- MufabGrand Maître
Oui, si on devait virer tous ceux qui plantent leurs premiers mois, ou leur première année, il resterait plus grand monde. Enfin je parle pour moi.
Et puis se planter aussi c'est formateur.
Et puis se planter aussi c'est formateur.
- MufabGrand Maître
Tiens, Prineya, j'ai eu aussi un Ce1-Ce2 dans le genre du tien. Je l'appelle encore maintenant la "Classe Poubelle". C'est rude, mais c'est vrai (1 Ce1 en attente de place en CLIS; 2 autres pour qui j'ai fait une demande pour l'année suivante; 2 signalements pour enfant en danger; un Ce2 qui faisait mine de s'auto-mutiler, ou plaçait ses ciseaux ouverts sous sa gorge "je vais le faire, maîtresse !", et qui me menaçait du poing quand ça n'allait pas fort; trop de non-lecteurs, une cleptomane, un élève qui refusait de rentrer en classe après les récrés, qui refusait de sortir pour la récré, qui se planquait dans les recoins de l'école, qui sortait en imitant le moteur d'une moto dès qu'il voyait la porte ouverte pendant la classe, et qu'il fallait courser dans les couloirs tous les jours, laissant les autres seuls se livrer à des batailles de crayons de couleurs... Je n'exagère rien.)
Et à côté de ça quelques excellents élèves qui arrivaient à bosser quand même dans la tourmente continuelle, je ne sais toujours pas comment ils faisaient, j'avais à peine le temps de les regarder.
Hé ouais ça existe, et quand tu tombes dessus en débutant, c'est quand même les boules.
Et à côté de ça quelques excellents élèves qui arrivaient à bosser quand même dans la tourmente continuelle, je ne sais toujours pas comment ils faisaient, j'avais à peine le temps de les regarder.
Hé ouais ça existe, et quand tu tombes dessus en débutant, c'est quand même les boules.
- JaneMonarque
Nasopi a écrit:lalilala a écrit:lulucastagnette a écrit:Je trouve ça très triste mais comme Reine, je pense qu'aucun métier ne vaut qu'on y laisse la vie.
Je pense que cette personne avait d'autres problèmes.
Je comprends bien qu'un redoublement ou un licenciement soient des épreuves terribles, mais que faut-il faire ? Arriver à un système où tout le monde serait titularisé ??
non bien sûr mais moi ce que j'ai mal vécu, c'est le harcèlement et l'absence de conseils clairs alors que je réclamais de l'aide. On m'a fait comprendre en gros que répondre à mes questions c'était me mâcher le travail. C'est ça qui m'a fait plonger...
Je ne comprends pas que l'on ait pas fait redoubler cette stagiaire...
+1.
Pendant ma première année de stage, on m'a gratuitement humiliée, tout le temps. La seule qui s'est bien comportée, c'est l'inspectrice qui est venue me voir au mois de juin (c'est elle qui a décidé de mon redoublement, mais elle s'est débrouillée pour me dire des choses positives à l'entretien qu'on a eu après, et je me souviens encore du bien que ça m'a fait après cette année horrible).
Pour ma deuxième année, je n'étais pas meilleure et j'ai fait à peu près autant d'erreurs, mais je suis tombée sur des gens humains et sensibles. J'ai nettement vu la différence !!!
J'ajouterais infantilisée, déconsidérée, écrabouillée par une tutrice IUFM abominable, qui détestait viscéralement les stagiaires femmes jeunes (et en lettres, on était beaucoup), mariées et mères (peut-être un brin de rancoeur contre la vie qui l'avait faite vieille, laissée célibataire et sans enfant ?). J'ai finalement été titularisée par l'inspectrice CONTRE l'avis de l'IUFM, en cours d'année (pendant mon report de stage pour cause de grossesse), rapport élogieux à l'appui. La première chose que j'ai faite, c'est de jeter toutes les âneries ioufemesques compilées dans mes classeurs :lol:
- Marie LaetitiaBon génie
Le problème des années de stage, c'est qu'il s'agit d'évaluer un comportement, pendant quelques heures (une, deux, trois), à partir d'une norme fixée par ceux-là mêmes qui jugent les stagiaires. On peut fixer une norme en matière de savoir et juger selon cette norme. Mais on ne peut pas le faire pour un comportement (en dehors de violences physiques et verbales à l'égard des élèves) car il suffit d'un rien pour qu'un comportement ait des effets positifs et d'un rien dans l'autre sens pour que les effets soient calamiteux.
