N'étudier que des oeuvres intégrales

Bonjour,
J'aurai l'année prochaine encore des sixièmes, je suis assez mécontent de ma pratique : J'ai effectué de nombreuses séquences autour de groupement de textes. Pour l'année prochaine, je prévois de bâtir la grande majorité de mes séquences autour d'une lecture d'oeuvre intégrale. Que pensez-vous de cette pratique ? Merci

Je pense qu'on doit faire des œuvres intégrales ET des groupements de textes. Il me semble que cela fait partie de nos obligations. Certaines thématiques du programme se prêtent d'ailleurs mieux à un groupement de textes qu'à une oeuvre intégrale.
Qu'est-ce qui motive ton choix ?

J'enseigne au collège. Plus le temps passe, plus je préfère travailler surtout des oeuvres intégrales. Les élèves y trouvent un plus grand intérêt : ils sont pris d'abord par l'histoire et sa continuité. Cet intérêt est une véritable porte d'entrée pour une analyse plus approfondie de l'oeuvre : l'étude des personnages, la mise en résonance de thèmes, les caractéristiques de l'écriture et du genre. Dans un groupement de textes, il est plus difficile de rendre intelligible les particularités de chaque texte ainsi que les liens tissés dans leur assemblage. Je ne garde les groupements de textes que pour la poésie, sinon je rassemble des textes d'une même oeuvre quand l'oeuvre intégrale est trop longue ou complexe.

Cette année en sixième, je n'ai travaillé que sur des œuvres intégrales (sauf en poésie).

Pareil, j'essaie de ne faire étudier que des œuvres intégrales, quand c'est possible.

Je pense faire pareil l'année prochaine mais comment faites-vous, vous faites acheter les livres ? Il n'y a quasiment rien comme séries au collège.

Nous enrichissons notre stock de séries chaque année de deux ou trois titres. Nous avons la chance d'avoir un intendant conciliant. Dans mon collège, il est impossible de faire acheter le moindre livre aux élèves.

D'une part, nous avons demandé un certain nombre de séries et de réassorts, car notre fonds n'est pas très fourni pour un établissement aussi vieux que le nôtre. D'autre part, nous avons demandé et obtenu de faire inscrire dans les fournitures l'achat de livres pour un montant n'excédant pas 11 euros.

Idée stupide d'une prof d'une autre matière :
Dans les établissements qui peuvent faire acheter un livre par an aux familles, serait-il possible de proposer aux familles de le donner au collège à la fin de l'année ? (J'ai eu le cas avec mon fils, je me suis dit que c'était dommage que le livre reste à la maison, alors qu'il pourrait être utile au collège...)

Idem que des OI si ce n est poésie.

Nous faisons acheter deux ou trois livres par an (en plus d'un TD).
Je fais en priorité des OI mais par exemple, en 6e, je fais un GT sur le héros face au monstre et un GT pour la poésie.

J'ai bien lu que les OI étaient préférables. Toutefois, j'ai l'impression que les OI ne permettent pas aux élèves de faire des rédactions imaginatives ou même correctes. Souvent, certains élèves réécrivent avec leurs mots l'OI étudiée en classe (je ne travaille qu'en OI pour l'instant, excepté pour la poésie).
Avez-vous le même problème ?
D'ailleurs, je ne sais pas si c'est un problème, mais je me disais que les GT sur différentes œuvres pourraient aboutir à des rédactions plus variées.

