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- Spinoza1670Esprit éclairé
L'école fabrique des élites, pas des équipes
Offre réservée aux abonnés, voilà pourquoi je le mets en intégrale. La date de publication n'est pas anodine. Fin de la semaine, Départ ou Veille de départ en vacances ou de retour ...
Mots clés : Le Bonheur D'être Français
Par François Hauter Publié le 28/07/2011 Réactions (43)
Une classe du lycée Jean Monet, à Strasbourg. Crédits photo : OLIVIER MORIN/AFP
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LE BONHEUR D'ÊTRE FRANÇAIS (22/30) - Le système scolaire est un sujet qui suscite de vives polémiques. Réformer l'éducation nationale pour l'adapter à la réalité du monde du travail s'avère de plus en plus nécessaire.
S'il est un sujet personnel qui, maladroitement abordé, peut creuser un gouffre entre la mère et la fille, le frère et la sœur ou les meilleurs amis du monde, c'est bien celui de l'éducation des enfants. Chacun dans sa vie privée sait qu'il s'agit là d'une ligne à très haute tension dont mieux vaut ne jamais s'approcher. La relation parents-enfants relève de l'intimité absolue de chaque couple, et l'éducation donnée aux petits tout autant. Parents et grands-parents marchent sur des œufs: le moindre mot de travers sur le sujet brise durablement la paix des familles et casse irrémédiablement des fratries.
Cela explique sans doute la violence du débat public sur l'école en France, la brutalité des querelles idéologiques sur le sujet, la rancœur des invectives entre parents et enseignants sur leurs responsabilités respectives et la panique des hommes politiques à titiller le «mammouth» (1). La presse en rajoute avec des titres comme «Cette école qui rend les enfants malades» ou «Comment ils massacrent l'école». L'angoisse enfin culmine avec le classement international Pisa (2) qui dresse le tableau d'un système scolaire français inégalitaire et produisant toujours plus d'échec scolaire. «La France tâtonne avec son école, dit justement Philippe Meirieu , professeur à l'université Lumière-Lyon II, elle a cru y démocratiser la réussite quand elle n'en a démocratisé que l'accès.» (3)
L'Allemagne ou le Royaume-Uni connaissent les mêmes difficultés. Les Britanniques et les Américains réagissent avec les charters schools: les gouvernements donnent aux parents et aux professeurs les moyens de collecter les deniers publics sur la même base par élève que le système public, s'ils pensent qu'ils peuvent fonder eux-mêmes une école plus compétitive, laïque et dont les résultats seront soigneusement contrôlés. Ces écoles sont souvent imaginées et dirigées par les diplômés d'universités prestigieuses, de jeunes parents qui veulent s'engager pour aider leurs concitoyens pauvres.
Contourner les dogmes
Dans les quartiers défavorisés des grandes villes américaines, les charters schools, inventives et dynamiques, obtiennent des résultats spectaculaires. En France, l'école républicaine cohabite difficilement avec l'école privée, elle est le bien de tous. C'est une vache sacrée. L'on n'y touche pas. Mais son immobilité est une illusion d'optique. L'école change. L'État s'efforce discrètement de contourner les dogmes par petites touches. Il a d'abord supprimé la carte scolaire. Les parents peuvent choisir l'école de leurs enfants, où qu'ils habitent. Il renforce également le pouvoir des directeurs d'école (4), et en leur offrant de l'autonomie, la liberté d'innover et d'organiser les scolarités comme ils l'entendent. Lorsque la réforme sera comprise et digérée par les enseignants, les plus dynamiques d'entre eux pourront s'en donner à cœur joie (certains le font déjà), et nos collèges pourront un jour ressembler (un peu) aux charters schools. À un bémol près: l'école française restera le pré carré des 804.000 enseignants du public (ils sont 140.000 dans le privé) et de leurs syndicats. Pas question d'y associer étroitement les parents, comme chez les Anglo-Saxons.
En clair, en France, l'on casse discrètement un moule. Celui de Jules Ferry, qui voulait, en regardant sa montre à 10 h 15 chaque lundi matin, savoir que tous les petits élèves de 4e faisaient des mathématiques partout en France. Faire des mathématiques à cette heure-là et ce jour-là, à Aulnay-sous-Bois et dans le VIe arrondissement de Paris, cela ne donne pas les mêmes résultats. À Paris, les enfants savent lire, leurs parents les font lire, ils vérifient les devoirs, et que les mathématiques les passionnent ou les ennuient, cela n'a guère d'importance: les petits suivent le cours, vaille que vaille. En banlieue, on fait faire des mathématiques à des enfants qui, pour la plupart, ne savent pas lire correctement. Cela n'a guère de sens. L'école doit savoir s'adapter à son public pour être efficace et préparer les enfants à une carrière.
Centralisme dévastateur
Rien donc à redire sur ces réformes. Il est temps de sortir d'un centralisme dévastateur. Et peut-être un jour ferons-nous comme les Chinois: ils envoient systématiquement leurs chefs d'établissement et leurs professeurs les plus expérimentés, en les payant mieux, dans les écoles les plus difficiles. Ils offrent ainsi le meilleur à ceux qui en ont le plus besoin. Pas si bête: les enfants des pauvres ont un besoin de revanche sociale, un appétit de réussite que n'ont pas forcement les enfants de riches. Une société offrant à ses défavorisés les outils de leurs succès à venir s'y retrouvera forcement. Il semble qu'en France, l'on n'ait pas compris cela: le système abandonne 150 000 élèves par an en route, et autant d'étudiants après la première année d'université (5). L'école de la IIIe République laissait déjà tomber les cancres ou les paresseux.
La société française jette ainsi ses enfants dans le même bain pour trier ceux qui surnageront, et arriveront les premiers sur les berges, en laissant couler les plus faibles. Depuis l'Âge de pierre, les hommes sélectionnent ainsi les meilleurs éléments de la tribu pour la diriger. La lutte est féroce, implacable, cruelle, comme un concours d'entrée à une grande école. Mais c'est assez primitif.
