- MagpieExpert
Le titre est volontairement au pluriel car je sais que je ne suis pas la seule à avoir de ces cas.
Je suis néotit (peu d'expérience...) et PP d'une classe de 6ème.
Dès le premier jour, j'ai appris que quelque chose clochait avec une de mes élèves (A.) lorsque j'ai créé les binômes pour les casiers : la seule fille qui restait avec elle (B.) a refusé d'être son binôme car "on était déjà dans la même école avant et il y a eu des problèmes". Bon. La semaine suivante, A. est venue me voir pour me dire que des rumeurs circulaient à son sujet et que des filles essayaient de retourner ses copines contre elle. J'ai déjà parlé de cet événement sur un autre fil : une surveillante a pris les choses en main et demandé à A. et B., chacune leur tour, d'être plus tolérantes.
L'affaire ne s'est malheureusement pas arrêtée là et les rumeurs et persécutions envers A. ont pris une ampleur considérable. Dans ma classe, pas plus "méchante" qu'une autre, plus personne ne peut la supporter sinon deux ou trois garçons au tempérament extrêmement doux qui réussissent à garder leurs distances avec elle sans se montrer désagréables. Lors des récréations, elle tente de rester le plus longtemps possible en classe en posant trente six questions aux professeurs (d'où un coup de gueule un soir sur le topic "je râle"), sinon, elle traîne avec les ULIS ou les plus jeunes. (j'y reviendrai)
Voilà ce que je peux dire de son comportement qui peut en agacer plus d'un (moi comprise, hélas) : c'est une fille extrêmement anxieuse, qui a sans cesse besoin de regarder sur le voisin en classe pour se rassurer, de fixer le professeuravec son air de chien battu (d'où un certain malaise), quitte à passer son temps retournée, chose pour laquelle je la reprends sèchement, évidemment. Je me demande si elle s'en rend compte car sur la feuille pour préparer le premier conseil de classe, elle a écrit qu'elle se sentait bien en classe car "Je occupe de mes affaires et personne ne m'embête, je ne pense plus aux autres". De plus, malgré le désintérêt des autres pour sa personne, elle est toujours "maladivement" prête à se montrer utile : un élève n'a pas le temps de terminer de me dire qu'il a perdu son stylo qu'elle lui tend déjà le sien. Si elle surprend une conversation, elle va s'y immiscer pour les mêmes raisons(là encore, je vais y revenir). Elle revient souvent me "rapporter" des insultes ou comportements d'autres élèves à son égard, parfois je me demande si elle n'a pas développé de la paranoïa (plus ou moins légitime) : son binôme qui devait prendre ses devoirs en cas d'absence ne lui ayant pas donné tous les travaux d'SVT, elle est venue m'en parler. J'ai demandé au professeur d'SVT qui m'a répondu que son binôme avait été plus que soigneux avec les affaires d'A. (il devait ramasser des feuilles dans le bois près du collège pour faire un herbier). A. est revenue me voir au cours suivant, avec le binôme, en brandissant une feuille : "vous voyez, y'avait ça et il m'a pas dit !" le binôme lui-même n'était pas au courant... Etourderie, certes, mais pas de quoi faire un procès.
Dernièrement, elle m'a plus qu'agacée et j'ai du lui répondre sèchement car elle ne cesse de venir me voir à la fin des cours pour le PPRE de lecture. Depuis qu'elle a fait le test, elle réclame "Moi je dois avoir un PPRE, quand est-ce que ça commence le PPRE, vous êtes sûre que ça n'a pas commencé etc..." J'ai du lui faire remarquer que c'était moi la prof, que je connaissais mon métier, que je lui avais déjà répondu 36 fois, lui mettre le planning sous le nez pour la rassurer : non, ça n'avait pas commencé !! Cela m'étonne d'ailleurs qu'elle "sache" qu'elle a été sélectionnée pour en avoir un car ce n'est pas le cas de tous les élèves qui ont passé ce test. Cela va de pair avec un léger égocentrisme : elle peut venir me demander en début d'heure si je peux l'interroger pour lire un passage du texte à étudier, demander parfois un petit traitement de faveur en douce pendant la classe (je n'ai pas d'exemple en tête là-dessus par contre).