En outre, il n'y a pas d'observation pendant des dizaines d'heures, sans que les élèves ne le sachent - ce qui peut influer sur leur comportement.
De nombreux éléments troublent toute évaluation. Ce qui se passe dans une classe peut n'avoir aucun rapport avec ce qu'il y a dans la classe d'à côté. Un conseiller pédago ou tuteur ne peut pas décréter '"Untel ne peut pas avoir de difficulté, ce collège n'est pas difficile! Moi dans mes classes je n'ai rien de tout ça".
Il y a une alchimie dans un groupe, qui dépend de tellement de facteurs différents... Un inspecteur lui-même arrive avec ses propres attentes, conscientes et surtout inconscientes de ce qui est "convenable".
Un tuteur a des années derrière lui dans bien des cas et un professeur expérimenté agit souvent par réflexes. Il ne saurait donner toutes les raisons pour lesquelles lui n'a pas (plus) de problème.
On demande à des stagiaires d'agir en gens expérimentés, d'avoir la démarche, le flegme, la réactivité, la distanciation d'un professeur expérimenté. Ou d'en montrer les prémices. Or, selon la personnalité de chacun, il faut plus ou moins de temps pour acquérir tout cela.
L'anecdote rapportée par Madame Flo est révélatrice de l'absence de maîtrise des ressorts psychologique du rapport à l'autre qui est répandue parmi les formateurs. Oui, quand un élève insulte un enseignant, dire que l'enseignant souffre de son attitude, qu'elle est choquante, chercher la raison de ces insultes est utile. Il blesse l'enseignant et il faut que la chose lui soit dite. Oui quand un élève refuse d'obéir et retourne la faute sur l'enseignant, il peut être bon de réfléchir sur la réaction qu'en tant qu'enseignant, on a eue. Mais il y a une urgence préalable, c'est la sanction qui marque la franchissement des limites.
Un formateur ne peut pas dire à un stagiaire "'s'il t'insulte tu dois t'entretenir avec lui à la fin du cours pour discuter avec lui". C'est oublier qu'il y a un préalable comme le disait Gryphe, que la relation professeur/élève soit établie.
Parfois j'ai l'impression qu'un certain nombre de formateurs (je ne généraliserai pas) ont tout lu de la psychologie mais n'ont pas compris grand chose, pas plus qu'ils n'ont pris conscience du bagage acquis qui leur permet à eux de tenir ce discours. Leur conception de la pédagogie est alors entièrement faussée parce qu'elle est partielle et surtout dogmatique. Il y a un mélange entre conscient et inconscient qui est la clé. Et selon eux, il y a une vérité pédagogique, point. "Si vous ne faites pas comme ça, vous ne serez pas validés" comme je l'ai entendu, moi, en stage.
Le truc révélateur, c'est que, pour prendre l'exemple de ma formation IUFM, on nous demandait de varier les activités pour ne pas ennuyer les élèves; aucun formateur ne s'est rendu compte que TOUS les jeudis, les stagiaires devaient suivre les mêmes exercices, le même déroulé de séance. C'est énorme, quand même.
Quand on reproche à des formateurs leur absence de prise en compte de la réalité, ce qui leur manque surtout ce n'est pas tant la pratique sur le terrain (même si elle est absolument nécessaire) c'est tout autant un regard critique sur leur propre pratique.
En outre, il n'y a pas d'observation pendant des dizaines d'heures, sans que les élèves ne le sachent - ce qui peut influer sur leur comportement.
De nombreux éléments troublent toute évaluation. Ce qui se passe dans une classe peut n'avoir aucun rapport avec ce qu'il y a dans la classe d'à côté. Un conseiller pédago ou tuteur ne peut pas décréter '"Untel ne peut pas avoir de difficulté, ce collège n'est pas difficile! Moi dans mes classes je n'ai rien de tout ça".
Il y a une alchimie dans un groupe, qui dépend de tellement de facteurs différents... Un inspecteur lui-même arrive avec ses propres attentes, conscientes et surtout inconscientes de ce qui est "convenable".
Un tuteur a des années derrière lui dans bien des cas et un professeur expérimenté agit souvent par réflexes. Il ne saurait donner toutes les raisons pour lesquelles lui n'a pas (plus) de problème.
On demande à des stagiaires d'agir en gens expérimentés, d'avoir la démarche, le flegme, la réactivité, la distanciation d'un professeur expérimenté. Ou d'en montrer les prémices. Or, selon la personnalité de chacun, il faut plus ou moins de temps pour acquérir tout cela.