J'ai expérimenté d'autres systèmes à l'étranger. Je ne parle pas des 461 écoles et lycées français à l'étranger, qui accueillent 270.000 élèves par an, de Lisbonne à Pointe-Noire. Je songe plutôt au système américain, qui privilégie le travail en groupe. L'on réunit trois enfants autour d'une table, un fort, un moyen, un moins bon. Ils doivent s'adapter les uns aux autres, s'entraider, rendre leurs travaux ensemble. C'est ce que l'on appelle bêtement «travailler en équipe». Les enfants apprennent à devenir solidaires, ils avancent en petits groupes vers le même but. Ma fille par exemple, qui est sortie du système français pour celui de l'équipe américaine, a radicalement changé. Elle ne développe plus les angoisses qu'elle avait en allant à l'école française, cette «boule au ventre», qui font que 73% des nos enfants récemment interrogés par une association (6) n'aiment pas aller au collège. Elle ne songe qu'à une chose : s'y précipiter. Ses professeurs ne lui disent pas «Peut mieux faire!» d'un air las. Non, ils appliquent systématiquement une règle d'encouragement, avec beaucoup d'optimisme. Ils disent: «Tu vas mieux faire, je le sais ! Et toi, son amie, tu vas l'aider en faisant comme ceci et cela!» C'est une école où l'on fabrique du succès collectif. Pas de l'échec individuel.
Comment sortir la France de son pessimisme et de son découragement chronique? D'abord en sortant les Français de l'isolement dans lequel l'école les confine, jusqu'à la fin de l'université. J'ai eu, comme vous tous, des professeurs inoubliables et des cuistres durant ma scolarité française, et ce n'est pas de la qualité des enseignants dont il s'agit là. Ils sont dans leur immense majorité des êtres dévoués, passionnés par leur métier, qui travaillent d'arrache-pied pour des salaires moyens équivalents à un 1,5 smic. Ni de la capacité des hauts fonctionnaires du ministère de l'Éducation nationale, dont on mesure en les approchant la grande compétence. Ni des hommes politiques, qui de droite à gauche, sont également convaincus de l'importance d'une solide école publique pour les petits Français. Ni enfin des parents, en général encore plus ouverts et attentifs à leurs enfants que ne l'étaient leurs aînés. Non, c'est simplement un état d'esprit qui me choque en revenant en France. Un regard négatif, suspicieux, jamais positif sur l'autre. L'on insiste sur ce qui ne va pas. Les Français ne se font pas confiance les uns les autres. Ils ne savent pas travailler ensemble. Sauf dans la pratique du sport, personne ne leur apprend… l'équipe.
Que l'école française fabrique de la frustration en dressant les jeunes les uns contre les autres dès l'enfance, personne n'en doute. Mais ce goût national de la confrontation prend des proportions délirantes lorsque cela culmine, comme c'est le cas aujourd'hui, en un affrontement entre générations. Partout, et je l'ai constaté en sillonnant la France, les jeunes font peur aux adultes âgés, de plus en plus nombreux. Les discours des anciens contre les adolescents sont empreints d'intolérance: les jeunes glisseraient dans une spirale vers le bas, ils seraient illettrés, violents, déprimés, drogués et alcooliques. L'école publique serait incapable d'enrayer cette dégringolade générale.
Aucun fait concret n'étaie ce rejet. Les études démontrent que la minorité des jeunes en dépression, suicidaires ou qui se droguent représente 10 à 15% des adolescents. Cette proportion n'a que faiblement augmenté depuis les années 1970. Dans le reste des familles, les relations parents-enfants sont plus détendues qu'auparavant, les parents communiquent, ils partagent des activités et des voyages avec leur progéniture, ils savent que la période 12-18 ans est la plus sensible, la plus risquée. Ils sont donc attentifs et responsables. Mais ce quotidien équilibré n'est pas reconnu par les grands-parents, qui repoussent la génération Facebook, des modes de communication qu'ils ne maîtrisent et ne comprennent pas. Tout se passe comme si l'accélération des mutations technologiques et l'allongement de la durée de vie jetaient les générations de Français de plus en plus brutalement les unes contre les autres. Cette intolérance sert à alimenter un discours assommant, récurrent et déprimant sur une prétendue «déchéance» du pays.
La révolution en marche
L'éducation nationale y contribue en s'adaptant trop lentement à la réalité contemporaine, au travail collectif d'aujourd'hui et en donnant l'impression aux jeunes Français qu'ils sont solitaires, que leur pays est dépassé, démodé, ringard. C'est tragique pour le système, car en résistant aux changements avec une passivité agressive, il va se retrouver comme La Poste, un jour définitivement largué et inutile. La révolution, déjà, est en marche. Aux États-Unis, la plus grande université du pays, celle de Phoenix, a six millions d'étudiants. Et pas de campus. Les cours sont dispensés sur Internet, l'État de l'Arizona se contentant de faire passer et de valider les examens. Sur les 83 universités françaises, combien survivront? Selon les experts, six sans aucun doute: Strasbourg, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Toulouse et Paris. Pour les autres, le pire est à venir. À force de craindre l'avenir, l'école française sous sa forme actuelle sera-t-elle elle aussi un jour balayée? C'est désormais une possibilité ouverte.
Demain, étape de repos: je vous raconterai mes impressions de voyage.
(1) «Il faut dégraisser le mammouth», avait déclaré Claude Allègre, ministre de l'Éducation nationale de Lionel Jospin entre 1997 et 2000, en évoquant son immense ministère, qui, avec plus d'un millions de salariés, est le sixième employeur mondial.
(2) Pisa: Programme international pour le suivi des acquis des élèves; la dernière étude date de 2009, elle a été réalisée dans 65 pays auprès de 470.000 élèves âgés de 15 ans (les 34 membres de l'OCDE et 31 autres pays partenaires).
(3) Le Point, 27 janvier 2011.
