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- electroguiNiveau 1
Bonjour,
Tout d'abord, je me présente : je suis professeur certifié en électrotechnique, et j'enseigne en LP depuis plus de 10 ans dans l'académie d'amiens. Je tiens à préciser que j'adore mon métier, l'électricité me plait, j'aime transmettre le savoir, instaurer la discipline, être au contact des jeunes, encadrer une équipe...
Je pense réellement être fait pour ce métier, j'ai une autorité naturelle qui s'est étoffée de l'expérience à gérer les classes, peu d'élèves se risquent à la contrer. Pourtant, je pense de plus en plus sérieusement à ma reconversion, car j'en ai marre de perdre mon temps et d'être pris par un imbécile par mes instances dirigeantes.
En 10 ans de carrière, j'ai vu du pas très rose, je me suis toujours dit qu'il s'agissait des effets secondaires d'un système qui se veut égalitaire et ouvert à tous, et dont les idéaux compensent les dérives. Cependant, au vu des dernières années, j'en viens presque à remettre en cause ce système, particulièrement le rôle que j'y joue...
Je forme des professionnels électriciens. Il y a encore quelques années, les recruteurs venaient chercher les candidats au bac pro. Aujourd'hui, j'ai honte lorsque je les visite en stage, tellement ils sont bons à rien.
On pointe souvent du doigt l'évolution de la société et le rôle des parents dans l'échec scolaire. Je pense que l'on se trompe : la cible principale est l'éducation nationale et ses institutions.
Il y a quelques années, lorsque le bateau que je considère coulé commençait à prendre l'eau, un proviseur adjoint pour qui j'avais beaucoup de respect m'avait dit : "si l'on exclue les élèves qui ne travaillent pas, on ferme le lycée". J'avais répondu que ce serait la meilleure solution.
Entre temps, j'ai vu se pointer la réforme du bac pro en trois ans, l'arrivée du CAP ProElec, la généralisation des contrôles en cours de formation (CCF).
Détaillons :
Bac Pro 3 ans : amener plus de savoir (arrivée des équipements communicants si simples à enseigner aux molusques) avec un an de formation en moins, et une passerelle (BEP) supprimée. Même pas de référentiel de formation à ce jour, débrouillez vous car d'après mon IPR il n'y en aura jamais...
CAP Proelec : ou comment former un public composé de cas sociaux, d'attardés mentaux, de débiles profonds (recrutement SECPA) aux travaux sur des lignes haute tension, le référentiel étant issu d'une ancienne formation EDF post bac des années 80
Les CCF : on parle bien de diplôme national, dont chaque établissement, public ou privé, a la charge d'établir le contenu des examens et leur organisation. Une belle manière d'assurer aux centres de formations privés la maîtrise de leur taux de réussite dont dépend leur subvention, et surtout de vendre une réforme des diplomes du genre "çà marche puisque le taux de réussite est supérieur". Ils veulent 100% ? Pas de problème, mettons nous au niveau des élèves, organisons l'école des fans
Enfin, la dernière en date, que je considère la goutte d'eau qui fait tout déborder : j'ai appris de source sûre qu'une circulaire distribuée aux établissements de mon académie en juin 2011, exclue les motifs d'absentéïsme des procédures d'exclusion d'élèves.
Lorsque je vois l'argent nécessaire pour former des électriciens, le marché du travail demandeur de personnel compétent, j'explose et je pond cette lettre à mon recteur. Je tiens à préciser que j'ignore la teneur exacte de la circulaire, et notamment si elle s'applique de manière nationale. Je dois me renseigner sur ce point.
Ce forum étant à priori composé de professionnels de la langue, je la soumet à leur critique. Quand aux éventuelles représailles qu'elle pourrait engendrer sur ma carrière, aucune importance dans le sens ou je ne l'enverrais qu'avec ma démission, une fois décidé.
La lettre :
Monsieur le Recteur,
Suite à la consultation de la circulaire XXX, excluant les motifs d'absentéisme dans les procédures d'exclusion d'élèves, je souhaiterais connaître votre position sur les points évoqués par cette présente.
Le discours de nos inspecteurs disciplinaires concernant la mise en œuvre des Contrôles en Cours de Formation (CCF), stipule un taux de réussite théorique de 100%. En effet, la procédure nous offrant une certaine liberté dans les dates et les contenus de ces examens, nous pouvons les réaliser lorsque nous estimons nos élèves prêts. Comment atteindre cet objectif si les élèves sont fréquemment absents ?