Hier, j'ai enfin rencontré quelqu'un qui a pu m'éclairer à son sujet : son instituteur de CM2 que j'ai trouvé très pertinent. Il m'a dit qu'elle était arrivée dans leur école en CM1, après un CE2 désastreux dont elle n'avait jamais voulu parler. Ses parents avaient entamé, à la demande de l'école, des démarches pour obtenir un suivi psychologique mais comme "ça allait mieux" en CM1, ils ont abandonné et catégoriquement refusé de recommencer. Seulement "mieux" ne veut pas dire "bien" et si elle est aujourd'hui capable d'aller aux toilettes toute seule, ses problèmes sociaux sont loin d'être réglés ! Il a également parlé de "violence affectueuse" qu'elle a envers les élèves plus jeunes, (des cibles plus faciles sans doute), et les ULIS, chose que j'avais donc déjà remarquée. Il m'a dit une phrase dure mais hélas réaliste "A est difficile à défendre face aux autres parce qu'on a peu de points positifs sur lesquels s'accrocher".
Pour le moment, j'ai trouvé très difficile d'agir, premièrement parce que A. ne veut pas être citée, ce que je comprends. Donc, à part relire le règlement avec les élèves, difficile de trouver des cibles à sanctionner pour agressivité sans dire qu'elle a rapporté. Une collègue à moi m'a dit que je ne devrais pas hésiter à le faire : "F., t'as bien dit telle chose à A. ? Sanction".
Mes élèves sont chahuteurs, mais pas méchants. D'ailleurs, je ne pense pas qu'une école entière puisse être méchante. Ils sont en 6è, ils aiment l'effet de groupe, mais si ça se passe ainsi partout où passe A., ce n'est pas toute l'école qui est en cause. J'ai surpris un accrochage tout à l'heure : A traverse la cour toute seule, s'arrête pour dire quelque chose à J. qui bondit et la traite de "gogole". Je saute sur J., A. continue son chemin. J., en larmes, me dit qu'il parlait avec ses camarades lorsque A. lui a demandé ce qu'il avait oublié : "Je lui dit que je n'ai rien oublié mais elle m'a dit "Si, je t'ai entendu dire que tu avais oublié quelque chose". Alors je réponds que non, et elle me traite de gogol, alors c'est là que je l'ai traitée de Gogole". J. est impulsif, certes, mais je comprends qu'il se soit senti agressé par A. qui s'est mêlée dans la conversation... Je trouve difficile de punir qui que ce soit dans ce cas, qu'en pensez vous ?
Je suis donc embêtée dans ma gestion de classe et voici mes principales questions :
- je ne peux évidemment pas laisser passer les agressions, mais comment gérer ces cas ? Les délégués eux-mêmes ne peuvent pas la supporter (gros conflit entre la déléguée et A.) J'ai du mal à rester patiente avec une fille si envahissante 6h par semaine, comment ne pas comprendre qu'ils explosent ? Je voudrais bien sacrifier une heure de cours pour en discuter avec eux, mais en présence de A, cela me semble impossible.
- Que dire à A. pour la secouer ? Je lui ai conseillé de discuter au "centre de parole" animé par un ancien instituteur une fois par semaine pour vider son sac, et je compte remettre l'idée du suivi psycho sur le tapis avec sa mère dès que possible (d'ailleurs je suis pas fière là... j'appréhende cet entretien...). Sinon quoi ? La conseiller sur sa tenue ? Arrête de fixer les gens, ne marche pas trop près de tes camarades si tu ne veux pas les bousculer, arrête de stresser, arrête d'être trop "gentille" ?!? Je n'ai pas non plus envie qu'elle reporte sur moi tout cet affectif si nous nous mettons à discuter trop fréquemment...
Merci de m'avoir lue ! Si vous avez des conseils ou des témoignages, aiguillez moi s'il vous plait... J'ai moi-même subi ce genre de persécution, tout va très bien aujourd'hui, mais face à elle je suis un peu désemparée. J'ai l'impression de ne pas avoir de réflexes logiques.
Je suis néotit (peu d'expérience...) et PP d'une classe de 6ème.