(4) Les supérieurs hiérarchiques des enseignants ne sont pas les directeurs d'écoles, mais l'inspecteur… qui n'est pas sur place !
(5) 20% des élèves de 15 ans savent à peine lire et compter en France.
(6) Baromètre de l'Afev, association pour la Fondation étudiante pour la ville.
» Retrouvez tous les épisodes de notre série d'été
Par François Hauter[u]
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Depuis ce matin, je suis sur le pied de guerre et j'essaie de répondre comme je peux :mitrailler: :marteau: :boxe:
J'ai déjà demandé de l'aide et en ai reçu de ma femme , de Michel Delord , je vais en demander au Core Knowledge sur leur forum et j'ai aussi, mais un peu tard, pensé à ... Neoprofs.
Comment n'y ai-je pas pensé avant ? Peut-être que beaucoup chez Neoprofs défendent la possibilité pour tous d'une école laïque, gratuite et obligatoire et d'une Education nationale qui s'appellerait Instruction Publique.
COMMENTAIRES : voir fichier dans mes fichiers
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Par François Hauter Publié le 28/07/2011 Réactions (43)
Une classe du lycée Jean Monet, à Strasbourg. Crédits photo : OLIVIER MORIN/AFP
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LE BONHEUR D'ÊTRE FRANÇAIS (22/30) - Le système scolaire est un sujet qui suscite de vives polémiques. Réformer l'éducation nationale pour l'adapter à la réalité du monde du travail s'avère de plus en plus nécessaire.
S'il est un sujet personnel qui, maladroitement abordé, peut creuser un gouffre entre la mère et la fille, le frère et la sœur ou les meilleurs amis du monde, c'est bien celui de l'éducation des enfants. Chacun dans sa vie privée sait qu'il s'agit là d'une ligne à très haute tension dont mieux vaut ne jamais s'approcher. La relation parents-enfants relève de l'intimité absolue de chaque couple, et l'éducation donnée aux petits tout autant. Parents et grands-parents marchent sur des œufs: le moindre mot de travers sur le sujet brise durablement la paix des familles et casse irrémédiablement des fratries.
Cela explique sans doute la violence du débat public sur l'école en France, la brutalité des querelles idéologiques sur le sujet, la rancœur des invectives entre parents et enseignants sur leurs responsabilités respectives et la panique des hommes politiques à titiller le «mammouth» (1). La presse en rajoute avec des titres comme «Cette école qui rend les enfants malades» ou «Comment ils massacrent l'école». L'angoisse enfin culmine avec le classement international Pisa (2) qui dresse le tableau d'un système scolaire français inégalitaire et produisant toujours plus d'échec scolaire. «La France tâtonne avec son école, dit justement Philippe Meirieu , professeur à l'université Lumière-Lyon II, elle a cru y démocratiser la réussite quand elle n'en a démocratisé que l'accès.» (3)
L'Allemagne ou le Royaume-Uni connaissent les mêmes difficultés. Les Britanniques et les Américains réagissent avec les charters schools: les gouvernements donnent aux parents et aux professeurs les moyens de collecter les deniers publics sur la même base par élève que le système public, s'ils pensent qu'ils peuvent fonder eux-mêmes une école plus compétitive, laïque et dont les résultats seront soigneusement contrôlés. Ces écoles sont souvent imaginées et dirigées par les diplômés d'universités prestigieuses, de jeunes parents qui veulent s'engager pour aider leurs concitoyens pauvres.
Contourner les dogmes
Dans les quartiers défavorisés des grandes villes américaines, les charters schools, inventives et dynamiques, obtiennent des résultats spectaculaires. En France, l'école républicaine cohabite difficilement avec l'école privée, elle est le bien de tous. C'est une vache sacrée. L'on n'y touche pas. Mais son immobilité est une illusion d'optique. L'école change. L'État s'efforce discrètement de contourner les dogmes par petites touches. Il a d'abord supprimé la carte scolaire. Les parents peuvent choisir l'école de leurs enfants, où qu'ils habitent. Il renforce également le pouvoir des directeurs d'école (4), et en leur offrant de l'autonomie, la liberté d'innover et d'organiser les scolarités comme ils l'entendent. Lorsque la réforme sera comprise et digérée par les enseignants, les plus dynamiques d'entre eux pourront s'en donner à cœur joie (certains le font déjà), et nos collèges pourront un jour ressembler (un peu) aux charters schools. À un bémol près: l'école française restera le pré carré des 804.000 enseignants du public (ils sont 140.000 dans le privé) et de leurs syndicats. Pas question d'y associer étroitement les parents, comme chez les Anglo-Saxons.
En clair, en France, l'on casse discrètement un moule. Celui de Jules Ferry, qui voulait, en regardant sa montre à 10 h 15 chaque lundi matin, savoir que tous les petits élèves de 4e faisaient des mathématiques partout en France. Faire des mathématiques à cette heure-là et ce jour-là, à Aulnay-sous-Bois et dans le VIe arrondissement de Paris, cela ne donne pas les mêmes résultats. À Paris, les enfants savent lire, leurs parents les font lire, ils vérifient les devoirs, et que les mathématiques les passionnent ou les ennuient, cela n'a guère d'importance: les petits suivent le cours, vaille que vaille. En banlieue, on fait faire des mathématiques à des enfants qui, pour la plupart, ne savent pas lire correctement. Cela n'a guère de sens. L'école doit savoir s'adapter à son public pour être efficace et préparer les enfants à une carrière.
Centralisme dévastateur
Rien donc à redire sur ces réformes. Il est temps de sortir d'un centralisme dévastateur. Et peut-être un jour ferons-nous comme les Chinois: ils envoient systématiquement leurs chefs d'établissement et leurs professeurs les plus expérimentés, en les payant mieux, dans les écoles les plus difficiles. Ils offrent ainsi le meilleur à ceux qui en ont le plus besoin. Pas si bête: les enfants des pauvres ont un besoin de revanche sociale, un appétit de réussite que n'ont pas forcement les enfants de riches. Une société offrant à ses défavorisés les outils de leurs succès à venir s'y retrouvera forcement. Il semble qu'en France, l'on n'ait pas compris cela: le système abandonne 150 000 élèves par an en route, et autant d'étudiants après la première année d'université (5). L'école de la IIIe République laissait déjà tomber les cancres ou les paresseux.
