calendrier, tu peux la garder pour toi."

Comme il n'était pas trop bête, il s'était grandement vexé, et pour lui "Allez vous faire foutre" valait bien "philosophie de calendrier".

Il y a aussi les élèves qui mettent carrément ce verbe dans leurs rédactions, et qui ne comprennent pas l'annotation "vulgaire" dans la marge.

paffutella a écrit:je serais quand même tenté de lui signaler, en lui rendant sa copie par exemple, qu'une rédaction est un exercice d'écriture scolaire qui a donc des codes implicites à respecter et que les fantaisies ( qu'elles soient documentées ou non, pléonasmiques ou autres) doivent être réservées à ses écrits personnels.

Je suis assez d'accord avec cette idée de "code implicite". Mais la simple allusion à l'existence d'une vie sexuelle chez un personnage fait-elle partie des interdictions tacites ?

Personnellement, je bifferais le "sexuelles" avec la mention "inutilement trivial" dans la marge. Et c'est tout.
S'il devait revenir à la charge, alors peut-être lui demander quel est son but lorsqu'il écrit ceci dans une rédaction, et quelle est la réaction qu'il attend de son correcteur. Mais cela m'étonnerait qu'il le fasse.

Allez , tout cela n'est rien à côté d'une copie que j'ai eue à lire lors de ma première année d'enseignement , au sein d'un lycée agricole mais par ailleurs catholique ..Un sujet sur la ville ( trés fin de ma part d'ailleurs de donner à dissreter sur la ville à des élèves d'un lycée agricole trés ruraux pour la plupart ...), et un élève m'a écrit deux pages de délires et de fatasmes divers sur ce qu'il faisait (ferait) en ville ..tout y est passé de la drogue, aux revolvers pour tuer tout ce qui bougeait et surtout le sexe dans toutes les positions et avec tous partenaires hommes ou femmes !!!

Abraxas a écrit:Si sont émules d'Abraxas toutes celles et tous ceux qui trouvent que "l'amour à la papa, à moi, à moi, ça ne me fait ni chaud, ni froid", je vais être à la tête (à la tête à queue, probablement) d'une puissante famille.
Dont je suis sûr que vous êtes, Marquise…

:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

S'cusez ma naïveté, mais je ne vois pas en quoi "fantaisies" appartient déjà au domaine érotique ... (étymologiquement ???).

Quant à une éventuelle remarque à l'élève concerné ... il a de l'humour, moi aussi. J'aborde sans complexe des textes faisant référence à une sexualité, "orthodoxe" ou déviante. Je crois que c'est un clin d'oeil de sa part. Ca me plait. Mais je ne lui dirai / marquerai rien.

roxanne a écrit:Allez , tout cela n'est rien à côté d'une copie que j'ai eue à lire lors de ma première année d'enseignement , au sein d'un lycée agricole mais par ailleurs catholique ..Un sujet sur la ville ( trés fin de ma part d'ailleurs de donner à dissreter sur la ville à des élèves d'un lycée agricole trés ruraux pour la plupart ...), et un élève m'a écrit deux pages de délires et de fatasmes divers sur ce qu'il faisait (ferait) en ville ..tout y est passé de la drogue, aux revolvers pour tuer tout ce qui bougeait et surtout le sexe dans toutes les positions et avec tous partenaires hommes ou femmes !!!

et pour l'anecdote , le texte était écrit à la 2° personne du singulier mais un "tu" narratif (quand tu te proménes en ville ..) .J'emméne donc à la copie à la "resposable des études " une dame trés guindée et trés dame patronnesse .Elle lit devant l'élève la copie (d'une rare vulgarité ) sans sourciller .Puis le regarde et lui sort cette phrase " et en plus , vous tutoyez votre professeure !!"...
pour info, une photocopie de la "dissertation" a été envoyée aux parents qui eux ont envoyé leur fils voir un psy !!!

igs a écrit:S'cusez ma naïveté, mais je ne vois pas en quoi "fantaisies" appartient déjà au domaine érotique ... (étymologiquement ???).

moi non plus, je ne vois pas vraiment... j'imagine que c'est sa parenté étymologique avec fantasme qui émoustille les commentaires.