En sus d'une réduction des heures effectives inhérentes à la réforme des Bac Professionnels en trois ans, nos contenus d'enseignement technique se sont étoffés, dans le but louable de former des professionnels aptes à s'adapter aux techniques de plus en plus complexes rencontrés dans la profession. Comment peut on permettre dans ce contexte une banalisation de l'absentéisme ?
La formation d'élèves a un coût pour la société française, tout particulièrement dans mon domaine d'exercice. Est il acceptable, à plus forte raison dans notre époque marquée par les rigueurs financières, de laisser des élèves occuper une chaise vide la moitié du temps ?
Notre profession est un mélange de transmission de savoir et de discipline. Je considère sur un pied d'égalité l'apprentissage d'un savoir professionnel et l'éducation du respect, de la rigueur qui fondent notre république. Aujourd'hui, face à des publics de plus en plus difficiles, les activités de discipline finissent par dominer le temps de travail des enseignants. Pensez vous que légitimer l'absentéisme permettra de réduire d'un facteur raisonnable ce problème ?
Les lycées professionnels, autrefois nommés Lycées des Métiers, ont aussi pour rôle de montrer un modèle proche du marché du travail et de la vie active. Connaissez vous des employeurs permettant à leurs salariés de s'absenter sans contre partie ?
La gestion des élèves à fort taux d'absentéisme a pour conséquence une perte de temps évidente du corps enseignant, les professeurs perdant du temps à revenir sur des notions normalement acquises, au détriment des élèves présents et sérieux. Peut on se permettre de légitimer cet état de fait ?
En espérant sincèrement obtenir une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, en l'expression de mes meilleurs sentiments.
Tout d'abord, je me présente : je suis professeur certifié en électrotechnique, et j'enseigne en LP depuis plus de 10 ans dans l'académie d'amiens. Je tiens à préciser que j'adore mon métier, l'électricité me plait, j'aime transmettre le savoir, instaurer la discipline, être au contact des jeunes, encadrer une équipe...
Je pense réellement être fait pour ce métier, j'ai une autorité naturelle qui s'est étoffée de l'expérience à gérer les classes, peu d'élèves se risquent à la contrer. Pourtant, je pense de plus en plus sérieusement à ma reconversion, car j'en ai marre de perdre mon temps et d'être pris par un imbécile par mes instances dirigeantes.
En 10 ans de carrière, j'ai vu du pas très rose, je me suis toujours dit qu'il s'agissait des effets secondaires d'un système qui se veut égalitaire et ouvert à tous, et dont les idéaux compensent les dérives. Cependant, au vu des dernières années, j'en viens presque à remettre en cause ce système, particulièrement le rôle que j'y joue...
Je forme des professionnels électriciens. Il y a encore quelques années, les recruteurs venaient chercher les candidats au bac pro. Aujourd'hui, j'ai honte lorsque je les visite en stage, tellement ils sont bons à rien.
On pointe souvent du doigt l'évolution de la société et le rôle des parents dans l'échec scolaire. Je pense que l'on se trompe : la cible principale est l'éducation nationale et ses institutions.
Il y a quelques années, lorsque le bateau que je considère coulé commençait à prendre l'eau, un proviseur adjoint pour qui j'avais beaucoup de respect m'avait dit : "si l'on exclue les élèves qui ne travaillent pas, on ferme le lycée". J'avais répondu que ce serait la meilleure solution.
Entre temps, j'ai vu se pointer la réforme du bac pro en trois ans, l'arrivée du CAP ProElec, la généralisation des contrôles en cours de formation (CCF).
Détaillons :
Bac Pro 3 ans : amener plus de savoir (arrivée des équipements communicants si simples à enseigner aux molusques) avec un an de formation en moins, et une passerelle (BEP) supprimée. Même pas de référentiel de formation à ce jour, débrouillez vous car d'après mon IPR il n'y en aura jamais...