La société française jette ainsi ses enfants dans le même bain pour trier ceux qui surnageront, et arriveront les premiers sur les berges, en laissant couler les plus faibles. Depuis l'Âge de pierre, les hommes sélectionnent ainsi les meilleurs éléments de la tribu pour la diriger. La lutte est féroce, implacable, cruelle, comme un concours d'entrée à une grande école. Mais c'est assez primitif.
J'ai expérimenté d'autres systèmes à l'étranger. Je ne parle pas des 461 écoles et lycées français à l'étranger, qui accueillent 270.000 élèves par an, de Lisbonne à Pointe-Noire. Je songe plutôt au système américain, qui privilégie le travail en groupe. L'on réunit trois enfants autour d'une table, un fort, un moyen, un moins bon. Ils doivent s'adapter les uns aux autres, s'entraider, rendre leurs travaux ensemble. C'est ce que l'on appelle bêtement «travailler en équipe». Les enfants apprennent à devenir solidaires, ils avancent en petits groupes vers le même but. Ma fille par exemple, qui est sortie du système français pour celui de l'équipe américaine, a radicalement changé. Elle ne développe plus les angoisses qu'elle avait en allant à l'école française, cette «boule au ventre», qui font que 73% des nos enfants récemment interrogés par une association (6) n'aiment pas aller au collège. Elle ne songe qu'à une chose : s'y précipiter. Ses professeurs ne lui disent pas «Peut mieux faire!» d'un air las. Non, ils appliquent systématiquement une règle d'encouragement, avec beaucoup d'optimisme. Ils disent: «Tu vas mieux faire, je le sais ! Et toi, son amie, tu vas l'aider en faisant comme ceci et cela!» C'est une école où l'on fabrique du succès collectif. Pas de l'échec individuel.
Comment sortir la France de son pessimisme et de son découragement chronique? D'abord en sortant les Français de l'isolement dans lequel l'école les confine, jusqu'à la fin de l'université. J'ai eu, comme vous tous, des professeurs inoubliables et des cuistres durant ma scolarité française, et ce n'est pas de la qualité des enseignants dont il s'agit là. Ils sont dans leur immense majorité des êtres dévoués, passionnés par leur métier, qui travaillent d'arrache-pied pour des salaires moyens équivalents à un 1,5 smic. Ni de la capacité des hauts fonctionnaires du ministère de l'Éducation nationale, dont on mesure en les approchant la grande compétence. Ni des hommes politiques, qui de droite à gauche, sont également convaincus de l'importance d'une solide école publique pour les petits Français. Ni enfin des parents, en général encore plus ouverts et attentifs à leurs enfants que ne l'étaient leurs aînés. Non, c'est simplement un état d'esprit qui me choque en revenant en France. Un regard négatif, suspicieux, jamais positif sur l'autre. L'on insiste sur ce qui ne va pas. Les Français ne se font pas confiance les uns les autres. Ils ne savent pas travailler ensemble. Sauf dans la pratique du sport, personne ne leur apprend… l'équipe.
Que l'école française fabrique de la frustration en dressant les jeunes les uns contre les autres dès l'enfance, personne n'en doute. Mais ce goût national de la confrontation prend des proportions délirantes lorsque cela culmine, comme c'est le cas aujourd'hui, en un affrontement entre générations. Partout, et je l'ai constaté en sillonnant la France, les jeunes font peur aux adultes âgés, de plus en plus nombreux. Les discours des anciens contre les adolescents sont empreints d'intolérance: les jeunes glisseraient dans une spirale vers le bas, ils seraient illettrés, violents, déprimés, drogués et alcooliques. L'école publique serait incapable d'enrayer cette dégringolade générale.
Aucun fait concret n'étaie ce rejet. Les études démontrent que la minorité des jeunes en dépression, suicidaires ou qui se droguent représente 10 à 15% des adolescents. Cette proportion n'a que faiblement augmenté depuis les années 1970. Dans le reste des familles, les relations parents-enfants sont plus détendues qu'auparavant, les parents communiquent, ils partagent des activités et des voyages avec leur progéniture, ils savent que la période 12-18 ans est la plus sensible, la plus risquée. Ils sont donc attentifs et responsables. Mais ce quotidien équilibré n'est pas reconnu par les grands-parents, qui repoussent la génération Facebook, des modes de communication qu'ils ne maîtrisent et ne comprennent pas. Tout se passe comme si l'accélération des mutations technologiques et l'allongement de la durée de vie jetaient les générations de Français de plus en plus brutalement les unes contre les autres. Cette intolérance sert à alimenter un discours assommant, récurrent et déprimant sur une prétendue «déchéance» du pays.
La révolution en marche
L'éducation nationale y contribue en s'adaptant trop lentement à la réalité contemporaine, au travail collectif d'aujourd'hui et en donnant l'impression aux jeunes Français qu'ils sont solitaires, que leur pays est dépassé, démodé, ringard. C'est tragique pour le système, car en résistant aux changements avec une passivité agressive, il va se retrouver comme La Poste, un jour définitivement largué et inutile. La révolution, déjà, est en marche. Aux États-Unis, la plus grande université du pays, celle de Phoenix, a six millions d'étudiants. Et pas de campus. Les cours sont dispensés sur Internet, l'État de l'Arizona se contentant de faire passer et de valider les examens. Sur les 83 universités françaises, combien survivront? Selon les experts, six sans aucun doute: Strasbourg, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Toulouse et Paris. Pour les autres, le pire est à venir. À force de craindre l'avenir, l'école française sous sa forme actuelle sera-t-elle elle aussi un jour balayée? C'est désormais une possibilité ouverte.