L'anecdote rapportée par Madame Flo est révélatrice de l'absence de maîtrise des ressorts psychologique du rapport à l'autre qui est répandue parmi les formateurs. Oui, quand un élève insulte un enseignant, dire que l'enseignant souffre de son attitude, qu'elle est choquante, chercher la raison de ces insultes est utile. Il blesse l'enseignant et il faut que la chose lui soit dite. Oui quand un élève refuse d'obéir et retourne la faute sur l'enseignant, il peut être bon de réfléchir sur la réaction qu'en tant qu'enseignant, on a eue. Mais il y a une urgence préalable, c'est la sanction qui marque la franchissement des limites.
Un formateur ne peut pas dire à un stagiaire "'s'il t'insulte tu dois t'entretenir avec lui à la fin du cours pour discuter avec lui". C'est oublier qu'il y a un préalable comme le disait Gryphe, que la relation professeur/élève soit établie.
Parfois j'ai l'impression qu'un certain nombre de formateurs (je ne généraliserai pas) ont tout lu de la psychologie mais n'ont pas compris grand chose, pas plus qu'ils n'ont pris conscience du bagage acquis qui leur permet à eux de tenir ce discours. Leur conception de la pédagogie est alors entièrement faussée parce qu'elle est partielle et surtout dogmatique. Il y a un mélange entre conscient et inconscient qui est la clé. Et selon eux, il y a une vérité pédagogique, point. "Si vous ne faites pas comme ça, vous ne serez pas validés" comme je l'ai entendu, moi, en stage.
Le truc révélateur, c'est que, pour prendre l'exemple de ma formation IUFM, on nous demandait de varier les activités pour ne pas ennuyer les élèves; aucun formateur ne s'est rendu compte que TOUS les jeudis, les stagiaires devaient suivre les mêmes exercices, le même déroulé de séance. C'est énorme, quand même.
Quand on reproche à des formateurs leur absence de prise en compte de la réalité, ce qui leur manque surtout ce n'est pas tant la pratique sur le terrain (même si elle est absolument nécessaire) c'est tout autant un regard critique sur leur propre pratique.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Je côtoie quelques uns de ces évaluateurs/formateurs, et j'en ai côtyé d'autres aussi. Ayant très mal vécu mon année de stage, je suis très attentif à ce qu'ils rapportent de leurs interventions auprès des stagiaires.
Or ils ont, me semble-t-il, presque tous en commun d'ignorer que l'institution les place dans une situation de toute-puissance singulière (droit de d'inspecter, de manipuler, de juger, de sanctionner, etc.) qui est déjà une violence pour les stagiaires, sans même qu'il soit question d'en faire mauvais usage.
Et plutôt que de se contraindre de ce fait à la plus grande retenue, ils ont une fâcheuse tendance à considérer que si on leur a confié une telle arme, c'est pour s'en servir de manière discrétionnaire.
Cela avec d'autant plus d'agressivité parfois qu'ils ont aussi en commun l'amertume d'être peu entendus, contrecarrés par les syndicats, et que l'intéret des élèves est donc entre leurs mains.
La pression à laquelle sont soumis leurs interlocuteurs du seul fait de ce rapport malsain, et les bévues qu'elle peut produire, n'est jamais prise en compte, et on les entend se jurer d'obtenir le licenciement de quelqu'un pour une parole malheureuse, un geste isolé potentiellement dangereux, etc.
Pas fait pour ce métier, disent-ils en effet, sauf qu'ils ne sont jamais en situation de pouvoir en juger véritablement.
Or ils ont, me semble-t-il, presque tous en commun d'ignorer que l'institution les place dans une situation de toute-puissance singulière (droit de d'inspecter, de manipuler, de juger, de sanctionner, etc.) qui est déjà une violence pour les stagiaires, sans même qu'il soit question d'en faire mauvais usage.
Et plutôt que de se contraindre de ce fait à la plus grande retenue, ils ont une fâcheuse tendance à considérer que si on leur a confié une telle arme, c'est pour s'en servir de manière discrétionnaire.
Cela avec d'autant plus d'agressivité parfois qu'ils ont aussi en commun l'amertume d'être peu entendus, contrecarrés par les syndicats, et que l'intéret des élèves est donc entre leurs mains.
La pression à laquelle sont soumis leurs interlocuteurs du seul fait de ce rapport malsain, et les bévues qu'elle peut produire, n'est jamais prise en compte, et on les entend se jurer d'obtenir le licenciement de quelqu'un pour une parole malheureuse, un geste isolé potentiellement dangereux, etc.