Je trouve qu'une rédaction sur une OI est plus simple à mettre en œuvre, je la conçois comme une espèce de chapitre qui serait rajouté. Par exemple, pour "Tristan et Iseult", raconter que le couple est hébergé dans une abbaye menacée par l'attaque de vikings dont Tristan va combattre le chef, un croisement de Tristan et Brendan ! Souvent, il est aussi possible de proposer un sujet sur l'après récit. Cela fonctionne bien avec les nouvelles réalistes et fantastiques.
Je m'inspire grandement de la méthode "Terre des Lettres" pour construire mes consignes de rédaction : contenu de chaque paragraphe défini, liste de mots travaillés en classe à utiliser obligatoirement. Ainsi, c'est véritablement l'expression qui est travaillée et l'imagination dirigée et contenue.
Je ne vois pas comme un problème la reprise des thèmes et de l'univers de l'oeuvre, au contraire, c'est aussi un moyen de la fixer dans la mémoire.

lulucastagnette a écrit:Nous faisons acheter deux ou trois livres par an (en plus d'un TD).
Je fais en priorité des OI mais par exemple, en 6e, je fais un GT sur le héros face au monstre et un GT pour la poésie.

Chez nous les parents achètent les livres. J'essaie de donner la liste dès le début de l'année. J'ai eu le déplaisir d'entendre un élève que sa mère jetait les livres dès qu'on avait fini de les étudier. J'ai passé une soufflante à l'élève et compte appeler la mère. ( Le gamin peut mentir.)

Pouvez-vous me donner un exemple, pour un niveau, des œuvres que vous étudiez lorsque vous ne faites que des OI ?

trompettemarine a écrit:

lulucastagnette a écrit:Nous faisons acheter deux ou trois livres par an (en plus d'un TD).
Je fais en priorité des OI mais par exemple, en 6e, je fais un GT sur le héros face au monstre et un GT pour la poésie.

Chez nous les parents achètent les livres. J'essaie de donner la liste dès le début de l'année. J'ai eu le déplaisir d'entendre un élève que sa mère jetait les livres dès qu'on avait fini de les étudier. J'ai passé une soufflante à l'élève et compte  appeler la mère. ( Le gamin peut mentir.)

En quoi cela nous regarde-t-il ? Ils font ce qu'ils veulent.
Certains parents refusent d'acheter le livre, c'est bien pire.

A la fiin de l'année, je fais des séances sur toute l'année.
Jeter un livre, cela en dit long sur ce que représente la lecture au  sein de cette famille.
J'arrête là car je fais dévier le fil.

Comme fabulaphile, je trouve beaucoup plus simple de travailler à partir d'une OI, je ne pense pas du tout qu'un GT permette davantage de variété au final. Une OI bien choisie me semble comporter tout ce qu'il faut pour nourrir l’imagination des élèves, mais je peux me tromper.

En 6e :
- GT poésie (Fables de La Fontaine uniquement)
- La Belle et la Bête
- GT textes fondateurs
- L'Odyssée
- Le Médecin malgré lui
- L'Appel de la Forêt

En 5e :
- GT poésie
- Vendredi ou la Vie Sauvage
- Bisclavret
- L'Avare
- Nausicaä de la vallée du vent (film)
- petit GT grands explorateurs si j’ai le temps.

En 4e :
- Nouvelles de Maupassant
- GT poésie
- L'Homme qui rit (en abrégé)
- Le Cid
- La Disparition d'Honoré Subrac
- Romeo + Juliette (film)

L'année prochaine je vais suivre cette progression :
- GT poésie
- Les Misérables (en abrégé)
- Le Cid
- Bel-Ami
- Les Autres (film) + en cursive un recueil de nouvelles (réalistes et) fantastiques de Maupassant
- Le Quai de Ouistreham (parcours, je ne ferai pas acheter le livre) ou/et une séquence autour de la manipulation par les médias (comment bien s'informer ?).

