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- JohnMédiateur
http://ketamine.over-blog.com/article-news-from-hell-88298258.html
Mardi 8 novembre 2011
News from Hell
C'est quoi pour vous, la pire journée boulot que vous avez vécu ?
Je ne sais pas si aujourd'hui c'est la pire, mais en tout cas ça s'en rapproche bien.
5h30 Je me lève (oui tôt) pour aller bosser, je commence à 9h mais Mme Chef-chef et Educator ont prévu un rendez-vous à 8h avec le père de Kevin de la 4e Shrek, jsuis la prof principale, je dois y être aussi. Je sors de la salle de bain et je vois une grosse tâche marron sur le sol. Minouchat a vomi cette nuit, et bien tout étalé après. Je suis déjà en retard et il faut que je nettoie à la hâte avant d'aller bosser.
6h10 Je descend attendre le bus, il arrive 10 minutes plus tard, me mettant en retard pour mon premier RER.
6h30 Je rate le premier RER, je prend celui d'après, (jsuis déja retard mais tant pis) le RER P (Pas Trop Mal, quand il y a pas des oies dans les tunnels, n'est-ce pas copain-follower-twitter ?) qui part des contrées du Neuf-Deux, sur le quai on m'annonce qu'il n'y aura pas de RER T (Trop La Lose) parce que c'est la grève. J'ai 15 minutes pour échafauder un plan de correspondance pour arriver à Saint-Trululu-du-Neuf-Trois.
7h00 : J'ai choisi de prendre le métro, même s'il me fait arriver dans le coin le plus craignos de St-Tru', c'est ce qu'il y a de plus rapide (enfin, je met 1h30 au lieu d'1h quand je passe par là). J'arrive en effet à St Tru' dans ce quartier pourri, de cette ville pourrie, je suis déja stressée et oppressée avant même d'avoir commencé la journée.
8h00 : Je suis au collège, Chef-chef, Educator et moi recevons le papa de Kevin dans le bureau, et attendons Kevin. Kevin ne veut plus être à l'école, fout le bordel dans tous les cours, m'en fait baver comme pas possible depuis le mois de septembre, et veut trouver une solution pour quitter l'école au plus vite. Nous devons en discuter tous ensemble ce matin. Mme Chef-Chef est souriante et plaisante avec le père, ce qui a le don de m'énerver parce que moi Kevin, c'est pas possible, il me fait pas rire...
8h15 : Kevin ne s'est pas pointé, Educator envoie une assistante le chercher en cours, il n'y est pas.
8h30 : On recherche Kevin dans tout le collège depuis un quart d'heure, Educator et moi décidons de fouiller la cour, on fini par le retrouver caché derrière un poteau. Educator lui demande de se rendre au bureau, gentiment, je fais de même, Kevin refuse l'entretien si son père est là. Je décide d'aller prévenir Chef-Chef et le père que Kevin est retrouvé, le père me suit jusqu'à la cachette de Kevin, qui dès qu'il le voit s'enfuit en courant vers le hall (et donc la porte, et donc sortir)
Educator et le père lui courent après, je me retrouve seule au milieu de la cour, démunie.
Je cours vers le hall, Chef-Chef est en train de crier "Monsieur arrêtez, arrêtez!", Educator et elle sont en train d'essayer de séparer Kevin et son père qui sont en train de SE BATTRE AU MILIEU DU HALL !
Je m'approche de la bagarre et esquive les coups, Je suis très choquée, mais j'ai fini par récupérer Kevin et l'emmener se calmer dans la première salle ouverte que je trouve. Il s'assoit, il ne veut pas me parler, il pleure de rage, je me calme aussi et essaie de lui parler d'une voix douce : On a fait ça pour toi, pour que vous trouviez une solution toi et ton père, c'était pas contre toi, on est obligés de faire venir un parent pour décider ensemble de ton avenir.
Son cas est un peu désespéré en fait, trop jeune pour l'apprentissage, il va être obligé de passer encore une année au moins au collège, mais on a essayé de trouver des solutions.
Kevin ne veut pas me parler, il me dit juste qu'il veut partir, l'assistante sociale a assisté à la scène et veut intervenir. Je la laisse seule avec lui, et décide d'aller voir le père, mais me fais chasser du bureau de Mme Chef-Chef, me sentant tout à coup inutile et complètement dépassée. Je ne sais pas quelle réaction il fallait avoir à quel moment, je ne sais pas quoi dire ni à l'enfant, ni au père.
Educator me récupère dans son bureau, je suis choquée, je suis pas bien, j'ai 6h de cours à assurer derrière, je ne les sens pas du tout. J'essaie de me calmer cinq minutes dans la salle des profs, puis j'y vais.
9h00 :L'histoire de Kevin est toute fraîche mais je dois déja prendre les 6e Jumanji ils sont pas méchants mais de plus en plus chiants. Ils rentrent en classe comme un troupeau de moutons affolés, parlent toute l'heure, n'ont pas fait leurs devoirs.. Le cours est difficile, je suis fatiguée, en état de choc, je crie pour avoir le silence, et ne supporte rien.