Demain, étape de repos: je vous raconterai mes impressions de voyage.
(1) «Il faut dégraisser le mammouth», avait déclaré Claude Allègre, ministre de l'Éducation nationale de Lionel Jospin entre 1997 et 2000, en évoquant son immense ministère, qui, avec plus d'un millions de salariés, est le sixième employeur mondial.
(2) Pisa: Programme international pour le suivi des acquis des élèves; la dernière étude date de 2009, elle a été réalisée dans 65 pays auprès de 470.000 élèves âgés de 15 ans (les 34 membres de l'OCDE et 31 autres pays partenaires).
(3) Le Point, 27 janvier 2011.
(4) Les supérieurs hiérarchiques des enseignants ne sont pas les directeurs d'écoles, mais l'inspecteur… qui n'est pas sur place !
(5) 20% des élèves de 15 ans savent à peine lire et compter en France.
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Par François Hauter[u]
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Comment n'y ai-je pas pensé avant ? Peut-être que beaucoup chez Neoprofs défendent la possibilité pour tous d'une école laïque, gratuite et obligatoire et d'une Education nationale qui s'appellerait Instruction Publique.
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Voir les pièces jointes : word et pdf
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- frankensteinVénérable
Qu'est-ce que tu veux répondre à tant de conneries ? Ce n'est pas le premier ni le dernier à tenir ce discours. Tiens, chez François Hauter, c'est devenu une obsession !
Dans Chroniques d'Amérique, Francois Hauter raconte son voyage de deux mois et demi aux Etats Unis, un voyage itinérant, un peu a la façon de J'irai dormir à Hollywood mais en plus sérieux et plus documenté. A Washington par exemple, c'est la thématique scolaire qui est abordée. Pourquoi les americains sont-ils si optimistes et entrepreneurs ? La réponse, pour Francois Hauter tient en un mot : l'école !
"L'an prochain, ma fille quittera le système scolaire francais pour entrer dans une école américaine. Je sais qu'elle n'apprendra pas autant de choses que dans nos lycées, mais en sortant de sa scolarité, elle sera préparée à une vie sociale harmonieuse et à travailler en équipe. Elle ne sera pas une aigrie, car ses professeurs l'auront investie d'une singulière confiance en elle-même."
Tout est dit mais je ne peux pas résister : je dois vous parler du concept du sandwich qui décrit la relation entre un prof et son élève : un compliment, un " mais tu pourrais améliorer ça " suivi d'un bravo. Hypocrite ? Peut être, mais il s'agit surtout d'une méthode qui donne envie d'avancer et donne confiance en soi. (Mai 2010)
http://unesemaine-unchapitre.com/index.php?post/Chroniques-d-Amerique-de-Fran%C3%A7ois-Hauter
Tu crois que ça vaut la peine de perdre du temps pour démontrer qu'il se trompe ? (smiley qui fait un geste pour dire "laisse tomber, ça ne vaut rien")
Dans Chroniques d'Amérique, Francois Hauter raconte son voyage de deux mois et demi aux Etats Unis, un voyage itinérant, un peu a la façon de J'irai dormir à Hollywood mais en plus sérieux et plus documenté. A Washington par exemple, c'est la thématique scolaire qui est abordée. Pourquoi les americains sont-ils si optimistes et entrepreneurs ? La réponse, pour Francois Hauter tient en un mot : l'école !
"L'an prochain, ma fille quittera le système scolaire francais pour entrer dans une école américaine. Je sais qu'elle n'apprendra pas autant de choses que dans nos lycées, mais en sortant de sa scolarité, elle sera préparée à une vie sociale harmonieuse et à travailler en équipe. Elle ne sera pas une aigrie, car ses professeurs l'auront investie d'une singulière confiance en elle-même."
Tout est dit mais je ne peux pas résister : je dois vous parler du concept du sandwich qui décrit la relation entre un prof et son élève : un compliment, un " mais tu pourrais améliorer ça " suivi d'un bravo. Hypocrite ? Peut être, mais il s'agit surtout d'une méthode qui donne envie d'avancer et donne confiance en soi. (Mai 2010)
http://unesemaine-unchapitre.com/index.php?post/Chroniques-d-Amerique-de-Fran%C3%A7ois-Hauter
Tu crois que ça vaut la peine de perdre du temps pour démontrer qu'il se trompe ? (smiley qui fait un geste pour dire "laisse tomber, ça ne vaut rien")
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Mettez des pouces verts sur : https://www.youtube.com/user/Choristenimes/ videos
Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Merci pour ton conseil, mais je crois que je ne le suivrai pas, même si tu as sans doute raison. (joli sandwich, non !)
Car, en fait, la critique de ses "thèses de doctorat en connerie" me permet également de retrouver ou de mieux me préciser à moi-même les principes et les théories à partir desquels je réfléchis.
Merci pour le lien !
Car, en fait, la critique de ses "thèses de doctorat en connerie" me permet également de retrouver ou de mieux me préciser à moi-même les principes et les théories à partir desquels je réfléchis.
Merci pour le lien !
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- JohnMédiateur
Ah oui, ça change tout...Ma fille par exemple, qui est sortie du système français pour celui de l'équipe américaine, a radicalement changé. [...] Ses professeurs ne lui disent pas «Peut mieux faire!» d'un air las. Non, [...] ils disent: «Tu vas mieux faire, je le sais ! Et toi, son amie, tu vas l'aider en faisant comme ceci et cela!»
Oui, il a raison de se reposer.Demain, étape de repos: je vous raconterai mes impressions de voyage.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- User5899Demi-dieu
Le Figaro qui en est à citer Meirieu...
J'aime par ailleurs beaucoup cette description de la société américaine, société dans laquelle tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et 2% de la population en prison.
J'aime par ailleurs beaucoup cette description de la société américaine, société dans laquelle tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et 2% de la population en prison.