CAP Proelec : ou comment former un public composé de cas sociaux, d'attardés mentaux, de débiles profonds (recrutement SECPA) aux travaux sur des lignes haute tension, le référentiel étant issu d'une ancienne formation EDF post bac des années 80
Les CCF : on parle bien de diplôme national, dont chaque établissement, public ou privé, a la charge d'établir le contenu des examens et leur organisation. Une belle manière d'assurer aux centres de formations privés la maîtrise de leur taux de réussite dont dépend leur subvention, et surtout de vendre une réforme des diplomes du genre "çà marche puisque le taux de réussite est supérieur". Ils veulent 100% ? Pas de problème, mettons nous au niveau des élèves, organisons l'école des fans
Enfin, la dernière en date, que je considère la goutte d'eau qui fait tout déborder : j'ai appris de source sûre qu'une circulaire distribuée aux établissements de mon académie en juin 2011, exclue les motifs d'absentéïsme des procédures d'exclusion d'élèves.
Lorsque je vois l'argent nécessaire pour former des électriciens, le marché du travail demandeur de personnel compétent, j'explose et je pond cette lettre à mon recteur. Je tiens à préciser que j'ignore la teneur exacte de la circulaire, et notamment si elle s'applique de manière nationale. Je dois me renseigner sur ce point.
Ce forum étant à priori composé de professionnels de la langue, je la soumet à leur critique. Quand aux éventuelles représailles qu'elle pourrait engendrer sur ma carrière, aucune importance dans le sens ou je ne l'enverrais qu'avec ma démission, une fois décidé.
La lettre :
Monsieur le Recteur,
Suite à la consultation de la circulaire XXX, excluant les motifs d'absentéisme dans les procédures d'exclusion d'élèves, je souhaiterais connaître votre position sur les points évoqués par cette présente.
Le discours de nos inspecteurs disciplinaires concernant la mise en œuvre des Contrôles en Cours de Formation (CCF), stipule un taux de réussite théorique de 100%. En effet, la procédure nous offrant une certaine liberté dans les dates et les contenus de ces examens, nous pouvons les réaliser lorsque nous estimons nos élèves prêts. Comment atteindre cet objectif si les élèves sont fréquemment absents ?
En sus d'une réduction des heures effectives inhérentes à la réforme des Bac Professionnels en trois ans, nos contenus d'enseignement technique se sont étoffés, dans le but louable de former des professionnels aptes à s'adapter aux techniques de plus en plus complexes rencontrés dans la profession. Comment peut on permettre dans ce contexte une banalisation de l'absentéisme ?
La formation d'élèves a un coût pour la société française, tout particulièrement dans mon domaine d'exercice. Est il acceptable, à plus forte raison dans notre époque marquée par les rigueurs financières, de laisser des élèves occuper une chaise vide la moitié du temps ?
Notre profession est un mélange de transmission de savoir et de discipline. Je considère sur un pied d'égalité l'apprentissage d'un savoir professionnel et l'éducation du respect, de la rigueur qui fondent notre république. Aujourd'hui, face à des publics de plus en plus difficiles, les activités de discipline finissent par dominer le temps de travail des enseignants. Pensez vous que légitimer l'absentéisme permettra de réduire d'un facteur raisonnable ce problème ?
Les lycées professionnels, autrefois nommés Lycées des Métiers, ont aussi pour rôle de montrer un modèle proche du marché du travail et de la vie active. Connaissez vous des employeurs permettant à leurs salariés de s'absenter sans contre partie ?
La gestion des élèves à fort taux d'absentéisme a pour conséquence une perte de temps évidente du corps enseignant, les professeurs perdant du temps à revenir sur des notions normalement acquises, au détriment des élèves présents et sérieux. Peut on se permettre de légitimer cet état de fait ?
En espérant sincèrement obtenir une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, en l'expression de mes meilleurs sentiments.
- minnieExpert
Désolée, je n'ai pas tout lu, mais la formule "débile profond" pour les SEGPA me choque un peu, mais si je reconnais qu'ils n'ont généralement pas inventé l'eau chaude...
Bon, a part ça, les lycées des métiers existent encore.... je croyais même que c'était "relativement" récent. J'ai enseigné dans l'un d'entre eux qui a toujours cette étiquette. Ils me semble d'ailleurs qu'ils doivent être nécessairement polyvalents cad proposer des formations allant du CAP au BTS voire licence pro.
Bon, a part ça, les lycées des métiers existent encore.... je croyais même que c'était "relativement" récent. J'ai enseigné dans l'un d'entre eux qui a toujours cette étiquette. Ils me semble d'ailleurs qu'ils doivent être nécessairement polyvalents cad proposer des formations allant du CAP au BTS voire licence pro.