Pas fait pour ce métier, disent-ils en effet, sauf qu'ils ne sont jamais en situation de pouvoir en juger véritablement.
- frankensteinVénérable
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que pour enseigner, il faut surtout avoir une confiance en soi ! Le problème avec les formateurs (IUFMesques ou pas) , c'est que leurs visites ou conseils produisent bien souvent l'effet inverse ! Certains vont vous conseiller de lire toute la collection des "Meirieu" ou autre foutaise ! J'appelle ça un lavage de cerveau, une infantilisation destructrice ! Puis que dire des formateurs ou inspecteurs qui jugent le travail des enseignants sur l'épaisseur d'un cahier journal, sur le nombre de compétences ou objectifs qui ont été listés ? Ce n'est certainement pas cette stratégie qui va "aider" un stagiaire ou résoudre les problèmes de discipline !! Au contraire, mieux vaut garder son énergie pour la classe...Si on pouvait chiffrer le gâchis , la perte de temps, la "contre-productivité" et même la "nuisance" des conseils "pédagogiques", on arriverait à des centaines de millions d'heures...Sans exagérer... :shock:
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Mettez des pouces verts sur : https://www.youtube.com/user/Choristenimes/ videos
Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- 2+2=5Niveau 2
gelsomina31 a écrit:2+2=5 a écrit:
Malheureusement ça fait partie désormais de notre travail, on ne peut pas/plus se limiter à transmettre des connaissances, si on a pas envie de le faire je pense qu'il vaut mieux changer de travail (si on en a la possibilité)...
Ça fait partie de notre métier désormais parce qu'on l'accepte... Combien sommes nous à avoir passé plusieurs pauses méridiennes devant l'IA pour refuser la fin des Réseau d'Aide? Combien sommes nous à être allé manifester contre la destruction de l'école depuis au moins 6 ans (mon entrée dans le métier)?
Ca ne me dérange pas de faire de la co-éducation. Encore faut il qu'il y ait un minimum d'éducation (parents...), de prise en charge des cas lourds de plus en plus nombreux (service sociaux, réseau d'aide) ainsi qu'un minimum de soutien de l'administration...
Depuis que j'ai commencé, on me dit "Formez vous comme vous pouvez et si vous vous posez des questions ou avez besoin d'aide, démissionnez!".
C'est quoi ce bordel????
Heureusement j'ai quelques collègues dans la vraie vie et d'autres sur le net qui me montre la beauté de ce métier et me redonne du courage. Heureusement que j'ai mon mari et ma famille pour m'empêcher de faire des bêtises quand j'en ai plus que marre.
Mais il y a un moment où il faut pouvoir dire STOP!! ON FONCE DROIT DANS LE MUR!! ARRÊTONS LA MACHINE INFERNALE ET RÉFLÉCHISSONS A COMMENT REPARTIR DU BON PIED!!
Ce n'est pas en enfonçant les stagiaires et en faisant démissionner les titulaires que l'école ira mieux! La sélection par le harcèlement moral , NON MERCI!!!
gelsomina je suis d'accord avec toi... Personnellement j'ai passé une année de stage de merde (j'étais à deux doigt de démissionner)... je voulais simplement souligner le fait que le métier ait changé et que maintenant on doit s'occuper de choses qui vont au-delà de la simple transmission de connaissances... je pense que malheureusement on ne peut pas faire grand-chose pour changer cet état de faits...
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these fragments i've shored against my ruins
- CondorcetOracle
Gelsomina et
- RikkiMonarque
Je suis d'accord avec beaucoup d'entre vous.
L'hypocrisie immonde du "on a multiplié les visites chez elle, pourtant" me donne envie de vomir. Il y a eu mort d'homme, quand même, et leur réaction est inhumaine.
On a tous, au moins une fois, eu à pâtir de ces visites / inspections / rapports qui nous font tant de mal. On doit se conformer à un modèle que celui d'en face a dans la tête, mais on ne sait pas lequel c'est. Les normes de ce qui est "bien" ou "mal" varient d'un formateur / évaluateur à l'autre. Faites ce que dit votre conseiller pédagogique, vous vous ferez descendre par votre prof d'IUFM, et réciproquement.
Même après 15 ans de boîte, j'ai souffert — oh, pas à aller me flinguer pour ça, c'est sûr, mais souffert quand même — d'un rapport fielleux d'inspecteur.
Je connais plusieurs collègues qui ont fait des dépressions suite à des rapports destructeurs.