- frankensteinVénérable
Apparemment, il est complètement fou des Américains! En 2009, déjà:Cripure a écrit:Le Figaro qui en est à citer Meirieu...
J'aime par ailleurs beaucoup cette description de la société américaine, société dans laquelle tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et 2% de la population en prison.
Ce qui lie un New-Yorkais à un habitant de Los Angeles n'a plus rien à voir avec le Vieux Continent. Lorsque George W. Bush le raille, ce Vieux Continent, il exprime un sentiment profond chez ses concitoyens : la peur des Américains de perdre leur dynamisme en le troquant contre de la sécurité. Le fossé est réel. En France, cette incompréhension se nourrit de rancœurs. Au XXe siècle, les Américains ont pris notre place et celle des Anglais à la barre du monde. Ce qui est extrêmement vexant, il faut en convenir. Il est exact aussi qu'à force de courage, de ténacité et de talent, les «cousins» ont mieux réussi que nous. Ils ont marqué l'ensemble des autres civilisations de leur sceau. C'est l'Amérique qui a fait de l'anglais la lingua franca de la terre. C'est elle qui a fait rêver des générations de gamins aux cow-boys et aux Indiens, inventé des mythes modernes, et même fait chanter notre Johnny Hallyday national. C'est l'Amérique qui a imposé les règles économiques du commerce international, parce que, soixante ans avant les autres nations, elle a raisonné le monde comme un marché. C'est elle qui nous projette dans l'avenir. Elle qui fait basculer nos vies par ses inventions.
L'Internet, créé aux États-Unis il y a quinze ans, va être à notre siècle ce que l'électricité et le téléphone furent au XXe siècle. Des pans entiers de nos économies s'écroulent ou vont disparaître, au terme d'une douloureuse période de transition. Des centaines de millions de salariés vont être touchés à travers le monde, nos vies quotidiennes seront affectées. Je pense aux employés de la poste, à ceux des industries du voyage ou de l'immobilier, de la presse, de la télévision, de la musique, de l'enseignement. Aux États-Unis, les journaux disparaissent, les ventes de DVD s'effondrent. Les secteurs où le public a pris l'habitude de ne plus payer pour obtenir des services coûteux périssent. Tony Scotti, le mari de Sylvie Vartan, a été l'un des grands éditeurs de musique aux États-Unis. Cet homme remarquable a vendu son entreprise en 1997. «Le business dans lequel j'ai fait fortune n'existe plus dix ans plus tard», me dit-il. Voilà donc ce qui nous attend. Des avalanches de bouleversements industriels. Des révoltes désespérées de canuts, çà et là. Et d'immenses perspectives. Car le XXe siècle est loin derrière nous. C'est au fond la raison pour laquelle je repars sur les routes américaines, deux mois et demi durant : je ne vois pas d'autre «ailleurs» où diriger mes pas, si je veux envisager l'avenir. J'aimerais m'en expliquer.
http://www.lefigaro.fr/international/2009/08/31/01003-20090831ARTFIG00002-l-aube-d-un-autre-monde-.php
Bon, ben qu'il y reste ! Si DSK rentre en France, il y aura un logement vacant à NY !
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Mettez des pouces verts sur : https://www.youtube.com/user/Choristenimes/ videos
Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- AbraxasDoyen
Cripure a écrit:Le Figaro qui en est à citer Meirieu...
J'aime par ailleurs beaucoup cette description de la société américaine, société dans laquelle tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et 2% de la population en prison.
Ben tiens… Rien de contradictoire…
C'est plus ou moins le sujet de ma dernière Note, sur mon blog :
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/07/29/nid-de-frelons-et-dependances.html
- sandGuide spirituel
Dites-moi que je rêve...
- ClarianzEmpereur
Il y a quand même quelque chose à entendre: il faut aider les plus faibles, il faut travailler en groupe, il faut diminuer les effectifs pour y parvenir.
Oh! mais en fait, il est d'accord avec nous!
Oh! mais en fait, il est d'accord avec nous!
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Mama's Rock
- DaphnéDemi-dieu
sand a écrit:Dites-moi que je rêve...
Nan, tu cauchemardes
- teutonetteNiveau 9
J'en ai attrapé un bon mal de tête ...
- CeladonDemi-dieu
Et ce sont ces gens-là qui font la pluie et le beau temps, qui sont écoutés en haut lieu et qui influent sur les décisions. Lutter contre autant de stupidité est déjà perdu d'avance. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé.
- KounoupiNiveau 3
C'est beau le rêve américain!!! Et nous, pauvres de nous, comme le nous allons sombrer. Nous ne serons jamais assez rentables, performants.
Ce qui est intéressant, c'est qu'il souhaite que sa fille puisse avoir "une vie harmonieuse" au travail. Donc pour lui l'homme ne peut être qu'un outil. Il est inutile d'apprendre à réfléchir, d'apprendre à avoir un esprit critique. Il faut être performant et productif. Où est l'humain? Où est le bien-être? (autre que dans le travail!)
Ce qui est intéressant, c'est qu'il souhaite que sa fille puisse avoir "une vie harmonieuse" au travail. Donc pour lui l'homme ne peut être qu'un outil. Il est inutile d'apprendre à réfléchir, d'apprendre à avoir un esprit critique. Il faut être performant et productif. Où est l'humain? Où est le bien-être? (autre que dans le travail!)
- TriskelNiveau 7
Je ne suis d'accord que sur un seul point : il faut donner envie aux enfants d'aller à l'école. La "boule dans le ventre" on a tous connu ça, et s'il n'y a pas de recette miracle, il y a tout de même des choses à faire pour réduire l'anxiété scolaire... Pouah, je parle comme pédagogue.
La description de cette école ricaine idyllique est conforme à l'image que cet état se donne, au travers notamment de ses formidables films : Yes we can a été un slogan gagnant car en totale adéquation avec l'état d'esprit outre-atlantique. Ce que ce cher Hautaire ne précise pas, c'est l'établissement choisi pour sa fille. L'american dream des expats ne se réalise pas dans un taudis du Bronx.