- electroguiNiveau 1
minnie a écrit:Désolée, je n'ai pas tout lu, mais la formule "débile profond" pour les SEGPA me choque un peu, mais si je reconnais qu'ils n'ont généralement pas inventé l'eau chaude...
Je comprend, à mettre sur le compte de l'exaspération. Néanmoins, je pense que tu conviendras que ce n'est pas forcément un public adapté aux travaux sur des lignes HT, ou n'importe quelle erreur se paye de sa vie et/ou de celle des autres
minnie a écrit:Bon, a part ça, les lycées des métiers existent encore.... je croyais même que c'était "relativement" récent. J'ai enseigné dans l'un d'entre eux qui a toujours cette étiquette. Ils me semble d'ailleurs qu'ils doivent être nécessairement polyvalents cad proposer des formations allant du CAP au BTS voire licence pro.
D'après mon IPR, il faut maintenant oublier ce terme.
- CathEnchanteur
Ah bon? Chez nous aussi on fait le forcing pour décrocher cette étiquette pourtant.
Sinon pour tout le reste,tu as raison, hélas...On en parle ici:
https://www.neoprofs.org/t40490-un-professeur-de-lp-en-parle
Et encore, en lettres-histoire nos sommes "privilégiés" avec un examen qui demeure national (mais pour combien de temps?)
Sinon, j'ignore ce qu'est la circulaire dont tu parles.
Sinon pour tout le reste,tu as raison, hélas...On en parle ici:
https://www.neoprofs.org/t40490-un-professeur-de-lp-en-parle
Et encore, en lettres-histoire nos sommes "privilégiés" avec un examen qui demeure national (mais pour combien de temps?)
Sinon, j'ignore ce qu'est la circulaire dont tu parles.
- pkHabitué du forum
electrogui a écrit:
La lettre :
Monsieur le Recteur,
Suite à la consultation de la circulaire XXX, excluant les motifs d'absentéisme dans les procédures d'exclusion d'élèves, je souhaiterais connaître votre position sur les points évoqués par cette présente.
Le discours de nos inspecteurs disciplinaires concernant la mise en œuvre des Contrôles en Cours de Formation (CCF), stipule un taux de réussite théorique de 100%. En effet, la procédure nous offrant une certaine liberté dans les dates et les contenus de ces examens, nous pouvons les réaliser lorsque nous estimons nos élèves prêts. Comment atteindre cet objectif si les élèves sont fréquemment absents ?
En sus d'une réduction des heures effectives inhérentes à la réforme des Bac Professionnels en trois ans, nos contenus d'enseignement technique se sont étoffés, dans le but louable de former des professionnels aptes à s'adapter aux techniques de plus en plus complexes rencontrés dans la profession. Comment peut on permettre dans ce contexte une banalisation de l'absentéisme ?
La formation d'élèves a un coût pour la société française, tout particulièrement dans mon domaine d'exercice. Est il acceptable, à plus forte raison dans notre époque marquée par les rigueurs financières, de laisser des élèves occuper une chaise vide la moitié du temps ?
Notre profession est un mélange de transmission de savoir et de discipline. Je considère sur un pied d'égalité l'apprentissage d'un savoir professionnel et l'éducation du respect, de la rigueur qui fondent notre république. Aujourd'hui, face à des publics de plus en plus difficiles, les activités de discipline finissent par dominer le temps de travail des enseignants. Pensez vous que légitimer l'absentéisme permettra de réduire d'un facteur raisonnable ce problème ?
Les lycées professionnels, autrefois nommés Lycées des Métiers, ont aussi pour rôle de montrer un modèle proche du marché du travail et de la vie active. Connaissez vous des employeurs permettant à leurs salariés de s'absenter sans contre partie ?
La gestion des élèves à fort taux d'absentéisme a pour conséquence une perte de temps évidente du corps enseignant, les professeurs perdant du temps à revenir sur des notions normalement acquises, au détriment des élèves présents et sérieux. Peut on se permettre de légitimer cet état de fait ?
En espérant sincèrement obtenir une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, en l'expression de mes meilleurs sentiments.
N'est - il pas préférable de faire une itération des points évoqués et de finir par une question unique? Cette dernière est ici bien redondante et jette le trouble. Mais ce n'est peut - être pas si gênant après tout.