10h15 : Après la récré, ce sont les 6e Tarzan, globalement plus cools et plus intelligents que les Jumanji, sauf un. Kevin. Pas le même que le kevin de 8h du matin. Un autre. Qui est arrivé en octobre, ce qui est donc un prétexte pour ne rien foutre en classe : Je comprends pas, j'étais pas là... Kevin ne cesse de me provoquer. Et cet abruti n'a rien trouvé de mieux que de faire un immense dessin sur sa table, dans la p... de salle 666, la salle qu' une collègue s'est auto-affectée et pour laquelle elle est capable de m'envoyer un mail ce soir pour me dire qu'il y avait un dessin sur une table et que ce n'est pas professionnel de ma part que de ne pas l'avoir fait effacer. Elle l'a deja fait. Sérieux les mômes, dessinez pas sur les tables, encore moins dans la salle 666, pitié. Merci pour la nouvelle source de stress.
11h15 : Cours avec les Shrek, et qui je vois arriver tout sourire au milieu, KEVIN (celui de 8h). Il fait son Kevin en classe, c'est à dire ne cesse de m'interrompre, de parler, de chantonner, de crier. J'en peux plus. Je l'exclus au bout de 25 minutes. Et tente désespérément de finir mon cours. Les Shrek sont chiants comme d'habitude. Mais sans Kevin on arrive presque à bosser. Il ne me reste plus trop de forces mais je fais de mon mieux.
Soudain j'entends des cris et des hurlements dans la salle d'à côté, où travaille la prof d'Indochinois, et dans le couloir. J'ouvre la porte entre les deux salles, et je vois deux élèves en train de s'étriper, le prof de Bataille Navale entrer depuis la salle de l'autre côté, la petite prof d'Indochinois en panique, et TOUTE SA CLASSE hurler des encouragements à tuer l'un ou l'autre des protagonistes de la bagarre. Pendant ce temps là mes Shrek sont sortis hurler dans le couloir, les élèves du prof de Bataille Navale et de la prof d'Indochinois aussi. Il y a des élèves partout, ça crie, ça s'excite, tous les profs de l'étage passent la tête de derrière leurs portes. On arrive finalement au bout d'un moment à faire rentrer toutes les classes. Je m'assois, choquée, une deuxième fois.
Ce qui me choque c'est pas tant la bagarre, je sais comment deux ados peuvent être impulsifs, mais cette espèce d'effervescence qui se crée à chaque fois, ces cris et ces encouragements, toute cette violence que je trouve très très inhumaine. Dans ces moments là je ne les comprends pas (déjà que je les comprends rarement), pourquoi d'un coup se comporter comme des animaux, alors que ce qui se passe est juste très choquant.
12h10 : On libère les élèves, j'ai fini le cours très très difficilement, en retenant mes larmes les dix dernières minutes, exaspérée, lassée, choquée de ma matinée. Dès que le dernier élève a franchi la porte, je me rue dans la salle d'Indochinois et trouve la petite prof recroquevillée sur sa chaise, effondrée, en sanglots. Je la prends dans mes bras, la console tant que je peux "c'est pas toi ma poulette, c'est eux, ce sont des monstres, même moi je galère alors que ça fait deux ans" et me mets aussi à pleurer. On est là toutes les deux, repliées sur nos chaises, à pester contre tout ce qu'on nous inflige dans ce bahut.
Entre midi et deux, je mange à peine, j'ai mal au ventre et la gorge serrée. J'avais pas vécu ça depuis un an. Je discute un peu de ce qui s'est passé. Je dis que je crains pour les trois heures de l'après-midi. Gentil collègue me dit que "ça ne peut pas être pire".
Ben si.
13h30 : J'ai cours à la Section Speciale et Adaptée, avec les 5e Armageddon. En demi-groupe alors ça devrait pas trop mal se passer. Mais dans ce groupe il y a deux chiants, appelons les Dylan et Brandon pour ne pas confondre avec tous les Kevin de la journée.
Je vais chercher la classe dans la cour, et les fais mettre en rang devant la salle, Dylan me passe devant, sans me parler et entre dans la salle, je le rappelle, non Dylan tu dois te mettre en rang. Il ne répond pas et continue sa route. Reviens ici s'il te plait. Il rentre dans la salle et s'assoit. Monsieur ChefSpecialAdapté intervient, je n'aime pas trop ça, et oblige Dylan à s'excuser. Il le fait très partiellement et contraint, monsieur Chef lui a demandé trois fois au moins.
Pendant le cours Dylan et Brandon ont décidé de ne rien foutre. Mais en plus de parler, et de gêner les autres avec qui j'essaie un tant soit peu de faire de l'oral. La leçon est très simple, ils doivent dire le nombre d'animaux et de frères et soeurs qu'ils ont, avec un modèle et tout le vocabulaire des animaux écrit sous des images affichées au tableau. Je comprends pas, je veux pas, j'm'en fous. Les deux résistent. Et en plus ils me font chier : C'est moche vos cheveux, c'est nul ce cours,... Là c'en est trop. J'en ai assez, putain je ne suis pas là pour me faire emmerder j'en ai ras le bol de ces petits cons qui interviennent sans cesse pour dire de la merde, j'exige que Dylan et Brandon me donnent leur carnet pour des heures de retenues. Brandon s'exécute, en grognant, mais le fait. Dylan refuse. J'insiste. Il refuse encore. Je hausse la voix. Il me BALANCE SON CARNET A LA TETE ! Ni une ni deux, je me saisis du carnet et l'envoie à l'autre bout de la classe. Non là c'est plus moi, je ne me maitrise plus.
Dylan me crie :
- CA VA PAS NON ELLE EST FOLLE ELLE
- Ramasse ce carnet et donne le moi normalement.
- T'ES SERIEUSE LA ? VAS Y RAMASSE LE TOI
- Ramasse ce carnet Dylan et vient me le donner normalement
Dylan ne répond plus. La surveillante blondasse entre pour faire l'appel. Je lui dis de prévenir le Chef, je vais exclure cet élève.