Et si je suis bien d'accord de dire que tout le monde n'est pas fait pour être enseignant, je pense que personne ne mérite d'être traité comme ça !
L'hypocrisie immonde du "on a multiplié les visites chez elle, pourtant" me donne envie de vomir. Il y a eu mort d'homme, quand même, et leur réaction est inhumaine.
On a tous, au moins une fois, eu à pâtir de ces visites / inspections / rapports qui nous font tant de mal. On doit se conformer à un modèle que celui d'en face a dans la tête, mais on ne sait pas lequel c'est. Les normes de ce qui est "bien" ou "mal" varient d'un formateur / évaluateur à l'autre. Faites ce que dit votre conseiller pédagogique, vous vous ferez descendre par votre prof d'IUFM, et réciproquement.
Même après 15 ans de boîte, j'ai souffert — oh, pas à aller me flinguer pour ça, c'est sûr, mais souffert quand même — d'un rapport fielleux d'inspecteur.
Je connais plusieurs collègues qui ont fait des dépressions suite à des rapports destructeurs.
Et si je suis bien d'accord de dire que tout le monde n'est pas fait pour être enseignant, je pense que personne ne mérite d'être traité comme ça !
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- mimileDoyen
Marie Laetitia a écrit:Le problème des années de stage, c'est qu'il s'agit d'évaluer un comportement, pendant quelques heures (une, deux, trois), à partir d'une norme fixée par ceux-là mêmes qui jugent les stagiaires. On peut fixer une norme en matière de savoir et juger selon cette norme. Mais on ne peut pas le faire pour un comportement (en dehors de violences physiques et verbales à l'égard des élèves) car il suffit d'un rien pour qu'un comportement ait des effets positifs et d'un rien dans l'autre sens pour que les effets soient calamiteux.
En outre, il n'y a pas d'observation pendant des dizaines d'heures, sans que les élèves ne le sachent - ce qui peut influer sur leur comportement.
De nombreux éléments troublent toute évaluation. Ce qui se passe dans une classe peut n'avoir aucun rapport avec ce qu'il y a dans la classe d'à côté. Un conseiller pédago ou tuteur ne peut pas décréter '"Untel ne peut pas avoir de difficulté, ce collège n'est pas difficile! Moi dans mes classes je n'ai rien de tout ça".
Il y a une alchimie dans un groupe, qui dépend de tellement de facteurs différents... Un inspecteur lui-même arrive avec ses propres attentes, conscientes et surtout inconscientes de ce qui est "convenable".
Un tuteur a des années derrière lui dans bien des cas et un professeur expérimenté agit souvent par réflexes. Il ne saurait donner toutes les raisons pour lesquelles lui n'a pas (plus) de problème.
On demande à des stagiaires d'agir en gens expérimentés, d'avoir la démarche, le flegme, la réactivité, la distanciation d'un professeur expérimenté. Ou d'en montrer les prémices. Or, selon la personnalité de chacun, il faut plus ou moins de temps pour acquérir tout cela.
L'anecdote rapportée par Madame Flo est révélatrice de l'absence de maîtrise des ressorts psychologique du rapport à l'autre qui est répandue parmi les formateurs. Oui, quand un élève insulte un enseignant, dire que l'enseignant souffre de son attitude, qu'elle est choquante, chercher la raison de ces insultes est utile. Il blesse l'enseignant et il faut que la chose lui soit dite. Oui quand un élève refuse d'obéir et retourne la faute sur l'enseignant, il peut être bon de réfléchir sur la réaction qu'en tant qu'enseignant, on a eue. Mais il y a une urgence préalable, c'est la sanction qui marque la franchissement des limites.
Un formateur ne peut pas dire à un stagiaire "'s'il t'insulte tu dois t'entretenir avec lui à la fin du cours pour discuter avec lui". C'est oublier qu'il y a un préalable comme le disait Gryphe, que la relation professeur/élève soit établie.
Parfois j'ai l'impression qu'un certain nombre de formateurs (je ne généraliserai pas) ont tout lu de la psychologie mais n'ont pas compris grand chose, pas plus qu'ils n'ont pris conscience du bagage acquis qui leur permet à eux de tenir ce discours. Leur conception de la pédagogie est alors entièrement faussée parce qu'elle est partielle et surtout dogmatique. Il y a un mélange entre conscient et inconscient qui est la clé. Et selon eux, il y a une vérité pédagogique, point. "Si vous ne faites pas comme ça, vous ne serez pas validés" comme je l'ai entendu, moi, en stage.