Il faut écrire République.
PS: Dans le préambule, c'est SEGPA et non SECPA.
- pkHabitué du forum
minnie a écrit:Désolée, je n'ai pas tout lu, mais la formule "débile profond" pour les SEGPA me choque un peu, mais si je reconnais qu'ils n'ont généralement pas inventé l'eau chaude...
Cela relève plus des IME, ... Maintenant, certains parents doivent faire le forcing pour la SEGPA et aussi dans certains collèges.
- pkHabitué du forum
Par contre qu'un "débile profond" arrive en électrotechnique, là je doute. Déjà une déficience mentale légère, cela serait étonnant. Ce serait une mauvaise orientation.
- DerborenceModérateur
electrogui a écrit:
Ce forum étant à priori composé de professionnels de la langue, je la soumet à leur critique. Quand aux éventuelles représailles qu'elle pourrait engendrer sur ma carrière, aucune importance dans le sens ou je ne l'enverrais qu'avec ma démission, une fois décidé.
Ne connaissant pas le milieu de l'enseignement professionnel, je ne peux que te proposer des corrections sur la langue.
La lettre :
Monsieur le Recteur,
Suite à la consultation de la circulaire XXX excluant les motifs d'absentéisme dans les procédures d'exclusion d'élèves, je souhaiterais connaître votre position sur les points évoqués par cette présente.
Le discours de nos inspecteurs disciplinaires concernant la mise en œuvre des Contrôles en Cours de Formation (CCF) stipule un taux de réussite théorique de 100%. En effet, la procédure nous offrant une certaine liberté dans les dates et les contenus de ces examens, nous pouvons les réaliser lorsque nous estimons nos élèves prêts. Comment atteindre cet objectif si les élèves sont fréquemment absents ?
En plus d'une réduction des heures effectives inhérente à la réforme des Bac Professionnels en trois ans, nos contenus d'enseignement technique se sont étoffés, dans le but louable de former des professionnels aptes à s'adapter aux techniques de plus en plus complexes rencontrées dans la profession. Comment peut-on permettre dans ce contexte une banalisation de l'absentéisme ?
La formation d'élèves a un coût pour la société française, tout particulièrement dans mon domaine d'exercice. Est-il acceptable, à plus forte raison dans notre époque marquée par les rigueurs financières, de laisser des élèves occuper une chaise vide la moitié du temps ?
Notre profession est un mélange de transmission de savoir et de discipline. Je considère sur un pied d'égalité l'apprentissage d'un savoir professionnel et l'éducation du respect, de la rigueur qui fondent notre République. Aujourd'hui, face à des publics de plus en plus difficiles, les activités de discipline finissent par dominer le temps de travail des enseignants. Pensez-vous que légitimer l'absentéisme permettra de réduire d'un facteur raisonnable ce problème ?
Les lycées professionnels, autrefois nommés Lycées des Métiers, ont aussi pour rôle de montrer un modèle proche du marché du travail et de la vie active. Connaissez-vous des employeurs permettant à leurs salariés de s'absenter sans contrepartie ?
La gestion des élèves à fort taux d'absentéisme a pour conséquence une perte de temps évidente du corps enseignant, les professeurs perdant du temps à revenir sur des notions normalement acquises, au détriment des élèves présents et sérieux. Peut-on se permettre de légitimer cet état de fait ?
En espérant sincèrement obtenir une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, en l'expression de mes meilleurs sentiments.
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- bebeHabitué du forum
Bon sang, des professeurs qui parlent de "débiles profonds", cela suffit à me faire une idée de l'enseignement de certains...
Fin de la parenthèse (à mettre sur le compte de l'exaspération, n'est-ce pas?).
Fin de la parenthèse (à mettre sur le compte de l'exaspération, n'est-ce pas?).
- pkHabitué du forum
Certes la formulation n'est pas heureuse, mais ce collègue est plus qu'agacé, n'ergotons pas sur cette maladresse. Tiens, tu n'as pas relevé "être pris par un imbécile"... Cela m'a fait sourire. Restons sur le fond.bebe a écrit:Bon sang, des professeurs qui parlent de "débiles profonds", cela suffit à me faire une idée de l'enseignement de certains...
