Un chouette boulot quand même

Je lis tous les posts concernant l'actualité, la baisse des vocations, la difficulté , les incivilités.Et tout celà est vrai.Toute cette histoire de socle commun de compétences, ces réunions où des collègues pensant leur heure de gloire arrivée jargonnent encore plus que les ipr et lancent des projets comme des ballons, l'ent et son flicage,et bien sû les parents, les Kévinas et Totos qui ne sont là que parce qu'il y avait de lumière, les classes impossibles, tout celà existe , ne nous leurrons pas.Mais, tout de même quand on est dans sa classe , avec ses élèves, dans des conditions normales (et pas avec des sauvageons), je trouve que c'est un chouette boulot, et je n'aurais envie d'être nulle part ailleurs.Lorsque cette année, mes 4° tout à fait lambdas se sont passionnés pour le Cid et que la voix de Gérard Philippe par l'intermèdiaire de deezer a résonné dans ma classe, quand une de mes Kévinas, 5 de moyenne générale, arrive un matin en me disant "J'ai relu l'acte V (chose que personne ne lui avait demandé) , c'est trop bien !", quand j'ai dit à mes 3°, en fin d'année qu'on allait faire un commentaire "comme au lycée" et que je leur ai fait rédiger l'intro, et que tous (même les redoublants, ceux qui allaient en apprentissage ) s'y sont mis fièrement pour des résultats tout à fait honorables, que certains de mes 6° ont récité 4 pages entières du Petit Prince, sans annôner, sans aucune erreur, le ton parfait, lorsque tous ces petits riens arrivent, je me dis que j'ai de la chance de faire ce mètier, malgré tout.Et je souhaite à tous les stagiaires, ceux qui vont débuter, plein de moments comme ceux-là, car au fond, c'est ce qui reste.

Tu as raison roxanne !!!
Même si je suis parfois épuisée de toutes ces réunions, poussée à bout par certain(e)s énergumènes, je suis heureuse dans mon boulot, parce que :
- une ancienne élève vient me voir en fin d'année et me dit qu'elle "cartonne" en allemand et que c'est grâce à moi (je sais bien que j'y suis pas pour grand chose, mais bon sang, ça fait du bien).
- les parents me félicitent pour la sortie organisée pour les CM2/6è, qu'ils ont adoré et que ça leur a fait apprendre plein de choses !!!
- mes 4èLV2 regardent un film en VO et sont plongés dedans (vraiment) et qu'ils ne veulent pas attendre le lendemain pour connaître la suite
- mes 4èbilangues veulent faire grève parce qu'ils ne m'auront pas l'année d'après
- ma salle est décorée de tous les petits ou grands travaux qu'ont réalisés mes élèves
- N. chante "99 Luftballons" et qu'on reprend tous en choeur
- ...

J'AIME MON BOULOT !!!!!

Je n'aurais pas pu exprimer les choses plus clairement! Oui, c'est un bien chouette boulot, surtout au sein de sa salle de classe, avec ses élèves (moi, ce sont les à-côtés qui me barbent, les réunions, les collègues aigris, l'ambiance parfois pourrie en salle des profs...), on se dit qu'on n'a pas choisi ce métier au hasard... En tant que prof de langue, je vois vraiment les progrès accomplis au fil de l'année, et entendre en juin des sixièmes s'exprimer de façon tout à fait correcte en continu alors qu'en septembre ils ne connaissaient pas les jours de la semaine, ça fait plaisir! Les stagiaires, concentrez-vous sur le positif, toutes ces petites choses que vous apportent les élèves, car c'est vraiment ça, être prof!

Juliet2007 a écrit: Les stagiaires, concentrez-vous sur le positif, toutes ces petites choses que vous apportent les élèves, car c'est vraiment ça, être prof!

Quand le moral est en berne, que vous vous sentez submergés, noyés ... souvenez-vous d'un instant même court (on en a tous) de "réussite". Ce sentiment de travail bien fait, cette victoire...
Accrochez-vous à ça !!!

bon eh bien moi je ne suis même pas dans le bain mais j'espère que je pourrai poster ici bientôt, même si l'année s'annonce dure dure.

En attendant, je me suis attelée au premier cours, et même si je rame parce que je ne sais pas faire, ça m'enthousiasme, d'imaginer ce qui pourrait les accrocher, d'essayer de faire des trucs accessibles et clairs, etc.