Je connais mieux le système scolaire japonais, pour l'avoir pratiqué, et là aussi, à en croire ses "gakkôlatres" ( gakko : l'école en japonais ) les petits de tout le pays aiment l'école. C'est vrai que tout est fait pour qu'ils s'y sentent bien : une salle fixe par classe dont l'entretien est à la charge des élèves, des professeurs présents jusqu'à la fermeture administrative de l'établissement, des bibliothèques ouvertes tard, des clubs de tout et n'importe quoi ( sport musique lecture, mais aussi "club des fans des monuments au patrimoine de l'unesco ) dont la fréquentation est obligatoire... Tout ça fait que oui, les Japonais sont à l'école toute la journée, y compris après les cours. Sauf qu'on occulte tous les problèmes que nous raillons en France ( ijime et ikkikomori, en gardant les sonorités locales, pour dire "pas de ça chez nous", alors que les élèves martyrs de leurs camarades et ceux qui refusent de sortir de leur chambre existent bel et bien ). Surtout, on oublie que d'une part le privé a une place très importante dans le système nippon, et que d'autre part l'éducation est beaucoup plus chère, même dans le public. Avec moins d'élèves, une société plus homogène ( sad but true ) et plus de moyens, c'est normal que les choses soient ( en apparence ) plus facile.
Alors oui, la comparaison avec d'autres systèmes scolaires est nécessaire. Mais elle doit se faire avec un recul suffisant, afin d'éviter que des empaffés aillent pondre dans le Figaro l'apologie d'un système scolaire aussi inégalitaire que le nôtre, ou aussi stressant.
La description de cette école ricaine idyllique est conforme à l'image que cet état se donne, au travers notamment de ses formidables films : Yes we can a été un slogan gagnant car en totale adéquation avec l'état d'esprit outre-atlantique. Ce que ce cher Hautaire ne précise pas, c'est l'établissement choisi pour sa fille. L'american dream des expats ne se réalise pas dans un taudis du Bronx.
Je connais mieux le système scolaire japonais, pour l'avoir pratiqué, et là aussi, à en croire ses "gakkôlatres" ( gakko : l'école en japonais ) les petits de tout le pays aiment l'école. C'est vrai que tout est fait pour qu'ils s'y sentent bien : une salle fixe par classe dont l'entretien est à la charge des élèves, des professeurs présents jusqu'à la fermeture administrative de l'établissement, des bibliothèques ouvertes tard, des clubs de tout et n'importe quoi ( sport musique lecture, mais aussi "club des fans des monuments au patrimoine de l'unesco ) dont la fréquentation est obligatoire... Tout ça fait que oui, les Japonais sont à l'école toute la journée, y compris après les cours. Sauf qu'on occulte tous les problèmes que nous raillons en France ( ijime et ikkikomori, en gardant les sonorités locales, pour dire "pas de ça chez nous", alors que les élèves martyrs de leurs camarades et ceux qui refusent de sortir de leur chambre existent bel et bien ). Surtout, on oublie que d'une part le privé a une place très importante dans le système nippon, et que d'autre part l'éducation est beaucoup plus chère, même dans le public. Avec moins d'élèves, une société plus homogène ( sad but true ) et plus de moyens, c'est normal que les choses soient ( en apparence ) plus facile.
Alors oui, la comparaison avec d'autres systèmes scolaires est nécessaire. Mais elle doit se faire avec un recul suffisant, afin d'éviter que des empaffés aillent pondre dans le Figaro l'apologie d'un système scolaire aussi inégalitaire que le nôtre, ou aussi stressant.
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L'espoir des cantharides
Est un bien bel espoir.
- MelanieSLBDoyen
Faire des mathématiques à cette heure-là et ce jour-là, à Aulnay-sous-Bois et dans le VIe arrondissement de Paris, cela ne donne pas les mêmes résultats. À Paris, les enfants savent lire, leurs parents les font lire, ils vérifient les devoirs, et que les mathématiques les passionnent ou les ennuient, cela n'a guère d'importance: les petits suivent le cours, vaille que vaille. En banlieue, on fait faire des mathématiques à des enfants qui, pour la plupart, ne savent pas lire correctement. Cela n'a guère de sens. L'école doit savoir s'adapter à son public pour être efficace et préparer les enfants à une carrière.
C'est une blague ?!?!?!?!?!?! Je croyais que l’école devait apprendre à tous à lire, pas s'adapter à son propre échec!
- Reine MargotDemi-dieu
oui, enfin les petits américains ont peut-être confiance en eux, mais ont-ils des connaissances solides? apparemment ils sont très mal classés sur ce point par rapport aux autres pays développés...donner confiance en eux aux élèves, c'est bien joli, mais curieusement ça se fait toujours au détriment des savoirs.
Voir cet imbécile qui dit "je vais mettre ma fille dans une école où elle apprendra moins de choses mais elle aura plus confiance en elle et développera ses compétences sociales", je trouve ça effarant de bêtise.
Pour moi c'est une question de définition de missions de l'école, et je ne lui en donne qu'une : instruire.
Voir cet imbécile qui dit "je vais mettre ma fille dans une école où elle apprendra moins de choses mais elle aura plus confiance en elle et développera ses compétences sociales", je trouve ça effarant de bêtise.
Pour moi c'est une question de définition de missions de l'école, et je ne lui en donne qu'une : instruire.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- User5899Demi-dieu
Bah, non. Travailler en groupe, pour ceux qui veulent, mais pas pour tous ! Tous les profs ne sont pas partouzeurs.Clarianz a écrit:Il y a quand même quelque chose à entendre: il faut aider les plus faibles, il faut travailler en groupe, il faut diminuer les effectifs pour y parvenir.
Oh! mais en fait, il est d'accord avec nous!