Le truc révélateur, c'est que, pour prendre l'exemple de ma formation IUFM, on nous demandait de varier les activités pour ne pas ennuyer les élèves; aucun formateur ne s'est rendu compte que TOUS les jeudis, les stagiaires devaient suivre les mêmes exercices, le même déroulé de séance. C'est énorme, quand même.
Quand on reproche à des formateurs leur absence de prise en compte de la réalité, ce qui leur manque surtout ce n'est pas tant la pratique sur le terrain (même si elle est absolument nécessaire) c'est tout autant un regard critique sur leur propre pratique.
- lalilalaEmpereur
Marie Laetitia a écrit:
En outre, il n'y a pas d'observation pendant des dizaines d'heures, sans que les élèves ne le sachent - ce qui peut influer sur leur comportement.
ça c'est bien vrai...l'année dernière j'ai eu une visite de ma tutrice début mars, la deuxième visite "conseils" 15 jours plus tard et l'inspection carrément, 15 jours plus tard sur la même classe. Les élèves trouvaient ça louche..."mais madame vous avez déjà été inspectée.... " (avec un air qui dit "mais vous avez un problème? vous êtes nulle ou quoi??")
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Nuestra vida es un círculo dantesco.
Mon blog
- MorgaredNiveau 9
La lecture de cet article est bouleversante. Le cynisme du recteur est glaçant. Il sait très bien qu'il peut tenir en toute impunité les propos que tiennent tous les responsables de l'EN dans les mêmes circonstances tragiques : leurs mensonges ne sont jamais relevés par les médias et sont destinés à être acceptés sans recul par la population - exactement comme lorsqu'il est question des conditions on ne peut plus enviables dans lesquelles sont supposés exercer les enseignants (4000€ par mois, revalorisation récente confortable, 18h de travail seulement par semaine... plus c'est gros plus ça passe). On imagine comme ces mensonges doivent être prononcés avec délectation par leurs auteurs jamais contredits. Ici, il suffit de faire passer le harcèlement moral pour une "aide", et les bourreaux deviennent de bons samaritains. Cette inversion des valeurs est révoltante, tout comme l'inhumanité dont fait preuve cet homme, et l'institution avec lui.
- chocoNiveau 6
J'étais bouleversée quand j'ai lu et écrit hier.
Je viens de prendre le temps de lire tout ce qui a été écrit et le décalage qu'il y a entre les attentes des ipr et la réalité a bien été souligné. Mon inspectrice m'a dit que je devrais avoir honte de faire des cours aussi mauvais en comparaison de ceux que j'ai pu avoir quand j'étais moi-même au collège car j'avais osé faire plus de civilisation que de langue ( peu de version et pas de thème) avec une classe qui, au début de l'année, ne savait pas même sa 1e déclinaison alors que j'étais déjà contente d'avoir pu les amener à traduire quelques lignes ! Je crois qu'ils ne vivent pas tous dans le même monde que nous et voilà où cela mène... Mais bien sûr il est tellement plus facile de rejeter la faute sur le stagiaire qui par peur ne va pas se défendre. On n'arrête pas de nous dire en formation que la valorisation des élèves entraine une meilleure attitude, de meilleurs résultats et que cela influe énormement ( il y a même eu récemment un e=m6 qui le montrait), mais ce qui est valable pour les élèves l'est aussi pour les stagiaires !!
Je viens de prendre le temps de lire tout ce qui a été écrit et le décalage qu'il y a entre les attentes des ipr et la réalité a bien été souligné. Mon inspectrice m'a dit que je devrais avoir honte de faire des cours aussi mauvais en comparaison de ceux que j'ai pu avoir quand j'étais moi-même au collège car j'avais osé faire plus de civilisation que de langue ( peu de version et pas de thème) avec une classe qui, au début de l'année, ne savait pas même sa 1e déclinaison alors que j'étais déjà contente d'avoir pu les amener à traduire quelques lignes ! Je crois qu'ils ne vivent pas tous dans le même monde que nous et voilà où cela mène... Mais bien sûr il est tellement plus facile de rejeter la faute sur le stagiaire qui par peur ne va pas se défendre. On n'arrête pas de nous dire en formation que la valorisation des élèves entraine une meilleure attitude, de meilleurs résultats et que cela influe énormement ( il y a même eu récemment un e=m6 qui le montrait), mais ce qui est valable pour les élèves l'est aussi pour les stagiaires !!