Dylan prend le carnet de Brandon et le jette avec le sien.
JE REVE.
- BAH VAS Y RAMASSE LES DEUX MAINTENANT
- Sors. Prends tes affaires et sors.
- Non, j'ai fait quoi
-Sors.
- Non vas y je sors pas.
- Sors.
- Elle peut aller se faire foutre. ("elle" c'est moi)
Je n'en peux plus, je suis hors de moi. Je fais un truc que j'aurais jamais du faire, mais là c'est plus possible, je prends le sac de Dylan et le balance dans le couloir, je saisis Dylan par la manche et le balance aussi dehors. Et je hurle. "CASSE-TOI JE PEUX PLUS TE VOIR J'EN AI PLUS QU'ASSEZ DES PETITS CONS QUI ME PARLENT MAL"
La surveillante est toujours là, accompagnée d'une élève. Parce qu'à Jurassic Park les surveillants font l'appel accompagnés d'élèves censés être en permanence, comme des copains. Normal... La gamine dit "Ca se fait pas de dire ça" et la surveillante de rétorquer "Clair, ça se fait pas".
Je suis à deux doigts de lui foutre une gifle. Elle sait pas ce que je viens de vivre. Elle sait pas comment eux ils me parlent tous les jours. Connasse. Mais j'ai déja hurlé et balancé un élève dehors, je peux pas me permettre de crier sur une surveillante. Je le lui dirai plus tard.
Monsieur Chef arrive. Et devant lui Dylan me crie :
- C'EST TOI QUI A BALANCE LE CARNET, C'EST TOI, D'OU T'AS VU QU'ON BALANCAIT LES CARNETS COMME CA !
Je rentre dans la classe et ferme la porte. Il reste 5 minutes, je les passe prostrée à mon bureau. Les élèves de la section spéciale et adaptée font comme si de rien n'était. Dylan exclu, Brandon est quand même franchement calmé. Je suis choquée pour la troisième fois de la journée. Je n'aurais jamais cru que je puisse entrer dans une telle colère. Je n'ai pas été comme ça depuis les crises que je piquais contre mes parents à 18 ans. Ces gamins font ressortir toute la rage et la violence que j'ai en moi, parce que je me sens défiée, affrontée, humiliée chaque jour. Je ne supporte pas qu'on me parle mal. Je ne supporte pas d'être écrasée par des gamins de quinze ans, comme je lai expliqué dans un article précédent.
Il faut que j'apprenne à me contenir, je suis en train de me détruire, et de risquer ma carrière à chaque fois que je sors de mes gonds. J'ai été violente avec Dylan, j'ai jeté son sac dehors, je l'ai jeté dehors aussi, mais il m'a poussée à le faire. Je n'ai pas supporté les affronts incessants de cet élève, parce que j'ai été touchée dans ma fierté une fois de plus. Parfois j'arrive à passer outre, aujourd'hui c'était trop.
Je sors du cours choquée, j'ai encore deux heures à assurer. Je ne peux pas. Je me réfugie dans la salle des profs, j'arrive pas à pleurer mais je suis pleine de rage. Je vais prévenir la vie sco, je prend pas les 6e Tarzan, je fais une pause. Je peux pas dans l'état où je suis. Je craque totalement, il vaut mieux que je rentre chez moi avant d'en taper un.
Alors j'ai décidé de partir deux heures plus tôt. Pour rentrer me reposer, me calmer, et évacuer tout ce stress qui s'est accumulé en quelques heures. Je culpabilise à mort pour ce que j'ai fait et ce que j'ai dit. Faut vraiment que j'apprenne à me contrôler. Putain je les hais tellement.
Sur le chemin j'appelle Boyfriend, et au moment où j'arrive à la gare j'éclate en sanglots. J'avais oublié cette putain de grève, j'ai pas de train. Goutte d'eau qui fait déborder la cuve de 500 Litres déja pleine à ras-bord. Je pleure parce que trop, c'est trop. Le sort s'acharne.
En plus il pleut.
Mardi 8 novembre 2011
News from Hell
C'est quoi pour vous, la pire journée boulot que vous avez vécu ?
Je ne sais pas si aujourd'hui c'est la pire, mais en tout cas ça s'en rapproche bien.
5h30 Je me lève (oui tôt) pour aller bosser, je commence à 9h mais Mme Chef-chef et Educator ont prévu un rendez-vous à 8h avec le père de Kevin de la 4e Shrek, jsuis la prof principale, je dois y être aussi. Je sors de la salle de bain et je vois une grosse tâche marron sur le sol. Minouchat a vomi cette nuit, et bien tout étalé après. Je suis déjà en retard et il faut que je nettoie à la hâte avant d'aller bosser.
6h10 Je descend attendre le bus, il arrive 10 minutes plus tard, me mettant en retard pour mon premier RER.
6h30 Je rate le premier RER, je prend celui d'après, (jsuis déja retard mais tant pis) le RER P (Pas Trop Mal, quand il y a pas des oies dans les tunnels, n'est-ce pas copain-follower-twitter ?) qui part des contrées du Neuf-Deux, sur le quai on m'annonce qu'il n'y aura pas de RER T (Trop La Lose) parce que c'est la grève. J'ai 15 minutes pour échafauder un plan de correspondance pour arriver à Saint-Trululu-du-Neuf-Trois.