Fin de la parenthèse (à mettre sur le compte de l'exaspération, n'est-ce pas?).
@Derborence: Je n'ai pas osé m'y coller, de peur d'en oublier.
- electroguiNiveau 1
bebe a écrit:Bon sang, des professeurs qui parlent de "débiles profonds", cela suffit à me faire une idée de l'enseignement de certains...
Fin de la parenthèse (à mettre sur le compte de l'exaspération, n'est-ce pas?).
Désolé d'appeler un chat un chat.
Si tu le souhaites, je peux t'en présenter quelques uns qui démontrent à quel point la nature est parfois injuste.
Par ailleurs, je ne leur reproche pas d'être débile, mais qu'on les mette à un endroit ou ils n'ont pas lieu d'être, et par ailleurs devant quelqu'un qui n'est absolument pas formé pour les instruire, avec par dessus des consignes d'apprentissage totalement inadaptés.
J'insiste, car c'est en partie à force d'être soit disant politiquement correct que l'EN est descendue si bas. Oui, j'ai des débiles en CAP, le mot est juste, et ce n'est pas pour autant que je ne les respecte pas. Je dis simplement qu'ils ne sont pas à leur place.
Merci aux autres pour leurs diverses corrections/conseils
- pkHabitué du forum
electrogui, ce qui est souligné ici ce n'est pas le politiquement correct, c'est un vocabulaire erroné. Un débile profond a un QI compris entre 30 et 50. Si tu as de tels élèves, il y a un sérieux dysfonctionnement de l'orientation dans ton coin. http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_977_retard.htm
- MorgaredNiveau 9
Je trouve qu'à la place de votre lettre officielle en italiques, c'est votre introduction qui mériterait d'être envoyée à votre Recteur et aux médias - avec quelques modifications mineures. Elle est plus claire et percutante.
- DalivaNeoprof expérimenté
Tu en as beaucoup des SEGPA? j'ai eu des CAP pro elec pendant quelques années, et les élèves étaient en général d'un bon niveau (pour un CAP, j'entends!), les SEGPA allaient plutôt en maçonnerie, peinture, MHL ect ...
Je suis à peu près d'accord avec tout ce que tu dis (sauf cette expression malheureuse sur les SEGPA, même si je comprends ton point de vue), nous en avons parlé il y a quelques jours ici (sur le lien que te donne Cath).
As-tu les références de cette circulaire?
Et Morgared a raison, ta présentation est plus percutante, ne peux-tu pas mélanger les deux?
Je suis à peu près d'accord avec tout ce que tu dis (sauf cette expression malheureuse sur les SEGPA, même si je comprends ton point de vue), nous en avons parlé il y a quelques jours ici (sur le lien que te donne Cath).
As-tu les références de cette circulaire?
Et Morgared a raison, ta présentation est plus percutante, ne peux-tu pas mélanger les deux?
- DaphnéDemi-dieu
Les deux peuvent être envoyés au recteur.
Bon tu enlèves débile, tu remplaces par un autre terme.
Bon tu enlèves débile, tu remplaces par un autre terme.
- HéliandreExpert
+1Morgared a écrit:Je trouve qu'à la place de votre lettre officielle en italiques, c'est votre introduction qui mériterait d'être envoyée à votre Recteur et aux médias - avec quelques modifications mineures. Elle est plus claire et percutante.
D'ailleurs, je croyais que c'était le texte de la lettre, avant de découvrir la demande de relecture. Ou alors envoyer les deux, la 1ère étant plus un constat général, la 2nde une demande liée à d'éventuelles nouvelles dispositions sur l'absentéisme...
Edit Daphné
- bebeHabitué du forum
Sais-tu au moins ce qu'on appelle un "débile", toi qui en as déjà eus?
- electroguiNiveau 1
bebe a écrit:Sais-tu au moins ce qu'on appelle un "débile", toi qui en as déjà eus?
J'appelle "débile" un attardé mental, un bête, un simplet. Ils existent depuis l'aube de l'humanité, et n'ont pas disparus sous prétexte qu'un technocrate ait décidé que tout le monde peut avoir un diplôme, ou qu'un beau parleur ait décidé qu'il faille banir ces termes du vocabulaire.
A preuve, je donne un travail à un élève de 16 ans, que mon neveu de 5 ans est capable de faire. Il s'agit par exemple de recopier un schéma électrique en respectant des règles simples, notamment un nombre de carreaux pour les symboles.