Dès le premier jour, j'ai appris que quelque chose clochait avec une de mes élèves (A.) lorsque j'ai créé les binômes pour les casiers : la seule fille qui restait avec elle (B.) a refusé d'être son binôme car "on était déjà dans la même école avant et il y a eu des problèmes". Bon. La semaine suivante, A. est venue me voir pour me dire que des rumeurs circulaient à son sujet et que des filles essayaient de retourner ses copines contre elle. J'ai déjà parlé de cet événement sur un autre fil : une surveillante a pris les choses en main et demandé à A. et B., chacune leur tour, d'être plus tolérantes.
L'affaire ne s'est malheureusement pas arrêtée là et les rumeurs et persécutions envers A. ont pris une ampleur considérable. Dans ma classe, pas plus "méchante" qu'une autre, plus personne ne peut la supporter sinon deux ou trois garçons au tempérament extrêmement doux qui réussissent à garder leurs distances avec elle sans se montrer désagréables. Lors des récréations, elle tente de rester le plus longtemps possible en classe en posant trente six questions aux professeurs (d'où un coup de gueule un soir sur le topic "je râle"), sinon, elle traîne avec les ULIS ou les plus jeunes. (j'y reviendrai)
Voilà ce que je peux dire de son comportement qui peut en agacer plus d'un (moi comprise, hélas) : c'est une fille extrêmement anxieuse, qui a sans cesse besoin de regarder sur le voisin en classe pour se rassurer, de fixer le professeur
Dernièrement, elle m'a plus qu'agacée et j'ai du lui répondre sèchement car elle ne cesse de venir me voir à la fin des cours pour le PPRE de lecture. Depuis qu'elle a fait le test, elle réclame "Moi je dois avoir un PPRE, quand est-ce que ça commence le PPRE, vous êtes sûre que ça n'a pas commencé etc..." J'ai du lui faire remarquer que c'était moi la prof, que je connaissais mon métier, que je lui avais déjà répondu 36 fois, lui mettre le planning sous le nez pour la rassurer : non, ça n'avait pas commencé !! Cela m'étonne d'ailleurs qu'elle "sache" qu'elle a été sélectionnée pour en avoir un car ce n'est pas le cas de tous les élèves qui ont passé ce test. Cela va de pair avec un léger égocentrisme : elle peut venir me demander en début d'heure si je peux l'interroger pour lire un passage du texte à étudier, demander parfois un petit traitement de faveur en douce pendant la classe (je n'ai pas d'exemple en tête là-dessus par contre).
Hier, j'ai enfin rencontré quelqu'un qui a pu m'éclairer à son sujet : son instituteur de CM2 que j'ai trouvé très pertinent. Il m'a dit qu'elle était arrivée dans leur école en CM1, après un CE2 désastreux dont elle n'avait jamais voulu parler. Ses parents avaient entamé, à la demande de l'école, des démarches pour obtenir un suivi psychologique mais comme "ça allait mieux" en CM1, ils ont abandonné et catégoriquement refusé de recommencer. Seulement "mieux" ne veut pas dire "bien" et si elle est aujourd'hui capable d'aller aux toilettes toute seule, ses problèmes sociaux sont loin d'être réglés ! Il a également parlé de "violence affectueuse" qu'elle a envers les élèves plus jeunes, (des cibles plus faciles sans doute), et les ULIS, chose que j'avais donc déjà remarquée. Il m'a dit une phrase dure mais hélas réaliste "A est difficile à défendre face aux autres parce qu'on a peu de points positifs sur lesquels s'accrocher".
Pour le moment, j'ai trouvé très difficile d'agir, premièrement parce que A. ne veut pas être citée, ce que je comprends. Donc, à part relire le règlement avec les élèves, difficile de trouver des cibles à sanctionner pour agressivité sans dire qu'elle a rapporté. Une collègue à moi m'a dit que je ne devrais pas hésiter à le faire : "F., t'as bien dit telle chose à A. ? Sanction".