7h00 : J'ai choisi de prendre le métro, même s'il me fait arriver dans le coin le plus craignos de St-Tru', c'est ce qu'il y a de plus rapide (enfin, je met 1h30 au lieu d'1h quand je passe par là). J'arrive en effet à St Tru' dans ce quartier pourri, de cette ville pourrie, je suis déja stressée et oppressée avant même d'avoir commencé la journée.
8h00 : Je suis au collège, Chef-chef, Educator et moi recevons le papa de Kevin dans le bureau, et attendons Kevin. Kevin ne veut plus être à l'école, fout le bordel dans tous les cours, m'en fait baver comme pas possible depuis le mois de septembre, et veut trouver une solution pour quitter l'école au plus vite. Nous devons en discuter tous ensemble ce matin. Mme Chef-Chef est souriante et plaisante avec le père, ce qui a le don de m'énerver parce que moi Kevin, c'est pas possible, il me fait pas rire...
8h15 : Kevin ne s'est pas pointé, Educator envoie une assistante le chercher en cours, il n'y est pas.
8h30 : On recherche Kevin dans tout le collège depuis un quart d'heure, Educator et moi décidons de fouiller la cour, on fini par le retrouver caché derrière un poteau. Educator lui demande de se rendre au bureau, gentiment, je fais de même, Kevin refuse l'entretien si son père est là. Je décide d'aller prévenir Chef-Chef et le père que Kevin est retrouvé, le père me suit jusqu'à la cachette de Kevin, qui dès qu'il le voit s'enfuit en courant vers le hall (et donc la porte, et donc sortir)
Educator et le père lui courent après, je me retrouve seule au milieu de la cour, démunie.
Je cours vers le hall, Chef-Chef est en train de crier "Monsieur arrêtez, arrêtez!", Educator et elle sont en train d'essayer de séparer Kevin et son père qui sont en train de SE BATTRE AU MILIEU DU HALL !
Je m'approche de la bagarre et esquive les coups, Je suis très choquée, mais j'ai fini par récupérer Kevin et l'emmener se calmer dans la première salle ouverte que je trouve. Il s'assoit, il ne veut pas me parler, il pleure de rage, je me calme aussi et essaie de lui parler d'une voix douce : On a fait ça pour toi, pour que vous trouviez une solution toi et ton père, c'était pas contre toi, on est obligés de faire venir un parent pour décider ensemble de ton avenir.
Son cas est un peu désespéré en fait, trop jeune pour l'apprentissage, il va être obligé de passer encore une année au moins au collège, mais on a essayé de trouver des solutions.
Kevin ne veut pas me parler, il me dit juste qu'il veut partir, l'assistante sociale a assisté à la scène et veut intervenir. Je la laisse seule avec lui, et décide d'aller voir le père, mais me fais chasser du bureau de Mme Chef-Chef, me sentant tout à coup inutile et complètement dépassée. Je ne sais pas quelle réaction il fallait avoir à quel moment, je ne sais pas quoi dire ni à l'enfant, ni au père.
Educator me récupère dans son bureau, je suis choquée, je suis pas bien, j'ai 6h de cours à assurer derrière, je ne les sens pas du tout. J'essaie de me calmer cinq minutes dans la salle des profs, puis j'y vais.
9h00 :L'histoire de Kevin est toute fraîche mais je dois déja prendre les 6e Jumanji ils sont pas méchants mais de plus en plus chiants. Ils rentrent en classe comme un troupeau de moutons affolés, parlent toute l'heure, n'ont pas fait leurs devoirs.. Le cours est difficile, je suis fatiguée, en état de choc, je crie pour avoir le silence, et ne supporte rien.
10h15 : Après la récré, ce sont les 6e Tarzan, globalement plus cools et plus intelligents que les Jumanji, sauf un. Kevin. Pas le même que le kevin de 8h du matin. Un autre. Qui est arrivé en octobre, ce qui est donc un prétexte pour ne rien foutre en classe : Je comprends pas, j'étais pas là... Kevin ne cesse de me provoquer. Et cet abruti n'a rien trouvé de mieux que de faire un immense dessin sur sa table, dans la p... de salle 666, la salle qu' une collègue s'est auto-affectée et pour laquelle elle est capable de m'envoyer un mail ce soir pour me dire qu'il y avait un dessin sur une table et que ce n'est pas professionnel de ma part que de ne pas l'avoir fait effacer. Elle l'a deja fait. Sérieux les mômes, dessinez pas sur les tables, encore moins dans la salle 666, pitié. Merci pour la nouvelle source de stress.
11h15 : Cours avec les Shrek, et qui je vois arriver tout sourire au milieu, KEVIN (celui de 8h). Il fait son Kevin en classe, c'est à dire ne cesse de m'interrompre, de parler, de chantonner, de crier. J'en peux plus. Je l'exclus au bout de 25 minutes. Et tente désespérément de finir mon cours. Les Shrek sont chiants comme d'habitude. Mais sans Kevin on arrive presque à bosser. Il ne me reste plus trop de forces mais je fais de mon mieux.
Soudain j'entends des cris et des hurlements dans la salle d'à côté, où travaille la prof d'Indochinois, et dans le couloir. J'ouvre la porte entre les deux salles, et je vois deux élèves en train de s'étriper, le prof de Bataille Navale entrer depuis la salle de l'autre côté, la petite prof d'Indochinois en panique, et TOUTE SA CLASSE hurler des encouragements à tuer l'un ou l'autre des protagonistes de la bagarre. Pendant ce temps là mes Shrek sont sortis hurler dans le couloir, les élèves du prof de Bataille Navale et de la prof d'Indochinois aussi. Il y a des élèves partout, ça crie, ça s'excite, tous les profs de l'étage passent la tête de derrière leurs portes. On arrive finalement au bout d'un moment à faire rentrer toutes les classes. Je m'assois, choquée, une deuxième fois.