Oiseau phenix a écrit:ça m'enthousiasme, d'imaginer ce qui pourrait les accrocher, d'essayer de faire des trucs accessibles et clairs, etc.

Oui voilà, des trucs accessibles et clairs. Il ne s'agit pas de les épater, mais que grâce à toi et à ton enseignement, ils deviennent épatants !

début août: l'effet-vacances .

bah moi je n'ai jamais connu cela: j'ai eu des classes avec lesquelles j'avais le silence et on bossait mais jamais de "bons moments". je n'ai jamais été heureuse en classe, en fait. quand 'jessayais de les intéresser à quelque chose qui me passionnait, cela les barbait. j'ai bossé longtemps mes cours, en m'inspirant des manuels ou des séquences BDD, pour tenter de les "accrocher". Rien. j'ai rarement eu des retours positifs d'élèves (du genre c'est vachement bien ce qu'on a fait etc). le reste du temps, le flicage et les conflits éventuels selon les classes.

Donc vraiment, pas faite pour ça. c'est le genre de chose qui me fait un peu regretter de n'avoir pas su être meilleure dans ce métier...

Pour mon 1er remplacement cette année, j'étais dans un ECLAIR. Tout le monde m'a dit "tu devrais refuser, c'est trop dur, blablabla...". Effectivement, il y a des périodes ou c'est compliqué, où on a presque envie d'en passer un par la fenêtre... :boucherie:

Et puis vient le jour où, sans que tu ai rien demandé, cinq ou six d'entre eux sortent du CDI et te disent "Madame c'était trop bien aujourd'hui, je vais venir plus souvent!" ou alors leur mine déçue quand tu leur dis que ben non ca ne sera pas toi à la rentrée puisque la titulaire revient de son congé :bebe: et reprend son poste.
Ou encore alors que tu t'échines à leur expliquer que tu n'es pas leur mère et que ranger derrière eux ne fait pas partie de ton boulot (comme pour beaucoup d'autres choses, mais c'est pour ca qu'il existe les mots théorie et pratique^^), et que ce jour-là miraculeusement, l'une d'entre elles fait le tour de la salle, remet les chaises convenablement sous les tables, met les papiers dans la poubelle et range les livres sur les étagères (et ô miracle!!!) à la bonne place!

Ces jours-là tu te dis que oui c'est un chouette boulot et tu rentres chez toi tout léger... :acd:

Ma plus belle victoire cette année, ce sont mes 2des. Parce qu'ils n'étaient vraiment pas partis pour et que je me suis vu les abandonner sur le bord de la route à la fin du 1er trimestre quand ils m'ont remis en cause au conseil de classe. Et puis je les ai vus s'accrocher. Bosser. Tirer vers le haut. Pas tous, c'est vrai. Mais les efforts qui ont été faits, le fait que ma blonde de la classe, ma nouille, s'exclame "allez-y, pourquoi vous prenez pas les 1ères l'année prochaine?" (c'est la déléguée qui s'est fait une joie de m'aligner hein) ben... voilà

donc oui Roxanne, c'estun job formiadble. et je ne suis jamais allée en cours en traînant les pieds. Je ne peux rien faire d'autre. Je ne veux rien faire d'autre. Je suis moi en classe.

Et mes 4èmes qui ont accroché à cyrano...

Je me souviens d'un élève de 5e, à la traîne, en tout, bougon, en permanence... L'aimait PAS l'histoire-géo ! Et pis c'était tout. Sauf que j'avais trouvé un jeu vidéo (ultra basique) sur la féodalité, que j'avais fait installer sur les ordinateurs du CDI. Il est venu y jouer je ne sais combien de fois et il adorait ce truc. La féodalité et les seigneurs, c'est passé comme une lettre à la poste...

Sinon j'aime les chocolats en fin d'année, les étudiants qui s'accrochent... J'avais fait un billet là-dessus d'ailleurs http://le-gout-des-archives.blogspot.com/2009/11/enseignante.html

Lorica a écrit:début août: l'effet-vacances .

+1

Même si je ne serai pas triste ni trop mécontent de retourner travailler en septembre!

Ce qui est génial dans ce métier est aussi ce qui me "tue" : impossible de prédire comment ça va se passer. Des moments de grâce réels peuvent être suivis par une bonne grosse mer***asse et dans la même séance, quelquefois!