Etant nouveau membre, je ne peux pas ajouter une image d'exemple, mais il suffit de recopier cette url dans le navigateur :
((i45.servimg.com/u/f45/17/05/41/88/111.jpg))
Bien entendu, le travail "normal" est, selon un énoncé et un cours de schéma, de trouver le bon schéma d'éclairage, de définir le calibre des protections, la section des conducteurs. Comme il ne sait pas lire et ne comprend rien, je finis par montrer le schéma sur le cours et lui demande le recopier, simplement.
Il est dommage que je n'ai pas sous la main la copie de l'élève pour vous la scanner, et que vous puissiez constater qu'il est strictement incapable de réaliser du simple recopiage.
Or, il ne s'agit pas de flemme, de manque de temps ou de volonté : il y passe une heure en essayant d'être appliqué. Le résultat est pitoyable.
Alors, après cela, il faut qu'on m'explique quel terme je dois employer pour définir son QI, et comment je dois m'y prendre pour lui expliquer les procédures de consignation de lignes haute tension, avec 14 autres gars derrière prêts à bondir si je leur donne un degré de liberté.
- bebeHabitué du forum
Je ne désire pas entrer dans une polémique avec quelqu'un que je ne connais pas. Je te conseillerais juste d'acheter un dictionnaire médical, cela t'évitera d'écrire de tels ramassis de propos erronés.
- RoninMonarque
Effectivement ton terme n'est pas exact, mais on va pas rentrer dans le détail ( j'ai bossé deux ans en ime ).
Néanmoins je comprends ta colère et ton ras le bol. Il est vrai qu'il y a un tel politiquement correct dans l'EN, des pressions de tout ordre, qui font que l'on laisser des gamins dans des filières qui ne leur correspondent pas.
Je vais être plus clair. Il me semble que sous l'objectif louable de s'occuper de tous, on a refusé toute idée de sélection ( qui perdure de manière dévoyée ) et on a fait croire aux jeunes français et à leurs parents que tout le monde pourrait avoir un diplôme et une place au chaud. Par ailleurs, le fait que les LP servent de voie de garage a malheureusement été déjà évoqué à plusieurs reprises. Je comprends que les enseignants de LP l'ait mauvaise.
Je n'ai pas de solution mais je comprends que tu sois blasé et exaspéré.
Néanmoins je comprends ta colère et ton ras le bol. Il est vrai qu'il y a un tel politiquement correct dans l'EN, des pressions de tout ordre, qui font que l'on laisser des gamins dans des filières qui ne leur correspondent pas.
Je vais être plus clair. Il me semble que sous l'objectif louable de s'occuper de tous, on a refusé toute idée de sélection ( qui perdure de manière dévoyée ) et on a fait croire aux jeunes français et à leurs parents que tout le monde pourrait avoir un diplôme et une place au chaud. Par ailleurs, le fait que les LP servent de voie de garage a malheureusement été déjà évoqué à plusieurs reprises. Je comprends que les enseignants de LP l'ait mauvaise.
Je n'ai pas de solution mais je comprends que tu sois blasé et exaspéré.
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- electroguiNiveau 1
bebe a écrit:Je ne désire pas entrer dans une polémique avec quelqu'un que je ne connais pas. Je te conseillerais juste d'acheter un dictionnaire médical, cela t'évitera d'écrire de tels ramassis de propos erronés.
débile : 9 synonymes.
Synonymes affaibli, chétif, demeuré, faible, frêle, idiot, imbécile, sot, taré.
Je ne vois ni polémique, ni propos erronés.
Merci d'éclairer ma lanterne
Ronin a écrit:Par ailleurs, le fait que les LP servent de voie de garage a malheureusement été déjà évoqué à plusieurs reprises. Je comprends que les enseignants de LP l'ait mauvaise.
Tu ne précises pas que tout cela est nouveau. Certes, l'enseignement pro a toujours été discrédité en France, il n'empêche que j'ai gardé des contacts avec d'anciens élèves qui sont reconnus dans leur profession et gagnent plus que nous.
Aujourd'hui, il nous reste quelques bons élèves, mais ils sont noyés dans la masse. De plus, comme on donne le diplôme à n'importe qui, ce dernier ne fait plus la différence, là est l'évolution...