Ce qui me choque c'est pas tant la bagarre, je sais comment deux ados peuvent être impulsifs, mais cette espèce d'effervescence qui se crée à chaque fois, ces cris et ces encouragements, toute cette violence que je trouve très très inhumaine. Dans ces moments là je ne les comprends pas (déjà que je les comprends rarement), pourquoi d'un coup se comporter comme des animaux, alors que ce qui se passe est juste très choquant.
12h10 : On libère les élèves, j'ai fini le cours très très difficilement, en retenant mes larmes les dix dernières minutes, exaspérée, lassée, choquée de ma matinée. Dès que le dernier élève a franchi la porte, je me rue dans la salle d'Indochinois et trouve la petite prof recroquevillée sur sa chaise, effondrée, en sanglots. Je la prends dans mes bras, la console tant que je peux "c'est pas toi ma poulette, c'est eux, ce sont des monstres, même moi je galère alors que ça fait deux ans" et me mets aussi à pleurer. On est là toutes les deux, repliées sur nos chaises, à pester contre tout ce qu'on nous inflige dans ce bahut.
Entre midi et deux, je mange à peine, j'ai mal au ventre et la gorge serrée. J'avais pas vécu ça depuis un an. Je discute un peu de ce qui s'est passé. Je dis que je crains pour les trois heures de l'après-midi. Gentil collègue me dit que "ça ne peut pas être pire".
Ben si.
13h30 : J'ai cours à la Section Speciale et Adaptée, avec les 5e Armageddon. En demi-groupe alors ça devrait pas trop mal se passer. Mais dans ce groupe il y a deux chiants, appelons les Dylan et Brandon pour ne pas confondre avec tous les Kevin de la journée.
Je vais chercher la classe dans la cour, et les fais mettre en rang devant la salle, Dylan me passe devant, sans me parler et entre dans la salle, je le rappelle, non Dylan tu dois te mettre en rang. Il ne répond pas et continue sa route. Reviens ici s'il te plait. Il rentre dans la salle et s'assoit. Monsieur ChefSpecialAdapté intervient, je n'aime pas trop ça, et oblige Dylan à s'excuser. Il le fait très partiellement et contraint, monsieur Chef lui a demandé trois fois au moins.
Pendant le cours Dylan et Brandon ont décidé de ne rien foutre. Mais en plus de parler, et de gêner les autres avec qui j'essaie un tant soit peu de faire de l'oral. La leçon est très simple, ils doivent dire le nombre d'animaux et de frères et soeurs qu'ils ont, avec un modèle et tout le vocabulaire des animaux écrit sous des images affichées au tableau. Je comprends pas, je veux pas, j'm'en fous. Les deux résistent. Et en plus ils me font chier : C'est moche vos cheveux, c'est nul ce cours,... Là c'en est trop. J'en ai assez, putain je ne suis pas là pour me faire emmerder j'en ai ras le bol de ces petits cons qui interviennent sans cesse pour dire de la merde, j'exige que Dylan et Brandon me donnent leur carnet pour des heures de retenues. Brandon s'exécute, en grognant, mais le fait. Dylan refuse. J'insiste. Il refuse encore. Je hausse la voix. Il me BALANCE SON CARNET A LA TETE ! Ni une ni deux, je me saisis du carnet et l'envoie à l'autre bout de la classe. Non là c'est plus moi, je ne me maitrise plus.
Dylan me crie :
- CA VA PAS NON ELLE EST FOLLE ELLE
- Ramasse ce carnet et donne le moi normalement.
- T'ES SERIEUSE LA ? VAS Y RAMASSE LE TOI
- Ramasse ce carnet Dylan et vient me le donner normalement
Dylan ne répond plus. La surveillante blondasse entre pour faire l'appel. Je lui dis de prévenir le Chef, je vais exclure cet élève.
Dylan prend le carnet de Brandon et le jette avec le sien.
JE REVE.
- BAH VAS Y RAMASSE LES DEUX MAINTENANT
- Sors. Prends tes affaires et sors.
- Non, j'ai fait quoi
-Sors.
- Non vas y je sors pas.
- Sors.
- Elle peut aller se faire foutre. ("elle" c'est moi)
Je n'en peux plus, je suis hors de moi. Je fais un truc que j'aurais jamais du faire, mais là c'est plus possible, je prends le sac de Dylan et le balance dans le couloir, je saisis Dylan par la manche et le balance aussi dehors. Et je hurle. "CASSE-TOI JE PEUX PLUS TE VOIR J'EN AI PLUS QU'ASSEZ DES PETITS CONS QUI ME PARLENT MAL"
La surveillante est toujours là, accompagnée d'une élève. Parce qu'à Jurassic Park les surveillants font l'appel accompagnés d'élèves censés être en permanence, comme des copains. Normal... La gamine dit "Ca se fait pas de dire ça" et la surveillante de rétorquer "Clair, ça se fait pas".
Je suis à deux doigts de lui foutre une gifle. Elle sait pas ce que je viens de vivre. Elle sait pas comment eux ils me parlent tous les jours. Connasse. Mais j'ai déja hurlé et balancé un élève dehors, je peux pas me permettre de crier sur une surveillante. Je le lui dirai plus tard.