Mes élèves sont chahuteurs, mais pas méchants. D'ailleurs, je ne pense pas qu'une école entière puisse être méchante. Ils sont en 6è, ils aiment l'effet de groupe, mais si ça se passe ainsi partout où passe A., ce n'est pas toute l'école qui est en cause. J'ai surpris un accrochage tout à l'heure : A traverse la cour toute seule, s'arrête pour dire quelque chose à J. qui bondit et la traite de "gogole". Je saute sur J., A. continue son chemin. J., en larmes, me dit qu'il parlait avec ses camarades lorsque A. lui a demandé ce qu'il avait oublié : "Je lui dit que je n'ai rien oublié mais elle m'a dit "Si, je t'ai entendu dire que tu avais oublié quelque chose". Alors je réponds que non, et elle me traite de gogol, alors c'est là que je l'ai traitée de Gogole". J. est impulsif, certes, mais je comprends qu'il se soit senti agressé par A. qui s'est mêlée dans la conversation... Je trouve difficile de punir qui que ce soit dans ce cas, qu'en pensez vous ?
Je suis donc embêtée dans ma gestion de classe et voici mes principales questions :
- je ne peux évidemment pas laisser passer les agressions, mais comment gérer ces cas ? Les délégués eux-mêmes ne peuvent pas la supporter (gros conflit entre la déléguée et A.) J'ai du mal à rester patiente avec une fille si envahissante 6h par semaine, comment ne pas comprendre qu'ils explosent ? Je voudrais bien sacrifier une heure de cours pour en discuter avec eux, mais en présence de A, cela me semble impossible.
- Que dire à A. pour la secouer ? Je lui ai conseillé de discuter au "centre de parole" animé par un ancien instituteur une fois par semaine pour vider son sac, et je compte remettre l'idée du suivi psycho sur le tapis avec sa mère dès que possible (d'ailleurs je suis pas fière là... j'appréhende cet entretien...). Sinon quoi ? La conseiller sur sa tenue ? Arrête de fixer les gens, ne marche pas trop près de tes camarades si tu ne veux pas les bousculer, arrête de stresser, arrête d'être trop "gentille" ?!? Je n'ai pas non plus envie qu'elle reporte sur moi tout cet affectif si nous nous mettons à discuter trop fréquemment...
Merci de m'avoir lue ! Si vous avez des conseils ou des témoignages, aiguillez moi s'il vous plait... J'ai moi-même subi ce genre de persécution, tout va très bien aujourd'hui, mais face à elle je suis un peu désemparée. J'ai l'impression de ne pas avoir de réflexes logiques.
- teutonetteNiveau 9
je comprends que tu te sentes désemparée, nous avons eu un élève avec quelque traits similaires en 6è (il est en 4è à présent). Il a vite été détesté par les autres élèves et les profs (j'avoue que moi aussi j'en ai eu marre de lui). On en a beaucoup parlé entre nous, nous avons décidé de ne plus lui accorder d'attention et de le lui dire. Mais nous avons aussi interdit aux autres de s'occuper de lui.
La situation s'est un peu décantée, mais au jour d'aujourd'hui elle n'est pas totalement réglée : les profs ont toujours autant de mal avec lui (très suffisant, sachant tout mieux que nous), mais il a plus de copains ...
La situation s'est un peu décantée, mais au jour d'aujourd'hui elle n'est pas totalement réglée : les profs ont toujours autant de mal avec lui (très suffisant, sachant tout mieux que nous), mais il a plus de copains ...
- teutonetteNiveau 9
Le médecin scolaire ou l'infirmière peuvent peut être te donner des conseils ?
- MagpieExpert
J'en ai parlé à cet ancien professeur des écoles qui est disponible pour écouter les élèves le vendredi, il m'a dit qu'il allait essayer de la rencontrer le plus vite possible, j'ai également parlé de lui à A. D'ailleurs, sa première réaction a été de me demander si ce qu'elle dirait resterait secret. De secret, elle doit en avoir un bien lourd...
- AnguaGrand sage
+1. L'AS (selon sa façon de travailler et sa disponibilité) peut peut-être aussi la rencontrer pour discuter et évaluer d'autres choses, qui peuvent être des arguments pour relancer un suivi psy.teutonette a écrit:Le médecin scolaire ou l'infirmière peuvent peut être te donner des conseils ?
Bon courage en tout cas!
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