Nous sommes partis dans des discussions sur des élèves dont le niveau intellectuel est inadapté à la profession que j'enseigne. Le mot que j'emploie ne vous plait pas, je ne suis pas expert de la langue, et ce n'est pas le problème. Ces pauvres gars n'y sont pour rien.
A coté, je suis confronté à un public d'une suffisance indescriptible, qui jouent des failles du système, et qui faut ne surtout pas brusquer, les pauvres...
Contrairement à beaucoup de formations, je leur donne une situation professionnelle stable et valorisée, tous les moyens sont mis en oeuvre pour leur réussite, et ils se permettent d'être puérils, absents et fénéants.
Mais surtout, il est urgent de ne rien faire, ils font moins de bruit dans les LP que dehors...
- RoninMonarque
Débile est un terme médical qui renvoie initialement à un nouveau-né très fragile avec un développement en-deçà de la norme, on pourrait dire, frêle, fragile. C'est devenu par la suite une insulte concernant les capacités intellectuelles avec une connotation hautement péjorative et n'est plus utilisé en médecine.
Ce que tu sembles décrire ce sont des élèves trop faibles sur le plan cognitif, ce n'est pas la même chose. On parle de norme pour un QI total compris entre 90 et 110, de normal faible entre 80 et 90 ( qui correspond normalement aux SEGPA ), de déficience légère entre 55 et 70, de déficience moyenne entre 40 et 55, de déficience profonde en-dessous de 40. Donc ce que tu décris ne correspond sûrement pas à un élève déficient sévère. Ce qui n'empêche pas qu'il y a sans doute eu un problème d'orientation.
Ce que tu sembles décrire ce sont des élèves trop faibles sur le plan cognitif, ce n'est pas la même chose. On parle de norme pour un QI total compris entre 90 et 110, de normal faible entre 80 et 90 ( qui correspond normalement aux SEGPA ), de déficience légère entre 55 et 70, de déficience moyenne entre 40 et 55, de déficience profonde en-dessous de 40. Donc ce que tu décris ne correspond sûrement pas à un élève déficient sévère. Ce qui n'empêche pas qu'il y a sans doute eu un problème d'orientation.
_________________
- macassaNiveau 7
Prof en lycée pro dans le tertiaire depuis 10 ans, je me suis parfaitement reconnue dans ce portrait, j'éprouve les mêmes sentiments, j'ai le même vécu.
Quel polémique sur ce terme de "débile", alors qu'il dépeint parfaitement le fait que nous avons de plus en plus d'élèves très limités,certes l'expression " élève qui n'a pas le profil requis" serait plus élégante mais tellement hypocrite.
Car la réalité est là, j'ai de plus en plus de jeunes qui ne trouvent même pas de stage, nous devons les assister, faire appel à notre propre réseau pour les placer...j'ai de plus en plus d'élèves qui ne savent ni s'exprimer correctement, ni se tenir correctement, qui se comportent comme des " débiles" en entreprise....et ils doivent faire de l'accueil, répondre au téléphone...
Depuis peu, j'ai des élèves qui se sont virés de stage...c'est pour dire.
Des deux documents, ma préférence va vers le premier, plus percutant, plus accrocheur.
Quel polémique sur ce terme de "débile", alors qu'il dépeint parfaitement le fait que nous avons de plus en plus d'élèves très limités,certes l'expression " élève qui n'a pas le profil requis" serait plus élégante mais tellement hypocrite.
Car la réalité est là, j'ai de plus en plus de jeunes qui ne trouvent même pas de stage, nous devons les assister, faire appel à notre propre réseau pour les placer...j'ai de plus en plus d'élèves qui ne savent ni s'exprimer correctement, ni se tenir correctement, qui se comportent comme des " débiles" en entreprise....et ils doivent faire de l'accueil, répondre au téléphone...
Depuis peu, j'ai des élèves qui se sont virés de stage...c'est pour dire.
Des deux documents, ma préférence va vers le premier, plus percutant, plus accrocheur.
- bebeHabitué du forum
macassa a écrit:
Quel polémique sur ce terme de "débile", alors qu'il dépeint parfaitement le fait que nous avons de plus en plus d'élèves très limités,certes l'expression " élève qui n'a pas le profil requis" serait plus élégante mais tellement hypocrite.
"Polémique" pour toi, insulte pour d'autres.
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