Monsieur Chef arrive. Et devant lui Dylan me crie :
- C'EST TOI QUI A BALANCE LE CARNET, C'EST TOI, D'OU T'AS VU QU'ON BALANCAIT LES CARNETS COMME CA !
Je rentre dans la classe et ferme la porte. Il reste 5 minutes, je les passe prostrée à mon bureau. Les élèves de la section spéciale et adaptée font comme si de rien n'était. Dylan exclu, Brandon est quand même franchement calmé. Je suis choquée pour la troisième fois de la journée. Je n'aurais jamais cru que je puisse entrer dans une telle colère. Je n'ai pas été comme ça depuis les crises que je piquais contre mes parents à 18 ans. Ces gamins font ressortir toute la rage et la violence que j'ai en moi, parce que je me sens défiée, affrontée, humiliée chaque jour. Je ne supporte pas qu'on me parle mal. Je ne supporte pas d'être écrasée par des gamins de quinze ans, comme je lai expliqué dans un article précédent.
Il faut que j'apprenne à me contenir, je suis en train de me détruire, et de risquer ma carrière à chaque fois que je sors de mes gonds. J'ai été violente avec Dylan, j'ai jeté son sac dehors, je l'ai jeté dehors aussi, mais il m'a poussée à le faire. Je n'ai pas supporté les affronts incessants de cet élève, parce que j'ai été touchée dans ma fierté une fois de plus. Parfois j'arrive à passer outre, aujourd'hui c'était trop.
Je sors du cours choquée, j'ai encore deux heures à assurer. Je ne peux pas. Je me réfugie dans la salle des profs, j'arrive pas à pleurer mais je suis pleine de rage. Je vais prévenir la vie sco, je prend pas les 6e Tarzan, je fais une pause. Je peux pas dans l'état où je suis. Je craque totalement, il vaut mieux que je rentre chez moi avant d'en taper un.
Alors j'ai décidé de partir deux heures plus tôt. Pour rentrer me reposer, me calmer, et évacuer tout ce stress qui s'est accumulé en quelques heures. Je culpabilise à mort pour ce que j'ai fait et ce que j'ai dit. Faut vraiment que j'apprenne à me contrôler. Putain je les hais tellement.
Sur le chemin j'appelle Boyfriend, et au moment où j'arrive à la gare j'éclate en sanglots. J'avais oublié cette putain de grève, j'ai pas de train. Goutte d'eau qui fait déborder la cuve de 500 Litres déja pleine à ras-bord. Je pleure parce que trop, c'est trop. Le sort s'acharne.
En plus il pleut.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JohnMédiateur
La suite : http://ketamine.over-blog.com/article-et-apres-88502550.html
Les profs ne parlent pas, ne disent rien, écrivent des rapports quand il y a un problème. Ils ne sont pas tous des Eglantine-moi-je-les-aime-mes-éleves, mais chacun garde pour soi ses problèmes, et ils sont blasés. On dirait qu'ils ne voient pas les mêmes choses que moi.
Chacun a sa technique de survie : celui qui s'en fout, celle qui pleure chez elle, celle qui rit tout le temps, celui qui intériorise à fond...
Parfois je demande "mais, l'élève qui s'est fait crever un oeil par un autre en classe, y a que moi que ça choque ?"
Ben ouais Erzébeth, ça se passe comme ça ici.
A force de prendre du recul on laisse faire des choses intolérables, un élève qui insulte un prof ça peut prendre un conseil d'avertissement, voire de discipline dans certains bahuts, chez nous faut l'accepter parce que ce n'est qu'une "parole de gamin". Normal.
Et franchement je n'en peux plus qu'on me dise que le problème ne vient pas que du gamin, que je ne sais pas ignorer et prendre du recul, ben désolée d'être sensible hein, mais moi quand j'apprend que dans MON bahut, un de MES élèves va peut-être perdre son oeil, qu'une de mes gamines est tabassée par des 4e, je suis forcément fragilisée et je ne PEUX PAS fermer ma gueule et ignorer.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- pkHabitué du forum
Quel témoignage. Il y a de quoi craquer dans de telles conditions. Tout mon soutien à cette collègue.
- C'est pas fauxEsprit éclairé
pk a écrit:Quel témoignage. Il y a de quoi craquer dans de telles conditions. Tout mon soutien à cette collègue.
Oui, pareil, mais je craignais d'avoir déjà été trop long.
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Le débat sur le sujet de ce fil a fait long feu ci-dessous, remplacé par un certain nombre de réactions affligeantes (à la date du 11/11) :
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/11/02/en-memoire-de-lise.html#comments
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/11/02/en-memoire-de-lise.html#comments
- Libé-RationGuide spirituel
Je suis atterrée ! Et personne ne bouge ? Tout le monde s'en fout Mais on ne vaut pas mieux que les passants chinois qui ont vu la petite fille se faire écraser à plusieurs reprises sans régir !
- AbraxasDoyen
C'est pas faux a écrit:Le débat sur le sujet de ce fil a fait long feu ci-dessous, remplacé par un certain nombre de réactions affligeantes (à la date du 11/11) :
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/11/02/en-memoire-de-lise.html#comments
Comme quoi, d'un forum à un autre, les réactions divergent…
On peut être désespéré(e) et maîtriser style et orthographe. Merteuil dit cela à Cécile quand elle vient lui raconter son dépucelage — elle se moque à la fois de ses réactions et de l'absence de maîtrise dans son récit. Je crois moi aussi qu'il faut sans cesse garder le regard froid, comme disait Sade ("il posa sur elle le regard froid du vrai libertin").