Ne jamais pouvoir se dire, bon ça c'est fait: ils ont compris! Bah non, demain ils auront peut-être oublié!

Et ce même élève (Amaury! Il a 12 ans donc 0.1% de chances qu'il lise ce post) qui sait me dire "I'm through with it, Sir!" impeccablement avec les liaisons, les 2 bonnes intonations sur les 2 groupes de sens lorsqu'il a fini son exo, va me dire 5 minutes plus tard, : "How d'you say "je suis" in English?" ça c'est le genre de chose qui d'abord puis

Prof, on a jamais fini: fini tout court et fini d'apprendre et de se !

Alors wesh, j'estime avoir de la chance d'être prof + là où j'enseigne!

C'est tout à fait cela et si Entre les murs (le film) a une qualité c'est de bien montrer ça : Souleman que le prof croit avoir "sauvé" avec les photos , qui "pète un plomb" le cours suivant.Le gamin qui , quasiment dans la même phrase va sortir une grosse absurdité et qui enchaîne avec une réflexion fine et inattendue.

Etre prof c'est comme les vendanges ça fait mal quand on y est ... mais on a toujours envie d'y retourner !

teutonette a écrit:Quand le moral est en berne, que vous vous sentez submergés, noyés ... souvenez-vous d'un instant même court (on en a tous) de "réussite". Ce sentiment de travail bien fait, cette victoire...
Accrochez-vous à ça !!!

Je tacherai de m'en souvenir, mais je doute que rien ne puisse jamais égaler une classe qui reprend "99 Luftballons" en coeur

Et puis il y a ces vacances d'été, aussi. Elles nous paraissent nécessaires, parce que parfois, fin juin, on n'est pas loin du meurtre ou de l'implosion, mais c'est une chance.
Ça crée un rythme génial, où chaque rentrée est un vrai recommencement. Ça casse complètement la routine, et ça permet d'y retourner en ayant fait table rase de tout ce qui a pu mal se passer.
J'aime bien bosser pendant les grandes vacances, prendre le temps de choisir les textes que je vais travailler, inventer de nouvelles activités, et finalement, avoir un peu hâte d'y être.

Comme le dit ataraxie, ce qui est merveilleux et épuisant, c'est cette part d'imprévisible, à chaque heure de cours...

Reine Margot a écrit:bah moi je n'ai jamais connu cela: j'ai eu des classes avec lesquelles j'avais le silence et on bossait mais jamais de "bons moments". je n'ai jamais été heureuse en classe, en fait. quand 'jessayais de les intéresser à quelque chose qui me passionnait, cela les barbait. j'ai bossé longtemps mes cours, en m'inspirant des manuels ou des séquences BDD, pour tenter de les "accrocher". Rien. j'ai rarement eu des retours positifs d'élèves (du genre c'est vachement bien ce qu'on a fait etc). le reste du temps, le flicage et les conflits éventuels selon les classes.

Donc vraiment, pas faite pour ça. c'est le genre de chose qui me fait un peu regretter de n'avoir pas su être meilleure dans ce métier...

Je pense que tu étais peut-être focalisée sur la gestion de classe, l'idée que tu ne devais ps te faire déborder, mais crois-moi tu as appris des choses à beaucoup d'élèves, plus que tu ne penses.Maintenant, si tu n'as jamais été heureuse dans ce mètier, tu as effectivement fait le bon choix.

zabriskie a écrit:Et puis il y a ces vacances d'été, aussi. Elles nous paraissent nécessaires, parce que parfois, fin juin, on n'est pas loin du meurtre ou de l'implosion, mais c'est une chance.
Ça crée un rythme génial, où chaque rentrée est un vrai recommencement. Ça casse complètement la routine, et ça permet d'y retourner en ayant fait table rase de tout ce qui a pu mal se passer.
J'aime bien bosser pendant les grandes vacances, prendre le temps de choisir les textes que je vais travailler, inventer de nouvelles activités, et finalement, avoir un peu hâte d'y être. Tu me rassures, je ne suis pas seul!

Comme le dit ataraxie, ce qui est merveilleux et épuisant, c'est cette part d'imprévisible, à chaque heure de cours...

Merci d'avoir complété ma / mes pensées, Zabriskie.