- C'est pas fauxEsprit éclairé
A l'IUFM, la "coordonnatrice" de mon "groupe" était une cinglée sadique. Dès qu'elle avait vent d'un stagiaire mis en difficulté, elle lui fondait dessus le soir même au téléphone, pour lui faire savoir qu'on lui proposait une "remédiaition", en clair, qu'il était dans le collimateur, sur un siège éjectable, qu'il allait en ch*** et qu'on n'allait pas le lâcher comme ça.
Elle "proposait" même à certains de venir travailler chez elle le dimanche.
Un autre PIUFM, à qui nous devions proposer trois voeux pour je ne sais plus quoi, avait assassiné verbalement une jeune collègue parce qu'elle n'en avait émis qu'un seul : "Vous êtes une anarchiste, vous n'avez rien à faire dans ce métier, j'en fais une affaire personnelle" (sic). Il avait fallu une lettre de plates excuses et la médiation d'une autre PIUFM témoin de la scène pour qu'il daigne passer l'éponge.
Ce ne sont que des anecdotes et il y a des tarés partout, me direz-vous, mais elles illustrent le climat d'abus de pouvoir qui règne en tout cas à l'IUFM que j'ai eu le regret de fréquenter. J'ai passé un an à me dire : "Mais qu'est-ce que c'est que ce milieu de cinglés malfaisants ?"
Elle "proposait" même à certains de venir travailler chez elle le dimanche.
Un autre PIUFM, à qui nous devions proposer trois voeux pour je ne sais plus quoi, avait assassiné verbalement une jeune collègue parce qu'elle n'en avait émis qu'un seul : "Vous êtes une anarchiste, vous n'avez rien à faire dans ce métier, j'en fais une affaire personnelle" (sic). Il avait fallu une lettre de plates excuses et la médiation d'une autre PIUFM témoin de la scène pour qu'il daigne passer l'éponge.
Ce ne sont que des anecdotes et il y a des tarés partout, me direz-vous, mais elles illustrent le climat d'abus de pouvoir qui règne en tout cas à l'IUFM que j'ai eu le regret de fréquenter. J'ai passé un an à me dire : "Mais qu'est-ce que c'est que ce milieu de cinglés malfaisants ?"
- CondorcetOracle
Choco, plein de bises pour toi cette année
- CeladonDemi-dieu
C'est pas faux, Choco
- Invité14Expert
Enseignant dans le privé , il faut un préaccord de l'enseignement Catholique.
on passe donc des tests (psy?), et des entretiens.
On passe aussi une visite médicale.
A aucun moment, personne ne s'est rendu compte ( cela devait se sentir) que je n'étais peut etre pas assez forte pour enseigner.
Mon tuteur connaissait mes difficultés et ne m'a jamais aidé.
Il a fallu que j'aille voir La Direction del'Enseignment Catholique pour demander ma démission, pour qu'on m'aide, 3 ans après.
Jamais je ne me suis arrêtée et pourtant j'ai eu des idées noires.
je ne comprends que trop bien tout ce qu'a ressenti cette heune prof.
on passe donc des tests (psy?), et des entretiens.
On passe aussi une visite médicale.
A aucun moment, personne ne s'est rendu compte ( cela devait se sentir) que je n'étais peut etre pas assez forte pour enseigner.
Mon tuteur connaissait mes difficultés et ne m'a jamais aidé.
Il a fallu que j'aille voir La Direction del'Enseignment Catholique pour demander ma démission, pour qu'on m'aide, 3 ans après.
Jamais je ne me suis arrêtée et pourtant j'ai eu des idées noires.
je ne comprends que trop bien tout ce qu'a ressenti cette heune prof.
- christophevanNiveau 6
Le problème n'est pas la seconde chance ou non. Il y a des personnes qui, objectivement, ne sont pas faites pour le métier.
Le problème est de savoir les causes du suicide : est-ce le licenciement ou le déroulement de l'année?
Parceque le déroulement de l'année de stage peut être un vrai cauchemar. Et quand je lis l'autre guignol de recteur qui dit que les visites étaient pour "aider" la collègue, ça me donne surtout envie de vomir. Une telle hypocrisie... Beurk.
Le problème est de savoir les causes du suicide : est-ce le licenciement ou le déroulement de l'année?
Parceque le déroulement de l'année de stage peut être un vrai cauchemar. Et quand je lis l'autre guignol de recteur qui dit que les visites étaient pour "aider" la collègue, ça me donne surtout envie de vomir. Une telle hypocrisie... Beurk.
- CarabasVénérable
Possible, mais on n'arrive toujours pas à définir des critères clairement objectifs.christophevan a écrit:Le problème n'est pas la seconde chance ou non. Il y a des personnes qui, objectivement, ne sont pas faites pour le métier.