Le témoignage de "Kétamine" (vous savez ce que c'est ? Allez vérifier…) est certainement accablant, mais il n'avait pas à être accablé et à en porter les stigmates orthographiques ou stylistiques — pas au moment où l'on passe à l'écriture.
Cela dit, il y en a qui sont un peu rigoristes ou terroristes,sur Bonnetdane…
- Thalia de GMédiateur
Il est regrettable que la forme (les fautes d'orthographe qui, je l'avoue, m'ont gênée) aient fait dévier les commentaires. Kétamine vit l'enfer. Mes quatre ans de zep m'apparaissent en comparaison un doux purgatoire. Je n'y ai subi après tout que deux agressions physiques, peu d'insultes directes je le reconnais.
Ce que j'ai le moins supporté, c'est le sentiment de ne pas avoir su enseigner à des élèves très, trop faibles.
Ce que j'ai le moins supporté, c'est le sentiment de ne pas avoir su enseigner à des élèves très, trop faibles.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- sandGuide spirituel
Quel enfer, je souhaite à cette collègue de trouver la ressource nécessaire pour tenir le coup.
- JaneMonarque
Bon courage à cette collègue, et à toutes celles et ceux, qui au quotidien, doivent tenter de travailler dans des conditions épouvantables
- VioletEmpereur
Le pire est que j'ai lu en n'étant pas choquée...
Je me suis dit : tiens, ça me rappelle le collège ****
Mon absence de réaction me montre que je ne suis pas la même qu'avant d'avoir enseigné là.
Je me suis dit : tiens, ça me rappelle le collège ****
Mon absence de réaction me montre que je ne suis pas la même qu'avant d'avoir enseigné là.
- JohnMédiateur
J'aime :-)"il posa sur elle le regard froid du vrai libertin"
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- AbraxasDoyen
John a écrit:J'aime :-)"il posa sur elle le regard froid du vrai libertin"
Je crois bien que c'est dans Juliette.
Et la phrase a généré le titre (le Regard froid) du livre que Roger Vailland a consacré au libertinage en général et aux Liaisons en particulier (pas très bon, par ailleurs : Vailland a reculé devant l'évidence de la suprématie de Merteuil — comme quoi la misogynie peut engendrer des contresens).
- doublecasquetteEnchanteur
Sur ce blog, ça y était déjà, hier, l'explication de ce qu'est la kétamine ?
Je ne me souviens pas l'avoir vu, quand je l'ai lu dans le courant de la journée. mais peut-être n'y ai-je pas prêté attention ?
Je ne me souviens pas l'avoir vu, quand je l'ai lu dans le courant de la journée. mais peut-être n'y ai-je pas prêté attention ?
- doublecasquetteEnchanteur
Notez que j'en avais tellement utilisé hier, de la kétamine, que je n'avais plus trop les yeux en face des trous, après cinq chirurgies assez sanglantes.
- CelebornEsprit sacré
Abraxas a écrit:Je crois moi aussi qu'il faut sans cesse garder le regard froid, comme disait Sade
Sade ne s'était pas pris une bagarre d'élèves, une crise de larmes, un carnet de liaison, une remarque insupportable de surveillante et une grève des transports à la gueule le même jour, peut-être.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- KetamineNiveau 2
J'essaierai de garder le regard froid le jour où je serais devenue un cyborg sans émotions. Mais pour l'instant je n'ai pas encore subi l'opération que fera de moi ce genre d'androïde. Alors en attendant, j'extériorise, bien que je ne sois pas fière de mon énervement ce jour là, je préfère ça plutôt que de tout garder et en éprouver une très grande souffrance.
La kétamine est un anesthésiant qui est aussi détourné en drogue. C'est un pseudo que j'utilise depuis longtemps. Qui a une signification pour moi. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l'utiliser pour le titre de mon blog, sous prétexte que je suis prof et que c'est pas un bon exemple pour la jeunesse, tout ça, tout ça.
C'est peut-être agressif, je le conçois, comme nom pour un blog de prof que celui d'un calmant pour animaux. Mais après tout, je n'ai jamais dit que c'était pour moi ou pour les élèves...
La kétamine est un anesthésiant qui est aussi détourné en drogue. C'est un pseudo que j'utilise depuis longtemps. Qui a une signification pour moi. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l'utiliser pour le titre de mon blog, sous prétexte que je suis prof et que c'est pas un bon exemple pour la jeunesse, tout ça, tout ça.
C'est peut-être agressif, je le conçois, comme nom pour un blog de prof que celui d'un calmant pour animaux. Mais après tout, je n'ai jamais dit que c'était pour moi ou pour les élèves...
- JohnMédiateur
Bonjour quand même
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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- FinrodExpert
Le nom est bien choisi, au contraire. (edit bonjour aussi)
Quant on voit qu'une enseignante qui s'immole interpelle si peu la profession, je trouve ça courageux de briser l'hypocrisie qui nous broie de l'intérieur pour affirmer cette simple vérité : Enseigner dans beaucoup d'établissement signifie vivre un quotidien particulièrement trash.
Courage, perso, j'aurais moins peur de m'engager dans l'armée et de partir au bout du monde que d'aller dans un endroit ou c'est si difficile, car j'en suis incapable. J'aurais déjà démissionné pour chercher une reconversion.
Quant on voit qu'une enseignante qui s'immole interpelle si peu la profession, je trouve ça courageux de briser l'hypocrisie qui nous broie de l'intérieur pour affirmer cette simple vérité : Enseigner dans beaucoup d'établissement signifie vivre un quotidien particulièrement trash.