Ce qui me fait avancer, c'est la certitude que mes exigences sont comprises et acceptées par les élèves, si j'en crois les nombreux commentaires de mes anciens élèves qd j'ai annoncé mon départ sur fb, qui regrettaient que je quitte leur ancien lycee, le fait que pas mal d'élèves s'assurent que c'est bien moi qui aurai les Spe maths avant de choisir leur spécialité, Le fait que mes pires élèves de seconde continuent a entretenir des cordiales relations avec moi alors que je leur mets des notes atroces, etc.

Ce qui me navre, c'est l'évolution qui me donne la forte impression que je ne pourrai plus effectuer ce métier comme je m'entends d'ici quelques annees.


Ah oui ! Et j'aime bien quand je les fais marrer.

J'ai aimé jusqu'au bout ...

Ils avaient de 6 à 9 ans, 3 niveaux à mener de front...

J'ai toujours été très exigeante et heureuse de voir qu'ils étaient fiers des résultats qui souvent leur avaient demandé de gros efforts ...

Ils me faisaient rire, parce qu'ils faisaient des bêtises que j'avais adoré faire à leur âge et je n'osais presque pas les gronder ...

Il y a eu de sacrés défis à relever avec des enfants étrangers qui arrivaient sans parler un mot de français... et qu'il ne fallait pas décevoir !!!

C'est un beau métier ...

Quelques phrases qui m'ont marquées :
en 6ème :
-"Quoi, ça sonne déjà? ça passe trop vite les cours de maths!"
-"Avant je n'aimais pas les mathématiques, depuis cette année j'aime bien"
-l'effet chorale quand je leur demande ce qu'on doit toujours commencer par faire dans un exercice de géométrie...Will Schuester a de la concurrence !
- "en maths, on travaille beaucoup sans s'en rendre compte"
- le dernier jour, une petite élève m'a apporté un cookie qu'elle avait fait elle-même, avec un petit mot "merci pour cette année avec vous, je vous souhaite de très bonnes vacances. L."
en 3ème :
-"on peut rester la récré et vous nous montrez que racine de 2 n'est pas rationnel??"
-"on n'a pas espagnol, vous pouvez nous prendre lundi ??"
-"Vous êtes exigeante, mais au final, c'est mieux pour nous!"
-"Pourquoi vous ne venez pas à Londres avec nous?"
-et pour finir, le Kévinou de ma classe rock'n roll qui m'a fait un très beau pi en cours d'arts pla et l'a fait mettre dans mon casier à la fin de l'année avec un petit mot "merci de m'avoir donné confiance en moi,vous êtes une chouette prof madame"

et à la fin de l'année "vous allez nous manquer madame"

J'ai eu beaucoup de messages fb de 3èmes très fiers de me communiquer leurs résultats au DNB.

Ma mésaventure de novembre, le conseil de discipline n'ont en rien terni mon année scolaire

Et puis même chose qu'Igniatius, j'aime quand il y a de l'humour dans mes cours !

roxanne a écrit:

Reine Margot a écrit:bah moi je n'ai jamais connu cela: j'ai eu des classes avec lesquelles j'avais le silence et on bossait mais jamais de "bons moments". je n'ai jamais été heureuse en classe, en fait. quand 'jessayais de les intéresser à quelque chose qui me passionnait, cela les barbait. j'ai bossé longtemps mes cours, en m'inspirant des manuels ou des séquences BDD, pour tenter de les "accrocher". Rien. j'ai rarement eu des retours positifs d'élèves (du genre c'est vachement bien ce qu'on a fait etc). le reste du temps, le flicage et les conflits éventuels selon les classes.

Donc vraiment, pas faite pour ça. c'est le genre de chose qui me fait un peu regretter de n'avoir pas su être meilleure dans ce métier...

Je pense que tu étais peut-être focalisée sur la gestion de classe, l'idée que tu ne devais ps te faire déborder, mais crois-moi tu as appris des choses à beaucoup d'élèves, plus que tu ne penses.Maintenant, si tu n'as jamais été heureuse dans ce mètier, tu as effectivement fait le bon choix.

en effet je ne pensais qu'à ça, la gestion de classe, et ça me bouffait. j'espère en effet avoir appris des choses à des élèves malgré tout, c'était mon but. mais oui, j'ai fait le bon choix.