Pour ma part :

En 5ème :
- Bisclavret
- Brendan et le secret de Kell's (film)
- Tristan et Iseult
- Les Fourberies de Scapin
- Nouvelles de Jack London du recueil L'Homme et le loup
- un GT sur la poésie du voyage

En 4ème :
- Maupassant : Aux champs [ et La Parure
- Buzzati, Le Veston ensorcelé + Poe Le Chat noir
- Séquence sur les médias : composition d'une une, feuilletage et comparaison de journaux, rédaction d'un article et d'une lettre ouverte
- Les Misérables
- Cyrano de Bergerac en passant d'abord par le film puis des études de texte + analyse des personnages
- GT en poésie sur le lyrisme amoureux

En 3ème :
- A l'ouest, rien de nouveau en GT car l’œuvre est difficile pour mes faibles lecteurs
- La Promesse de l'aube accompagnée tout de même d'autres textes sur l'autobiographie (Montaigne, Rousseau, Leiris, Beauvoir)
- Des souris et des hommes, Steinbeck
- Médée, Euripide et/ou Rhinocéros, Ionesco
- GT sur la poésie engagée suivi de Matin brun.

Merci pour les exemples !
En 3e que je manque toujours d'inspiration pour les OI... ce programme est frustrant !

Je trouve que ne faire étudier que des OI est à la fois très intéressant...et très réducteur... Ajoutez-vous des textes?
Chez nous se poserait vraiment la question de la gestion. On arrive à faire acheter 3 ou 4 séries de 30 livres chaque année, mais certaines séries commencent à vieillir, et surtout, il est difficile de faire tourner les séries sur toutes les classes. Par ex, en 3eme, on a la promesse de l'aube, mais c'est une sacrée organisation pour que les 5 classes puissent l'avoir. On doit bien faire coller notre répartition à celle des collègues, et ne pas se décaler... Heureusement qu'on s'entend bien !
On arrive à faire acheter un livre par an aux familles, pas plus.
Les GT sont donc bien pratiques. Depuis la réforme, j'exploite au maximum le manuel, et je fais ainsi peu de photocopies.
Donc je continue d'alterner OI et GT : par ex, en 5eme, je vais terminer l'année avec un Gt sur le héros de l'Antiquité à nos jours, puis je vais faire étudier Tristan et Iseult, et je fais l'inverse avec ma deuxième 5eme.

Comme vous, @Mara-Jade et @Fabulaphile , je préfère étudier des OI, j'essaie de privilégier des études de ce type pour traiter le programme. Et à vrai dire même pour la poésie je préférerais, non pas forcément l'étude d'un recueil mais disons que je préfère dans la mesure du possible approcher une esthétique en étudiant des poèmes d'un même poète/d'une même poétesse, ou d'un recueil.

En 6e cette année c'est par un choix de fables de La Fontaine sans moralité, en ce moment.

Pourquoi sans moralité Tangleding ?

En fait, quand tu fais un GT c'est réducteur aussi, car tu donnes à voir un tout petit aperçu d'une œuvre, et les élèves qui auront envie de lire une œuvre dont ils auront étudié un extrait doivent se faire rares.

En revanche, quand on est limité en séries et qu'on ne peut faire acheter qu'un livre par an (chez moi, jusqu'à l'année dernière, c'était 0 achat possible, "interdiction" de la direction, et un nombre de séries plus limité, car sans connaissance de notre budget nous limitions les achats), on est contraint d'alterner GT et OI, c'est sûr.
Après, je serai peut-être confronté à un écueil : il est possible qu'un certain nombre d'élèves refusent d'acheter le moindre livre, ou alors n'en aient pas les moyens. Et moi, j’ai prévu de leur en faire acheter quatre (pour 11 euros max) !
Seulement, l'absence d'achats n'aide pas non plus à leur faire respecter le matériel : les livres reviennent abîmés, ou ne reviennent pas, d'où de nombreux réassorts. Chez nous, la documentaliste ne s’occupe pas du tout de nos séries, et nous ne sommes pas doués pour la gestion de nos stocks.

C’est une impression curieuse à vous lire en constatant l’évolution des pratiques, en particulier le fait de ne travailler que sur des œuvres intégrales: moins les élèves lisent, plus, me semble-t-il, on leur demande un travail littéraire très tôt . Ça doit être bien compliqué cette affaire !
C’est juste une constation, au plus un étonnement, mais certainement pas un jugement, n’étant plus sûr le terrain .