Courage, perso, j'aurais moins peur de m'engager dans l'armée et de partir au bout du monde que d'aller dans un endroit ou c'est si difficile, car j'en suis incapable. J'aurais déjà démissionné pour chercher une reconversion.
- GrypheMédiateur
Bienvenue Ketamine !
Et bon courage pour l'univers impitoyable du 9-3.
Et bon courage pour l'univers impitoyable du 9-3.
- ThalieGrand sage
+1. Je me demandais récemment pourquoi nous n'avions pas plus de témoignages de collègues travaillant dans des collèges très difficiles. Je pense avoir compris en lisant ce témoignage : parce que tout le monde est anesthésié justement, parce que le regard devient très froid, lointain, se déshumanise, que tout glisse pour pouvoir survivre...Finrod a écrit:Le nom est bien choisi, au contraire. (edit bonjour aussi)
Quant on voit qu'une enseignante qui s'immole interpelle si peu la profession, je trouve ça courageux de briser l'hypocrisie qui nous broie de l'intérieur pour affirmer cette simple vérité : Enseigner dans beaucoup d'établissement signifie vivre un quotidien particulièrement trash.
Courage, perso, j'aurais moins peur de m'engager dans l'armée et de partir au bout du monde que d'aller dans un endroit ou c'est si difficile, car j'en suis incapable. J'aurais déjà démissionné pour chercher une reconversion.
- pkHabitué du forum
Ketamine, j'aime bien aussi ce pseudo. Certains intervenants, sur le site d'Abraxas, ont botté en touche. On ne se grandit pas en écrasant l'autre. Cela ne change rien à votre quotidien. Bon courage en tout cas. J'espère que avec vos collègues il y aura plus d'entraide à l'avenir. Dans de telles situations, je ne conçois pas qu'il peut en être autrement.
PS: https://www.dailymotion.com/video/x9s7wx_groland-la-femme_fun
PS: https://www.dailymotion.com/video/x9s7wx_groland-la-femme_fun
- GrypheMédiateur
Peut-être aussi parce qu'il y a quelque chose qui arrive insidieusement à vous faire croire que c'est de votre faute.Thalie a écrit:Je me demandais récemment pourquoi nous n'avions pas plus de témoignages de collègues travaillant dans des collèges très difficiles.
parce que tout le monde est anesthésié justement, parce que le regard devient très froid, lointain, se déshumanise, que tout glisse pour pouvoir survivre...
J'ai commencé dans des établissements difficiles (qui n'arrivaient pourtant pas au quart de ce qui est décrit là, mais quand même suffisamment pour que les livreurs de pizzas refusent de desservir la zone). Eh bien... quand j'en parlais... soit on ne me croyait pas, soit on me faisait comprendre que c'était sans doute de ma faute. Maintenant, le premier que j'entends dire "c'est de votre faute si les élèves se comportent mal", je l'explose. Même si c'est vrai qu'on arrive à infléchir les choses dans un sens ou dans l'autre en fonction de sa pédagogie (car on sert quand même à quelque chose), mais non, ce n'est pas "de notre faute", enseignants et personnels de l'EN, si on en arrive à ces extrêmes là.
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- doublecasquetteEnchanteur
Le pb n'est pas là !Ketamine a écrit:
La kétamine est un anesthésiant qui est aussi détourné en drogue. C'est un pseudo que j'utilise depuis longtemps. Qui a une signification pour moi. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l'utiliser pour le titre de mon blog, sous prétexte que je suis prof et que c'est pas un bon exemple pour la jeunesse, tout ça, tout ça.
C'est peut-être agressif, je le conçois, comme nom pour un blog de prof que celui d'un calmant pour animaux. Mais après tout, je n'ai jamais dit que c'était pour moi ou pour les élèves...
Il n'y a rien d'agressif dans ce choix, enfin rien qui m'agresse. Il n'est pas non plus question de bon ou mauvais exemple donné aux enfants (s'agit-il seulement d'enfants, d'ailleurs ? ) et le fait que vous ayez cru que c'était de cela qu'il s'agissait prouve à quel point vous êtes perdue sur les questions d'autorité et de rapport avec vos jeunes élèves. Brighelli et Sibille ont compris au quart de tour la remarque de Dobolino sur Bonnetdane. Je vais tenter de vous expliquer, ainsi qu'à tous ceux qui n'ont rien compris comme vous, mais vous trouverez ici bien des professeurs qui sauront mieux que moi vous conseiller pour vous aider à asseoir votre autorité et à en faire une seconde nature.
Il s'agit du risque de copinage, du genre, "ouah, hé, les mômes, regardez comme je suis complice avec vous ! Je cause et j'écris SMS et Texto, et je n'ai pas peur des junkies. J'ai même des potes qui le sont. Pas comme ces vieux profs CAMIF et ronds-de cuir, qui n'ont aucune expérience de la vie ".
C'est ainsi que je le ressens.
Et, à copiner avec les élèves, on perd toute autorité et le nom de votre blog m'a fait craindre que vous ne procédiez ou désiriez procéder ainsi.
Après, vos rapports avec la kétamine relèvent de votre vie privée et ne me concernent en rien.
Quoiqu'il en soit, bienvenue ici où vous trouverez pleins de professeurs chevronnés (qui fument peut-être des joints, d'ailleurs ... ce dont je me moque totalement tant que les élèves l'ignorent ) pour vous soutenir et aider.
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