Rendez-vous avec les parents, en reparler avec l'élève ?

Je viens de voir la mère d'un de mes élèves de 6è en présence du gamin lui-même. Elle s'inquiète beaucoup pour son fils car elle a l'impression que l'indépendance qui lui est laissée au collège l'empêche de le suivre : il fait, par exemple, ses devoirs en permanence et laisse ses affaires dans son casier ensuite. Comme il a déjà eu deux notes très moyennes et une sanction du CPE (pour un motif encore obscur), elle voudrait trouver des solutions pour continuer de bien le cerner (je lui ai parlé du cahier de textes en ligne pour vérifier les devoirs, l'a assurée que je n'hésiterais pas à la contacter en cas de souci etc...) car, et c'est là que je suis déstabilisée, elle a affirmé, devant lui, n'avoir aucune confiance en lui, que c'était un vrai filou, qu'il mentait comme un arracheur de dents etc. Elle m'a raconté quelques anecdotes assez effarantes en effet (il a fait pleurer ses institutrices, joué avec le feu...) et caché d'autres qui "ne sont pas racontables". Visiblement elle et son mari ne sont pas des parents qui se délestent sur l'équipe éducative.
Par contre, j'ai été choquée que cette mère qui m'a parue quand même aimante ait des mots si durs pour son enfant en sa présence. Je ne doute pas qu'elle le lui ait déjà dit tout cela, il acquiesçait d'ailleurs. Je me demande ce que l'enfant qui entend ça, lancé à toute vitesse car elle n'avait pas le temps de s'étendre pendant des heures, et sans contrepoint positif peut ressentir.
Trouveriez-vous judicieux que j'invite mon élève à en reparler avec moi, pour lui demander ce qu'il a pensé des paroles de sa mère, lui demander si c'était justifié ? Je ne mets pas en doute les paroles de la mère, je voudrais la version du fils, son ressenti peut-être, et que s'il le faut, il prenne conscience de certaines choses lui-même pour retrouver, le mot est peut-être fort, de la dignité.
J'ajoute que pour le moment, à part quelque bavardages et un dynamisme foufou (mais c'est le cas de plusieurs élèves de la classe, ce sont des sportifs), il m'a toujours semblé très aimable. (L'affaire avec le CPE n'a toujours pas été résolue, j'irai le voir demain.)

comem la réaction t'a choquée, je trouve judicieux aussi d'en reparler avec l'enfant. En biaisant, sans le faire trop directement. Un enfant n'"accusera" jamais ses parents. Mais au vu de ce que tu en dis et d el'attitude de la mère, j'ai l'impression quand même que l'enfant est enfermé dans une spirale. S'il entend tous les jours des mots aussi peu valorisants, il va s'enfermer dans le rôle du mauvais garçon et un jour ou l'autre il va être comme la mère le peint.
Je pense que tu peux faire sentir au garçon que tu as confiance en lui, que tu vas attendre pour le juger et que tu ne vas pas forcément tenir compte des paroles de la mère pour te faire une opinion sur lui.
A mon avis cet enfant ne doit pas voir beaucoup confiance en lui.

C'est bien ce à quoi je pensais, je ne veux surtout pas qu'il juge sa mère, ce n'est pas mon but, mais qu'il exprime ce que lui ressent et pense. Et oui, lui faire comprendre que je ne le jugerai pas par rapport à ce que j'ai entendu aujourd'hui.

En même temps, pour une fois qu'une mère ne soutient pas son coquin !

C'est pour ça que je ne la juge pas non plus

Il y a malheureusement des chances pour que ce gamin se comporte de façon à donner raison à sa mère. C'est forcé.
Je crois que je contournerais le truc. De façon frontale je doute que ça marche. Et donc, je confierais des tâches à ce gamin en disant : "je te fais confiance", ou encore, "machin est quelqu’un de confiance". Et quand il dérape (il dérapera) lui dire que c'est un acte isolé, que sur ce coup là il s'est trompé/a menti/triché, que chacun a droit à l'erreur (à condition de réparer/s'excuser) et de ne pas recommencer.

Tu penses que l'écouter ne servirait pas à grand chose ? (c'est une vraie question hein !). Pour le reste, je te suis totalement.

Pour ma part, je lui parlerais et le ferait parler uniquement du scolaire (boulot, organisation, comportement), mais pas de ce qui peut se passer avec ses parents. Comme le disait Pseudo, lui donner des tâches à sa portée, le surveiller du coin de l'œil, insistant sur le côté "tu peux y arriver, ça tu peux le faire seul, ça je t'aide mais quand tu auras réussi ça, tu pourras faire seul".
Certes, ses parents lui renvoient (visiblement à raison) une image peu positive, mais leur relation les regarde eux... je trouve que ce n'est pas à nous de s'y immiscer. Par contre, leur nommer des progrès devant lui, ça peut faire du bien à tout le monde.

Magpie a écrit:
Trouveriez-vous judicieux que j'invite mon élève à en reparler avec moi, pour lui demander ce qu'il a pensé des paroles de sa mère, lui demander si c'était justifié ? Je ne mets pas en doute les paroles de la mère, je voudrais la version du fils, son ressenti peut-être, et que s'il le faut, il prenne conscience de certaines choses lui-même pour retrouver, le mot est peut-être fort, de la dignité.

Il me paraît aussi périlleux que déplacé de s'immiscer dans la relation parent-enfant. Que voudrais-tu que l'élève te réponde? Que sa mère est une menteuse (ce qui est fort peu probable)? Sans compter qu'il peut se braquer et refuser de te répondre. Tu serais bien avancée. L'enfer est pavé de bonnes intentions, méfiance.

Angua a écrit:
Certes, ses parents lui renvoient (visiblement à raison) une image peu positive, mais leur relation les regarde eux... .

Ca... C'est souvent plus complexe. En fait, un enfant se conforme le plus souvent à la "prédiction" parentale. Un enfant dont on dit depuis toujours qu'il est maladroit, ou méchant, le sera. Car ses parents ont forcement raison. C'est un phénomène psychologique assez tordu mais très courant.

Moi, je crois qu'un parent doit toujours avoir une image positive de son gamin. Un parent ne peut pas à raison avoir une image peu positive de son gamin. C'est de la maltraitance.

Pseudo a écrit:

Angua a écrit:
Certes, ses parents lui renvoient (visiblement à raison) une image peu positive, mais leur relation les regarde eux... .

Ca... C'est souvent plus complexe. En fait, un enfant se conforme le plus souvent à la "prédiction" parentale. Un enfant dont on dit depuis toujours qu'il est maladroit, ou méchant, le sera. Car ses parents ont forcement raison. C'est un phénomène psychologique assez tordu mais très courant.

Moi, je crois qu'un parent doit toujours avoir une image positive de son gamin. Un parent ne peut pas à raison avoir une image peu positive de son gamin. C'est de la maltraitance.

Ce n'est pas faux...

Angua a écrit:

Pseudo a écrit:

Angua a écrit:
Certes, ses parents lui renvoient (visiblement à raison) une image peu positive, mais leur relation les regarde eux... .

Ca... C'est souvent plus complexe. En fait, un enfant se conforme le plus souvent à la "prédiction" parentale. Un enfant dont on dit depuis toujours qu'il est maladroit, ou méchant, le sera. Car ses parents ont forcement raison. C'est un phénomène psychologique assez tordu mais très courant.

Moi, je crois qu'un parent doit toujours avoir une image positive de son gamin. Un parent ne peut pas à raison avoir une image peu positive de son gamin. C'est de la maltraitance.

Ce n'est pas faux...

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