- User5899Demi-dieu
Sans doute. Et d'ailleurs, je ne comprends pas vraiment d'où vient cette anxiété. Quand je pense au poids qu'avait l'école il y a quarante ans et aux aimables lieux de vie et de loisirs qu'elle est aujourd'hui, je ne parviens pas à voir où est la source de l'anxiété.Triskel a écrit:Je ne suis d'accord que sur un seul point : il faut donner envie aux enfants d'aller à l'école. La "boule dans le ventre" on a tous connu ça, et s'il n'y a pas de recette miracle, il y a tout de même des choses à faire pour réduire l'anxiété scolaire... Pouah, je parle comme pédagogue.
A part dans me classes ma gueule enjouée à 8h, bien sûr
- Reine MargotDemi-dieu
moi non plus, pourquoi cette anxiété? ça serait bien de l'expliquer...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Spinoza1670Esprit éclairé
Celadon a écrit:Et ce sont ces gens-là qui font la pluie et le beau temps, qui sont écoutés en haut lieu et qui influent sur les décisions. Lutter contre autant de stupidité est déjà perdu d'avance. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Même si ça paraît perdu d'avance, je pense qu'en étant motivés et solidaires pour proposer un système éducatif cohérent et efficace, on peut faire bouger le système et remettre la France en tête de tous les classements internationaux.
On était les premiers en 1885 et on est resté dans les trois premiers jusque dans les années 70. Puis le système s'est de plus en plus dégradé.
Les textes de Delord explique bien les mécanismes à l'oeuvre dans cette dégradation.
La meilleure défense c'est l'attaque. Il faut proposer quelque chose de clair et de cohérent, pas seulement critiquer au jour le jour
Plutôt que de subir les unes après les autres les mesures néolibérales ou pédagogistes (ou parfois comme dans l'article de Hauter, les deux en même temsp), il faut proposer un système éducatif global et cohérent, un programme de la maternelle au lycée qui doit répondre aux critères développés par la revue American Educator, par la Fondation Core Knowledge de Hirsch, par Michel Delord, par le GRIP et le SLECC, par les Appy (pédagogie explicite), par Singapour(car textes en anglais) et par la Finlande (car certains textes en anglais).
Sur les programmes, voir ma page sur école : référencesProgrammes - Curriculums
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Donc peut-être une nouvelle rubrique pour Neoprofs ? ou pas besoin ?
"Reconstruire l'école"
avec comme sous-rubriques :
- missions de l'école
- architecture du système primaire (maternelle-élémentaire), puis secondaire (collège, lycée), puis universitaire : ce qui est sûr c'est que la priorité des priorités est de reonstruire une école primaire sinon on construit sur du sable.
- programmes
- formation des enseignants
- orientation, examen, évaluation, diplôme, passerelle, filière...
"Reconstruire l'école"
avec comme sous-rubriques :
- missions de l'école
- architecture du système primaire (maternelle-élémentaire), puis secondaire (collège, lycée), puis universitaire : ce qui est sûr c'est que la priorité des priorités est de reonstruire une école primaire sinon on construit sur du sable.
- programmes
- formation des enseignants
- orientation, examen, évaluation, diplôme, passerelle, filière...
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- DaphnéDemi-dieu
Cripure a écrit:Bah, non. Travailler en groupe, pour ceux qui veulent, mais pas pour tous ! Tous les profs ne sont pas partouzeurs.Clarianz a écrit:Il y a quand même quelque chose à entendre: il faut aider les plus faibles, il faut travailler en groupe, il faut diminuer les effectifs pour y parvenir.
Oh! mais en fait, il est d'accord avec nous!
Tout à fait d'accord
- DaphnéDemi-dieu
Reine Margot a écrit:oui, enfin les petits américains ont peut-être confiance en eux, mais ont-ils des connaissances solides? apparemment ils sont très mal classés sur ce point par rapport aux autres pays développés...donner confiance en eux aux élèves, c'est bien joli, mais curieusement ça se fait toujours au détriment des savoirs.
Voir cet imbécile qui dit "je vais mettre ma fille dans une école où elle apprendra moins de choses mais elle aura plus confiance en elle et développera ses compétences sociales", je trouve ça effarant de bêtise.
Pour moi c'est une question de définition de missions de l'école, et je ne lui en donne qu'une : instruire.
Tu es sûre que tu as eu raison de te reconvertir toi
- CeladonDemi-dieu
Spinoza, il y a une dimension qui vous échappe, je crois, c'est le fait que les parents dans leur immense majorité n'en veulent plus de notre école qui instruit ! Ils veulent le "bien-être" de monchérimoncoeur, la garderie tout au long du jour -et bientôt de la nuit- des enfants épanouis par n'importe quelle activité intitulée pédagogique mais en fait parfaitement occupationnelle. En Angleterre, dans une école privée de ma connaissance où les enfants de la high viennent en uniforme, des enfants de 11 ans ne savent ni lire ni écrire dans leur propre langue et cela n'effraie personne.
L'essentiel est qu'ils se soient bien amusés dans la journée, que les parents aient pu vaquer à leurs occupations mercantiles le plus longtemps possible pendant que les profs assurent, eux aussi, le plus longtemps possible la garderie. Compter les sous semble autrement important qu'apprendre et s'instruire. De toute façon, ces enfants-là retomberont sur leurs pieds, l'école servant essentiellement au social networking.
Et nous suivons aveuglément, grâce aux directives européennes, l'Angleterre et les US. Voilà, tout est dit.
L'essentiel est qu'ils se soient bien amusés dans la journée, que les parents aient pu vaquer à leurs occupations mercantiles le plus longtemps possible pendant que les profs assurent, eux aussi, le plus longtemps possible la garderie. Compter les sous semble autrement important qu'apprendre et s'instruire. De toute façon, ces enfants-là retomberont sur leurs pieds, l'école servant essentiellement au social networking.
Et nous suivons aveuglément, grâce aux directives européennes, l'Angleterre et les US. Voilà, tout est dit.
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