Cela dit, ce n'est pas le problème ici.
Peut-être l'accumulation des 2, non?christohevan a écrit:Le problème est de savoir les causes du suicide : est-ce le licenciement ou le déroulement de l'année?
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- JEMSGrand Maître
Et quid de l'école ? La Direction a son mot à dire aussi ?
J'ai souvenir d'une collègue en détresse jetée comme une malpropre par mon ex adjoint, la chef des travaux et même des collègues.
Le problème vient de l'usage du pouvoir. Il faut être assis à la droite de Dieu pour être protégé.
J'ai souvenir d'une collègue en détresse jetée comme une malpropre par mon ex adjoint, la chef des travaux et même des collègues.
Le problème vient de l'usage du pouvoir. Il faut être assis à la droite de Dieu pour être protégé.
- CalandriaGrand sage
Je garde un très mauvais souvenir de ma formation IUFM. La première journée de formation, on a eu l'occasion de travailler sur un document sonore et de créer une grille de compréhension orale. Chaque groupe a présenté ce qu'il comptait faire avec ce document en classe. Un groupe s'est fait descendre, deux des nanas dont parties en pleurs. Ca commençait bien...
On a eu beaucoup de soucis. On a fini par faire un courrier pour signaler les dysfonctionnements. La formatrice voulait nous poursuivre pour diffamation. Elle m'a appelé. Je lui ai dit qu'à de nombreux moments, beaucoup d'entre nous avaient songé à tout arrêter. Sa réponse : "Le métier de prof est difficile, il faut être dur et tester les stagiaires pour savoir qui est fait pour ce métier"...
On a eu beaucoup de soucis. On a fini par faire un courrier pour signaler les dysfonctionnements. La formatrice voulait nous poursuivre pour diffamation. Elle m'a appelé. Je lui ai dit qu'à de nombreux moments, beaucoup d'entre nous avaient songé à tout arrêter. Sa réponse : "Le métier de prof est difficile, il faut être dur et tester les stagiaires pour savoir qui est fait pour ce métier"...
- CondorcetOracle
JEMS a écrit:Et quid de l'école ? La Direction a son mot à dire aussi ?
J'ai souvenir d'une collègue en détresse jetée comme une malpropre par mon ex adjoint, la chef des travaux et même des collègues.
Le problème vient de l'usage du pouvoir. Il faut être assis à la droite de Dieu pour être protégé.
+ 1000. L'ordinaire dérive insensiblement vers l'arbitraire. Et Antigone est condamnée par Créon.
- chocoNiveau 6
Ton exemple est on ne peut mieux choisi : les Grecs avaient déjà tout compris et " tout n'est que palimpseste ".
- C'est pas fauxEsprit éclairé
Calandria a écrit:La formatrice voulait nous poursuivre pour diffamation. Elle m'a appelé. Je lui ai dit qu'à de nombreux moments, beaucoup d'entre nous avaient songé à tout arrêter. Sa réponse : "Le métier de prof est difficile, il faut être dur et tester les stagiaires pour savoir qui est fait pour ce métier"...
Voilà, tout est là : ces gens (certains, en tout cas) prennent prétexte de tester les stagiaires pour les harceler. C'est aussi grotesque que scandaleux : cette pression déstabilise les gens consciencieux sujets au doute. Les filous, les glandus et les abrutis passent à travers sans encombre. Singulier filtrage.
- micaschisteMonarque
je n'ai pas tout lu mais j'étais tombée sur son avis de décès dans le journal indiquant clairement qu'elle avait mis fin à ses jours et précisant qu'elle était prof stagiaire. La façon dont l'avis était formulé m'avait interpellée.
Des pensées à sa famille.
Des pensées à sa famille.
- NitaEmpereur
C'est bien triste, parce que c'est forcément triste, une vie qui s'éteint.
Quant aux suicides des enseignants, sur leur lieu de travail ou non, ils sont toujours dus, pour notre administration, à des problèmes ne relevant JAMAIS de leur vie professionnelle.
Quant aux suicides des enseignants, sur leur lieu de travail ou non, ils sont toujours dus, pour notre administration, à des problèmes ne relevant JAMAIS de leur vie professionnelle.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- Lettre ouverte des collègues du collège Hubertine Auclert à Toulouse, après le suicide d'un professeur stagiaire
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- Grenoble : suite aux critiques, l'académie supprime de son site un document de 2011 sur l'éducation à la sexualité.
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